Frontenac et ses amis/Deuxième Partie Chapitre I

Dussault & Proulx, Imprimeurs (p. illust-98).



DEUXIÈME PARTIE

AMIS INTIMES

CHAPITRE I


Vie tourmentée de Frontenac : ses tristesses, ses humiliations, ses déboires. — Services méconnus. — Récompenses sollicitées. — Gratifications mesquines. — Honneurs tardifs. — Lassitude des ambitions et des espérances du gouverneur.


À respirer trop longtemps cette atmosphère lourde de haines qui pèse, comme une disgrâce, sur la mémoire des Frontenacs, l’esprit et le cœur de l’écrivain impartial s’aigrissent. À son insu il lui échappe d’écrire des pages acrimonieuses comme les articles d’une polémique envenimée, pages malheureuses qu’il est tout étonné de relire, quand le sang-froid est revenu, mais qu’il laisse cependant passer à son éditeur, car elles prouvent éloquemment la sincérité de ses convictions.

Toutefois, dans cette atmosphère sociale, saturée de médisances, de calomnies et de méchants propos, flotte un parfum subtil et pénétrant, s’épanouit une fleur d’amitié qui ne se fane jamais, mais semble embaumer davantage à mesure que ses feuilles respirent les miasmes délétères, jalousies, colères, rancunes, toutes les exhalaisons des passions viles et basses montées des âmes vulgaires comme autant de buées méphitiques à la surface d’un marécage. Vraisemblablement, elles devraient tuer cette plante merveilleuse : elle ne la rendent que plus vivace et plus odoriférante.

Cette fleur d’amitié est une femme, et cette femme se nomme Henriette-Marie de Buade. Ce que Lucile devait être pour Chateaubriand, Henriette-Marie de Buade le fut pour Frontenac : une sœur incomparable et une incomparable amie. Elle aima Frontenac plus que personne au monde et plus que personne au monde Frontenac l’aima. À ce seul titre elle devrait être absolument sympathique aux Canadiens-français ; mais elle en a d’autres à leur estime et à leur souvenir.

Ce que Sainte-Beuve a dit admirablement du culte filial de Madame de Staël pour son père, on le peut répéter du culte fraternel de Frontenac pour sa sœur ; il en eut la chaleur et la durée. Je ne puis résister au plaisir de reproduire ici cette phrase du grand critique :

« Dans cette ruine successive, qui se fait en avançant, de toutes les illusions du cœur et de la pensée, un seul être mortel, un seul entre ceux d’autrefois et des plus anciennement aimés, était resté debout en son souvenir, sans atteinte, sans tache, sans diminution aucune, ni infidélité au passé, et sur cette tête auguste reposaient, immortelles et déjà célestes, toutes les flammes, ailleurs évanouies, de sa jeunesse[1]. »

Autant Anne de la Grange, la première des amis politiques de Frontenac, est un personnage méconnu, autant Henriette-Marie de Buade, la première de ses amis intimes, est inconnue dans l’histoire de notre pays. Cette étude est donc à la fois une apologie de Madame de Frontenac et une révélation de Madame de Montmort.

Mais, avant que de poursuivre la lecture de la seconde partie de ce travail, et pour mieux faire apprécier la femme d’élite qui fut Madame de Montmort, comprendre le rôle bienfaisant qu’elle joua dans la vie de son frère, le gouverneur du Canada, il convient de bien dessiner la situation morale de Frontenac à la fin de sa longue carrière politique.

Au chapitre troisième de la première partie de cette étude j’ai fait, par le détail, l’énumération des influences sociales et politiques que Frontenac mit en jeu pour s’assurer, en 1672, le poste si peu enviable et si fort envié de gouverneur du Canada. Cette simple nomenclature d’illustres amis et de puissants alliés suffit, elle seule, à bien faire connaître le milieu aristocratique où vivait Louis de Buade en France. Concevez maintenant l’effrayante solitude de ce vieillard — Frontenac avait soixante-dix ans en 1689 — vivant au château Saint-Louis plus isolé qu’un lépreux dans un lazaret. Le plus humble de ses commensaux, l’habitant, dont il enviait la chaumière, aperçue des fenêtres de son palais, était plus heureux que lui, plus entouré de sollicitudes et de tendresses. Ce misérable avait un foyer domestique, une femme, des enfants, qui le consolaient d’avoir quitté la douce et belle France. Mais lui, que possédait-il ?

Infortuné Frontenac ! où donc était sa famille ? Hélas ! ceux-là des siens qui se trouvaient le plus près de lui étaient encore les morts. En effet son fils unique, François-Louis, tué à la tête de son régiment, en pleine jeunesse et en pleine gloire, n’était-il pas moins éloigné de son père que cette épouse vivant à Paris dans toutes les joies et les triomphes d’une vie la plus mondaine et la plus intellectuelle qui fut jamais ?

Si, dans ses souvenirs les plus intimes et les plus sacrés, l’amour domestique ne consolait pas la tristesse de Frontenac, la mémoire de ses triomphes militaires ou la pensée de ses victoires politiques le consolaient-elles davantage ? Ses triomphes militaires ? mais on les niait insolemment. Ai-je besoin de rappeler à mon lecteur la profanation du manuscrit de Goyer et l’infâme commentaire annotant l’oraison funèbre du gouverneur à la page même où se trouvait consignée la vibrante apostrophe du lieutenant de Louis XIV au parlementaire de Phips ?

Ses victoires politiques ? Eh ! vraiment ! en avait-il remporté de décisives ? Le temps qu’avait duré ses deux administrations — dix-huit années — le Canada-mission et le Canada-colonie, qui se disputaient le pouvoir sur l’immense échiquier de la Nouvelle-France, ne comptaient-ils pas à leur crédit respectif un nombre égal de parties gagnées, perdues ou nulles ? Et la belle, toujours remise au lendemain, ne devait-elle pas être définitivement jouée qu’après sa mort ? À l’exception de ses deux nominations au poste de gouverneur du Canada, je ne lui connais pas de succès politiques également admis par ses partisans ou par ses adversaires. Ses meilleurs projets — celui de l’établissement des postes par exemple — combattus avec une virulence, une opiniâtreté et un acharnement sans pareils, ne devaient triompher que bien tard, — lui disparu depuis longtemps — n’être appréciés au mérite qu’à leurs bienfaisants résultats.

Quant aux honneurs acquis, la liste en était courte. Frontenac n’avait pas été un enfant gâté de la Fortune ; il le fut encore moins de Bellone. Louis XIV, à son égard, se montra fort chiche, tout en jouant, vis-à-vis de lui et de sa Cour, au magnifique seigneur. Ses belles paroles, applaudies à outrance, n’étaient qu’une viande creuse pour cet homme affamé de décorations et de titres pompeux.

Sans la traite, que Frontenac pratiquait à portes closes, sans la traite, dis-je, exercée en sous-main, le gouverneur du Canada se fût trouvé dans l’impossibilité de se maintenir à la hauteur de sa charge, vu l’insuffisance du traitement officiel attaché à cette position, beaucoup plus honorifique que rémunératrice. Lisez la correspondance de Frontenac, ses lettres au ministre ; la moitié se rapporte à des gratifications, à des augmentations de salaire, que le besoigneux gouverneur ne cesse de solliciter, de quémander, pour l’excellente raison qu’elles n’arrivent jamais. On dirait vraiment un pauvre employé subalterne dans une administration quelconque, tant il est âpre aux gains, habile aux extras, tenace aux requêtes. Frontenac dut avoir une singulière opinion des financiers ses amis qui l’avaient envoyés au Canada pour se refaire, le jour où on l’installa dans son fauteuil vice-royal, avec trois mille livres d’appointement dans ses poches[2] !

À l’exception de l’intendant Duchesneau, l’ennemi personnel de Frontenac, tous ceux qui ont accusé ce gouverneur de profiter de sa position pour se procurer quelques gains par la traite des pelleteries n’ont jamais manqué d’ajouter qu’il ne le faisait « que pour suppléer à l’insuffisance de son traitement. » Ce qui explique le mot de Charlevoix à son adresse : « on ne l’accusa jamais d’être intéressé. »

Bien plus, les bénéfices qu’il réalisa, loin d’accroître sa fortune personnelle, furent appliqués au développement de la colonie. Je n’en rappellerai qu’un exemple. En juillet, 1681, Frontenac, sur son propre argent, prêta à Cavelier de la Salle 13,623 livres, une somme fort rondelette à cette époque, pour lui aider à construire le fort Cataracouy. Vingt-deux ans plus tard, en 1703, la veuve du gouverneur retirait de cette créance six mille livres seulement. Le reste du capital, plus les intérêts accumulés depuis 1681, furent totalement perdus.[3]

À l’époque de la guerre des Onnontagués (1696) Frontenac était âgé de soixante-seize ans. Or, savez-vous quelles récompenses Louis XIV avait jusqu’alors accordées à ce loyal et dévoué serviteur ? Deux gratifications pécuniaires : l’une de six mille livres, en 1672, et l’autre de 3,500 livres, en 1685. En vingt-quatre ans, moins de dix-mille livres ! ce qui n’était pas absolument épatant de largesses. Comme on le voit les deux subsides étaient convenablement éloignés, à bonne distance l’un de l’autre. Ce n’était pas mesquinerie mais prudence : ou craignait évidemment d’engorger la bourse de Frontenac. Or, rien de plus mortellement dangereux qu’une pléthore d’écus déclarée chez un prodigue.

Et voilà pourquoi la gratitude du souverain, toute royale qu’elle voulût être, mesurait ses expressions et choisissait ses termes, expressions aussi rares qu’exactes, termes aussi précis qu’espacés.

Pour son admirable conduite au siège de Québec ? Frontenac reçut du Roi-Soleil… une lettre de félicitations. Cet honneur, qui eût rendu fou de joie le duc de Saint-Simon, laissa Frontenac impassible. Le gouverneur attendait mieux de Louis le Magnifique. Son dernier exploit, (un service politique inestimable qui conservait à la France la plus belle de ses colonies) avait rendu Frontenac difficile, exigeant, sur la nature d’une récompense que l’État devait choisir éclatante. Les compliments du souverain comblèrent sans doute sa vanité, mais ils trompèrent du même coup sa plus fière ambition : la croix de l’Ordre de Saint-Louis lui échappait encore ! Le glorieux vétéran eut la force de déguiser son dépit, et sut remercier dignement le monarque son maître.[4] Mais, tout en appréciant comme il convenait l’auguste missive de Louis XIV, Frontenac, que son désappointement avait rendu sceptique, disait aux intimes, à ses heures d’ironie, qu’il ne fallait jamais prendre à la lettre la reconnaissance des rois, même sur la garantie de leurs autographes !

Aussi, quand advient, en 1696, l’expédition contre les Iroquois, une campagne extrêmement brillante et qui ressemblait plutôt à une marche triomphale, l’ambitieux Frontenac ne perd pas cette belle et dernière occasion d’informer Louis XIV « du succès que la Providence avait donné à ses armes dans le nouveau comme dans l’ancien monde. » Puis il lui envoie le rapport sommaire de l’expédition. Il ne manque pas de noter les services que lui a rendus le fort du lac Ontario dont la construction préalable lui avait seule permis d’entreprendre cette expédition urgente. Il recommande Callières, qui derechef avait fait preuve des plus belles qualités, puis enfin il parle de lui-même :

« Je ne sais si Votre Majesté trouvera que j’ai essayé de m’acquitter de mon devoir, et si, après cela, Elle me croira digne de quelque marque d’honneur qui puisse me faire passer avec quelque distinction le peu de temps qui me reste à vivre ; de quelque manière qu’Elle en juge, je La supplie très humblement d’être persuadée que je Lui sacrifierai le reste de mes jours avec la même ardeur que j’ai toujours eue pour son service. »[5]

N’est-il pas vraiment triste, j’allais écrire humiliant, de voir Frontenac solliciter aussi humblement des honneurs qui lui étaient cent fois dus ? Ainsi mendiées, ces distinctions valent-elles même la peine et le temps apportés à les attendre et à les atteindre ?

Louis XIV enfin se montra généreux. Frontenac reçut la croix de Saint-Louis. La reconnaissance du prince était de six ans en retard, une éternité pour un vieillard de l’âge de Frontenac, car le vainqueur de Phips aurait dû recevoir cette distinction au lendemain de la levée du siège de Québec, c’est-à-dire en 1691, à l’arrivée des vaisseaux qui lui apportaient sa lettre de félicitations.

Toujours égoïste et rapportant à lui-même le mérite et l’éclat des plus beaux faits d’armes, le roi de France avait frappé à son effigie la médaille commémorative du Kebeca liberata. Un souverain moderne se fût montré moins personnel : il l’eût dessinée au profil du héros. Mais autres temps, autres mœurs. Le maître visait à l’effet et tenait à l’éclat autant qu’au profit de la victoire. Sa vanité fastueuse aimait à graver en termes emphatiques le souvenir de ses exploits. Tant et si bien que cette morgue, intolérable pour l’amour propre de l’Europe, finit par éveiller le patriotisme des nations rivales, encore moins exaspérées de leurs défaites que de ces dédains.

Le cœur humain s’atrophie à demeurer trop longtemps tendu vers un désir ou une espérance. Un bonheur trop tardif est fade à goûter. Une lassitude, faite de patiences exaspérées, d’attentes énervantes, d’angoisses accumulées, s’empare de l’âme, l’aigrit à son insu, la comprime, l’émousse, au point qu’elle ne vibrera plus au contact de cette joie qui l’atteint. Elle arrive de trop loin, comme ces balles perdues, amorties par la distance, et qui n’ont pas même la force de blesser. Le plaisir est absent de l’accueil fait à cette gratification, à cette dignité, à ce titre venus si lentement et par chemins si difficiles ; le récipiendaire remercie sans doute, mais froidement, sans gratitude comme sans enthousiasme.

Cette croix de Saint-Louis dont l’éclair — en 1690 — eût si vivement brillé sur la poitrine de Frontenac, cette croix de Saint-Louis, dis-je, ne dut causer au nouveau chevalier qu’une médiocre satisfaction. En effet, cet honneur, loin d’être exclusivement distinctif, était déjà partagé entre plusieurs dans la Nouvelle-France, au temps où le gouverneur le reçut. Champigny, Callières, Vaudreuil, pour ne citer que trois noms bien connus, étaient non seulement ses égaux dans l’Ordre, mais encore ses aînés, ses doyens. Aucun d’eux cependant ne comptait au service de l’État les vingt-huit années règlementaires qui les faisaient de droit chevaliers.[6] Leurs nominations relevaient sans doute de mérites acquis et incontestables, mais aussi de la brigue et de la politique. Ils avaient donc eu, personnellement, assez d’influence pour prendre et garder le pas sur Frontenac dans un ordre essentiellement militaire, où lui, Frontenac, aurait dû les dépasser de toute la tête et de tout son prestige. À quoi bon avoir combattu quarante ans avec le courage et la fierté d’un lion si des soldats de parade l’emportaient sur le vétéran, si l’intrigue prévalait sur la blessure ? À quoi bon se réclamer de Québec délivré, de Candie assiégée, des campagnes d’Espagne, d’Allemagne, de Bohême, du bras cassé à Orbitello et de la journée de Saint-Gothard ?

Puis, ce brevet d’honneur n’arrivait-il pas vraiment trop tard ?[7] Encore un an de délai — ce qui eût reculé la cérémonie au 15 octobre 1698 — l’investiture du nouveau chevalier devenait impossible ; la dernière maladie étant alors déclarée, cette croix de Saint-Louis, tant ambitionnée par Frontenac, n’eut été déposée que sur son cercueil. Les pressentiments du vieux gouverneur ne l’avaient certes pas trompé. Effectivement, il fut très court pour Frontenac « le peu de temps qui lui restait à vivre avec distinction. »

Bonnes intentions mal interprétées, belles œuvres anéanties, services méconnus, projets contredits, entreprises combattues à outrance, mérites bafoués, triomphes jalousés, honneurs mendiés, tel était le bilan des mécomptes de Frontenac interrogeant, dans la solitude claustrale de son vieux château, les souvenirs d’un mémoire implacable comme la conscience, et qui ne lui faisait grâce du moindre détail amer ou cruel. Ce beau tapage que nous appelons la gloire humaine — la Renommée aux cent bouches et aux cent yeux des Classiques — montait alors aux oreilles attentives du gouverneur dont l’ouïe subtile et exercée ne perdait rien des acclamations et des huées, des bravos et des sifflets dont cette clameur, sonore et vide, était faite. Et il lui semblait que dans ce tumulte la huée l’emportait sur l’acclamation. Il en éprouvait alors un sentiment de douleur atroce, tout de colère et d’impuissance, comparable à la fureur d’un lion en cage devant la canaille qui le nargue et l’insulte.[8]

L’applaudissement lui-même, seul écouté, lui paraissait étrangement grêle et ridiculement mesquin. Ce bruit méprisable n’était plus, à cette distance des hommes et des événements, qu’un bourdonnement d’insecte, irritant, sarcastique, et moqueur. Et de l’entendre ainsi, Frontenac en demeurait exaspéré, triste à mourir, sentant déjà son horrible isolement l’envelopper comme d’un suaire. Le sentiment de cette solitude affreuse en eût fait un désespéré de la vie, s’il n’eût existé pour ce cœur aimant, au plus intime de cette âme ulcérée, un suprême refuge.



  1. Cf : Sainte-Beuve, Portraits de femmes, pages 88 et 89.
  2. En 1675, trois ans après la nomination de Frontenac, les appointements du gouverneur-général n’étaient encore que de 3,000 livres ; ceux des gouverneurs de Montréal et de Trois-Rivières de 1200 livres chacun. Le lieutenant-général de Québec recevait 700 livres, les conseillers du Conseil Souverain, 300 livres chacun, le maître des hautes œuvres, 300 livres également, l’huissier du Conseil, 100 livres, etc.
    Cf : Supplément du Rapport du Dr Brymner sur les Archives Canadiennes — 1899 — par M. Édouard Richard, — imprimé en 1901. — version française, page 65.
  3. Cf : page 50 de la présente Étude.
  4. J’ai publié cette lettre, in extenso, dans mon ouvrage, Sir William Phips devant Québec, pages 404, 405 et 406.
  5. Cf : Correspondance des gouverneurs français, lettre officielle du 25 octobre 1696.
  6. Les nobles se réclamaient, pour obtenir la croix de St-Louis, ou d’une action d’éclat ou de vingt-huit ans de bons services envers l’État.
  7. Ce brevet lui parvint le 15 octobre 1697, à l’arrivée, à Québec, des vaisseaux venus de France. Louis XIV désigna Vaudreuil comme parrain du nouveau chevalier.
  8. Comme Pierre Margry avait raison d’écrire au sujet de Frontenac : « Un dénigrement haineux et de parti pris, des faits présentés d’une manière perfide, des assertions qui prouvent qu’on ignore les raisons autant que le détail des choses, peuvent tromper les esprits superficiels et mal informés sur l’opinion qu’on peut avoir d’un homme. Le silence même que celui-ci s’impose par dignité personnelle ou par égard pour d’autres, peut lui être défavorable. Mais les esprits de quelque valeur s’arrêtent devant une condamnation quand, avec plus de soin, ils remarquent les résultats d’une vie qui, pour avoir été féconde en bien, n’a pu s’inspirer que de nobles sentiments et de beaux desseins. »
    Cf : Introduction au tome Vième des Mémoires et documents pour servir à l’histoire des Origines françaises des pays d’Outremer, page 143 — Paris, 1887.