Histoire de France - Cours élémentaire/07



CHAPITRE SEPT
TROIS BONS ROIS DE FRANCE


Vous avez vu que les descendants de Charlemagne furent de mauvais rois. Aussi, en l’année 987, les Francs choisirent-ils leurs rois dans une autre famille. Le premier roi de cette famille s’appela Hugues Capet. C’est pourquoi cette famille s’appelle les Capétiens.

Il ne fut guère obéi dans le royaume, parce qu’il y avait partout des seigneurs qui faisaient tout ce qu’ils voulaient.

Mais bientôt, il y eut des rois qui se firent obéir.


— 1. Louis le Gros fait la guerre aux méchants seigneurs. — Le premier de ces rois fut Louis six, appelé le Gros parce qu’il devint gros de bonne heure. Cela ne l’empêchait pas de monter à cheval et de bien faire la guerre.

Il fit la guerre aux méchants seigneurs. Un des plus méchants était le seigneur du Puiset, près de Paris.

C’était un vrai brigand. Il maltraitait les paysans et les curés des villages. Il arrêtait les gens qui passaient sur les routes pour leur prendre leur argent.

LA BRAVOURE DU VIEUX PRÊTRE À L’ATTAQUE DU PUISET

Le roi Louis le Gros décida de détruire le château. Il réunit une armée, où il y avait des chevaliers et aussi des paysans commandés par leurs curés. La bataille dura longtemps. Il y avait à un endroit une palissade faite avec de gros pieux plantés en terre, qui barrait la route aux soldats du roi.

Plusieurs soldats avaient été tués. Les autres, qui étaient fatigués, n’osaient plus avancer.

Alors un prêtre marcha vers la palissade. C’était un vieil homme qui n’avait plus de cheveux ; mais il était brave et fort.

Vous le voyez sur l’image arrachant les pieux, il a fait une trouée. Les soldats qui le regardaient reprirent courage. Ils passèrent par la trouée.

Le méchant seigneur fut pris. Le roi Louis fit démolir le château du Puiset et les habitants du pays furent bien contents.

Les pauvres gens aimèrent le roi Louis, parce qu’il punissait les seigneurs qui leur faisaient beaucoup de mal.


— 2. La grande victoire du roi Philippe-Auguste. — Le roi Philippe-Auguste fut un roi très habile et très brave. Il remporta une grande victoire sur Otton, l’empereur d’Allemagne.

PHILIPPE-AUGUSTE PAR TERRE, PENDANT LA BATAILLE DE BOUVINES.


Otton était entré en France avec une grande armée. Il voulait prendre Paris.

Philippe-Auguste alla au-devant de lui. Il le rencontra près de Bouvines, un village pas loin de la ville de Lille.

Devant le roi, un chevalier portait un grand drapeau de soie rouge, que les rois de France faisaient toujours placer devant eux dans les batailles. Ce drapeau s’appelait l’oriflamme.

Le roi s’élança bravement parmi les ennemis. Un moment des soldats d’Otton l’entourèrent ; ils le tirèrent de toutes leurs forces, et le firent tomber de son cheval. Vous le voyez par terre. Les ennemis frappent sur son armure. Le roi de France était en danger de mort.

Mais le chevalier qui tient l’oriflamme l’élève très haut. Il crie de toutes ses forces : « Au secours, au secours du roi ! » Et les Français accourent et ils délivrent le roi.

Philippe-Auguste remonta sur son cheval. Les Français furent vainqueurs. L’empereur Otton s’enfuit au grand galop pour retourner dans son pays.

C’est en l’année 1214 que Philippe-Auguste remporta cette belle victoire.

Quand il retourna vers Paris, on lui fit fête sur toute la route. Les paysans étaient occupés à moissonner. Mais, dès qu’ils voyaient arriver la troupe, ils couraient au bord du chemin en criant : « Vive le roi ! »

Quand le roi passait par une ville, les habitants jetaient des fleurs devant lui. Les cloches des églises sonnaient. Tout le monde criait : « Vive le roi ! »

Les Parisiens sortirent en foule au-devant de lui et crièrent aussi : « Vive le roi ! »

Dans toute la ville, on chanta, on dansa. La nuit, on alluma des torches et des lanternes, et l’on vit aussi clair qu’en plein jour.

Les fêtes durèrent huit jours. Pendant ce temps-là, on ne fit pas la classe, et les écoliers s’amusèrent.

Les Français aimèrent le roi Philippe-Auguste parce qu’il avait battu les Allemands qui avaient attaqué le royaume de France.


— 3. La gentillesse et la charité de Saint Louis. — Saint Louis était un petit enfant quand il perdit son père et devint roi. En attendant qu’il fût grand, sa mère, Blanche de Castille, gouverna le royaume.

SAINT LOUIS PRENANT UNE LEÇON.
D’après Chartran. Fresque de la Sorbonne, photog. Noyer

Blanche de Castille était très pieuse, et elle disait à son fils qu’il vaut mieux mourir que de commettre un péché. Le petit roi avait une jolie figure, de grands yeux bleus, une longue chevelure blonde. On aurait dit une petite fille.

L’image vous le montre au moment où il prend une leçon. Le maître, qui est un moine, lui parle ; lui, il écoute avec attention. Il était très obéissant et travaillait bien.

Saint Louis fut un homme très charitable. Souvent il allait visiter les pauvres malades à l’Hôtel-Dieu. Il n’avait pas peur de gagner leur mal. Les plaies les plus vilaines ne le dégoûtaient pas ; il les soignait de ses mains.

Jamais il ne refusait une aumône. Les pauvres étaient toujours bien reçus dans son palais. Il leur faisait donner à manger.

Quelquefois il les servait lui-même, comme vous voyez par l’image.

SAINT LOUIS SERT À TABLE DES AVEUGLES.


Ce jour-là, c’étaient des aveugles qui étaient réunis autour de la table. Le roi est debout et verse à boire. Un aveugle arrive : il a le bras étendu, comme font les aveugles qui cherchent leur chemin. Saint Louis aimait mieux servir les aveugles que les autres pauvres, parce que les aveugles ne le voyaient pas. Ils ne savaient pas que c’était le roi qui les servait. Il défendait de le leur dire. Saint Louis cachait ses charités autant qu’il pouvait.


— 4. La justice de Saint Louis. — Saint Louis défendait à ses sujets de faire du mal les uns aux autres. Vous le voyez assis sur les marches de la Sainte-Chapelle. Saint Louis avait fait bâtir cette chapelle dans son palais.

Il est là, sans cérémonie. On a seulement mis un tapis sur les marches pour qu’il puisse s’asseoir. Il est coiffé d’un chaperon ; sur sa robe sont brodées des fleurs de lys.

SAINT LOUIS ASSIS SUR LES MARCHES DE LA SAINTE-CHAPELLE POUR JUGER

Devant lui deux hommes se tiennent debout. Un de ces hommes parle au roi. Il se plaint de l’autre homme. Le roi écoute sa plainte. Tout à l’heure il écoutera l’autre avec autant d’attention. Quand il les aura entendus tous les deux, il prononcera son jugement, c’est-à-dire qu’il dira lequel a tort et lequel a raison.

Dans ce temps-là, les seigneurs ne se gênaient pas pour faire tort aux pauvres gens. Ils croyaient que personne n’avait le droit de les punir. Saint Louis ne regardait pas si celui qui avait mal fait était un seigneur ou un pauvre homme. Il punit un des plus grands seigneurs du royaume qui avait commis un crime.


— 5. Le courage de Saint Louis. — L’image vous représente des hommes armés, au bord d’un fleuve. Le fleuve, c’est le Nil, qui coule bien loin de France, en Égypte. Les hommes armés, c’est Saint Louis avec des chevaliers français.

Saint Louis était allé dans ce pays-là faire la guerre aux Turcs.

SAINT LOUIS REFUSE DE SE SAUVER SUR UN BATEAU.


Il s’est battu comme un vaillant chevalier ; mais il a été vaincu. Les Turcs poursuivent son armée. Ils vont bientôt arriver, et alors le roi sera prisonnier.

Vous voyez que Saint Louis est bien fatigué. Il est courbé ; c’est à peine s’il peut se tenir à cheval. Il souffre d’une grande fièvre.

Un chevalier met la main à la bride du cheval du roi. D’autres chevaliers lui montrent un bateau.

Ils veulent qu’il descende de cheval et qu’il monte sur le bateau ; alors, sans fatigue, il naviguera sur le fleuve, et les Turcs ne pourront le prendre.

Ils prient et ils supplient, car ils aiment le bon roi de tout leur cœur.

Mais le bon roi pense à tant de pauvres soldats fatigués comme lui, malades comme lui. Il ne veut pas se sauver. Il dit : « Non, je ne veux pas abandonner mes gens ; j’aime mieux mourir ou être pris avec eux. »

Il resta sur son cheval. Les Turcs arrivèrent. Ils le firent prisonnier. Dans sa prison, il montra beaucoup de courage. Il se racheta en donnant une grosse somme d’argent, et il revint en France, et la France fut bienheureuse de revoir son roi.

Les Français pleurèrent le roi Saint Louis quand il mourut en 1270. Ils l’aimaient, parce qu’il était charitable, parce qu’il était juste, parce qu’il était brave.



RÉSUMÉ

1. En 987 les Francs choisirent Hugues Capet pour roi. Un siècle plus tard, le roi Louis le Gros se fit aimer des pauvres gens en faisant la guerre aux méchants seigneurs.

2. En 1214 le roi de France Philippe-Auguste battit les Allemands à Bouvines, et à cause de cela il fut très aimé par les Français.

3. Saint Louis fut le meilleur des rois de France. Il était très pieux. Il soignait les malades et faisait la charité aux pauvres.

4. Saint Louis fut le plus juste des rois. Il punissait les grands seigneurs qui faisaient tort aux pauvres gens.

5. Saint Louis fut un roi très brave. Il le montra en Égypte où il fit la guerre aux Turcs.


QUESTIONNAIRE

Pourquoi les Francs prirent-ils Hugues Capet pour roi ? En quelle année ?

Pourquoi Louis le Gros fit-il la guerre au seigneur du Puiset ? Que fait le moine que vous voyez sur l’image, page 51 ?

En quelle année eut lieu la bataille de Bouvines ? Où est le roi dans l’image, page 52 ? Que font les soldats qui l’entourent ? Racontez ce qui se passa quand Philippe-Auguste revint à Paris.

Racontez les actes de charité de Saint Louis. Pourquoi aimait-il mieux servir les pauvres aveugles que les autres pauvres ?

Regardez l’image, page 56. Où est Saint Louis ? Que fait-il ? Qui lui parle ?

Qu’était allé faire Saint Louis en Égypte ? Pourquoi ne voulut-il pas quitter ses soldats ?

Pourquoi les Français aimèrent-ils Saint Louis ?

UNE VOITURE AU TEMPS DES CROISADES.