Exploration de la Palestine

EXPLORATION DE LA PALESTINE

L’esprit de recherche religieuse, qui est la conséquence immédiate du protestantisme, a déterminé de nombreuses explorations individuelles dans les terres bibliques ; Robinson, Lynck, Munck, de Saulcy, ont laissé des travaux remarquables. Mais il importait, pour la science archéologique, de produire un ouvrage d’ensemble, entrepris sous une direction régulière, s’étendant à toute la Palestine et comprenant la géographie, la géologie, l’histoire naturelle et la description des ruines antiques. On constitua en Angleterre une société : Palestine Exploration Fund, qui fit appel à l’initiative individuelle pour obtenir les capitaux nécessaires à la réalisation de cette grande entreprise. Depuis plusieurs années, on s’est mis à l’œuvre ; les documents les plus importants sur l’histoire de ce berceau de la civilisation ont déjà rémunéré les patients investigateurs. Les dépenses se sont élevées, depuis le commencement des opérations, à 20 000 livres sterling ; un cinquième de la Palestine est relevé, et décrit. Il reste 1615 milles à relever pour avoir terminé la Palestine, qui s’étend entre le Dan et Beersheba, et d’un autre côté entre le Jourdain et la mer, sur une surface de 6 600 milles géographiques. On dresse tous les mois la carte de 140 à 170 milles carrés.

Les opérations n’ont lieu que pendant la belle saison. On a commencé par mesurer une base près de Jenin, où la position astronomique avait été déterminée rigoureusement. Ce fut le point de départ de la brigade du lieutenant Couder. Les explorateurs campent pendant trois semaines aux mêmes endroits, choisis à une distance d’environ 12 milles les uns des autres ; le camp est ainsi le point de ralliement des opérations exécutées dans son rayon, qui embrasse 60 à 150 milles de superficie aux alentours. Le premier jour du campement est consacré à la préparation des moyens d’exécution et à la détermination astronomique de la position ; on choisit ensuite des points culminants d’où l’on puisse découvrir un rayon de 10 à 15 milles, sans avoir d’obstacles devant soi.

Le travail de la journée dure dix heures. Quand les grandes lignes sont construites, on fait une triangulation secondaire dans laquelle on insère les détails.

On conçoit que l’orthographe des noms propres soit une difficulté réelle quand il s’agit de la faire concorder avec la prononciation. La commission anglaise doit prochainement s’adjoindre M. Gauneau, drogman de l’ambassade française à Constantinople, pour résoudre les difficultés de linguistique qui s’offrent constamment ; sa connaissance spéciale du dialecte de la Palestine en fera un précieux auxiliaire.

La carte dressée par le comité d’exploration sera la meilleure qui ait été encore publiée ; on l’accompagnera d’une relation de toutes les particularités du voyage ; la description des ruines et les documents archéologiques feront l’objet d’un travail spécial.

J. Girard.