Exégèse des Lieux Communs/031
XXXI
Il ne faut pas être plus catholique que le Pape.
À première vue, on pourrait croire qu’il est heureux pour le Pape qu’il y ait des gens plus catholiques que lui, des avertisseurs qui lui disent : Arrêtez-vous, quand il va trop loin, c’est-à-dire, toujours, n’est-ce pas ? Car le Pape est le seul homme qui se trompe infailliblement, et c’est même comme cela qu’il faut entendre la doctrine de l’Infaillibilité pontificale. Du moins, c’est ainsi que l’entend le Bourgeois.
Pourquoi, alors, dit-il qu’il ne faut pas être plus catholique que le Pape ? Sans doute parce que le Pape l’est encore trop. Je vous écoute, mais tout de même ça n’est pas très clair.
Si le Pape se trompe toujours et qu’en sa qualité d’infaillible il soit seul à se tromper toujours, il s’ensuit qu’il est impossible de n’être pas plus catholique que lui. En même temps, vous me dites, ô Bourgeois, que cela ne vaut rien, qu’il ne faut pas l’être plus, ce qui implique nécessairement qu’il faut l’être moins, impossibilité qui vient d’être démontrée.
Dans cette hypothèse absurde, le Pape reprend son niveau, comme la mer aux « tumescences merveilleuses », et me revoilà sur le plan d’un catholicisme inférieur à celui de ce Souverain Pontife qui ne peut pas ne pas se tromper et qui, de ce fait, retombe aussitôt, invinciblement, au plus bas étage. Encore une fois, je demande un peu de lumière.