Discussion:Le Péché de Monsieur Antoine

Dernier commentaire : il y a 12 ans par Bzhqc

Texte récupéré sur le site de la bibliothèque électronique du Québec : [1]Bzhqc (d) 15 mai 2011 à 09:51 (UTC)Répondre

Éditions modifier

  • 1904 : en feuilleton dans l'humanité [2]

Vocabulaire, orthographe modifier

  • rebalayé

Critiques modifier

  • Caro « Parlerons-nous du Péché de M. Antoine, dont le plus gros péché n’est pas, à mes yeux, d’avoir une aussi jolie fille que Gilberte, mais bien d’avoir rendu M. de Boisguilbault le plus insupportable des hommes en lui enlevant sa femme. Tout le monde est plus ou moins communiste ici, dans le singulier monde où s’agitent les personnages du roman : M. Antoine, gentilhomme déchu ; Jean, le paysan philosophe ; Janille, la servante ; Émile, Cardonnet, le jeune sage ; M. de Boisguilbault, le vieux fou. Il n’y a que M. Cardonnet le père qui ne trempe pas dans l’idée nouvelle ; mais aussi on a bien soin, comme si cela ne s’entendait pas de soi-même, d’en faire le type de l’industriel sans cœur, dont la froide brutalité fait mourir sa femme, et qui broie les idées comme les hommes sous la meule de son usine. Tout ce monde-là (toujours M. Cardonnet excepté) a les deux caractères obligés des personnages : l’héroïsme du cœur et l’argumentation intarissable. C’est à qui fera les plus belles actions et parlera le plus longtemps. La palme reste à M. de Boisguilbault.
  • Seillères « Le Péché de Monsieur Antoine est un récit d’allure plus optimiste encore, exprimant une entière confiance dans les réalisations sociales d’un très prochain avenir. Le charmant début du livre est de couleur à peu près purement poétique : il nous fait souvenir que l’ère des romans paysans, l’ère des chefs-d’œuvre sans conteste, est désormais commencée pour l’auteur (avec son livre intitulé Jeanne). Nous assistons à un orage nocturne dans le pittoresque pays de la Creuse, sur les bords de la Gargilesse, où la dame de Nohant venait alors séjourner de temps à autre. Le fils d’un grand industriel qui est en train de « prolétariser » méchamment ce pays champêtre, le jeune Emile Cardonnet, surpris par la bourrasque, se réfugie dans les ruines d’une forteresse féodale, nommée Chateaubrun. Ces ruines abritent encore le dernier des comtes de Chateaubrun, M. Antoine, un exquis gentilhomme-paysan, en compagnie de sa fille la délicieuse Gilberte, et de son unique servante, l’originale et dévouée Janille. Le comte, ruiné par la Révolution, a dû se faire charpentier sous la direction de son frère de lait, l’artisan Jean Jappeloup, qui ne lui a pas ménagé les semonces, ni même les injures au cours de son apprentissage. Après quoi, il a exercé dans le pays cet honorable métier que la tradition évangélique attribue au père nourricier de Jésus. — Ne le prenons pas trop au sérieux comme ouvrier cependant, car George Sand nous apprendra par la suite qu’il fut un travailleur « pour rire » et qu’il « avait l’air » de faire de l’ouvrage plutôt qu’il n’en abattait véritablement. De la façon dont il nous fut présenté, il gardera toutefois l’auréole du travailleur manuel, et, par-là, le droit à l’alliance divine privilégiée, selon le canon de Jean-Jacques.
    À M. Antoine, le gentilhomme descendu vers la vie du peuple, s’oppose, comme une vivante antithèse, le manufacturier Cardonnet, son voisin, self made man qui est en train de révolutionner le pays de la Gargilesse où il a introduit la grande industrie moderne. Cette industrie nous est décrite …
  • Bibliographie catholique : revue critique des ouvrages d…

227. LE PÉCHÉ DE M. ANTOINE, par Georges Sand. — 6 volumes (1847). — Le Péché de M. Antoine, affiché depuis plus de six mois sur tous les murs de Paris, offert si généreusement à tous les portiers qui voudraient procurer des abonnés à l'Epoque, est, on le devine, une immoralité dans le genre de celles que Georges Sand a coutume d'enfanter dans le but de détruire dans l'esprit de ses lecteurs jusqu'à l'idée de la famille. Ce péché, comme on le pense bien, est un adultère d'où est issue une jeune fille dont M. Antoine de Châteaubrun est le père, et dont la marquise de Boisguilbault est la mère ; mais il est bien entendu que tout cela doit tourner au mieux. Châteaubrun est ruiné, Boisguilbault est immensément riche ; ils étaient liés d'une intime amitié, rompue par la trahison de Châteaubrun, et au bout de vingt ans, voilà qu'un charpentier, ami de M. Antoine et mangeant à sa table pêle-mêle avec la jeune fille et la servante, entreprend de les réconcilier et réussit. Le marquis dote la fille de sa femme, à la condition qu'elle épousera le jeune Cardonnet qu'elle aime, et leur laisse à tous les deux ses quatre millions de fortune à la charge par eux de les répartir également entre les habitants de l'endroit, d'après le système communiste d'Emile Cardonnet, qui est parvenu à faire goûter et adopter ses idées socialistes au marquis. — Il est important de remarquer une chose qui explique pourquoi les humanitaires comme Georges Sand ne donnent pas l'exemple à l'appui de leurs leçons : c'est que le marquis de Boisguilbault se réserve la jouissance des quatre millions qu'il veut employer généreusement à l'émancipation de la classe ouvrière qui lui paraît esclave, et à la réalisation des idées communistes. Il sacrifie sa fortune, mais après sa mort! Et il n'a pas d'enfants ! Georges Sand, Eugène Sue, et tous ceux qui prêchent la même doctrine et annoncent le règne prochain de la justice, se réservent probablement aussi la jouissance, et seront généreux… après leur mort, s'il y a lieu ; car on les, voit bien débiter, dans un but coupable, de funestes maximes, mais on ne les voit pas se dépouiller en faveur du pauvre. — Inutile d'ajouter que cet ouvrage est impie, immoral, dangereux pour tous les lecteurs.

Alors, quel est le « communisme » de George Sand ? Là, c'est une autre communication qu'il faudrait faire. Je constate cependant qu'elle n'a jamais renié, me semble-t-il, même ce communisme-là, puisque, jusqu'à des dates relativement tardives, comme dans la notice du Péché de M. Antoine, elle dit en substance : « Renierai-je maintenant le communisme du Marquis de Bois- guilbault ? Pas de question ! ». Et elle présente l'association comme la société future. Or, pour elle, l'association est le contraire de la perte de la propriété, car évidemment, au cœur de tous ces problèmes sociaux, il y a toujours la sacro-sainte propriété. George Sand ne sait pas très bien si elle consentirait à en admettre l'aliénation au profit de la société. Je crois que, là, c'est très flou. Elle a eu à la fois des réactions épidermiques incontestables, dont on peut lui faire reproche, et l'on peut accumuler les textes pour nous expliquer qu'elle n'était pas socialiste. Mais la pratique de sa fiction nous montre au moins que, sur le plan des contradictions entre son idéologie et son cœur, elle est restée, je crois, foncièrement communiste. Voilà ce que je veux répondre.…

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