Histoire de Servian/Chapitre15

CHAPITRE XV



Produits, Agriculture, Industrie, Arts

Le territoire de Servian n’a pas toujours été tout en vignoble comme il est de nos jours. Dans le passé il était renommé pour ses céréales. Placé entre deux rivières qui entretenaient l’humidité, entouré de deux grands bois qui conservaient les eaux (le bois du roi et le rouyre roveria, planté en chênes), les céréales prospéraient. Les plaines étaient remplies d’arbres fruitiers, amandiers, pêchers, cerisiers. Mais la récolte principale était celle des olives et de l’huile. Des oliveraies nombreuses, appelées olivettes, faisaient du pays un véritable jardin des oliviers. C’était la grande culture et le gros rapport.

L’année 1794, malgré la forte gelée qui avait fait périr beaucoup d’oliviers, il y eut à Servian 60 quintaux d’huile. En 1730, Servian comptait sept moulins d’huile, situés en bordure de la Léne dans laquelle se déversaient les déchets.

Les principaux étaient le moulin d’Aiguesvives, celui des Demoiselles Bournhonnet et celui de la famille Jalabert. Actuellement, il n’en reste plus un seul. L’huile de Servian jouissait d’un excellent renom, on l’apportait jusqu’à Lyon. À peu près chaque famille possédait une olivette, une terre pour le blé et pouvait se suffire à peu de frais. On trouve encore dans la plupart des galetas de grandes jarres d’huile à côté de silos pour le blé. Les antiquaires les ont beaucoup recherchées pour en orner les vérandas et les galeries modernes.

On laissait les meilleures terres pour la culture du blé et de l’olivier. Les terres moins bonnes étaient réservées à la vigne qui produisit seulement le vin nécessaire à la consommation des habitants. Le vin de Servian jouissait d’une juste renommée. Il est écrit dans les archives que les muscats de Saint-Adrien sont supérieurs à tous les autres.

La population de Servian a toujours été agricole. Cependant on signale quelques industriels.

En 1770 on signale Grégory comme maître tisserand. En 1658, la dame Barthélemy Tessier achète du vin pour le convertir en eau-de-vie, c’est bien la première distillerie que l’on connaisse dans Servian.

Le commerce exigeait des changeurs, les Lombards remplissaient ce rôle, on les trouve établis dans le Languedoc depuis le privilège de Louis VIII en 1224. Servian possédait sa place lombarde au fond de la rue de la Guette. Là, la monnaie Melgorienne ou Tournois, pour les achats et les ventes, était échangée.

Le commerce se tenait à la Poissonnerie autour des halles. La rue de la Poissonnerie est encore restée l’artère principale du pays. Là s’étalait la boucherie dont le contrat très ancien fut renouvelé en 1784, le 24 juin. « Les bouchers vendront le mouton 10 sols toute l’année, la brebis, le temps qu’est d’usage, 5 sols jusqu’à la fête de Saint-Michel, et 4 sols et demi depuis ledit jour jusqu’à la Toussaint. Le bœuf depuis la Toussaint jusqu’au Carnaval, à 4 sols la livre, et la vache, qui se tue par intervalle, à 3 sols et demi ».

Ledit boucher s’obligeant à donner gratis le jour de l’Ascension à celui qui mènera le chameau toute la fruchure d’un mouton et un gigot, il donnera à l’écorcheur toute la fressure.

En temps de Carême sera tenu à tuer un mouton pour les malades.

Le contrat des fours se trouve passé à la même époque à la Poissonnerie. Tous les habitants sont obligés d’y cuire leur pain et de payer au fermier, comme droit de cuisande de 40 pains, un pain. S’il y a discussion sur la grosseur du pain, ce sera de 40 livres, une livre.

Chaque habitant payera au fournier, pour ses peines, sur 100 pains, 2 sols ; sur 50 pains, 1 sol ; sur 25, 6 deniers.

Chaque habitant a aussi la faculté, après qu’on aura tiré le pain du four, de cuire 3 ou 4 gâteaux sans que le fournier puisse demander une rétribution. Les habitants ne feront point paître leur troupeau dans le bois du roi à cause de la fourniture du bois » (1788).

Enfin, en 1700, il est parlé d’une carrière de pierres appartenant à la commune au terroir du Mangach.




LE CHEMIN DE RONDE, PASSAGE DE L’AMIE
(XIe SIÈCLE)