Enquête sur la monarchie/Discours préliminaire/I

Nouvelle librairie nationale (p. viii-xii).

I

MODE ET QUALITÉ DE LA PREUVE

Alors, de tels faits font leur preuve ?

Ce mot de preuve fit sourire au temps de ma jeunesse. Il n’y avait pas assez de brocards à l’adresse d’un écrivain assez candide pour essayer d’ajouter des preuves à ses sentiments. Une génération plus sérieuse et plus grave, mieux douée pour l’action, a compris l’intérêt d’une démonstration destinée à mettre les pensées des hommes en accord avec les choses qui agitent et régissent l’humanité. De nos jours, la jeunesse comprend que nous ayons eu à cœur de choisir nos raisons et de conduire le mieux possible nos démonstrations.

Car, je dois l’avouer, ces démonstrations ont été surveillées et soignées de près. Nous nous sommes appliqués à les faire justes et vraies, mais aussi pertinentes et décisives.

D’abord, elles portaient sur des points qui n’étaient pas de détail ; nous n’avions pas fait la critique d’accidents ou de babioles. Les caractères de la vie politique républicaine auxquels nous nous étions attachés étaient ceux qui manquaient de satisfaire aux nécessités les plus générales de la vie nationale et de la vie humaine.

Je ne sais ce que durera le formulaire des droits ou même des devoirs de l’Homme. Mais les variations historiques ne changent pas grand’chose à la table de ses besoins. On conçoit une liste presque immuable des biens sociaux dont il lui est impossible de se passer. À quelque groupe de nations qu’il appartienne, l’homme demande au gouvernement de garantir l’intégrité du territoire sur lequel il naît, construit sa maison, engendre une descendance, vieillit et meurt ; après la sûreté, l’homme peut souhaiter la multiplication normale des membres Page:Charles Maurras - Enquête sur la monarchie.djvu/15 Page:Charles Maurras - Enquête sur la monarchie.djvu/16 Page:Charles Maurras - Enquête sur la monarchie.djvu/17 Page:Charles Maurras - Enquête sur la monarchie.djvu/18