Ennéades (trad. Bouillet)/V/Livre 9/Notes


LIVRE NEUVIÈME.
DE L’INTELLIGENCE, DES IDÉES ET DE L’ÊTRE.

Ce livre est le cinquième dans l’ordre chronologique.

Il a été traduit en anglais par Th. Taylor : Select Works of Plotinus, p. 984.

Nous avons indiqué dans les notes les passages des dialogues de Platon auxquels Plotin a le plus emprunté, savoir le Philèbe (p. 134), le Phédon (p. 132-134), le Cratyle (p. 139), la République (p. 145), le Gorgias (p. 145).

Alcinoüs, que nous avons déjà cité ci-dessus (p. 584), définit en ces termes le sens attaché par les Platoniciens au mot idée :

« Platon admet encore d’autres principes, qui sont le paradigme (ou modèle), savoir les idées, et Dieu, le père et la cause de tout. L’idée est : par rapport à Dieu, sa pensée ; par rapport à nous, le premier intelligible ; par rapport à la matière, la mesure ; par rapport au monde sensible, le paradigme. Considérée en elle-même, l’idée est essence. » (Doctrine de Platon, chap. X.)

Syrianus cite et apprécie ce livre dans les passages suivants :

« Quod autem de forma separabili sit forma manifeste significat Aristoteles, subjungens : Necesse est aliquam esse præter simul totum formatum et speciem. Si vero rursus hanc ponet quis, dubitatio est et in quibus ponet, et in quibus non : quod enim in omnibus non sit possible, manifestum est. Non enim utique posuerimus esse aliquam domum præter quasdam domos, quod consuevit Parmenides dubitare. Hoc et ipse quærit : in quibus est idea, et quibus non. Accurate igitur in Commentariis in Parmenidem a divo Jamblicho de his dictum est, positumque est et apud Plotinum in consideratione De Intellectu et de Speciebus et de Ente. » (Commentaire sur la Métaphysique d’Aristote, fol. 29, B, éd. de Venise, 1531 — Voy. aussi ibid., fol. 20, A.)

« Incipit Aristoteles ad oppositum argumentari, et dicit maxime dubium esse ipsum ens supponentibus sermonem de substantia entium. Quod quidem profunda consideratio sit Quo pacto ex Uno, nullam duplicitatem nec multitudinem habente in se ipso neque diversitatem, omnia subsistant, declarant Plotinus, Porphyrius, Jamblichus et omnes qui consideratius circa hoc problema versati sunt. » (Ibid., fol. 35, A.)

« Quæ vero solis corporibus accidunt, in naturæ rationibus determinatas habent causas ex Jamblichi sententia. Notat namque Plotinus non esse ponendam ideam albedinis in Intellectu. Non ergo, cujus est unus in multis conceptus, hujus idea est, etc. » (Ibid., fol. 65, A.)

Le début de ce livre de Plotin a été cité par Nicéphore Grégoras, comme nous l’avons dit, p. 133.

Ce livre est en outre cité par Simplicius en ces termes : « Pour les intelligibles qui sont immatériels, en même temps qu’ils existent ils sont connus en acte éternellement, soit par une puissance intellectuelle de notre âme, puissance qui demeure toujours là-haut comme l’enseignent Plotin et Jamblique, soit par l’intellect en acte, si l’on veut donner le nom de connaissance à cette conception intellectuelle » (Commentaire des Catégories d’Aristote, fol. 48, B.)

Jean Philopon cite également Plotin :

Par intellect en acte[1], Plotin a entendu l’intellect humain, qui sous un rapport agit toujours et sous un autre rapport agit seulement quelquefois. Il a été induit en erreur par Platon : car, lui ayant entendu dire que l’âme se meut toujours, il a cru que, si Platon a dit que l’âme se meut toujours, c’est parce qu’elle pense toujours, et pour cette raison il croit qu’elle est un intellect qui pense toujours. Plotin dit donc qu’il appelle intellect en acte l’intellect humain qui pense toujours… Plotin a été trompé parce que [l’âme] agit toujours ; il a supposé que l’intellect agit toujours en nous, et il a supposé que cet intellect est l’intellect en acte. » (Commentaire sur le Traité de l’âme d’Aristote, fol. 7-8.)

Selon Creuzer, ces deux citations de Philopon se rapporteraient au § 5 de notre livre (p. 137), où Plotin dit : « L’Intelligence n’est pas seulement en puissance….. Elle est en acte, elle est éternelle. » Mais, dans ce passage, Plotin parle évidemment de l’Intelligence divine, puisqu’il dit après (p. 138) qu’elle est la puissance créatrice de l’univers. Nous croyons donc que les citations de Philopon se rapportent plutôt aux passages suivants : « Dans l’enfance, le principe supérieur [l’intelligence] nous illumine rarement d’en haut. Quand il est inactif par rapport à nous, il dirige son action vers le monde intelligible ; il commence à être actif relativement à nous lorsqu’il s’avance jusqu’à la partie moyenne de notre être[2], etc. » (Enn. I, liv. I, § 11 ; t. I, p. 47.) « Ce qui est en acte, et qui ne peut être en acte pour rien d’étranger, doit être en acte pour soi-même….. l’intelligence est donc en elle-même un acte, etc. » (Enn. V, liv. III, § 7 ; t. III, p. 43.)

  1. Pour plus de détails sur cette question, Voy. notre tome II, p. 668-669.
  2. Voy. encore ci-dessus, p. 24.