Essai sur la régénération physique, morale et politique des Juifs/11

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CHAPITRE XI.


Danger de tolérer les Juifs tels qu’ils sont, à cause de leur commerce & de leurs usures.


L’histoire de Verdun offre un fait d’une singularité frappante. En 1434, les habitans ayant envoyé leurs députés au Concile de Balle, ils présenterent requête pour exposer qu’étant limitrophes d’un pays souvent dévasté par la guerre, il leur fût permis d’admettre dans leur cité pauvre, des Juifs qui, par leur industrie, pussent la vivifier & y amener l’aisance. Cette requête, dit Wassebourg(1), fut agitée & rejetée bien rigoureusement. Les Juifs pouvoient-ils réaliser les desirs de cette Ville, ou les Verdunois avoient-ils mal spéculé ? c’est ce que nous n’examinerons pas ; mais il est au moins très-douteux qu’aucune ville desirât présentement leur admission. Dans nos villes maritimes & ailleurs, les Juifs utiles au commerce y jettent de l’intérêt, de l’activité ; mais convenons qu’ils y jettent aussi de la défiance, en altérant cette bonne foi qui en fait l’ame. S’ils favorisent le libertinage des fils de famille, s’ils corrompent la probité nationale, tous ces maux proviennent de ce qu’ils sont exclusivement livrés au commerce. Ce genre d’occupations faisant circuler abondamment en leurs mains, des especes monnoyées, leur donne la facilité d’exercer l’usure, & d’altérer la valeur du numéraire(2). D’ailleurs le commerce les met en relation avec un grand nombre de citoyens ; nouveau moyen pour tramer des manœuvres sourdes, consommer des marchés frauduleux, & répandre plus efficacement leur maligne influence.

Léon de Modene, a tenté de justifier sa nation sur l’article de l’usure, en alléguant les défenses portées dans le Pentateuque(3) ; c’est une singuliere apologie que de citer le texte d’une loi, pour prouver qu’on ne l’a pas enfreinte. Qui ne sait, au contraire, que les livres saints ont servi de prétexte aux brigandages des Juifs, & qu’appuyés sur un passage du Deutéronome(4), commenté par la cupidité, ils ont étendu par-tout la terre de Chanaan, pour avoir droit de trouver par-tout des Ammonites & des Philistins ? D’ailleurs toujours préoccupés de l’idée d’un Messie qui doit leur soumettre l’univers, ils ont cru, sans doute, que leurs profits usuraires n’étoient qu’une légere anticipation sur ses conquêtes. On assure que bien des Synagogues empruntent à gros intérêts, parce qu’elles ont la certitude d’un profit clair, en prêtant ensuite elles-mêmes à intérêts plus forts. Aussi Tostat(5), & avec lui une foule d’Auteurs, prétendent que les Juifs ne croyent pas pécher en fraudant les Chrétiens. Si l’assertion étoit vraie, trouveroit-on de la franchise parmi des hommes qui auroient le secret de fripponner sans remords, & qui ne pourroient être honnêtes gens qu’en agissant contre leurs principes ? La crainte du châtiment sera donc le seul frein qui les arrête ; mais le flambeau de la justice ne peut pas toujours dissiper les ténebres dont le crime s’enveloppe. On sait d’ailleurs que la justice est aussi un effet commerçable, & qui devient, pour certaines gens, une branche d’industrie assez lucrative. Avec des écus, le Juif achete des protecteurs en crédit qui le couvrent de leurs ailes ; & par ce moyen la fourberie devient une maladie contagieuse qui altere la pureté des mœurs nationales.

Léon de Modene avoue cependant que dans leur état abject chez les Nations, ils ont pu quelquefois dégénérer de l’ancienne probité israélitique. Cet aveu est quelque chose ; mais il eût encore mieux valu convenir que depuis long-temps ce vice a gangrené le peuple hébreu. C’est par là qu’il s’est avili ; car la noblesse des sentimens, la vivacité du génie & l’avarice, sont trois choses inaliables. Cet Auteur n’a pas saisi le côté favorable pour faire l’apologie des Juifs, c’était de prouver que leurs usures sont une suite immédiate & nécessaire de l’oppression sous laquelle ils gémissent, que le comble de l’inconséquence est de leur reprocher des crimes après les avoir forcés à les commettre ; & ce qu’un Rabbin n’a point tenté, un Prêtre catholique espere l’exécuter avec succès. Le public ne verra pas, sans intérêt, un Ministre de l’Église catholique se faire l’Avocat des plus grands ennemis de sa religion.

Pokoke, voyageur anglois, surpris de trouver peu de Juifs dans l’isle de Scio, en demanda la raison aux habitans : Nous sommes, lui dirent-ils, trop fins pour eux(6). Pierre-le-Grand, supplié d’admettre les Juifs dans ses États, où l’on en trouve présentement, répondit à l’intercesseur : félicitez-les de mon refus, ils sont frippons, mais les Russes le sont encore plus, ils leur dameroient le pion. On peut révoquer en doute les assertions de Sciotes & du Czar. Personne n’a porté plus loin que les Juifs l’art de ruser, & d’épier le malheur, pour tomber lâchement sur les victimes. Au moment où l’on se flatte d’avoir dévoilé toutes les ressources de leur brigandage, ils vous précipitent dans de nouveaux pieges.

Un débiteur ne peut, à l’époque convenue, liquider sa dette ; pour éviter des poursuites ruineuses, il sera forcé d’acheter, à valeur triple, un cheval qui n’a plus de prix que pour le Tanneur : ce débiteur vient ensuite apporter la somme ; tantôt, sous le masque d’une bonté infernale, on lui dit que la chose n’est pas pressée, afin qu’employant ailleurs son argent, on puisse l’assigner au dépourvu, & le vexer ; tantôt on lui rend une créance copiée sur la sienne, avec un artifice capable de soutenir la vérification, & d’en imposer aux plus experts. C’est là votre promesse ? Oui, Vous aurez du plaisir à la voir brûler ? On la jette au feu : le débiteur part se croyant libéré, & quelques temps après on lui produit en justice la créance originale. Le moyen d’éviter la surprise en pareil cas, seroit de statuer que le Juif, en rendant le billet pardevant deux témoins, donneroit encore quittance. Je dis pardevant témoins, car s’il avoit la funeste adresse de varier sa maniere d’écrire, il donneroit à ses caracteres des formes éloignées de son écriture habituelle, & la quittance seroit arguée de faux.

Si les Juifs payent au Souverain des taxes considérables, ils savent bien s’en dédommager sur les classes les plus pauvres de la société, & l’impôt qu’ils fournissent à l’État est un véritable impôt sur le peuple. Ils font des avances aux Cultivateurs, en leur laissant des bestiaux à crédit, en leur prêtant de l’argent pour acheter ce qui constitue le train du labourage ; c’est une bienfaisance meurtriere qui sustente un moment des victimes, pour usurper le droit de les dévorer. Et graces à la probité du peuple hébreu, on sait ce que signifie l’expression vulgaire : être entre les mains des Juifs. Livrés au maquignonage, ils ont le talent funeste de donner à des chevaux ruinés, une jeunesse empruntée, une vigueur factice qui trompent les plus clair-voyans, & remarquez qu’en cela, comme dans toutes les especes de ventes, presque toujours ils surfont de moitié ; tant il est vrai qu’il ne leur manque que des dupes pour faire payer les choses au double de leur valeur.

Comme il faut discuter à charge & à décharge, nous nous hâtons de dire que cependant les Juifs de Metz ont rendu deux fois des services importans à la province. Dans la guerre qui finit par le traité de Risvick, ils firent venir d’Allemagne des chevaux pour la cavalerie, malgré les défenses, sous peine de la vie, d’en faire passer en France. En 1698, la modicité des recoltes faisant appréhender la disette, ils tirerent des grains de Francfort, & ramenerent l’abondance dans la Province. On pourroit objecter qu’ils y trouvoient leur avantage par les bénéfices de la vente, & nous répondrions alors que souvent il faut tenir compte aux humains de leurs bonnes actions, sans trop apprécier le motif qui les inspire ; mais ici la bonne œuvre fut dégagée, dit-on, de vues intéressées, puisqu’ils firent le sacrifice de 30,000 liv. sur le prix de leurs achats(7).

Après des citations auxquelles le cœur se complaît, il faut revenir à des scenes déchirantes. Peut-on, par exemple, fermer les yeux sur le tort que les Juifs font à la jeunesse, en favorisant le libertinage par des prêts usuraires ? Que fera cet Officier dont les passions vont éclore ? cet autre, dont les affaires sont dérangées par le jeu ou la débauche ? L’Israélite se présente à propos, fait sonner les especes, & mesure son gain sur l’embarras de l’emprunteur, & sur les périls de la contravention. L’usurier ne connoît pas le Sénatus-consulte Macédonien, mais il sait très-bien qu’il ne pourra invoquer l’appui des loix qui lui refusent action contre un mineur, & qui défendent si expressément de prêter aux fils de famille. Fallût-il attendre la majorité, ordinairement peu éloignée ? à cette époque il trouvera moyen de faire ratifier les dettes antérieures ; d’ailleurs les loix civiles n’anéantissent pas celles de mineur ; & pour peu qu’un débiteur respecte l’opinion publique, il se libere en cédant, à grande perte, des bijoux, des effets de grand prix, dont, peut-être, depuis long-temps le Juif s’étoit nanti pour s’assurer un paiement. Les parens même s’empressent de contribuer, pour effacer des écarts de jeunesse dont la honte réjailliroit sur eux, & pourroit faire manquer à leur fils un établissement avantageux.

Que deviendra cet honnête Laboureur, ruiné par les Juifs ? Son ame est avilie par l’indigence ; il n’a plus qu’un pas à faire pour être un scélérat. Égaré par le désespoir, bientôt il franchira cette foible barriere. Si sa femme n’est pas encore morte de chagrin, il faudra bien qu’elle se rende complice de son époux, & les enfans mal élevés, prépareront à la génération suivante une race de citoyens pervers.

Habitans infortunés du Sundgaw, répondez, si vous en avez encore la force ; cet effrayant tableau n’est-il pas celui de l’état auquel plusieurs Juifs vous ont réduits ? Votre contrée, jadis fertile, & qui enrichissoit vos peres, produit à peine un pain grossier à une foule de leurs neveux, & des créanciers aussi impitoyables que frippons, vous disputent encore le prix de vos sueurs. Avec quoi les cultiveriez-vous désormais, ces champs dont vous n’avez plus qu’une jouissance précaire ? Vos bestiaux, vos instrumens d’agriculture ont été vendus pour assouvir des viperes, pour acquitter seulement une partie des rentes usuraires accumulées sur vos têtes. Ne pouvant plus solliciter la fécondité de la terre, vous êtes réduits à maudire celle de vos épouses qui ont donné le jour à des malheureux. On ne vous a laissé que des bras desséchés par la douleur & la faim ; & s’il vous reste encore des haillons pour attester votre misere, & les baigner de vos larmes, c’est que l’usurier Juif a dédaigné de vous les arracher(8).

Boulainvillier assuroit que pendant les guerres du siecle dernier, les Juifs avoient été d’un assez grand secours aux habitans de l’Alsace(9). Nous n’avons garde de contredire un trait si honorable ; mais il n’est pas moins vrai qu’on pleure d’attendrissement, qu’on frémit d’indignation à l’aspect des maux causés par des Juifs en cette province. Parcourez-la comme nous, pour vérifier les crimes dont nous venons de tracer une foible ébauche ; & si vous n’êtes pas féroce, ou digne de l’être, bientôt votre cœur gonflé laissera échapper des sanglots, votre ame s’ouvrira à la pitié, & votre bourse à l’indigence. Il est bien étrange que presque tous les Journaux se soient tus sur les événemens dont cette province a été le théâtre, il y a quelques années, & nous ne ferons que les indiquer à ceux qui les ignorent.

Les Juifs très-multipliés en Alsace, y ont multiplié leurs usures, & réduit beaucoup de Chrétiens à la mendicité. Une foule d’autres Chrétiens menacés du même fort, ont usé de représailles, en opposant fripponnerie à fripponnerie. Tout à coup le Sundgaw a été inondé de fausses quittances ; les Juifs ont crié à l’imposture, & réclamé la vengeance des loix, sans discontinuer leurs vexations. Cette affaire envisagée dans toute son étendue, offre un mystere d’iniquité, une œuvre de ténebres qu’il n’est ni possible ni prudent de trop approfondir. Les foudres de la justice n’ont pu écraser tous les coupables condamnés ; condamnons les Juifs en les plaignant : plaignons les Chrétiens en les condamnant.



(1) Wassebourg, Antiquités de la Gaule Belg. l. 7, f. 480 et 481. Il y a long-tems qu’il existe en Allemagne ce proverbe : Heureuse la ville dans laquelle on ne trouve pas Abraham, Nemrod et Naaman, c’est-à-dire, dans laquelle on ne trouve ni Juif, ni tyran, ni lépreux.

(2) Un Juif pendu pour avoir rogné des guinées, appelloit cela l’amour des belles-lettres.

(3) Hist. des rits et coutumes des Juifs, par Léon de Modene.

(4) Non fœneraberis fratri tuo ad usuram, pecuniam, nec fruges nec quamlibet aliam rem, sed alieno, &c. Deuterono. ch. XXIII, v. 19 et 20.

(5) Tostat. 3, reg. quæst. 5.

(6) Voyage de Pokoke.

(7) Affiches de Metz, 1784, n°. 9.

(8) Pardon, mon cher Bing, comme Mendelsohn, c’est par des vertus que vous voudriez faire l’apologie de votre nation, je sens que cette tirade agitera tous les ressorts de votre ame ; je l’écrivis en Alsace lors des évenemens dont il est question ; elle est peut-être trop véhémente ; mais mon cœur étoit saignant, j’écrivois sous sa dictée.

On connoît l’ouvrage intitulé : Observations d’un alsacien sur l’affaire présente des Juifs d’Alsace. On a contesté à l’auteur la vérité de ses inculpations, et je ne voudrois pas avec lui reprocher aux Hébreux actuels la mort du Sauveur. Mais a-t-on prouvé qu’il dit faux en tout ?

(9) Boulainvilliers, état de la France, T. 1.