Histoire de France - Cours élémentaire/08



LIVRE TROIS
LA GUERRE DE CENT ANS


CHAPITRE HUIT
LA GUERRE DE CENT ANS JUSQU’À JEANNE D’ARC


Une soixantaine d’années après la mort de Saint Louis, le roi d’Angleterre voulut devenir roi de France. Alors commença une guerre qui devait durer cent ans.

Le roi d’Angleterre amena une armée en France, et fut vainqueur dans une grande bataille.

Il voulut prendre Calais, ville située au bord de la mer, en face de la côte d’Angleterre.


— 1. La belle conduite de six bourgeois de Calais. — Le roi d’Angleterre entoura Calais avec son armée, de façon que personne ni rien n’y pouvait entrer. Au bout de quelques mois, les gens de Calais n’eurent plus ni pain, ni viande, ni légumes. Ils mangèrent les chevaux, les chiens, les chats et les souris.

Quand il ne leur resta plus rien, ils prièrent le roi d’Angleterre de les laisser sortir de Calais sans leur faire de mal.

Mais le roi d’Angleterre leur répondit : « Je veux que six bourgeois de Calais viennent me trouver tête nue, nu-pieds, en chemise avec une corde au cou, et qu’ils m’apportent les clés de la ville. Je ferai d’eux ce qu’il me plaira de faire. Après cela, j’aurai pitié des gens de Calais. »

Les habitants de Calais se réunirent sur la Grand’Place. Ils étaient bien tristes, car ils devinaient bien que le roi voudrait faire mourir les six bourgeois. Ils se demandaient comment on choisirait ceux qu’on enverrait au roi d’Angleterre. Et presque tous pensaient sans le dire : « Pourvu que ce ne soit pas moi que l’on choisisse ! »

Alors, un riche bourgeois, appelé Eustache de Saint-Pierre, parla ; il dit qu’il était prêt à s’en aller vers le roi d’Angleterre. Cinq autres bourgeois dirent la même chose.

Ils se déshabillèrent ; ils s’en allèrent pieds nus, en chemise, la corde au cou, tenant les clés de la ville. Les habitants les conduisirent jusqu’à la porte. Ils pleuraient et gémissaient en regardant ces pauvres gens qu’ils ne reverraient plus.

Le roi, quand ils arrivèrent, ordonna d’aller chercher le bourreau pour leur couper la tête.

Mais la reine d’Angleterre vint se jeter aux genoux du roi.

Elle tend vers lui ses mains jointes. Elle le supplie de ne pas faire mourir les six bourgeois, qui sont là debout, tenant les clés en mains.

Le roi l’écarte du bras, il lui dit de ne pas le prier davantage, que c’est inutile, et qu’il faut que ces gens-là meurent.

LA REINE D’ANGLETERRE SUPPLIE LE ROI DE NE PAS FAIRE MOURIR LES SIX BOURGEOIS DE CALAIS.


Mais à la fin, il s’attendrit ; il dit : « Madame, je vous donne ces bourgeois ; faites-en ce que vous voudrez. » Et la reine répondit au roi : « Mon seigneur, grand merci ! »

La bonne reine emmena les six bourgeois, les conduisit dans sa chambre, et leur donna un bon dîner, qui leur fit plaisir, car ils avaient grand’faim.

Le roi d’Angleterre laissa les habitants sortir de la ville, et il y entra.

Ce furent de braves gens, les six bourgeois qui s’étaient décidés à mourir pour sauver leurs compatriotes.


— 2. Le courage d’un enfant de France. — Les Anglais gagnèrent encore une grande bataille sur les Français auprès de la ville de Poitiers.

LE COURAGE DU ROI DE FRANCE ET DE SON FILS À LA BATAILLE DE POITIERS.


La plus grande partie de l’armée française s’enfuit, mais quelques-uns ne voulurent pas fuir. Ils continuèrent à combattre.

Vous voyez au milieu de l’image un homme qui tient un bouclier devant lui et lève une hache. À côté un enfant tient une épée. Ils sont entourés par des soldats qui les attaquent à coups de lances et d’épées.

Ces soldats sont des Anglais. L’homme qui lève la hache, c’est le roi de France, Jean le Bon. L’enfant est un de ses fils nommé Philippe.

L’enfant regarde les ennemis qui veulent frapper son père. Il l’avertit en criant : « Père, prenez garde à droite », ou bien : « Père, prenez garde à gauche ! »

Mais les ennemis étaient trop nombreux. Le roi Jean fut obligé de se rendre aux Anglais. Son fils Philippe fut aussi fait prisonnier.

Il avait été très brave. À cause de sa bravoure, on l’appela Philippe le Hardi.


— 3. Le bon roi Charles le Sage. — L’image vous représente le roi Charles Cinq, fils de Jean le Bon. Il est assis sur un trône.

Il a la couronne en tête. Il tient à la main un long bâton doré, qu’on appelle un sceptre.

Il est vêtu d’une longue robe où vous voyez dessinées de petites fleurs, des fleurs de lys.

À sa droite, à sa gauche et devant lui sont des hommes, dont un est debout et lui parle. Ces hommes calmes, graves, sont ses conseillers, c’est-à-dire les hommes qu’il consulte sur ses affaires.

Charles Cinq n’était pas un homme de guerre comme les rois d’avant lui. Il était souvent malade ; sa main droite enflée ne savait pas tenir une épée. Il menait une vie tranquille dans son beau palais à Paris.

Il se levait à six heures, il allait à la messe. En sortant de la chapelle, il se rendait dans la salle où il avait l’habitude de causer avec ses conseillers.

Il dînait à dix heures, mangeait peu, et buvait peu. Au dessert, il écoutait des musiciens, car il aimait beaucoup la belle musique.

L’après-midi, il se promenait avec la reine et ses enfants dans son jardin, où il y avait de belles fleurs et de beaux arbres fruitiers. Il visitait sa ménagerie, où se trouvaient des lions et autres bêtes féroces.

Ou bien il lisait des livres, car il aimait beaucoup à s’instruire.

CHARLES LE SAGE ET SON CONSEIL.


Le soir venu, il soupait dans la compagnie de personnes sages et raisonnables comme lui. Puis il allait dormir.

C’était un homme aimable, poli avec tout le monde. Il imitait en toutes choses le bon roi Saint Louis. On lui a donné le nom de Charles le Sage.


— 4. Du Guesclin, le vainqueur des Anglais. — Comme le roi Charles n’allait pas à la guerre, il fit commander ses armées par des généraux. Le plus célèbre de ces généraux fut Bertrand Du Guesclin.

Du Guesclin était fils d’un seigneur pauvre, dont le château était près de la ville de Rennes.

Il était laid et même très laid ; il avait la peau noire, un trop gros nez, une vilaine taille.

DU GUESCLIN SE SAUVE DU CHÂTEAU PATERNEL.


Il était très batailleur. Malgré la défense de son père, il allait se battre avec les enfants des environs.

Une fois, son père le mit en prison. Il trouva le moyen de se sauver, et courut dans les champs. Un domestique était en train de labourer ; Du Guesclin détacha un des chevaux attelés à la charrue et sauta dessus.

Vous voyez sur l’image qu’il a l’air de se moquer du domestique.

Il galopa jusqu’à Rennes. Il avait là un oncle et une tante qui voulurent bien le recevoir.

Quelques années après, il était le meilleur général du roi Charles. Il remporta des victoires sur les Anglais, et leur reprit beaucoup de villes qu’ils nous avaient prises.

Pour récompenser Du Guesclin, le roi Charles décida de le nommer connétable de France. Le connétable était le chef de l’armée ; il commandait à tout le monde, même aux princes de la famille royale.

Du Guesclin était très modeste. Il dit au roi : « Cher seigneur, je suis un bien petit personnage. Je n’oserai jamais commander à vos frères, à vos neveux, à vos cousins qui sont dans l’armée. »

Mais le roi lui dit : « Bertrand, Bertrand, mes frères, mes neveux, mes cousins vous obéiront ; s’ils ne vous obéissent pas, ils auront affaire à moi. »

C’est ainsi que le fils d’un petit seigneur devint le chef des plus grands seigneurs de France.

Dans tout le royaume, on admirait et on aimait le connétable Du Guesclin, parce qu’il servait bien son seigneur le roi Charles et la France sa patrie.


— 5. Le roi Charles Six devient fou. — Il arriva un grand malheur à Charles Six, le fils de Charles Cinq.

Charles Six s’en allait en Bretagne. Il était malade et souffrait de grands maux de tête.

Après avoir passé la ville du Mans, il traversa une forêt. Tout à coup un homme mal habillé sortit de dessous les arbres. Il prit par la bride le cheval du roi et cria : « Roi, ne va pas plus loin ! Retourne ! Retourne ! Tu es trahi ! »

Ceux qui étaient auprès du roi chassèrent cet homme, et le roi continua de chevaucher.

Au sortir de la forêt, il était midi. Il faisait très chaud. Le roi étouffait sous sa jaquette de velours.

Derrière lui, était un page coiffé d’un casque d’acier. Derrière ce page, un autre, qui portait la lance du roi, s’endormit. Et il laissa la lance tomber sur le casque du page qui allait devant lui.

LA FOLIE DE CHARLES SIX.


Cela fit un grand bruit. Le roi tressauta. Il pensait à l’homme qui lui avait crié : « Tu es trahi ! » Il crut qu’on voulait le tuer. Il tira son épée. Vous le voyez attaquant ceux qui l’entouraient.

On vit bien qu’il était devenu fou. On lui retira ses armes, on le coucha très doucement par terre. La sueur lui coulait sur la figure ; il roulait ses yeux et ne disait mot.

C’est ainsi que le roi Charles Six perdit la raison.

Pendant trente ans, la France eut un roi fou. Il y eut de terribles désordres dans le royaume. Les Anglais s’emparèrent des pays et des villes que le connétable Du Guesclin leur avait repris.

Le roi d’Angleterre vint s’établir à Paris en l’année 1420. Il crut qu’il allait être roi de France.



RÉSUMÉ

1. Une soixantaine d’années après la mort de Saint Louis, le roi d’Angleterre prit Calais. Alors commença une guerre qui dura cent ans.

2. Le roi d’Angleterre battit et fit prisonnier à Poitiers le roi de France Jean le Bon et son fils.

3. Le roi Charles Cinq fut un très bon roi qu’on nomme Charles le Sage.

4. Charles Cinq eut un très bon général, Du Guesclin, qui battit les Anglais, et fut nommé connétable de France.

5. Après Charles Cinq, il y eut de grands malheurs en France. Charles Six devint fou. Les Anglais furent partout vainqueurs et prirent Paris.


QUESTIONNAIRE

Pourquoi le roi d’Angleterre fit-il la guerre à la France ? Comment s’appelle cette guerre ?

Regardez l’image de la page 62. Qu’est-ce que les six hommes que vous voyez en chemise ? pourquoi sont-ils là ?

Qui est assis ? Qui est à genoux devant celui qui est assis. ?

Rappelez les paroles du roi d’Angleterre ?

Regardez l’image de la page 63. Dites ce que faisait Philippe, fils du roi de France. Comment s’appelle cette bataille ? Qui fut vainqueur ?

Regardez l’image de la page 65. Où le roi Charles Cinq est-il assis ? Qu’est-ce qu’il a sur la tête et dans la main ? Comment est-il habillé ? Quelles sont les personnes qui sont avec lui ? Que font-elles ?

De quel pays était Du Guesclin ? Pourquoi se sauva-t-il de chez son père ? Pourquoi Charles Cinq le nomma-t-il connétable ?

Racontez comment devint fou le roi Charles Six. Qui s’empara de Paris en 1420 ?

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