Imprimerie de John Lovell (p. 63).

XXXIV.

L’OISEAU MOQUEUR ET LE PINSON.


Il existe un oiseau qu’on appelle Moqueur
Qui critique toujours sans même être chanteur ;
Aussi dans les forêts vit-il comme un ermite,
Chaque habitant de l’air en le voyant l’évite.
Ce triste volatile est envers les oiseaux
Ce que sont maints censeurs parmi les animaux
À deux pieds. Un jour donc que du creux d’un érable,
Ce stupide moqueur, dit-on,
Par ses sifflets, d’un air capable,
Poursuivait sottement un habile pinson :
— « Ah ça ! mon piètre personnage
« Lui dit le pinson irrité,
« C’est bien à toi vraiment de siffler mon ramage !…
« Qu’es-tu, sinon un sot gonflé de vanité ?…
« Chante donc, si tu peux, mon impudent Zoïle,
« Tu ne sais pas même siffler !… »

Défunt Boileau l’a dit, je puis le répéter :
La critique est aisée et l’œuvre est difficile.