Encyclopédie méthodique/Beaux-Arts/Tome 2/Pratique M

(p. 676-696).

M

MANGANAISE ou MAGNÉSIE(fubfl.fera.) ; forte de mine de fer , très-psuvte £j fort réfractaire , d’un gris noirâtre & aff^z femblable à l’aimant. Elle efl : d’un grand u’.agedar.s les pcteriesde terre & dans les verreries ; & ells fournità la f einmre en émail une couleur pourpre. MANNEQUIN, (TubAr. mafc.) Machine dont îa charpente imice alTez bien le Iquelette du corps humain , & qui , par le moyen de boules , en expiitne le mouvemeîit. On reniboure de crin cette charpente, & on la douvre de peau , ou de foie travaillés au méiier comme pour les bas , ce qui la rapproche . autant quM efl : pofîible , de la figure humaine. Les peintres revêtent cette machine fuivan : le befoin , pour étudier les favmes des draperies dont les plis font trop fujets à varier fur un modale vivant, qui ne peut fe prêter longtemps à l’état d’un repos ablolu. VoycT^Xii delcription du mannequin à l’article Dessin. MAROUFFLE , ( fubft. mafc. ) C’efl : de l’orcouleur rendu épais & gluant par une grande «uiflbn , & qui furm.e une colie forte & tenace. ^ MAROUFFLER, ( v. ad.) C’eft coller un ouvrage de peinture avec du maioiiffle. On peut rnizroiiff.’er fur une plus grande toile un ouvrage de peinture fait fut une toile tiop petite pour recevoir toute la compofition que l’on fe propofe : |>ar exemple , fi un peintre de portraits a fait fur tjne petitetoile une tCte qui doit faire partie d’un jiorrraic en pied ou à mi-corps, il n’efr fas néiceiTaire qu’il recommence cette ter e fur ia grande toile, au rifquede latraiteravecplus dé froideur ; mais il la marouffieTuv cette grande toiie. Quand on peint à l’huile & fur loiie dans l’artelier , des plafonds ou de» tableaux qui doivent être appliqués ’àir le mur comme des frefqi’es, il faut enfuire les marouffler fur la place qui doit le recevoir, c’eft-à-dire , les fixer fur cet :e place far le moyen de la colie nommée maroujfle. On en frotte le derrière de la toile , en le couchant fort épais ; on en met une covche également épaiiTé au mur ou plafond qui doit recevoir l’ouvrage. Quand ia toile efVappiiquée/au plafond ou su mur, on ia contient avec des doux que l’on fiche tout autour & iiir toute !a furface de diftance en diftance , & que l’on, retient fur la loile par des morceaux de papier plies en cinq ou fix doubles. Quand le maroufle eil bien fec , on ô :e les clous. Si le mur eli de nature à boire l’huile, il faut commencer par l’imrrimer de plufiei rs couches d’huile qu’en laiffe Pécher avan : d’étendre le mjrouJPe : fans eetfe p écaurion , le mur boiroit l’huile du ma’oujfie lui-même , le laifferoit à fec , & le rendroit incapable de retenir le tableau.

MARTELINE. (fubft. fém. ) Marteau à l’ufagedes Sculpteurs. 11 eft armé de dents faites en taille de diamant.

MASSE, (rubfï. fém. ) Fort & pefanr marteau de fer à l’uiage des fculpteurs en marbre. Il décrit un quarrc plus uu moins long , & eft partout de la même épaiffeur.

MASSICOT. ( fubft. mafc. ) Le maJJIcor n’eft atitre chofe qu’une ehaux de plomb calcinée , & qui prend différentes teintes fuivant les difFérens degrés de ca !cina"ion , ce qui le fait diftribuer en majjicot blaix , jaune & doré. Le nuijjicot hlanc lui-même eft d’un jaune tendre. Quelle quefoit la calcination qu’il ait fubic , c’eft toujours une couleur perfide, parce que toujours il tend à lé revivifier en métal, & à pafTeraVi npr ; il faut le rejerter des ouvrages auxquels on veut affûter une beauté dr.rabie. A’oici la manière dont fe fait le mûj^cot. On concaffi- de la cérufe en morceaux gros comme des avelines, qu’on met fur le feu dans une pcële de fir , & qu’on remue comme le café qu’on fait brûler. Il faut ia calciner en plein ïir, -& en éviter la vapeur qui eft mortelle. Un degré de feu plusfcible procure 1° bijJJïcoc bianc , plus fortle m a Jfi c o t c’iu on ^ & encore plus ilemafficot doré.

Voici une autre manière de faire le mcfficot , indiquée dans l’ancienne Encvclopf’die On rem’. pli ; de céiufe dé vieux canons de piftolets ;on bouche ces canor.s avec rie la tei re giïil’e , & on les met dans le feu oii on le’ tient rouges pendant quat’eou cinq heures : au bout de ce temps , le majjîcot eff fait.

Leite méthode peut être bonne pour éviter la vapeur empoifonnée de la chaux de pkmb- ; mais pour être fur de donner nu majjicot une teinte plus ou moins forte , il eft mieux de travailler à découvert.

Le fait fuivant, rapporté dans le Traité de îa peinture enpajîel , fuffir pour prouver la mauvaife qualité des maïïicoîs , confidérés comme couleurs. » J’avois mis , dit l’auieur , à l’entrîe de

» l’hiver , fur une carte , au bord d’une fenêtre B qui donnoit fur la rue , de la cérufe que j’avois » fait paffer à la couleur jaune un peu fafrance » par le moyen du feu : quinze jours après , je » trouTai ce majjîcot à l’exiérieur entièrement » couvert de plomb. »

MATOÎR. ( fuba. mafc. ) Infiniment d’acier dont fe fervent les graveurs en pUifieursgenres, tels que ceux en cachets , ceux à la manière du crayon, &-c C’eft une forte de ciCele’ , ou de branche d’acier de plufieurs pouces de long. Un bout eft arrondi, & c’efl : fur ce bout que l’on frappe avec le marteau ; l’autre bout cfi grené. On y donne ce grain en i’iappanc fur une 1 me dont les dents foient proportionnés à la g-ainure qu’on veut faire prendre à l’outil. Les dents de la lime entrent daus le matoir & y forment un travail femblable à ces dents. On trempe enfuire l’acier. La roulette & l’outil qu’on appelle fi,-, e, fout de véritables matoirs , iiir lefquels on ne fi’appe pas avec le marteau , parce qu’au moyen de leur conftruâion , la force du marteau eft iuppléee parcelle du levier.

MATRICE, (fubft. frnu ) C’efl , en terme de lîionnoysge , un morceau d’acier , gravé en creux , ii enfuite bien trempé , par lequel, au moyen du balancier, on imprime un autre morceau d’ac’er qui n’ed point trempé, & qui, à force d’être frappé, prend en relief la forme de la grai’ure que porte la matrice. Cette pièce en relief, fournie par le creux de la matrice, fe rorame poinçon, parce qu’elle a quelque rapport, moins parla forme que par l’ufage , avec l’outil qui porte le même nom, & parce qu’elle fert de même à reproduire en creux la figure qu’elle porte en relief.

Le graveur d’une monnoie nouvelle , fait fon ouvrage en relief ou en creux , comme il le trouve pjus commode. S’il le fait en creux, c’efl la matrice originale. S’il commence par le relief, quand fon ouvrage eft fini , il le trempe & l’imprime fur une niaïïe d’acier pour fe faire une viatrice originale ; car i’I lui en faut toujour.î une pour en ti’-er enfuite les po’nçons qu’il diftribuera aux autres graveurs. Ces poinçons rcpréfenteront ou la tête du roi , ou tout autre type do monnoie. Les grai’eurs particuliers impriment avec ces poinçons trempés , fur de l’acier nontrempé , les coins ou qiiarrés qui doivent fervir à monnayer. Ils y frappent au(fi les lettres & la bordure ; & , pour ces ohiets mêmes , le premier graveur fournit des matrices de détail, d’où ils tirent des poinçons de lettres & autres. On conçoit par-là que, fi ces opérations font faîtes avec attention , tous les coins doivent reffembler parfaitement au premier original , & par conféquent fe refTembler parfaitenîent entre eux. On donne quelquefois le ïiom-àQTnatrices à ce M I N


que je viens d’appeller coins ou quarrés de monnoies , de jettons ou de médailles. Ces coins méritent en effet ce nom , puifqu’ils produifent de même une gravure identique fur les flaons que l’on monnoye. Le mot flaon , qu’on prononce fliZTi , eff un terme propre du monnoyage. Il vient apparemment du verbe lit’inflare , fondre. C’eft la pièce de méral qui eft toute unie avant rimprefîlon. Le métal eft d’abord mis en fonte dans un creulet , & coulé dans des moules en petits ronds ou en lames. Ces James fondues pour être réduite :, à une épa ffeur égaie & proportionnée au poids qu’on veut donner aux flaons, font’ paffles au laminoir entre deux cylindres d’acier : on les coupe enfuite d’un feu ! coup avec un inftrumcnt nommé coupoir : on les marque avec un autre inftrunient fur la tranche , & on les recuit avant de les préfenter fous les coins pour iubir ie ’ coup ou les coups du balancier. Ces flaons perdent alors leur no’m & prennent celui de louis , d’écus , de fols , de jettons ou de médailles , fuivant leur deflinarion ou leur valeur, {article deAl.DuriviEH.)

Aïeule, (fubft. fém.) Cet inflrument eflnécedaire aux fculpteurs il ; aux graveurs, pour aigulfer les inftrumens de leur art. Elle a la forme de celles que l’on voit aux rémouleurs ambulans que l’on nomme ga^ne-petit. Elle eft repréfentée planche II. de Id. gravure en bols. MINE -DE -PLOMB, (f.bft. fém. comp. ) Ce frainfi que les artiftes appel lent la molybdène, fubftance d’un gris noiiâire & brillant dont on fait des crayons. Elle eft friable & douce au toucher, & lemble favoneufe : elledonne aux mains une couleur grifàtre perlée , & fe détruit difficilement au feu. Voyez l’article Crayon. MINIATURE, (fubft. fém.) Efpéce de pcinture en détrempe, dans laquelle on employé un travail pointillé, au moins pourles chairs. Le nom de la miniature femble être dérivé de la couleur qu’on appelle minii/m. Cependant les mimaturijîes , loin d’employer cette couleur de préférence aux autres , ont coutume d’en faire peu d’iifage, parce qu’elle aie défaut de changer & de pouffer au noir. Il eft donc probable que la ; miniature a. rei^u fon nom , maintenant confacré par l’ufage , de pcrfonnes qui connoiffoient peu les procédés de l’art , & non des artiftes qui le profefioient. Il eft poffible auffi que’ ce genre de peinture ayant été longtemps abandonné aux imsgiftes, pour la décoration des manufcritï , ces ouvriers, à certaines époques , fe fuient beaucoup fervis de minium, furtout pour les carnations, & que, de leur pratique vicieufe, mais qui pouvait alors fembler agréable , foie née lî dénomination ^e l’art qu’ils exerçoient. Peut-être aulTi donnoit-on alors le nom âe ml6-]%

M I N

nium au carmin , dont les miniaturlftes font uh afTei grand ufage.

Ce genre eft confacrc à des ouvrages de petites proportions : dc-’à quelc^ies perlonnes ont cru que le nom de la miniature , qu’elles prononcent mignaturc , eit venu du mot mignard : mais cette étymologie eft rorcée & contraire à l’analogie des dérives : les deux lettres rd doivent refterdatis les dérivés du mot mignard , comme on le voit dansles mots , mignarder , mignardifc. . Le mot miniature eft fouvont pris pour l’ouvrage peint en ce genre : on dit une miniature , pour dire un ouvrage peint en miniature. Mais on s’exprime mal quand on appelle miniatures àas, ouvrages en émail , à l’huile , ou à gouazze , par la railbn qu’ils font peints en petit : car ce mot ne deiigno pas la proportion de l’ouvrage, mais le procédé par lequel il eft fait. En parlant d’une miniature , on ne le fert guère du mot mfe /«<7K -, mais on dit, un ouvrage, une peinture, un portrait en miniature.

On peint dans ce genre fur une fubftance blanche, le marbre, l’albâtre, le vélin, l’ivoire : on employé des couleurs légères, i !s :longt-em : .s on n’a pas fait ufage du blanc , mais on laiilbit travailler le blanc du fond , comms lorfqu’on delTme fur papier blanc. On appelloit cette pain :ure à re/ni gne ., ^ztce qu’on épargnait le fond pour rendre les clairs , on ne fe leri’oit pas même de blanc dans les teintes ; on employoit toutes les couleurs Amples , & : on les dégiadoiten les détrempant plus légères ; comme lorfqu’on delTinc à l’encre de la Cliine ou au biftre , on met plus d’eau dans l ;s demi-teintes que dans les ombres.

Mais avec le temps on a fenti la nécefTiré d’admettre le mélange du blanc dans les couleurs pour dégrader les teintes , comme dans les autres genres de peinture ; on a feulement perlifté à i’e'xclure du pointillé des chairs. Des artiftes intelligens ont travaillé à augmenter le nombre des couleurs fimples, & à les rendre plus légères. Leurs progrès ont affocié leur art aux autres genres de peinture , par la liberté & la facilité qu’ils ont acquifes de multiplier les tons : ils 150 permettent pas , en quelque forte, de reconnottre dans leurs ouvrages la difette cil nous fommes de couleurs légères.

Van Dondre , en Hollande, Torrentius & Hufnagel en Flandre , Volfaek en .Allemagne, ont les premiers rejette la féchereffe de l’ancienne manière , & , fi l’on en excepte le nud , ils ont peint de pleine couleur , comme à l’huile. La peinture en miniature florlflbit depuis longtemps en Hollande , en Flandre & en Allemagne , & n’étoit encore en F rance qu’une forte d’enluminure. On ne faifoit guère que des portraits à l’épargne, péniblement & féchement pointillés , dans lefquelson admiroit moins l’art qufi la patience. Enfin les Rofalba , les Harlo, MIN

les Macé , fuîvîs par des artiftes dignes de leuè fuccéder, ont appris aux François que la miniature pouvoir avoir aulli des grands maîtres. Des peintres ont effayé de fendre l’hiftoire en miniature , & ont montre que leur art pourroit devenir capable d’exprimer en petit de grandes chofrs. Comme la miniatu e qui peut ébaucher fes travaux en couchant la couleur , les termine au moins en la pointillant, c’eft le genre de peinture qui peut parvenir le plus aifsment au fini le plus précieux , par la facilité. qUe donnent les points d’unir les teintes , de les fondre enfemble & de les attendrir.

La miniature o^ere fur différentes fortes de fonds , ou de fubfiancisi_nous l’avons déjà dit. C’)mmençonsà parler du velin. Celui fur lequel on peint eft fait de peau de v eau mort-né. Levélin d’Angleterre & de Picardie eft préférable-,^our la peinture, à celui de Flandre & de Normandie. Le vélin d’Angleterre eft trè^-doux & afiéz blanc ,■ celui de Picardie l’eft encore davantage. Les peintres exigent que le vélin Ibît de la plus grande blanc] ;eur , qu’il ne fait ni gras, ni tro :té de chaux, & qu’il ne s’y trouve pas de. petites tac l^çs , ni ds ces veines claires qui s’y rencontrent fi fouvent. I ! doit être bien collé& nullement fpongieux Si 1 on applique le bout de la langue fur l’un des coins, l’endroit mouillé doit être un peu de temps à fe fécher : sil fe féche ; au contraire très-promprenicnt , il boit, & doit être rejette. On ne peint plus atijourd’hui fur le vélin, à moins qu’on ne traite des fujets affea étendus pour qu’on ne puiffb trouver d’affez grandes tablettes d’ivoire. Avec quelqu’art que l’on puilVc opérer fur le vélin , le travail n’a jamais la même fineffe ni le même agrément. Si Ion veut peindie iur du papier, il faut le choifir fin & uni & bien encollé. Il feroit bon de lui donner une imprellion ; c’efl-à-dire , d’y palTer une ou deux couches légères de blanc de plomb , détrempé dans de l’eau de colle ; on polira ces couches quand elles feront féçhes. Nous détaillerons bientôt cette opération , en parlant de la miniature fur toile.

Le vélin ou le papier , humefté parla couleur, ne manqueroit pas de fe gripper : il faut donc qu’ils foient bien folidement tendus. On prend une petite planche, ou une plaque de cuivre, ou un fort carton de la grandeur du fujet qu’on veut peindre. On humefte légèrement le véliri ou le papier par derrière avec de l’eau bien nette ; & on le colle leulement par les bordi à la planche de bois ou de cuivre, ou au carton : les bords doivent être repliés en deffbus au derrière de la planche ; & entre la planche & le vélin , on met un papier blanc. En collant , il faut tirer le vélin ou le papier pour qu’ils foient bien étendus. On prendra garde que la colle ne foit que fur les bords ; s’il s’en attachoif à la partie du vélin

qui fe trouvera ^u revers de la peinture , çljç
MIN MIN 679

pourroît y caufer quelque grimace, & empê- j cheroit d’ailleurs de l’enlever à volonté de deffus i la planche.

On peut aufli peindre en miniature fur de la toile fine ou fur du bois , mais ces fonds ne s employent qu’avec des préparations. La toile s’imprime de quelques couches de blanc de plomb broyé d’abord à pluiieurs reprifesavec de l’eau très-notte : lorfque ce blanc efl bien fec , on le bioye encore , St pour la dernière fois , avsc de l’eau de colle de gants ou de parchemin. Le blanc ne doit pas être couché trop épais fur la toile ; il fuffit d’en mettre gros comme une noix fur un verre de colle. On l’applique médiocrement chaud, & l’on en met deux ou trois couihes. Pour enlever les petites înégalicésj les grumeaux qui auront pu s’y former , &. qui nuiroient à la netteté & au poli du fond , on le frotte légèrement avec une pierreponce , ou mieux encore avec de la prêle : & on repaffe enfuite une couche du même blanc encore un peu plus clair. *

L’imprcflion fur bois ne differ ;; de celle qu’on donne à la toile , qu’en ce qu’il faut que la premierecouche foi t de colle pure & toute bouillante , pour qu’elle pénétre mieux dans le bois, ik que s’unilfant avec les autres couches dent elle fera couverte , toutes ne faffenr enfemble qu’un feul corps. On unit ces couchosavec de la piêle , comme celles dont on imprime la toile , & on les polit en patTant légèrement par-deifus un linge net Se mouillé.

Quoique l’a'.bà re, le marbre blanc, & en général toutes les fubïlances blanches qui ne font pas fpongieufes, & ne boivent pas la couleur , foient propres à recevoir la winiMure , on a fini par f-référer généralement l’ivoire. Il eft bien plus commo.de que le vélin qu’on avoit long-temps adopté , & il efl bien plus fufceptible de recevoir un fini précieux. Il feroit fans reproche s’il n’étoit oas fujet à jaunir ; défaut qui le fera peut-être abandonner encore une fois, mais dont le vélin n’eftpas exempt lui-même. Au refte on é.ite, ou l’on éloigne au moins confidérablement le danger d’employer un ivoire qui jauniffe en vieilliffant , fi on le choifit d’une teinte bleuâtre ;c’efl :ce que , par rapport à cette teinte , on appelle de l’ivoire verd. Il doit être choifi très-blanc , fans veines apparentes , fort uni , fans cependant être poli , & réduit en tableires fiirt minces, parce que plus il eft épais , & plus Ion opacité lui donne un ton roux. Il tft très-important d’éviter les ondes qui fe trouvent dans l’ivoire , furtout lorfque, par la difpofition du fujec qu’on veut peindre, ces ondes fe reneontreroient dans les chairs.

Avant de peindre deffus , dit-on dans l’ancienne Encyclopédie, on y paffe légèrement un linge blanc ou un peu de coton imbibé , ou du vinaigre blanc ou d’alun de roche , & on l’effuie M I N.

^15

auffïtôt. Cette préparation dégraiffe l’ivoîre , luî ôre l’on grand poii , s’il en a , & la légère imprellion de lel qui refte encore deffus , fait que les couleurs s’y attachent mieux : de i’eau falée pourroit fulfire.

Cefel de l’alun ou de l’eau falée , doit infpïrer de la défiance pour ce procédé ; car tout fel efl porté à venir à l’efflnrefcence par l’impreirion de l’humidité ; & fuivant la quantité dans laquelle il fe trouve , il ne peut manquer de gâter plus ou moins les couleurs en les couvrant d’une légère farine dans laquelle elles fe dscompofent. Il vaut donc bien mieux fuivre la pratique des miniiituiijies qui planent l’ivoire avec foin , au moyen d’un graioir avec lequel ils font difparoîtré les raies de la fcie de l’ouvrier, & qui enluite y pafTent légèrement avec le doigt de la poudre très-fine de pierre -ponce pour le dégraiffer. On colle derrière l’ivoire un papier blanc avec dp la gomme. Comme nous avons dit que les tablettes d’ivoire dévoient être fort minces, eiles ont de la tranfparence : par conféquent , la blancheur du papier les pénétre & augmente celle qui leur cft propre.

Si l’on peint fir marbre on fur l’albâtre , on fera la même préparation que pour l’ivoire. On peut aulfi pe

àre en mlniarure fur des co-

quilles d’œufî. Indépendamment des préparations dont nous venons de parler, elles en exigent encore une autre ; c’efî : qu’il faut les amollir pour les redrefTer. Leur fragilité femble fuffire pour les faire rejertcr : cependant fi elles l’emportoient à d’autres égards fur les autres fonds , elles reeevroient allez de fbliiité de la glace qui les couvriroit , & de la plaque de métal fur laquelle elles po :irroient être appliquées. Enfin on a peint en miniature fur ces feuilles qu’on nomme tablettes , 8c qui fervent à écrire avec une a’guille d’or & d’argent , les choies dont on veut ib fouvenir. Cependant on peut dire que les fubftanccs fur lefquelles peignent lesminiaturiiles , fe bornent généralement au élin &a l’ivo’re.

On ne fe fertpas ordinairement de crayon pour chercher le trait fur le fond qu’on deftine à recevoir la peinture ; mais on trace avec une aiguille d’or, d’argent, ou même de cuivre, & l’on efface les faux traits avec de la mie de pain. fur le vélin , & avec de la poudre très-fine de pierre-porce fur l’ivoire. Pour éviter deles multiplier , il eil bon d’arrêter auparavant fa penfée , & de deffiner d’abord correflement fur un papier fin ce que l’on veut peindre : on calqueraenfuite ce trait fur le vélin par le procédé que nous avons indiqué au mot Calque. Si l’on fe propofe de copier en miniature un tableau d’une plus grande proportion , on s’afTurera de la précifion & de la fidélij :é de la copie , en réduifant d’abord le fujet prr le moyen des quarreaux : voye^ à l’article Dessin, la manière de réduire aux quarreaux> (S8o

M I N

Le trait étant réduit , on ]e pisrte , paf le moyen du calque , fur le fond que l’on veut peindre. D’habiles artifl :es trouvent qii’il y a toujours de l’inconvénient à chercher le trait non-fculement au crayon de mine de plomb , mais même à l’aifîuille qui donne des tra’ts encore plus fins. En effet, on ne peut effacer las faux traits avec la poudre de piei re pon ;e , fans affaiblir confidérablcment ceux qui doivent reltar , & fans rifquer fouvent do les perdre. Ils aiment donc bien mieux deffiner au pinceau, parce qu’on enlève aifoment les faux traits avec le pinceau imbibé d’eau.

La plupart des couleurs dont on fait ufage à l’huile ou en détrempe , peuvent ; erre employées en mhiiacim. Il vaut cependant mieux rejetter beaucoup de couleurs fimples qui font fujettes à changer, & piendre la peine de compoitrles teintes avec un plus petit nombre de couleurs. Voici l’énumération des couleurs dontfe fervent ordinairement les miniaturiftes. LeBlane à : céruje’ àt Venife. On ne fe fert pas de blanc de plomb en miniature. Comme celui de cérufe efl ai^lli métallique, il feroic unie de pouvoir s’en pafîer. On propofe dans l’ancienne Encyclopédie, un blanc qui ne change jamais, & qui efl : fait d’os de pieds de mouton calcinés, broyés & préparés comme le biftre.’ Voyez Bistre.

Le carmin. •

L’outre- mer.

Le bleu de PrulTc.

La laque de Venife.

Le vermillon.

Le btun-ro’Jge.

La pierre de fiel,

L’ochro iaune.

L’ochrede rut.

La terre d’ombre.

La terre de Cologne,

La terre d’Italie.

Le ftil-de-gr. de Troies.

La gomme gutte.

Le jaune de Naples.

L’Inde.

Le noii d’ivoire.

L’encre de la Chine.

Le biftre.

Le vc’rd d’Iris.

Le verd de velïïe.

La cendre verte.

Le vetd de montagne.

Il vaudra mieux ne pas employer les deux derniers verds qui font métalliques ,& par conlequent ^lerfides : & généralement il fera toujours plus fur de ccmpofer les verds fur la palette. L’orpin eftconifteau nombre des couleurs qui appartiennent aux miniatttrifles : nous l’avons omis à deffein ; dîabord pa.-ce que, malgré fa beauté qui eft capable de f ;duire , il efl fujer à changer, comme toutes les couleurs métalliques i & enluite parce qu’étant un poifon , il efl fort dangereux pour les peintres en miriiaru. e , qui ont l’habitude de porter leurs pinceaux à la bouche.

Le fiel d’anguille doit être mis au nombre des couleurs pour la miniature : on l’employé fans goipîne. Il eft très- bon pour glacer , & peutaufU MIN

varier les verds dans le payfage en le mêlant avec diftérens bleus. Mêlé avec les couleurs vertes , grifes , jaunes & noires , il en augmente la forC)C &c l’éclat. Il faut tirer le fiel des anguilles quand on les écorche , & le pendre à un clou pot :r le faire fécher. Lorfqu’on veut s’en Servir, on le détrempe dans un peu d’eau -de -vie, & on le mêle à la coiileur en petiteiquantité. On ptopofe, dans, l’ancienne Encyclopr’d'e , un noir picfjrable à celui d’ivoire , qui a moins de corps , &c qui ell : a’.tifi léger que l’encre de la Chine. Il fe fait avec i’imande de la noix d’Acajou. On ôte lapellicitle qui couvre cette noix : on calcine enfuite l’amande au feu , & on l’éteint aullitôt dans un linge mouillé d’eau- de- vie ou de vinaigre. D’ailleurs./ag prépare cette couleur comme le biftre : Vayez Bistre -, il faut obferver de la broyer à plufleurs reprifes , & : de la lailier féclier chaque fols. Certaines couleurs l’ont liquides ; d’autres font en pierres & en moiccaux ; d’autres font ou doivent être réduites en poudre très-fine, à force d’être broyées fur la glace ou Is porphyre. Les couleurs liquides fe confervent dans des fioles ou bouteilles de verre bien bouchées ; cellesqiii font réduites en poudre dans des boëtès bien fermées ; & celles qui font en môrcçaux s’enveloppent dans du papier. Pour fe fervir des couleurs en tablettes ou en pierres , on les frotte contre le fond du godet où l’on met un peu d’eau gommée : pour fait e ufage de celles qui font en poudre , on les délaye avec le bout du doigt dans les godets , en y mêlant aulli de l’eau gommée. La miniacure exige des couleurs légères-, & cependant ies meilleures couleurs & les plus folides qu’elle puifTe employer font les terres qui femblent trop groflieres pour un genre fi délicar. Quelque foin qu’on apporte à les broyer , elles n ? perdent pas encore tout à fait cette grolliérelé : ce n’eft pas une raifcn pour s’en interdire l’uiage , &l’on parviendra à en extraire la partie la plus fine en les délayanr à grande eau dans un vafe de verre ou de fayence. Après avoir bien brouillé le tout , on le laifl’e un peu repofer , puis on verle par inclinaifon, dans un autre v-iiffcau, la partie la plus fine & la plus légère qui a pris le deflus. On la lailTe repofer , jufqti’à ce qu’elle ait eu 1-3 temps de fe précipiter au fond du vafe , & on en verfe enluite l’eau en le penchant dou» cément , & fans lui donner de fecouffe ;ou , pour être encore plus fur de ne pa’ ; agiter la couleur, on fait écouler l’eau par le moyen d’un fyphon , ou d’une bande de drap dont un bout trempe dans l’eau , & : l’autre forte du vafe & defcende plus bas que le fond du vaiffeau. La couleur reftera au fond du vafe , fine , pure & légère, & on la rnsttra ficher au folcil. Les couleurs pour la miniature fe détrempent dans de l’eau gomiiiée. La gomme arabique eft celle dont on fait ufage. Ou eji met à-peu^près

une
MIN MIN 681


îft grofffliii- d’une a-.-oline ordinaife fur un grand verre d’eau : on peut y ajouter à-peu-près gros comme une pe’.zte fève de lucre candi -, il ajoute aux couleurs un brillant agvéable , & les empêche d’écailler. Mais il fi.it bien prendre garde, ilan.’ ; la iaiibn des moucheî, de ne pas laifler (on ouvrage découvert quand on le quitte ; car le facro ell un appît qui les attire & qu’elles s’empreffcnt de fiiCcer. J’ai connu un peintre qui, ap-cs une affez courts ; ablence , trouva encicrement détruit par ces inleftes un portrait qu’il ai’oit fort avancé.

On tient l’es u gommée dans une bouteille nette & bien bouchéo. Il n’en faut jamais prendra avec un pinceau oïl il puifle être refté de la couleur , car elle troubleroit l’eau qui enfuitc gàteroit elle-mâms leàteiines. Onlaprend donc avec un pinceau nctj un tuyau de plume ou tel autre inllrnment. On met d^s cette eau dans un godet , ou dans une coquii le de mer avec la couleur que l’on veut détremper, & qu’on délaye avec le bout di2 doigt. Si après avoir délayé une couleur , on en ve’jt dé :aver une autre , il taut lé nctoyer le doigt avec beaucoup de foin , pour qu’il ne refle ritn de ’a première. En négligeant ceiteattennon , au lieu d’.'ivoir unecouleurpure, on auroit une teinte , & ce ieroit un f^rard hazatd fi elle étoi :b’en compolée. On laiS’e enfuite 1 lécher la couleur daiTî le godet. On ne met point d’eau gommée avec les verds d’iris & : de vefÎJe , ni avec la gomme-gutte ; ces couleurs portent leur gomme avec elles. Il y a au contraire des couleurs qui exigent un peu plus de gommo que les aufes ; telles font l’outrenier, la laque, le billre , le flii-de grain de Tioies , la cendre bleue , la terre d’Italie , l’ochre de rut.

Pour connot ;re fl nne couleur ed gommée au degré convenable , on en prend avec le pinceau, &Gn en met fur la main ; elle ft-che tirs-promptemenr : fi, étant féche , clic s’écaille , il eil certain qu’elle eft trop gommée , 3ci faut y ajouter de l’eau. Si , en padiant le doigt detTus , on voit qu’elle s’efîace , elle n’a point affez de gomme , & il faut en ajouter.

Les godets dans lefqucls on conf ;rve les couleurs peuvent erre de cryflal , de porcelaine ou de fayencc. On {efertaiiin de coquilles de mer ; mais il faut auparavant les purifier d’un fable & 4’un tel qui gàteroit les couleurs. On y parvient en les laiffant tremper dans de l’eau nette pendant deux ou trois jours , ou en les faifant bouiilir dans i’ea.i pendant fort longtemps. Le peintre en miniature doit avoir une pale’te qui po :irroit ê :re d’un bois très-dur, comme le cormier , ou le bois des Indes ; mais l’rvoire mérite la préférence : comme il efl de la même couleur que le fond qui recevra les teinre ; , il aide à les mieux juger. Il en ell do m&ne delà porcelaine blanche.

Btaua-Mts. Tome lU

MIN

î 

Cefl à Part’fte à régler les proportions & la forme de fa palette : on lent bien qu’elle n’eft jaiiiais fort grande : elle peut être ronde ou quarrée : elle n’a pas befoin d’être percée comme celle du peintre à l’iitiile, parce qu’on n’y pafl’e pas le pauce , Se qu’elle relte couchée fiir le pupitre du peintre. Elle peut avoir fix poucei da long, plus ou moins, fur une. largeur proportionnée. Son épiiffeur doit être affez forte pour qu’elle ne fe voiie pas. On a aufli des palettes de nacre de perle , ou un quarré de glace fous lequel on colle un papier, ou encore un morceau da marbre ou de porphyre. Tout ce qui efl cCientiel , c’efl : que la fubftance de la paletre na (oit pas poreufc.

Suivant le Traité de la Jf/rnlaucre, d’un câtéfe rangent les couleurs quidoivent (érvir aux carnationï, & de l’autre celles dont on peindra les draperiss. On met d’abord au milieu beaucoup de blanc, parce que c’eft la couleur dont on uCe !«  plus : furun bord , on place de gauche à droite, à quelque diflance dublanc , du iril-de-grain , d® l’ochre du verdcorapofe d’Inde oli d’outremer, da flil-de-grain ^’debliinc , autant d< ? l’un qua de l’autre ; du bleu fort pâle, compoië d’Inde oa d’outremer & de bianc , puii du vermillon, du carmin , du biftre & du noir : h i’aa :rebord , on étend les couleurs dont on veut fa’.re les draperies.

L’auteur de l’article Aîiniatiire dans l’ancienne Encyclopédie, conleille une autre difpofition des couleurs fur la palette, & il eft vraifemblable qu’il pade d’après les indications de quelqu’artifte. » Ceux qui aiment l’ordre dans leur » palette, dit-il , la chargent luivant la gradation naturelle : c’eft-’à-dire , commençant |»ar » le noir , les rouges foncés jufqu’aux plus clairs, » do même des jaunes, enfuite les vcrds, le» » blancs, les violets & les laques, ces quatre » dernières coraiaencenr par leua^s plus claires. n Le milieu de la palette refle pour faire les » mê’.anges& les teintes dont on abelbin, foie » avec i blanc que l’on met à portjc ou fans » blanc ; par ce moyen on a toutes les couleuri » (bus fa main ».

Un miniaturifle qui a fait imprimer en 178S ■un fort petit traité lui- Ion art , conleille trois ou quatre palettes.

La première a trois rangées, & : cft compofé* de dix lept couleurs ; /« première rangée : carmin , minium , mafllcot , jaune do Naples , ochre jaune , ochre de rut. La féconde rangée : cendre bleue, outremer, terre de Sienne non-bruIée , terre de Sienne brûlée, laque. /.a troijiéme rangée : ochre roug^e , flil-de-gra’n d’Angleten-e , brun rouge , biftre , terre de Cologne , indigo, lafeconde palette a deux rangées. Lapremier^ rangée : vermillon , orpin jaune , orpin rouge. La fecùndi rangée : terre d’Italie , bleu de Pruflè^ n<i(ir d’ivoire.

^r r F

'€^2

M I N

La troifiéme palette a cinq couleurs : blanc léger , blanc de plomb, encre de la Chine , verd de veiîie , terre de Coîognp.

.Enfin il deiline la quacriéme palette à l’effai des teintes , des demi-teintes &. des ombres qui proviennent des couleurs primitives. Tout ce qu’il y a de vrai , c’eîî qu’on peut guider un commençant dans l’arrangement de fa palette ; mais qu’un artifle di-.poie Ja fienne fuivant Tes vues, les obietvations & la pratique qu’il s’efl : formée.

On le fert pour la miniature ^ de pinceaux faits de poil de petit gris : mais les meilleurs font ceux qui font fait ;- de poils de queues de martres. On en fait auflî de très bons avec des poils de chats d’Angora : mais il n’y a que les poils du dos qui foisnt propres à cet ufage. Il l’aut avoir des pinceaux de trois fortes de grofi’ear : les plus gros fervent à coucher les fonds ; les moyens à ébaucher ; & les plus petits, à finir & à pointîller,

eft très-important d’ê :re fourni de bons 

pinceaux & de favcir les bien choifir. Pour cet effet , il faut les humefter un peu , & après les avoir tournés fur le doigt , fi tous les poils fe tiennent enlemble , & ne font qu’une petite pointe, on peut juger qu’ils font bons. Si au contraire ils nefe raftemblent pas bien , & qu’ils faffcnt pliifieurs pointes , ou qu’il y ait des poils plus longs les uns que les autres, ils ne valent rien , furtout pour le pointillé 6c pour les carnations. Qiiar.d ils font trop pointus , & qu’il n’y a que qnatie o+i cinq poils qui paffent les autres, quoique d ailleurs ils Ci : tiennent affemblés , ils ne laiiïent pas que d’être bons ; mais il faut les ébarber avec des cifeaux &prendre garde de n’en pas trop couper.

Poir faire affembler plus facilement les poils do vo :re pinceau , & lui donner une bonne pointe, il faut le paffer fouvent fur le bord de vos lèvres en travaillant, & le ferrer & l’huniederavec la langi c , même après l’avoir trempé dans la couleur. Par ce moyen , s’il y en a trop, on j’ôte du pinceau, & il n’en refle que ce qu’il faut pour faire des traits égaux & unis. On ne doit pas craindre que cela rafle aucun mal , car touteslTS couleurs qu’on employé pour la miniature , (e^.ceptc l’orpin qui cil un poifon ) n’ont, quand elles font préparée* , ni mauvaifes qualités , ni mauvais goût. 11 faut iurtout en ufer ainfi four pointiiier Se finir les carnations , afin que les traits en fuient nets & peu chargés de couleur. Pour les draperies & les autres acceffoires , foit qu’il s’agiffe d’ébaucher ou de finir, on peut fe contenter d’aflémbler les poils de fon pinceau , & de le décharger lorfqu’il efl trop plein de couleur , en le paffant fur le bord de la coquille ou godet, ou fur le papier blanc qui fert à pofer la main , en donnant quelques ce .ps deffus, avant de paffer le pinceau fur i’ouyrage. M I N

Ce qu’on lit au fujet des pinceaux , dans Pan* cienne Encyclopédie, eft très- judicieux. » Il » eitaffez difficile , dit l’auteur, de décider fur y> la vraie qualité que doivent avoir les pinceaux » de la peinture en miniature. Chaque peintre » s’écant fait une manière d’opérer qui lui elt » propre, choifit feï pinceaux en confiquence. » Les uns les veulent avec beaucoup de pointe » Si très-longs, quoiqu’afléz garnis ; d’autres les » choififfeni tort petits & peu garnis. Il iembls » cependant qu’on doit donner la préférence à » un pinceau bien garni de poils , pastrop long, » & qui n’ait pas trop de pointe : il contient plui » de couleur ; elle s’y ieche moins vî ;e , & la )■) touche en doit acre plus large & plus rnoëlleufe. En gtnéral la pointe d’un pinceau doit » être ferme &l faire red’ort fur elle-même ». Qiiand on doit être longremps à fe iérvir des pinqeaux , il faut avoir foin de les enfermer dans une boeteoù il y ait un oeu do poivre fin ; autrement, il fe fourre entre les poils une el’péce de mires qui les rongent en fort peu de temps. Le peintre , en travaillant d’après le modèle, ne doit tirer le jour que d’une feule fenêtre , & même , pour que la lumière ne vienne que d’enhaiit, il doit la boucher jjrqu’à une certaine hauteur avec une forte toile, une pièce d’érofre, ou par quelqu’autre moyen. Sa table efl : placée à l’endroit où commence a tomber le jour. Sur cette table eft un pupitre ordinairement couvers d’une iérge , à laquelle il peut fixer fon ouvrag.e à l’aide de q’jelques épingles.

Il coninience par arrêter le trait de fon ouvrage , ce qu’il fait avec des couleurs qui tiennent de l’i.’bjet reprcfenté, mais qui doivent être trè£-foiblcs. Enluite il ébnuche. Dans le temps que la miniature ne connoifloit d’autre travail que le pointillé , c’etoit avec des points que l’on ébatxhoit. lies artiftes , en Allemagne & en Italie , ont confervéjufqt.’à prélent cette méthode , & foutiennent même qu’elle conftitue la miniature proprement dite : elle conflfte à placer les couleurs, non en touchant le fond d’un des côtés de l’extrémité du pinceau ; miis en piquant feulement de la pointe, ce qui forme des petits points à peu. près ronds & égaux entre eux. Cette méthode uniforme demande peu d’art , mai«  beaucoup de patience ; & comme tous les objets font traités de la même manière, ils paroiffent tous de la même nature. On s’eft fait une pratique plus favante & plus vraie. On ébauche les fonds & les draperies à gouazze , c’efi-à-dire, avec des couleurs mêlées de blanc , 8c e’eft e.qcore à gouazze qu’on les termine, quoiqu’ors puifi’e y introduire du pointillé, fi Ton trouve qu’il falîé un heureux effet, & qu’il foit néceffsire pour accorder le travail avec celui des parties voifines. Comme il n’entre pas de blanc dans les chairs , on les ébauche en lavant avec lee

teintes convenables. Partout on couche la covi- ;
MIN MIN 683

leur à grands coups , comme font les peintres à l’huile : mais on a foin de ne pas lui donner toute la force qu’elle doit avoir dans le fini ; car comme on doit pointiller par-deffus , il faut fe rcferver le moyen de fortifier le ton de ibn ouvrage , fans être obligé de le porter à un ton plus hautcju’il ne convient.

On peut, dans la miniature , fe montrer colo-

rilteaulFi vigoureux que dans toutes les autres

manières de peindre. Le biftre, bien employé, tk furtout mêlé avec du carmin , eft d’un grand fecours pour s’élever à la vin’ueur. Le pointillé ne doii pas ie faire conO’amment de la même manière , & : en ne piquant que cie la pointe du pinceau , enforte que tout l’ouvrage loi : compofé de petits points bien ronds. Cette manière eft froide S ; léchée. Elle peut être d’une propreté capable de plaire au vulgaire -, mais elle eft d’une monotonie & d’une infignifiance qui rebute les connoifTeurs. On doit mêler artiftement des points ronds , des points foiblement allongés , d’aurrss qui fe croiient dans tous le^ fens , d’autres qui le recourbent fur eux-mûmcs & décrivent des percions de petits cercles. Tout ce travail offre une variété qui plaît , quoiqu’on puifle la remarquer à peine , car il faut que les points ne tranchent pas avec la couleur qui leur lërt de fond ; il faut qu’on reconnoiffe que ce tra’ail exiftc , & que partout il trncie à le cacher. Si, par le ton, les points fe détachent de la teinte qu’ils convient, loin d’cifrir lagrément qu’on recherche dans la. miniature , ilsnepréfentent qu’un travail dél’agréable & : qui ro :nj.t partout l’uniim.

On peut , dans ce genre de peinture, efFicer les parties qui dcplaifent même dans un ouvrage avancé. On paffe avec le pinceau un peu d’eau (fur l’endroit défectueux • on lui laifi’e le temps d’imbiber la couleur, & : on l’enlève avec la pointe d’un pinceau net & un peu humeflé. .. . On peut & l’on doit même varier les fonds : il y en a qui conviennent mieux aux carnations très-blanches, d’autres aux carnations brunes ou jaunâtres. La couleur dominante des diaperiei peut engager auffi à fe décider pour un fond plutôt que pour un autre. En général , quand on veut faire un fond ou qi ;elquf grande partie, on fait la teinte dans des coquilles , ou du moins on la prépare en affez grande quantité fur la palette, pour qu’elle futiiie à route la partie à laquelle on la deftinc ; car s’il falloir la recommencer, on auroir beaucoup de peine à y parvenir, & l’on trouveroit toujours quelque différence. Les fonds bruns lecompofent déterre d’ombre ou de terre de Cologne , avec un peu de noir & de blanc : fi l’on veut les rendre jaunâtres , on y mêle beaucoup d’ochre ; fi on les veut grifâtres , on y met de l’inde. On fait des fonds bleuâtres, jlvec de l’indigo, du noir & du blanc. Des tons yeriîtresfe font ayec .du noir, du ftU-jle-graia MIN

^3

&rln blanc ; on les rend plus ou moins clairs à volonté , en faifant dominer davantage ou le blanc ouïe noir.

Quelle que foit la teinte du fond , on commence par en donner une couche très-légère ; enluite on en repaffe une féconde plus épaifTe , qu’on étend fort uniment & : à grands coups. Il faut la coucher le plus vite que l’en peut , & r.e repaffer jamais deux foi» au mémo endroit, à moins que la couleur ne ibit fecho ; car le fécond coup emporteroit tout ce qise le premier aurolc fait, furroutfi l’on appuyoii : un peu trop le pinceau. Il eft permis, il eft mètiie très-fou v’en-C ncceffaire, tn finiffant, de mêler aux fonds des variétés de teintes qui tendent à les rendre moins cruds.

Ce qu’on va lire eft extrait du Traitt Je la. Miniature ; l’auteur fait entrer du blanc dans les teintes des chairs ; c’eft ce qi :e quelque-, artiftes habiles hazardent avec fuccès : mais, comme nous l’avons déjà dit : , le blanc eft èxclii des carnations ; il les rend lourdes , à moins qu’il ne foit manié avec beaucoup d’arc , & ies teintes des chairs doivent èire K-ijeras & : tranlparentes. t’ j ,~ . ,

iicoutons donc notre auteur avec précaution ; nous indiquerons enfuite d’autres procédés. Si l’on peint des femmes , des enfans ou des perlbnnes qui ayent un coloris tendre , on couche, pour rendre leurcarnation , une teinte faite de blanc & d’un peu de bleu. Si c’eft une carnation d’homme , au lieu de bleu , on met du vermillon , & fi c’en eft une de vieillard , on mei : ’ de l’ocl’.re. Enfuite on rcchcrclie tous les traits avec une teinte formée de vermillon , de caimia & de blanc mêléi enlemblc , & l’on en ébauche toutes les ombres, ajo’.irant du blanc à celles qui font plus foibles , & n’en mettant que peu ou point aux ombres plus fortes. On ne met prefque pas de blanc au coin des yeux , fous le nez , fous les oreilles , Ibus le menton , dans la féraration des doigts, & dans tous les endroits où l’on veutmarquer quelque feparation.

près avoir couché les clairs & les ombres, 

on lait des teintes bleues avec de l’uutrcmcr & beaucoup de blanc pour les parties qui fuient, & l’on mec au contraire un peu de jaune pourccllej qui avancent. A la terminaiibn des ombies, dit côté du clair , il faut confondre imperceptiblement la couleur dans le fond ds la carnation avec du bleu, puis du rouge, fuivant les endroits. Si , avec le verd & le rouge , on ne peut donner afiez de force aux ombres, on le- finie avec du biftre mêlé d’ochre ou de vermillon , & qi.e !qaefoisavecdubiftre pur, fiiivant le coloris qu’on veut produire, mais toujours légéremens oc mettant la couleur fore claire. Il faut encore pointiller fur les clairs, pcuc les finir, avec un peu de vermillon, ou du carmin, beaucoup de blanc, tant If ic peu d’ochre , pour les f^ire perdre dans les ombres , Se ppuc R r r r Jj

MIN

-faire mourir les teintes les unes dans les autres , ayant attention en pointillant , ou en hachant, de faire que vos points ou hachures fuivent le fens (S ; le mouvement des niufcies. Si les teintes paroiffent trop rouges, on les adoucit avec du bleu , un peu de ve ;d & : beaucoup de blanc qu’on met partout , excepté dans les clair ;:. Il y a pourtant de certainesparries qui doiveiU Ibuvent refier un peu rouges, telles que les joues, &c. Les deux mélanges dont on vient de parler, doivent êtrefi foibles qu’ils puifTent être à peine remarqués, leur fonclion étant feulement d’aloucir l’ouvrage , d’unir les teintei les unes aux aurres, & de faire perdre les contours. Dans quelque genre de peinture que ce folt, lî faut éviter qi :e les contours foient tranchés : les chairs doivent tellement fuir à leurs extrémités qu’on croyepouvoir attendre quelque chofe de plus que ce qu’on voit. Elles doivent aulîi réfléchir les unes fur Icsautres -, leurs reflets Ic’.ir donnent de la tranlra :ence,dc la tendreffe & du relief. Flies reçoivent aLlli des reflets des étoffes & des autres corps éciairés qui les avoiiinent. Pafions aux draperies, hi elles dcii-eni être bleues , mêlez du blanc & de l’outremer à un tel degré q.ie la leinte foit fort fâle : vous en ccmroferez les c’airs, & à meiure que vous approcherez des I mbres ou des plis protonds, vols ajouterez au blanc plus d’outierner ou d’inde, eu des deux couleurs enfembie , ou même de quelque couleur plus fombrc. Ces teintes fc cruchent à grands coups , & l’on finit avec les îi’.êmes couleurs que l’on a cbauché en rendant 3a teinte pKii forte.

Ladiaperie rouge fe fait au carmin par le même procédé , mais on met du vermillon pur aux oml 3res,& l’onaj nire du biftc aux bruns les plus forts. Il faut gommer beaucoup le carmin pour îui donner du corps.

On peint znUi des draperies ronges avec du vermillon mêlé de blanc peur les clairs ; on dégrade cette teinte jufqu’au vermillon pur, & on ajoute du carmin dans les ombre<^. On finit avec les mêmes couleurs, ce que nous nousdilpenfernn’î de répéter davantage. I ! efl : bon de caraclérfer les draperies par un travail différent .de celui des chairs.

Les draperies violettes fe font avec un mélange âe carmin & d’outremer, en ajoutant du blanc pour les clairs. Si le carmin domine , le violet fera colombin ; fl c’eft l’outremer, il tirera fur le bleu.

Une draperie couleur de chair fe couche de îjîanc , de vermillon & de laque, mêlés enfembie. Cette teinie doit être fort tendre. Pourune draperie jaune, on met une couche demaflTicotpur , que l’on couvre de gomme gutte, excepre dans.les plus grands clairs. Onébauehe enfuiîe fur ces couches avec de l’ochre , un peu de gomme gutte & de nai&cot ; mettant MIN

iTicînç icce dernier àmefurequ’onsppfocTie pîuf des ombres j & mêlant du biflre dans celles-ci. On peut auili peindre une draperie jaune avec du jaune de Naples , du fiil-de-grain & de la gorame-gutre.

Les draperies verres fe font en mettant fur Ijs tout une couche de verd de Vérone ou de mon-» ragne. Si elles paroiffent trop bleuâtres, on peut y mêler du mafficot pour les jours, &^ d’e lagomme gutte pour les ombrer. On les rend plus fortes en y ajoutanr du verd d’iris , ou du verd de velV fie , & même on met de ces derniers tout purs pour taire les ombres extrêmement fortes. On varie la nuance des verds , en y mêlant plus ott moins de jaune ou de bleu.

On ébauche une draperie noire avec du noir & du blanc , & l’on ajoute du noir à me Cure que les ombres augmentent de force, de même qu’orv met toujours plus de blanc, à mefure que l’oit approche de la lumière. Si l’on mêle de l’inde dans les ombles , la draperie paroîtra veloutée. Poiirunt dt.ipetic de laine blanche , on couche du blanc mêlé avec très-i>eu d’ochre ou de pierre de fiei. On ébauche les ombres avec du bleu , un peu ’le noir, du b’ ;Enc & du bi’lre. Il faut meitre beaucoup de ce dernier dans les ombres les plus brunes. La draperie gris-blanc s’ébauche avec di ! noir & du blanc. S : fe finit de même. La minime fe fait enc.’.uchant du biflre, du blanc & un peu de brun rouge, mettant ua peu p !u.’. d" ! ce dernier pour les oiribrcs. Quant ai ;’-' draperies changeantes , la violette fe couche d’otitremer & de blanc pour les clairs , & : les ombres fe font de carmir. & d’outremer : on finitavccdu violer méléde beaucoup de blanc. La dfajeie ro- ge cha-geanre fe fait en couchan : du mailicoi ; aux jour>, & dti carmin aux ombres, qu’on unit, en finiffant, avec de la gomme-gutte.

La draperie verte fe fair en mettant auffi du madicot pour les jours , (S : du verd de montagne, d’iri. ; ou de vellie poi r les unions. Pour les linges , on lifiûrse d’abotd les plis & fur ietout on met i :ne ccuciic de blanc On ébauche enfuite les ombres avec une teinte d’outremer, de noir & de blanc, & l’on finit avec les mêmes couleurs. On relevé les grands jours avec du blanc pur, & l’on fait quelques teintes jaunâtres en certains endroits, en les coi !char,t fort légères.

Si l’on veut faire des linges tranfparens, il faut ftiire les teintes fort claires, & l’on mêle dans l’ombre un peu de la couleur qui efb deffous. L’extrémité des jours le relevé avec du blanc & du bleu. Msi> ii l’on veut que les linges foient très-clairs , comme la gaze, on finit le defTotis comme fi i’on voL.loit ne rien mettre par delTus, & l’on marque enluite les plii du linge avec du blanc pour les grands clairs, du biflre,

du noir , du bleu & du blanc pour ^s ombres.
MIN MIN 685

On faît auGî le crêpe en finiïïant bien le âsCfous : enluite oîi marque les plis des ombres, ainfi que les bords de l’éroffe , par de petits filets de noir.

Pour faire des dentelles de point, on couche une teiiue de bieu , de noir & de blanc , & on releva les deflins 8c les fleurs avec du bianc pur. Les on-.bres Ce font avec la même teinte un peu plus forte. Si l’on veut faire paraître les chairs fous la dentelle , on finit d’abord ies chairs , on fait par deffus les defTms de la dentelle avec du blanc pur , ce on les cmbrs comme il vient d’être dit.

Quantaux fourufes, ft elles Tont brunes, on les ébauche avec du blanc i’ ; du biilre , mettant plus de blanc pour ies clairs , ck plus de bifrre poiir ies ombres. Si c’eft de î’hermine , on ébauche avec du blanc & du bleu pour les clairs , on metdes teintes d’un jaune pâ ;e dans certains endroits qu’indique la nature, du bianc très-pur furies lumières, du biftre dans les ombres. On termine par des points longs ou de courtes lignes prifes dans le iens des poils.

Xcs oicrres âes édifices le rendent avec des tein’.es faites d’inde, de blanc & cîe b’itre : pour ombrer, on mer pltiS de biflre que d’jnùc . fuivant la co).]eur des pierres. Si ce ion’ de vieilles marbres, on mer. en queJrjùe.-i endroits des teintes d’ochre ou d’outretr.er.

La manière plus ordinaire ds traiter des édifices ds tjois, eft d’fcbaucher d’ochre, de bifirre & de blanc , & de hnîr avec peu ou même point de blanc ; on met le biilre pur dans les fortes cmb’es. On cent a’.iCi ajoutjr du vermillon , du verd & du r ■•lir , telen la couleur que l’on veut donner au bois.

Les terraffes qui font fur le devant du tableau , s’ébauchent d’une teinte de verd de veiîîe ou d’iris , ave ; du bifire & i ;n peu de terre de Vérone. Do.vent-elie ; être claires -, on ébauche d’ochre & de blanc avec un peu de verd : les premières (e finiflenc avec les couleurs de l’ébauche , mais filus brur.es , les dernières avec du fciiîre )nêie ci’un peu de verd.

Pour les tertafîe.véleignées , plus vous les ferez bleiâ-rci, en y mêlant de i’omremer & du blanc , & plus elles 5’enfonceront dans le lointain. On y ajoute un peu de vermillon, pour exprimer les reflets de l’horizon qui tfl un peu roijge. Le feuille de.’ arbres & les herbes s’ébauchent de verd de montagne , avec un peu de blanc : on me : dans les ombres du verd d’iris & du bifire ; en rehaulTe les lumiercj avec du blanc ou avec au ).iune. Plus ies arbre.-, s’eioignent , plus il faut en tendre le verd tendre Se y mêler de bleu. Ce qu’on vient de lire peut être utile & donner de bonnes indicaiions pour la compofition des teintes fuivant les différens objets : on voit que l’auteur a établi les procédés fur ceux delà peintare à l’huile, & ii ne s’en eft pas affez écar-’M I.N

<fg.j

, te , du mo’nf ! pour les chairs. Quelques minia- } turiftes, il eft vrai ,, ne craignent pas d’y faire j que’tjuefois entrer du blanc ; mais c’eft avec I beaucoup d’art & ds difcrétion ; ils n’en mettent j pas dans toutes les teintes , comme le confeille noire auteur : Hirtout ils ne pointillent pas avec du blanc, & je ne conçois pas qu’on puifle en mêier dans le pointillé & éviter une extrême pelànteur : maïs en fupprimant le blanc des teintes que cet auteur a conielllé peur les chairs , ii donne , même pour cetre partie , des indications dont on peut faire uft<ge. ’

Comme peu de peintres en miniature fe font adonnés à enfeigner leur art , chaque arrifi’e qui s’efi : livré à ce genre de peinture, s’efl : fait on procédé particulier. On peur dire cependant, en général , que la miniature fe fait par Ja réunion de deux procédés, celui de l’aquare.’le puintillée & celui de la gouazze. Le premier, que l’on appelle nrin/af^re proprement dite, étant fuiceptible de beaucoup piu.s de légèreté, eil employé pour les chairs : ma’s les draperies & les fonds fe font à la go’. :azze. Quelques peintre ;, , furtouc hors de la France, ne dUpoCent pas les chairs à l’aquarelle, & employent le pointillé dés l’ébauche. ■

Les couleurs pour la gouazze & l’aquarelle font également broyées avec l’eau de gomme a-abique , chacune à un degré que l’expérience fait connoître , & qu’avant d’a'oir acqui.’- : par expérience , on peut trouver par un tâtonnement j que nous avons indiqué.

Toutes ou prefque toutes les couleurs font propres pour la gouazze : mais dans ies chairs, on ne peut employer que des couleurs tranfpareates , telles que le carmin , l’outremer, la gomme-gutte , le versi’llon , le ftii-de-grain d’.Angîeterre, l’encre delà Chine, &c. Ces couleurs doiventêtre broyées avecb ?aucoup de (bifi & de propreté, & : mifes à côté l’une de fautre fur une palette d’ivoire o’i de porcelaine, en réfervant fur le milieu une pizce pour y faire les teintes avec la pointe du pinceau. A l’c'gard des couleurs propres à faire les fonds Si les draperies, telles que le blanc, lesochres, les terres de Sienne, ilc. ces couleurs font toutes rréparées dans des bouteilles chez les marchands ; & on les délaye à l’inftant où l’on en a befoin, avec un peu d’eau pure ou d’eau gommée , fi elles ne font pas affez chargées dégomme. Quelques peintres , comme on l’a dit, ébauchent & finiffent les chairs en pointillant ,• d’autres en faiilant des hachures croifées ; d’autres en’.in éba ;;chenten couchant leurs teintes à plat , comme iorfqu’on lave à l’encre de la Chine, & ils terminent en les liant enfemble au moyea d’un pointillé léger : ce dernier procédé eft le plus favant& le plus fpirituel.

On commence les chairs, en ébauchant les maffes d’ombre syec les tons propres de la figur*

%
686 MIN MIN

’•"que l’on peïnt , & la teinte particulière de cha- " cane de fes parties, puis on prépare les teintes colorées qui font dans la lumière. Lorlqu’on ébauche au pointillé, il faut que les premiers points (oient larges tk. féparés les uns des autres : on termine en les liant enfemble par " d’autres points plus fins & plus légers, , Si l’on ébauche par le procédé de l’jquarelle ou lavis j il eft effen :iel de bien fentir ce que l’on va faire, avant de pofer la couche qui doit l’exprimer ; car fi le ton n’efl : pas convenable , ou fi la teinte efttrop forte, alors obligé de l’effacer, on n’cft pas toujours fur de lui donner le même elprit. l’our éviier cet inconvénient, & celui qui réiulteroit d’une trop grande quantité de liqueur dans le pinceau , on effaye la teinte fur un morceau de papier à côté de l’ivoire fur lequel on peint : ainli l’on juge à la fois l’effet de la teinte, & on décTiarge le pinceau du fuperflu d’eau & de couieur dont il cft chargé.

Al’égard de=i draperies, des acceffoires & des fonds , il tft difficile de prévenir l’expérience par des préceptes : car les moyens à employer devant ÊLreauili variés que les objets qu’on le propole d’imiter , les efi’ais que l’on fait foi-même font les meilleurs conleils qu’on puiffe prendre. Cependant , on peut dire en générai que la préparation d’un objet doit être du ton ce fcs demiteintes , auquel on ajoute les touches claires du côté dss lumières, & les touches o’ofcures du côté de l’ombre. Pour Jesobicts d’une cersaine étendue , il faut préparer les teintes dont on a befoin , puis on ébauche avec un pinceau un peu ■ large, & luffilamment chargé de couleur. Il faut attendre que les premières teintes foient fcches avant d’en remettre de nouvelles , ce qu’on efl : obligé de faire lorfqu’elles ne couvrent pas affez. Ontctmine en échauffant de liimieresles parties faillantes , 8. : en donnant dans les ombres des touches vigoureufos pour faire fentir le» renfon-

cemens les plus obfcurs.

Ce que nous allons ajouter furies couleurs dont quelques artiftes font ufage pourles teintes des cîrnations , fera utile, dans les comniencemens , aux perfonnes qui , ayant feulement la pratique du deffin , veulent peindre en miniature fans avoir le fecours d’un maître : mais bientôt elles devront faire fuccéder leur ■ propre expérience à ces principes qui ont néceffairement beaucoup d’arbitraire. C’eft à la nature bien vue à indiquer elle-même par quel choix & quel mélange de couleurs elle doit être rendue.

Demi-teintes des carnations. Outre-mer & e,".c^e de la Chine.

Ombres des carnations. Carmin , verd de yeiiie >k terre d’Italie brâ !é«. M’ IN

■ Touches vigoureufes des canuitions. Carmin mêlé avec le biftre & terre d’Italie brûlée : ou car.Tiin, verd de veflie, pierre de fîel , & encre de la Chine.

Lumières. L’ivoire eft réfervé pour exprimer les lumières. Les détails qui peuvent fe trouver dans les parties lumineufes fe font avec les couleurs des demi-teintc-s ; mais plus ou moins afi-biblies. On ne met du blanc que pur, & on le réferve puar un point à la partie la plus avancée du nez , un point à la prunelle de l’œil ; encore cet ufage ne doit-il pas être regardé comme général. On y a recours, quand la nature ou le relie des travaux l’indique. Certains artifles ébauchent les têtes de fem.< mes avec de l’outre-mer, & reviennent fur cette ébauche avec des tons de chair. Lorf.. qu’on fuit ce procédé , on fait une teinte avec l’encre de la Chine & l’outre-mer : on commence par deffiner tous les traits avec cette teinte, qu’on employé aulFi pour ébaucher toutes les maffesj, ayant l’attention de les tenir plus légères dans les demi-teintes & plus fortes dans les ombres. On couche largement 3c uniment ces maffes, & lorfque la tête efl : ainfi ébauchée, on met les tons de chair , qui font compofes de carmin Se de gomme gutte. Les Icvrej , dans la partie obfcure , ont étô ébauchées avec la teinte de toutes les maffes. On en cbauche la partie éclairée avec du vermillon , fur lequel on revient avec du carmin. La partie ombrée , qui efl déjà ébauchée, fe colore avec le carmin & la terre d’Italie briiiée. Les touches de la bouche fe mettent erifuite avec du carmin pur ou mêlé de verd de veflIe. Les cheveux s’ébauchent à l’encre de la Chine. On revient enſuite avec des tons d’encre de la Chine mêlés d’un peu de blanc pour les lumières & de biſtre pour les ombres. On peut encore ébaucher d’une autre manière. On établit le trait avec du carmin mêlé d encre de la Chine ; on ébauche toute la tète avec cette teinte que l’on tient fort légère dans les parties où la lumière gliſſe, & ſur leſquelles on ſe réſerve de revenir avec des demi-teintes d’outre-mer & d’encre de la Chine. Quand les demi-teintes font verdâtres, on mêle l’outre-mer avec la gomme-gutte : on revient fur les traits avec l’encre de la Chine mêlée de terre d’Italie. Ce ton eſt bon pour ébaucher les prunelles.

Les tons trop violets ſe rompent avec les rouges ; les rouges avec les violets ; ceux de brique avec des bleuâtres.

Lorſque les ombres font ébauchées rougeâ-. très , on revient avec des tranſparens d’encre de la Chine & d’outre-mer ou de verd de veſſie , ou de biſtre, ſuivant le ton que l'on

veut donner,
MIN MIN 687

Quand on emploie ces couleurs comme gla- 1 cis , on ne les mélange pas, afin que le ton de dedbus s’apperçoive à travers la couleur dont on a glacé.

Les fonds s’ébauchent autrement que les chairs. On met du blanc ou de l’ochre dans toutes les teintes : on couche à plat le premier ton , lui donnant aîTez d’épaiffeur paur qu’il couvre l’ivoire : on revient enluite avec des couleurs tranfparentes. Le bleu de Pruffe , le brunrouge mêlés de blanc , forment un ton grisâtre : avec plus de brun-rouge , on obtient un ton plus coloré. Si l’on veut qu’il foit jaunâtre, on employé de l’ochre au lieu de blanc : fi l’on a des raifons pour aimer mieux qu’il foit verdâtre, on diminue la dofe du brun-rouge, Sz l’on augmente celle du bleu de Priiffe &. du jaune.

Comme les procèdes font très-variés dans la miniature , nous avons cru devoir indiquer ceux de plufieurs anifles : c’étoit le moyen de rendre cet article plus utile aux perlbnnes qui n’ont pas encore d’expérience : en variant leuri eîîiiis, elles Ce feront plus prcmptement une pratique qui leur fêta propre.

ExPiicATiOîi de la planche de la peinture en miniature

quand

lier.

^"■M I N <5S7

donner féân’ce hors de fon atteîl va

ij. Pierre-ponce.

Fie-. 1,2., 3. Différentes palettes d’ivoire Fig. 4, 5. Petits godets, l’iin de fayence ou de porcelaine, l’autre d’ivoire pour mettre les eouleurs. Les couleurs sèches & en poudre fe mettent dans les boè’tes ou godets d’ivoire : les ééuleurs détrempées à l’eau , dans- ceux de fayence. Ces parités boè’res Se godets fe renferment dans une boëte d’ivoire ou de quelque autre matière.

Fig. 6. Différentes fortes de pinceaux. Fig. 7, 8 & 5). l)ifFérentes forces de couteaux pour broyer les couleurs. Fig. 10. Fol me d’une palette fort épaifle , dans laquelle font creufés diffërens trous pour contenir les couleurs. Le plus grand nombre des peintres en miniature ne font ufage que de palettes plaies , qui ne différent de celle des peintres à l’huile que par la fubftance Se la proporcion.

Fi<^. I !. Loupe : on peut les avoir dans la forme que l’on préfère. L’ufage en efl : fouvcnt très-utile aux artiiles qui travsiHent en petit, mais ils ne doivent pas en abufer. Fît- ’2" Pierre ou glace -à broyer les coileurs. Si c’eft une glace, elle ne doit pas être polie.

Fig’ ij. Boëte ou étui d’ivoire pour mettre les petits pots à couleur.

Fig. 14. Boëre qui fort à renfermer tous les uftenfiies du peintre , & qui lui efl ; néceffair» MINIUM, (fubfl. mafc. ) Cette couleursayant le même pri-^cipe que les mallicots, a les mêmes dangers. C’efl une préparation de l plomb d’un rouge trèi-vif, tirant un peu fur la jaune.

Voici la manière de faire cette couleur. On prend de la cérufe , c’eft-à-dire du blaire de plomb difTout par le vinaigre. On la met dans un fourneau de réverbère , de manière que la flamme puiffe rouler fiir elle : on donne d’abord un feu modéré pendant que’que temps ; enfuiie on l’augmente tout d’un coup, lorfque ia cérufe efc changée en une poudre grife, & on donne un degré de feu qui foit prêt à faire fondre la chaux de plomb. Pendant cette opé» 1 ration, on la remue fansceffe, & lorfqu’elle eft devenue d’un beau rouge , on la retire. Dans cette opération , c’efb la flamme qui donne à la chaux cette belle couleur rôuge, & cette chaux augmente confidérablement de poids. Une autre m.anière de faire le thinium , c’eii de faire, fondre du plomb pour le convertir en une chaux, ou poudre grife, qui fe forme per-i petuellemenr à fa furface. Lorlique le plomb eft entièrement réduit en chaux, on écrafs cette chaux fur des meules pour la réduire en une poudre très-fine. On met cette poudre dans un fourneau de réverbère, où on la tient pendant trois ou quatre jours, en obTervant de la remuer fans ceffe avec un crochet de fer, jufqu’à ce que la matière ait pris la couleur que l’oa demande. Il faut auffi bien veiller à ne point, donner un feu trop violent, qui feroit fondre la matière & la mettroit en grumeaux. (^Ati" cienne Encyclopédie. )

Il fuffit de favoir que le minium n’efl que’ de la chaux de plomb torréfiée, pour en conclure que les peintres doivent le rejetter , malgré la vivaciié de fa couleur. On dit que les peintres Anglais en font un grand ufage : mais, comme le remarque l’auteur du Traite de la peinture au pjjiel , cen’efl ni dans les ouvrages de van Dyck , ni dans ceux des maîtres donc ils lavent connoîire & admirer le mérite , qu’ils ont trouvé ce pernicieux exemple. MIXTION, (fufeft. fém. ) C’efr ce que^ par inadvertance j, nous avons mal- à- propos apf elle mélange dans le Diflionnaire théorique. Au refle nous n’avons péchoque contre l’ulàge des attèliers ; car ce que les g’aveurs appellent mixtion , eu en effet un mélange de fuif & d’huue , donc iis fe fervent pour couvrir les grandes parties qui ont été aflèz mordues par f eau-forte, avant de continuer à faire mordre celles qui doivent être cieuféet plus f rofondé-j < ?8S

M O D

ment. Vojez à l’article Gravure à tiau-font commeni : fe fait & s’employe la mixtion, MODELER. Cv. ad.) Voyez l’article Se U L P T U R E.

MOLETTE, (fubd :. fém.) C’efl un caillou, ou une pierre de marbre, de porphyre, on d’autre lubilance dure , de iigQre conique ou àpeu-près conique , dont le plan efl circulaire , Si dont la baie eil plane & très-liffe. La molette lert à broyer les couleurs fur une autre pierre dure^ qui , de quelque fubftance qu’elle fbit , fe nomme ordinairement dans les atteliers porphyre , d’où eft venu le veibe porphyr. ifer y pour exprimer l’opération de broyer ies couleurs far la pierre &z ious la molu :e, la racine de ce dernier mot eft mo/a, meule , parce que la molette, ou petite meule, écrafe &. broyé les couleurs, comme la meule écrale & broyé le grain. Les Italiens l’appellent mdcLielio.

MONNOYAGE (fubfl :. mafc. ) Ce mot exprime la pratique de toutes les opérations fuGceifives qji font réceffaires à la fabrication des monnoiey. Les diftercns degrés par lefquels pafl’e !a matière pour devenir raonnoie peuvent être rcdui :s i cinq. La fonte du métal ; le laminoir, c’eit-à-diro le paflige du métal entre âei.x cylindres d’acier pour é--re réduit en lalaes ; la réduction de la larac à la l’orme qu’il doit avoir , & ; t^i’il reçoit do l’indrument nommé ccupoir ; la marque fur tranche ; & : ecfîn l’imprciTion du type. Nous ne contprons pas au nonibre d ; ces opérations celle de la gravure des coins, parce qu’elle fc fait à part ; & parce que d’ailleurs elle tient à l’art , tandis que les autres font purement mécaniques : mais c’efl : elle qui donne le caracbère do monncie aux pièces frappées. Avant qu’eUcî aient reçu C2 c.T.ra5bère par l’empreinte de la matrice , ellrs ne font pointencorc des monnoies ; elles ne fofrc que des Jïaons , de quelque métal qu’elles foient. Nous avons conjefturé, â l’article JUa- I trice , que ce mor vient du latin flaire. C’eft ce qua paroît confirmer l’infcripcion conçue en cinq lettres qui a été expliquée par les antiquaires , & qui exprime le lervioe des officiers monétaires. A. A. A. F. F. Aura. ^re. Argento. FLandj, Firiu^ido, ( Article de M. Duyiy 1ER.)

MORDRE. ( V. aîl. ) Faire mord-e une planche à l’eau fbrte. Voyez fur cette opération l’article Gravure â Veau forte. Si de^ parties délicates d’une planche n’ont pas ctéaîteï mordues , il n’y a d’autre reraede que do les rentrer au burin. Mais fi l’on fouhaite que des tailles larges, & déjà pallablewent profandes , ’ M OS

foîent encore plus c-eulëes, on peut lés remettre à.i’eau-forLe par le moyen fuivant. On dégralffe parfaitemenc le cuivre avec de la mie de. pain ou avec du blanc d’Efpagne ; on le remet au vernis , ayant loin d’en tenir la couche fort mince. Le mieux, pour y parvenir, eil de ns frotter avec la boule de vernis que lej endroits qui ne doivent pas être rao ;Jus de nouveau, & en étendant enfuite ce vernis avec la tapette, on fera sûr que la couche aura très peu d’épaiffeut aux endroits qu’on veut faire mordre une féconds fois. Ce qu’on veut obtenir par ce moyen , & ce qu’en effet on obtient ordinairement , c’efl qu’il n’entre pas de vernis dans les tailles qu’on ve«it reme :tre à l’eau-fcrte, & qu’elles puiffcnt être par confequent atteintes par cet acide. On couvre enfui e de mixtion, ou de vernis de peintre mêlé de noir de fu^ raée , tous les travaux qui doivent refier dans l’état où ils font-, on fait au-our du cuivre la bordure de cire , & on met l’eau-fjrce. Pour entendre ce procédé , il faut relire l’article Gravure à Ceaa-font.

La manière la plus certaine de fe bien alTurer qu’il n’entrera p»s de vernis dans les tailles q.i’on veut remettre à l’eau- forte , c’eft de les tenir pleines de blanc d’Eipagne. Il faudra donc, après avoir dégraiffé ia planche, la couvr. r de blanc d’Elpagne bfoyé bien fin & détrempé dans l’eau. On le fera entrer le plus qu’on pourra dans les tailles ; oE le laiffera fjcher, & on eviuyera la fi ;rface du cuivre la plus légèrement qu’il fera polîible avec la partie charnue de fa paume de la main. Si la fuccès n’efl pas to’.ijours infaillible , au m.oiBs il fera fréquent. Au refte , à moins qu’il ne s’agifte de parties qui exigent un fentiment d’eaii-fore , on aura auffi -tôt fait de reprendre le travail au burin.

M O S A I Q U E. ( fubl. fém. ) Les ancien» appelloienr cette forte- de peinture opus mujlvum. C’cil un alfemblage ds petites pierres, de cailloux, de petits morceaux de marbres dî d’ffi ;rentes couleurs, artiftement incruflé ;- dans un enduit de mortier irais, & arrangés de manière’ à repréfenter des objets avec les couleurs oui leur (ont nrcprcs : au défaut de pierres naturelles pour certaines couleurs, on fe fert de pierres artificielles, c’eft - à - dire, de morceaux de verre colorés au feu. Les voûtes de l’églife de Sa !:'>t-Pierre de Rome font peintes de cette manière.

Quoique ce travail demande un peu de fcien.. ce dans la peinture, il eft cependant facile de juger que ton exécution eft plutôt un otîvrage de patience que d’art. Il faut , avant de commencer , avoir tous les delTlns au net de la grandeur de l’ouvrage qu’on fe propole , c’eflà-dire, des cartons comme pour la frefque, avec

avec un tableau peint , foit en petit, |foît en grand , pour fervir de modèle.

On range enluite par ordre , dans des paniers ou boëtes places, toutes les petites pierres de chaque teinte ou nuance d’une înême couleur, & chacune de ces pierres doit avoir une furface plate & unie ; c’oft celle qui doit être expofée à la vue. Les autres côtés feront un peu moins larges & un peu raboteux , afin que le mortier dans lequel elles feront incruftées ait prifc fur eux. Il ne faut pas que lafurfico plate & unie foit polie ni luifante. Elle rLuéchiroit la lumière trop vivement, & empêcheroit d’en voir la couleur. Pluv les pierres font pet tes, plus l’ouvrage eft délicat ; mais le travail augmente à proportion, & l’exécu- , tion en devient plus longue. Il n’eft pas nécefTaire que^toutes les pierres foient de même figure. Il fuffit qu’elles puiffent s’adapter exactement les unes auprès des autres , de manière qu’elles ne laiffent pas entr’elles de vuide trop fenfible. Il faut que l’ouvrage préfente 5a furface la plus unie & la plus égale qu’il fera polTible , de manière qu’une pierre ne foit pas plus ("allante que l’autre. On commence par faire fur le mur un premier enduit , comme celui de la peinture à frefque. Lorsqu’il eft Jec , on mouille un peu la place, fur laquelle on doit travailler, & l’on y pofe le deifin , ou on l’y marque par des cartons de même grandeur , comme à la frefque. On met enluite du mortier fait de chaux , de pierre dure, ou de tuiles ou de briques pigées & tamifées. Quelques-uns y ajoutent de l’eau gommée avec de la gomme adraganr & des blancs d’oeuf batcus. Ce mortier doit erre fin , & mis d’une épaiffeur égale fur chaque peti’e place , fans paffer le trait du deffin ; car il faut le conferver, & placer les petires pierres fuivant les couleurs, en les trem-pant dans le même mor :ier , mais plus clair & plus liquide, qu’on doit avoir auprès de foi dans une auge ou jatte de bois.

Quand on a couvert de pierres un petit efpace , il faut les battre ave ; une règle épaiffe & forte , pour les dreffer & les enfoncer également , à-peu-près comme les carreleurs font quand ils carrelent. Il faut avoir foin de faire cette opération , pendant que le mortier eft encore tout frais ; autrement la liaifon feromproit, & les petites pierres fe détacKeroient du mortier.

Si l’on avoit quelque partie délicate à faire , comme une tê :e , une main ou autre chofa ferablable , on pourroir avoir le trait de ces parties fait n l’encre fur du papier fin Se huilé, afin qu’en l’appliquant fur l’ouvrage tout frais , on connût fi le deflin n'en feroit pi>s altéré ; car on verroit l’ouvrage fait au travers eu papier huilé : & s’il y avoit quelques dé- £eaux-Arfs. lome 11^

M O S

ë^9

fauts , on pourroit les corriger avant que le tout fût bien fec.

Si le mortier déborde un peu entre les joints des pierres qu’il faut rapprocher le plus qu’il eft polFible , on leratiffe avec la petite truelle qui fert dans tout ce travail ; mais comme les pierres fe barbouillent, toujours un peu de mortier, & principalement en les drelTant avec la règle, lorfque tout fera bien fec, on enlèvera ce mortier le plus proprement qu’on pourra avec un couteau ou une ratiffoire ; enfin, on frottera l’ouvrage avec un morceau de bois tendre & du fable fin délayé dans de l’eau. On lavera enfuite l’ouvrage avec de l’eau pure , comme on fait aux carreaux des appartemens ; ce qu’on appelle décroter.

Lorfque l’ouvrage eft fini , fi l’on a quelques chaugeraens à faire , on abat jufqu’au premier enduit feulement, & on remplace par du mortier & d’autres petites pierres , l’ouvrage démoli ik. enlevé..

Pour dorer, dans cette efpèce de peinture, foit pour le fond du tableau , foie dans les or-" nemens , ou dans les draperies, on prend des morceaux de veire non colorés. On mouille un côté , ayec de l’eau de gomme ; puis on y applique uue feuille d’or. On pofe après cela le morceau de verre fur une pelle de fer , & cetf^ pelle à l’entrée d’un fourneau , après l’avoir couvert de quelqu’autre morceau de verre concave. On laiffe ainfl la pelle , jufqu’à ce que le morceau de verre où l’or eft appliqué foit devenu rouge , & l’or y demeure fi bien appliqué, qu’il ne s’en ditache plus. On applique iur le mortier la furface dorée. Ces petits morceaux de verre doivent être de la même grandeur que les autres pierres colo"ées. Mais pour décroter ces pièces de verre , il faut feulement les racilTer proprement avec un couteau & les laver enfuite ; car le fable le plus fin ternîrûit la furface du verre, & le brillant de l’oif ne paroîtroit plus au travers.

Pour que ces morceaux de verre colore tiennent bien au mortier, il faut que chaque morceau ait au moins feize ou dix-huit ligne" ? ù’épaiifeur •. on dégrolfit les furfaces qui doi(.’ent toucher au mortier , pour leur ôtcr le poli qui les em,pêche de le happer.

Il faut faire" faire ces morceaux de verra exprès ; pour cet effet, on va dans une verrerie ; & quand le verre eft difiribué dans les différens creufets , on y met la couleur propre à lui donner les différentes teintes que l’on defire. On commence par la plus claire , & l’on augmente toujours jufqu’à la plus foncée. Quand le verte eft cuit dans fa perfedion , on prend avec de grandes cuillers le verre tout rouge, & on en fait des tas fur un marbre poli & chaud , ou fur une plaque de cuivre , 8c on applique ces tas ayec un autre marbre au^ Sf f f

690

M O s

poii , jiifqu’àce qu’il ait l’épaifleur dont nous avons parlé. Alors on le coupe aufiitôt par morceaux de différentes figures & grandeurs , luivant le befoin & l’ufage qu’on fe propofe d’en faire. On conferve ces morceaux dans des boîtes , par teintes léparées. On doit obrerver la même chofe pour toutes les petites pierres ou morceaux de marbre , & de cailloux , de différentes couleurs & grandeurs. Il n’eft pas précifément néceffaire de faire du beau verre pour cet iifage, il fuffit ce que foit des efpèces d’émaux imparfaits , compofcs de fable , & de quelques métaux , ou minéraux fondus enfenible.

Cette efpèce de peinture doit durer autant que le mur fur lequel elle efl : faite , fans aucune altération de couleurs , & l’on en voit quelques morceaux très-anciens , aufli beaux & auffi frais que quand ils ont été faits -, mais on ne s’en fert ordinairement que dans les grands ouvrages qui doivent être placés loin de la vue. On en a cependant fait quelques petits ouvrages , comme des tables , où l’on admire la délicatefle & la patience. Suppl. des Uém. de VAc. T. /-AT.

Outre la mofaïque qui ne fut d’abord qu’un affemblage de petits morceaux de différentes couleurs, pour former une certaine variété, & quelques rinceaux ou autres ornemens, des peintres s’avisèrent dans la fuite , d’enrichir cette efpèce de peinture , par des repréfeFtations do fissures humaines, d’animaux ii de fleurs, & même des traits hifVoriques. Un des plus beaux ouvrages en ce genre , efl le pavé de réglile cathédrale de Sienne f où l’on voit le facrifice d’Abraham repréfenté. Il fut commencé car un peintre nommé Duccio , & achevé par Dominique Beccafumi. Il eft compofé de troisfortes de marbres , l’un très-blanc , l’autre d’un gris un peu obfcur, & le troifième noir. Le premier fert pour les rehauts & les fortes lumières ; le fécond , pour les demi-teintes , & le troifième , pour les ombres. Il y a des traits & des hachures remplis de marbre noir ou de maflic, pour réunir les paffages des clairs aux demi-teintes, & : de-là aux btuns. Le grand-duc Côme de Médicis ayant découvert vers l’an 1563, dans les montagnes de Fietra fancîa, une carrière de marbres de beaucoup de couleurs, donna occafion aux ]jeintres de fon tems d’exercer leurs talens dans cette efpèce de peinture. Les ducs de Florence ont depuis fait embellir leurs chapelles & leurs palais de ces fortes de marbres , & l’on en a fait des tables & des cabinets très-curfeux : lé roi de France en a un grand nombre.

Vafari dit qu’on voyoit autrefois , au portique de Saint-Pierre de Rome, une table de porphyre incruflée de beaucoup de pierres fines ^â , p&r leur arrangement , repréfentoient une MOU

cage. Plîne parle d’un oifeau fi bîen repréfenté par d’ftérens morceaux de marbre fur le pavé , dont il fait la defcription , qu’il fembloit que ce fût un véritable oifeau qui eût bu dans un vafe peint de la même manière & placé auprès de lui. Certains peuples de l’Amérique ont inventé une manière de mofaïque compofée de plumes d’oifeaux affemblées par filets. On voit , dans le trélor de la SantaCafa , quatre portraits de mofaïque de plumes, {article dt M. Watez-et.

MOUFFLE. (fubfl. fém.) Partie effentîelle du fourneau d’effai ou de coupelle. On en parle ici , parce qu’elle efl néceffaire aux peintres en émail. On ne peut en donner une meilleure idée, que celle d’un petit four mobile, dont le fol & la voûte font en tout d’une feule pièce, ou du moins chacun d’une pièce. Sa forme eft ordinairement celle d’un demicylindre creux , fermé par l’un de fes bouts , ,& ouvert par l’autre , qui efl formé par une table très-mince de terre cuite , & quiefldeftiné à être chauffé par le dehors ; c’eft- à-dire, à concevoir la chileur qu’on veut exciter dans Ton fein par l’application d’une foible chaleur extérieure. La porte de ce petit four, qui eft très-confidérable par rapport à fa capacité , & qui n’efl autre chofe que le bout entièrement ouvert du demi-cylindre , s’ajufle exaftement à une porte de pareille grandeur ,• ou à-peu-près , pratiquée à ce deffcin dans la face antérieur© du fourneau d’efTai.

MOULE, (fubfl. mafc.) On appelle ainfi un inflrument defliné à recevoir une matière fufible ou flexible, iS : à y donner la forme que l’on veut lui faire prendre. Nous ne confidércns ici les moulss que par rapf crt à la fculpture. Le moule , dans cet art, efl defliné à prendre la forme du modèle qu’a compofé l’artifle, & à la donner foit à du plâtre liquide , foie à du métal mis en fufion. Pour le premier ufage, le moule efl de plâtre ; pour le fécond, il eft d’une mixtion qu’on nomme potée. Voyeï ce qui en eft dit à l’article Fonte. MOULER, (v. aa.) Le meilleur plâtre dont on puifTe fe fervit à Paris, pour moule,’, efî celui des carrières de Montmartre. On le prend en pierres cuites, & tel qu’il fort du fourneau : on le bat, on le pafTe au tamis de foie, & on le délaye dans Teau plus ou moins, fuivant la fluidité qu’on veut lui donner. Il faut, avant de l’employer, avoir difpofé le ruodèle ou la figure à recevoir le moule. Si ce n’ell qu’une médaille , ou un ornement de bas-relief qu’on veut mouler ^ on fe contente d’en imbiber toutes les parties avec un pinceau & de l’buile : puis on jette defTus le

pllfre,quî en reçoit exadement l’empreinte, & qui forme ce qu’on appelle un moule. Mais fi c’eft une figure de ronde -boffe , il faut prendre d’autres précautions. On commence par le bas de la figure , qu’on revêt de plufieurs pièces & par affifes , comme depuis les pieds julqu’aux genoux , félon néanmoins la grandeur du modèle ; car quand les pièces l’ont trop grandes , le plâtre fe tourmente. Après cette alTife, on en fait une autre au-deffus, dont les pièces font toujours proportionnées à la figure ; & l’on continue ainfi iufqu’au haut des épaules , fur lefquelles on fait i la dernière artife qui comprend la tê :e. Il eft à remarquer que , fi c’eft une figure nue, & dont les pièces qui forment le moule, étant affez grandes, puiffent le dépouiller ailement, elles n’ont pas befoin d’être recouvertes d’une chape ; mais û ce font des figures drappées ou accompagnées d’ornemens qui demandent de la l’ujc-tion , & qui , pour être dépouillées avec plus de facilité , obligent à faire quantité de petites pièces , il faut abrs faire de grandes chapes -, c’eft-à-d :re , revêtir l’affcmblagc de ces petites pièces d’une grande enveloppe de plâtre qui feule les réunifTe toutes : on huile tant les g-andes que les petites pièces par-deffus, & dans les joints, afin qu’elles ne s’attachent, ni les unes aux autres, ni loutej à la chape qui les contient.

On difpcfe les grandes pièces ou chapes de façon que chacune d’elles renferme pl ;:fieurs petites pièces, auxquelles on attache de petits anneaux de fer qui aident à les dépouiller plus facilement , & à les contenir dans les chapes , carie moyen ds petites cordes ou ficelles qu’on attache aux anneaux & qu’on pafTe dans les chapes. On marque auffi les grandes & les petites pièces par des chiffres , par des lettres & avec âes entailles pour les reconnoître , & pour le. mieux affembler.

Quand le creux ou moule de plâtre eft fait, on le laiffe tepoler , & lorfqu’il eft fec , on en imbibe toutes les parties avec de l’huile. On les raffemble les unes & : les autres chacune en fa place ; puis on couvre le moule de fa chape , & on y "8tte le plâtre d’une confiflance affez liquide pour qu’il puiffe s’introduire daiis les parties les plus délicates du moule : ce aquoii’on peut aider en balançant un peu le moule , après y avoir jette à dilcrétion une certaine quantité de plâtre : on achève de le remplir, & on le laiffe repofer. Quand le plâtre eft fec , on ôte » la chape, & toutes les parties du moule l’une après l’autre , & l’on découvre la figure moulée. { Ancienne Encyclopédie. ) Voyez à l’article Fonte, ce qui eft dit du moule de plâtre-Voyez aulTi la partie de l’article Sculpture , où font expliquées les planches qui concernent les mouUiirs en plâtre..

M U M

Vpî

MUMÎE. (fubft. fém. ) On appelle momies ou mumies les corps embaumés par les anciens Egyptiens : la mumie des artiftes, en italien mumia , n’eft autre chofe que le baume des momies ; c’eft-à-dire , le mélange d’aromates & de chairs tiré des anciennes momies. Cette couleur eft vigoureufe & : très-légère. Sa nature eft réfineufe , & elle refte , en quelque forte, gluante aprè’j avoir été broyée. En lui donnant peu d’épaiffeur , elle eft propre à glacer, dans un ouvrage fini , le. ; ombresqu’on veut rendre vigoureules : employée plus épaiffe, elle peut fervir , mieux qu’aucune autre , a donner les touches vigoureufes qui imitent les grands enfoncemens & les trous qu’offre la nature.

La mumie sèche très-difficilement ; on peut même dire qu’elle ne sèche prefque jamais , fi elle eft employée avec l’huile fimple. Il faut donc, en hiver, la broyer avec de l’huile graffe pure ; en été , on peut mêler à l’huile graffc un peu d’huile de noix ou d’oeillet ; mai* lorfqu’on veut l’employeraux glacis , il faut, en quelque failbn que ce Ibit , la broyer uniquement à l’huile graffe.

Nous avons remarqué que cette couleur fouffre difficilement le mélange de»toute autre , à moins que ce ne foit tDut au plus de la laque. {Article de M. Robin.)

r> Il ne faut pas croire, dit M. Valmont de » Bomare , que les mO’7 ;iV.î du commerce foiont » véritablement cirées des tombeaux des anciens Egyptiens : ce !!ei-là font trop rares, & : » on jie les garde guère que par curicfité. » Celles que les droguiftes tirent du Levant, » viennent des cadavres- de diverfes perfonneî » que les Juifs où les Chrétiens embaument, » après les avoir vuidées , avec des aromates » rtfineux & le bitume de Jud^c : ils mètrent » fécher au four ces cadavres a’nfi embaumes, a jufqu’à ce qu’ils foient privés de toute humi dite. « 

MYOLOGIE , (fubft. fera. ) C’eft ainfi qu’on appelle la fcience des mufcles. Elle eft ablblument néceffaire au delîinareur. S’il ne connoîc point les mufcles & leurs fondions, il rifquera de ne pas les indiquer dans des allions où il» aglffent , de les faire fentir lorfqu’ils ne doivent pas fe montrer , de changer leurs véritables fituations. La vue du modèle vivant ne fuffit pas peur épargner ces erreurs. Un modèle fe laffe, & l’es mufcles s’afFaiffent : il donne bien au commencement de la pofe le degré de force que fes mufcles doivent avoir dans l’aftion qu’il reprcfente : mais cette force fe perd , dès qu’il eft fatigué -, & le delTinateur qui ne retrouve plus fur fon modèle , ce qu’il a marqué dans fa première efquiffe , croit s’être trompé , & en voulant fe ’ corriger, il fait une faute réelle. S f f f ij

6^2

M Y O

Nous n’expliquerons ici que deux planches ûemyologie, & ces explications ne feront pas loin û’êire f^ffilantes pour les artiftes. Il fera bon qu’ils y joignent quelque bon écorché en plâtre , &• qu’ils taffen. des études en grand pour les muicles de la tê :e , des mains & des pied ?. Il faudra furtout , avant d’étudier les planches Se mychgie , prendre une connoiffance e>;a6ie de oeiles doliéologie , & bien e>.aminer d’après elles un fquelette naturel. Voyez l’article Os-TÏOLOGIE.

En étudiant îamyoZoj/e relativement aux arts. du dcflln , il faut penfer que de l’origine R : de ï’iRfer-Jon dumuicle, dépend la qualité de fjn afrion. Qoand il agit , il tire toujourï du côté de l’on principe , comme pour y joindre la partie à laquelle il eft inIVrc. Ses deux extrémités font nen-enfes, fon milieu cft charnu ; fes fibres fe reflerrantdu côté de l’in’er’ion , compofent un fort tendon, qui clt comme une corde fortement attachée à l’os. Ces tendons paroilfent bien plus dans les muicles des extrémités que dans ceux au tronc.

Une règle générale , touchant l’office des mu fcles , c’eftque toutes les fois que le mufcle fait mouvoir un oS*& qu’il le tire de l’on côté, il devient plus court, plus relevé, plus large, plus apparent , pa"ce qu’il fe lamaffe dans fon milieu. Au contraire , lorfqje le mufcle laiffb aller l’os qui efttiré d’un côté oppofé , fon ventre s’allonge & s’étrécit. Airfi le delFinareur doit bien prendre garde au ventre ou milieu du mufcle , & fe fouvenir que le mouvement des mufcles firit toujours l’ordre des fibres qui vont de l’origine à l’infertion.

PLANCHE PREMIERE.

KepièfenCant un tcorché ru di face ^ ^ après n. a. Les mufcles frontaux.

b. Le mufcle fupérieur de l’oreille. c. Le mufcle antérieur de l’oreille. à. L’otbiculaire des paupières.

c. Le maffetier.

f. Le grand incifif.

g. Le petit zygomatîque.

h. Le grand zygomatiquê.

î. Le triangulaire delà lèvre inférieure. ]c. Le quarré de la lèvre inférieure. . Le maftoïde ; il vient du flernum &r d’une partie de la clavicule , & va s’inférer à une partie de l’os de la tempe, Il tire la tête & la baiffe en avant.

M Y O

m. Le fl-ernoyoïde. Il vient du fternum , & va s inférer à l’os yoïde , que le vulgaire appelle le morceau d’Adam.

n. Le Sternum , le bréchet , ou l’os de la poitrine que quelques uns divifent en 7 & d’autres en 4 ou 5. Toutes ces divi.Tons s’unifient par l’âge, & ne font à la fin qu’un feul os. Il eft toujotirs (ans chair & ne peut être couvert que de h peau : de-là vient que l’on y voit paroître le bout des côtes qui y font appuyées , à moins que la graifl’e n’en empêche , comme il arrive aux femines & : aux jeunes hommes. o. Portion du trapèze. Voyez le développement de ce mufcle dans la planche II. p. Deltoïde. Il vient d’une grande partie de la clavicule , & de toute l’épine de l’omoplate , & va,par-defrus la jointure du bras, finit à la partie fupérieure & poftrrieure de l’os du bras. Il élève le bras, & eftcompofé de plufieurs lobes qui fe réuniffenttous en un feul tendon. q. Le grand pcftoral. Il prend fon origine de prefque tour le nernuin , & de la fixiéme, feptiéme & ciiiel que fois huiMémc cotes : il va finir à l’os du bras entre le deltoïde & : le biceps. Sa fonélion eft d’amener le bras vers l’eftcmac. r. Le biceps. Ce raufcle eflainfi nommé parce qu’il a deux têtes. Il vient de l’emboiture de l’omoplate de part & d’autre, & va s’inférer au commencement du radius. Il fléchit l’avant bras. s. Le long cxrenfetir du coude.

t. Le court extenfeur du co’.^de. Le long extenfeur vient de l’omoplate ; & le court, de la partie fupérici^re de l’o- d’.i bras. Tous deux ne fnnt qu’un même tendon fort large , & vont s’inférer au coude. Ces deux mufcles n’ont qu’une feule infcrtion , & font fort charnus à leur principe. Ils étendent le coude ucFavant-bras, comme leur nom l’expvime.

u. Lebrachial. Il prend fon origine au commencement ou environ de l’os du bras, y étant fortement attaché, & va s’inférer, par deffous le biceps , à la partie liipérîeuredel’os du coude. On ne voit ici qu’une partie de ce mufcle : le refte eft recouvert par le biceps. lis concourent tou5 deux à fléchir l’avan’-bras. Il eftinuMle aux artiftes de chercher à réfoudre s’il y a un brachial externe & un brachial interné , on, comme d’autres s’expriment , un brachial antérieur & un pcftérieur , ou bien fi ce n’eft qu’une maffe de chair attachée aux extenfeurs.

X. Le long fupina-eur du rayon. Il vient de la partie inférieure du bras , &• fe termine à la partie inférieure du rayon. Il fcrt , comme fon nom l’indique, à é’ever le bras. Ce mufcle , ainfi oue les autres de l’avant-hras , n’eft jamais fi marqué que quand la main eft fermée, ou qu’elle ’erre

i quelque chofe avec force. Car les mufcles du
MYO MYO 693

dedans agîflent dans cette aflion avec violence , & fe ramaflant au dedans du bras , poiiTent ceux qiîi font au dehors & les font paroître davantage. C’eftce qui n’arrive point dans les aftions contraires , dans lefquelles les doigts font étendus. y. Le rond pronateur du rayon. Il vient de la tête interne de l’os du bras , & va obliquement s’inférer à la partie interne du rayon. Son nom marque qu’il tourne le rayon en bas ; <bn aftion eft abfohiment contraire à celle du iupinateur. z. Le radial interne , ou fléchifletir fupérieur du carpe. Il vient de la tête interne de l’os du bras ; & va, montant obliqueme-t pardeffus l’os du rayon , finir au premier os du métacarpe qui ibutient le pouce. Son action eft de fléchir le poignet.

I. Lelongpal.-nare vient de la tête interne de l’os du bras , Se va dans la paume de la main fe dillribuer aux quatre doigts. Il tire Ton nom du moc/jfl/mrt qui fignifie la paume de la main : il fléchit les doigts au moyen des quatre tendons parlelquels il le termine.

- 2. Le fléchiffeur du pouce ; Ion nom fait con- • noîire fa fonciion.

. Extenfeurs du pouce. Cemufcle eft double : îl naît vers le milieu de l’avant-bras , & va s’inférer obliquement anx jointures du pouce. . Le radial externe : fon afiien efl oppofée à celle du rad al interne.

. Le long extenfeur du pouce. Voyez 3. . Le ligament annulaire externe.

. Lesdigirationsdd grand dentelé. Cemufcle prend fon origine do toute la partie intérieure de la bafe de l’omoplate , & va tranfverfalement s’inférer aux huit côres fupérieures ; quelquefois même il vaiiifqu’àla neuvième II finit en forme de doigts , comme on peut i’obierver. Ces fortes de doigts ou de fcftons qui le font nommer dentelé, foni^au nombre de huit. I ! fe Joint au mufcle oblique par digiration ; c’eft-à-dirc ; comme des doigts qui s’entrelerrent les uns les autres. . Le mufcle droit du bas-ventre qui paroît à travers l’aponévrofe du grand oblique. Il prend fon origine à l’os pubis , & va s’i/iférer à côté du cartilage xiphoïde. Plufieur.’i' penlenr, au contraire , qu’il prend fon origine à côté du cartilage xiphoïde, & qu’il va :- ’inférer à l’os pubis. Ce qui rend la première opinion plus vraifemblable, c’eft qu’il tire le cerf ’• en avant, & qu’il le foutientlorfqu’il eft penché en arrière , ou qu’il eft fur le dos. Tourej ces éminences Se cavités que nous voyons fur le ventre, depuis le fternum jufqu’aw pcnil , ne font donc Daspkifîeursmufcles diiférens ; mais un feul diviv= en plufiears interfeftions , qui font autant débandes pour le fortifier à caufe de *a longueur. Ce mufcle s’étend tout le long du ventre. Il eft divifé eri quatre M Y O

< ?P5

part’cs & fo’jvent en cinq, par de fortes întcr’ fcdions nerveiifes , lefquelles font autant de bandes qui croifent la ligne blanche pour fortifier le mufcle à caufe de fa longueur. Si la figure qu’on repréfente eft fvelte , il nefaut pascraindre d’y fpécifier, au-deffous du nombril, une de ces interférions , puifqu’on peut même en ufer delà forte dans les figures d’une mefure ordinaire & bien proportionnées. Mais il eft bon de ne la pas marquer dans les figures auxquelles on juge à propos de donner une proportion courte. Ces interieâions ne font pas rout-à-fait également diftantcs entre elles : mais il y en a toujours trois au-deffus dunornbril, 8c celle du milieu eft toujours la plus grande. Quant à l’interfedion qui eft près du nombril , le naturel n’eft pas toujours le même. Certains fujets l’ont au milieu du nombril ; quelques uns un peu au-defl’us, d’autres encore plus élevée. Les deux premières conformations font celles qui fe remarquent le plusordinairement dans les antiques. Cemufcle, airlî fortifié par fes interférions nerveufes, fert à relever le corps , lorfqu’il eft couché furie dos, &r à foutenir fon poids quand il panche en arrière. Les mufcles obliques lui prêtent fecours en cette occafion. Mais l’aponévrofe de l’oblique qui couvre ce mufcle eft fort mince, & les interfeclions nerveufes en font tellement bandées , que la peau ne les peut dérober à la vue. Ce mufcle eft double & : n’eft féparj’ d’avec fon compagnon que par la ligne blanche.

p. L’oblique. Il vient delà fixiéme ou feptiéme côte du thorax j joint le dentelé par digitarion , & va s’inférer à la côte extérieure de l’os des îles & de l’os pubis : il fe perd par un tendon fort étendu & fort mince à la ligne blanche. On peut croire cependant que fon origine eft en bas & fon infertion en haut ; car il partage les fonctions du droit & a la même aftion : celle de foutenir le corps qui panehe ev arrière, & de l’aider à revenir en avant. Il fert , ainfi que le dentelé, à la rcfpiration. Ces deux mufcles fo font fentir d’autant plus difiinflement , que le corps agit avec plus de violence & fe porte davantage du côté oppofé. Il fait, par cette aelion , étendre la peau, qui en devient moins épaiff’e ; mais le contraire fe fait de l’autre côté ; car la peau venant à fe ramaffer , ne laiiTe voir les dents de ces niuf ;les que confufément, & elles ceffent même abfolumentd’êtrefenfibles quand le corps eft fort penché’ ; cet efîet eft encore plus remarquable chez les vieiiiards, parce qu’ils ont la peau moins adhérente au mufcle. L’oblique couvre tout le ventre ; mais il eft fi mince par-defTus le mufcle dtoit, qu’il ne l’einp’jche point du tout de paroîrre ; Ce mufcle droit efl encore très-évident , même avec la peau.

I 10. La ligne b ’.anche. C’eft air fi qu’on appelle, 1 à caufe de fa couleur, une longue bai.de, forte ^P4

M Y O

&nerveafe, qui s’étend depuis le fîernum jufqu’à l’os pt.bis.

. Le ligament de FaIope._ , „

lî. Le couturier , vient de 1 cprne de 1 os des îles *& va s’inférer obliquement à la par :ie intérie’ure de l’os de la jambe. Il fait tou-ner la iambe en dedans , & l’amené fur l’autre lorfqu’on veut la croifer & la mettre dans une attitude àpeu-près femblable à celle des couturiers ou tailleurs, de qui on lui a donné fon nom. ^ . Le triceps vient de l’os pubis & de l’os ifchium , Si va s’inférer au dedans de l’os de la cuiffe ■. il fert à tourner la cuiffe en dedans. . Le grêle vient de la partie inférieure de - l’os pubis-, il efi ; large & délié à fon origine, & va s’inférer avec le demi-nerveux Scie demi-membraneux au dedans de la jambe , un peu audcffous de l’article •. il ne fait en quelque lorte ■qu’une maffe avec ces deux mufcles & le biceps , & il a , comme eux & avec eux , la fondicn de fléchir la jambe. ,,

. Le droit vient de l’os des îles, il s étend le long de la cuiffe entre les deux vaftes , avec lefquels il finit en enveloppant la rotule d’un fort tsndon. Ce mufcle, avec les deux vaftes, fert à é-.endre la jambe. On fent au deffous du droit un muîcle qu’il couvre & qu’on nomme le crural. Celui-ci cft attaché à l’os de la cuiffe, comme le brachial l’eft à l’os du bras. Il prend fon origine entre les deux trocanters, & enveloppe la rotule , ne faifant qu’un tendon avec le droit & les deux vaftes.

. Le vafte externe vient du grand trocanter , & finit en embraffant le genou de fon tendon. . Vafte interne. Il prend fon origine au petit trocanter , & va envelopper le genou avec l’autre vafte & le droit. Lorfqu’une figure debout repofe fur fa jambe , on voit ordinairement au-deffus du genou , certaines éminences qui ne font autre chofe que les rides & les replis des tendons de ces trois mufcles joints avec la peau, lefquels étant fortement attachés fur la rotule , remontent avec elle , & font ces plis qui difparoiffent auffuôt que le genou vient à fléchir, & que la rotule defeend. La figure qui porte le nomd’Antinoiis, & que, par corruption on appelle dans lesatteliersl’Antin, ou même le Lantin, fait voir parfaitement ces différences dans les deux genoux dont l’un eft tendu & l’autre fléchit. La fondion des vaftes eft , comme on vient de le dire , la même que celle du droit. . Le tendon du couturier.

10. Le tendon du grêle.

ao. Le jambier antérieur vient de la tête extérieure de l’os de la jambe appelle tikia , & va finir par un gros tendon au gros os du métacarpe . il fléchit le pied & le tire en haut. ai. L’extenfeur commun des orteils vient du plus haut de la jambe , & fe coulant fous le jatnbier antérieur , eontinue fon chemin entre M Y O

cemafcle & l’éperonnier,pour aller trouverlea orteils que fon office eft d étendre. . Le fléchiffeur des orteilr.

. Le fléchiffeur du pouce.

14. Le jambier poftcrieur.

a j. Ligamens qui retiennent les fléchifleurs d«  pied.

. Portion d’un des jumeaux.

. Le folaire vient d’entre les deux têtes de l’os de la jambe, & avec le plantain & les jumeaux , il va faire un même tendon qu’on appelle la corde d’Achille. Son nom vient de ce qu’il eftfeul, par oppofition aux jumeaux qui font au nombre de deux comme : leur nom l’indique ; ils ne font pas enfemblefi larges que le feul folaire qu’ils recouvrent en partie. Sa fonction, ainfi que celle des jumeaux , efi d’étendre le pied.

. Ligamens qui retiennent les extenfeurs da pied & des doigts :

PLANCHE DEUXIÈME.

repiéfentant un écorché vu par U dos , cCavrls A L B I N u s.

a. a. Les mufcles occipitaux.

b. Le releveur de l’oreille.

c. Le Ijjlenius.

d. Le trapefe. Il prend fon origine du derrière de la tête , de toutes les vertèbres du col & de» neuf épines fupérieures des vertèbres du dos : il s’infère tout le long de l’épine de l’omoplate, jufqu’un peu au-deflbus de la clavicule. Son office eft de tirer l’omoplate en arrière. Ses formes varient parl’aflion d’autres mufcles qu’il recouvre tels que le fplenius , le complexus & le releveur propre.Lefpleniui & le complexus viennent des vertèbres fupérieures du dos , & ont leur infertîon derrière la tête. Ils tirent là tête en arrière. Le releveur propre vient du haut du cou , & defeend jufqu’à l’angle de l’omoplate ; c’eft d’elle qu’il eft releveur , & c’eft de cet office qu’il tire fon nom. Il contribue le p !i :s à flirmer la pente qui eft du col à l’épaule. Il cache aulîi le furépineux , qui naît de la partie externe de la bafe de l’omoplate, qui fe remarque depuis l’angle fuprrieur jufqu’à i’épine : il s’infère à la partie fupérieare & : antérieure de l’os du bras. Il tire le bras en haut avec le deltoïde , 8c rempliffant la cavité fupérieure de l’omoplaie entre l’épine & la côte fupérieure , ne fait fouvent qu’une maffe avec ladite épine & une paitie du trapèze. e. Le fousépineux prend fon origine de la partie externe de la bafe de l’omoplate, qui fe remarque depuis l’épine jufqu’à l’angle inférieur, & rempliffant la cavité fousépineufe, va s’inférer à la partie fupérieure & extérieure de l’os du bras. Il tire l’os du bras en bas , avec l’abbaiffeur pror

pre & le très-large,
MYO MYO 695

On ne faurok trop étudier l’aaion & le mouve- | »ent du trapèze & des autres mufcles dont nous j venons de parler. Il n’eftrien dans tout le corps de plus difficile à bien faire que cette partie. Il faut l’examiner avec la plus grande attention & fe reflbuvenir que c’eft-là qu’échouent fouvent les deflinateurs. La différence de leurs mouveniens fe voit très-bien fur le gladiateur : mais il faut encore étudier furie naturel toutes les formes que prennent ces mufcles , depuis l’adlion du bras abbaiffé ju’qu’à fon élévation. f. Portion de rhomboïie , qiii tire fon origine des vertèbres , & s’infère à la baie de l’omoplate. Tl la tire en arrière avec une partie du trapèze. Quand ce muîcle agit , il fe confond avec labafe de l’omoplate ; & , de deux éroinences , il n’en forme prefque qu’une feule. On voit cet eftet fur l’Hercule Fai nife & fur le gladiateur. g. Le petit rond , qui étant fonement attaché au foufépineux, ne fait avec lui qu’une même maffe & us même tendon.

h. Le grand rond,

i Le deltoïde. Voyez planche I. p. k. Le long extenfeur. Voyez planche I. s. . Le court extenfeur. Voyez planche I. t. m. Le brachial interne. Voytz planche I. u. n. Le brachial externe. Voyez planche Lu. o. Le long fupinateur du rayon. V. pi. I. x. p. Le radial externe fert à élever le rayon, q, Extenfeur des doigts.

r. Le long extenfeur du pouce.

s. Le court extenfeur du pouce.

t. Le cubital interne.

u. L’exten<eur du petit doigt.

X. Le cubital externe.

y. Le ligament annulaire externeT* z. Le grand dorfal ou le très-large. Il prend fon origine de l’os facrum , de l’os des îles , de toutes les vertebresdes lombes, & de fix ou fept vertèbres du thorax. Il eft fort dilaté, revêt toutes les faufles côtes & la partie inférieure des cinq côtes vraies & inférieures du thorax. Il pafle d’un côté par deffus Tangle inférieur de l’omoplate, oil il s’attache en pafTant, & va trouver l’os du bras, le joignant avec l’abbaifleur propre. Cbmmel’origine de ce mufcle eft d’une fort grande étendue , il eft fort épais à fon infertion. Il tire le bras en arrière & en bas obliquement, du côté de fon principe inférieur. Il eft (i mince à fon principe qu’il n’empêche point du tout de paroître ceux qui font au-deffous imais venants fe refferrer dans fon infertion , il forme une maffe de chair qui couvre en partie le grand dentelé. Les principaux mufcles par detfus lefquels il pafle, font le grand dentelé dont nous venons de parler ; le facré , le facrolombaîre & le demi-épineux , mufcles dont l’office eft oppofc à celui du droit , puifqu’ils tirent le corps en arrière & le foutiennent quand il eft penché en avant : ils forment «nfemble ce qu’on appelle le rable. Le fapré fort M Y O

< ?^f

de la partie poftérîeure de l’os facrum & fe glifla fous l’épineux jufqu’à la douzième vertèbre du dos. Le facrolombaire prend fon origine de la partie poftérieure & fupcrieure de l’os des îles, it des deux vertèbres fupérieures de l'os facrum > & règne le long de la racine des côtes. L’épineux a la même origine que le facré , & s’infère le long des épines du dos jufqu’au cou. Il faut obferver que l’épineux & le facré font peu charnus à leur origine , & que le facrolombaire l’efl : beaucoup : c’eft ce qui caufe une certaine cavité fur l’os facrum , & une éminence confidérable à l’origine du facrolombaire. Les éminences que l’on voit ordinairement depuis le facrolombaîre jufqu’à l’omoplate, ne font autre chofe que des mufcles collés l’un fur l’autre & pouffes par les fauffes côtes ; ils defcendent obliquement &prefque du même fens que le facrolombaire. Le nombre de ces éminences n’eft pas toujours égal dans tous lesfujets. Aux vieillards , il peut y en avoir quatre : mais aux jeunes gens , jamais plus de trois ; car la pente de l’omoplate en ôte une à caufe de la graiffe , à moins que le bras ou l’omoplate ne foient extraordinairement élevés : alors on en remarque cinq dans les vieillards. La partie du grand dentelé que couvre le grand dorfal contribue beaucoup à lui donner l’apparence d’une épaiffeur confidérable. On peut ne point s’arrêter à étudier fort particulièrement le dentelé poftérieur inférieur, & s’en tenirà obferver les maffes. Il n’eft que d’une très-foible épaiffeur : il fert à larefpiration. Enfin l’oblique interne contribue auffi aux formes du grand dorfal. ,

I. Le grand oblique du bas ventre. Voyez pi. I. 9.

a. Le moyen feffier, recouvert de l’aponevrofe du fa/à a lata. Il vient de l’os des îles & va au grand trocanter avec le petit feffier. Le petit teffier couché à côté du fécond , n’eft pas fort néceflaire à obferver , il paroît peu & eft recouvert par le grand feffier. Il fuffit aux artiftes d’étudier la maffe fans s’arrêter à des détails anatomiques indifFcrens à leur art.

. Grand feffier. Il vient de tout l’os facrum & de la partie latérale & poftérieure de l’os desîies, & va , par des filets obliques , s’inférer quatre doigts au deffous du grand trocanter. Nous avons dit qu’il couvroit le petit feffier ; il paffe aufli par-deffus une partie du moyen. Les trois feffiers étendent la cuiffe : le premier eft appelle grand , eu égard à fon étendue & à fon volume : la différence des aftions de ce mufcle fe voit fur l’Antinoiis , le Gladiateur , l’Hercule & le Meléagre. . Le vafte externe , recouvert an fafcialata. Voyez planche I. 16.

. Le biceps. Il vient de l’os îfchium , & va s’inférer à la partie externe de la jambe. Il eft charnu, & a deux têtes comme celui du bras. . Le demi-tnembianeux a la même origisQ €9^ M Y O cpje le biceps, & s’infère au-dedans delà jainte trois doigts au-defToiis de l’article. . Le demi-nerveux a la même origine que le dernier, & la même infercion . il eft fort nerveux , charnu, long & rond. ’ S. Le grêle vient delà partie inférieure de l’os pubis. Il eft large & délié à fon origine , & a la même intcrtion que lesdeux précédens. Ces quatre muCcles , favoir , le biceps , le demi membraneux, le demi-nerveux & le grêle fléchiffent la jambe , & tous quatre ne font , en quelque forte , qu’une feule maffe. . Portion du triceps. Voyez planche I. 13. . Le vafte interne. Voyez planche I. 17. . Les jumeaux : l’un fe nomme interne & l’autre externe. Ils viennent des deux têtes inférieufgs de l’os de la cuifle, & vont" avec le M Y O plantaire & le Polaire, compofer un mêmetendoii appelle la corde d’Achille. Leur office eft d’étendre le pied. Ils doivent leur nom à leur forme quieftà-peu-près femblable dans tous les deux ! cependant le jumeau interne defcend un peu plus bas que l’autre. II. Le folaire. Voyez planche I. i/J. . Le long fléchifîeurdu pouce. . Le court peronier. ij. Le peronier. Ces deux mu fc les viennent la premier du milieu , & le fécond du haut de l’os appelle péroné duquel ils tirent leur nom. Ils vont s’inférer fous le pied , & : leur office’ eft^ de l’étendre avec les jumeaux.

Ligament qui retient les tendons de l’exi 

tenfeiir des orteils. NERPRUN,