Grammaire et exercices de la langue internationale Esperanto/Exercice 37

37e EXERCICE
Sufixe ig faire, rendresuffixe se faire, devenir.
(Voir page 35).

En la kota vetero mia vesto forte malpuriĝis ; tial mi prenis broson kaj purigis la veston. — Li paliĝis de timo kaj poste li ruĝiĝis de honto. — Li fianĉiĝis kun fraŭlino Berto ; post tri monatoj estos la edziĝo ; la edziĝa soleno estos en la domo do liaj estontaj bogepatroj, — Tiu ĉi maljunulo tute malsaĝiĝis kaj infaniĝis. — Post infekta malsano oni ofte bruligas[1] la vestojn de la malsanulo. — Forigu vian fraton, ĉar li malhelpas al ni. — Ŝi edziniĝis kun sia kuzo, kvankam ŝiaj gepatroj volis ŝin edzinigi kun alia persono. — En la printempo la glacio kaj la neĝo fluidiĝas. — Venigu la kuraciston, ĉar mi estas malsana. — Li venigis al si el Berlino multajn librojn. — Mia onklo ne mortis per natura morto, sed li tamen ne mortigis sin mem kaj ankaŭ estis mortigita de neniu ; unu tagon, promenante apud la reloj de fervojo, li falis sub la radojn de veturanta vagonaro kaj mortiĝis. — Mi ne pendigis mian ĉapon sur tiu ĉi arbeto ; sed la vento forblovis[2] de mia kapo la ĉapon, kaj ĝi, flugante, pendigis sur la branĉoj de la arbeto. — Sidigu vin (aŭ sidiĝu), sinjoro! — La junulo aliĝis[3] al nia militistaro kaj kuraĝe batalis kune kun ni kontraŭ niaj malamikoj.

koto boue,
broso brosse.
ruĝa rouge.
honti avoir honte.
solena solennel.
infekti infecter,
printempo printemps.
relo rail
rado roue.
pendi pendre, être suspendu.
ĉapo bonnet.
vento vent.
blovi souffler.
kapo tête.
branĉo branche.

Les deux suffixes dont traite spécialement cet exercice forment une infinité de mots. Aussi croyons-nous bon de présenter avec beaucoup de détails et d’exemples le jeu de cette formation.

Comme on a pu le remarquer dans le dictionnaire Esperanto-Français, un très grand nombre de racines sont traduites sous forme adjective, par exemple bon, saĝ, fort, qui signifient bon, sage, fort.

1° En soudant à ces racines adjectives les suffixes ig faire... rendre..., se faire... devenir..., l’Esperanto en tire par le fait même un nombre illimité de verbes. Exemples : bonigi bonifier, saĝigi assagir, fortiĝi se fortifier.

De ces verbes sortent des substantifs correspondants, et qui par conséquent expriment l’action de rendre…, ou l’action de devenir… Exemples : bonigo action de rendre bon, saĝigo action de rendre sage, fortigo action de rendre fort — boniĝo action de devenir bon, saĝiĝo action de devenir sage, fortiĝo action de devenir fort.

Ces substantifs peuvent à leur tour donner des adjectifs. Exemples : boniga qui bonifie, saĝiga qui assagit, fortiga qui fortifie, fortifiant.

Enfin, des adjectifs ainsi, formés peuvent sortir des adverbes. Exemples : bonige d’une manière bonifiante, saĝige d’une manière assagissante, fortige d’une manière fortifiante.

N’oublions pas que les mots ainsi formés peuvent avoir des contraires. Exemples : malbonigi gâter, malbonigo action de gâter, malboniĝo action de se gâter, malboniga qui gâte, qui rend mauvais, malbonige d’une manière gâtante — malsaĝigi rendre insensé (pas fou), malsaĝiĝi devenir insensé, malsaĝigo l’action de rendre insensé, malsaĝiĝo l’action de devenir insensé, malsaĝiga qui rend insensé — malfortigi affaiblir, malfortiĝi s’affaiblir, malfortigo l’action d’affaiblir, malfortiĝo l’action de s’affaiblir, malfortiga affaiblissant, malfortige d’une manière affaiblissante.

On voit par ces exemples quelle quantité de mots ig et coopèrent à former, ce nombre s’accroît encore si nous employons re (de retour). Exemples : rebonigi rendre bon de nouveau, remettre en bon état, réparer, raccommoder, reboniĝi, rebonigo, reboniĝo, reboniga, rebonige ; refortigi, refortiĝi, refortigo, refortiĝo, refortiga, refortige, etc.

Ig et peuvent s’ajouter aussi à des racines verbales pour former de nouveaux termes. Exemples : morti mourir, mortigi faire mourir, tuer ; sidi être assis, sidiĝi s’asseoir, residiĝi se rasseoir ; qui donneront : mortigo meurtre, mortiga qui tue, mortige mortellement ; sidiĝo action de s’asseoir, residiĝo action de se rasseoir.

D’une façon générale ig traduit notre faire français devant un infinitif. Exemple : sciigi faire savoir, vidigi faire voir, komprenigi faire comprendre, venigi faire venir, etc.

Ig et peuvent encore s’ajouter à des racines substantives pour donner des verbes, des noms, des adjectifs et des adverbes. Exemples : fianĉo fiancé, fianĉigi (rendre fiancé), fiancer, fianĉiĝi (devenir fiancé) se fiancer, fianĉiĝo fiançailles, fianĉiniĝi se fiancer (pour une femme), fianĉiĝa de fiançailles, fianciĝe par fiançailles ; edziĝo mariage, edziĝa de mariage, nuptial, edziĝe par mariage. — Ordo ordre, orda en ordre, orde avec ordre, ordigi mettre en ordre, ordigo mise en ordre, rangement. Malordo désordre, malorda qui est en désordre, malorde avec désordre, malordigi déranger, mettre en désordre, malordigo dérangement, mise en désordre, malordiga qui dérange, met en désordre, reordigi remettre en ordre, reordigo, etc.

Ig et s’unissent encore à des numéraux, à des prépositions, à des préfixes ou à des suffixes. Exemples : Unuigi unifier, duobligi doubler ; unuigo, action de rendre un, d’unifier, unuiĝo action de devenir un, de s’unifier, duobligo action de doubler, duobliĝo action de se doubler. — Enigi faire entrer ; eligi faire sortir ; eksigi révoquer, destituer, eksiĝi démissionner ; aliĝi adhérer, aliĝo adhésion ; disiĝo action de se séparer, de se désunir ; forigo action d’éloigner , foriĝi s’éloigner , se retirer ; senigi dépouiller, seniĝo action de se dépouiller ; kunigo action d’unir, de mettre ensemble, kuniĝi s’unir.

5° Enfin ig et s’unissent à des mots qui, en plus de la racine, renferment des préfixes ou des suffixes. Nous en avons déjà des exemples dans malbonigi, malfortiga, reboniga, fianĉiniĝi. En voici encore d’autres : senvestigi déshabiller, dévêtir ; aliformigi transformer, aliformigo transformation (qu’on fait subir), aliformiĝo transformation (qu’on éprouve) ; subakviĝi aller sous l’eau, plonger ; eksedziĝi divorcer.

Remarque. — Les verbes ĉesi cesser, daŭri durer, continuer, pasi passer ont toujours et uniquement en Esperanto le sens neutre ou plus exactement intransitif. Ex. : La pluvo ĉesas la pluie cesse. La pafado daŭras la fusillade dure, continue. La tempo, la homo, ĉio sur la tero pasas rapide le temps, l’homme, tout sur la terre passe vite. Pasu unue, mi pasos poste passez d’abord, je passerai après.

Par une conséquence logique de ce que nous venons de dire, s’il s’agit de faire cesser, de faire continuer, de faire passer, ce qui est le cas pour les verbes français cesser, continuer, passer pris au sens transitif, il faut employer ĉesigi, daŭrigi, pasigi et non plus ĉesi, daŭri, pasi. Ex. : Cessez (ce que vous faites), vous m’assourdissez avec votre bruit ĉesigu, vi surdigas min per via bruo. — Continuez votre récit daŭrigu vian rakonton. — Passez-moi la carafe pasigu al mi la karafon. — Il passe tout le jour au cabaret li pasigas la tutan tagon en drinkejo.

Par contre fini et komenci ayant le sens transitif, je dirai sans ig : Finu finissez. — Finu vian laboron finissez votre travail. — Li komencu qu’il commence. — Ni komencis la vojaĝon… nous commençâmes le voyage. Mais j’emploierais si la chose en question se finissait ou se commençait. Ex. : La jaro finiĝos post kelkaj tagoj, l’année finira (prendra fin se finira) dans quelques jours. — La monato komenciĝas le mois commence (se commence).

Faisons remarquer, en finissant, combien est juste dans les verbes, les adjectifs et les adverbes gajigi, gajiga, gajige ; ĝojigi, ĝojiga, ĝojige ; kontentigi, kontentiga, kontentige, aussi bien que dans tous leurs analogues l’emploi de ig. En effet, égayer, égayant, d’une manière qui égaie ; réjouir, réjouissant ; contenter, qui contente, satisfaisant, ne renferment-ils pas bien l’idée de faire… de rendre… gai, joyeux, etc. ?

Naturellement, ces mots peuvent avoir un contraire. Ex. : malgajigi, malĝojigi assombrir, attrister, malgajiga, malĝojiga assombrissant, attristant, etc.


  1. Nous disons : « le feu brûle » et « brûler des vêtements » ; sens intransitif ou neutre dans le premier cas, sens transitif ou actif dans le second. L’Esperanto prend logiquement bruli pour la première acception, et bruligi pour la seconde. Bruli être en feu, bruligi faire que cela brûle, que cela soit en feu.
  2. De ma tête le vent a soufflé au loin le chapeau. Forblovi souffler au loin ; ou d’une manière plus compréhensible pour nous Français, « emporter au loin par soufflement ».
  3. Aliĝi a un sens très précis en Esperanto, mais il rentre dans la catégorie des mots qui se comprennent beaucoup mieux qu’ils ne se traduisent. De par sa composition même il signifie « se faire à... devenir à... » S’il est question d’un parti, d’une cause, ce sera donc y adhérer, l’embrasser, s’y attacher. S’il est question de gens, ce sera aussi s’y attacher ou mieux, se vouer à eux, se donner, devenir à eux.