Dezobry & Magdeleine (p. 227-233).

CHAPITRE XXII

La Convention fait décapiter Louis XVI et soulève ainsi l’Europe contre la France. Elle règne au dedans par la terreur ; elle soutient au dehors avec énergie et avantage la lutte engagée contre les puissances coalisées.

Convention nationale, 1792-1795.

1792.

25 septembre. — La Convention décrète l’unité et l’indivisibilité de la république française.

28 septembre. — Nice est occupé par une armée française.

8 octobre. — Les Autrichiens lèvent le siège de Lille, après l’avoir bombardée inutilement.

21 octobre. — Le général Custine s’empare de Mayence.

22 octobre. — Les ennemis évacuent Longwy.

23 octobre. — Une loi prononce contre les émigrés le bannissement à perpétuité, sous peine de mort.

6-14 novembre. — Dumouriez gagne sur les Autrichiens la bataille de Jemmapes, près de Mons ; il les chasse de Bruxelles.

7 novembre. — La Convention décrète qu’elle jugera Louis XVI.

19 novembre. — Elle promet les secours de la France à tous les peuples qui voudront renverser leur gouvernement.

27 novembre. — Elle réunit la Savoie à la France sous le nom de département du Mont-Blanc.

11 décembre. — Louis XVI comparait à la barre de la Convention. Il choisit pour défenseurs Tronchet et Lamoignon de Malesherbes.

26 décembre. — De Sèze présente sa défense ; le roi ajoute quelques mots et se retire.

1793

15 janvier. — La Convention déclare « Louis Capet (c’est ainsi qu elle désigne le roi) coupable de conspiration contre les libertés de la nation et d’Attentat contre la sureté générale. »

17 janvier. — Sur 714 membres présents, 428 votent la peine de mort, 286 le bannissement, la détention ou des peines autres que la mort.

21 janvier. — Louis XVI est décapité à Paris, sur la place Louis XV, dite des lors place de la Révolution, et aujourd’hui place de la Concorde.

28 janvier. — Monsieur prend le titre de régent de France, au nom de son neveu le roi Louis XVII.

31 janvier. — Le comté de Nice est réuni à la France.

1er  février. — La Convention fait une nouvelle émission d’assignats pour trois cents millions. Elle déclare la guerre à l’Angleterre et à la Hollande.

14 février. — La principauté de Monaco est réuni à la France.

25 février. — Dumouriez s’empare de Bréda.

4-9 mars. — La Belgique est réunie à la France.

7 mars. — La Convention déclare la guerre à l’Espagne. L’Autriche, l’Angleterre, la Prusse, la Hollande, l’Espagne, les Deux-Siciles, la Sardaigne et le Saint-Siège forment une coalition contre la France.

10 mars. — La Convention crée le tribunal révolutionnaire’’pour juger sans appel tous les ennemis de la révolution.

14 mars. — Les Vendéens jurent sur l’Évangile de défendre le trône et l’autel.

18 mars-4 avril. — Dumouriez est battu à Nerwinde par le prince de Cobourg. Il essaye d’entraîner ses soldats à marcher contre la Convention, pour rétablir la royauté constitutionnelle. Ne pouvant y réussir, il quitte la France.

6 avril. — Le Comité de salut public est institué.

9 avril. — La Convention met sur pied onze armées.

10 mai. — Elle va siéger aux tuileries.

11-20 mai. — Elle crée 1, 200 millions d’assignats, et décrète un emprunt forcé d’un milliard.

31 mai. — Les Girondins, gai forment la fraction modérée de la Convention, succombent sous les attaques des Jacobins ou Montagnards, qui composent le parti exalté.

2 juin. — Vingt-et-un députés girondins sont mis en état d’arrestation. C’est le commencement du régime de la Terreur.

10-29 juin. — Les Vendéens s’emparent de Saumur sous la conduite de leurs généraux La Rochejaquelein, Lescure, Cathélineau et Stofflet. Ils attaquent Nantes, mais sont repoussés avec perte.

13-20 juillet. — Charlotte Corday poignarde Marat dans un bain ; elle est arrêtée, condamnée à mort es exécutée,

23 juillet. — Mayence capitule après un siège de quatre mois et se rend aux Prussiens.

27 juillet. — Robespierre entre au Comité de salut public.

28 juillet. — Valenciennes ouvre ses portes au Autrichiens.

1er  août. — La Convention traduit Marie-Antoinette devant le tribunal révolutionnaire et ordonne de mettre la Vendée à feu et à sang. Elle décrète l’uniformité des poids et des mesures.

12 août. — Elle rend une loi contre les suspects.

23 août. — Elle met en réquisition permanente pour la défense de la patrie tous les jeunes gens de 18 à 25 ans. La ville de Lyon, qui s’est insurgée contre la Convention, est bombardée par l’armée républicaine.

27 août. — Toulon se rend aux Anglais ; Louis XVII y est proclamé roi de France.

5 septembre. — On crée une armée révolutionnaire ambulante, qui doit parcourir les départements avec de l’artillerie et une guillotine.

6-11 septembre. — Les Anglais et les Autrichiens, battus à Hendschoote, lèvent le siège ée Dunkerque.

28 septembre. — Un décret ordonne l’émission de deux milliards d’assignats.

29 septembre. — Une loi assujettit au maximum les denrées de première nécessité.

3-16 octobre. — Le procès de la reine commence ; elle est défendue par Chauveau-Lagarde et Tronson Ducoudray ; elle est condamnée a mort et exécutée.

6 octobre. — L’usage de l’ère chrétienne est aboli ; on y substitue le calendrier républicain, et le commencement de l’année est fixé au 22 septembre, jour anniversaire de l’établissement de la république.

7 octobre. — Le duc d’Orléans est traduit devant le tribunal révolutionnaire de Marseille et exécuté un mois après, le 6 novembre.

9 octobre, — Lyon est pris après soixante-et-dix jours de siège ; un décret prononce la destruction de la ville, et la substitution du nom de Commune Affranchie à celui de Lyon.

15-16 octobre. — Jourdan bat les Autrichiens à Wattignies et débloque flfaubeuge.

24 octobre — La Convention change les noms des anciens mois, et divise chaque mois en trois décades de dix jours chacune. Les cinq jours nécessaires pour compléter l’année sont appelés les jours complémentaires ou fêtes sans-culottides.

31 octobre. — Les députés girondins arrêtés le 31 mai sont exécutés.

1er  novembre — Une loi prononce la confiscation des biens de tous les Français qui sont sortis de France depuis le 14 juillet 1789, et qui n’y sont pas rentrés.

10 novembre. — La Convention décrète que le culte catholique est remplacé par le culte de la déesse Raison.

10-22 décembre. — La Rochejaquelein s’empare du Mans ; les Vendéens sont vaincus sous les murs de cette ville et à la bataille de Savenay.

19 décembre. — Le général Dugommier reprend Toulon sur les Anglais. Un jeune officier d’artillerie, Napoléon Bonaparte, le futur empereur des Français, contribue puissamment à ce succès.

1794.

16 janvier-12 février. — Marseille est déclarée rebelle ; elle se soumet aux représentants de la Convention.

5 avril. — Robespierre se défait de Danton, de Camille Desmoulins et de leurs amis, et domine ainsi dans la Convention.

10 mai. — Madame Élisabeth, sœur de Louis XVI, est mise à mort.

18 mai-17 juin. — Moreau bat les alliés à Tourcoing ; il s’empare d’Aspres.

22 mai-19 juin. — Paoli appelle les Anglais en Corse ; cette île est réunie aux possessions Britanniques.

16-26 juin. — Jourdan livre les batailles de Fleurus et triomphe des Autrichiens.

27 juillet (9 thermidor). — La Convention se soulève contre le despotisme de Robespierre et de ses deux acolytes Couthon et Saint Just. Elle décrète l’accusation de ces triumvirs et celle de leurs partisans. Le lendemain ils montent à leur tour sur l’échafaud et la France est délivrée de la Terreur. C’est ce qu’on appelle la révolution du 9 thermidor. Pendant les quatre-cent vingt jours qu’a duré ce régime, plus de quatre raille têtes sont tombées sur la place de la Révolution, sur celle de la Bastille et à la barrière du Trône, où la guillotine est restée en permanence[1].

29 juillet. — Les membres de la Commune sont mis hors la loi et exécutés. Le maximum est aboli.

9-24 août. — Le tribunal révolutionnaire est supprimé et reconstitué sur de nouvelles bases. Le Comité de salut public est réorganisé avec des pouvoirs plus restreints.

28 août. — La ville de Condé est reprise par Pichegru qui a remplacé Jourdan à l’armée du Nord.

22 septembre-27 novembre. — Jourdan s’empare d’Aix-la-Chapelle, gagne la bataille d’Aldenhoven à la tête de l’armée de Sambre-et-Meuse, prend Juliers, Cologne, Franckenthal, Worms, Andernach, Coblenz et Maëstricht. Moreau se rend maître de Bois-le-Duc, où quatre cents émigrés faisant partie de la garnison sont fusillés. Moncey envahit la Navarre espagnole avec l’armée des Pyrénées-Orientales. Pichegru reçoit la soumission de Vanloo et de Nimègue.

11 novembre-18 décembre. — La Convention dissout le club des Jacobins. Elle revise ou annule les lois portées ou provoquées par Robespierre, et les mesures de rigueur qui ont assuré son triomphe. Elle rend un décret d’accusation contre l’ex-accusateur public, Fouquier-Tinville.

1795.

19-20 janvier. — L’armée de Pichegru entre dans Amsterdam. La flotte hollandaise, emprisonnée dans les glaces du Texel, est prise par les hussards français.

15 février. — Charette et les Vendéens déposent les armes en obtenant pour les royalistes le libre exercice du culte catholique et deux millions pour les frais de la guerre. Stofflet se soumet trois mois après lui et complète par sa soumission la première pacification de la Vendée.

8 mars. — Les députés Barrère, Billaud-Varenne et Collet d’Herbois sont décrétés d’accusation.

15 avril (12 germinal). — Le peuple des faubourgs marche sur la Convention, et vient demander leur mise en liberté. L’Assemblée résiste à cette violence, condamne les prévenus à la déportation, et met Paris en état de siège.

40 avril. — Elle ordonne le désarmement des Terroristes.

7 mai. — Fouquier-Tinvilie et quinze membres de l’ancien tribunal révolutionnaire sont mis à mort.

16 mai. — La Hollande signe la paix à l’exemple de la Prusse qui a traité le 5 avril précédent.

20 mai (1er  prairial). — Les débris de la factien des Jacobins font un dernier appel aux passions populaires ; les faubourgs Saint-Antoine et Saint-Marceau, et tous les sans-culottes de Paris, marchent sur les Tuileries le 1er  prairial (20 mai 1795), au bruit du tocsin », et pénètrent dans la salle des séances de la Convention ; mais ni leurs cris, ni leurs menaces, ni l’assassinat du représentant Féraud, dont la tête est placée au bout d’une pique, ne peuvent intimider le président Boissy-d’Anglas, qui demeure ferme à son poste.

23-31 mai. — La Convention fait désarmer les faubourgs pour en finir avec l’insurrection ; elle décrète d’accusation trente de ses membres qui se sont prononcés pour le rétablissement de la Terreur, et en condamne treize à mort ; elle autorise l’exercice public du culte catholique et supprime le tribunal révolutionnaire.

8 juin. — Le fils de Louis XVI meurt dans sa prison du Temple.

24 juin-21 juillet. — Charette reprend les armes en Vendée. Un corps d’émigrés, sous la conduite de Puisaye et de Sambreuil, débarqué par les Anglais dans la presqu’île de Quiberon, est cerné et anéanti par Hoche, les uns sont fait prisonniers, les autres coulés à fond avec tes chaloupes sur lesquelles ils se sont réfugiés, Tous les prisonniers au-dessus de seize ans sont fusillés.

22 juillet. — L’Espagne fait la paix avec la France.

22-23 août. — La Convention adopte la Constitution de l’an III, qui confie le pouvoir législatif à deux assemblées : le conseil des Cinq-Cents et celui des Anciens, et le pouvoir exécutif à un Directoire, composé de cinq personnages nommés par les Conseils. Elle décrète que les deux tiers de ses membres devront faire partie du Corps législatif. Elle prononce la dissolution de tous les clubs.

5 octobre (13 vendémiaire). — La mesure prise par la Convention pour faire revivre son esprit dans las nouveaux Conseils excite un soulèvement dans Paris. Trente-cinq ou quarante mille hommes des sections s’avancent en armes contre l’Assemblée. Barras, chargé de la défendre, s’adjoint l’officier d’artillerie Napoléon Bonaparte, qui a déjà figuré au siège de Toulon. Les sections, foudroyées par l’artillerie de Barras sur les marches de Saint-Roch et sur le quai Voltaire, au moment où elles débouchait par la rue Saint-Honoré et par le pont Royal, se débandent et se dispersent. La bataille n’a duré qu’une heure et demie. Le lendemain la capitale jouit de la plus parfaite tranquillité.

10 octobre — Pour récompense de ce service, Bonaparte reçoit le commandement en second des troupes de l’intérieur.

25 octobre. — La Convention procède à l’organisation de l’Institut en trots classes, et à celle de l’instruction publique.

26 octobre — Elle déclare sa mission terminée et se retire après avoir réuni (1er  octobre) au territoire de la République tous les pays conquis en deçà du Rhin, ainsi que la Belgique, l’Etat de Liége et le Luxembourg.

28 octobre. — Les Cinq-Cents ouvrent leurs séances au palais Bourbon, les Anciens aux Tuileries.

1er -5 novembre. — La Réveillère-Lépeaux, Letourneur, Rewbell, Barras et Carnet, nommés directeurs, s’établissent au palais du Luxembourg.


Synchronisme. — Second partage de la Pologne, 1792 ; — Insurrection des Polonais contre les Russes sous la conduite de Kosciuzko, 1795. — Révolte des nègres de Saint-Domingue et massacre des blancs. 1792


  1. Au moment de la chute de Robespierre, il était question, pour accélérer les exécutions, de mitrailler par masses au Champ-de-Mars trois mille prisonniers, dont on était embarrassé.