Eureka (1848)
Traduction par Charles Baudelaire.
M. Lévy frères (p. 1-2).






À ceux-là, si rares, qui m’aiment et que j’aime ; — à ceux qui sentent plutôt qu’à ceux qui pensent ; — aux rêveurs et à ceux qui ont mis leur foi dans les rêves comme dans les seules réalités, — j’offre ce Livre de Vérités, non pas spécialement pour son caractère Véridique, mais à cause de la Beauté qui abonde dans sa Vérité, et qui confirme son caractère véridique. À ceux-là je présente cette composition simplement comme un objet d’Art ; — disons comme un Roman, ou, si ma prétention n’est pas jugée trop haute, comme un Poëme.

Ce que j’avance ici est vrai ; — donc cela ne peut pas mourir ; — ou, si par quelque accident cela se trouve, aujourd’hui, écrasé au point d’en mourir, cela ressuscitera dans la Vie Éternelle.

Néanmoins c’est simplement comme Poëme que je désire que cet ouvrage soit jugé, alors que je ne serai plus.


E. P.