Encyclopédie méthodique/Beaux-Arts/Tome 2/Pratique N

(p. 697-698).

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NERPRUN ou NoiRPRUN , ( fubfl :, mafc. ) Arbfiffeau donc les baies ou fruits fourniffent des couleurs à la peinture. Voyez Laque verte , & Verd de vejjle. C’eft un arbufte de ce genre , qu’on nomme petit Nerprun purgatifs qui fournit la graine d’Avignon.

NOIRS. Les peintres font uCage de difFe’rentes efpeces de noirs que nous allons détailler. Noir de fumée , fubftance d’un beau noir , produite par des réfines brûlées. Toutes fubilances réfineufes , telle que la réfine des pins , des fapins, la térébenthine, la poix, les bitumes, étant brûlées , fe réduifent en une matière charboneufe , fort déliée, que l’on nomme noir de fumée. Mais comme ces fubftances réfineufes peuvent s’employer à d’autres ufage^,on ne fe ferc , pour faire le noir ^ que de ce qui efl : rerté dans le fond des chaudières où l’on a fait bouillir la rt’fine pour en faire de la poix ou du goudron. Pour cet effet, on allume des morceaux de ce réfidu qui efl très-inflammable , &on le laifle brûler dans une marmite placée au milieu d’un cabinet bien fermé , & tendu de toiles ou de peaux de moutons. A mefure que la fubftance réfineufe brûle , il en part une matière femblable à de la fuie , qui s’attache à la toile ou aux peaux dont la pièce eft tendue. Lorfqu’on croit que le cabinet eflfuffiramment rempli de cettematiere, on l’enlevé & on la met dans des barriques. En Allemagne, où il fe trouve de vaftes forêts de pins & de fapins , on fait le noir de fumée en grand, & l’on conflruic des fournaaux uniquement deftinss à cet ufage. Ces fourneaux font des cabinets quari-és qui ferment très-exactement. A leur partie fupérieure eft une ouverture fur laquelle on place une toile tendue de manière à former un cône : à ce cabinet , communique une forte de voûte horizontale, ou de tuyau de cheminée, au bout duquel eft une ef- • pece de four. A l’ouverture de ce four, on place les matières réfineufes , ou le bois chargé de rélîne, que l’on veut brûler pour faire le noir. La fubftance noire qui s’en échappe, paffe par Iç tuyau de cheminée , & va fe rendre dans le cabinet quarré. Comme cettematiere eft légère, il s’en attache une grande quantité à l’intérieur du cône de toile qui eft au-deifus de ce même cabinet. Lorfqu’on croit qu’il s’y en eft fuffifamment amaffé , on frappe avec des baguettes fur le cône jie toile pour faire tomber Izjioir de fumée qui Uiaux-Arts. Tome fl.

s’y étoîtattaché. ÎI retombe dans le cabinet, oll l’enlevé, 8c on le dépofe dans des barriques ou des caiffes. Au refte , le noir de fumée eft pernicieux dans la peinture à l’huile, & : ne peut fs rompre avec aucune autre couleur dans quelque genre de peinture que ce foit.

Noir de charbon ; le charbon des bois les plus communs , tels que le chêne , l’ormeau , le charme , le peuplier , la vigne & autres , fourniffent des noirs très-folides pour la peinture à l’huile , en détrempe & au paftel. Le bois doit avoir été brûlé à feu nud, & non dans un creufet couvert. Il faut éteindre ces ch ?rbons dans l’eau pendans qu’ils font bien embrâfés.

Noir ff Ivoire. Il fe fait avec de l’ivoire brûlé &caîcinéà feu clos , feenfuitebien porphyrifé. On renferme le morceau d’ivoire dans un creufet ou dans un pot bien lutté avec de la terre à potier , & on le met dans le four à potier pendant le temps que cuifenc leurs poteries. Pour être bien cuit, & devenir bien noir , il ne faut pas qu’il y refte moins de temps que ces poteries elles-mêmes. Il faut furtout bien prendre garde qu’il n’y ait aucun jour au creufet ou au vafe ; car au lieu de devenir noir, l’ivoire blançhiroiï & fe confumeroit. Ce ?ioir ferc à l’huile, à la détrempe , en miniature &*u paflel,

Noir d’os. Il fe fait avec des os de mouton pat le même procédé que le noir d’ivoire. Il fe fécher difficilement, &c eft excellent à la détrempe, Noi’ dépêches. Il fe fait de la piême manière que les deux ? :o/rj préçédens, avec des noyaux de pêches. Il faut atiffile bien porphyrifer. Mêlé avec le blanc, il donne une teinte bleuâtre fort agréable,

Noir de terre. C’eft utie efpece de charbon quî fe trouve dans la terre, & dont les peintres è frefque font ufage après l’avoir bieii broyé. Noir d’Allemagne. Il fe fait avec de la lie de vin brûlée, lavée enfuite dans de l’eau , puis broyée dans des moulins faits exprès , avec de l’ivoire , des os & des noyaux de pêche auffi brûlés, C’eft de cenoir que fe fervent les i.iïprimeurs en taille-douce : on le fait entrer auffi dans îacompofition des paftsls. Il vient ordinairement de Francfort, dsMayence , de Strasbourg, ou eix T c t £

'tfp8 NO I pierre ou en poudre. Il s’en fait en France, maïs il eft inférieur à celui d’Allemagne. On attribue cette mfîrioriré à la difPsrence qvii Te irouve entre les lies de vin dont il fe compofe. Quelques feintres à l’huile ont employé le noir d Aliemagne, ou noir d’imprimeurs. Raphaël a fait cette faute îjui a nui confidérablement à la coulent de fes tableaux. N O I Noir. Crayons noirs. La fubftance de cei crayons a été mal définie à l’article Crayon. Ce font des efpeces de pierres connues fous le nom d’ampélites , fortes de fchiftes produits par une terre bitumireufe qui contient des prÏDcipesfulfureux & inflammables. Elle fe décorapofe facilement à l’air , à la manière des pyrites fulfureufes.