Page:Caro - George Sand, 1887.djvu/66

Cette page n’a pas encore été corrigée

hauteurs démesurées. Qui pourrait suivre Consuelo dans ce Panthéon bizarre que lui ouvrent les prêtres et les prêtresses de la vérité, qui est décoré, entre chaque colonne, des statues des plus grands amis de l’humanité, et où l’on voit figurer Jésus-Christ entre Pythagore et Platon, Apollonius de Tyane à côté de saint Jean, Abailard auprès de saint Bernard, Jean Huss et Jérôme de Prague à côté de sainte Catherine et de Jeanne d’Arc ? De grâce, arrêtons-nous sur le seuil du temple avant que Spartacus n’arrive pour clore l’histoire, et que toutes les figures plus ou moins touchantes du roman ne disparaissent dans les brumes d’un symbolisme universel. Encore un roman qui finit par ce qu’il y a de plus froid au monde, l’allégorie, uni à ce qu’il y a de plus pompeusement vide, la théosophie humanitaire.

Ce serait vraiment abuser de l’évidence que d’insister davantage et de répéter longuement la même et triste épreuve sur le Meunier d’Angibault, où l’on voit, au commencement, un artisan héroïque, le grand Lémor, refuser la main d’une veuve patricienne qu’il adore, parce que la richesse est contraire à ses principes, et la riche veuve, à la fin du roman, se réjouir de l’incendie qui dévore son château, parce qu’elle voit tomber, avec le dernier pan de mur qui lui appartient, le dernier obstacle qui la séparait du socialisme et de son amant. Parlerons-nous du Péché de M. Antoine, dont le plus gros péché n’est pas, à mes yeux, d’avoir une aussi jolie fille que Gilberte, mais bien d’avoir rendu M. de Boisguilbault