Fontaine aux Perles/10. Aventures de nuit

Fontaine aux Perles
Legrand et Crouzet (Tome IIIp. 71-78).
X
AVENTURES DE NUIT


Une obscurité profonde régnait dans les corridors du château de Presmes. À peine monsieur le chevalier de Briant s’y fut-il engagé, qu’il crut entendre un pas furtif devant le sien, à une distance considérable.

Dans la position où était le chevalier, on aime à tout savoir, parce que le plus mince mystère a sa portée : de même qu’il n’est arme si petite qu’elle ne puisse porter coup à l’occasion, dirigée par une main habile.

Le chevalier s’arrêta pour écouter. Des pas continuaient à retentir sourdement, et il lui sembla qu’ils descendaient l’escalier du second étage.

Il se glissa doucement le long de la muraille, jusqu’au milieu du corridor à peu près.

Ses yeux s’habituaient à l’obscurité. — L’escalier débouchait dans le corridor juste en face d’une croisée qui laissait passer les rayons amoindris du croissant prêt à se coucher.

Le chevalier vit une forme noire franchir la dernière marche, tourner court et s’engager dans le grand escalier du premier étage.

Il suivit de loin ladite forme noire, — qui n’était point un fantôme, mais bien le pauvre Hervé Gastel en mal de jalousie.

Hervé s’était tant et tant promené dans sa petite chambre qu’il avait gagné la fièvre. Il fallait à tout prix qu’il vit Bleuette, pour tirer un peu au clair cette terrible affaire du soldat du roi.

Il sortit de la maison par la porte vitrée du jardin dont il décrocha très-adroitement à tâtons les forts contrevents.

Une fois dans le jardin, il prit sa course en se dirigeant vers la muraille du parc.

Le chevalier le suivit encore.

À ce bruit de pas, une des fenêtres de l’aile droite se ferma brusquement et une lumière qui brillait derrière de blancs rideaux de mousseline, s’éteignit tout à coup.

Le chevalier, tournant la tête de ce côté, crut voir, aux derniers rayons de la lune, quelque chose de scintillant parmi les bouquets d’arbustes, immédiatement au-dessous de la fenêtre qui venait de se refermer.

Il hésita un instant entre ce quelque chose de scintillant et la forme noire. — C’étaient deux mystères. — Lequel épier ?

Évidemment le plus intéressant de ces deux mystères était celui dont une portion se cachait derrière de gentils rideaux de mousseline ; mais le chevalier de Briant ne pouvait pénétrer derrière ces rideaux, et le quelque chose de scintillant, homme ou feu follet, semblait être rentré sous terre. — Il avait complètement disparu.

La forme noire, au contraire, se montrait toujours au bout de l’allée.

Le chevalier dut se déterminer pour la forme noire et lui donna incontinent la chasse.

Il arriva au bout du jardin, juste à temps pour la voir grimper lestement le long de la haute muraille, à l’aide d’un espalier, et disparaître de l’autre côté dans le parc.

— Peste ! dit le chevalier, — quel gaillard ?

Il s’avança jusqu’au pied de la muraille comme s’il eût voulu en tenter l’escalade à son tour ; mais après que son œil en eut constaté la hauteur, il se ravisa prudemment et revint sur ses pas.

Chemin faisant, il battit les buissons et tourna autour de tous les carrés pour tâcher de découvrir ce quelque chose de scintillant qui l’avait tant intrigué. Mais sa recherche fut vaine. Rien ne troublait plus le silence du jardin, qui semblait complètement désert.

Quant à la fenêtre qui s’était refermée, et vers laquelle le chevalier tourna ses regards en désespoir de cause, il ne put même pas la reconnaître. — Il y avait, en effet, trois fenêtres de suite au premier étage de l’aile droite qui, toutes trois, montraient leurs rideaux de mousseline blanche immobiles aux pâles et derniers rayons du croissant qui s’appuyait, agrandi, au sommet des collines lointaines.

Le chevalier haussa les épaules avec dépit et remonta les marches du perron.

S’il eût pris patience une minute de plus, il aurait vu l’un des rideaux s’agiter faiblement, et c’en eût été assez pour qu’un cavalier de son expérience pût deviner, derrière la mousseline, quelque jolie tête aux aguets.

Il ne se serait point trompé. La main qui souleva les légères draperies était la main de Lucienne.

Lucienne était restée bien longtemps dans la position où nous l’avons vue, assise sur le pied de son lit, et rêvant à l’absent. Le sommeil ne vient point avec de telles pensées.

Lucienne avait remis ses petits pieds blancs dans leurs mules de velours. Elle avait ouvert sa fenêtre pour donner son front, qui brûlait, à la brise des nuits, rafraîchie par l’orage.

Le ciel était si beau ! l’air si pur ! et le silence si vaste ! — Toute vierge possède un trésor de poétiques harmonies. Son âme vibre au contact de Dieu, qui se révèle incessamment derrière le grand spectacle de la nature.

Lucienne écoutait, regardait, sentait. — Ces murmures traversant le silence, le firmament splendide, et les âpres parfums que le vent apportait cueillis aux cimes des chênes de la forêt, toutes ces choses l’impressionnaient et mettaient une sérieuse émotion parmi sa rêverie.

Puis c’étaient de mélancoliques pensées qui ramenaient sa contemplation à la terre, et rabaissaient sa paupière élevée vers le ciel.

Martel voyait ces mêmes étoiles. — Mais ce vent portait-il jusqu’à lui le sauvage parfum des forêts paternelles ?

Le fracas de Paris et ses joies nocturnes lui laissaient-ils souvenir de ces doux bruits qui s’entendent la nuit aux bruyères de Bretagne ?

Martel ! oh ! qu’il était aimé !

Tandis que Lucienne s’appuyait au balcon de fer de sa fenêtre, il se fit un bruit léger sur le sable des allées.

Elle tourna vivement les yeux du côté d’où venait le bruit, et crut voir la silhouette élancée d’un soldat, dont l’uniforme faisait luire faiblement dans l’obscurité ses broderies dorées.

Il semblait que le rêve de Lucienne prît une forme, — car, à cet instant même, elle se représentait justement Martel comme il devait être à Paris, avec son brillant costume de garde-française dont les bandes d’or parallèles ressortaient sur l’azur sombre du justaucorps échancré.

Elle se le représentait riche, heureux et commandant à ses rivaux.

Il est une croyance en Bretagne dont la superstitieuse poésie reste debout de siècle en siècle et délie la lumière qui se fait de toute part. — L’homme qui meurt loin de ceux qu’il aime leur envoie, avant de quitter la terre, un adieu suprême.

Tantôt on entend sa voix connue, tantôt la brise murmure le chant qu’il aimait à répéter. — D’autres fois, son portrait s’agite, appendu au lambris du salon paternel. D’autres fois encore, une main mystérieuse dérange les draps de sa couche abandonnée. — D’autres fois, enfin, il vient lui-même et vous le voyez glisser silencieux et triste par les ténèbres muettes…

Une angoisse mortelle serra le cœur de la pauvre Lucienne. L’amour a toutes les superstitions. Elle crut que Martel était mort.

Ses jambes se dérobèrent sous le poids de son corps affaissé : elle chancela et n’eut que la force de se retenir à la barre de fer du balcon.

— Martel, Martel ! murmura-t-elle d’une voix mourante.

À ce cri, le prétendu fantôme s’élança hors des massifs et vint tomber à genoux au pied de la fenêtre.

Ses mains jointes s’élevèrent et il prononça le nom de Lucienne.

Un flux de vie revint au cœur de mademoiselle de Presmes. Elle doutait encore, mais ce qui dominait dans son trouble, c’étaient des élans d’espoir et de bonheur.

Ce n’était pas un fantôme. Elle avait entendu ses pas sur le sable de l’allée, et sa voix bien-aimée résonnait encore à son oreille.

Elle se pencha hors du balcon…

Ce fut à ce moment que la porte du château s’ouvrit et que maître Hervé Gastel descendit en courant les marches du perron, suivi de près par monsieur le chevalier de Briant, qui l’épiait.

Lucienne referma précipitamment sa fenêtre, et Martel s’enfuit.

Le chevalier, cependant, pour n’avoir point voulu suivre la même route que le jeune veneur, n’avait point renoncé à son idée de sortir du château.

Il traversa le rez-de-chaussée et se rendit à l’office, où dormait un valet.

Il le réveilla sans façon, et lui ordonna d’ouvrir la porte.

Le valet se frotta les yeux et fut quelques minutes avant d’obéir, mais le souvenir des ordres de monsieur de Presmes lui revenant, il se mit sur ses pieds et battit le briquet.

Une résine allumée lui montra les traits du chevalier ; il s’inclina aussitôt avec tout plein de respect, et introduisit la grosse clé dans la serrure.

Le chevalier passa la porte sans mot dire.

— Tout beau, Taupin, tout beau ! dit le domestique au chien de garde, qui se dressa sur ses pieds, hurlant, et sortit de sa loge en traînant sa chaîne détachée.

Le chevalier comprit parfaitement à cette heure pourquoi la forme noire dont il avait suivi la piste un instant auparavant avait escaladé, pour sortir du château, les hautes murailles du jardin.

Taupin était d’humeur et de taille à rendre fort dangereux le passage de la cour.

C’était une remarque à faire, et le chevalier en prit note en un recoin de sa mémoire.

À la voix du domestique qui n’était autre que le gros Yvon, le chien s’abattit et vint en rampant flairer les bottes du chevalier.

C’était un énorme mâtin qui eût étranglé un homme sans lui donner le temps de dire Amen.

Yvon le caressa de la main et fit tourner une seconde clé dans la serrure de la grille, qui s’ouvrit et donna passage au chevalier.

Celui-ci s’enveloppa dans son manteau et disparut, au bout de quelques secondes, derrière le sommet de la colline oh étaient plantés les arbres de l’avenue.

— Que dis-tu de ça, Taupin, — mon vieux garçon ? grommela Yvon ; je n’aime pas les gens qui vont courir le guilledou à l’heure où les chrétiens dorment… Et toi ? — Le chien hurla.

— Ni toi non plus ? reprit Yvon. — Il y a plus d’un chat courtaud[1] dans les taillis, le long de la Vanvre. J’aime mieux que ce soit lui que moi qui passe le pont si près de l’heure de minuit !… Ma fà ian !… Mais ces gens qui viennent de là-bas sont aussi diables que les chats courtauds… et les lavandières n’osent pas leur donner à tordre le linge des trépassés… n’est-ce pas, Taupin ?

Taupin hurla. — Ses yeux sanglants brillèrent dans les ténèbres comme deux charbons allumés.

Yvon fit le signe de la croix ; il avait le frisson, et une sueur froide lui perçait la peau.

— Comme Taupin a de grands yeux ce soir ! murmura-t-il. — Si Taupin était le diable !…

Il referma la grille à la hâte, prit sa course et rentra au château demi-mort de frayeur.

Il ne regagna quelque calme que quand il se fut coulé entre ses draps et caché jusqu’au fond de son lit sous sa couverture.

Yvon était un paysan breton ; le jour, il se fût battu volontiers contre deux hommes de force ordinaire. — La nuit, le cri d’une chouette ou d’un hibou lui ôtait le cœur.

L’honnête Taupin, innocent de la frayeur qu’il avait causée, retourna vers sa loge en traînant sa chaîne, bâilla, hurla, et s’endormit.

Le chevalier de Briant descendait la longue avenue de Presmes.

Ils ne pensait assurément ni aux courils qui dansent en rond, la nuit, autour des croix des carrefours, ni aux korniquets, ni aux chats courtauds, ni même aux lavandières[2].

Il allait, perdu dans ses pensées, et poursuivant les réflexions que nous l’avons vu entamer au coin de son feu, après le souper.

Tandis qu’il marchait sur le gazon ras de l’avenue, il crut entendre, dans le taillis qui touchait aux grands arbres, un bruit léger.

Il s’arrêta ; le bruit cessa.

— C’est un chevreuil, se dit-il.

Et il continua sa route.

Au bout de quelques pas, le bruit se fit entendre encore. Il semblait que quelqu’un se frayait une route à travers les branches entrelacées.

Le chevalier s’arrêta une seconde fois, et une seconde fois le bruit cessa.

Une vague inquiétude traversa son esprit. Au lieu de poursuivre sa route en ligne droite, il s’approcha du taillis et battit avec son épée les buissons qui bordaient l’avenue.

Il se disait : Si c’est un chevreuil, il va bondir, et je l’entendrai percer le fourré.

Mais ce n’était point un chevreuil, paraît-il, car le chevalier eut beau battre les buissons, nul bruit ne se fit entendre.

De guerre lasse, il se reprit à descendre l’avenue ; — le taillis cette fois resta silencieux.

— Je me serai trompé, pensa-t-il, — le gros Yvon n’avait pas l’air disposé à faire un tour dans la forêt… n’y pensons plus.

C’était fort bien dit, mais le fait est que le chevalier ne s’était point trompé, sinon en attribuant le bruit à un chevreuil.

Si le bruit cessait maintenant, c’est que celui qui le causait prenait mieux ses mesures.

Hervé Gastel, après avoir escaladé les murs du jardin de Presmes, avait fait le tour du château pour gagner l’avenue.

Sa route, comme celle du chevalier, le conduisait au petit pont de planches jeté sur la rivière de Vanvre, à un demi-quart de lieue du rocher de Marlet.

Le grand tour qu’il avait été obligé de faire avait compensé le retard apporté par Yvon à la sortie du chevalier.

De sorte qu’ils étaient arrivés à peu près en même temps au sommet de la colline ; seulement le chevalier suivait l’avenue, et le veneur, qui allait y arriver en coupant les taillis, était encore sous le couvert.

Leurs positions respectives avaient basculé brusquement. Hervé voyait sans être vu. Épié naguère, il se trouvait épier maintenant.

Et il épiait de tout son cœur, parce que son idée fixe de jalousie lui torturait la cervelle, et que, sous le manteau du chevalier, il croyait deviner l’uniforme d’un soldat du roi.

Rien n’était plus facile, du reste, que de savoir où allait cet homme. Hervé se résolut à le suivre. Seulement, lorsque, par deux fois, le chevalier eut interrompu sa marche et manifesté son inquiétude, Hervé le laissa prudemment prendre une longue avance, et ne le suivit que de loin.

En quelques minutes, le chevalier arriva au petit pont de planches, qu’il traversa d’un pas ferme, malgré l’obscurité.

Hervé Gastel, obligé de quitter en cet endroit les taillis qui couvraient sa marche, redoubla de précautions et traversa le pont à son tour, en rampant sur ses mains et sur ses genoux.

Son cœur battait bien fort, et la respiration lui manquait presque, parce que l’homme qu’il suivait, au lieu de continuer son chemin en ligne directe à la sortie du pont, et de prendre la route de Saint-Aubin-du-Cormier, avait tourné brusquement à droite.

Il longeait le cours de la Vanvre. — Il allait du côté de Fontaine aux Perles.

Plus de doute !… La sueur perçait sous les cheveux du pauvre veneur.

Les deux rampes parallèles encaissaient la vallée et interceptaient la majeure partie des lueurs qui tombent du firmament en l’absence de la lune. Tout était noir, sauf le cours de la Vanvre, qui rayonnait faiblement çà et là, et la masse blanchâtre du rocher de Marlet, dont la forme gigantesque se dessinait au-dessus des taillis.

C’était vers ce rocher que se dirigeait le chevalier, — et derrière était Fontaine aux Perles…

La demeure de Bleuette !

Hervé Gastel, aiguillonné par sa fièvre de jalousie qui atteignait son paroxysme, avait raccourci la distance qui le séparait de son prétendu rival, et le suivait maintenant de très près.

Il avait encore un espoir, un seul. La maison de Marlet, où demeurait le vieux marquis de Carhoat avec ses fils, s’adossait au rocher, sur la route de Fontaine aux Perles. Le chemin qui menait aux deux fermes était le même, et Gastel ne pouvait savoir au juste si l’étranger se rendait à la maison de Jean Tual avant de l’avoir vu dépasser Marlet.

Mais une fois Marlet dépassé, tout était dit, puisque la route s’arrêtait à Fontaine aux Perles et que derrière se trouvait la Vanvre.

Le chevalier tourna dans le taillis à l’endroit où le sentier quittait les bords de la rivière. — Le pauvre veneur l’imita.

La maison du marquis de Carhoat n’était plus désormais qu’à une cinquantaine de pas. — Hervé se traîna plus mort que vif.

Le chevalier, au contraire, allait gaillardement et fredonnait même quelques ponts-neufs apportés de Paris. — En vérité, il n’y avait pas besoin d’être amoureux et fou, pourvoir en lui un galant, courant quelque aventure.

Les cinquante pas furent franchis en un clin-d’œil, et le chevalier passa franc devant la porte de Marlet.

Hervé s’arrêta, son cœur défaillait ; — puis le sang lui monta violemment au visage, et il prit en main, sous son manteau, la garde de son long couteau de chasse.

Le chevalier, cependant, gravissait le rocher, sans se douter du péril qui était sur ses talons. — À mi-chemin du sommet, il quitta brusquement la route et disparut aux yeux du veneur dont le regard le dévorait.

— Il se trompe de chemin, pensa celui-ci, — et il va se briser les côtes sans que j’y mette la main…

Et, poussé par un instinct irrésistible, il s’élança au secours de cet homme que son intention bien formelle était de mettre à mort.

Il tourna l’angle du roc, derrière lequel l’étranger avait disparu.

Au-delà de cet angle, il y avait une anfractuosité de quelques pieds carrés, puis le vide.

Un pas fait au-delà, vous précipitait d’une hauteur de deux cents pieds.

Cet endroit était précisément celui où Martel, du haut de son observatoire improvisé, avait aperçu le marquis de Carhoat et Francin Renard en embuscade, au moment où le premier mettait en joue, pendant l’orage, la suite de monsieur de Presmes.

Ce trou n’avait d’autre issue que la route qu’avaient suivie, pour descendre, le vieux Carhoat et Renard, route par où Hervé Gastel arrivait maintenant.

Et pourtant Hervé Gastel ne trouva rien dans le trou.

Il regarda, il tâta le roc avec son couteau de chasse. — Rien !

Il se coucha sur la petite plate-forme et mit son oreille en dehors, au-dessus du précipice, pour écouter si quelque plainte ne monterait pas jusqu’à lui.

Car il était manifeste que l’étranger avait roulé en bas du rocher.

Il était bien mort, sans doute. — Aucune plainte du moins ne se fit entendre.

En revanche par une hallucination bizarre, Hervé crut ouïr, au milieu du silence de la nuit, comme un écho affaibli de clameurs confuses, mêlées aux chants rauques d’une orgie…



  1. Les chats courtauds sont des lutins de la Haute-Bretagne, qui tiennent conseil sur la lande, dans les taillis et principalement auprès des eschaliers. Ils sont de taille gigantesque, et cette épithète de courtaud que leur donnent les paysans de la forêt est une antiphrase. — Quand ils entendent de loin le pas du voyageur attardé, ils se blottissent contre le talus, puis, au moment où le voyageur passe, ils s’élancent sur ses épaules, par-derrière, et lui arrachent les yeux en miaulant le nom de Satan.
  2. Ou laveuses de nuit. Lutins femelles qui tordent le suaire des morts au clair de la lune, et, au besoin, le cou des voyageurs.