Histoire de Miss Clarisse Harlove/Lettre 246

Traduction par Abbé Prévost.
Boulé (IIp. 328).


M Lovelace, au même.

dimanche, après midi. ô Belford ! De quel danger je suis échappé ! Ton ami tremble encore d’un mêlange de crainte et de joie ! à quelle étrange fille ai-je donc à faire, qui ose lutter contre son destin, quoiqu’elle ait tant de fois éprouvé que sa propre étoile combat pour moi ? Je suis le plus heureux des hommes. Mais la respiration me manque, lorsque je réfléchis à quel petit fil mon sort a comme été suspendu. Pour ne te point tenir en suspens, je suis en possession, depuis une demi-heure, de cette réponse si long-temps attendue, et par le plus bizarre accident ! Mais je joins ce billet à ma lettre précédente, parce que ton messager attend mes dépêches.



M Lovelace, au même.

voici l’aventure. Ma charmante est retournée cette après-midi à l’église, avec Madame Moore. J’avais été fort pressant pour obtenir l’honneur de dîner avec elle ; mais en vain. Je lui avais demandé ensuite la faveur d’une nouvelle conférence au jardin. Elle s’est obstinée dans la résolution d’aller à l’église ; et quelles raisons n’ai-je pas de m’en réjouir ? Ma digne amie Madame Bévis a jugé qu’un sermon suffisait dans un jour. Elle est demeurée pour me tenir compagnie. Il n’y avait pas un quart-d’heure que ma charmante et Madame Moore étoient sorties, lorsqu’un jeune paysan, à cheval, est venu demander à la porte Madame Henriette Lucas. Nous étions, la veuve et moi, dans le