Gérardmer à travers les âges/partie1

(p. 38-101).

PREMIÈRE PARTIE


ÉTAT DES PERSONNES


Chapitre Ier. ― LE TIERS ÉTAT

1o Droit de bourgeoisie


Les habitants de Gérardmer étaient des bourgeois ; aussi tout étranger qui voulait élire domicile dans cette localité était-il tenu à certaines formalités relatées dans le règlement, en date de 1581, que firent les habitants de Gérardmer. Ce règlement fut approuvé par S. A. R. le duc de Lorraine ; en voici le texte :

Recette en deniers à cause d’entrée defforains qui s’habituent et prennent bourgeoisie au lieu de Géramer.

Son Altesse a, de son autorité, agrée, confirmé l’édict que les manans et habitans de Géramer ont faict entre eulx pour les defforains cy après seront en volonté se retirer au dict Geramer, sçavoir : que tous et ung chacun qui, à l’avenir, se présenteront pour s’y domicilier et prendre bourgeoisie, seront tenus faire paroistre par lettres d’attestation auctentiques de quel lieu, extraction et comportement ils sont ; davantage, premier en avant qu’estre receu pour bourgeoy, ung chacun d’eulx sera tenu payer quarante francs d’entrée pour une fois, sçavoir vingt francs ès mains de notre Receveur d’Arches et aux vénérandes Dames abbesse, doyenne et Chapitre de l’Église Sainct-Pierre de Remiremont par moitié, et les aultres vingt francs aus dicts habitans pour estre convertis à l’usage et proffit du publique et non aultrement[1]

Pour devenir bourgeois de Gérardmer l’étranger était donc obligé d’acquitter la taxe de 40 francs et de fournir ce que nous appelons aujourd’hui un certificat de bonne vie et mœurs. L’acte de réception, comme bourgeois, de Simonin (1693), stipule expressément :

Que le nouvel entrant ne devait intenter aucun procès, débat, rancunes ny difficultés contre la communauté, les bourgeois ni les habitants du dit lieu, sans subject et cause légitime bien recognue, à peine d’estre dejeitté (déjeté) de la communauté et privé du dit droit de bourgeoisie et de tous dépens, dommages et interest à récupérer contre lui ayant y celuy acceptant satisfait les sommes statuées sur les nouveaux entrantz…

Le nouveau bourgeois s’engageait en outre « à payer sa cote part de tailles, subsides, impositions, logemens et autres taxes… »

Les admissions au droit de bourgeoisie furent rares au XVIe siècle ; en 1593, il n’y eut que celle de Nicolas Gury[2], dit Franoult, qui devint la souche d’une famille importante, répandue dans le département, celle des Defranoux (de Franoult, de Franould, de Franoulx, de Franoux puis Defranoux).

À partir de 1600, les étrangers vinrent en grand nombre à Gérardmer ; cette intrusion engagea les habitants à solliciter du duc de Lorraine l’autorisation de porter le droit d’entrée à 150 francs, applicables, savoir : 40 francs par moitié au duc et au Chapitre, 30 francs à la fabrique de l’église et 80 francs à la commune (1609).

Les suppliants motivent ainsi leur réclamation :

La modicité du droit d’entrée[3] n’empêche pas l’entrée des étrangers et de s’y rendre bourgeois ; les uns par mariage avec nos filles par eux abusées, les autres pour la commodité de voguer en Allemaigne toute voisine, s’en voiant croître le nombre de jour en jour, si que pour la juste crainte que les dits remontrans ont que tel peuplement de personnes étrangères sans moyens peu que soit, art ny practique quelconque en leur dit village, ne leur apportent enfin ruine et pauvreté, à cause qu’il y a de quoi l’exercer au labourage pour la stérilité et frigidité du climat, ny moïen d’y vivre que par le maniement du leur bétail…[4].

Le duc fit droit à la demande des requérants, mais il abaissa la taxe d’entrée à 100 francs, dont la moitié revenait au duc et au Chapitre, l’autre moitié aux habitants.

En 1618, Michiel Jehel de Rehapal (Rehaupal) fut reçu bourgeois à Gérardmer ; en 1679, ce fut Nicolas de La Levée[5], ancêtre de la famille des Lalevée ; en 1693, la communauté reçut comme bourgeois Nicolas Simonin[6], savoyard natif de la Valdotte, dont les descendants forment une nombreuse famille ; enfin en 1696, ce fut Georges Jollé[7], de Liézé (Liézey), paroisse de Champdray, qui acquitta le droit de bourgeoisie.

Les habitants de Gérardmer conservèrent avec un soin jaloux les privilèges de leur droit de bourgeoisie. Ils réclamèrent la confirmation de ce droit à différentes époques notamment en 1702, 1729 et 1775.

Les admissions au titre de bourgeois, moyennant finances, furent plus fréquentes à la fin du XVIIIe siècle ; voici celles qui sont relatées sur le registre dit « de bourgeoisie[8] »:

1775. Jean-Joseph Henry, venant de Rochesson.
Jean-Joseph Valance, ― Gerbépal.
1776. Bastien Beidel[9], ― Corcieux.
Claude-Matthieu Claudel, ― La Bresse.
Jean-Baptiste Gérard, chirurgien, venant du Tholy.
Jean-Baptiste Sevrin[10], venant de Gerbépal.
Joseph Perrin, ― La Bresse.
Nicolas Claudel, venant de Rehaupaux (Rehaupal).
1780. Martin Mougel, venant de La Bresse.
Amé Perrin, ― ―
Jean-Baptiste Cunin, venant de Tholy.
1782. Nicolas Houberdont, ― Viménil.
Valentin Thomas, venant de Chaudray (Champdray).
Joseph Demange, ― Rochesson.
François Georges, ― Toli (Tholy).
1783. Le Comte[11], ― Granges.
Amez Houat[12], ― Tendon.
Joseph Demangelle, ― Fresse.
1784. George Marion, ― La Bresse.
1785. Dominique Grégoire, ― Buvacôte (Bouvacôte).
Jean-Nicolas Buffet, ― Tendon.
1786. Sébastien Mougin, ― La Bresse.
Nicolas Colnel, ― Beillard.
Jean-Joseph Boulay, ― Saint-Amé.
1788. Ant.-Benoît Claudel, ― La Bresse.

L’étranger qui épousait une jeune fille de Gérardmer devenait, ipso facto, bourgeois du pays ; aussi beaucoup de nouveaux venus surent-ils par le mariage se soustraire à la taxe de 100 francs.

En 1684, ce fut Claude Garnier, venant de la paroisse de Saint-Nabord, qui épousa Marguerite Claudon, de Gérardmer[13], et prit de la sorte son droit de cité ; il fut l’ancêtre de la famille Garnier-Thiébaut actuelle.

En 1700, « Martin Perrin, fils d’Anthoine, natif de La Valdotte, épousa la fille de deffunt Laurent Gley ». Ce fut l’ancêtre de la famille Perrin dont M. Jean-Baptiste Perrin, fabricant de toiles, est un représentant.

Ce mouvement d’immigration de Savoyards se continua dans le commencement du XIXe siècle ; en 1818, un nommé Marulaz, vint, d’Épinal, s’établir à Gérardmer ; il y épousa ― à l’âge de 19 ans ― Marie-Agathe Martin et eut de son mariage plusieurs enfants qui vivent encore. Ce Marulaz était fils d’un marchand ambulant[14] installé à Épinal depuis 1815, natif de Morzine (Haute-Savoie), de la même famille que le général Marulaz dont la biographie appartient à l’histoire[15].


Nouveaux « Entrans » à Gérardmer


À la suite des rôles de répartition d’impôts, les asseyeurs dressaient la liste des « Nouveaux Entrans » qui étaient affranchis de charge pour la première année de leur séjour ; beaucoup de ces étrangers n’étaient que passagers, car il existe aussi, à la suite des rôles, la liste des « Sortans » ; on retrouve néanmoins parmi ces noms ceux de plusieurs familles de Gérardmer ; nous les donnons à titre de document.


« Nouveaux Entrans. »


1721. C. Colin. ― J. Gonand. ― J. Toussaint le Jeune. ― J.-J. Pierrat. ― D. Daniel. ― J.-J.-A. Cuny. — G. Martin. ― C. de Franoux. ― A. et N. les Cuny.
1722. Veuve H. Arnoult. ― L. Clément.
1723. D. Morel. ― J.-J. Pierre. ― Q. Chanel. ― N. Bastien. ― P. de Franoux.
1724. C. Martin. ― Gérard-Gérard-N. Michel. ― E. Bédel. ― E. Claudel. ― J.-N. Cuny. ― N. Demarchal, chapelier. ― P.-L. Gérard. ― J. Costet.
1727. J. Berson, de Vaunilair. ― A. Mougin, de Vagner.
1728. C. Jolé, franc de Granges. ― Mani, de Martancourt (Mattaincourt).
1738. C.-F. Febvez, de Vagnez. ― N. la Coste, de Tendon. ― J. Grégoire, de Vagnez. ― N. Genay, de Vagney. ― A. Perrin, du Tolly. ― B. Bombaude, de Champdray. ― G. Pierrat, de Saint-Amez. ― S.-J. Renaud, chirurgien, de Mirecourt.
1739. D. Remy, de Vagney. ― J. Pierrot, du Tolly. ― J. Claudel, de Vagney. ― N. Demangeat le Jeune, du Bon homme. ― N. Liégier, saunier, de Bruières. ― J. Pierrot, de Grange. ― J.-N. Bastien, du Toly.
1740. P.-F. Petey, chirurgien, de Gerbépal. ― J.-I. Arnoux, de La Bresse.
1741. B. Thomas, de Vagney. ― G. Costet, de Chendrey. ― J. Tisserant, d’Alsace. ― Veuve J. Hingré, de Dommartin.
1741. N. Bastien, de Grange. ― J.-M. Claudel, de Vagney. ― G. Chipot, d’Alsace. ― Veuve Argillier, de Sendiez (Saint-Dié).
1743. J.-M. Thomas, de Vagney. ― G.-J. Michel, de Vagney. ― J.-L. Hans, de La Bresse. ― Veuve A. Florent, d’Aunoux (Anould). ― J. Pierre, du Toly. ― T. Simon, du Toly. ― J. Jacquel, de Gerbépal.
1744. D. Lecomte, de Vagney. ― C. Mougel, de Vagney. ― P. Pierrat, du Toly. ― D.-J. de Franoux, de Vagney. ― J. Martin, de La Bresse. ― Veuve P. Michel, de Doselle (Docelles).
1745. B.-J. Cuny, de Vagné. ― J. Le Comte, de Vagné. ― J. Simon le Jeune, de Fraice. ― L. François, de Chandray. ― J. Bastien, du Tolis. ― Veuve N. Genet, du Tolis. ― Veuve le Saille, de Chandray.
1746. V.-M. Thomas, de Vagney. ― G.-C. de la Levée, du Valtin. ― Veuve G. Cuny, de Corsieux.
1747. L. Demangeat, boitelier. ― J. Durain, locataire, de Fachepremont. ― G. Jacquel, du Valtin. ― C. Moulin, du Tiliot (Thillot).
1748. P.-S. Le Roy, du Valtin. ― N.-J. Valentin, de Vagnié. ― J.-J. Bontems, de Vagnié. ― B.-N. Framont, de Grange. ― F. Moze. ― J.-B. Michel, de Vagnié. ― J. Valentin, d’Alsace. ― A. Fleurence, de Corcieux. ― N.-B. Thomas, de Vagnié.
1749. G. Remy, de Granges. ― J.-Pierre, du Tolis. ― C-M. Thomas, de Vagnié. ― Veuve B. Arnould, de La Bresse. ― E. de Franoux, de Chandray. ― N. Amez, de Vagniez. ― N. Georgel, de Granges.
1750. C. Barnet, de Rochesson. ― G.-V. Valentin, de Rochesson. ― Veuve, J. Fleurance, de Sainte-Marie. ― J.-N. André, d’Epinal.
1751. C. Thiéry, du Valtin. ― J.-F. Michel, de Rochesson. ― J. Toussaint, de Vagné. ― J. Jacquot, forestier, de Grange.
1752. J.-J. Pierrat, de Viuchibure (Vichibure). ― N-N. Cuny, du Vazro.
1753. Veuve H. Arnoux. ― Veuve D. Remy. ― S. Petit, locataire, de Grouvelin. ― S.-Nicolas Aimé, garçon. ― N. Délon. ― J. Coutret. ― J. Le Clerc.
1754. S.-M. Thomas, de Saint-Georges. ― C. Pierre, dit la Chauve. Veuve R. Demangeot. ― V. Coanus. ― Veuve J. Chipont. J. Pierron.
1755. Veuve J. Claude, de Remiremont. ― N.-J. Toussaint, de Ban-le-Duc. ― Jac. Houot, de Tandon. ― Dom. Le Comte, de Grange. ― J. Tisserant, de Ban-le–Duc. ― Veuve Cl. Joley, de Grange. ― J. Aubertin, de Gerbépal.
1756. Veuve N. Viry, du Tholy. ― N. Viry, du Tholy. ― Ant. Antoine, de Ban de Vagney. ― J. Marchal, du Valtin. ― J. Pierrat, de La Bresse. ― D. Parmentelat, de Martinprey. ― C. Garnier, de Ban de Longchamp.
1757. J. Didier, de Dommartin. ― N. Pierrel, du Tholy. ― C.-J. Toussaint, du Tholy. ― J.-B. Fery, de Rochesson. ― N.-D. Pierrat, de Vagney. ― D. Florance, de Ban-le-Duc.
1758. Veuve C. Délon, de Chandray. ― N. Liégey, de Sauxure (Saulxures). ― J.-G. Jaquel, de Martimprey. ― J. Antoine, de Corcieux. ― S. Tisserant, de Grange. ― H. Claude, de Fraize.
1759. G.-C. Viry, de La Bresse. ― N.-D. Ferry, de Rochesson. ― Veuve G. Toussaint, de Rochesson. ― C. Garnier, de Dommartin. ― V.-Th. Michel, de Granges. ― J.-V. Valentin, du Valtin. ― Veuve N.-J. Michel, de Rochesson.
1760. Veuve J. Cuny, du Tholy. ― D. Viry, du Tholy. ― Veuve N. Jeandin, de Saint-Diez. ― M. Perrin, de Vagney. ― Veuve Sr Declan, d’Épinal. ― N. Batail, du Valtin. ― Jacq. Tisserant, de Corcieux. ― J. Georgel, d’Anould.
1761. J. Durand, du Tholy. ― Veuve J. Blaise, d’Épinal. ― Veuve J. St Dizier, de Rochesson. ― J.-B. Ferry, de Rochesson. ― L. Doridant, de Grange.
1762. G. Viry, de St-Jean-du-Marché. ― E. Didier, de Rochesson. ― J.-C Morand, de Remiremont. ― F.-J. Claude, de Remiremont. ― Veuve Cl. Lalevée, du Valtin. ― D. Doridant, de Chandray.
1763. J. Fleurance, d’Orbé (Orbeys). ― A. Barnet, de Rochesson. ― Q. Gérard, de Ravon (Raon).
1764. S. Bertran, du Valtin. ― M. Mougel, de Rochesson. ― J.-P. Amé, de La Bresse. ― J. C., invalide, venant du service du roi.
1765. A. Le Roy, de Viauménil (Vioménil). ― C. Thomas, de Rochesson.
1766. F. Délon, de Chandray. ― J. Viry, du Tholy. ― L. Villaume, de Bufontaine (Biffontaine). ― J. Mougel, de Rochesson. ― J.-J. Valentin, de Rochesson. ― J. Toussaint, de Vagné. ― J.-B. Bédel, de Corcieux. ― J. Cuny, de Grange.
1767. Veuve Viry Mougel, de Rochesson. ― L. Michel, de La Bresse. C.-A. Remy, de La Bresse. ― B. Perrin, de La Bresse.
1768. G.-M. Thomas, de Rochesson. ― J. Gravier, de Rochesson.
1769. G. Maurice, du Tholy. ― J. Délon, de Vagney. ― F. Francois, du Tholy. ― Veuve S. Thomas, de Rochesson. ― J. Bertrant, de Ban-le-Duc. ― H. Claude, de Fraize. ― F. le Doux, débitant de tabac, de Granges.
1770. J.-B. Defranoux, du Tholy. ― Cl. La Côte, de Vagney. ― G. Crouvezier, de Rochesson. ― G.-J. Valentin, de Vagney. ― J.-J. Henry, de Rochesson.
1771. J. Vincent, de Fraize. ― J.-J. Thomas, de Rochesson. ― N.-J. Le Roy, d’Épinal. ― J.-C. Perrin, de Gerbépal. ― C.-J. Doridant, du Tholy.
1772. N. Paxion, avocat, de Craon. ― N. Georgel, de Granges. ― J.-F. Didier, de Neyemont (Ban-de-Sapt). ― E. Mougel, de Rochesson. ― J.-N. Cuny, de Rochesson. ― J.-N. Defranoux, du Tholy. ― J.-H. Berguant, de Vagney.
1773. Veuve N.-F. Roult, de Craïon (Craon). ― C.-C. Martin, de Clevecy (Clefcy). ― N. Délon, de Granges.
1774. F. Hubert, du Tholy. ― G. Defranoux, de Rochesson. ― J. Simonin, de Florence (Italie). ― F. Arnoux, de La Bresse. ― D. Morel, forestier du roy, de Granges.

Le droit de bourgeoisie fut aboli, comme les autres privilèges, dans la nuit du 4 août 1789 ; mais la Commune garda longtemps sa défiance à l’égard des étrangers ; le plus ancien acte imprimé[16] de la Municipalité que nous ayons retrouvé, est une ordonnance relative à l’invasion du pays par des étrangers ; en voici le texte :

Le Corps municipal, assemblé en la manière ordinaire et accoutumée, considérant que plusieurs étrangers viennent s’établir en cette Communauté, à son insu ; que la plupart étant sans fortune, leur résidence ne produit à la Communauté que des enfants qui deviennent à sa charge, ou un accroissement d’impositions que les citoyens aisés sont obligés de supporter ; qu’étant souvent sans aveu, ils peuvent aussi compromettre la sûreté et la tranquillité publiques.

Considérant en conséquence qu’il ne peut permettre ni tolérer des abus aussi nuisibles aux véritables intérêts de la Communauté, qu’il est infiniment important de les arrêter, et qu’un des principaux moyens d’y parvenir est d’empêcher les citoyens propriétaires de maisons et tous autres, de recevoir à résidence aucun étranger, sans la permission expresse du Corps municipal, qui ne l’accordera jamais qu’après vérification de bonne vie et mœurs, et qu’après avoir exigé les bonnes et suffisantes cautions, pour sûreté des charges publiques,

Sur quoi, ouï le Procureur de la Commune en ses conclusions ou réquisitions.

Le Corps municipal, en renouvelant les anciens règlements et en y ajoutant, fait défenses très expresses aux propriétaires de maisons et à tous autres, de recevoir à résidence aucun étranger, sans en avoir obtenu la permission, par écrit, du Corps municipal ; à peine de cent francs d’amende ; et pour pourvoir, d’une manière plus sûre à l’exécution du présent règlement, invite tous les citoyens à lui en dénoncer les contraventions.

À l’effet de quoi, le même règlement sera imprimé, publié et affiché par tout où besoin sera, à la diligence du Procureur de la Commune[17].


Statistique de la population


La population de Gérardmer s’accrut lentement ; en 1555, il n’y avait encore que 22 conduits (ou ménages), ce qui représente, à raison de 5 habitants par conduit, 110 habitants.

En 1581, il y avait 118 conduits, soit 590 habitants environ ; en 1585, 120 conduits ou 600 habitants ; en 1588, 123 conduits ou 615 habitants. En 1590, il y avait 102 conduits, soit 510 habitants, dont 12 veuves faisant 6 conduits, 7 mendiants exempts de l’aide, de même que le Mayeur[18], Jean Voiry (Viry). En 1593, il y avait 111 feux ou 555 habitants ; en 1594[19], 100 conduits, soit 500 âmes ; en 1601, 105 feux, non compris les mendiants ; en 1602, 96 et 13 mendiants ; en 1606, 104 plus un tabellion et 24 mendiants ; en 1605, 109, 10 veuves et 12 mendiants ; en 1624, 85 conduits et demi et 5 veuves, soit environ 433 habitants[20].

Vers la même époque (1628), il n’y aurait eu que 13 maisons depuis le ruisseau de Forgotte jusqu’à la Croisette ; pas d’habitations ni d’essart communal, de Forgotte à la Pierre-Charlemagne, et de la rue du Lac au haut du Fény[21].

La population s’accrut considérablement de 1624 à 1631, car à cette dernière date, l’état de remembrement terrier accuse pour Gérardmer le chiffre de 239 conduits[22], ce qui représenterait environ 1195 habitants.

Ce mouvement d’accroissement se ralentit jusqu’en 1650 par suite des malheurs des guerres. Les Français et les Suédois, leurs alliés, firent à Gérardmer de sanglantes excursions, surtout en 1635.

Ils y amenèrent de plus la peste et la famine ; le désarroi fut si grand qu’il ne reste plus de traces de l’administration ; les registres mortuaires sont interrompus de 1630 à 1639 ; ils relatent que les Suédois ont « occis » quatre personnes du pays ; le 16 Octobre 1637, on y a consigné le décès de Jean Georgel, tué au Beillard par les Suédois.

La mortalité fut si grande à Gérardmer que les habitants eurent peine à payer leurs impôts ; les comptes du domaine d’Arches ne donnent, pour les années 1656, 1659 et 1661, que 40 et 47 conduits[23] ce qui représenterait de 200 à 250 habitants. Ces chiffres, malgré leur caractère d’authenticité, sont trop faibles, car, en 1657, il y avait 242 imposés payant la subvention[24] ; en 1658, 212 ; ce qui donnerait une population d’au moins 600 à 700 habitants, en ne comptant que 3 habitants en moyenne par imposé.

La population devait être plus réduite encore. Un rôle dressé par Pierre Dieudonné, maire, Bastien Noël, échevin, Pierre Gérard, greffier, contresigné par D. Comte, vicaire, porte 53 individus sans désignation, 59 femmes, 17 manouvriers, 22 veuves, 29 mendiants, 8 réfugiés, en tout 188 ; avec les 2 exempts, Thomas Glé[25] et l’Intendant le Jay, la population de Gérardmer n’était plus que de 190 habitants en 1664[26]. Il est impossible de contrôler ces chiffres, car les registres de subvention manquent aux Archives communales de 1658 à 1672.

Fort heureusement ce mouvement décroissant ne dura pas ; en 1672, il y avait 255 imposés ; en 1673, il en avait 260, soit de 765 à 780 habitants[27].

Le Département des Vosges par M. Léon Louis[28] ne donne que 154 personnes résidant à Gérardmer en 1678 ; ce chiffre, cité aussi par Louis Jouve, dans ses « Lettres vosgiennes », est évidemment erroné ; à cette date, il y avait à Gérardmer 279 imposés[29] ; en 1685[30] il y en avait 350 ; en comptant toujours 3 habitants par tête d’imposé, la population de Gérardmer aurait donc été de 837 habitants en 1678 et de 1.050, en 1685.

Trente ans plus tard, en 1710, une déclaration[31], attestée par les maire, commis et principaux habitants, porte pour la paroisse 1.262 communiants et 670 non communiants, ce qui donnerait le total de 1.932 habitants ; l’année suivante, on comptait 394 imposés à la subvention[32], ce qui donnerait même plus de 5 habitants par tête d’imposé. Le Département des Vosges, pour la même date[33], ne donne que 511 habitants ; ce chiffre est inexact, comme celui que donne le Polium de Bugnon rédigé vers la même époque (346 habitants et 65 garçons).

La Notice de Lorraine de Dom Calmet indique pour 1756 environ 700 feux soit 3500 habitants.

La statistique du Département des Vosges de M. Léon Louis donne, pour 1730, le chiffre de 1.500 habitants[34] ; or, en 1730 il y avait 478 imposés ; le chiffre de 1.500 serait donc trop faible, puisqu’en 1710 pour 1932 habitants on ne comptait que 394 imposés ; mais en gardant notre première moyenne de 3 habitants par tête d’imposé, le chiffre de 1.500 serait plausible.

Le Mémoire de Léopold Bexon relate, pour 1778, 850 feux, ce qui fait 4.250 habitants ; à cette époque (1771) la population de Gérardmer n’était que de 3.302 habitants[35].

Ce rapide exposé fait voir les nombreux écarts que présentent les chiffres de la population, pour une époque donnée, suivant les auteurs consultés. Ces différences proviennent de la difficulté du recensement pour une population aussi disséminée que celle de Gérardmer, et de l’habitude des chroniqueurs d’évaluer la population par feux ou ménages en prenant une moyenne uniforme de 5 habitants par ménage, moyenne très souvent insuffisante et toujours variable.

Il était bien permis du reste, aux chroniqueurs, de s’en tenir aux approximations quand l’Assemblée municipale de Gérardmer, elle-même, se trompait aussi gravement qu’elle le lit en 1789 sur le chiffre de sa population. Dans une délibération[36] où l’Assemblée demande une brigade de cavaliers de la maréchaussée pour faire la police, il est dit que la Communauté compte plus de 5.000 âmes ; le recensement par sections[37], donne seulement 3.745 habitants, tandis qu’un autre document donne 4.062, chiffre probable, car en 1792[38] il y avait 4.120 habitants et en 1793[39], 4.243.

C’est pourquoi nous avons tenu à discuter tous ces chiffres, documents en mains ; le dernier mot n’est pas dit au sujet des fluctuations de l’ancienne population de Gérardmer, si intimement liées à l’histoire même du pays ; on peut néanmoins admettre, dans leur ensemble, les faits suivants :

  1. Au milieu du XVIe siècle, la population de Gérardmer n’était que d’une centaine d’habitants ;
  2. De cette époque à 1624, elle a augmenté et varié de 400 à 600 ;
  3. En 1631, la population est subitement montée à près de 1.200 habitants ;
  4. Elle a décru pendant le deuxième tiers du XVIIe siècle pour croître ensuite dès 1678, dépasser 2.000 dès la deuxième moitié du XVIIIe siècle, et atteindre 4.000 habitants en 1789.

Nous donnons ci-après le tableau des principaux mouvements de la population avant 1789, en faisant suivre d’un point interrogatif les chiffres douteux.

tableau de la population de gérardmer avant 1789
années population années population années population
1555 110 1605 567 1710 1.932
1581 590 1624 433 1730 1.500 ?
1585 600 1631 1.195 1756 3.500 ?
1588 615 1657 600-700 ? 1771 3.302
1590 510 1664 190 ? 1778 4.250 ?
1593 555 1672-73 765-780 ? 1789 4.062
1594 500 1678 837 ? 1792 4.120
1601 525 1685 1.050 1793 4.243
1602 493

Pour terminer l’histoire de l’ancienne population de Gérardmer, nous donnons l’état des contribuables de la localité en 1676 ; les noms sont classés par ordre alphabétique des prénoms ; c’est un trait de mœurs curieux et qui s’explique en ce sens que les prénoms se transmettaient de père en fils, à l’aîné de la famille.

Liste des contribuables de Gérardmer établie par les asseyeurs[40] (1676)

Anthoine Paxion. – de La Passée. – Tisserand. – T. Tisserand. – Fleurance.
André Vital.
Adam Viry.
Bastien Noël. – Nicolas Villiaume. – Jean Michel. – Gaudel. – Villiaume. – Jean Martin. – Cunin. – Paxion. – Thomas. – Fleurance. – Morel. – Haxaire. – Michel le Jeune. Balthazard Demangeat.
Claude Chipot. ― Grossire. ― Viry. ― Perrin. ― Martin. ― George Jacque. ― Crouvezier.
Curien de Franoult.
Claude Th. George. ― Morel. ― Gd Pierrat. ― Nicolas Pierrat.
Claudon Grossière[41].
Dominique Ferry le Jeune. ― C. Chipot. ― Thiébaut. ― Beyxon. ― Valentin. ― Martin. ― Coultret[42]. ― Pierrat. ― de Franoult. ― Remy. ― Viry. ― Le Comte. ― Grossire.
Demenge Bastien. ― Thisserand. ― Falte. ― Coultret. ― Nicolas Pierrat. ― Grossire.
Didier Gérard.
Dieudonné Pierrat.
Florentin Michel.
Florence Guerre. ― Pierrat. ― Poirat.
Gérard Colnat. .– Michel. ― André Camy. ― Barthél. Pierre. ― Crouvezier. ― Claire. ― Demangeat. ― Tisserand. ― Doridant. ― Dieudonné. ― Gégoux Jacquot. ― Daniel. ― Simon Viry. ― Flor. Pierrat. ― Hubert Perrin. ― Éloi. ― Grand Michel. ― Nicolas Symon. ― Vin Gégoux. ― Simon Leroy. ― Collon. ― Thomas.
George Florence. ― Villaume.
Gégoux Tisserant.
Humbert Estienne[43]. ― Didier.
Jacques Chipot. ― Gd Tisserand ― Valentin. ― Thiébault. ― De Franoult. ― Grobus. ― Gégoult Jacquat.
Jean Pierrat. ― Collon. ― Claire. ― Costet. ― Gley. ― Florent. ― Colin. ― Crouvezier. ― George Gaspar. ― Chipot. ― Nas Pierrat. ― Claudon Chipot. ― Martin. ― Liegay. ― Sébastien Michel. ― Nicolas Claude. ― Blaise. ― Claude. ― Thiéry. ― Toussaint. ― Villiaume. ― Valentin. ― Mougel Jacquat. ― Daniel.
Laurent Villiaume. ― Mengel Jacquat. ― Parmentelat. ― Perrin.
La Veuve Blaise de Franoult. ― Jean-Michel. ― Balthazard Martin. ― Jacques Simon. ― Jacques Gérard. ― Jacques-Marguel Perrin.– Jn Etienne. ― Laurent Villiaume. ― Laurent Collin. ― Balhazard Viry. ― Pierron Jean-Maurice. ― Dominique Pierrat. ― Dominique Denys. ― Claudon Valentin. ― Etienne Gérard. ― Etienne Perrin. ― Gérard Grancolas. ― Nicolas-Gérard Pierrat. ― Jean Grancolas. ― Dominique Boulay. ― Claudel George. ― Mengeon des Xettes. ― Joseph Collas. ― Nicolas Morel. ― G. Villaume. ― Brd Morel. ― Gd Morel. ― Jn Vincent. ― Mce Denyot. ― Dominique Michel. ― G. Demangeat. ― Dominique Le Roy. ― Mengeon le Maire.
Mengel Doridant.
Mansuy Vitaul. ― Demenge Maurice.
Maingeon Gérosme.
Michel Gd Michel.
Nicolas Martin. ― D. Le Roy. ― Paxion. ― Pierre. ― Frederich. ― Bresson. ― Thiébault. ― Parmentelat. ― Gérard Le Roy. ― de La Levée. ― Thomas. ― Grossire. ― Claude. ― Vitaux. ― Parmentelat. ― Michel. ― Le Roy. ― Viry. ― D. Tisserant. ― Gd Cuny, ― Simon Viry. ― Le Roy. ― Maurice. ― Paulus Toussaint. ― George. ― Viry. ― Hubert Vital. ― de La Passée. ― Mougel. ― Simon. ― Valentin Viry ― D. Haxaire. ― Perrin. ― Gegoult Mougel. ― Gérard. ― Gley le Jeune. ― M. Le Comte. ― Daniel.
Pierre Tancourt. ― Dieudonné. ― Pierrat. ― D. Bastien.
Paul D. Pastry.
Pierre de Franoult. ― Gérard. ― Florance.
Thomas Mougel. ― Perrin. ― Thierry. ― Gley. ― Claudon. ― Claude. ― Viry. ― Gley le Jeune.
Valentin Tisserant. ― Dominique Tisserant.
Simon Gérard Simon. ― Perrin.

Enfants tenant bien et ménage.

Dominique, fils de Dominique Grossire.


Variations de l’Orthographe des noms de Famille à Gérardmer


L’analyse des pieds terriers de 1631, de 1725, de 1731 et des divers documents qui relatent des noms de personnes, nous a permis de faire plusieurs remarques intéressantes sur les variations des noms de famille à Gérardmer ; sur la rareté ou la disparition de quelques-uns de ces noms.
1o Noms ayant subi des variations.
Noms actuels
Variations
Arnould. Arnoult, Arnoux.
Bédel. Beidel.
Chipot. Chipoux, Chippoux.
Crouvesier. Crouvezier, Crouvisier, Crouvizier[44].
Cuny. Cugny.
Coutret. Coultret.
Costet. Costel, Costé, Costelt.
Chrétien. Chrestien.
Collin. Colin.
Cunin. Cugnin.
Defranoux. de Franoult, de Fanould, de Franoulx, de Franoux.
Étienne. Estienne.
Fleurance. Florance.
Gœry. Gury.
Grossire. Grossière.
Gley. Glé.
Garnier. Gairnier, Gournier.
Gaspard. Gaspar.
Gegout. Gégoux, Gégoulx, Gégoult.
Gérôme. Gérosme.
Haxaire. Haxart.
Houot. Houat.
Jacquot. Jacot.
Lalevée. de la Levée, de Lalevée, Lalevée.
Leroy. Le Roy.
Laurent. Lorent.
Lecomte. Le Comte.
Michel. Michiel.
Mougin. Mougeon, Mougel.
Mangin. Mengin.
Morel. Mourel.
Mourant. Morand.
Pierrat. Pérait.
Pierrot. Piérot.
Pierrel. Piérel.
Petitdemange. Petit Demenge.
Simon. Symon.
Tisserand. Tisserant.
Vital. Vitot, Vitaux, Vitaul.
Viry. Voiry.
Villaumé. Villiaume, Villiaumé.


2o Noms n’ayant pas varié.

André. — Bresson. — Bastien. — Blaise. — Bailly. — Claude. — Claudel. — Daniel. — Demenge. — Doridant. — Didier. — Ferry. — Georgel. — Gérard. — George. — Gley. — Groscolas. — Grosjean. — Jacques. — Jacquel. — Jolé. — Hannezo. — Humbert. — Hanz. — Martin. — Maurice. — Paxion. — Parmentelat. — Remy. — Saint-Dizier. — Thomas. — Toussaint. — Thiéry. — Valentin.


3o Noms rares.

Bailly. — Bernot. — Coanus. — Chadel. — Colladat[45]. — Carquel. — Clément. — Gochy. — Gustin. — Harry. — Jacquel. — Jeanpierre. — Jehenne. — Navel. — Sonrier. — Villemin.


4o Noms tirés du lieu d’habitation ou d’origine, d’un objet, d’un cours d’eau, d’une montagne, etc.

Costet, de Coste, Côte, d’où Jean de la Coste du Beuliart.

Cresson, Nicolas du Cresson.

Fény, de feignes (v. Introduction), d’où Jean du funy, du phanil, du fany.

Levée, Nicolas de la Levée. Une levée est une sorte de talus pour une digue, une chaussée.

Pont, Jean du Pont, d’où Dupont.

Vieux Ruisseau, en patois vië ri, a donné Viry.

Pierre a donné les diverses formes : Pierat, Piérin, Piérel, Pierot, d’où Pierrat, Perrin, Pierrel, Pierrot.

Le Boulay (nom de lieu), Jean Du Boulay.

La Breuche (lieu dit), Claudon la Breuche.

Les Xtéls (bas des Xettes), Jean de Xtéls, etc.

Nous donnons, pour terminer, les noms des familles qui possédaient des terres à Gérardmer et qui habitaient le pays en 1631 et en 1731 (d’après les registres d’acensement et les pieds terriers).


Nom des familles de Gérardmer
1631. Bresson. — Bernot. — Bastien. — Blaise. — Claudon la Breuche. — Jean du Boulay. — Nicolas du Cresson. — Cugnin. — Colin. — Crouvezier. — Nicolas de la Coste. — Jean du Costey. — Collin. — Cugny. — Chipot. — Crouvezier. — Claudel. — Coultret. — Chrestien. — Chadel. — Colladat. — Carquel. — Diœudonné. — De Franoult. — Jean du Funy. — Desballes. — Demengeot. — Estienne. — Florence. — Fery. — Gochy. — Georgel. — Gaspard. — Grossière. — Gury. — George. — Groscolas. — Grosjean. — Gley. — Grandcolas. — Gégoulx. — Gaspar. — Gustin. — Glé. — Haxart. — Hannezo. — Humbert. — Harry. — Hanz. — Jacot. — Jeanpierre. — Jehenne. — Leroy. — Lorent. — Michiel. — Mougin. — Martin. — Mourel. — Mengin. — Mougeon. — Navel. — Pierat. — Pierel dit Chaussatte. — Pierin. — Pierot. — Parmentelat. — Paxion. — Pierre. — Le Roy. — Sonrier. — Symon. — Tisserant — Thomas. — Thiéry. — Toussaint. — Vitot. — Vital. — Viry. — Valentin. — Voiry. — Vitaux. — Vitaul. — Jean de Xtels.
1731. André. — Arnoult. — Bexon. — Bresson. — Bastien — Bailly. — Costelt. — Coutret. — Cuny. — Claude. — Chipot. — Claudel. — La Coste. — Coanus. — Crouvezier. — Clément. — Le Crouvizier. — Costet. — Chadel. — Daniel. — Demenge. — Dupont. — Didier. — Doridant. — Estienne. — Fleurance. — Defranoult. — Ferry. — Gérard. — Grossire. — Gegoult. — Gérosme. — Gegoux. — Georgel. — Haxaire. — Jacquel. — Jollé. — Le Roy. — De la Levée. — Le Comte. — Martin. — Maurice. — Michel. — Morel. — Mougel. — Pierrat. — Pierrot. — Parmentelat. — Perrin. — Pierrel. — Petit demenge. — Paxion. — Simon. — Saint-Dizier. — Remy. — Toussaint. — Thiéry. — Thomas. — Tisserand. — Viry. — Valentin. — Villiaumé. — Villemin. — Voirin. — Villiaume.
}
Population de Gérardmer pendant le xixe siècle

À partir de 1789, la population de Gérardmer n’a fait que progresser, les chiffres[46] que nous donnons ci-dessous montrent que la population agglomérée augmente constamment, et que celle des sections, à part les sections des Xettes et de la Haie-Griselle, diminue depuis 1836.

Nombre d’enfants par ménage

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Tous les auteurs qui ont écrit sur Gérardmer s’accordent à reconnaître que les familles de 5, 8 et même 10 enfants n’étaient pas rares chez les montagnards. Léopold Bexon[47] dit que « les mariages y étaient édifiants par la concorde et l’amitié. Le divorce y était inconnu, aussi à peine les enfants avait-ils atteint l’âge de puberté, qu’ils se mariaient ; cependant l’espèce d’homme y est belle, forte et robuste pour faire face au climat rude, et les femmes y sont très fécondes. »

|l|c|c|c|c|c|c|c|c|c|c|c|c|c| &amp ;
Sections &amp ; 1789 &amp ; 1793 &amp ; 1795 &amp ; 1807 &amp ; 1817 &amp ; 1836 &amp ; 1841 &amp ; 1851 &amp ; 1861 &amp ; 1872 &amp ; 1882 &amp ; 1886 &amp ; 1891
Forgotte &amp ; 425 &amp ; 458 &amp ; 439 &amp ; 488 &amp ; 544 &amp ; 732 &amp ; 770 &amp ; 755 &amp ; 849 &amp ; 910 &amp ; 1026 &amp ; 1113 &amp ; 1145
Rain &amp ; 266 &amp ; 296 &amp ; 266 &amp ; 297 &amp ; 322 &amp ; 351 &amp ; 353 &amp ; 402 &amp ; 440 &amp ; 501 &amp ; 521 &amp ; 627 &amp ; 729
Marché &amp ; 355 &amp ; 385 &amp ; 338 &amp ; 364 &amp ; 370 &amp ; 451 &amp ; 470 &amp ; 474 &amp ; 568 &amp ; 599 &amp ; 695 &amp ; 761 &amp ; 784
Lac &amp ; 110 &amp ; 136 &amp ; 179 &amp ; 188 &amp ; 186 &amp ; 201 &amp ; 203 &amp ; 216 &amp ; 203 &amp ; 279 &amp ; 193 &amp ; 188 &amp ; 227
Pop. agglomérée &amp ; 1156 &amp ; 1275 &amp ; 1222 &amp ; 1337 &amp ; 1422 &amp ; 1735 &amp ; 1796 &amp ; 1847 &amp ; 2060 &amp ; 2289 &amp ; 2437 &amp ; 2689 &amp ; 2885
Beillard &amp ; 394 &amp ; 413 &amp ; 441 &amp ; 468 &amp ; 525 &amp ; 632 &amp ; 486 &amp ; 588 &amp ; 572 &amp ; 605 &amp ; 546 &amp ; 500 &amp ; 527
Phény &amp ; 221 &amp ; 296 &amp ; 285 &amp ; 305 &amp ; 326 &amp ; 348 &amp ; 346 &amp ; 359 &amp ; 324 &amp ; 306 &amp ; 315 &amp ; 288 &amp ; 317
Bas-Rupt &amp ; 376 &amp ; 384 &amp ; 400 &amp ; 404 &amp ; 411 &amp ; 504 &amp ; 552 &amp ; 540 &amp ; 543 &amp ; 538 &amp ; 535 &amp ; 516 &amp ; 495
Rayée &amp ; 237 &amp ; 344 &amp ; 269 &amp ; 262 &amp ; 281 &amp ; 328 &amp ; 305 &amp ; 300 &amp ; 316 &amp ; 347 &amp ; 339 &amp ; 320 &amp ; 310
Gouttridos &amp ; 165 &amp ; 168 &amp ; 143 &amp ; 157 &amp ; 190 &amp ; 196 &amp ; 183 &amp ; 186 &amp ; 205 &amp ; 189 &amp ; 191 &amp ; 191 &amp ; 206
Xonrupt &amp ; 289 &amp ; 300 &amp ; 356 &amp ; 423 &amp ; 471 &amp ; 573 &amp ; 567 &amp ; 557 &amp ; 510 &amp ; 580 &amp ; 547 &amp ; 525 &amp ; 516
Fies &amp ; 316 &amp ; 372 &amp ; 429 &amp ; 386 &amp ; 378 &amp ; 457 &amp ; 472 &amp ; 460 &amp ; 461 &amp ; 462 &amp ; 458 &amp ; 446 &amp ; 427
Haie-Griselle &amp ; 146 &amp ; 172 &amp ; 171 &amp ; 202 &amp ; 250 &amp ; 355 &amp ; 303 &amp ; 336 &amp ; 343 &amp ; 434 &amp ; 730 &amp ; 829 &amp ; 902
Liézey-Xettes &amp ; 445 &amp ; 519 &amp ; 563 &amp ; 616 &amp ; 702 &amp ; 803 &amp ; 615 &amp ; 622 &amp ; 587 &amp ; 652 &amp ; 654 &amp ; 627 &amp ; 612
Pop. éparse &amp ; 2589 &amp ; 2968 &amp ; 3057 &amp ; 3223 &amp ; 3534 &amp ; 4196 &amp ; 3829 &amp ; 3948 &amp ; 3861 &amp ; 4113 &amp ; 4515 &amp ; 4242 &amp ; 4312
Pop. totale &amp ; 3745 &amp ; 4243 &amp ; 4279 &amp ; 4560 &amp ; 4956 &amp ; 5931 &amp ; 5625 &amp ; 5795 &amp ; 5921 &amp ; 6402 &amp ; 6752 &amp ; 6931 &amp ; 7197

L’Évêque de Blois, qui écrivait en l’an x une statistique de Lorraine, dit de même : « Les femmes, à Gérardmer, sont remarquables par leur fécondité, leur économie, leur soin pour le bétail, la culture des légumes et des fleurs…[48] »

Nous avons relevé le nombre des pères de famille ayant 10 enfants, pour la période de 1721 à 1790, car ces chefs de famille sont inscrits au rôle des imposés comme étant francs d’impôts à cause de leurs charges paternelles,

|p4cm|p6cm| Années &amp ; Nombre de pères de famille ayant 10 enfants 1721-1730 &amp ; 28 1731-1740 &amp ; 72 1741-1750 &amp ; 79 1751-1760 &amp ; 96 1761-1770 &amp ; 72 1771-1780 &amp ; 59 1781-1790 & amp ; 28 Total pour 70 ans &amp ; 434

La moyenne annuelle est de 7 pères de famille ayant 10 enfants ; en 1891, il y avait encore à Gérardmer 110 familles de 6 enfants et 32 de 7 enfants et au-dessus. Mais les familles de 10 enfants deviennent très rares.

En comparant le chiffre annuel des naissances au montant de la population, on trouve, pour 1789, 127 naissances et 4.062 habitants, soit une moyenne de 3,12 par 100 habitants.

L’année 1891 a fourni 219 naissances pour 7.197 habitants. La moyenne % est de 3,04 ; elle a donc légèrement baissé.

Au siècle dernier, le nombre moyen des habitants par ménage était de 5 personnes ; en 1891, pour 1.686 ménages, il y a 7.197 habitants ; la moyenne est de 4,2 de personnes par ménage ; elle a aussi un peu baissé[49].

Mortalité

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Nous avons comparé la mortalité au siècle dernier à ce qu’elle est de nos jours.

Pour la période décennale de 1780-1789 inclus, il y a eu 1.036 décès ; soit 103 à 104 décès annuellement. La population moyenne, pendant cette période, ayant été de 3.500 habitants, la proportion des décès aurait été de 3 pour 100 habitants.

De 1873 à 1883, le nombre total des décès s’est élevé à 1.576 ; la moyenne annuelle est donc de 157,6 ; mais comme la population moyenne s’est élevée à 6.567 habitants, la mortalité n’a été que de 2,4% ; elle est donc moins élevée qu’il y a cent ans ; en 1891, pour 7.187 habitants, il n’y a eu que 210 décès, soit une moyenne de 2,8%.

En revanche, la longévité était plus grande aux siècles derniers que de nos jours.

Le recensement de 1789 accuse, à Gérardmer, l’existence de :

56 hommes et de 41 femmes ayant de 70 à 80 ans,
3 hommes et de 6 femmes ayant 80 à 90 ans,
1 homme ayant de 90 à 100 ans.

En 1795, il n’y avait qu’une personne ayant 91 ans, Marie-Magdeleine Thomas, veuve de Jean-Gabriel Jacquot.

La statistique de l’an ix donne :

51 hommes et 59 femmes ayant de 70 à 80 ans,
17 hommes et 13 femmes ayant de 80 à 90 ans,
1 homme ayant de 90 à 100 ans.

En 1820, il y avait à Gérardmer 33 hommes ayant atteint 75 ans et au-dessus, et à peu près autant de femmes.

Il n’y a pas encore eu de centenaire à Gérardmer ; la personne la plus âgée qui y soit morte, est Agathe Simon, originaire de La Bresse, à l’âge de 99 ans 9 mois (1852).

Le recensement de la population pour 1891 atteste la diminution du nombre des vieillards, bien que la moyenne de la vie humaine soit prolongée.

À cette date, il existait :

42 hommes et 43 femmes ayant 70 à 75 ans,
35 hommes et 33 femmes ayant de 75 à 80 ans,
22 hommes et 16 femmes ayant de 80 à 85 ans,
6 hommes (veufs) et 1 femme ayant de 85 à 90 ans,
1 homme ayant 90 ans[50].

Registres de l’État Civil

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Comme dans toutes les communes de Lorraine, le curé fut chargé, jusqu’en 1790, de la tenue des actes de mariage, de baptême et de décès[51] (mortuaires). Ces registres tiennent lieu de ceux de l’état civil.

Ils sont conservés à Gérardmer depuis le 18 Mars 1609 et tous fort bien écrits, par les curés, de cette grande écriture lisible connue maintenant sous le nom de « française », qui était bien supérieure, au point de vue de la conservation des documents, à nos pattes de mouche actuelles.

Nous indiquons au chapitre « Instruction » les renseignements qu’ils nous ont fournis sous le rapport de la connaissance de l’écriture. Voici les documents intéressants que nous avons relevés dans chaque groupe de ces registres, cotés et parafés, dès la première moitié du xviiie siècle par le Lieutenant-Général au Bailliage de Remiremont.

Naissances.

Le 25 Août 1672, naissance de Louis Gérard qui a eu pour marraine noble Demoiselle de Martimprey.

Le 25 Octobre 1673, naissance de Nicolas Henry qui a eu pour parrain noble Nicolas de Martimprey.

Le 14 Mai 1678, naissance de Joseph Gérard qui a eu pour parrain noble Joseph de Martimprey.

Le 26 Août 1740, naissance de Louis Virion qui a eu pour parrain Pierre de Calan, Capitaine-Général des fermes du roi.

Mariages.

Le 31 Mai 1695, mariage de Dominique Parmentelat et Marguerite Defranoux, célébré par Messire Masson de Fleury, docteur en théologie, curé de Gérardmer.

Le 13 Octobre 1739, mariage de Claude de Lalevée (ancêtre des Lalevée.)

Le 16 Février 1745, mariage de Claude de Lassauce (ancêtre des Lassauce.)

Décès.

(Les registres mortuaires ont été interrompus en partie pendant les années 1635-36-37, au moment de la peste et des guerres du xviie siècle. On y lit:)

Le 16 Octobre 1637, mort de Jean-Claude Georgel, tué au Beillard par les Suédois.

Le 19 Janvier 1722, enterrement de Jean Chipot, incendié et consumé dans sa maison. On n’a pu enterrer que ses os.

Le 3 Novembre 1722, enterrement de Joseph Poirot, maire, par le Révérend Père Paul de Girancourt, capucin, prédicateur de Remiremont.

Le 17 Octobre 1729, enterrement de Sébastien Thomas, trouvé mort dans la montagne[52].

Le 26 Mars 1730, enterrement de Dominique Besson, trouvé noyé.

Le 19 Mai 1745, enterrement de Marguerite de Lasausse.

Le 19 Janvier 1782, enterrement de Charles-Léopold de Tarsin.

Par la loi du 20 Septembre 1792, la tenue des registres « de l’État civil des citoyens » fut confiée à un des officiers municipaux de l’Assemblée municipale. Le premier désigné pour cet office, à Gérardmer, fut le sieur Augustin Viry, secrétaire-greffier de l’Assemblée, le second fut Jacques Costet.

À partir de l’an xi, le maire fut le seul officier municipal et ce fut à lui qu’incomba la tâche de tenir les registres qui, depuis la Révolution, s’appellent « Registres de l’État civil. Avant 1789, le registre des naissances s’appelait Registre des Baptêmes ; celui des décès était désigné sous le nom de Registre des Mortuaires.

Une cérémonie religieuse qui précédait le mariage, au siècle dernier, et qui n’existe plus, était celle des fiançailles[53]. Les deux fiancés échangeaient l’anneau des fiançailles et le prêtre bénissait cet accord dont il transcrivait la célébration sous la rubrique suivante : « M. X et Melle Y se sont fiancés et se sont promis de s’épouser ensemble, le plus tôt que faire se pourra, et dans 40 jours pour le plus tard ». Et les futurs époux étaient déjà engagés sur l’honneur.

État des privilégiés

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Noblesse

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À la veille de la Révolution, il n’y avait à Gérardmer aucune personne noble. L’état des privilégiés, daté du 10 Mai 1729[54], est ainsi conçu:

Il n’y a à Gérardmer aucun gentilhomme titré, comme marquis, comtes, barons, ny autres, S. A. R. en estant seule le Seigneur haut justicier avec le Chapitre de Remiremont par indivis et n’a droit à haute, moyenne et basse justice que S. A. R. et le dit Chapitre.

Il n’y en a pas non plus possédant fief ni autrement.

Il n’y a non plus aucuns amodiateurs, fermiers, ni meuniers en des seigneurs particuliers, commandeurs de l’Ordre de Malthe, Concierges, jardiniers, portiers, marcaires ni vachers déclarés exempts par les Mandements, de la subvention.

Il n’y en a aucun du dit Gérardmer exempts de subvention par plaids, bruchs ou décrets de S. A. R. ni pour cause de commissions dans la ferme générale sinon le Receveur des droits d’entrée, issues foraines, qui a aussi la distribution des papiers et parchemins timbrés, contrôle des exploits, et le contrôleur des actes des notaires que l’on ne doit augmenter à la subvention par les Mandements, ny les comprendre, ny commander à la corvée des chemins…

Les droits des ducs de Lorraine sur Gérardmer remontaient à la cession faite par le duc Ferry III à Clauss de Hadstatt (1285). Clauss de Hadstatt étant mort sans héritiers mâles vers la fin du xiiie siècle, le fief qu’il tenait des ducs de Lorraine, fit retour au duché.

Aussi, en 1585, Charles III, duc de Lorraine, fit-il consigner dans les comptes du domaine d’Arches les droits dont avaient joui les sires de Hadstatt et les redevances qui leur revenaient.

Les habitants de Gérardmer étaient tenus de payer à ce seigneur, le jour de la Saint-Martin d’hiver, quatre lances de bois de sapin non ferrées, néanmoins en ne se rendant à Soultzbach que chaque trois ans, plus six blancs, monnaie de Lorraine, par habitant chef de ménage, plus douze barils de beurre, dont trois tiennent environ deux pintes, mesure de Remiremont, et deux pintes de poissons et truites fraîches. Les porteurs de ces redevances étaient défrayés à Soultzbach[55].

En 1631, la redevance annuelle est ainsi libellée dans le registre terrier d’ascensement[56] :

10cmXl

Pour les 4 lances à 2 francs l’une &amp ; 8 francs.
Pour 6 blancs par feu, 239 feux &amp ; 28 fr. 9 gros.
Pour 12 barils de beurre estimés* à &amp ; 6 francs.
2 pintes de truites fraîches portées précédemment à Soultzbach &amp ; 11 francs.

  • Le registre des comptes des Commis (C.C.VI, 1728-1759) mentionne la redevance au Domaine de 12 barizels de beurre renfermant 40 livres et valant 46 francs 8 gros.

Le même article mentionne en outre:

{|

|Pour exemptions de banalité (moulins et fours) |80 francs. |- |Pour la pêche des ruisseaux |57 – |}

Nous donnons in extenso, à cause de son importance, le texte même des redevances dont il s’agit :

Déclaration[57] des droicts, rentes et redevances qu’estoient d’heues par chacun an, par les habitans de Gérarmer, au feu sieur Clauss de Hadstatt, qui présentement sont retournez à, Son Altesse, pour estre ledit feu sieur de Hadstatt décédé sans hoirs légitimes procréés de son corps ; et lesquelles droictures, rentes et redevances iceluy deffunct, les tenoit en fief masculin de Sadicte Altesse dont ce comptable à charge et commission les lever et rendre bon compte par chacun an, comme appert par la dicte commission, signée de Sadicte Altesse du cinquième novembre mil Ve quatre vingts et cinq ; icelles droictures et redevances déclairées par les mayeur et gens de justice du dict Gérarmer, et iceulx affirmez n’y avoir davantage que ce que s’ensuyt.

Les habitants du dict Gérarmer estoient annuellement tenus rendre, payer et délivrer audict feu sieur de Hadstatt, ou à son officier, au lieu de Soultzbach, par jour de feste Sainct-Martin d’hyver, quatre lances de sapin non ferrées, lesquelles néanmoins on ne rendoit audict Soultzbach que de trois ans à aultres, comme ilz ont déclairé. Et d’aultant qu’à la Sainct-Martin dernier mil cinq cent quatre-vingts et cinq, les dites lances estoient d’heues de trois ans, que montent à douze, cest officier s’en a fait païer et les a receu.

Les mêmes habitants souloient pareillement payer au dict feu sieur de Hadstatt ou à son officier, au dict Soultzbach par jour de feste Sainct-Martin, scavoir : sur chacun feu se retrouvant au dict Gérarmer, six blancs, monnoye de Lorraine.

Estoit dheu par chacun an, par les dicts habitans, audict feu sieur de Hadstatt, au terme Sainct-Martin d’hyver, douze barrys plains de beurre, dont les trois tiennent environ deux pintes, mesure de Remiremont, qui reviennent à quattre potz, mesure du dict Remiremont, que cest officier a receu.

Semblablement estoient iceulx habitans redevables, par chacun an, audict feu sieur de Hadstatt, ou à son officier, par jour de feste Sainct-Martin, de deux pintes de poissons et truitelles fresches, lesquelles ilz estoient subjects porter audict Soultzbach et estoient iceulx porteurs, y portans et rendans telle droicture avec les aultres rentes cy devant déclairées, deffrayez au dict lieu ; comme ils supplient à Son Altesse et à Messieurs commander à cest officier de vouloir faire de même lorsqu’ils paieront ou rendront telles redevances à Remiremont ou la part que ledict officier se tiendra. Cependant, pour l’esgard des dictes deux pintes de truitelles, le comptable en a receu soub le bon adveu de Messieurs, ung fran.

Les habitants de Gérardmer devaient en outre un droit de main-morte, par moitié au duc et au Chapitre, plus annuellement 20 sous 4 deniers au duc seul.

Ces autres redevances sont mentionnées dans les archives communales[58], sous le titre : Droictures de Géraulmeix. Nous ne pouvons mieux faire que de les citer textuellement :

Nostre souverain seigneur ait au lieu de Géraulmeix toute haulteur et haulte justice, comme l’appréhention, détention, et exécution des corps des personnes y mésusans civillement et criminellement, prenant seul et pour le tout les confiscations, treuves, espaves, boisons, attrahières, haultes amendes, forces et rescousses et autres choses semblables, deppendantes des droith de haulte justice.

Les habitans dudict lieu sont à nostre dit seigneur et à l’église de Remiremont et y ont la création du maire du dict lieu, que se faict par chacun an ; et se prent le plus vieulx marié, à tour de rôle, pour exercer ledict office, moyennant qu’il soit sans reproche ; lequel est tenu de faire ses rapportz une fois l’an, au terme de woyen, au plaid banal du ban de Vaigney ; et se pringnent les amendes par le prévost d’Arches et lieutenant de la dicte église, par moictié. Lequel lieutenant prent le serment du dict maire, et à la plume de l’eschèque. Les morte-mains sont la moitié à nostre dict seigneur et l’aultre moictié à la dicte église.

Ilz ne suyvent aucunement la bannière, ne sont subjets au hault jugement, ny de comparoitre ez monstres du ban de Vagney ains sont tenus, en temps d’éminentz périlz de garder les passaiges des montaignes, et, quand il y a des dangiers d’advertir les officiers d’Arches. Et en ont ainsi usé de toute ancienneté.

Le cris de la feste et garde d’icelle appartient au prévost d’Arches, et prent connaissance de toutes les amendes qui s’y commectent.

La cure d’illecq est à la protection et garde de nostre souverain seigneur, de laquelle nul ne peut appréhender la possession sans placet et permission de sa grâce.

Comme on le voit, les redevances perçues sur Gérardmer revenaient par moitié au Chapitre de Remiremont. Aucun texte ne permet d’indiquer l’origine de la domination des Dames de Remiremont ; mais elle était fort ancienne, ainsi que le constatent des titres de 1449, 1475 concernant Longemer[59], propriété du Chapitre.

Il est probable que ces droits venaient de la première possession du pays faite par l’abbaye de Remiremont à Longemer et de la dépendance de Gérardmer du ban de Vagney.

À l’époque dont nous parlons (1567), Gérardmer était dans une situation très prospère ; la commune put prêter 150.000 à Charles III[60], lors d’un emprunt que ce duc fit sur ses sujets. La rente de cet emprunt était payée à la commune, au taux de 5%, par le receveur d’Arches. Ce dernier ayant négligé de payer la rente[61], les habitants réclamèrent au duc, qui s’empressa de leur donner satisfaction.

Cette prospérité financière dura peu. Le pays fut ruiné après la guerre civile que suscitèrent, en Alsace, Georges de Brandebourg et le cardinal de Lorraine, les deux prétendants à la succession de l’évêque Jean de Manderschied.

La communauté fut trop éprouvée pour pouvoir payer ses impôts ; elle en demanda une réduction, que le duc de Lorraine lui accorda par son décret du 12 Novembre 1593, « ayant égard à la pauvreté des supplians, causée par la malignité des temps ». Il fit une réduction de 400 francs pour deux années, sur les 2.400 francs qui lui revenaient annuellement.

Droits domaniaux dits féodaux

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Après avoir fait connaître l’origine des droits des Dames de Remiremont et de Son Altesse Royale sur Gérardmer, nous groupons dans ce chapitre les droits « domaniaux », communément appelés « féodaux », que devaient les habitants de cette localité[62].

Il y avait d’abord les Coutumes ou redevances en nature comme les 12 barils de beurre fournis au duc, les 2 pintes de truites, les 4 lances en bois de sapin. Les Dames de Remiremont percevaient des redevances analogues et partageaient avec le duc le produit de la vente des fromages faits en un jour de l’année sur les chaumes.

Les redevances en argent étaient : 1) le cens ou taxe foncière perçue sur les terres acensées[63] et dont le montant augmenta avec les défrichements ; 2) la taille qui se payait par « feu », par « ménage » et qui était de 6 blancs au xvie siècle ; 3) le droit de mainmorte, que nous appelons aujourd’hui le droit de mutation ; il était perçu chaque fois que la terre changeait de maître ; 4) les banalités, droit perçu quand les vassaux d’un seigneur se servaient du moulin ou du four appartenant à ce seigneur et qu’on appelait moulin banal, four banal ; 5) le droit de pêche, car le seigneur se réservait de pêcher dans les lacs et rivières du pays ; enfin 6) un droit spécial, la taille romaine.

Nous n’ajoutons pas à cette énumération les impôts proprement dits, que nous étudierons dans un chapitre spécial.

Mainmorte

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Ce droit fut établi à Gérardmer par une ordonnance de Nicolas de Lorraine, comte de Vaudémont, tuteur de Charles III, son neveu, en date de 1554. Cette ordonnance[64] porte que : le droit de mainmorte ne rend les habitants « en aucune façon serfs ou de condition servile, ne s’étendant pas plus avant que sur ceux qui sont actuellement résidants au dit lieu, et consiste seulement en ce que, mourant un chef d’hôtel marié ou non marié, intestat[65], sans hoirs légitimes procréés de lui, les meubles qu’il délaisse sont acquis, comme mainmortables, au duc et à l’église Saint-Pierre de Remiremont ; étant, au surplus, loisible auxdits habitants et à leurs enfants, de se marier, tenir et posséder offices et bénéfices, jouir et disposer de leurs biens meubles et immeubles partout où ils seront, peuvent librement s’en aller prendre bourgeoisie ailleurs, où bon leur semblera, puis retourner à Gérardmer s’il leur plait, avec toute liberté, sans obligation d’en demander licence à personne, francs et de libre condition qu’ils sont, sans autre servitude quelconque. »

En 1715[66], les habitants demandèrent à S. A. R. d’ordonner qu’il n’y eût pas ouverture à la mainmorte lorsqu’un fils sous la puissance de père ou de mère, ou sous la tutelle d’autrui, viendra à décéder sans hoirs procréés de son corps, laissant pour héritiers des frères et sœurs.

Le duc Léopold accéda à cette demande.

Banalités

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Par lettres-patentes du 10 Décembre 1555, Nicolas de Lorraine, comte de Vaudémont, acense pour toujours à :

Jehan Claudel, de Giraulmer, pour luy, ses hoirs et ayans cause, le moulin qu’il tenait jà par cy devant, séant au dit Giraulmer, sur la rivière ou ruisseau venant de la mer ou lacq dudit Giraulmer ; et pourra ledit Jehan Claudel prendre et tourner l’eau de ladite ripvière à ses bons pointz et avantaiges et si avant qu’il sera requis et mestier en prendre pour faire mouldre et tourner le dit moulin[67].

Cet acensement est fait moyennant la somme de 12 gros de cens annuel, moitié au domaine, moitié à l’église Saint-Pierre de Remiremont, plus 6 francs d’entrée pour une fois seulement.

Le rôle des acensements de Géraulmeix fait en l’année 1554[68] mentionne ainsi un second moulin :

Demenge Cugnin doibt chacun an, au terme St Martin, à nostre souverain seigneur et à l’église de Remiremont par moityé, troys gros et demy de cense et ung gros et demy de garde à nostre dit seigneur seul, pour ung moulin séant desoub l’église dudit Giraulmeix, sur la rivière et ruisseau qui vient de la mer ou lac dudit lieu, et pour prendre l’eauwe à ladite rivière et à ses bons pointz et adventaiges, saulf le droit d’aultruy au-dessus du molin Jean Claudel, en eust à suffisance pour moldre et tourner.

En 1618, Henry II, duc de Lorraine[69] voulut augmenter le revenu de son domaine, en établissant à Gérardmer, des fours banaux dont il espérait retirer de notables profits. Il dit[70] que le droit de banalité est notoirement attribué à tous seigneurs comme marque de leur haute justice.

Les habitants de Gérardmer firent une pétition en disant que :

D’aultant qu’au ban de Gérardmer il ne se trouve aucunes terres labourables, estant contrains les dits habitans d’achepter leurs grains ez marchez des villages aux environs dont le plus proche est distant de 4 à 5 lieues, et, en retournant, les mouldre au premier moulin qu’ilz rencontrent pour l’incertitude et difficulté de les pouvoir mouldre enceux du dict Gérardmer, tant à cause du mancquement d’eau que, d’autrefois, pour en sortir sy grande abondance du lac du dit lieu, que les dits moulins en demeurent le plus souvent noyez et inutilez ; et d’ailleurs qu’ils ne peuvent faire provision de grains, pour l’impossibilité d’aller par charroiz ez chemins du dit ban, sinon du costé de Bruières, en sorte que quelquefois ilz sont si nécessiteux de farine et de pain, qu’aussy tost que quelqu’un d’entre eulx en ont amené en leurs maisons, ils sont contrainctz d’en emprunter les uns des autres, pour les rendre à mesme courtoisie et commodité, se trouvant encore parmy eulx bon nombre de menues gens quy ne peuvent achepter du pain que de jour à autre à cause de leur pauvreté ; mesmes que les maisons dudit Gérardmer estantes espanchées et fort arriérées les unes des autres, de sorte que, quand on ferait un four au milieu de leur dit ban, il ne pourait estre qu’à leur ruyne[71].

Ils demandent au duc de les exempter à perpétuité de la dite subjection de banalités pour fours et moulins à condition de payer une redevance de 6O francs à la recette d’Arches.

Le duc y consentit, en exigeant toutefois que la redevance fut portée à 80 francs.

Voici le décret relatif :

…Désirant traiter favorablement nos dits subjects et désirant soulager leurs besoins et commodités, autant que faire le pouvons…

Exemptons et déchargeons les dits habitants et communauttés de Gérardmer de la banalité des fours et moulins que nous aurions droit et pouvoir d’ériger au ban du dit village pour nous et nos successeurs.

Disposons à perpétuité…les habitants pour aller moudre leur grain et cuire leur pain à tel moulin et à tel four qu’il leur plaira…

Ils paieront au jour et terme de Noël, pour continuer tous les ans à perpétuité, la somme de 80 francs à partager entre le recebvé (receveur) d’Arches et les Dames de Remiremont.

Car ainsy nous plaist[72]

Les moulins de Gérardmer furent incendies en 1670, et leur rétablissement devant coûter 4.500 francs, les habitants demandèrent au Chapitre de Remiremont la remise du droit annuel de banalité (40 francs) ; le Chapitre accorda cette remise pour deux années seulement[73]. En 1701, la commune dut solliciter la confirmation de l’exemption du droit de banalité ; cette confirmation lui fut accordée[74]. Dans les comptes de 1708[75], la commune ne déclare posséder que quatre moulins situés sur le Lacq, dessoubs de Fourgotte (Forgotte), ez Cuves, Ensalochamp (Ensalechamp).

Droits de pêche

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Le 16 Septembre 1619, les habitants obtinrent l’acensement pour six années, à partir du 1er Janvier 1620, des deux rivières[76], « fluentes par leur ban et finage, dont l’une prend sa source au lac de Longemer et l’autre dans le village du dit Géramer, comme aussy deux ruisseaux[77] fluants par le finage d’illecques, dont l’un flue dès les Basses des Haults-Ruz jusques à la séparation du ban de Rochesson, et l’autre le long de la Basse des Ruz-de-Forgoutte », moyennant 82 fr. 6 gros pour les deux rivières et 28 francs pour les deux ruisseaux, moitié au Chapitre de Remiremont « à condition qu’ilz ne dépeupleront les dites rivières et ruisseaux, ainsi les entretiendront deuement empoissonnés, aux peines portées par les ordonnances[78]. »

La commune pouvait alors affermer le droit de pêche à des particuliers. En 1665, ce droit fut porté à 53 francs par année.

Quant au lac de Gérardmer, il était une propriété communale et il fut loué par baux de 3 années.

Taille romaine

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Un article de dépense des syndics pour 1723[79] mentionne qu’ils ont payé pour les habitants de Gérardmer, au lieutenant de l’église Saint-Pierre de Remiremont, un certain droit dit la taille romaine, ce qui a fait un franc 8 gros 4 deniers pour la part du Chapitre seul.

Le droit de taille romaine avait primitivement été fixé à « vingt gros quatre deniers, que ne monte ny avalle[80]

Droits indivis entre le Duc et le Chapitre

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Avant les arrêts de 1702 et 1705, le maire de Gérardmer payait au lieutenant de l’église Saint-Pierre de Remiremont 14 francs et deux fromages. Depuis ces années il n’a plus voulu payer par année que 7 francs et un fromage qui a été vendu 2 francs 4 gros.

Une déclaration de la communauté de Gérardmer[81], datée de 1708, est ainsi conçue :

Chaque habitant faisant feu et ménage doit à S. A. R. et au Chapitre de Remiremont 2 francs pour droit d’affouage, pâturage et marnage dans les bois qui sont communs à Sadite Altesse et au dit Chapitre, et 1 franc 6 gros aux officiers et forestiers d’Arches et Bruyères.

Les habitants doivent au domaine 910 francs de cens annuel, tant pour héritages acensés anciennement, qu’aultres appelés les terres de surcroît, et pour rachat de faciende de tavernes… sont mainmortables à S. A. R. et au Chapitre pour les meubles seulement. Ceux qui résident aux respandises sont mainmortables à S. A. seule, aussi pour les meubles seulement.

Armoiries de Gérardmer

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Pendant plus d’un siècle, Gérardmer n’avait pas retrouvé ses anciennes armoiries ; elles furent retrouvées pour la première fois à Nancy, en 1884, par M. V. Cuny, originaire de Gérardmer, et la découverte en fut publiée dans le journal de L’Archéologie lorraine, numéro de Juin de la même année, par M. Léon Germain.

Cette découverte faite au dehors nous a engagé à redoubler d’activité dans nos recherches parmi les archives communales pour retrouver l’emblème communal. Nos efforts ont été couronnés de succès, et au mois de Décembre 1891, dans une liasse de papiers non catalogués, nous avons trouvé une empreinte absolument intacte et entière du sceau de Gérardmer au siècle dernier.

Le document dont il s’agit[82] est un certificat délivré par les maire et sindic de la localité, en 1768[83], à un sieur « Sébastien Haxaire, marchand », habitant de Gérardmer, qui « avait acheté un cheval à Lazare, juif d’Alsace ». Ce cheval étant mort peu de temps après l’achat, Haxaire fit procéder à l’autopsie de l’animal, et il fut constaté que la bête était « pourrie au cœur et au foie » (cheval morveux). C’est ce que relate le procès-verbal en question, terminé par ces mots : « En foi de quoy nous avons apposé le cachet de notre sus dite communauté, sous l’empreinte d’un cerf, pour servir et valoir au dit Haxaire en cas de besoin. »

Au verso de la pièce, dans la marge, se trouve l’empreinte à la cire rouge du sceau communal. Elle est nettement conservée ; en voici la description : c’est un sceau circulaire, de 0m02 de diamètre, au centre duquel est placé un cerf qui passe. Les côtés sont garnis par deux branches de laurier qui se relient par le bas. En haut se trouve gravé le mot : GÉRARDMER.

Il est évident que le cerf fait allusion aux forêts étendues qui occupaient au siècle dernier la presque totalité de la superficie de Gérardmer.

Les habitants de Gérardmer devront donc abandonner[84] les belles armes, purement légendaires, qu’ils ont adoptées en 1866, et qui sont magnifiquement brodées sur la riche bannière offerte par les dames de la ville à l’Union musicale (harmonie).

Rappelons dans quelles circonstances furent créées ces armes.

Au moment des fêtes données à l’occasion du centenaire de la réunion de la Lorraine à la France, quand on voulut représenter dans la galerie des Cerfs du Palais ducal les armoiries des principales communes de la Lorraine, il fut impossible de découvrir celles de Gérardmer ; on en créa pour la circonstance. L’idée de faire des armes rappelant la légende qui attribue la fondation de Gérardmer à Gérard d’Alsace est de M. Adam, substitut à Nancy ; la rédaction et le dessin, de M. Lapaix, auteur de l’Armorial des Villes de Lorraine (Nancy 1868, p. 300.).

M. Lapaix dit à ce sujet : « Les armes de Gérardmer sont d’azur au chevalier vêtu d’argent, monté sur un cheval de même, harnaché de gueules ; le chevalier tenant une oriflamme d’or chargée d’un alérion de gueules, le tout posé sur un tertre de sinople, au-dessus d’un lac d’argent coulant jusqu’en pointe. »

Ces armes ont vécu.

Clergé

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La Paroisse de Gérardmer

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Pendant plusieurs siècles, les habitants de Gérardmer ne possédèrent sur leur territoire d’autre édifice religieux que la petite chapelle érigée par Bilon et dédiée aux saints Gérard et Barthélemy. Ils étaient obligés d’aller à Gerbépaulx (Gerbépal) pour assister aux offices et recevoir les sacrements.

Cette dernière localité était, depuis le commencement du xvie siècle, le siège d’une chapelle vicariale relevant de la cure de Corcieux et desservie par un vicaire résident.

Les habitants de Gérardmer étaient, pour ce fait, sujets à certaines redevances envers ceux de Gerbépaulx ; ils devaient notamment contribuer aux réparations et à l’entretien de l’église de Gerbépaulx.

Une matrone (sage-femme) de Gérardmer ayant péri dans les eaux grossies de la Vologne, avec l’enfant qu’elle portait au baptême à Gerbépal, cet accident engagea les habitants à former une paroisse ; mais ils ne furent pas distraits de l’église vicariale de Gerbépal sans contestation. Après maints pourparlers, une transaction termina le différend. Aux termes de cette transaction, les habitants de Gérardmer furent déchargés des redevances prétendues par ceux de Gerbépaulx, et détachés de leur église, moyennant une somme de deux cents francs[85] (1563, 24 Mars).

Dès l’année 1540, les habitants de Gérardmer élevèrent, sur le bord de la Jamagne, non loin de l’emplacement prétendu de la Tour de Gérard d’Alsace, une chapelle dédiée à saint Gérard et saint Barthélemy ; ils obtinrent deux ans après l’autorisation de ne plus porter leurs morts à Gerbépaulx[86], mais la chapelle vicariale de Gérardmer dépendit de la cure de Corcieux.

Le curé de Corcieux, en donnant son assentiment à l’érection d’un vicariat à Gérardmer, avait imposé aux habitants de cette localité une redevance annuelle de « vingt barils de bon beurre, bien recevable, à telle mesure qu’ils paient et livrent au sieur de Hadstatt, ledit beurre mis et livré dans des saillettes et fourni au terme de la Purification Notre-Dame, et douze fromages des hautes chaumes payables à la Saint-Barthélémy, à charge par le curé de Corcieux de défrayer les deux marguilliers et le cheval qui en effectuaient le transport[87]. »

Le droit fut acquitté régulièrement dès l’origine, puisque le sieur Coppat, curé de Corcieux, écrivit aux habitants de Gérardmer une lettre de remercîment[88] que nous avons cru devoir reproduire pour donner une idée du style de l’époque. Cette lettre, datée du 5 Octobre 1680, fut envoyée de Corcieux. Elle est un modèle de calligraphie :

Messieurs,

Pendant le temps que j’ai eu l’honneur de demeurer à Gérardmer, je me suis trouvé si confus parmy ses bienfaits et les honneurs que j’y ai receu de vostre communauté, que dans ce ravissement continuel il ne m’a jamais esté possible de trouver des paroles qui fussent dignes de vous exprimer mon ressentiment et ma gloire. Maintenant que mon esprit semble un peu plus libre, je suis contraint d’avouer qu’il n’y a point d’éloquence au monde qui ne soit au-dessous de vos honnêtetés. Et il faut certainement qu’elle soit bien généralle, puisqu’elle s’est estandue jusqu’à moy, qui suis à mon grand regret le plus inutile de tous ceux qui se sont jamais vouëz à votre service. Et le plus grand desplaisir qui me reste maintenant, c’est de m’estre séparez de vous, Messieurs, sans vous avoir servuie comme vous méritiez, et de ne m’estre pas rendus digne de l’honneur de vostre amitié. C’est pourquoy maintenant je n’ay rien tant à craindre, sinon la perte de vostre bon souvenir que je vous supplie de me conserver toujours, et plût à Dieu que je peusse remercier de vive voix toute la communauté en particulier, et vous faire voir au défaut de toute reconnaissance, un visage où le ressentiment[89] de vos bienfaits est aussi bien peint que celuy de ma douleur ; mais puisque cela ne se peut, contentez-vous, Messieurs, s’il vous plaist, d’un adieu, et assurez-vous qu’en quelque part que je sois, je me conserveray toujours la mémoire de vostre bonté, qui seule m’oblige encore à faire estat de la vie, sur l’espérance que j’ay que Dieu ne permettra pas que je demeure ingrat envers vous et qu’il me fera pas la grâce de vous témoigner un jour par des preuves infaillibles que je suis avec respect,

Messieurs,
Votre très humble et très obéissant serviteur,
G. Coppat, indigne prêtre.

Dans la suite, ce droit fut l’objet de nombreuses contestations[90]. En 1700, les habitants de Cérardmer s’adressèrent à un « advocat » de Remiremont, pour savoir s’ils ne pourraient faire casser le titre qui donnait droit de redevance au curé de Corcieux et pour obtenir un vicaire perpétuel.

En 1723[91], éclata un conflit de juridiction entre les curés de Corcieux et de Gerbépal. Ce dernier voulait reprendre à son profit les redevances que touchait le curé de Corcieux sur Gérardmer. Dans ce but, le curé de Gerbépal fit assigner les maire, commis et habitants de la commune de Gérardmer ; ce que voyant, le curé de Corcieux s’engagea à soutenir à ses frais et dépens les poursuites intentées à la commune par le sieur Vautrin.

Le différend ayant été soumis à l’évêque de Toul, le curé de Gerbépal, écrivit au maire de Gérardmer pour le prier d’engager les habitants et les vicaires à garder la neutralité entre Gerbépal et Corcieux. Sa lettre n’est pas moins curieuse que celle du curé Coppat ; aussi nous la donnons également in extenso :

C’est malgré moy quand je fais donner assignation, il ny a personne qui haisse les procet que moy. Croyez Monsieur, et soyez persuadé que quand je fais assigner les habitans de Gérardmer, ce n’est pas pour en tirer du profit, ce n’est que pour soutenir des droits qui me paroisse apparant.

En outre je ne fais rien et ne feray que de volonté et du conseil de Mgr Nostre Évesque et de son Grand Vicaire qui m’ont même chargé de vous dire ou vous escrire que le meilleur party pour vous, Messieurs, estoit de demeurer dans l’inaction, aussi bien que Messieurs vos vicaires qui ont prit ou veulent prendre le fait party qui est à choisir ; quelle consolation auriez-vous quand vous vous opposeray aux volontés d’un Évesque pour vous soustraire d’une église qui a donné à vos ancestres la trace du batème et que vous avez sussé avec le lait.

Le conseil à suivre et le plus sur est celuy d’un père charitable et qui et tout œil pour voir nos nécessités ; sy par malheur la paroisse qui a l’honneur de vous avoir pour chef, par les œuvres ou par d’autre peine dont se sert le Seigneur pour punir nos péchez vous réduisait à un aussy petit nombre que vous ne puissiez entretenir un ministre du Seigneur et ou église à racomoder quelle serait l’endroit que choisiriez, serait-ce Corcieux. Mais vous opposeray l’éloignement des lieux, les frimats et les neiges vous empêchent il faut vous arrester à une église plus proche, quelle est cette église, sinon celle pour laquelle vos prédécesseur ont eut tant de respect et de vénération. Et quand il sen sont séparez les anciens ne l’ont point oublié. Si vous avez mémoire de vos bons père n’oublie point leur dévotion.

Monsieur[92] marque (écrit) que ce n’est point une chicane inventé à plaisir, c’est que l’advocat que l’on vous a donné à Nancy nast point voulu comparoître prenez vos mesures là dessus est l’avis le plus sur c’est de ne point entrer dans le procès et de faire signifier que vous vous soumettrez à ce que la Cour décidera ou Monseigneur sans ambrasser un party plustôt que l’autre, de peur qu’en soutenant pour l’un, vous nussiez des dépens, ce qui me ferait déplaisir et même je sçait que si on peut scavoir que Mr Damance vous ait donné un billet d’indemnité il ne vous servira de rien… Croyez, Monsieur, aussi bien que tous ceux de Gérardmer que je suis leur amy et que dans l’occasion je leur feray connaître.

Je suis Monsieur avec un profond respect,

Votre très humble et-obéissant serviteur
N. Vautrin, prtre et curé de Gerbépal.

Le curé de Gerbépal fut sans doute débouté de sa plainte, car les habitants de Gérardmer continuèrent à payer la redevance au curé de Corcieux.

En 1790 M. L’Huillier, curé de Corcieux, fit assigner la communauté de Gérardmer qui refusait de lui fournir les barils de beurre et les fromages. Il se plaignait de n’avoir reçu que « 20 barils de beurre[93], et 6 fromages si petits que tous n’en formaient pas un ». Il réclamait dans la huitaine 40 livres de bon beurre et 12 fromages des hautes chaumes.

Le défenseur de la communauté échoua dans sa plaidoirie, car par une ordonnance postérieure de l’évêque de Saint-Dié, les habitants de Gérardmer furent maintenus dans leur ancienne servitude, qui fut seulement abolie à l’institution canonique de la cure.

La paroisse de Gérardmer fit partie de l’évêché de Toul jusqu’en 1777 époque où l’évêché de Saint-Dié fut créé.

Elle était desservie par un prêtre vicaire en chef. Bien qu’il n’eût que le titre de vicaire dépendant de la cure de Corcieux, ce prêtre jouissait d’un bénéfice qui lui rapportait 4.500 livres[94]. Il était secondé dans son ministère par deux vicaires qu’il nourrissait ; il donnait à l’un 150 livres ; l’autre était à la charge de la Fabrique.

La cure cantonale ne fut instituée canoniquement qu’en 1804.

Liste des prêtres-vicaires en chef qui desservaient l’église de Gérardmer, annexe de la cure de Corcieux, 1686-1789 [95] :

  • 1686-1698 l’abbé Gabriel Coppat.
  • 1698-1700 id. Claude-Joseph Poirot.
  • 1700-1703 id. Nicolas-François Besançon.
  • 1703-1711 id. François Mallet.
  • 1711-1720 l’abbé Joseph Pierrot.
  • 1720-1726 id. Laurent Gouvenant.
  • 1726-1759 id. Claude-Antoine Poirot.
  • 1759-1761 id. Nicolas-Laurent Perry.
  • 1761-1766 id. Pierre-Léopold Jardot.
  • 1767-1780 id. Nicolas Georgel.
  • 1780-an II id. Jean-George Colin.

Église de Gérardmer

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Dès l’année 1628, la chapelle des saints Gérard et Barthélemy ne pouvant plus contenir le nombre des fidèles, fut agrandie et reconstruite sur les fondements de l’ancienne.

Comme cet édifice religieux se trouvait éloigné du village, la garde en était confiée à deux marguilliers qui couchaient toutes les nuits dans la sacristie. Le marguillier en chef fut toujours un membre de la famille des Viry[96] de 1629 à 1807.

La prairie dite du Champ, qui sépare l’agglomération de la chapelle du Calvaire, était à cette époque très marécageuse, ce qui ne permettait pas d’y asseoir des constructions. C’est à cette cause qu’on doit attribuer l’isolement des maisons du village d’un centre religieux autour duquel se seraient naturellement groupées les habitations, comme cela a eu lieu dans presque tous les villages.

En 1711 la population étant beaucoup augmentée (1.932 à 2.000 habitants), la chapelle vicariale se trouvait de nouveau trop étroite ; aussi les habitants de Gérardmer se réunirent-ils en assemblée afin de faire les préparatifs nécessaires pour la construction d’une nouvelle église plus vaste que l’ancienne (22 Mars 1718). Ils prirent une résolution[97] qui est signée par 250 d’entre eux.

Dès l’abord, la communauté se trouva partagée en deux camps au sujet de l’emplacement de la nouvelle église ; les uns voulaient rétablir l’ancienne, l’allonger, l’élargir et la rehausser ; les autres préféraient la construction à neuf au centre du bourg de Gérardmer ; ceux-ci, en conformité de vues avec le curé de Gérardmer, fondaient leur opinion « sur la commodité, du pasteur et du peuple, la sûreté des vases sacrés et des ornements, la décence qu’on y doit garder (à l’église) dans le service divin, qu’il n’est guère possible de bien observer dans un endroit où très souvent on arrive mouillé, par un grand froid, surtout par les grandes neiges[98]. »

Le duc de Lorraine, auquel le différend fut soumis, nomma le curé Sommier pour le trancher, et il fut décidé que l’église serait construite à neuf, au centre du village, sur le point culminant[99]. Le décret du duc qui autorisait la construction, date de 1730.

Les plans de l’édifice furent dressés par un architecte italien[100], et les travaux commencèrent en 1730.

Avant de creuser les fondations, on fut obligé de faire disparaître un énorme bloc de granit qui se trouvait à l’endroit même où est le maître-autel. Cette pierre était connue sous le nom de Roche de l’Aumerèye (de l’Aumône), parce que les pauvres avaient l’habitude de s’y placer pour demander l’aumône. Elle servait aussi d’estrade aux ménétriers dans les réjouissances populaires.

Les travaux, mis en adjudication, furent poussés avec activité, et l’église fut consacrée le 18 Août 1732.

Le petit dôme qui surmonte le chœur fut mis en adjudication en 1737 pour la somme de 750 francs[101], quant à la tour, elle ne fut édifiée que quelques années plus tard ; elle avait 80 pieds de hauteur[102]. On la surmonta d’une flèche[103] qui avait une hauteur presque égale, ce qui occasionna sa chute. La flèche fut effectivement renversée par un coup de vent le 18 Février 1756. Dans sa chute, elle endommagea gravement une partie de la toiture de la nef et brisa les lambris.

La flèche fut remplacée en 1763 par le dôme qui existe encore. L’adjudication de ce dôme[104] se monta à 1.050 francs, sans compter les transports de matériaux et fournitures de bois. La commune prit les fonds nécessaires sur les dommages-intérêts versés pour délits forestiers, savoir :

rr Sur les forêts dépendant de Saint-Dié &amp ; 232 fr.

— d’Épinal &amp ; 7o fr.

Enfin, elle y affecta en produit de ventes de bois &amp ; 334 fr.

L’église de Gérardmer fut un travail remarquable pour l’époque. Sa construction coûta 112.000 francs, sans compter les nombreuses corvées que firent les habitants.

La tradition rapporte que ceux dont la demeure était éloignée du village ne manquaient pas d’apporter pour l’édifice une pierre dont le poids était proportionné à leur force, et que l’ancien chemin vicinal de Gérardmer à Vagney doit son origine aux fréquents voyages des montagnards du Phény. Les pierres de taille, en grès vosgien, de l’église et de la tour proviennent des carrières de cette localité, abandonnées depuis longtemps[105].

Les ferrements et serrures de l’église furent payés au moyen du produit de la vente d’un pré communal qui depuis lors s’appela « Le Pré des Clefs[106] ».

En 1825, on éleva une chapelle sur l’emplacement de la prétendue tour de Gérard d’Alsace et des anciennes chapelles des saints Gérard et Barthélemy.

C’est la chapelle du Calvaire, entourée par le cimetière ancien où reposent les générations de 1542 à 1732 et de 1850 jusqu’à nos jours.

Depuis la construction de la nouvelle église jusqu’en 1850, on inhuma autour de cette église ; le cimetière a été depuis transformé en places et passages publics. Des pierres bornes en marquent encore les limites.

Comme les marguilliers ne couchaient plus à la sacristie depuis la reconstruction de l’église, il y eut à plusieurs reprises (3 fois depuis 1731 jusqu’en 1765), des vols commis à l’église. En 1765, le curé de Gérardmer se plaint à l’évêque de Toul qu’on a pris à l’église en linges et ornements pour environ 1.200 livres, sans toucher toutefois aux vases sacrés. Il lui demande la « permission de laisser faire un lit à niche sur la tribune de l’orgue pour y faire coucher le marguillier, comme anciennement… car toutes les fois qu’on a volé il y a eu bris de vitres, de barreaux et fracture de porte. »

L’évêque de Toul accorda l’autorisation demandée « à la condition qu’on observera la décence requise. »

La Fabrique, les Chatolliers

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La Fabrique de l’église était administrée par le curé et les chatolliers. On nommait ainsi les fabriciens de l’époque. Leur nom venait de ce qu’ils portaient – à l’origine – la chape du curé dans les cérémonies religieuses.

Les chatolliers étaient au nombre de deux. Ils étaient nommés par l’assemblée municipale et prêtaient serment entre les mains du prêtre et vicaire en chef de la paroisse. Les fonctions d’agents comptables de la fabrique leur incombaient ; ils tenaient compte sur un registre, de leurs recettes et dépenses.

Chaque année, au mois d’Avril, ils rendaient compte de leur gestion par-devant le curé de Corcieux, le vicaire en Chef de Gérardmer, le commis-lieutenant du prévôt, les maire, jurés et habitants de Gérardmer.

Cette assemblée approuvait les comptes et aussitôt après, elle désignait un chatollier pour succéder à celui des deux qui était remplacé.

Nous avons emprunté à leurs comptes[107] quelques articles qui nous ont paru intéressants à noter.

Recettes

45 livres d’un habitant de Gérardmer pour être de la confrérie de St Joseph, et 18 livres de cire.

18 fr. 5 gros provenant de donations faites aux jeunes filles qui chantaient à l’église au profit de la fabrique.

65 fr. 4 gros provenant de la vente de fromages donnés aux dites filles.

18 fr. 7 gros retirés de dedans les troncs des saints Claude et Blaise.

6 fr. donnés en offrande par un homme de Gérardmer.

12 fr. 8 gros 4 deniers pour fromages dus à la St Barthélemy.

5 fr. d’une femme pour l’enterrement de son mari.

27 fr. de la confrérie du Rosaire.

24 fr. 6 gros pour 10 livres de cire vendues au profit de la fabrique.

50 fr. d’un habitant de Gérardmer pour somme due à la communauté.

17 fr. 4 gros pour vente de 46 livres de fromage données à la communauté.

Dépenses

2.499 fr. 6 gros pour le métal des cloches de Gérardmer.

66 fr. 1 gros pour les battants des dites cloches et pour les attacher.

51 fr. 4 gros pour la croix posée au-dessus de la tour de l’église.

38 fr. 4 gros au marguillier, pour les hosties faites pendant une année.

33 fr. 6 gros pour achat de fromages dus au curé (de Corcieux).

42 fr. aux Révérends Pères de Saint-Joseph, pour messes dites à l’intention de la communauté.

17 fr. 4 gros pour le vin qu’un homme de Gérardmer a fourni pendant un an pour la communion.

15 fr. 9 gros pour peinture du devant de l’autel.

2 fr. 1 gros pour un petit baril pour mettre le beurre du curé (de Corcieux).

149 fr. 7 gros pour journées de travail à la maison curiale.

1 fr. 4 gros pour raccommodage des chandeliers de l’église.

16 fr. pour le paiement du chantre ;

250 fr. empruntés par la fabrique à trois particuliers.

|l|rrr|rrr|rrr|l| Année &amp ; &amp ; &amp ; &amp ; Chatolliers
&amp ; Fr. &amp ; Gr. &amp ; Den. &amp ; Fr. &amp ; Gr. &amp ; Den. &amp ; Fr. &amp ; Gr. &amp ; Den. &amp ;
1678-79 &amp ; 6.614 &amp ; 11 &amp ; 12 &amp ; 7.501 &amp ; 8 &amp ; 8 &amp ; – 886 &amp ; 8 &amp ; 12 &amp ; C. Morel, J. Villaume
1679-80 &amp ; 3.518 &amp ; 7 &amp ; 12 &amp ; 3.890 &amp ; 7 &amp ; 8 &amp ; – 378 &amp ; 11 &amp ; 4 &amp ; Id., Id.
1680-81 &amp ; 1.043 &amp ; 7 &amp ; 12 &amp ; 1.198 &amp ; 1 &amp ; 8 &amp ; – 154 &amp ; 6 &amp ; 8 &amp ; N.-Dieud. Leroy
1681-82 &amp ; 982 &amp ; 1 &amp ; 10 &amp ; 800 &amp ; 11 &amp ; 8 &amp ; + 181 &amp ; 2 &amp ; 2 &amp ; Nicolas Grossire
1682-83 &amp ; 1.233 &amp ; 2 &amp ; 6 &amp ; 932 &amp ; 2 &amp ; 8 &amp ; + 301 &amp ; 2 &amp ; 6 &amp ; Id.
1683-84 &amp ; 1.214 &amp ; 11 &amp ; 2 &amp ; 830 &amp ; 9 &amp ; 8 &amp ; + 383 &amp ; 2 &amp ; 2 &amp ; Id. et Th. Viry
1684-85 &amp ; 1.934 &amp ; 11 &amp ; 2 &amp ; 2.193 &amp ; 5 &amp ; 8 &amp ; – 265 &amp ; 5 &amp ; 14 &amp ; Dque Le Roy et Id.

Les chatolliers recevaient les donations faites à la Fabrique pour des messes, des aumônes ou autres œuvres pies.

Nous avons retrouvé, dans une boîte en sapin, dite boîte d’Allemagne, cachée sous de vieux papiers, un grand nombre de parchemins relatifs à ces donations. (Pièces non classées). Ce sont des actes authentiques (notariés) rédigés à peu près tous sur les deux formules stéréotypées qui suivent :

1) « … Considérant la brièveté de cette vie et l’incertitude de l’heure de la mort, voulant procurer du soulagement spirituel tant à son âme qu’à celle de son mari défunt (ou sa femme défunte)… Reconnaissant d’ailleurs qu’il n’y a rien de plus juste que de rendre à Dieu une partie des biens qu’il a plu à sa Divine Majesté de leur prester… »

2) « Au nom de la Très Sainte et Indivise Trinité, Père, Fils et St Esprit, Amen. Je, Nicolas Le Roy de Gérardmer, considérant qu’estant en mes bons sens advis et entendement quoy que alité de maladie, et qu’il n’y a rien de plus certain que la mort et l’heure d’icelle incertaine, craignant de mourir intestat sans avoir disposé des biens que Dieu m’a presté en ce mortel monde, mercy à lui, sachant bien mesme qu’il n’y a rien de plus asseuré (assuré) pour les mortels que les aulmosnes et bien faitz des vivants… »

De 1598 à 1797, soit pendant deux siècles, nous avons relevé dans les documents précités une quarantaine de donations. Les plus importantes sont les suivantes :

1713. N. Toussaint, don de 1.050 francs pour 12 messes hautes de Requiem par an.

1744. Cl. Mougel, don de 900 francs pour 4 messes hautes chaque quatre-temps, avec un nocturne, des vigiles, le Libera et un De profundis pour le repos des pauvres âmes abandonnées. Il sera donné 5 francs au vicaire, 9 gros au maître d’escole et 6 gros au marguillier.

1752. J.-B. Viry, don de 1.000 francs, dont 400 à la fabrique et 600 au bureau des pauvres, à répartir ainsi : la rente de 400 francs pour nourrir et entretenir les pauvres. – La rente de 200 francs pour payer l’écolage des enfants pauvres ; – La rente de 400 francs pour 2 messes hautes du jour avec un nocturne de vigiles du précédent et le Libera à la fin de chacune. Le curé aura 4 francs par messe, le maître d’escole 9 gros, le marguillier 6 gros.

Les chatolliers qui reçurent ces donations appartenaient aux familles suivantes :

Bastien. – Costet. – Coutret. – Demenge. – De Franoult. – Gérard. – Gegoult. – Gley. – Haxaire. – Jacquot. – Le Roy. – Maurion. – Morel. – Martin. – Parmentelat. – Pierrat. – Pierrel. – Perrin. – Simon. – Thomas. – Villiaume. – Viry.

Les actes furent établis ordinairement par les tabellions communaux dont voici les noms :

C. Claudel. – Morel. – Gérard. – Collot. – Paxion. – Claudel. au Tholy.

Leurs offices étaient héréditaires.

Les prêtres-vicaires en chef qui assistaient les chatolliers furent :

J. Poirot. – Sonrel. – C. Poirot. – C. Comte. – L. Jacquemin, bachelier en Ste Théologie, chanoine en l’église Saint-Pierre-du-Vic (1679). – F. Mallet. – J. Poirot. – C. Poirot. – Jardot. – Corizot.

En 1790, la Chambre des Comptes de Lorraine, par une ordonnance du 12 Février, demanda la déclaration des rentes et redevances perçues par les prêtres, fabriques, confréries, etc.

Voici quelles furent les déclarations faites pour Gérardmer (Papiers non classés).

Le sieur Colin, prêtre-vicaire en chef, « possède en biens-fonds 4 petites zilles de prey » exploitées par lui, qui « pourraient se louer annuellement 6 gros l’une. »

Les revenus d’Augustin Le Roy, prêtre résidant à Gérardmer, sont:

Une pension viagère de Sa Majesté polonaise de 200 livres.
Une pension des Quinze-Vingts sur l’hôpital royal de 300 –
Revenu annuel d’un patrimoine situé sur Gérardmer 200 –

Augustin Gégout, receveur de la Confrérie du Saint-Rosaire, accuse le bilan suivant :

Recettes : Provenant de location de biens-fonds 38l 18s 6den
Rentes constituées 10l
Dépenses 15l 14s 6den

Nicolas Cunin, fabricien de la paroisse, donne pour le budget de la fabrique :

Recettes : Location de biens-fonds 162l 16s
Rentes constituées 711l 19s
Dépenses 853l 5s 6den

Comme au xviie siècle, ce budget se solde en déficit.

Gérard Le Roy, receveur de la Confrérie des Morts, établit le compte suivant :

Recettes en location de biens-fonds et rentes constituées 158l 17s 4den
Dépenses 43l 18s 9den

Enfin Joseph Garnier, receveur de la Confrérie de Saint-Crépin, présente le budget qui suit :

Recettes. Rentes constituées 166l 10s 3den
Dépenses 99l 10s 6den

Cloches

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Des cloches furent placées dans la tour de l’église nouvelle ; car on trouve plusieurs titres se rapportant au paiement ou à la réparation des cloches.

Par un traité[108] passé le 6 Septembre 1720, le nommé Pierre Rozier, fondeur à Bréval, se soumet à fondre une nouvelle cloche, du même poids que celle qui est fendue au clocher, moyennant la somme de 300 livres payables aussitôt que la cloche sera posée.

En 1761, en vertu de deux traités passés avec la communauté les 8 Février et 7 Août, deux fondeurs s’engagent à refondre la grosse cloche de l’église et à la mettre d’accord avec les deux autres.

Le 25 Août 1763, le sieur N. Antoine signe un traité par lequel il s’engage envers la communauté à refondre la grosse cloche qui est cassée, moyennant une somme de 201 livres et demie.

Enfin le 1er Août 1765, les maire, syndics et jurés s’assemblent pour délibérer sur le remboursement de 401 livres dues aux fondeurs de cloches. Ils demandent à l’Intendant de leur permettre de percevoir les deux tiers des rentes, dommages-intérêts qui peuvent leur revenir des bois communaux dépendant de la maîtrise de Saint-Dié. Cette autorisation leur fut accordée.

Maison curiale

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La maison curiale fut rebâtie à neuf dès 1735. À cette époque, la communauté sollicita de S. A. R. l’autorisation d’établir une maison de cure. La demande représente :

Qu’il y a deux curés ; ils n’ont qu’une petite cuisine un petit poële et une chambre très serrée. Il faut souvent faire venir des religieux étrangers pour entendre les confessions.

Les habitants demandent un secours pour la construction du presbytère. Ils se trouvent dans une situation gênée pour avoir supporté toutes les impositions. Ils demandent la permission d’aliéner sans aucun cens la quantité de 30 jours de terrain communal.

La demande est signée par 21 personnes.

Cette requête fut octroyée, aussi la communauté mit-elle immédiatement les travaux en adjudication. MM. Bonnard et Remy furent adjudicataires pour la somme de 3.600 livres.

La communauté s’engageait à fournir les planches et les essis, à faire vider les fondations. Elle se réservait la fourniture de la chaux et la conduite des pierres.

La réception de la maison curiale eut lieu le 20 Juillet 1737.

Nous avons trouvé, jointes au dossier, les pièces suivantes :

1) Une quittance de 2.798 livres signée par les entrepreneurs de la maison.

2) Une délibération des maire, jurés et fabriciens de la communauté de Gérardmer par laquelle ils accordent une indemnité de 240 livres pour les entrepreneurs de la maison curiale (travaux non mentionnés dans l’inventaire.)

3) Un rôle de conduite des pierres moyennant 4 sous par pied.

4) Les devis des ouvrages à faire pour la construction du bâtiment dont il s’agit, et les plans de ce bâtiment[109].

Comme nous l’avons vu précédemment, le curé fut chargé jusqu’en 1789 de la tenue des actes de l’état civil. Il suit de là que les protestants et les juifs n’avaient pas d’état civil avant la Révolution, ce qui rend difficiles les recherches concernant les cultes dissidents.

Cependant nous pensons qu’avant 1789 il n’y avait pas de membres de la religion réformée ; en 1807, la statistique n’en accuse que deux qui habitaient dans la section du Lac.

Aujourd’hui que les querelles religieuses sont moins vives et que Gérardmer est par excellence un pays hospitalier pour l’étranger, on compte encore fort peu de dissidents. La grande masse de la population, celle de la montagne surtout, est restée fidèle au culte catholique.

Pendant tout le Moyen âge, les juifs furent persécutés. « On les massacra à Metz, à Verdun et dans d’autres villes »[110] et les Croisés, avant leur départ pour la Croisade, furent leurs plus ardents bourreaux.

Sous le règne de Simon II (1182) « une ordonnance dépouilla de leurs biens et expulsa de Lorraine les juifs accusés de parodier dans leurs synagogues, les cérémonies de la religion chrétienne[111]. »

Ils revinrent un siècle plus tard et s’établirent à Nancy, à Saint-Dié où on leur concéda un terrain vide de la rue Princière ; « mais un crime horrible commis par l’un d’eux, et un sacrilège dont quelques autres se rendirent coupables, excitèrent une telle indignation qu’ils furent chassés peu de temps après leur établissement[112]. »

Pendant le cours du xve siècle, l’animadversion populaire poursuivit sans relâche les juifs qui étaient négociants. Néanmoins beaucoup de villes leur ouvrirent leurs portes, et dès la fin du xviie siècle ils étaient établis à Tanviller. Mais Léopold se repentit de sa clémence ; par une ordonnance du 5 Août 1700, il ordonna que « les calvinistes et les juifs vuideraient les états de S. A. dans le délai de trois mois ; eux, leurs enfants, à peine d’y être contraints par toutes voyes dües et raisonnables, même par la confiscation de leurs biens meubles et immeubles[113]. »

Quelques années plus tard, les juifs furent tolérés en Lorraine, moyennant une redevance de 10.000 livres, et Stanislas « leur permit d’élire un rabbin (ce qui ne leur avait jamais été accordé), et de former une assemblée à Morhange pour rédiger les règlements qui devaient leur tenir lieu de loi civile[114]. »

Pour mettre fin à ces mesures vexatoires, il ne fallait rien moins que la Révolution française, qui accorda à tous les citoyens la liberté du culte.

Les premiers juifs qui entrèrent en relations d’affaires avec les habitants de Gérardmer furent des marchands de bestiaux. Dès 1768, les archives[115] relatent les achats de chevaux faits par plusieurs habitants de la montagne, à Lazare, « juif d’Alsace. »

Vers 1830, plusieurs israélites[116] vinrent s’établir à Gérardmer et y fonder des maisons de commerce qui, pour la plupart, ont prospéré. Actuellement la communauté israélite compte 23 familles et 113 personnes.

Assistance publique

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En 1789, il n’y avait à Gérardmer, en dehors du Bureau des Pauvres, aucun établissement de bienfaisance ; mais les malheureux ne manquaient pas pour cela, car de tout temps, même dans les contrées les plus prospères, il y a eu des nécessiteux[117].

Dès l’année 1573, les États-Généraux de Lorraine avaient voté une véritable taxe des pauvres, et le duc avait nommé dans chaque lieu, des collecteurs chargés de faire la perception et la distribution de l’impôt dont il s’agit. Mais soit que les États n’eussent pas jugé à propos de maintenir la taxe, soit qu’elle n’ait pas été régulièrement perçue, on continua à mendier comme auparavant. Aussi par une ordonnance de 1597, le duc Charles prescrivit-il l’aumône légale publique. Voici en quoi consistait cet impôt, assez léger du reste : tous les ans le conseil des jurés « cotisait les bourgeois d’après les ressources présumées de chacun d’eux, exigeait le paiement de la taxe et en faisait distribuer le produit aux indigents désignés par les inspecteurs du quartier ». De plus, en 1626, le duc Charles IV ordonna « que sur les certificats des curés, les pauvres de la capitale (Nancy) seraient secourus et soulagés par les médecins, chirurgiens et apothicaires, aux frais de l’aumône publique ; que les mendiants étrangers seraient hébergés pour une nuit et conduits hors des murs le lendemain matin[118]. »

Léopold Bexon[119] nous apprend que :

La charité s’exerce à Gérardmer dans toute son étendue et avec édification. La femme pauvre, en couches, est aussi bien traitée, soulagée par le secours de ses voisins d’une demi-lieue, que la plus riche. Un malade est exactement visité et soigné par ses voisins dont les plus près sont souvent d’une demi-lieue, avec plus d’attention que ne le sont ordinairement ceux des villes par leurs voisins. Si c’est un pauvre, chacun s’empresse de porter pour lui fournir un bon lit, de pourvoir à tous ses besoins, en vin, confiture, etc., et, à sa convalescence, en bonne nourriture et habillements. Un chatollier recueille les charités parmi les fidèles à l’église ; cette cueillette va ordinairement de 10 à 12 livres, de façon qu’un pauvre, en convalescence, l’est moins que lorsqu’il est tombé malade.

Le tableau est flatteur ; Léopold Bexon ne pouvait du reste désobliger ses compatriotes.

Nous ajouterons qu’en outre des pauvres honteux dont il vient d’être parlé, il y avait, à Gérardmer, beaucoup de mendiants exemptés de payer l’impôt. Ils étaient à la charge de la communauté.

Nous en avons relevé (ci-dessous) la série en mettant en regard le nombre des habitants et celui des imposés. Nous avons pu ainsi établir les variations du nombre des pauvres par périodes décennales.

[h]

|p1.5cm|c|c|c|p2cm|p2cm|
&amp ; &amp ;
Années &amp ; d’habitants &amp ; des imposés &amp ; des pauvres &amp ; sur celui des habitants &amp ; sur celui des imposés 1721 &amp ; 1. 700 &amp ; 521 &amp ; 41 &amp ; 2.3 &amp ; 8 1731 &amp ; 1.500 &amp ; 506 &amp ; 75 &amp ; 5. &amp ; 14 1741 &amp ; 2.000 &amp ; 543 &amp ; 70 &amp ; 3.5 &amp ; 13 1751 &amp ; 2.400 &amp ; 579 &amp ; 77 &amp ; 3.2 &amp ; 14 1761 &amp ; 3.000 &amp ; 593 &amp ; 110 &amp ; 3.7 &amp ; 19 1771 &amp ; 3.302 &amp ; 594 &amp ; 190 &amp ; 5.7 &amp ; 32 1781 &amp ; 3.700 &amp ; 627 &amp ; 237 &amp ; 6.4 &amp ; 44 Totaux &amp ; 17.602 &amp ; 3.963 &amp ; 800 &amp ; 29.8 &amp ; 144 Moyennes décennales &amp ; 2.514 &amp ; 567 &amp ; 114 &amp ; 4.2 &amp ; 20.5

[h]

|p1.3cm|p1.1cm|p1.3cm|p1.3cm|p1.2cm|p1.3cm|p1.5cm|p1.4cm| Population &amp ; Feux &amp ; Pauvres ne payant pas de taxe &amp ; Pauvres payant 1 ou 2 journées de travail &amp ; Vieillards incapables &amp ; Infirmes &amp ; Enfants de pauvres au-dessous de 14 ans &amp ; Total des individus à secourir 4.062 &amp ; 833 &amp ; 243 &amp ; 56 &amp ; 43 &amp ; 61 &amp ; 307 &amp ; 504

La dépense pour les nécessiteux de l’année 1789 s’éleva à 14.500 francs, dont la municipalité disposait par donations ou contrats.

Chose curieuse : Gérardmer, qui était sous la juridiction de Remiremont, aurait dû pouvoir faire admettre quelques-uns de ses pauvres à l’hôpital de Remiremont. Cette faveur lui fut toujours refusée, bien que ceux qui étaient dans le cas de faire des legs par testament dussent tester en faveur de cet hôpital.

Bureau des pauvres

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Le Bureau des Pauvres – aujourd’hui le Bureau de Bienfaisance – était chargé de recueillir les aumônes et de les répartir entre les nécessiteux de Gérardmer. Ce bureau, présidé par le curé, était composé des notables de la commune ; il se réunissait trois ou quatre fois l’année pour recevoir les comptes de ceux de ses membres qu’il avait élus pour recueillir les fonds ou en faire la répartition.

En principe, le bureau ne donnait pas d’aumône en argent, mais des secours en nourriture et en vêtements. Le registre des comptes de ce bureau pour l’année 1719[120] contient plusieurs traités conclus entre la communauté et deux boulangers du lieu pour la confection et la fourniture de pain aux pauvres. Ces boulangers n’avaient pas de salaire ; mais ils tiraient sur la communauté un sou par livre pour la moitié du pain délivré aux indigents, et trois liards pour l’autre moitié. Ils devaient une remise de 5 francs chacun et s’engageaient pour trois mois.

Les adjudications pour les fournitures des indigents furent toujours tenues exactement, même pendant la période si troublée de la Révolution.

Le 18 Novembre 1792, l’assemblée municipale décida, pour assurer l’entretien des malheureux, la construction de greniers fermant à clef, « pouvant contenir 30 réseaux de bled ou seigle » et achetés à la Saint-Martin, époque où les grains sont le meilleur marché.

La cuisson et la distribution du pain tous les dimanches furent mises à l’enchère ; le boulanger qui cuisait le pain recevait 36 sous, cours de France, par resal de farine ; il avait en outre les sons.

La loi du 28 Juin 1793 ayant ordonné la création d’agence de secours, la municipalité s’empressa de nommer des commissaires pour répartir « les secours accordés aux familles pauvres des défenseurs de la patrie ». Le commissaire de Gérardmer, le 11 pluviôse an II, toucha pour ce fait 3.681 livres, 11 gros, 7 deniers.

Les rentes des pauvres (rentes à percevoir chez les locataires du bureau ou ses débiteurs), étaient également affermées en adjudication.

Pour l’an II, la redevance était de 6 deniers par livre de rente ; le droit de les percevoir, pour l’an IV, fut adjugé à moitié prix.

Le bureau des pauvres était administré en l’an II par A.-P. Valentin, manœuvre, demeurant à la section de Forgotte ; Nicolas-Gérard Martin, marcaire à Xonrupt ; Nicolas Grossire, marcaire aux Gouttridos.

Pour l’an IV, les administrateurs étaient : Gérard Le Roy, de Forgotte ; Gérard Jacquot, du Marché ; Valentin Gegout ; Jean-Baptiste Viry et Joseph-Hubert Didier, des Berleux, car la municipalité « se confiait dans le zèle, la probité, l’activité, le patriotisme et l’humanité de ces citoyens[121]. »

Budget des pauvres

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Les ressources dont le bureau des pauvres disposait provenaient de deux sources différentes :

  1. des quêtes faites à l’église paroissiale par le marguillier, certains jours désignés,
  2. de donations faites par les particuliers,
  3. d’amendes imposées par la municipalité pour les contraventions.

Les quêtes faites à l’église rapportaient en moyenne 10 à 12 francs chacune.

Les principales donations faites au bureau des pauvres furent les suivantes :

En 1798, donation testamentaire par Joseph-Gérard Viry et sa femme, d’une somme annuelle de 35 francs.

En 1752, pareille donation par Jean-Jacques Valentin et sa femme, d’une somme annuelle de 120 francs.

En 1777, vente d’une maison pour la somme de 3.072 francs. Il était dû au bureau des pauvres 1.812 francs sur le prix de cette maison[122].

Nous donnons ci-après les budgets annuels du bureau des pauvres par périodes décennales, d’après les registres déposés aux archives communales[123].

Années Recettes Dépenses Années Recettes Dépenses
1721 1.380 1.288 1761 336 458
1731 276 208 1771 409 742
1741 791 942 1781 970 852
1751 281 370 1791 504 465

Causes de la pauvreté

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La municipalité de Gérardmer, à différentes reprises, indique toujours les sources d’indigence que voici :

  1. La longueur des hivers ;
  2. La difficulté de pouvoir faire du commerce pendant l’hiver à cause de la quantité des neiges et du mauvais état des chemins ;
  3. L’ingratitude du sol ;
  4. La trop grande population ;
  5. L’absence de toute sorte de manufacture.

Aussi, comme conclusion, la municipalité exprima-t-elle toujours le désir de voir établir dans le canton une filature de fil, lin ou coton, ou une manufacture quelconque qui donnerait de l’ouvrage aux ouvriers pendant l’hiver.

À ces causes générales de malaise, il s’en ajouta une autre à la fin du xviiie siècle ; ce fut le dépeuplement des forêts par suite de la multiplication des scieries et des ventes de coupes, notamment à Belbriette. Le bois devenant rare, beaucoup de boisseliers ne purent continuer leur métier faute de matière première.

Aujourd’hui, les nombreux établissements industriels de Gérardmer offrent à l’activité de l’ouvrier un champ aussi vaste que varié ; les salaires sont élevés ; il est peu de pays où l’ouvrier laborieux puisse gagner sa vie aussi facilement qu’à Gérardmer. Cependant, malgré toutes ces conditions favorables au développement du bien-être, beaucoup de familles d’ouvriers vivent dans la gêne, parfois dans la misère.

M. F. Martin, dans son opuscule précité, n’hésite pas à voir une des principales causes de la pauvreté de l’ouvrier dans l’usage immodéré de l’eau-de-vie. C’est triste à dire!

= Acensements =


  1. Archives communales A.A.I.
  2. Il était originaire du hameau de Franoux, commune de Dommartin près de Remiremont. C’était — à ce que pensent ses descendants — un officier anobli du Chapitre, disgracié dans ce moment, on ne sait pour quelle cause.
  3. Était-il si modeste pour l’époque ?
  4. Archives communales A. A. I. Ce texte démontre clairement qu’il ne s’agissait pas, comme l’ont écrit Gravier (Histoire de Saint-Dié) et H. Lepage, d’une immigration alsacienne.
  5. Archives communales C. C. IV. Un article de recettes de 28 francs est une partie du droit d’entrée de cet arrivant.
  6. On appelait communément les Simonin, Simony, et par surnom, un peu encore par défiance instinctive envers l’étranger, les Simonary.
  7. Archives communales B. B. I, comme le précédent. Il existe encore beaucoup de descendants de ce Jollé ; leur nom s’écrit souvent avec un seul l.
  8. Archives communales A. A. I.
  9. Aujourd’hui, on écrit Bédel.
  10. Famille disparue du pays.
  11. On écrit Lecomte.
  12. On écrit Houot.
  13. Archives communales G. G. IX. On trouve aussi l’orthographe Gairnier – Gournier.
    Les Garnier devaient déjà être installés à Gérardmer avant cette date, car un des comptes du domaine d’Arches signale pour 1643 la présence de Bernard Garnier à Gérardmer (Archives de Nancy).
  14. Ce Marulaz avait servi pendant quinze années comme volontaire dans les armées de la République.
  15. Le fils du général Marulaz était général commandant une division d’armée à Paris, sous l’Empire. Il commandait la place de Besançon en 1815 ; les Alliés essayèrent de le corrompre par des offres d’argent considérables qu’il repoussa énergiquement.
    Ces renseignements nous ont été obligeamment communiqués par M. Groshens, instituteur aux Bas-Rupts (Gérardmer), qui les tient d’un descendant de la famille Marulaz, M. Nicolas Marulaz.
  16. Archives municipales, Ordonnances et Arrêtés.
  17. Au dos de l’ordonnance est la mention manuscrite d’affichage à la porte de l’église, par N. Jacques, échevin.
  18. Le Mayeur exerçait les fonctions de juge de paix (Justice locale).
  19. Manuscrit de l’abbé Didelot.
  20. D’après les registres de l’aide Saint-Remy (cote personnelle). H. Lepage.
  21. D’après un manuscrit, sans nom d’auteur, communiqué par M. Ad. Garnier, notaire honoraire.
  22. Archives communales D. D. VII.
  23. D’après H. {{sc|Lepage]].
  24. Archives communales C. C. XIII.
  25. Fermier de Longemer.
  26. H. Lepage.
  27. Archives communales C. C. XIII.
  28. T. VI, p. 314.
  29. Archives communales C. C. XIII.
  30. Id. C. C. XIV.
  31. Archives communales C. C. V.
  32. Id. C. C. XIII.
  33. Archives communales, t. VI, p. 314.
  34. Idem.
  35. Id. Statistique agricole.
  36. Archives communales. Registres des délibérations, B. B. II.
  37. id. postérieures à 1789. Population.
  38. Id. Statistique agricole.
  39. Id. postérieures à 1789. Population. Il y avait à cette date 848 feux.
  40. Archives communales C. C. XIII.
  41. Plus tard Grossire.
  42. Plus tard Coutret.
  43. Plus tard Étienne.
  44. L’orthographe n’est pas encore fixée.
  45. D’où Coladia, lieudit.
  46. Archives communales postérieures à 1789 (population).
  47. Mémoire cité.
  48. Le Département des Vosges par Léon Louis, t. V, p. 389.
  49. Tous ces renseignements et ceux qui suivent sont extraits des registres dé l’État civil.
  50. C’était M. Didierlaurent Del, dit le Père Jean Del, décédé en 1892 dans sa 91e année.
  51. Archives communales G. G. IX.
  52. Ces mentions sont fréquentes, surtout à l’époque des grandes neiges.
  53. À la campagne, de nos jours, la cérémonie consiste simplement en un banquet de famille, appelé « les accords » ou plus prosaïquement les « marchés. »
  54. Archives communales A.A.I.
  55. Archives communales D.D.VII.
  56. Résidence du sieur de Hadstatt, en Alsace.
  57. Archives communales, plusieurs copies en divers casiers. Celle que nous citons est tirée des comptes d’Arches (1594).
  58. C.C.I. 1618.
  59. Voir Longemer.
  60. H. Lepage.
  61. 1775.
  62. La classification est celle que donne M. Rambaud dans son excellent ouvrage de la Civilisation française, t. I, page 156 et suivantes.
  63. Voir Acensement.
  64. Archives communales C.C.XX.
  65. Sans testament.
  66. Archives Communales, C.C.XX.
  67. D’après H. Lepage.
  68. Comptes du domaine d’Arches, d’après H. Lepage.
  69. Duc de Calabre, Bar, Gueldre, marquis de Pont-à-Mousson, etc.
  70. Archives communales D.D.XVIII.
  71. Idem.
  72. Archives communales, D.D.XVIII.
  73. Idem.
  74. Idem.
  75. Idem. C.C.IV.
  76. La Vologne et la Jamagne.
  77. Forgotte et les Hauts-Rupts.
  78. D’après les pièces justificatives des comptes du domaine d’Arches en 1619, H. Lepage.
  79. Archives communales C.C.V.
  80. Ni ne descend.
  81. Archives communales C.C.IV.
  82. Documents non classés.
  83. Le 20 May. C’est la date la plus ancienne. Des fragments du cachet existent encore dans des lettres de 1775, 1782, 1783, 1785, liasses F.F.VII et F.F.VIII. Procès.
  84. M. Ad. Garnier, ancien notaire à Gérardmer, président de l’Union nautique, a fait graver les armes nouvelles sur les insignes de cette Société.
  85. Archives communales G.G.VI.
  86. Archives communales G.G.VI. La lettre-patente qui accorde cette dispense est signée par Anthoine des Pérégrins, évêque de Toul.
  87. Archives communales G.G.VI. Titre de 1571.
  88. Archives communales G.G.VI.
  89. Le bon souvenir.
  90. Dès 1669, une partie des fermes de Gérardmer situées près du Tholy furent séparées du ban et réunies avec celles du ban Saint-Joseph, formées de 106 granges tirées des bans de Moulins, Vagney, Tendon. Archives communales, II.1.
  91. Archives communales G.G.VI., ainsi que les documents qui suivent.
  92. Monseigneur.
  93. Les 20 barils renfermaient environ 100 livres de beurre.
  94. Léopold Bexon.
  95. Communiqués par M. le Curé de Gérardmer.
  96. La famille des Viry, une des plus anciennes et des plus nombreuses de Gérardmer, a fourni des fonctionnaires dans toutes les administrations municipales ; ses membres sont tous parents entre eux. On les appelle communément les Chan Colau.
  97. Archives communales. D.D.XII.
  98. Archives communales D.D.XII.
  99. L’altitude du seuil est d’environ 680 mètres.
  100. Ils sont aux Archives départementales et en parties aux Archives communales. D.D.XII (copies).
  101. Archives communales D.D.XII.
  102. Archives communales. Le plan de la flèche s’y trouve.
  103. Idem.
  104. Idem.
  105. Biazot, Phény, Nayemont.
  106. Route du Biazot. En face de l’usine Simonin.
  107. Archives communales G.G.II.III (1678-1685).
  108. Archives communales. D.D.XIII. Il s’agit ici des cloches de l’ancienne église.
  109. Archives communales D.D.XIV.
  110. A. Digot, Histoire de Lorraine, t. I, p. 308.
  111. Id., t. I, p. 351.
  112. A. Digot, Histoire de Lorraine, t. II, p. 144.
  113. Id. t. VI, p. 28 et 204..
  114. Id.
  115. Archives communales. Liasse non classée.
  116. Un des premiers fut M. Paris, père. Nous devons les renseignements qui suivent à son fils, M. Alfred Paris, chef de la communauté.
  117. D’après une déclaration de l’abbé Colin, prêtre-vicaire en chef de Gérardmer, il y avait, en 1790, « 1.200 pauvres, sans y comprendre ceux qui n’ayant d’autre ressource que le travail de leurs mains, deviennent indigents dès qu’ils sont malades. »
  118. A. Digot, t. V, p. 108 et 169.
  119. Mémoire précité.
  120. Archives communales G.G.IV.
  121. Archives communales postérieures à 1789. Registre des délibérations de l’assemblée municipale.
  122. Archives communales G.G.I.
  123. Id. G.G.IV et V.