Frontenac et ses amis/Deuxième Partie Chapitre II

Dussault & Proulx, Imprimeurs (p. 99-109).

CHAPITRE II


Un Mécène français : Henri-Louis Habert, seigneur de Montmort, beau-frère de Frontenac. — Royale hospitalité de sa maison. Trois commensaux de Montmort : Gassendi, Molière, Colbert. — Frontenac, homme de lettres. — Sa passion pour le théâtre. Madame de Frontenac chez les Précieuses de la rue des Tournelles. — La Divine à l’Arsenal. — Caractère exclusif et hautain de son amitié. — De la conversation au 17ième siècle. — Un virtuose du bel esprit : le duc Du Lude.


L’asile assuré, le suprême refuge, c’était la famille de la troisième de ses sœurs, Henriette-Marie de Buade. La tendresse et le dévouement inaltérable de cette femme, commencés pour lui dès le plus bas âge, se continuaient et se complétaient par les égards et les plus vives sollicitudes de son mari et de ses enfants. Ces derniers, en effet, étaient, par l’élévation de leur position et de leur caractère, bien en mesure de satisfaire les goûts de son esprit, les aspirations de son âme et les affections de son cœur.

Le maître de cette maison superbe et d’aussi fier état se nommait Henri-Louis Habert, seigneur de Montmort[1], conseiller du Roi, maître des requêtes de son hôtel, l’un des Quarante choisis par Richelieu pour fonder l’Académie française. Il s’était acquis une grande réputation par son intégrité proverbiale et son amour passionné pour les lettres et les lettrés, les sciences et les savants, les arts et les artistes dont il fut le protecteur insigne à l’exemple du fameux cardinal, son émule. C’était un véritable Mécène, généreux, affable et magnifique à l’égal du Romain son modèle, et contemporain, comme lui, d’un nouvel Auguste,[2] Il se recommandait encore par ses talents hors ligne, ses connaissances étonnantes pour l’époque, et son inépuisable générosité. Son amitié pour Gassendi l’immortalisa.[3] Non seulement de Montmort voulut posséder ce grand homme dans sa maison, être son hôte pendant sa vie, mais, à sa mort, il fit enterrer son corps dans la chapelle funéraire réservée à sa famille, à Saint-Nicolas-des-Champs, où il fit placer un buste du grand philosophe. Il lui continuait de la sorte, et jusque dans l’éternité, l’hospitalité de sa demeure.

Chez son illustre beau-frère, Frontenac avait rencontré tous les hommes éminents qui devaient composer l’Académie des Sciences, car ce fut là, dans cette maison, que le grand ministre du Grand Roi, Colbert, vint les choisir. Là aussi que Molière en personne lut, pour la première fois, devant un jury de critiques, sa fameuse comédie de Tartufe, dont l’audace allait provoquer les foudres royales et ecclésiastiques. J’imagine et vois d’ici Frontenac siégeant dans ce cénacle d’intimes, de gourmets littéraires, triés sur le volet, invités à cette séance académique comme à un banquet, pour y goûter, en primeur, y ouïr en dillettanti cette pièce inédite, savoureuse comme un scandale et désirable comme un fruit défendu.

Pierre Margry, l’apologiste des Frontenacs et de leurs alliés, a cru devoir excuser Habert de Montmort auprès de ses lecteurs pour avoir permis à Molière la lecture de Tartufe chez lui.

« Ce n’est pas, remarque-t-il, qu’on fût irréligieux dans cette maison. Les Montmorts recherchaient au contraire la vérité dans ce qu’elle avait de plus élevé et de plus pur. Cette recherche même qui portait leur pensée vers un monde supérieur dont ils se regardaient déjà comme citoyens, suivant l’expression de l’Apôtre, cette recherche paraissait avec éclat dans la personne du second fils d’Henriette de Frontenac. »[4]

Si l’auteur du Misanthrope et de tant d’autres chefs-d’œuvre y venait prendre l’avis de l’aréopage académique, consulter Henri-Louis Habert de Montmort, le maître de céans, sur l’estime qu’il devait entretenir de ses propres ouvrages, l’enfant de la maison, Louis Habert de Montmort, le neveu de Frontenac, le futur évêque de Perpignan, y venait prendre aussi conseil de Bossuet et de Fléchier, pour ne nommer ici que deux des plus illustres intimes qui fréquentaient la demeure de son père, sur les sermons qu’il composait dans la retraite et le silence de ses nobles appartements, sermons qui lui valurent les éloges mêmes de Madame de Sévigné.

Frontenac se piquait de littérature, il tournait le madrigal et l’épigramme avec une égale facilité ; toutefois, la malice l’emportait sur la grâce de l’esprit, et il savait mieux railler que sourire. Son autorité, comme critique, était reconnue. Le baron de La Hontan lui soumit ses Dialogues ; lui-même prend le soin de nous en informer, et il ajoute que le gouverneur se donna la peine d’en corriger le manuscrit. Cette vaniteuse indiscrétion est fort compromettante pour Frontenac, étant donné les idées audacieusement antichrétiennes d’Adario, une espèce de philosophe incrédule que l’auteur a grimé en sauvage huron et qui me semble beaucoup moins sortir du bois que de l’Encyclopédie.

D’autre part, le Père Charlevoix écrit « qu’on a lieu de croire qu’il (Frontenac) mit la main au livre du récollet Chrestien Leclercq, Le Premier Établissement de la Foi au Canada. » Ce qui permettait au célèbre historien d’expliquer, à la satisfaction de son ordre, l’origine et la paternité des traits piquants décochés aux missions jésuites dans ce fameux ouvrage.

La Hontan se vantait-il, et Charlevoix se vengeait-il ? Que nous importe ! Il reste acquis que Frontenac, aux yeux de Charlevoix et de La Hontan, était un homme de lettres. Et cela suffit.

La correspondance officielle de Frontenac justifierait encore, et pleinement, la prétention du gouverneur au titre de lettré si nous n’avions pas, en sus de la bonne opinion qu’il avait de lui-même, une preuve éclatante de son goût sûr et éclairé par l’amour et l’intérêt passionné qu’il portait au théâtre. Le théâtre ! cette joie favorite des Français, leur amusement par excellence, le plus classique alors et demeuré le plus intelligent de leurs plaisirs, mais il était en honneur, au Canada, dès les premiers temps de la colonie.

En 1646, le 31 décembre, sous l’administration de Montmagny, on joue Le Cid dans la Maison des Cent-Associés. L’année suivante, 27 février 1647, mercredi gras, on y donne un ballet. Plus tard, sous Lauzon, 4 décembre 1651, on joue l’Héraclius de Corneille ; l’année suivante, 16 avril 1652, nouvelle représentation du Cid[5]. Et cela se continue, à des intervalles plus ou moins rapprochés, au château St-Louis, sous les administrations subséquentes, à l’exception de celles de De la Barre et de Denonville. La tragédie et la comédie, proscrites avec Frontenac en 1682, reviennent avec lui en 1689. En janvier 1694, le Nicodème de Corneille et le Mithridate de Racine sont joués avec le plus grand éclat. Le succès de ces deux représentations enhardit Frontenac qui ne parle rien moins que de faire monter Tartufe. On ne jugeait pas alors la fameuse comédie de Molière avec l’indulgence de la critique moderne. Mgr. de Saint-Vallier fut épouvanté de l’audace du gouverneur et, pour éviter le scandale d’une pareille représentation, il offrit à Frontenac de lui payer cent pistoles s’il voulait consentir à retirer la pièce. Le gouverneur accepta le marché, et Tartufe ne fut pas joué à Québec, malgré ce qu’en a dit l’abbé LaTour.[6]

Si Frontenac se piquait de littérature, la toute belle Anne de la Grange, sa femme, se piquait de bel esprit. Et, de sa part, il n’y avait aucune fatuité à y prétendre. N’avait-elle pas été surnommée la Divine, par le siècle même de Louis XIV, précisément à cause de son étincelant esprit ? Ce titre, glorieux entre tous, elle le partagea loyalement et cordialement avec sa plus grande amie personnelle, Mademoiselle d’Outrelaise, qui l’avait reçu tout d’abord de ses admirateurs. Elles furent les premières causeuses d’une époque où la conversation était réputée l’art suprême.

« Madame de Frontenac, nos dit Pierre Margry, fut une femme des plus remarquables par son rôle et par son esprit, dans un temps où tant d’autres femmes célèbres laissèrent un nom illustre après elles. »

Deux siècles avant lui, Saint-Simon, qui ne pardonna jamais à la fille du teneur de livres son origine plébéienne, avait eu cependant l’honnêteté d’écrire à son sujet :

« Madame de Frontenac était une personne d’esprit et d’empire, et de toutes les bonnes compagnies de son temps. »

« Madame de Frontenac, disait-il encore dans ses Mémoires, devenue extrêmement vieille — elle mourut à l’âge de soixante-quinze ans, — voyait encore chez elle force bonne compagnie. »

En effet, elle est de toutes les fêtes. La spirituelle marquise de Sévigné écrit à Madame de Grignan, en date du 27 avril 1671 :

« Je soupai l’autre jour chez la marquise d’Huxelles[7], avec Madame la maréchale d’Hunières[8], Mesdames d’Arpajon, de Beringhen[9], de Frontenac, d’Outrelaise[10], Raymond et Martin ; vous n’y fûtes point oubliée. »

Du salon de la marquise d’Huxelles on passait à celui de la maréchale d’Hunières, et ainsi de suite jusqu’à épuisement de la liste que l’on reprenait, comme en musique, da capo. Bien que l’on se disputât sa présence à toutes ces réunions mondaines, Madame de Frontenac n’y paraissait que très rarement, la belle comtesse ne quittant presque jamais l’Arsenal où elle trônait en permanence. À deux exceptions près — privilégiées illustres méritant bien cette déférence, j’ai nommé Mesdames de Maintenon et de Sévigné — la Divine ne visitait et ne fréquentait que ses parentes ou leurs alliées immédiates, les d’Huxelles, les d’Hunières, les Beringhens, les Montmorts, un tout petit cercle d’intimes, hautaines comme elle, et comme elle exclusives dans leurs amitiés.

Après la Fronde, la comtesse de Frontenac, dame d’honneur de la Grande Mademoiselle, et qui, autant par goût que par position, avait partagé toutes les équipées, couru toutes les aventures de la romanesque princesse, fit partie, dès 1657[11], de ce cercle fameux des belles Précieuses du Marais, de la rue des Tournelles.

C’était une société d’intellectuelles d’élite, un cercle ultra-chic — style moderne — auquel confinaient Mesdames de Longueville, de Montausier, de Coulanges, de la Fayette, du Sablé, de Fiesque, de Choisy, de Maure, de Calprenède, Mesdemoiselles d’Outrelaise, de Scudéri, de Bellefonds, tous les satellites de ces trois astres qui brillèrent avec un éclat incomparable au ciel politique et littéraire de la France : les trois marquises de Maintenon, de Rambouillet et de Sévigné.

Plus tard, vers 1668, Madame de Frontenac se lia de passion disent les chroniqueurs[12], avec Mademoiselle d’Outrelaise, son égale en beauté, en grâce et en esprit. Toutes deux firent les délices de l’Arsenal. On appelait ainsi l’ancienne résidence de Sully, premier ministre d’Henri IV, parce que le duc Du Lude, alors grand maître de l’artillerie, avait galamment donné une hospitalité viagère à Madame de Frontenac, hospitalité qu’elle fit partager de suite, et jusqu’à sa mort, à Mademoiselle d’Outrelaise.

Au fond de cette éblouissante générosité il se cachait bien un peu d’égoïsme artistique. Du Lude, comme tous les Mécènes, s’aimait beaucoup dans la personne des gens de lettres, d’arts ou d’esprit qu’il protégeait. C’était un raffiné, peut-être même un blasé intellectuel, un viveur dilettante voulant jouir à outrance du plus grand plaisir de la vie. Et quel était, à cette époque, ce plus grand des plaisirs de la vie, suivant le mot de Mademoiselle de Montpensier à Madame de Motteville ? Le siècle de Louis XIV n’a qu’une voix pour répondre : La conversation. Or Du Lude, au témoignage irrécusable des Lettres de Madame de Sévigné, était un des plus spirituels causeurs de l’Europe. Aussi M. le duc éprouvait-il une joie souveraine à rencontrer chez elles Mesdames de Frontenac et d’Outrelaise, De Longueville, de Coulanges, de Maintenon, de Sévigné, dont les salons fameux étaient autant d’antichambres de l’Académie. Tout y était noble : l’amitié, le langage, le goût, les manières et le sang ! Les discussions littéraires ressemblaient à de merveilleux tournois, et les assauts de conversation l’emportaient, sur ceux des maîtres d’armes, par l’adresse, le brio, la fougue des engagements.

Or, Madame de Frontenac, dans ces joutes courtoises où l’esprit tenait haut l’épée, rencontrait à la parade les plus vives attaques du brillant officier.

Prompte à deviner ses feintes, habile à masquer les siennes, elle avait le coup d’œil rapide et le jeu sûr des duellistes qui pensent et agissent, combinent et exécutent instantanément. Son esprit tenait de la foudre qui brille et frappe à la fois. Ici, l’éclair tuait toujours. L’ennemi revenait-il à la charge, sa vaillance semblait acquérir à ce nouveau contact des fines lames un regain de fougue, atteindre un degré de maestria inconnue jusqu’alors mais qui n’enlevait rien à la précision des coups ni à la ténacité de la résistance quand l’engagement, d’emporté qu’il était, devenait opiniâtre et se prolongeait au delà de la durée permise aux combats d’avant-garde. Les adversaires étant d’égale force, la plupart des batailles livrées demeuraient indécises, victoires douteuses que chaque parti s’attribuait. Il advenait cependant que l’ancienne maréchale de camp de la belle Frondeuse réduisait au silence les batteries du grand maître de l’artillerie. Ce n’était alors, par toute la ruelle élégante, que cris de bravos et salves d’applaudissements dont Messire Du Lude, tout le premier, donnait signal comme s’il se fût agi de commander, à la parade, le feu d’un salut royal.

Mais une crainte secrète lui gâtait son plaisir, le meilleur de la vie. Du Lude avait en effet remarqué que Madame de Frontenac souffrait d’une plaie d’argent, c’est-à-dire que ses finances, absolument délabrées, la réduisaient à un état voisin de la gêne. Or, rien ne paralyse l’intelligence, n’entrave l’esprit, ne tarit la verve et n’assèche l’imagination comme la misère. M. le duc eut grand’peur : cet enchantement, dont il s’était fait une habitude, menaçait de s’évanouir comme un écho, si la voix ravissante se taisait tout à coup. Obsédée par les soucis vulgaires, les inquiétudes poignantes et tyranniques du pain quotidien, cette intelligence d’élite s’affaisserait peut-être, ramenée violemment au terre à terre du pot-au-feu, comme un aigle à la chaîne, au plus bel instant de son essor. Rien qu’à songer à cela, le beau duc Du Lude se sentait mourir. Et il y avait lieu d’expirer, pour un artiste de cette marque. Ce gourmet qui demandait aux plus beaux fruits toute leur saveur, ce sybarite qui réclamait des fleurs les plus rares tous leurs parfums, était encore le dilettante exquis exigeant des artistes et des lettrés toute la somme et toute la mesure de leurs talents. Ce maestro raffiné voulait, comme les musiciens au goût difficile, que le virtuose donnât toute la valeur de son instrument favori, plus sympathique et plus harmonieux qu’un chant de violoncelle : la conversation. Or, Madame de Frontenac apportait à l’exercice de cet art suprême, une suprême grâce. Il fallait donc, à tout prix, conserver à un art, aujourd’hui perdu, une incomparable interprète.

Et voilà pourquoi de grands seigneurs, comme le duc Du Lude, s’épuisaient en largesses, donnaient un appartement, une rente viagère, des pensions, les bénéfices de leur influence politique ou sociale à des amis pauvres, mais bien doués, dans la double intention de leur être agréables et de se rassurer eux-mêmes sur la certitude et la durée de leurs petits bonheurs intellectuels. Bref, ils voulaient, comme Louis XIV pour Molière, que tous les beaux esprits souffrant de l’indigence, vinssent à posséder comme eux le secura quies que leur procurait la richesse, ce repos assuré que chantait Virgile dans les Géorgiques et qu’il enviait aux laboureurs pour les artistes et les poètes mendiant dans les grandes villes. Délivrés des affres du lendemain, ils n’auraient eu qu’à vaquer, sans contraintes d’argent, en toute liberté d’action, à leurs occupations littéraires, au premier rang desquelles Du Lude et tout son cercle plaçaient la conversation, avant même l’oraison funèbre, le théâtre et l’opéra.

Voilà comment et pourquoi le grand maître de l’artillerie adora la Divine. À l’instar de cent autres superbes courtisans il ne lui avait voué qu’un culte chevaleresque et platonique. Cette religion, basée sur des principes d’admirations mutuelles et de réciproques sympathies se réduisait en pratique à des échanges de galanteries et de politesses, à des égards parfaitement avouables, à des hommages absolument courtois. Au moyen-âge, la dame d’un preux chevalier n’était pas sa maîtresse : pourquoi, dans l’histoire moderne, l’amie d’un gentilhomme le serait-elle ? À ceux-là de mes lecteurs qui sourient en songeant au bel appartement que Madame de Frontenac occupait à l’Arsenal, de par la grâce de Du Lude, je leur rappellerai le mot d’Édouard III, roi d’Angleterre, à ses courtisans, souriant comme eux, lorsqu’il ramassa la jarretière de la belle comtesse de Salisbury : Honni soit qui mal y pense !


  1. L’ortographe de ce nom propre varie beaucoup : on écrit indifféremment Montmaur, Monmor, Montmor, Monmort, et Montmort. Je me suis arrêté à cette dernière épellation, la plus moderne, adoptée par la Gazette des Beaux-Arts.
  2. Dès le 16ième siècle ces Montmorts étaient déjà bienfaisants. Ils protégèrent un hérétique célèbre, le plus célèbre même du protestantisme, après Luther : je veux parler de Jean Calvin.
    « Jean Calvin, né en 1509 à Noyon, était le fils d’un tonnelier. Une illustre famille catholique, celle des Montmor, pourvut aux besoins de son enfance et de son éducation ; ce qui a fait dire à Florimond que le second chef de la Réforme, comme le premier, vécut d’abord aux dépens du Crucifix. »
    Cf : Rivaux : Cours d’histoire ecclésiastique, tome III, page 14.
    « Obligé de recourir à la famille de Monmor, pour les frais de sa première éducation, Calvin vécut d’abord, comme Luther, aux dépens du Crucifix, et reçut quelques bénéfices avant même d’avoir achevé ses études. » etc.
    Cf : Richou : Histoire de l’Église, tome 3, page 114.
  3. Pierre Gassendi, chanoine et prévôt de l’église cathédrale de Digne, théologien, astronome, linguiste et professeur royal de mathématiques à Paris, a été l’un des plus illustres ornements de la France au dix-septième siècle. Le cardinal de Richelieu, le cardinal de Lyons, Louis-Emmanuel de Valois, François Bochart ou Bouchart de Champigny, et un grand nombre de personnes de qualité et de mérite se firent honneur d’être amis de Pierre Gassendi.
    Cf : Moreri, Grand Dictionnaire, au nom Gassendi. — On admirait, raconte Pierre Margry, dans la chapelle funéraire réservée aux Haberts de Montmort, à St-Nicolas-des-Champs, une figure de la Mort sous la forme d’un squelette en marbre blanc.
  4. Introduction au tome Vième des Mémoires et documents pour servir à l’histoire des Origines françaises des pays d’Outremer, page 137, Paris, 1887.
  5. Cf : Le Journal des Jésuites, pages 75, 78, 164 et 166.
    Le savant abbé Laverdière a respecté l’orthographe bizarre de cette précieuse archive. Aussi le typographe a composé : Le Scide.
  6. À ceux-là qui écriront plus tard l’histoire du théâtre au Canada, je signale le passage suivant des Jugements et Délibérations du Conseil Souverain. — 18 octobre 1694, tome III page 926 :
    « Qu’il soit nommé un ou deux commissaires pour informer si, dans les tragédies et comédies qui se sont jouées les années précédentes pendant le carnaval et celles qui ont été représentées celui-ci (1694) il s’est commis quelque désordre, et si l’accompagnement de quelques circonstances particulières les ont rendues plus dangereuses ou plus criminelles que celles qui ont été représentées DE TOUS TEMPS EN CE PAYS, le tout sur les mémoires qui leur seront fournis par qui en voudra donner. »
  7. Une tante de Frontenac.
  8. Une autre tante de Frontenac.
  9. Anne du Blé, belle-sœur de la marquise d’Huxelles.
  10. Les Divines. — Deux autres grandes dames, membres actifs de ce cercle distingué, avaient été nommées les Anges. On appelait ainsi deux sœurs, Élizabeth et Marie-Louise Rouxel, filles du maréchal de Grancey. Élizabeth devint plus tard Madame de Grancey, et fut dame d’atour de Marie-Louise d’Orléans, reine d’Espagne. Elle était sœur cadette de Marie-Louise, comtesse de Marey. Elle avait épousé son cousin Joseph Rouxel, comte de Marey qui fut tué au siège de Candie (1669) aux côtés de Frontenac son compagnon d’armes dans cette héroïque expédition.
    Cf : Lettres de Madame de Sévigné, Vol. III, page 10, note 19, édition Régnier.
    « Entre les Anges et les Divines, remarque spirituellement Laroche-Héron, un faible mortel ne pouvait manquer de tomber éperduement amoureux ! »
  11. L’année 1657, Mesdames de Frontenac et de Fiesque, anciennes maréchales de camp de la duchesse de Montpensier, rompirent violemment avec elle, et pour toujours. L’affaire eut grand éclat.
  12. Se lier de passion, c’est-à-dire : se lier d’amitié. Au 17ième siècle passion était synonyme d’amitié. Ce nouvel exemple prouve que le sens et la valeur des mots changent avec le temps et l’usage. Il ne faut pas d’ailleurs s’en laisser trop imposer par la chaleur ou la force de certaines expressions. Dans ses Notices littéraires sur le 17ième siècle, M. Léon Aubineau fait à ce sujet l’observation suivante :
    « Il n’est pas seulement respectueux, il est galant avec les dames. (Il s’agit ici de Fléchier et des Précieuses) Il cause directement de ses relations avec elles ; il ne craint pas à ce propos de parler de son inclination et de son attachement, » etc. Puis il ajoute : « Gardons-nous à toutes ces jolies choses d’un bel esprit du dix-septième siècle de mêler la grossièreté du dix-neuvième. Le commerce des dames abondait en termes passionnés et galants qui étaient exempts cependant de toute mauvaise interprétation, et tout à fait dégagés du sens qu’un lecteur d’aujourd’hui voudrait y attacher. » — pp. 461 et 462.