Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/ab irato loc. adv.

Administration du grand dictionnaire universel (1, part. 1p. 21).

AB IRATO loc. adv. (a-bi-ra-to — du lat. ab, de, irato, sous-entendu homine, un homme irrité). Qui est d’une personne en colère.

— Cette locution s’applique aux actes dont la colère et la haine ont été le principe et la cause. Elle modifie généralement un verbe, un participe ou un adjectif : Un discours prononcé ab irato. Une satire écrite ab irato. Agir, parler ab irato. (Acad.) Il semble que le testament politique du cardinal Albéroni ait été fait ab irato ; cela seul suffirait pour l’invalider. (Volt.) La Savoie nous a été retranchée, en quelque sorte ab irato, après le 20 novembre 1815. (Journ.)

— S’empl. elliptiq. et se place après un nom : Testament ab irato. Mesure, discours, satire ab irato. La loi casse les testaments ab irato. (Mirab.) La légitimité est fatalement condamnée d’avance, quoi qu’elle fasse, à une politique de contre-pied, à une politique ab irato qui humilie au lieu de rallier, qui blesse au lieu de guérir. (E. Pelletan.) Arrivé au comble de la souffrance et touchant au terme de sa vie, Molière sentit s’exaspérer son ressentiment contre la médecine, et sa dernière comédie, le Malade imaginaire, fut comme un testament ab irato contre une science qui ne pouvait ni soulager ses maux, ni prolonger son existence. (Auger.)

Encycl. Jurispr. L’action ab irato, admise dans le dernier état du droit romain, était la demande, faite par l’héritier légitime du testateur, de la nullité du testament. Ainsi, quand il était prouvé que le testateur avait été influencé par un sentiment de haine ou de colère, les enfants avaient l’action ab irato. La loi française actuelle ne consacre pas d’une manière spéciale l’action ab irato, mais elle permet de provoquer l’annulation du testament, par le motif qu’il a été fait dans un moment où le testateur n’était pas sain d’esprit.