Histoire de la Révolution française (Michelet)/Livre XVII/Chapitre 7

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CHAPITRE VII

PROCÈS ET MORT DE DANTON, DESMOULINS, ETC. (4-5 AVRIL, 15-16 GERMINAL).


Le jury est divisé. — On organise une machine pour étouffer le procès. — Lucile écrit en vain à Robespierre. — On obtient un décret contre les accusés. — La nuit du 4 au 5 ; le jury. — Derniers moments des accusés. — Leurs titres devant la postérité. — Desmoulins sur la charrette. — Mort de Danton et Desmoulins.


La lettre ne fut écrite que le lendemain 4 avril (15 germinal) au matin. Elle put ainsi être délibérée, discutée toute la nuit. Les premiers mots : « Un orage horrible gronde depuis que la séance est commencée… Les accusés enforcenés… », etc., sont habilement combinés pour faire croire que l’accusateur écrivit pendant l’audience, vaincu par le bruit et les cris, aux abois, désespéré.

En réalité, l’affaire allait mal. Chose inattendue, la division était dans le jury. Le juré Naulin, homme de loi, avait dit, après l’audience : « Il est impossible de leur refuser leurs témoins. » Quatre ou cinq jurés, tacitement, étaient de l’avis de Naulin. Fouquier, inquiet, alla aux comités et voulut voir Robespierre ; il s’était retiré chez lui. Billaud, Saint-Just, au premier mot de témoins qu’il prononça, lui fermèrent la bouche ; ils le chassèrent avec menaces. Fouquier et Herman, placés dans cette passe dangereuse de demander expressément la violation de la loi, crurent se couvrir en glissant dans la lettre ce mot : « Tracez-nous notre conduite, l’ordre judiciaire ne nous fournissant aucun moyen de motiver ce refus. »

Les jurés les plus solides avaient été chez Robespierre et n’en avaient rien tiré.

Il arriva ce qu’il arrive toutes les fois que les rois ont besoin d’un crime. Il se fait même sans eux. Il y a toujours quelque part l’homme dévoué, l’homme fatal, pour les dispenser de prendre l’initiative.

Depuis vingt-quatre heures, les zélés avaient compassion de l’embarras du gouvernement et dressaient une machine. Les administrateurs de police, récemment renouvelés, entre autres le cordonnier Willcheritz, qui aida fort à organiser les grandes fournées de messidor, couraient les prisons, s’agitaient, s’informaient et chuchotaient. Grand effroi chez les prisonniers. « Voudrait-on un 2 septembre pour étouffer le procès ? » Ces bruits circulaient aussi au dehors. Danton avait vaincu le 3, c’était l’opinion générale ; on ne pouvait l’assassiner que dans un grand pêle-mêle, un massacre confus des prisonniers. Chaumette avait des nouvelles du dehors deux fois par jour ; il les donna à ses compagnons du Luxembourg, qui en furent glacés d’horreur. Mais la prison brise l’homme ; aucun n’avait d’armes et presque aucun de courage.

Une femme leur en donna. La jeune femme de Desmoulins errait, éperdue de douleur, autour de ce Luxembourg. Camille était là, collé aux barreaux, la suivant, lui écrivant les choses les plus navrantes qui jamais ont percé le cœur de l’homme. Elle aussi s’apercevait, à cet horrible moment, qu’elle aimait violemment son mari. Jeune et brillante, elle avait pu voir avec plaisir l’hommage des militaires, celui du général Dillon, celui de Fréron, qui, l’épée à la main, sur les redoutes emportées de Toulon, lui écrivait sa victoire. Fréron était à Paris et n’osa rien faire pour eux. Dillon était au Luxembourg, buvant en vrai Irlandais et jouant aux cartes avec le premier venu. Un seul de ceux qui admiraient Lucile l’adorait du fond du cœur ; c’était son mari. Lucile fut pour beaucoup dans l’audacieuse inspiration du fatal dernier numéro. Camille s’était perdu pour la France et pour Lucile.

Elle aussi se perdit pour lui.

Le premier jour, elle s’était adressée au cœur de Robespierre. On avait cru autrefois que Robespierre l’épouserait. Elle rappelait dans sa lettre qu’il avait été le témoin de leur mariage, qu’il était leur premier ami, que Camille n’avait rien fait que travailler à sa gloire, ajoutant ce mot d’une femme qui se sent jeune, charmante, regrettable, qui sent sa vie précieuse : « Tu vas nous tuer tous deux ; le frapper, c’est me tuer, moi. »

Nulle réponse. Elle écrivit à son admirateur Dillon : « On parle de refaire septembre… Serait-il d’un homme de cœur de ne pas au moins défendre ses jours ! »

Les prisonniers rougirent de cette leçon d’une femme et se résolurent d’agir. Il paraît toutefois qu’ils ne voulaient commencer qu’après Lucile, lorsque, d’abord se jetant au milieu du peuple, elle aurait ameuté la foule.

Dillon, brave, parleur, indiscret, tout d’abord en jouant aux cartes avec un certain Laflotte, entre deux vins, lui conta toute l’affaire. Laflotte l’écouta et le fît parler. Laflotte était républicain ; mais là enfermé, sans issue, sans espoir, il fut horriblement tenté. Il ne dénonça pas le soir (3 avril), attendit toute la nuit, hésitant encore peut-être. Le matin, il livra son âme en échange de sa vie, vendit son honneur, dit tout. Sa déposition fut sur l’heure portée à Saint-Just, qui, armé ainsi, n’hésita pas un moment à frapper le coup de Robespierre.

Toute assemblée, dans ces jours néfastes, est ordinairement peu nombreuse. Au 5 septembre, au 21 décembre, la Convention n’avait que deux cents membres présents. Au 4 avril, selon toute apparence, surtout aux heures du matin, elle n’était guère peuplée. Le découragement était profond chez les Montagnards. Ils avaient vu, surtout le jour d’Héron, et le 31 mars encore, qu’au premier mot de Robespierre la droite, le centre, les muets, votaient comme un seul homme avec le petit groupe des robespierristes. Cela se vit exactement de même le 4 avril.

La séance s’était ouverte d’une manière ridicule et sinistre. Legendre naïvement avait exprimé sa peur et la peur « de son épouse », se mettant en quelque sorte sous l’aile de l’Assemblée. On souriait. Les figures s’allongèrent terriblement quand l’archange de la mort, Saint-Just, parut à la tribune avec l’écrit meurtrier. Il disait les accusés en pleine révolte, et, de peur que ce mensonge n’agît pas assez, il hasarda un mot singulier d’intimidation : « Marquez la distance qui vous sépare des coupables. »

« Tout accusé qui résiste ou insulte sera mis hors des débats. » Telle fut la formule de l’assassinat, immédiatement votée, comme l’était toute mesure pour décimer la Montagne.

Au moment du vote, la femme de Phelippeaux était à la barre, en larmes. « Point de privilège ! » dit Robespierre, et il la fit repousser au nom de l’égalité.

Legendre, abîmé dans la peur, finit dignement la séance en demandant que Simon, un homme de son parti, compromis avec Dillon, fût envoyé au tribunal révolutionnaire.

Herman traînait pendant ce temps. Tantôt il interrogeait les comparses, les accusés secondaires, tantôt, pour amuser Danton, Desmoulins, il répondait à leurs demandes que l’accusateur public, renonçant à faire entendre « la foule des témoins qu’il avait contre eux », ils devaient aussi renoncer à leurs témoins à décharge. Pendant tout ce verbiage hypocrite, un mouvement se fait dans la salle. Fouquier est appelé et sort. Trois membres du Comité de sûreté arrivaient avec le décret. Voulland, en feu, le lui met dans la main. David dit : « Nous les tenons, et ils n’échapperont pas. »

Amar, livide comme un mort, s’efforçait d’être furieux. Deux hommes de Robespierre, son imprimeur Nicolas et son voisin, le papetier Arthur, meneur de sa section et membre de la Commune, allaient, venaient, frétillaient, se frottaient les mains.

Amar, voulant faire le brave, avança avec Voulland son visage à la lucarne. Ils furent rencontrés, traversés d’un éclair des yeux de Danton : « Regarde, dit-il à Desmoulins, regarde ces lâches assassins ; ils nous suivent jusque dans la mort. »

Le décret fut lu (soir du 4), et alors tout semblait fini. On avait encore un reste de jour, assez pour les guillotiner. Mais les jurés arrêtaient. Ces fermes et solides jurés, contre toute attente, montraient de l’hésitation. La résistance de Naulin avait été contagieuse. Les paroles de Danton, vibrantes jusqu’au fond des âmes, leur avaient révélé (plus encore que toute sa gloire populaire) quel grand homme ils allaient tuer. Sauf trois peut-être, Renaudin, Trinchard, Topino-Lebrun, les autres ne savaient plus ce qu’ils allaient faire.

Le dernier a assuré que jamais il n’eût pu se décider, si Herman ne leur eût montré une lettre qu’il dit venue de l’étranger et adressée à Danton.

Souberbielle a assuré que le cœur lui manquait aussi, qu’il avait quitté la salle pour respirer un moment, et que, rencontrant dans un couloir Topino-Lebrun, ce peintre, homme d’esprit et républicain, mais à la façon de Machiavel, lui aurait dit : « Ceci n’est pas un procès, c’est une mesure… Nous ne sommes plus des jurés, nous sommes des hommes d’État… Deux sont impossibles ; il faut qu’un périsse… Veux-tu tuer Robespierre ? — Non. — Eh bien, par cela seul, tu viens de condamner Danton ».

Cette horrible discussion eut lieu la nuit du 4 au 5. Le matin, ils étaient tous ou hébétés de fatigue ou vaincus et subjugués. Les portes s’ouvrent enfin (matin du 5, à huit heures). Les jurés sortent, Trinchard en tête. Quelqu’un qui se trouva sur leur passage en resta saisi d’horreur. Ils allaient, non comme des hommes, mais comme les mannequins des Furies. Trinchard ne se connaissait plus ; dans un mouvement singulier, faisant la roue de son bras, il se criait à lui-même : « Les scélérats vont périr ! »

« — Les jurés étant satisfaits, les débats sont clos », dit Herman.

« — Clos ? dit Danton ; comment cela ? Ils n’ont pas encore commencé ! Vous n’avez point lu de pièces ! point entendu de témoins ! »

Camille Desmoulins avait apporté écrite une véhémente réfutation des calomnies de Saint-Just. Dans sa rage et son désespoir, voyant que décidément il ne serait point entendu, il froissa, roula ce papier, mouillé de brûlantes larmes, il le lança aux bourreaux… Il y a un Dieu. Ce pauvre papier qui devait tomber aux mains les plus intéressées à le détruire, il a miraculeusement échappé, il est revenu aux mains pieuses de la mère de Lucile. Il a pu arriver au jour.

Qui le croirait ? Ce geste même d’un accusé, mort sans être entendu, a été exploité par ses ennemis. Ils ont dit que ce geste, du 5, était cause du décret du 4, que c’étaient là ces révoltes, ces violences contre lesquelles il avait bien fallu protéger le tribunal en mettant hors des débats ces insolents furieux.

Cette allégation stupide, réfutée par les simples dates, l’est d’ailleurs expressément par le principal agent de leur mort. Herman, avant la sienne, a déclaré que ni Danton ni Desmoulins, aucun des accusés n’avait insulté le tribunal.

Ce qu’Herman avoue encore, c’est que jamais ils ne surent leur jugement. Parmi leurs cris, leur fureur, leur désespoir, on les emporta. Le mot est vrai, à la lettre, pour Camille, qui, des deux mains, s’accrocha à son banc. Et comme contre les lois, par la force seule, par un brigandage, on devait l’assassiner, il résista aux brigands. Il fallut, comme un taureau, l’abattre pour l’enchaîner.

Le jugement était imprimé dès le matin par Nicolas, avant la condamnation.

Danton était redevenu tout à fait lui-même, fort calme, seulement inquiet de la France. À travers des mots cyniques, d’une apparente insouciance, il disait des choses très fortes, pleines de sens et de douleur :

« Ah ! f… botes ! ils vont crier : Vive la République ! quand ils me verront passer ! »

« Voilà que tout va s’en aller dans un gâchis épouvantable. .. Encore si je laissais mes jambes à Couthon et mes c… à Robespierre, cela pourrait marcher encore quelque temps. »

Tous moururent très bien. Même Chabot se releva à la mort par un touchant remords de justice et d’amitié. Malade, demi-empoisonné (il ne put en venir à bout), il ne songea pas à lui-même, mais à Bazire qu’il entraînait : « Que je meure, à la bonne heure ! disait-il, mais toi ! pauvre Bazire ! mais toi !… Pauvre Bazire ! qu’as-tu fait ? »

Bazire avait été véritablement héroïque. Son violent ennemi Hébert, qui travaillait à le perdre, lui fit dire au commencement que, « s’il se séparait de Chabot, on le tirerait d’affaire ». Quelque indigne que fût Chabot, Bazire resta fidèle à l’amitié et refusa de perdre celui qui l’avait perdu.

« Pauvre Bazire ! qu’as-tu fait ? » Tout son crime fut d’avoir un cœur. Et qui prouve que son humanité lui ait fait trahir ses devoirs ? Quand il eût écrit à Barnave : « Aucune pièce contre vous… », quand il aurait renvoyé une dame étrangère contre qui on n’avait ni témoins ni preuves, de tels actes suffisaient-ils pour le mener à la mort ?

« Pauvre Phelippeaux, qu’as-tu fait ? » On pouvait bien aussi le dire. La même charrette emportait, avec la victime de l’humanité, celle de la justice héroïque. Phelippeaux mourait pour n’avoir pas composé avec le crime, pour avoir refusé de fermer les yeux sur notre armée trahie, livrée ; lui seul, dans l’indifférence publique, eut du cœur pour nos soldats ; il fut juste parce qu’il fut tendre, et juste jusqu’à la mort.

Combien il a raison dans ses dernières lettres de se recommander de Dieu ! d’espérer dans l’immortalité de l’âme !… Camille même, souvent si léger, eut cette foi au dernier moment (ses lettres en témoignent aussi). Mourant pour l’humanité, ils sentaient profondément que Dieu était de leur parti. « Danton, dit un homme qui l’a bien connu, Danton regarda le ciel… Ah ! qu’il en avait droit !… Il avait embrassé la pitié comme un autel où tout peut être expié… Il aurait sauvé Robespierre ! »

Le grand rêve de Danton (ce fait singulier se trouve aux registres de la Commune), c’était une table immense où la France réconciliée se serait assise pour rompre, sans distinction de classes ni de partis, le pain de la fraternité.

Trois choses restent aux dantonistes :

Ils ont renversé le trône et créé la République ;

Ils ont voulu la sauver en organisant la seule chose qui fait vivre : la justice, une justice efficace, parce qu’elle eût été humaine ;

Ils n’ont haï personne, et entre eux ils s’aimèrent jusqu’à la mort. La belle inscription grecque est la leur : « Inséparables dans la guerre et dans l’amitié. »

Que la République, qui était eux-mêmes, en vînt à ce renversement monstrueux de les tuer, ils ne le comprirent jamais. Danton averti avait dit : « On ne me touche pas… Je suis l’Arche. » Camille le croyait encore plus. Et pour rassurer Lucile, il lui disait (au 10 août et ailleurs) : « Qu’as-tu à craindre ?… Je serai avec Danton. »

Sur la charrette, il disait : « Quoiqu’il arrive à Danton, je partagerai son sort. »

À peine admettait-il encore que Danton pût mourir. Des amis désespérés étaient dans la foule, épiaient un réveil de l’âme du peuple. Brune rôdait comme un lion. « Je périrai, avait-il dit, ou je les délivrerai. » Et Fréron, le frère chéri de Camille, l’admirateur enthousiaste de sa charmante Lucile, avait-il brisé l’épée de Toulon ? Quelle plus belle occasion de mourir pour l’amour et l’amitié ? »

Mais c’était sur le peuple même que comptait le plus Desmoulins. L’auteur du Vieux Cordelier se sentait aimé, béni. Il avait la conscience d’avoir été la voix du peuple, et sa foi en lui était tout entière. Il donna, sur la charrette, le plus extraordinaire spectacle, s’agitant, s’obstinant à croire que jamais la France ne pouvait l’abandonner. « Peuple ! pauvre peuple !… criait-il, on te trompe !… on tue tes amis !… Qui t’a appelé à la Bastille ?… Qui te donna la cocarde ? Je suis Camille Desmoulins !… » Quoique lié, il s’agitait d’une manière si violente que ses vêtements éclatèrent et laissèrent voir sa poitrine, ce pauvre corps si vivant que la terre allait couvrir, ce sein bondissant de vie, de fureur, d’amour encore… Personne n’endurait ce spectacle… Plusieurs s’enfuirent, croyant voir la Patrie s’arracher le cœur.

Quand on arriva, rue Saint-Honoré, devant la maison de Robespierre, fermée, portes et fenêtres, muette comme le tombeau, le prétendu peuple qui suivait redoubla ses cris frénétiques, clameur de lâche abdication, sinistre salut à César au nom de la guillotine. Desmoulins, calmé à l’instant, se rassit et dit froidement : « Cette maison disparaîtra… » En vain on la cherche aujourd’hui, enveloppée qu’elle est de murs immenses, recluse dans une ombre éternelle.

On assure que Robespierre, enfermé chez lui, pâlit à ces cris sauvages et sentit au cœur le mot de Danton : « J’entraîne Robespierre, Robespierre me suit ! »

Hérault de Séchelles, Camille et Bazire, ce touchant faisceau d’amis, se tenaient de cœur ensemble et dans leur amour pour Danton. Il avait été, pour eux, l’énergie sublime, la vie de la Révolution, le cœur de la République, et elle mourait en lui. Ils ne la laissaient pas derrière eux ; ils l’emportaient dans la tombe. Grande consolation de mourir avec l’idéal qu’on eut ici-bas.

Hérault descendît le premier, et d’un mouvement aimable et tendre, se tourna pour embrasser Danton. Le bourreau les sépara : « Imbécile ! dit Danton, tu n’empêcheras pas nos tètes de se baiser dans le panier. »

Camille regardait le couteau ruisselant de sang : « Digne récompense, dit-il, du premier apôtre de la liberté ! » 11 se sépara alors d’une boucle de cheveux qu’il tenait entre ses doigts et pria le bourreau de rendre à la mère de Lucile ce gage suprême d’amour.

Danton mourut simplement, royalement. Il regarda en pitié le peuple à droite et à gauche, et, parlant à l’exécuteur avec autorité, lui dit : « Tu montreras ma tête au peuple ; elle en vaut la peine. »

L’exécuteur obéissant la releva en effet, la promena sur l’échafaud, la montra des quatre côtés.

Il y eut un moment de silence… Chacun ne respirait plus… Puis, par-dessus la voie grêle de la petite bande payée, un cri énorme s’éleva et profondément arraché.

Cri confus des royalistes soulagés et délivrés, simulant l’applaudissement : « Qu’ainsi vive la République ! »

Cri sincère et désespéré des patriotes atteints au cœur : « Ils ont décapité la France ! »