Histoire de France - Cours élémentaire/05



CHAPITRE CINQ
LES PAYSANS ET LES BOURGEOIS


— 1. La misère des paysans. — Les paysans étaient très malheureux même quand leurs seigneurs ne faisaient pas la guerre.

Les terres qu’ils cultivaient appartenaient au seigneur du village.

Le seigneur pouvait leur demander autant d’argent qu’il voulait.

Quand le seigneur faisait bâtir, ou bien réparer un chemin, il ne prenait pas d’ouvriers. Il envoyait chercher des paysans, et les faisait travailler pour lui, sans les payer. Ce travail-là s’appelait la corvée.

Vous avez vu que le seigneur aimait beaucoup la chasse. Il voulait avoir beaucoup de gibier sur ses terres. Ce gibier mangeait les récoltes. Les paysans n’avaient pas le droit de le détruire. Un paysan qui tuait un lièvre risquait d’être pendu.

Le seigneur pouvait battre les paysans et les mettre en prison quand cela lui faisait plaisir.

Si un paysan se trouvait trop malheureux, il n’avait pas le droit de s’en aller ailleurs. S’il s’en allait, le seigneur le faisait poursuivre et ramener.

Les paysans appartenaient donc au seigneur. La preuve c’est que, quand le seigneur vendait ses terres, il vendait ses paysans avec.

Ainsi les paysans dans ce temps-là étaient traités à peu près comme des bêtes.


— 2. Une révolte de paysans. — Un jour, un paysan dit à ses camarades :

DES PAYSANS SE RÉUNISSENT POUR FAIRE LA GUERRE AU SEIGNEUR.

« Camarades, nous sommes trop malheureux ! Nos seigneurs nous traitent comme des chiens. Et pourtant nous sommes des hommes aussi bien qu’eux. Comme eux, nous avons un cœur dans la poitrine. Et notre cœur est aussi bon que le leur. Voulez-vous que tous les paysans se réunissent pour faire la guerre aux méchants seigneurs ? »

Les pauvres gens répondirent qu’ils le voulaient. Ils se séparèrent. Chacun d’eux s’en alla dans des villages causer avec des paysans. Ils leur dirent de se réunir un jour dans un bois qu’ils indiquèrent.

Vous voyez les paysans arriver dans ce bois. Ils sont armés de faux, de fléaux à battre le blé ou de gros bâtons. Qu’est-ce qu’ils pouvaient faire contre des seigneurs coiffés de leurs casques de fer, protégés par leurs cuirasses, armés d’épées et de lances ? Pourtant, ils se choisirent un chef et ils commencèrent la guerre contre les seigneurs.

Les seigneurs tuèrent un grand nombre de ces malheureux. À d’autres, ils crevèrent les yeux ou coupèrent les poignets. Puis ils les renvoyèrent dans leurs villages, pour faire peur à ceux qui auraient envie de se révolter.

Et les pauvres paysans continuèrent à souffrir de leurs grandes misères.


— 3. Les villes. — Les habitants des villes, qu’on appelait des bourgeois, étaient plus heureux que ceux des campagnes.

Les seigneurs n’osaient pas les maltraiter comme ils maltraitaient les paysans.

Dans beaucoup de villages, les paysans habitaient des maisons éloignées les unes des autres. Ils ne se connaissaient guère et ils n’aimaient pas à causer.

Les bourgeois habitaient les uns tout près des autres. Ils se rencontraient à chaque instant dans les rues. Ils aimaient à causer entre eux.

Ils s’entendirent pour ne pas se laisser maltraiter par leur seigneur. Ils lui promirent de lui donner chaque année une bonne somme d’argent, à condition qu’il les laisserait tranquilles pour tout le reste.

Les villes pouvaient se défendre contre leurs seigneurs, car elles étaient entourées de murs.

L’image vous montre la ville de Carcassonne.

Vous voyez d’abord un premier mur bas, avec des tours de distance en distance ; puis, un second mur, plus haut, et encore des tours. Regardez à gauche. Vous apercevez une entrée très étroite. Elle est défendue par des tours. Derrière, il y a une seconde entrée que vous ne voyez pas. Elle est entre les plus grandes tours.

Pour défendre leur ville, les habitants étaient soldats. Le maire de la ville les commandait.

LES MURS DE LA VILLE DE CARCASSONNE.


Une ville ainsi fortifiée était aussi difficile à prendre qu’un château de seigneurs. Aussi les bourgeois n’avaient pas peur des soldats de leur seigneur.


— 4. Une rue de ville. — Il n’y avait pas de rues larges dans les villes de ce temps-là. Toutes les rues étaient très étroites.

Les maisons étaient drôlement bâties. Le premier étage avançait au-dessus du rez-de-chaussée. Les rues se trouvaient encore plus étroites dans le haut que dans le bas. D’une maison à l’autre, on pouvait se donner une poignée de main. Aussi les rues étaient sombres ; c’est à peine si l’on y voyait à midi un rayon de soleil. Beaucoup de maisons étaient en bois, comme celles que vous apercevez à droite de l’image.

UNE RUE DE VILLE.


Presque chaque maison avait sa boutique au rez-de-chaussée et son enseigne. À la maison de droite, l’enseigne est une roue. Elle annonce la boutique du charron, qui travaille devant la porte.

Vous voyez à gauche le clocher d’une église. Les églises des villes étaient très belles. Les villes avaient aussi de très beaux hôtels de ville.

Mais regardez les chiens qui fouillent des tas d’ordures. Elles n’étaient pas propres, les rues. Les habitants y jetaient tout ce qui les gênait. Il n’y avait pas de balayeurs pour enlever les ordures.

UNE GRAND’PLACE UN JOUR DE FOIRE.


Les rues n’étaient pas éclairées la nuit. C’était très commode pour les voleurs.


— 5. Un jour de foire. — Dans les grandes villes, il y avait tous les ans des foires où les marchands venaient de France et des pays étrangers.

Il venait des marchands d’étoffes, de vêtements tout faits, de chaussures, de fourrures, de mercerie, d’ustensiles de fer ou de cuivre, d’armes, de sellerie, de bijoux en argent ou en or. Il venait aussi des marchands de bestiaux, et des cabaretiers qui vendaient à boire et à manger.

La ville était très animée pendant la foire. L’image, page 41, vous montre la grand’place où travaillent les saltimbanques.

Les uns courent sur des échasses ; d’autres marchent sur des cordes raides ; d’autres font travailler des chiens savants. Les enfants s’amusaient en les regardant.

On venait de loin aux foires pour faire ses provisions de toutes sortes de choses, parce que dans ce temps-là, ce n’était pas comme aujourd’hui. Aujourd’hui, quand on ne trouve pas chez soi ce dont on a besoin, on le fait venir par la poste ou par le chemin de fer. C’était dans les foires que se faisait autrefois le grand commerce.



RÉSUMÉ

1. Au temps des seigneurs, les paysans étaient malheureux ; ils devaient faire toutes les volontés de leurs maîtres et ils étaient maltraités.

2. Quelquefois les paysans se révoltaient contre les seigneurs, mais ils étaient presque toujours vaincus ; alors on les tuait ou on les torturait.

3. Au temps des seigneurs, les habitants des villes étaient moins malheureux que les paysans. Les villes avaient des murailles pour se défendre contre les seigneurs.

4. Les villes avaient de beaux monuments, mais les rues étaient étroites, sombres et malpropres.

5. Dans les villes il y avait de grandes foires où venaient toutes sortes de marchands et de saltimbanques.


QUESTIONNAIRE

À qui appartenaient les terres que les paysans cultivaient ?

Qu’est-ce que c’était que la corvée ? Comment les paysans étaient-ils traités par leurs seigneurs ?

Qu’est-ce que faisaient quelquefois les paysans quand leurs seigneurs étaient trop méchants ?

Regardez l’image, page 37. Comment les paysans sont-ils armés ? Que vont-ils faire ?

Pourquoi les villes pouvaient-elles se défendre contre leurs seigneurs ?

Comment étaient les rues des villes ? Pourquoi n’y voyait-on pas le soleil ? Les rues étaient-elles propres ?

Dites tout ce que vous voyez sur l’image de la page 41.

Qu’allait-on faire à la foire ?

UN SEIGNEUR ET SA DAME VOYAGEANT À CHEVAL.