Essai sur la régénération physique, morale et politique des Juifs/10

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CHAPITRE X.


Danger de tolérer les Juifs tels qu’ils sont, à cause de leur aversion pour les autres peuples & de leur morale relâchée,


Un Savant estimable(1), voulant justifier la morale des Juifs, nous observe que le principal livre de leur religion est la loi de Moyse, & qu’avec eux nous vénérons ce livre sacré. La maniere dont M. Dolun veut justifier les Juifs, ne peut convenir qu’aux troupes foibles & dispersées des Caraïtes qui sont ennemis déclarés des traditions orales, & qui, par cette raison, ont pour ennemis déclarés les Rabbanistes. Personne n’ignore que ceux-ci ont altéré la morale de la Bible par l’alliage des rêveries talmudiques, rêveries si révérées, qu’ils comparent la Bible à l’eau, la Misna au vin, & la Gémare à l’hypocras ; ces deux parties forment le Talmud, ce vaste réservoir, j’ai presque dit ce cloaque où sont accumulés les délires de l’esprit humain.

Les Juifs ont des Escobars, & pour le dire en passant, ils ont aussi des Sanchez. Foule de leurs casuistes autorisent, dit-on, la mauvaise foi, les équivoques, les restrictions mentales, l’hypocrisie. Un Rabbin Siméon, décide que si l’idolâtre vous promet la vie à condition de commettre un acte d’idolâtrie, il faut accepter la condition, parce qu’il n’est pas dit : vous mourrez pour ces loix, mais vous vivrez par elles. Les parjures ne doivent pas grever leur conscience, puisque Dieu les efface au jour des expiations ; & soit parjure ou autres péchés, ils peuvent s’en décharger aisément en allant au retour de l’année au bord d’un fleuve les jetter sur les poissons(2). Je n’ai garde cependant d’assurer avec un moderne qu’ils s’honorent d’un faux serment comme d’une œuvre méritoire ; j’avoue même que des Rabbins ont argué leurs ouailles sur l’infidélité des paroles. Aben-Ezra voyant combien ce crime étoit commun parmi les Juifs de son temps, le regardoit comme une cause suffisante de la prolongation de leurs malheurs ; mais cet aveu même prouve le relâchement de leur conduite ; & si leur probité n’étoit fort sujette à caution, auroit-on pris tant de précautions, écrit tant de traités, spécialement en Allemagne, sur la maniere de leur faire prêter des sermens qui, malgré cela, sont réputés insuffisans pour faire naître la confiance ?

Mais, ajoute M. Dolun, les opinions relâchées de quelques Rabbins ne doivent pas faire tort à la doctrine des Juifs, prise en général, de même que des idées semblables, avancées par des Théologiens chrétiens, ne doivent pas être mises sur le compte de la sainte doctrine de l’Évangile. Cette comparaison est inexacte. Il y a grande disparité, en ce que les opinions erronées de nos Théologiens n’influeront jamais que sur le cercle étroit de leurs adhérens, au-lieu que les décisions rabbaniques sont irréfragables, puisqu’on doit croire un Rabbin, dit Luther, quand même il assureroit que la main droite est la gauche ; & lorsque deux se contredisent, tous deux doivent être réputés raisonnables, & préférés à Moyse(3). Plusieurs de nos Théologiens ont avancé des maximes réprouvées par la saine morale ; mais ont-ils jamais outragé la raison par des axiomes aussi détestables que ceux qu’on va lire ?

Est-il vrai que, selon le Talmud, un Juif doit saluer un Chrétien en le maudissant, & lui souhaiter un bon voyage en ajoutant in petto, comme celui de Pharaon dans la mer, ou d’Aman à la potence(4) ? Est-il vrai que, selon Maimonides, il faille convertir l’idolâtre ou le tuer ? que s’il se noye, il ne faille pas le secourir, & que ce soit lui faire grace que de ne pas le pousser dans le précipice(5) ? Le Maimonides est nommé chez eux l’aigle des docteurs, en sorte que depuis Moyse (le législateur), personne n’a paru plus grand que Moyse (Maimonides) Salomon Jarchi ayant décidé qu’il faut briser la tête de la femme comme celle du serpent, explique sa pensée, & restreint sa dureté aux femmes chrétiennes(6). Basnage a recueilli plusieurs décisions de cet acabit. Un Juif qui vient de lire ces Auteurs, ou qui ouvrant son Talmud y trouve le conseil de tuer le meilleur homme qui se trouve chez les nations, pour peu qu’il respecte ce livre devenu classique chez tous les Rabbanistes, ne seroit pas loin de… je n’ose achever. Basnage assure même, ainsi que Boulanger(7), qu’ils ont érigé en dogme leur haine, & qu’elle va jusqu’à la fureur contre nous. J’aime à croire cependant qu’il se sera trompé, en attribuant aux Juifs cet axiome horrible de quelques têtes forcenées ; que celui qui ne nourrit pas sa haine, & ne se venge pas de ses ennemis, est indigne du titre de Rabbin(8).

Les décrétales font foi que jadis, en haine du christianisme, ils affectoient de paroître en public avec pompe le jour du Vendredi-Saint ; il fallut leur défendre de quitter leur demeure ce jour là. Et pour descendre à des temps plus voisins de nous, n’a-t-on pas vu en 1702, le Roi de Prusse mettre un inspecteur chrétien à leurs assemblées religieuses, & lancer contr’eux un Édit foudroyant, pour leur interdire une formule d’imprécation usitée dans les maisons & les Synagogues, avec prohibitions, sous peine d’exil, & même de la tête, de l’enseigner à leurs enfans ? Cette formule imprécatoire étoit ; Wir knien und bükken, uns aber nicht vor dem gehangten Jesu, c’est-à-dire, nous nous agenouillons, nous nous prosternons, mais non pas devant ce Jésus qui a été pendu.

La ferveur des Juifs incline singulièrement au fanatisme, & leur bile s’émeut lorsqu’un de leurs membres abjure. C’est une conséquence du principe imputé à Maimonides(9), qu’il faut persécuter jusqu’aux enfers ceux qui abandonnent le judaïsme. Lorsqu’en 1752 Borach Lévi, Juif de Haguenau, fit sommer juridiquement le Curé de Saint-Sulpice de le baptiser, après avoir constaté son desir, sa capacité, &c. dans sa lettre supplicatoire à l’Archevêque de Paris, il disoit : Si je rejoins les Juifs, je suis sûr d’être empoisonné(10). On se rappelle encore ce Rabbin Italien qui, voulant se faire Chrétien il y a quelques vingt ans, reçut le Baptême de sang de la main des Juifs. Bien des traits analogues viendroient au besoin appuyer ceux qu’on vient d’alléguer.

L’aversion des Juifs s’étend aux sectes sorties de la même tige qu’eux. L’Évangile atteste leur haine envenimée contre les Samaritains. Ceux-ci presqu’éteints, ne peuvent plus gueres être un objet de persécution, mais ils sont encore en but à la calomnie des Rabbanistes. J’en ai vu soutenir la chimere répétée tant de fois, qu’actuellement encore les Samaritains adorent une colombe sur le Garizim. Il paroît qu’au douzieme siecle, les Rabbanistes ont fait chasser les Caraïtes de l’Espagne. Toutes les fois que ceux-ci ont voulu se rapprocher d’eux, ils n’en ont reçu que des outrages(11). Un Caraïte venu à Francfort, eût été assommé, si Ludolph ne l’avoit soustrait à la fureur de la Synagogue(12). La haine est au point que si un Caraïte & un Chrétien se noyoient simultanément, un Rabbaniste doit faire un pont avec le corps du Caraïte pour sauver le Chrétien(13). Des usages parfaitement indifférens, & des petitesses orgueilleuses, ont fait éclater la division entre les Rabbanistes même. Amsterdam & Londres ont vu quelquefois des scenes scandaleuses enfantées par l’antipathie des Nations allemande & portugaise, & récemment encore, une Juive de Berlin ayant épousé un Médecin de la Nation portugaise, les parens de cette fille en porterent le deuil, comme d’une personne décédée(14). Que conclure de ce qu’on vient de lire ? Qu’il faut chasser les Juifs, les détruire : non ! cela prouve plus démonstrativement encore combien il est essentiel de régénérer ce peuple. Un honnête homme de plus ou de moins n’est pas peu de chose dans la société, & voilà quatre à cinq millions de Juifs épars sur le globe, nous en avons près de quarante mille en France ; leur éducation rectifiée intéresse les peuples & la morale.

Il faut avouer toutefois que la douceur des Gouvernemens modernes a un peu calmé leur effervescence religieuse, & mitigé leur haine contre nous. Cette morale d’une théorie féroce, dont on vient de présenter des échantillons, est rarement celle de leur conduite ; mais dans l’hypothese même qu’ils la pratiquent, lecteurs, répétons avec larmes ce qu’on a dit plus haut. Voilà notre ouvrage, à leur place nous eussions été tels, peut-être pires.



(1) V. M. Dohm üeber bürgerliche verbesserung der Juden, &c.

(2) Buxtorf. Synagoga judaica, chap. XIX.

(3) Ceux qui méprisent les préceptes des Rabbins subiront un supplice bien étrange, damnabuntur in stercore bullienti ; et dès ce monde, on peut lancer sur eux le Kerem. C. A. D., l’excommunication majeure qui fait son effet même sur les chiens, et qui entre dans le corps par deux cent quarante-huit membres. Alors on est trop heureux de recourir à ceux qu’on a vitupéré, pour avoir main-levée de cette sentence : car un Rabbin peut non seulement absoudre les autres, mais encore s’excommunier et s’absoudre lui-même.

(4) De l’orgueil national. Par M. Zimmermann,

(5) Maimonides de idolol. Chap. V, VI et X.

(6) Ici, je parle d’après Basnage, qui attribue cette sentence à Salomon-Jarchi, tandis qu’il cite en note l’histoire des Juifs, par Salomon ben Virga. Je n’ai pu me procurer ces deux auteurs pour vérifier la citation, et savoir auquel des deux il faut faire honneur de cette belle décision.

(7) Antiquité dévoilée. T. 2, liv. 4, chap. III.

(8) Basnage, liv. 4, cha. XVIII. Lecteur, vous frémissez ! mais, dites-moi, la fureur des duels parmi nous, est-elle autre chose que ce principe réduit en pratique ? Beaucoup de militaires abhorrent à la vérité un usage qui les flétrit aux yeux de la religion et de la raison ; et sans doute il viendra ce moment, où, d’un commun accord, ils renonceront à une brutalité dont une postérité plus sage rougira pour les siecles antérieurs.

(9) Basnage.

(10) Le curé de St. Sulpice ayant également refusé le baptême à ce Juif, celui-ci fit faire un mémoire à consulter, dont le résultat étoit de dénoncer ce refus au Parlement toutes les Chambres assemblées. Le mémoire est imprimé chez Paul Duménil, rue de la Vieille-Draperie. 1752.

(11) V. Jean-Christ Wolf. préface à la tête de la Notitia Caræorum, par Mardochée, p. 12 et 13.

(12) Réflexions sur l’hist. des Juifs, T. 2, p. 51 et 52.

(13) Postel in alphabeto 12. Ling. Drusius, p. 296.

(14) Je tiens ce fait de M. Ensheim, savant Juif allemand, disciple de Mendelsohn.

Nota. La crainte de calomnier m’oblige à dire qu’en avançant ces graves inculpations, quelques ouvrages Juifs n’ont été cités que sur des traductions dont je ne garantis pas la fidélité. M. Bing, savant Juif de Metz, et mon ami, prétend que ces décisions dignes d’un habitant de Bedlam, ne se trouvent pas dans les Rabbins ; mais dans des fatras ignorés, ou même ne se trouvent aucunement. Il accuse nos auteurs de méprise, et feroit presque grâce à leur ignorance pour attaquer leur bonne foi. Je sais qu’en isolant des phrases, en mutilant des passages, on dénature quelquefois le sens des écrivains ; on leur impute des conséquences qu’ils désavoueroient ; quoiqu’elles dérivent immédiatement de leurs principes. Par amour de Juifs, je souhaite que M. Bing ait raison, et j’engage cet écrivain à cribler toutes mes assertions. Du choc des discussions, on verra jaillir la vérité.

De nos cailloux frottés, il sort des étincelles.
Volt.

Quand même tous les crimes imputés aux Juifs seroient vrais, en derniere analyse ils seroient moins coupables que les nations qui les ont forcés à le devenir.