Guy Mannering, ou l’astrologue
Traduction par Albert Montémont.
Ménard (Œuvres de Walter Scott, volume 6p. 178-185).


CHAPITRE XXVI.

LA PÊCHE ET LE DÉPART.


Les Elliot et les Armstrong se rassemblèrent : c’était une brave compagnie.
Ballade de John Armstrong.


Sans parler des occupations des deux jours suivans, et qui consistèrent dans les amusements ordinaires de la campagne, la chasse et des promenades à cheval, choses peu intéressantes pour le lecteur, nous passerons à un amusement en quelque sorte particulier à l’Écosse, et qu’on pourrait appeler une chasse au saumon. Cette chasse, où l’on poursuit et l’on frappe le poisson avec des épieux barbelés, ou une sorte de trident appelé waster[1] est surtout en usage à l’embouchure de l’Esk et dans les autres rivières d’Écosse où se trouve le saumon. On s’y livre le jour et la nuit, mais plus communément la nuit. Au moyen de torches, ou de réchauds remplis de morceaux de bois enduits de goudron embrasé, qui jettent sur l’eau une lumière éclatante, mais partielle, on découvre le poisson. Dans la circonstance actuelle, les principaux chasseurs, embarqués sur un vieux bateau, se tenaient en un endroit où la rivière, resserrée par l’écluse d’un moulin, rendait cette chasse plus facile. Les autres, courant sur les bords en brandissant leurs torches et leurs épieux, rappelaient le souvenir des anciennes bacchanales ; ils poursuivaient les saumons qui s’efforçaient de s’échapper, les uns en remontant la rivière, les autres en se glissant sous des racines d’arbres, des fragments de pierre, ou d’énormes rochers ; mais le mouvement le plus léger les trahissait : une nageoire qui brillait, une bulle d’eau qui s’élevait, suffisaient pour indiquer à ces adroits pêcheurs l’endroit où ils devaient lancer leur épieu.

Pour ceux qui étaient accoutumés à cette sorte de pêche, elle était un grand divertissement ; mais Brown, qui n’avait pas l’habitude de se servir de l’épieu, fut bientôt fatigué de vains efforts qui n’aboutissaient qu’à émousser son arme contre les rocs qui bordaient le rivage. Il éprouvait même quelque répugnance à voir ce malheureux poisson se débattant contre la mort, tiré dans la barque qu’il inondait de son sang. Il demanda donc à être mis à terre, et du haut d’un heugh, ou bord escarpé de la rivière, il jouit de ce spectacle avec plus de satisfaction. Il pensait à son ami Dudley, en voyant l’effet produit par cette lumière vive et rougeâtre sur le rivage au-dessous duquel glissait la barque. Tantôt elle diminuait, et paraissait comme une étoile éloignée se reflétant dans les eaux ; semblable encore à celle que, suivant les légendes du pays, le kelpy marin envoie pour attirer ses victimes dans les ondes qui doivent être leur tombeau. Tantôt elle s’avançait, plus brillante et plus forte, et la flamme tremblotante qui éclairait le rivage, les rochers et les arbres, leur donnait sa teinte rougeâtre ; puis, s’éloignant de nouveau, elle les laissait dans l’obscurité, ou ne leur prêtait plus qu’une lumière faible et incertaine. Par intervalles, portant sur la barque, la clarté faisait apercevoir les pêcheurs, les uns immobiles, guettant leur proie, les autres le bras levé pour la frapper : leurs visages, colorés d’une teinte de rouge-cuivré, faisaient de la barque une espèce de Pandémonion.

Après s’être amusé quelque temps de ces cets variés d’ombre et de lumière, Brown prit la route qui conduisait à la ferme, regardant dans son chemin les hommes occupés à la pêche. Ils sont ordinairement trois ensemble : l’un tient la torche, et les autres, le harpon à la main, sont prêts à frapper le poisson. Ayant aperçu un homme qui luttait, pour l’amener sur le rivage, avec un énorme saumon qu’il avait harponné, Brown s’avança pour voir le résultat de cette capture ; celui qui tenait alors la torche était le veneur dont il avait déjà remarqué avec surprise la conduite.

« Venez ici, monsieur ! venez, regardez ce saumon ! il est vraiment aussi gras qu’un pourceau, » s’écrièrent plusieurs spectateurs en voyant Brown s’avancer.

« Appuyez-bien le waster, l’homme ! appuyez-bien le waster ! tenez-le en bas, vous n’avez pas la force d’un chat ! » tels étaient les avis, les encouragements et les conseils que les spectateurs placés sur le rivage donnaient au pêcheur qui se débattait avec le saumon ; il était à moitié dans l’eau, au milieu de la glace brisée, luttant contre la force du poisson et la rapidité du courant, et ne sachant de quelle manière il pourrait s’assurer de sa proie. Brown, en arrivant, cria au veneur : « Levez donc votre torche, l’ami ! » Il avait déjà distingué ses traits basanés, à la lueur du brasier enflammé ; mais celui à qui il s’adressait n’eut pas plus tôt entendu la voix de Brown, et vu qu’il était près de lui, qu’au lieu d’élever sa torche, il la laissa tomber dans l’eau, comme par accident.

« Le diable soit de Gabriel ! » s’écria celui qui tenait l’épieu, en voyant la torche flotter sur l’eau presque éteinte ; « le diable soit de lui ! je ne viendrai jamais à bout de ce saumon, sans lumière ; si je pouvais l’amener à terre, jamais un plus beau kipper n’aurait été sur une paire de cleeks[2]

Quelques personnes entrèrent dans l’eau pour lui prêter leurs secours, et le poisson, qui se trouva de trente livres, fut tiré à terre.

La conduite du veneur avait frappé Brown : il n’avait aucun souvenir de sa figure, et ne pouvait concevoir pourquoi il évitait ses regards. Peut-être, pensa-t-il, est-ce un des coquins qui nous ont attaqués sur le chemin, quelques jours auparavant. Cette supposition n’était pas invraisemblable, quoiqu’elle ne fût appuyée sur rien qui pût faire reconnaître sa tournure ou ses traits ; mais les brigands portaient de grands chapeaux à bords rabattus, de grandes redingotes, et il n’avait pu remarquer leur taille au point d’assurer que cet homme était avec eux. Il résolut d’en parler à son hôte ; mais des raisons particulières lui firent penser qu’il vaudrait mieux différer les éclaircissements jusqu’au lendemain matin.

Les pêcheurs revinrent chargés de poisson ; on avait tué plus de cent saumons. Les plus beaux furent offerts aux principaux fermiers ; on partagea les autres entre leurs bergers, leurs laboureurs, leurs domestiques, à tous ceux enfin d’un rang inférieur, pour qui ce poisson, séché à la fumée de tourbe de leurs chaumières ou de leurs huttes, formait un savoureux supplément au plat de pommes de terre et d’oignons qui faisait leur principale nourriture pendant l’hiver. On y ajouta une libérale distribution d’ale et de whisky, indépendamment d’une chaudronnée de poisson, c’est-à-dire deux ou trois saumons bouillis pour leur souper. Brown accompagna son joyeux hôte et le reste de ses amis dans l’immense cuisine enfumée, où un repas appétissant était préparé sur une table de chêne qui aurait été assez grande pour le dîner de John Armstrong et sa bande. Bientôt on n’entendit que cris de joie, que huzza, que plaisanteries et rires bruyants, bravades et railleries. Notre voyageur jeta les yeux autour de lui, en cherchant la figure sombre du veneur, mais il ne l’aperçut pas.

À la fin, il se hasarda à faire une question sur son compte : « Mes amis, dit-il, il est arrivé un accident à l’un de vous, qui a laissé tomber sa torche dans l’eau lorsque son compagnon luttait avec cet énorme saumon. — Un accident ! dit en levant les yeux un jeune berger (celui-là même qui avait harponné le saumon) ; il mériterait d’être battu pour avoir laissé tomber la lumière quand l’épieu d’un autre avait frappé le poisson ! Je suis convaincu que Gabriel a jeté exprès les roughies[3] dans l’eau ; il n’aime pas voir quelqu’un faire mieux que lui. — Oui, dit un autre, il est sans doute tout honteux, car nous l’aurions vu ici ce soir : Gabriel aime les bonnes choses autant qu’aucun de nous. — Est-il de ce pays ? demanda Brown. — Non, non, il y a très peu de temps qu’il est ici ; mais c’est un excellent chasseur ; il vient des environs du comté de Dumfries. — Et quel est son nom, je vous prie ? — Gabriel… — Mais Gabriel qui ? — Oh ! Dieu le sait… nous ne nous embarrassons pas beaucoup des surnoms ici ; le même sert pour tout une famille. — Vous voyez, monsieur, dit un vieux berger en se levant et en parlant très haut, les gens qui sont ici sont tous des Armstrong et des Elliot[4] ; et les fermiers, pour se distinguer, prennent le nom des endroits où ils demeurent : ainsi, par exemple, Tom de Todshaw, Will du Flat, Hobbie de Sorbietrees, et notre bon maître que voilà, de Charlies-Hope. Eh bien, monsieur ! vous observerez que les gens de la classe inférieure sont connus par des sobriquets, comme Glack et Christie et Davie du Denke, ou encore d’après leur emploi, comme Gabriel du renard, ou Gabriel le veneur. Il n’y pas longtemps qu’il demeure ici, monsieur, et je ne pense pas que personne le connaisse sous un autre nom. Mais il n’est pas bien de parler de lui en arrière, car c’est un habile chasseur, quoiqu’il ne soit peut-être pas tout-à-fait aussi fort au waster que quelques-uns d’entre nous. »

La conversation continua encore quelque temps, toute décousue, et les maîtres se retirèrent pour achever la soirée à leur manière, laissant leurs inférieurs se livrer à la joie que leur présence avait arrêtée. Cette soirée, comme toutes celles que Brown avait déjà vues à Charlies-Hope, se passa dans une innocente gaîté et dans les douceurs de la table. Ces dernières même auraient peut-être été poussées jusqu’à l’excès, sans les bonnes ménagères ; car plusieurs mistress du voisinage (terme qui ici avait une signification bien plus étendue que celle qu’on lui donne dans le grand monde) s’étaient rassemblées à Charlies-Hope pour voir le résultat de cette soirée mémorable. Trouvant qu’on remplissait trop souvent le bol de punch, et qu’elles couraient grand danger d’être oubliées, malgré leur présence, elles attaquèrent valeureusement les joyeux buveurs, sous la conduite de la bonne Aylie ; et Vénus eut bientôt mis Bacchus en déroute. On vit paraître un joueur de violon et un joueur de flûte, et on passa gaîment une partie de la nuit à danser au son de leur musique.

Le lendemain, une chasse à la loutre, et le surlendemain une chasse au blaireau, firent joyeusement passer le temps. J’espère que notre voyageur ne perdra pas dans l’estime du lecteur, quelque grand chasseur qu’il puisse être, lorsqu’il saura que, dans la dernière chasse, le jeune Pepper ayant eu la patte de devant coupée, et dans la seconde Mustard ayant été presque étranglé, il demanda à M. Dinmont comme une faveur personnelle et toute particulière de laisser le pauvre blaireau, qui avait fait une si belle défense, se retirer à son terrier sans qu’on le poursuivît davantage.

Le fermier, qui probablement aurait accueilli cette proposition avec dédain de la part de toute autre personne, se contenta seulement d’exprimer son étonnement à Brown. « Eh bien, dit-il, c’est une idée assez bizarre ! mais puisque vous prenez son parti, du diable si un chien l’attaque de nouveau pendant ma vie ; je le marquerai, et je l’appellerai le Blaireau du capitaine. Je suis charmé de vous obliger ; mais par Dieu ! comment peut-on s’intéresser à un blaireau ? »

Après une semaine consacrée ainsi à des amusements champêtres, et après avoir reçu l’accueil le plus franc et le plus amical de son hôte, Brown fit ses adieux aux rivages du Liddel et à la demeure hospitalière de Charlies-Hope. Les enfants, dont il était devenu l’ami et le favori, crièrent en chœur à son départ, et il fut obligé de promettre vingt fois qu’il reviendrait bientôt leur jouer sur son flageolet les airs qu’ils aimaient tant, jusqu’à ce qu’ils les eussent appris par cœur.

« Revenez, capitaine, dit une petite fille bien joufflue, et Jenny sera votre femme. « Jenny avait environ onze ans ; elle courut se cacher derrière sa maman.

« Revenez, capitaine, dit une petite joufflue âgée de six ans, et en avançant la bouche pour être embrassée, c’est moi qui serai votre femme. »

« Il faudrait être d’une argile plus dure que je ne le suis, pensa Brown, pour quitter de si bons cœurs avec indifférence. » La bonne dame aussi vint, avec la modestie d’une femme et cette simplicité affectueuse qui distinguait l’ancien temps, offrir sa joue à son hôte. « Ce que nous pouvons faire pour vous, dit-elle, est bien peu de chose en vérité, mais cependant s’il y avait quelque chose… — Eh bien ! ma chère mistress Dinmont, vous m’enhardissez à vous faire une demande : voudriez-vous avoir la bonté de me tisser et de me travailler un plaid gris pareil à celui que porte votre mari ? » Durant le peu de temps de son séjour, Brown avait étudié le langage et les mœurs du pays, et il savait le plaisir que causerait sa demande.

« Il faudrait donc qu’il n’y eût pas de laine chez nous, dit la bonne femme toute joyeuse, pour que vous n’en ayez pas un aussi bon que tisserand en ait jamais fait. Je parlerai demain matin à John Goodsire, le tisserand de Castletown. Adieu, monsieur, et puissiez-vous être aussi heureux que vous désirez que les autres le soient ! C’est un souhait qu’il ne conviendrait pas d’adresser à quelques personnes. »

Je ne dois pas oublier de dire que notre voyageur laissa Wasp, son fidèle basset, à Charlies-Hope pour la saison ; il prévoyait que ce serait pour lui un compagnon embarrassant, dans le cas où il serait forcé d’avoir recours au secret et au mystère. Il le confia donc aux soins du fils aîné, qui lui promit, en se servant des paroles d’une vieille chanson, qu’il aurait

« Moitié de son souper et moitié de son lit, »


et qu’il ne serait engagé dans aucun de ces passe-temps périlleux où la génération des Pepper et des Mustard avait éprouvé tant de mutilations. » Brown fit donc ses adieux pour quelque temps à son petit basset, et se disposa à partir.

C’est une bizarre habitude que celle de monter à cheval dans ces montagnes : chaque fermier est souvent en selle tout une journée. Probablement l’étendue des pâturages, et la nécessité de les surveiller sans cesse, ont introduit cette coutume, qu’un antiquaire zélé ferait remonter au temps du Lay du dernier Ménestrel[5] lorsque vingt mille cavaliers étaient assemblés à la lueur du feu de signal. Toutefois le fait est incontestable ; ils aiment à aller à cheval, et il serait difficile de les convaincre que l’on voyage à pied par un autre motif que par économie ou par nécessité. Dinmont voulut donc que son hôte prît un cheval, et l’accompagna lui-même jusqu’à la première ville du Dumfrieshire, où il avait envoyé son bagage, et d’où il se proposait de poursuivre son voyage jusqu’à Woodbourne, résidence de Julia Mannering.

Dans la route, Brown questionna son compagnon sur le caractère du veneur ; mais il ne put en tirer que peu de renseignements, car il avait été nommé à la place qu’il occupait pendant que Dinmont faisait sa tournée dans les foires des Highlands. « Le camarade m’a bien l’air d’un coquin, dit-il ; et j’oserais dire qu’il y a du sang égyptien dans ses veines. Mais quoi qu’il en soit, il n’était pas avec les brigands qui nous ont attaqués dans les bruyères. Je les reconnaîtrais bien si je les voyais. Et après tout, quand il serait de la bande des Égyptiens, tout n’est pas mauvais parmi eux… Si jamais, ajouta-t-il, je revois cette vieille coureuse, je lui donnerai quelque chose pour acheter du tabac ; Je crois bien, après tout, qu’elle m’avait donné un bon avis. »

Lorsqu’ils furent sur le point de se séparer, le bon fermier prit Brown par la main, la tint long-temps serrée, et finit par lui dire : « Capitaine, les laines ont été bien vendues cette année, notre fermage est payé, et nous ne saurions que faire du reste de notre argent, quand Aylie aura une robe neuve et les enfants de nouveaux habits. Je voudrais le placer en mains sûres, car cela vaut mieux que d’acheter du sucre et de l’eau-de-vie, et j’ai entendu dire que vous autres officiers de l’armée vous pouviez quelquefois acheter votre avancement : si cent ou deux cents livres[6] pouvaient vous être utiles dans une telle occasion, une reconnaissance vaudrait pour moi de l’argent ; vous prendriez votre temps pour me le rendre. Cela m’arrangerait, je vous l’assure. » Brown sentit toute la délicatesse de ces paroles, et il vit bien que tout en voulant lui rendre un service, Dandie paraissait lui en demander un ; il remercia son ami cordialement, et l’assura qu’il aurait recours à sa bourse, sans scrupule, si les circonstances l’y forçaient ; puis ils se séparèrent, pénétrés d’estime l’un pour l’autre.

  1. ou leister. Le long épieu est employé pour frapper ; mais il y en a un plus court qu’on jette avec la main, et avec lequel un pêcheur exercé atteint le poisson avec une adresse merveilleuse. a. m.
  2. Le cleek dont on parle ici est le crochet de fer ou les crocs pendus dans la cheminée d’une chaumière écossaise, et où l’on suspend le pot lorsqu’on veut le faire bouillir. On appelle ce même instrument crémaillère. Ordinairement on fait sécher le saumon à la fumée du feu de tourbe, en le pendant à ces cleeks, après l’avoir coupé par tranches et frotté de sel : cette préparation est appelée reist. Le saumon ainsi préparé est mangé comme un mets délicat sous le nom de kipper, mets auquel le docteur Redgill a donné sa sanction comme un plat du déjeuner écossais. a. m.
  3. Lorsque pour chasser à la lumière sur l’eau on se sert de bois sec ou de branchages pour entretenir le feu, on les appelle roughies ; mais lorsqu’on emploie des haillons trempés dans le goudron, on les appelle hards, probablement du français hardes.a. m.
  4. La distinction des individus par des surnoms, lorsqu’ils n’ont point de propriété, est encore un usage commun sur la frontière et vraiment nécessaire, car le même nom est porté par bon nombre de personnes. a. m.
  5. L’auteur anglais observe ici qu’on trouvera peut-être étonnant qu’il cite lui-même son œuvre, ; mais il ajoute que Guy Mannering fut publié sans nom, et que pour le mieux cacher, il s’était servi de cette ruse : il donne la même excuse pour d’autres passages semblables. a. m.
  6. 2 500 ou 5 000 fr. de France. a. m.