Encyclopédie méthodique/Beaux-Arts/Équivoque

Panckoucke (1p. 266).
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ÉQUIVOQUE (subst. fém.) On peut observer en passant que, du tems de Boileau, le genre de ce mot étoit encore douteux :

Du langage françois bizarre hermaphrodite,
De quel genre te faire, équivoque maudite,
Ou maudit ; car sans peine aux rimeurs hasardeux,
L’usage encor, je crois, laisse le choix des deux.

L’usage a décidé pour le genre féminin. On dit à présent une maudite équivoque, & l’on ne diroit plus un équivoque maudit.

Il y a plusieurs sortes d’équivoques en peinture. Équivoque sur l’action de la figure. Marche-t-elle ou est-elle en repos ? Est-ce une figure qui tire ou qui pousse, qui pose ou qui enleve ?

Equivoque sur le ton de la couleur, lorsque le ton d’un objet perce avec le ton du fond ou avec celui d’un autre objet.

Equivoque sur les formes, lorsqu’un membre étant couvert en partie, la portion qui paroît peut ressembler à celle d’un autre membre, ou lorsqu’une portion de draperie peut ressembler à quelqu’autre chose.

Equivoque sur l’expression, lorsque les traits ou l’action d’une figure peuvent convenir à une autre passion que celle dont cette figure doit être affectée.

Equivoque sur le plan, lorsque le spectateur ne peut juger du plan qu’occupe un objet.

Il s’agit moins ici de faire une énumération complette de toutes les sortes d’équivoques, que d’avertir qu’il n’en est aucune qui ne doive être soigneusement évitée. (Article de M. Levesque.)