Édition de la « Société nouvelle » (p. 12-13).
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III


Notre dame de notre amour,
dont la chapelle est près la mer,
si vers ton autel sa face s’achemine,
aumônière aux vieilles que les rides parcheminent
et gaie à l’enfant qui court.

Dis-lui que l’exil est lourd,
que les mains sont désheurées,
toujours à sa taille liées,
tous ces bonheurs des derniers jours,
et que c’est lividité,
ce soleil clair des matinées
dans la ville où l’ennui me garde emprisonné.


Notre dame de nos caresses,
ta chapelle vers le nord,
c’est un exil vers les bords
de la dure fatalité.
Reine des tristesses d’été,
je ne puis pendre à tes piliers
les lourds ex-votos des pèlerins boréaux,
Notre dame du soleil de nos caresses.

Je la laisse t’apporter la royauté des genêts d’or,
l’éclat rouge des fleurs de grenadier
et la douceur des figues cueillies à l’aurore,
l’émail des statues divines par les piliers
des temples païens de claire beauté,
où s’usèrent mes genoux à contempler
les radieux étés de la face humaine.

Accueille mon ambassadrice
et dis-lui qu’on souffre loin d’elle
et que son esclave est celui de la plus belle.