Histoire de France - Cours élémentaire/06



CHAPITRE SIX
LES CROISADES


— 1. Pierre l’Ermite et le pape prêchent la croisade. — En ce temps-là, beaucoup de chrétiens s’en allaient en pèlerinage à Jérusalem pour prier auprès du tombeau de Jésus-Christ.

Jérusalem appartenait aux Turcs, et les Turcs maltraitaient les chrétiens. Ils les battaient, leur prenaient leur argent et les mettaient en prison. Quelquefois même, ils les tuaient.

Un moine appelé Pierre l’Ermite fit le voyage de Jérusalem ; il revint en France, et il raconta les méchancetés des Turcs. Il alla de village en village et de ville en ville. Il marchait nu-pieds, habillé d’une longue robe à capuchon.

Ceux qui l’entendaient pleuraient et disaient qu’il fallait aller à Jérusalem pour en chasser les Turcs.

Quelque temps après, le pape vint en France. Il passa quelques jours à Clermont en Auvergne. Une grande foule de seigneurs et de pauvres gens accourut pour le voir.

L’image vous représente le pape au moment où il parle à la foule. Il est debout sur une grande estrade. Il tient d’une main la croix ; il étend l’autre main vers la foule. Derrière lui sont assis les évêques. Au fond, on aperçoit les montagnes d’Auvergne.

LE PAPE PRÊCHE LA CROISADE À CLERMONT


Le pape raconta les misères des chrétiens et les méchancetés des Turcs. Il termina en disant : « Français, vous êtes la plus brave des nations ! C’est vous qui chasserez les Turcs de Jérusalem ! »

Quand le pape eut fini de parler, la foule l’acclama. Les bras se levaient vers lui. Un grand cri fut répété par tout le monde : « Partons ! Dieu le veut ! Dieu le veut ! »

Des hommes, des femmes, mirent sur leur poitrine des morceaux d’étoffe taillés en forme de croix. C’est pour cela que l’on appela croisés ceux qui partirent pour Jérusalem et croisades les guerres que les chrétiens firent aux Turcs.


— 2. La croisade des pauvres gens. — Regardez cette rue de village. Des paysans mettent dans un chariot attelé de bœufs des provisions pour la route. Un vieillard, qui porte une croix sur l’épaule et marche à côté d’un enfant, va s’asseoir dans le chariot.

PAYSANS QUI SE PRÉPARENT POUR LE GRAND VOYAGE.


D’autres paysans sont assemblés près de l’église. Le curé leur parle et les bénit. Ces paysans s’apprêtent à partir pour le grand voyage vers Jérusalem.

Quand la troupe d’un village était prête, elle partait joyeuse en chantant. Des musiciens jouaient de leurs instruments.

Toutes ces troupes se réunirent, et ce fut une armée de plus de cent mille hommes. Pierre l’Ermite les commandait.

Les pauvres gens ne savaient pas qu’il faudrait marcher longtemps, longtemps, avant d’arriver. Quand ils apercevaient une ville, ils demandaient si c’était Jérusalem.

Ils marchèrent pendant des mois et des mois.

Ils arrivèrent au bout de la France. Ils traversèrent l’Allemagne, puis d’autres pays encore. Beaucoup moururent en chemin, de maladie, de fatigue ou de misère. Les survivants arrivèrent au bout de l’Europe, à Constantinople.

Ces pauvres gens passèrent ensuite sur des barques le bras de mer qui sépare l’Europe de l’Asie.

Arrivés en Asie, ils furent attaqués par les Turcs, qui les massacrèrent presque tous. Aucun d’eux ne vit Jérusalem.

Presque aucun d’eux ne revit le village d’où il était parti joyeux et chantant.


— 3. La croisade des seigneurs. — Les seigneurs ne partirent qu’un peu plus tard pour Jérusalem. Godefroy de Bouillon, duc de Lorraine, les commandait.

Arrivés en Asie, ils eurent beaucoup à souffrir. Les Turcs avaient ravagé le pays ; les croisés ne trouvaient pas de quoi se nourrir.

Presque tous les chevaux périrent. Des chevaliers montèrent alors sur des bœufs. On mit des bagages sur le dos des moutons, des chiens et des porcs.

Pendant plusieurs jours, il fallut traverser un désert sans eau. Les croisés eurent horriblement soif. Vous en voyez qui sont couchés sur le sable ; ils le grattent avec leurs mains pour trouver en dessous un sol un peu plus frais ; ils y collent leurs lèvres pour les rafraîchir.

CROISÉS MOURANT DE SOIF DANS UN DÉSERT.


Enfin, un jour de l’année 1099, ceux qui marchaient les premiers arrivèrent devant Jérusalem. Ils eurent une grande joie ; ils crièrent : « Jérusalem ! Jérusalem ! » C’était Jérusalem en effet.

Ils attaquèrent la ville que les Turcs défendaient. Ils y entrèrent. Ils tuèrent des milliers de Turcs dont le sang coula comme une rivière, et ils allèrent s’agenouiller devant le tombeau de Jésus-Christ.

Alors Godefroy de Bouillon devint roi de Jérusalem. Mais les Turcs attaquèrent ce royaume. Ils finirent par reprendre Jérusalem. Toute la peine que les croisés s’étaient donnée fut perdue.

Mais les chevaliers de France avaient bravement combattu. Aujourd’hui encore on se souvient de leur bravoure dans ces pays-là.



RÉSUMÉ

1. Les Turcs faisaient des misères aux chrétiens qui allaient à Jérusalem voir le tombeau du Christ. Alors le pape et Pierre l’Ermite dirent aux chrétiens d’aller prendre Jérusalem.

2. Une armée de paysans partit pour Jérusalem, mais elle ne put aller jusque-là. Elle périt en route.

3. Une armée de seigneurs commandée par Godefroy de Bouillon partit ensuite ; elle mit trois ans pour arriver à Jérusalem et souffrit beaucoup en chemin ; elle prit la ville en 1099. On appelle ces guerres des croisades.


QUESTIONNAIRE

Pourquoi beaucoup de chrétiens allaient-ils à Jérusalem ? Quelles misères leur faisaient les Turcs ?

Regardez l’image, page 45 ; où est le pape ? Qu’est-ce que crie la foule ?

Expliquez le mot croisades. Regardez l’image, page 46. Que font les gens que vous voyez ? Pourquoi les paysans ne purent-ils pas arriver jusqu’à Jérusalem ?

Qui est-ce qui commandait l’armée des seigneurs ?

Quelles furent les souffrances des seigneurs dans le désert ?

En quelle année prirent-ils Jérusalem ? Gardèrent-ils Jérusalem longtemps ?

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