Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/ESTRÉES (César, cardinal D’), prélat et diplomate français, frère du précédent

Administration du grand dictionnaire universel (7, part. 3p. 987).

ESTRÉES (César, cardinal D’), prélat et diplomate français, frère du précédent, né à Paris en 1628, mort en 1714. Très-jeune encore, il fut nommé évêque de Laon, et gagna le chapeau de cardinal (1674) en négociant avec habileté, entre le pape et les coryphées des jansénistes, la trêve connue sous le nom de paix de l’Église. En 1676, il assista au conclave où fut élu le pape Innocent XI et contribua beaucoup à cette élection ; puis il fut chargé d’une mission diplomatique en Bavière, se démit de son évêché de Laon (1680), et retourna à Rome pour négocier l’affaire de la régale. Bien que prince de l’Église, le cardinal d’Estrées se montra fort dévoué aux intérêts de la France, défendit avec chaleur contre le pape les prérogatives de son souverain, et conclut, en 1693, un traité avantageux à son pays. Chargé, en 1700, d’accompagner Philippe V en Espagne, il s’attira l’antipathie de la princesse des Ursins, qui obtint son rappel au bout de trois ans. De retour en France, en 1704, il fut pourvu de l’abbaye de Saint-Germain des Prés. D’Estrées était depuis 1656 membre de l’Académie française, bien qu’il n’eût jamais rien publié, ce qui n’a pas empêché Ménage de le faire « docteur au Parnasse entre les premiers. » Les vers de la Violette, dans la Guirlande de Julie, sont de lui ou de Desmarets. On lui doit aussi quelques épigrammes, recueillies par Colletet. D’après d’Alembert, il écrivit des vers galants pour Mme  de Maintenon, lorsqu’elle fut devenue la favorite du roi.