Histoire des Trois Royaumes/VI, IV
CHAPITRE IV.
[ Règne de Hiao-Hien-Ty. Année 220 de J.-C. ] En effet, du côté de la ville s’avançaient quelques cavaliers portant des arcs légers et de courtes flèches ; Tchang-Fey paraît, et ils se jettent à bas de leurs chevaux, car c’étaient My-Tcho et My-Fang (conseillers intimes de Hiuen-Té[1]). Tchang-Fey a mis aussi pied à terre : « Après la défaite qui nous dispersa sous les murs de Su-Tchéou, dit My-Tcho, mon frère et moi nous prîmes la fuite vers notre pays. Des éclaireurs envoyés pour recueillir des nouvelles nous apprirent que Yun-Tchang s’était rendu au ministre des Han, que notre maître avait passé sur la rive septentrionale du fleuve Jaune ; et quant à vous, général, on ne savait ce que vous étiez devenu. Enfin, hier, sur la route, un marchand nous a dit qu’une personne dont le nom et le signalement vous convenaient parfaitement, venait de prendre cette ville de Kou-Tching. Après un moment de réflexion, il ne nous resta plus de doute que ce ne fût vous ; nous nous dirigeâmes donc par ici, afin de vous chercher ! »
A son tour, Tchang-Fey leur raconta comment Yun-Tchang l’avait rejoint ce jour-la même avec les deux femmes de Hiuen-Té, et en compagnie de Sun-Kien ; il les assura que la retraite de leur maître commun était enfin connue et, pleins de joie, les deux frères se joignirent au guerrier pour escorter les dames jusque dans la ville. Tous les officiers, ôtant leurs cuirasses, accompagnèrent et firent entrer dans le palais du gouverneur ces deux femmes de Hiuen-Té que le peuple reçut à genoux, avec de grandes manifestations de douleur, et dont le cœur était brisé. Tchang-Fey voulut apprendre d’elles toutes les circonstances de leur séjour à la capitale et de leur voyage ; quand il connut la belle conduite de son frère Yun-Tchang, il ne put retenir ses sanglots et racheta par de nouveaux égards ses premières duretés envers celui-ci[2].
Après ces conversations dans lesquelles tous les événements furent expliqués, Tchang-Fey fit tuer des moutons et des porcs pour célébrer la bienvenue des nouveaux arrivés[3] : « Hélas ! dit Yun-Tchang, tant que notre frère aîné n’est pas avec nous, ce vin, cette bonne chère, me restent sur le cœur. — Il n’y a pas loin d’ici à Jou-Nan, interrompit Sun-Kien, demain, si vous le voulez, nons irons l’y rejoindre ? » Et le lendemain, laissant leur monde dans la ville, à l’exception d’une dizaine de cavaliers qu’ils emmenèrent, les deux guerriers se mirent en route. Arrivés devant Jou-Nan[4], ils demandèrent à Liéou-Py et à son collègue Kong-Tou des nouvelles de leur maître. Ceux-ci répondirent qu’après être resté quelque temps avec eux, Hiuen-Té, voyant trop peu de soldats autour de lui, s’était décidé trois jours auparavant à retourner dans les provinces du nord pour y former de nouveaux plans. Cette nouvelle contraria beaucoup Yun-Tchang, et Sun-Kien, pour le consoler, proposa de pousser en avant, de se rendre de nouveau auprès de Youen-Chao ; la, ils expliqueraient tout à Hiuen-Té, et ne manqueraient pas de le ramener au milieu des siens. Yun-Tchang, après avoir pris congé des deux chefs établis dans Jou-Nan, revint voir Tchang-Fey, qui voulait aussitôt se mettre en marche pour rejoindre Hiuen-Té. « Non, lui dit-il, cette ville que vous occupez nous offre un précieux abri ; ne l’abandonnons point ainsi ! Restez-y pour la défendre, tandis que je me rends près de notre frère avec Sun-Kien. Vous avez tué en combat singulier deux des généraux de Youen-Chao, dit Tchang-Fey, il n’est pas bon pour vous d’aller audela du fleuve ! — Ne craignez rien, répliqua le héros ; je tâterai le terrain avant de me lancer ! »
Là-dessus, prenant à sa suite une vingtaine de cavaliers, il appela Tchéou-Tsang et lui demanda combien d’hommes et de chevaux se trouvaient réunis dans la montagne Ngo-Niéou[5] sous les ordres de Pey-Youen. « Il y a environ cinq cents combattants et une demi-douzaine de chevaux, répondit le guerrier. Eh bien, répliqua Yun Tchang, allez dans la montagne, rassemblez cette bande autour de vous et gardez le grand chemin de manière à ce que personne ne passe, tandis que, par une route détournée, j’irai chercher mon frère. »
Tchéou-Tsang obéit ; Yun-Tchang et Sun-Kien, continuant leur marche, arrivèrent devant la ville de Ky-Tchéou, c’est-à-dire, sur la frontière des provinces soumises a Youen-Chao. « Général, dit alors Sun-Kien, cherchez par ici un asile ; pendant ce temps, j’irai voir notre maître sur le territoire voisin et préparer avec lui les moyens de l’arracher de ce pays. »
À la gauche du chemin, Yun-Tchang découvrit une maison de campagne à la porte de laquelle il frappa seul ; le maître du lieu vint le recevoir poliment et, après l’avoir entendu décliner ses noms, répondit : « Je me nomme Kouan-Ting ; depuis bien longtemps, général, vos exploits me sont connus ; aujourd’hui qu’il m’est donné de vous contempler en face, il me semble que le brouillard et les nuées se dissipant, le ciel se montre dans sa sérénité ! » Et l’introduisant sous son toit, il lui présenta ses deux fils. Yun-Tchang fit sur leur compte les questions ordinaires, et le fermier reprit : « L’aîné, Kouan-Ning, se voue à l’étude ; le cadet, Kouan-Ping, apprend l’art de la guerre ! »
Déjà Yun-Tchang s’était établi dans cette ferme ; ses compagnons (d’abord laissés en arrière) y avaient également trouvé un asile. Sun-Kien seul poursuivait sa route vers Ky-Tchéou ; il y rejoignit Hiuen-Té, et le mit au fait de tous les événements que nous connaissons déjà. « Bien, répliqua celui-ci ; j’ai près de moi le conseiller Kien-Yong qui a fui comme nous dans cette province ; appelons-le en secret et concertons-nous avec lui ! » Ainsi firent-ils ; Kien-Yong proposa le stratagème que voici : Hiuen-Té demanderait à Youen-Chao la permission d’aller en personne près de Liéou-Piao (établi dans Tsing-Tchéou), afin d’engager ce dernier à s’unir à lui contre (l’ennemi commun, le ministre tout-puissant) Tsao-Tsao. Cette mission, à laquelle Youen-Chao ne s’opposerait certainement pas, offrirait à Hiuen-Té, et au conseiller lui-même, un excellent moyen de quitter la province et de se sauver. Tel était le plan d’évasion qu’il avait formé dans son esprit ; tous les trois ils s’occupèrent de le mettre a exécution.
Le lendemain, Hiuen-Té étant allé voir Youen-Chao lui représenta que Liéou-Piao, maître de toute la province de Hiang-Yang, abondamment pourvu de troupes et de vivres, devrait être attaché à son parti de manière à se servir de lui pour abattre la puissance de Tsao. « Déjà, répondit Youen-Chao, je lui ai envoyé un émissaire, mais il a rejeté mes propositions. — Il est de la même famille que moi[6], répliqua Hiuen-Té ; laissez-moi causer avec lui, je suis sûr de vaincre ses répugnances. »
« Ce serait pour nous une meilleure acquisition que celle de Liéou-Py (de Jou-Nan) ! Allez, partez.., » dit Youen-Chao ; puis il ajouta : « On vient de m’annoncer que votre jeune frère Yun-Tchang s’est séparé de Tsao ; il y a tout lieu de croire qu’il vous cherche ; nais je suis disposé à le mettre à mort pour venger les deux généraux qu’il m’a tués[7] ! — Ces deux généraux, je les compare à deux cerfs, et mon jeune frère a un tigre. En perdant deux cerfs, vous gagneriez un tigre, un héros précieux dans cette lutte acharnée contre le premier ministre.... Et vous iriez le tuer ? — Je voulais rire, répondit gaiement Youen-Chao, car au fond j’aime ce Yun-Tchang ; ainsi, envoyez-le chercher ; qu’il vienne ! — Je vais le faire appeler par Sun-Kien, » dit Hiuen-Té ; et à peine était-il sorti que Youen-Chao, tout joyeux, avait donné l’ordre d’amener le héros. « Si Hiuen-Té sort d’ici, lui dit aussitôt Kien-Yong, le conseiller, soyez certain qu’il ne reviendra plus ! — Alors, comment faire ? — Laissez-moi partir avec lui ; d’une part, je remplirai la mission auprès de Liéou-Piao, de l’autre, je surveillerai les mouvements de celui qui vous trompe. »
Youen-Chao (toujours indécis, toujours entraîné par le dernier conseil), applaudit à cette proposition. Déjà Hiuen-Té avait dépêché Sun-Kien en avant, et le lendemain, quand il vint prendre congé, Youen-Chao lui dit : « J’ai peur que vous ne réussissiez pas seul dans votre entreprise, aussi je vous adjoins, à titre d’auxiliaire, Kien-Yong qui fera le voyage avec vous. » La-dessus, Hiuen-Té et Kien-Yong partirent de compagnie[8].
Comme ils s’en allaient, le conseiller Kouo-Tou vint dire à son tour : « Hiuen-Té a été chargé déjà d’une mission auprès de Liéou-Py (du Jou-Nan), et il n’a pas réussi. Cette fois, vous l’envoyez vers Liéou-Piao avec un collègue ; croyez-le bien, ils ne reviendront ni l’un ni l’autre. — Cessez d’exciter mes soupçons, s’écria Youen-Chao ; d’ailleurs, je connais le caractère de Kien-Yong ! » — Le conseiller se retira tout attristé.
Cependant, quand Hiuen-Té et Kien-Yong furent hors du territoire soumis à Youen-Chao, Sun-Kien vint a leur rencontre et les amena dans la ferme de Kouan-Tching. Yun-Tchang, se prosternant sur le seuil de la porte devant son frère aîné, prit sa main qu’il couvrit de larmes. Le fermier présenta ses deux fils à Hiuen-Té : comme celui-ci leur adressait les questions d’usage, Yun-Tchang dit : « Le maître de cette maison appartient à la même famille que moi[9] ; je désirerais beaucoup emmener le plus jeune de ses deux enfants. — Quel âge a-t-il, demanda Hiuen’é ? — Dix-huit ans, répondit le père. — Si vous y consentez, votre fils peut suivre mon frère ; celui-ci n’a pas d’enfant et je verrais avec plaisir qu’il adoptât ce jeune homme ; qu’en dites-vous ? — Les désirs de votre seigneurie, répliqua le vieillard, sont des ordres pour nous ! »
Hiuen-Té le remercia de ses bons sentiments ; le jeune Kouan-Ping, à partir de ce jour, salua Yun-Tchang du nom de père. Le vieux fermier reconduisit poliment ses hôtes, car Hiuen-Té, craignant d’être poursuivi par Youen-Chao, partit à l’instant sur les pas de Yun-Tchang qui le conduisit vers les monts Ngo-Niéou. Mais sur la route, ils virent venir à eux Tchéou-Tsang, blessé et accompagné d’une dizaine d’hommes.
« Que vous est-il arrivé ? » demanda Hiuen-Té à cet officier que Yun-Tchang lui présenta aussitôt ; et il reçut la réponse que voici : « Comme j’arrivais dans la montagne, je trouvai mon collègue Pey-Youen aux prises avec un général inconnu, qui s’était précipité seul vers lui, au galop. Au premier choc, Pey-Youen tomba percé d’un coup de pique ; sa mort fut suivie de la reddition de tous ses soldats ; le vainqueur s’établit en maître au sein de la montagne. Arrivant à mon tour, j’appelai auprès de moi quelques-uns de mes anciens compagnons ; il y en eut un certain nombre qui me rejoignit, les autres eurent peur et restèrent avec leur nouveau maître. Alors, j’attaquai ce guerrier ; après une lutte prolongée, percé de trois coups de lance, je pris le parti d’aller à la recherche de votre seigneurie ! »
« Donnez-moi le signalement, dites-moi le nom de ce guerrier, » répliqua Hiuen-Té.
« Il a l’aspect martial ; quant à son nom, je l’ignore, » dit Tchéou-Tsang, et ils se dirigèrent vers la montagne, Hiuen-Té restant à la queue et Yun-Tchang marchant à la tête de la petite troupe. Comme ils atteignaient le pied du mont, Tchéou-Tsang poussa un cri ; car l’inconnu, suivi de sa troupe, le casque au front, couvert de sa cuirasse, la pique en main, descendait à cheval des hauteurs voisines. Hiuen-Té fouette son coursier, s’élance en avant..., et s’écrie : « C’est.... c’est Tsé-Long, j’en suis sûr ! »
Le guerrier a reconnu celui qui prononce son nom ; il se jette à bas de son cheval et se prosterne ; Hiuen-Té et ses compagnons, mettant pied à terre, s’avancent à sa rencontre. C’était bien Tsé-Long[10] : « D’où venez-vous ? lui demanda Hiuen-Té. — Seigneur, répondit-il, voila ce qui m’est arrivé depuis que je vous ai quitté. Mon ancien maître Kong-Sun-Tsan, s’obstinant à ne point écouter des avis salutaires, perdit toute sa puissance, et se brûla lui-même. Youen-Chao m’appela alors sous ses drapeaux ; il me sembla que ce chef incapable ne réussirait jamais à s’élever ; je l’abandonnai donc, et comme je me trouvais dans les provinces du nord, j’appris que vous-même, seigneur, aviez cherché un asile près de Youen-Chao. Mon désir était de vous y rejoindre, mais je craignais le ressentiment de cet ancien maître. Errant dans l’Empire, sans abri, sans lieu de retraite, j’arrivai ici ; Pey-Youen descendit de la montagne pour m’enlever mon cheval ; je le tuai et je m’établi aussitôt dans ces solitudes. Maintenant, on me dit que Tchang-Fey occupe la ville de Kou-Tching ; j’aurais eu l’intention de l’y rejoindre, si je n’avais douté de la vérité de cette nouvelle. Mais, grâce au ciel, je vous retrouve, seigneur ! Mon rêve de la nuit dernière était un avertissement d’en-haut ! »
Ce fut une grande joie pour Hiuen-Té de revoir Tsé-Long ; après lui avoir aussi raconté toutes ses aventures, il ajouta : « Maintenant que vous m’êtes rendu, je sens que mon affection pour vous est toujours aussi vive. Pouvions-nous espérer de nous rejoindre ainsi ? — A travers tout l’Empire, répartit le jeune guerrier, j’ai cherché un maître que je pusse servir, et sans le trouver ! Aujourd’hui que je suis avec vous, seigneur, le vœu de toute ma vie est exaucé ; dussé-je périr misérablement dans les plus cruels supplices, je ne me plaindrais pas ! »
Ce même jour, ils mirent le feu à toutes les cabanes répandues dans la montagne, et Hiuen-Té, accompagné de cette petite bande, marcha droit vers la ville de Kou-Tching. Instruits de son approche, Tchang-Fey, My-Tcho et My-Fang se précipitèrent à sa rencontre ; chacun raconta ses aventures ; les deux femmes de Hiuen-Té apprirent à celui-ci tout ce que son jeune frère Yun-Tchang avait fait depuis leur séparation, et il en fut aussi réjoui que touché[11].
Enfin, l’on immola un bœuf et un cheval[12] ; et l’on adressa des actions de grâce au ciel et à la terre, après quoi on célébra, dans un banquet, cette réunion heureuse d’amis et de frères restés fidèles à leur serment. Les troupes reçurent des récompenses ; ce fut une joie générale. Les mandarins civils et militaires, employés auparavant, s’étaient rassemblés autour de leur ancien maître, et quand Tsé-Long en eut complété le nombre, il ne manqua plus rien à la satisfaction sans bornes de Hiuen-Té. Cette fête de famille entre frères adoptifs dura plusieurs jours ; dans cette ville de Kou-Tching se trouvaient alors Hiuen-Té et ses deux inséparables compagnons (Yun-Tchang et Tchang-Fey), Tsé-Long, Sun-Kien, Kien-Yong, My-Tcho et My-Fang, et (les deux nouveaux partisans) Tchéou-Tsang et Kouan-Ping.
L’armée, infanterie et cavalerie, ne se montait pas à plus de cinquante hommes ; Hiuen-Té proposa donc de quitter cette ville et d’aller dans le Jou-Nan. Déjà des émissaires envoyés par les deux chefs qui occupaient ce pays (Liéou-Py et Kong-Tou), arrivaient pour inviter les généraux fugitifs à venir vers eux. Hiuen-Té répondit à leur invitation ; il se dirigea sur le Jou-Nan avec son noyau d’armée, recrutant des soldats, rassemblant des chevaux, grossissant son parti tout le long du chemin.
Cependant, voyant bien que Hiuen-Té ne reparaîtrait plus, Youen-Chao, furieux d’être trompé, voulait se jeter sur ses traces avec des troupes. « Seigneur, lui dit le conseiller KouoTou, Hiuen-Té n’est qu’un fantôme d’ennemi[13] ; l’adversaire redoutable et puissant, c’est Tsao ! Voila celui par lequel il faut commencer. Liéou-Piao, malgré sa bonne armée, malgré l’abondance de ses vivres, ne peut vous causer de sérieuses alarmes. A l’est du Kiang, il y a Sun-Tsé qui tient sous sa main le triple cours du grand fleuve et tout le pays avec ses six provinces ; il est assisté dans le conseil par Tchéou-Yu et Tchang-Tchao, secondé à la tête de ses armées par Tching-Pou et Hwang-Kay ; il a des vivres et des fourrages pour sept années, des soldats armés par centaines de mille ! Tâchons donc de faire d’abord alliance avec lui contre Tsao, afin de pouvoir à la fois frapper de grands coups au nord et au midi ! »
Cet avis plut à Youen-Chao ; il envoya aussitôt Tchin-Tchen porter une lettre à Sun-Tsé pour l’engager à se joindre à lui dans une guerre contre le puissant ministre.
- ↑ Voir vol. I°, page 179.
- ↑ Ignorant sa belle conduite, dit en note l’édition in-18, il s’irrita et voulut le tuer ; instruit de ce qui s’était passé, il éclata en sanglots et se prosterna devant lui ; héros chez qui l’ardeur martiale et la persévérance brillaient au même degré.
- ↑ Il ne faut pas oublier que le peuple chinois ne se nourrit guère que de végétaux, la viande étant fort rare dans le céleste Empire ; tuer des porcs et des moutons, c’est faire un grand festin.
- ↑ Jou-Nan désigne ici la province et le chef-lieu. L’édition in-18 dit en note : Quand l’un était dans le Jou-Nan, l’autre se trouvait au nord du fleuve ; quand celui-ci passa dans le Jou-Nan, celui-là se trouva à son tour au nord du fleuve ; il y a un poète ancien qui a dit :
« Les hommes dans la vie ont bien de la peine à se rencontrer ;
» Ils s’agitent sur un même point comme la multitude sur le marché,
» Et se dispersent pour chercher de nouveau la foule ! »
S’il en est ainsi, peut-on s’étonner de ce qu’ils ne se rencontrent pas ! - ↑ Voir plus haut, page 247.
- ↑ On se rappelle que le nom de famille de Hiuen-Té est Liéou-Pey ; en Chine, tous ceux qui portent le même nom sont censés parents. Ce Liéou Piao a joué un rôle dans la première partie de ce livre ; voir v. I°, page 120.
- ↑ Yen-Léang et Wen-Tchéou ; voir livre V, chap. V et VI.
- ↑ Littéralement : Hiuen-Té et Kien-Yong ayant pris congé de Youen-Chao, montèrent à cheval et sortirent de la ville. — Ce sont là de ces détails minutieux, dont un écrivain chinois ne fait jamais grâce, mais qu’on ne peut nous reprocher d’omettre quelquefois. Par contre aussi, le texte n’offre guère de ces petites phrases de transition indispensables à la phraséologie française, et que nous nous permettons d’insérer çà et là dans la traduction.
- ↑ Yun-Tchaug se nommait Kouan-Yu ; il était de la famille des Kouan, comme le maître de cette ferme, et par conséquent son parent. À propos de cet épisode, l’éditeur du texte in-18 qui suit le roman pas à pas et aime à noter les rapprochements, ajoute cette observation : Yun-Tchang ne songeait qu’à retrouver son frère ainé, voilà que tout à coup il trouve un fils ! Hiuen-Té au même instant est rejoint par son jeune frère et reconnait un neveu ! Quelle admirable histoire, quelle étonnante situation !. Précédemment, Hiuen-Té, dans sa fuite, a rencontré un individu (voir plus haut, page 74), de la même famille que lui, qui a tué sa propre femme pour lui donner à manger ; Yun-Tchang, dans sa fuite, trouve un personnage du même nom que lui, qui lui cède son propre enfant.
- ↑ Tchao-Yun, surnommé Tsé-Long, de Tchang-Chan dans le Tchin-Ting ; voir vol. I°, page 195, et plus haut, page 126.
- ↑ Quand Yun-Tchang a retrouvé son frère ainé dans la maison de Kouan-Tching, il s’est contenté de lui prendre la main et de sangloter, sans dire une parole pour expliquer sa conduite ; c’était aux deux femmes à donner pour lui ces détails. (Note de l’édition in-18.)
- ↑ Comme lors de leur première réunion dans le jardin des Pêchers. A propos de ce banquet, on lit dans l’édition in-18 les vers suivants :
« Dans ce temps, les frères et les amis étaient tous dispersés,
» Et ne recevaient les uns des autres ni nouvelles, ni le moindre avis ;
» Aujourd hui le prince et ses sujets forment une réunion de fidèles,
» Comme le dragon et les tigres, comme le vent et les nuées. » - ↑ Littéralement : une maladie de peau, une maladie qui n’est qu’à la surface, et qui n’attaque pas le dedans du corps. Appliquée à un individu, cette expression veut dire : Un homme qui cause de l’ennui, une démangeaison et non une crainte réelle.