Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/Lettre A


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A., dans les abréviations de noms propres, signifiait Aulus, et quelquefois Augustus ; A. U. C. est pour anno Urbis conditæ, et veut dire : l’an de Rome ; A. D., anno Domini, l’année du Seigneur ; A. K., ante kalendas, avant les calendes.

AA. Ce nom, qui en celtique veut dire eau, eau courante, est porté par un grand nombre de petites rivières, dont une en France, qui passe à Saint-Omer et se jette dans la Manche à Gravelines, après un cours de 84 km ; et plusieurs en Suisse, en Hollande, en Prusse (où une rivière d’Aa passe à Munster), en Livonie : cette dernière arrose Venden et se jette dans le golfe de Riga après un cours de 230 km. — Parfois le nom d’Aa est joint à un autre nom, comme Boulderaa, Treideraa, Gouldenaa.

AACHEN, nom allemand d’Aix-la-Chapelle.

AALBORG, v. du Danemark, ch.-l. du diocèse d’Aalborg, sur le Limfiord, à 71 km N. E. de Viborg ; 8 000 habitants. Bon port, mais dont l’entrée est difficile. Évêché, école de navigation, collège, bibliothèque. Grande pêche de harengs, commerce de grains. Prise par les Suédois en 1643 et 1658, mais rendue en 1660. — Le diocèse se compose de la partie septentrionale du Jutland et de l’île de Lessoë, et compte 142 991 habitants.

AALEN, v. du Wurtemberg (cercle d’Iaxt), sur le Kocher, à 11 km au Sud d’Elwangen ; 2400 hab. Jadis ville impériale. Filatures ; exploitation du fer.

AAR, Arola, riv. de Suisse, sort par deux cours des monts Schreckhorn et Finster (canton de Berne), traverse les lacs de Brienz et de Thun, et tombe dans le Rhin, vis-à-vis de Waldshut, après avoir baigné les villes de Thun, Berne, Soleure, Aarau. Elle reçoit, à droite, l’Emme, la Reuss, la Limmat, à gauche, la Saane et la Thiele, et a 270 km de cours. Le 17 août 1799, le prince Charles, voulant tenter le passage de cette rivière, fut repoussé avec perte par les généraux Ney et Heudelet.

AARAU, v. de Suisse, ch.-l. du canton d’Argovie, sur l’Aar, qu’on y passe sur un pont couvert ; à 40 km S. E. de Bâle ; 4 600 habitants. Fonderie de canons. Bibliothèque riche en manuscrits. Patrie adoptive du romancier Zscholzlke. Il y fut signé en 1712 un traité de paix qui termina la guerre du Tockembourg.

AARBOURG, ville de Suisse (canton d’Argovie), au confluent de l’Aar et de la Wigger, à 15 kil. S. O. d’Aaratt ; 1700 habitants. Citadelle qui sert de dépôt d’armes et de munitions, construite en 1660.

AARGAU. V. argovie.

AARHUUS, v. et port de Danemark, ch.-l. du diocèse d’Aarhuus, sur la côte Est du Jutland, à 58 km S. E. de Viborg ; 8000 hab. Évêché fondé par Othon ; belle cathédrale du XIIIe siècle, la plus haute du Danemark, bibliothèque, musée d’antiquités. Bière, eau-de-vie de grains, gants. — Le diocèse se compose de la partie E. de la presqu’île du Jutland et des îles d’AnhoIt, Knoben, Nordvest-Rev, Hielm et Endelave ; 100 628 hab.

AARON, frère aîné de Moïse, de la tribu de Lévi, né en Égypte en 1574 av. J.-C., selon Ussérius, en 1728 selon l’Art de vérifier les dates, eut part à tout ce que fit son frère pour délivrer les Hébreux du joug des Pharaons, et fut désigné de Dieu pour exercer le sacerdoce, lui et toute sa postérité. En l’absence de Moïse, qui était alors sur le mont Sinaï pour recevoir les tables de la loi, les Hébreux pressèrent Aaron de leur construire une idole, et il eut la faiblesse de faire ériger un veau d’or, qu’ils adorèrent à l’imitation du bœuf qui était adoré en Égypte. Il obtint cependant son pardon ; il fut même élevé par son frère à la dignité de grand prêtre, charge qu’il exerça le premier. Aaron parlait avec éloquence : il portait ordinairement la parole à la place de Moïse. Il mourut dans sa 123e année, et ne put entrer dans la terre promise parce qu’il avait douté de la puissance de Dieu.

AASI, Oronte ou Axius, riv. de Syrie, sort de l’Antiliban à 80 kil. N. de Damas, arrose Hammah, Famieh, Antakieh (Antioche), et se jette dans la Méditerranée après un cours de 400 kil.

ABA ou ABÆ, v. de Phocide, au N. E près du Céphise, fondée, dit-on, par Abas, roi d’Argos, était célèbre par un oracle d’Apollon. Ses habitants la quittèrent lors de l’invasion de Xerxès et allèrent s’établir dans l’Eubée, qui reçut d’eux le nom d’Abantis.

ABA (Samuel, dit), roi de Hongrie, monta sur le trône en 1041, après avoir défait le roi Pierre, contre lequel les Hongrois s’étaient révoltés à cause de ses exactions. Il abusa lui-même de l’autorité, et ses sujets, soutenus par l’empereur Henri III, le chassèrent après trois ans de règne, pour replacer Pierre sur le trône : celui-ci le mit à mort, 1044.

ABABDEHS, peuple nomade arabe qui parcourt le désert entre la vallée du Nil et la mer Rouge, depuis le parallèle de Derr (22° 30′ N.″) jusqu’à Cosseïr, se trouvant ainsi à la fois en Nubie et en Égypte. C’est à tort qu’on les confond avec les Arabes Bédouins, leurs ennemis : loin de piller les caravanes, ils escortent celles de Sennaar et d’Edfou. La résidence de leur cheikh est Reden. C’est dans leur territoire que sont les fameuses mines d’émeraudes de Djebel-Zabarah et les ruines de Bérénice. Ils peuvent mettre sur pied de 1500 à 2000 hommes.

ABAD I, premier roi maure de Séville, chef de la dynastie des Abadites, fut élevé au trône à cause de ses richesses et de ses qualités, en 1015, et régna 26 ans. Il ajouta à ses États le roy. de Cordoue, dont il avait fait périr le souverain. — ABAD II, fils du précédent, régna de 1041 à 1068, et recula les bornes des États que lui avait légués son père. — ABAD III, fils d’Abad II, succéda à son père en 1068, et eut d’abord un règne fort heureux ; mais s’étant allié avec un prince chrétien Alphonse VI, roi de Castille, auquel il donna sa fille en mariage, les princes maures se liguèrent contre lui et le détrônèrent, vers 1091. Il fut emmené prisonnier en Afrique, où il mourut dans la misère, quatre ans après. Dans sa captivité il avait composé sur ses malheurs des poésies touchantes.

ABADITES, dynastie de rois maures. V. ABAD.

ABAFFI I (Michel), prince de Transylvanie, fut élu en 1661 par l’influence de la Porte, qui l’opposa à J. Kéméni que l’Autriche avait fait élire ; son compétiteur étant mort l’année suivante, il fut reconnu sans contestation dans toute la Transylvanie. Allié des Hongrois révoltés, il fit quelque temps la guerre à l’empereur Léopold ; mais après le siége de Vienne, il conclut en 1687 un traité avec lui. Il mourut en 1690 à Stuhlweissembourg. — Son fils, ABAFFI II, n’avait que 13 ans à sa mort, et eut pour compétiteur Tékéli, que soutenait la Turquie. Léopold le reconnut d’abord pour prince de la Transylvanie et lui nomma un tuteur ; mais, mécontent d’un mariage qu’il avait contracté, il l’attira à Vienne sous un prétexte, et le força à lui céder ses États contre une pension (1699). Il mourut à Vienne en 1713, à 36 ans.

ABAILARD. V. abélard.

ABAINVILLE, commune du dép. de la Meuse, sur l’Ornain, cant. de Gondrecourt ; 525 hab. Aux environs, grandes usines pour le travail du fer.

ABAKA, 2e khan mongol de Perse, de la race de Gengis-Khan, succéda en 1265 à Houlagou son père, et mourut en 1282. Il régna sur les provinces occidentales de l’empire de Gengis-Khan, principalement sur la Perse, et repoussa les invasions des Tartares septentrionaux. Bibars lui enleva la Syrie.

ABAKAN, riv. de la Russie d’Asie (Tomsk), sort des monts Altaï, coule vers le N. E., et tombe dans l’Iénisséi à Oulianova, après un cours de 350 kil.

ABAKANSK, fort de la Russie d’Asie (Tomsk), sur l’Iénisséi et près de l’Abakan, à 210 km. S. O. de Krasnoïarsk ; environ 1000 hab. Climat tempéré. Le fort a été bâti par Pierre le Grand en 1707.

ABALLO, v. de Gaule, auj. AVALLON.

ABANÇAY, v. du Pérou, sur une riv. du même nom, à 140 kil. N. O. de Cuzco ; 5000 hab. Sucreries importantes.

ABANCOURT V. willemain d’abancourt.

ABANO, Aponus, Aquæ Aponi, v. de Vénitie, à 8 kil. S. O. de Padoue ; 2900 h. Eaux thermales chantées par Claudien. Patrie de Pierre d’Aisance Cette ville dispute à Padoue la gloire d’avoir donné naissance à Tite-Live.

ABANTES, peuple originaire de Thrace. Ils se répandirent dans le Péloponèse, — dans la Phocide, où ils fondèrent Aba ; — dans l’Eubée, qui leur dut le nom d’Abantis ; — enfin dans la Thesprotie.

ABANTIDAS, tyran de Sicyone, s’empara du pouvoir en 267 av. J.-C., en faisant périr le premier magistrat de la république, Clinias, père d’Aratus ; il se signala par ses cruautés et fut bientôt assassiné lui-même.

ABANTIDES, nom patronymique des descendants d’Abas, roi d’Argon notamment de Persée.

ABANTIS, nom de l’Eubée. V. Aba et abantes.

ABARES. V. avares.

ABARIM, montagnes de la Palestine, au N. E. de la mer Morte, dans la tribu de Ruben. Le mont Nébo, d’où Moïse vit la terre promise et sur lequel il mourut, en faisait partie.

ABARIS, personnage fabuleux, sorti de la Scythie ou des régions hyperboréennes, était prêtre d’Apollon. Il parcourut, disait-on, toute la terre sans rien manger, portant avec lui une flèche mystérieuse, symbole d’Apollon, le tireur d’arc, ou, selon d’autres, porté sur cette flèche, qui traversait rapidement les airs. Il savait prédire l’avenir et était très habile dans la médecine : il délivra plusieurs peuples de la Grèce des fléaux qui les désolaient. On ne sait quand il vivait : les uns le font contemporain d’Orphée, les autres de Pythagore.

ABAS, roi d’Argos, fils de Lyncée et d’Hypermnestre, monta sur le trône vers 1510 av. J.-C. et régna 11 ans. Il eut pour fils Prœtus et Acrisius, et pour descendants Danaé, Persée, Sthénélus, etc.

ABASCAL (don José Fernando), marquis de la Concordia, général espagnol, né en 1743 à Oviédo, m. en 1821, fut successivement gouverneur de Cuba, 1796, commandant général de la Nouvelle-Grenade et enfin vice-roi du Pérou, 1804. Il signala son administration par des mesures utiles, grâce auxquelles le Pérou resta le dernier sous l’autorité de l’Espagne.

ABASIE, GRANDE-ABASIE, Abasci et achæi chez les anciens, région de la Russie d’Asie, au S. du Caucase et le long de la mer Noire, entre 42° 30'— 44° 45' lat N. et 34° 50'—38° 21' long. E. Environ 100 000 hab. Villes princip. : Anapa, Soukoumkaleh, Pitzounda. Ce pays est tout en montagnes et en vallées, sauf le long de la mer Noire. Le sol en est très fertile. Les Abases sont nomades et adonnés au brigandage. Ils ont une langue à eux, très différente des autres langues caucasiennes. Chrétiens au IVe siècle, ils embrassèrent l’islamisme lorsqu’ils échappèrent au joug des Romains ; ils passèrent depuis sous la domination des Persans, des Géorgiens, des Turcs, et enfin (1812) des Russes, qui longtemps n’en furent maîtres que de nom. Sous les Turcs, ils vendaient des esclaves ; les Russes ont mis fin à ce trafic. — Au N. E. de cette contrée, sur le revers septentrional du Caucase, s’étend la Petite Abasie.

ABA-UJVAR, comitat de la Hongrie (cercle en deçà de la Theiss), entre ceux de Saros, Zemplin, Borchod, T’orna et, Zips ; tire son nom d’un vieux château fort dont il n’existe plus que des ruines. Il a 2900 kil. carrés et 200 000 hab. ; ch.-l. Kachau. Il est tout couvert de montagnes, qui recèlent du fer, du cuivre, de l’opale ; il produit des vins exquis, entre autres ceux de Tokay.

ABAUZIT (Firmin), né à Uzès, en 1679, de parents protestants, mort en 1767, descendait d’un médecin arabe. Il vécut à Genève, où sa famille s’était réfugiée après la révocation de l’édit de Nantes, cultiva toutes les sciences, parcourut les principaux pays de l’Europe, se lia avec les savants. Les plus illustres, Bayle, Jurieu, Newton, etc., se fit estimer par ses vertus non moins que par ses connaissances et passa pour un sage. La ville de Genève le nomma son bibliothécaire et lui conféra spontanément le droit de bourgeoisie. On a publié à Genève, en 1770, 1 vol. in-8, et à Londres, en 1773 ; 2 vol. in-8, ses Œuvres diverses, qui se composent de morceaux d’histoire, de critique et de théologie. On y remarque deux écrits, l’un Sur la connaissance du Christ, l’autre Sur l’honneur qui lui est dû, qui paraissent avoir inspiré à l’auteur de l'Émile la profession de foi du vicaire savoyard. Ses Réflexions sur les Évangiles sont à l’Index à Rome.

ABAYTE, riv. du Brésil (Minas Geraes), prend sa source dans la serra da Marcella, coulé du S. O. au N. E. et se jette dans le San-Francisco après un cours d’environ 700 kil. On a trouvé dans l’Abayte un des plus gros diamants connus.

ABBACH, village de Bavière (Rogen), à 19 kil. S. O. de Ratisbonne ; 600 hab. Eaux thermales sulfureuses. C’est là que naquit l’empereur Henri II.

ABBADIE (Jacques), ministre et théologien protestant, né à Nay, dans le Béarn, en 1658, mort à Londres en 1727 ; se fixa d’abord à Berlin, où il devint ministre de l’église réformée française ; puis en Angleterre, où il fut fort bien traité par le roi Guillaume III. Il a fait plusieurs ouvrages théologiques, dont les plus connus sont le Traité de la Religion chrétienne, 2 vol in-8, Rotterdam, 1684, fort estimé des protestants, mais mis à l’Index à Rome ; De la divinité de J.-C., 3 v. in-12, 1689, et l’Art de se connaître soi-même, 1 vol. in-8, 1692, également apprécié des Catholiques et des Protestants.

ABBAS, oncle de Mahomet, s’opposa d’abord, les armes à la main, aux entreprises de son neveu ; mais ayant été vaincu, il se soumit, reconnut Mahomet pour prophète et lui rendit les plus grands services. Il mourut en 652, très vénéré des Musulmans. Un de ses descendants Aboul-Abbas, commença la dynastie des Abbassides.

ABBAS I, dit le Grand, chah de Perse. Il régna dès 1587 sur le Khoraçan, et usurpa le trône de Perse en 1590, après avoir renversé son père et tué ses deux frères. Il agrandit son empire, dont il transporta la capitale à Ispahan, et mourut en 1628, couvert de gloire, mais souillé d’horribles cruautés : il avait mis à mort son propre fils.

ABBAS II, issu du précédent, succéda en 1642 à son père Séfy, n’étant encore âgé que de 13 ans, et mourut en 1666, à 36 ans. Il conquit le Candahar et eut un règne heureux. Ce prince aimait les arts et accueillait les étrangers : Chardin et Tavernier se louent de son affabilité mais il se livrait à l’ivrognerie, ce qui abrégea ses jours.

ABBAS III, fils du malheureux Thamas, n’avait que 8 mois quand Thamas Kouli-Kan déposa son père et le mit lui-même sur le trône pour régner en son nom, 1732. Il ne vécut que 4 ans.

ABBASSIDES, dynastie de califes musulmans qui remplaça la dynastie des Ommiades, descendait de la famille du prophète par Abbas, oncle de Mahomet, et eut pour chef un arrière-petit-fils de cet Abbas, Aboul-Abbas-Al-Saffah, qui monta sur le trône en 750 (l’an 128 de l’hégire.) On compte 37 califes de cette famille, qui régnèrent depuis l’an 750 jusqu’à l’an 1258, époque à laquelle Houlagou, petit-fils de Gengis-Khan, s’empara de Bagdad (V. CALIFES). Longtemps, sous cette dynastie, les Arabes joignirent à la gloire des armes l’éclat des lettres et des sciences Leur déclin date de l’introduction de troupes étrangères : les Abbassides ne furent plus califes que de nom depuis qu’un d’eux, Al-Rhadi Billah, eut créé, en 935, la dignité d’émir-al-omrah (chef des chefs). Cependant ils conservèrent, même après la prise de Bagdad, le titre de califes et le pouvoir spirituel. Réfugiés en Égypte, ils ne s’y éteignirent qu’en 1538. L’Histoire des Abbassides a été écrite par Dozy, Leyde, 1846, en latin.

ABBATUCCI (Jacques-Pierre), général corse, né en 1726, mort en 1812, fut le perpétuel antagoniste de Paoli ; néanmoins il se réunit à lui pour s’opposer aux armes des Français. Après la conquête, il se sou-mit, fut nommé maréchal de camp par Louis XVI, et chargé, en 1793, de défendre la Corse contre Paoli et les Anglais. N’ayant pu sauver l’île, il se retira en France. — ABBATUCCI (Charles), fils du précédent, officier d’artillerie, né à Zicavo en 1771, fut, en 1794, aide de camp de Pichegru, se signala en Hollande, fut nommé dès 1796 général de division, défendit vaillamment Huningue et fut tué pendant le siége, n’étant âgé que de 27 ans. Un monument lui a été érigé à Ajaccio en 1854. — Un neveu du général, J. Pierre-Charles, né en 1791, mort en 1857, fut ministre de la justice sous Napoléon III.

ABBAYE, monastère où des religieux ou des religieuses vivent soumis à une même règle et sous l’autorité d’un supérieur nommé abbé ou abbesse.

ABBAYE (prison de l’), anc. prison d’État, située près de l’abbaye de St-Germain-des-Prés, à Paris, avait été construite en 1522. Pendant la Révolution, on y renferma une foule de personnes de toute condition, accusées d’opposition au régime républicain. Le 2 et le 3 septembre 1792, des forcenés, conduits par Maillard dit Tappe dur, y massacrèrent 164 prisonniers, dont 18 prêtres. Parmi les prisonniers se trouvaient le comte Montmorin de St-Hérem, l’abbé Lenfant, Cazotte et Sombreuil. L’Abbaye fut depuis une prison militaire. Elle a été démolie en 1854.

ABBÉ, du syrien abbas, qui vient lui-même de l’hébreu ab, père, nom que porte le supérieur d’un monastère ou d’un ordre monastique. On distinguait des abbés réguliers et des abbés commendataires : les premiers exerçaient à la fois le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel ; les autres étaient souvent des laïques qui jouissaient d’une partie des revenus et qui abandonnaient la puissance spirituelle aux mains d’un délégué appelé prieur claustral. Ces abbés commendataires apparaissent dès la seconde race, où ils sont désignés sous le nom latin d’abbacomites : les moines, en donnant ce titre d’abbé à un seigneur puissant, se mettaient par là sous sa protection ; c’est ainsi que plusieurs rois de France et des princes du sang, Hugues Capet, Philippe I, Louis VI, les ducs d’Anjou, etc., portèrent le titre d’abbé. Ces sortes d’abbés ont donné naissance aux abbés de cour du dernier siècle : c’étaient des cadets de familles nobles qui prenaient le titre d’abbés en expectative d’une abbaye qu’ils ne possédaient pas encore ; ils portaient le petit collet. Le titre d’abbé a fini par s’appliquer indifféremment à tout homme revêtu d’un caractère ecclésiastique.

ABBESSE, supérieure d’un monastère de filles ayant titre d’abbaye. On rapporte au IVe siècle les premières abbayes de femmes. Les abbesses étaient électives. Les Bénédictines, les Bernardines, les religieuses de Cîteaux, de la Trappe, des Feuillants, des Prémontrés, avaient à leur tête des abbesses ; celle de Fontevrault était supérieure de tous les couvents de Bernardines.

ABBEVILLE, Abbatis villa, ch.-l. d’arr. du dép. de la Somme, jadis capit. du comté de Ponthieu, en Picardie, sur la Somme, à 44 kil O. N. O. d’Amiens, à 175 kil. de Paris (192 par le chemin de fer) ; 20 058 hab. Place forte ; port où peuvent entrer les navires de 100 à 150 tonneaux ; promenade sur les remparts. Trib. de 1re inst. et de commerce ; collège. Belle église gothique de St-Wulfran ; hospice d’enfants trouvés ; casernes ; haras royal. Filatures, fabriques de tapis, bonneteries, etc. Abbeville eut jadis des manufactures royales de velours d’Utrecht (fondées en 1661), et de draps fins (1665). — Cette ville était constituée en commune dès 1130. S. Louis y signa en 1259 un traité qui rendait aux Anglais le Périgord, le Limousin et partie de la Saintonge, moyennant quoi le roi d’Angleterre renonçait à toute prétention sur la Normandie, l’Anjou, le Maine et le Poitou. Patrie des géographes Briet, Duval, N. Sanson ; du médecin Hecquet, du graveur Aliamet, du compositeur J. F. Lesueur (qui y a une statue), du poète Millevoye.

ABBIATE-GRASSO. V. BIAGRASSO.

ABBON, Abbo Cernuus, moine de l’abbaye de St-Germain-des-Prés, né vers 850, mort en 923, a laissé plusieurs écrits dont le principal est un poème latin en 3 livres, sur le Siège de Paris par les Normands, en 886, siége auquel il avait assisté. Ce poème a été publié pour la le fois en 1588, par P. Pithou, dans son recueil des Chroniqueurs. Il a été traduit dans la collection des Mémoires sur l’histoire de France de M. Guizot, et plus récemment par M. Tarenne, 1835. Un autre ABBON, abbé de Fleury, Abbo Floriacensis natif d’Orléans, mort en 1004, joua un rôle sous le roi Robert, qui en 996 l’envoya près du pape. Il a laissé un Abrégé de la vie de 91 papes (Mayence, 1602, in-4), et une Lettre sur les cycles dionysiaques, publiée par Varin, Paris, 1849.

ABBOT (George), archevêque de Cantorbéry, né en 1562 à Guildford, mort en 1633. Il était fils d’un tisserand et s’éleva graduellement aux premières dignités de l’Église. Jacques I avait en lui la plus grande confiance ; il l’employa à traduire en anglais le Nouveau Testament et à unir les églises d’Angleterre et d’Écosse. Il fut disgracié à la fin de sa vie pour avoir courageusement résisté à des ordres injustes. C’était un zélé puritain : il eut de vifs démêlés avec Laud. Il a laissé plusieurs écrits, parmi lesquels on remarque une histoire des Massacres de la Valteline.

ABBOTSFORD, château d’Écosse (Roxburgh), résidence favorite de Walter Scott, sur la rive dr. de la Tweed, à 1 kil. de son confluent avec l’Ettrick, à 45 kil. d’Édimbourg. Site pittoresque l’architecture du château est remarquable par sa bizarrerie.

ABBOTS-L’ANGLEY, village d’Angleterre (Hertford), à 30 kil. N. de Londres ; 1700 hab. Il dépendait de l’ancienne abbaye de St-Alban, et fut la patrie du pape Adrien IV (Nicolas Brakespeare).

ABBT (Thomas), écrivain allemand, né à Ulm en 1738, mort en 1766, à 28 ans, occupa d’abord une chaire de philosophie à Francfort-sur-l’Oder, puis une chaire de mathématiques à Rinteln en Westphalie. Il composa plusieurs ouvrages estimés : De la mort pour la patrie ; Du Mérite (souvent réimprimé), et fit quelques traductions. Ses œuvres, recueillies par Nicolaï, ont paru à Berlin, en 1790, 6 vol. in-8o. Le traité Du Mérite a été traduit par J. B. Dubois, Berlin, 1780, in-8.

ABDALLAH, c’est-à-dire serviteur de Dieu, père de Mahomet, né à la Mecque, mort en 570, était fils d’Abdoul Motaleb, gardien de la Kaaba. Conducteur, puis marchand de chameaux, il acquit de grandes richesses, qui préparèrent la puissance de son fils.

ABDALLAH, oncle d’Aboul-Abbas, premier calife abbasside, contribua puissamment par sa valeur à renverser la dynastie des Ommiades, mais se déshonora par une odieuse trahison : il assassina plusieurs princes de cette famille qu’il avait invités à un festin. Il fut tué en combattant, en 755, après avoir vainement tenté de régner.

ABDALLAH, général arabe, fils d’Abdel-Mélek-ben-Omar, réduisit les habitants de l’Andalousie révoltée contre Abdérame, roi de Cordoue, 785 ; prit Girone, Narbonne, et pénétra jusqu’à Carcassonne.

ABDALLAH-BEN-YAZIM, fondateur de la puissance des Almoravides, vers 1050, était d’abord un simple fakir ou docteur de Fez. Il s’attacha par la persuasion plusieurs peuplades berbères, étendit sa domination par les armes et régna sur toute la Mauritanie. Il mourut vers 1058.

ABDALLAH, le dernier chef des Wahabites, et l’aîné des fils de Sehoud, fut choisi par lui, en 1805, pour commander ses armées, et le remplaça, en 1814, dans le gouvernement des Wahabites ; mais attaqué par Méhémet-Ali, pacha d’Égypte, il se vit obligé de se rendre à discrétion, 1818 ; conduit à Constantinople, il fut mis à mort par ordre du sultan.

ABDALLATIF, médecin et historien arabe, né à Bagdad en 1161, mort en 1231, fut protégé et pensionné parle sultan Saladin. Il est auteur d’une Relation de l’Égypte, fort estimée pour son exactitude, qui a été traduite par S. de Sacy en 1810,1 vol. in-4.

ABDEL-AZYZ, fils de Mouça, lieutenant du calife Walid I, s’empara en 713 des provinces méridionales de l’Espagne (Murcie, Jaën, Grenade), vainquit en 714 le prince royal des Goths, pénétra jusqu’en France et, au retour, se fit proclamer roi, 717 ; mais il périt aussitôt, assassiné par les partisans du calife.

ABDEL-HAMID. V. ABDOUL-HAMED.

ABDEL-MELEK ou ABDEL-MALEK, 5e calife ommiade, régna à Damas (685-705), étendit ses conquêtes dans l’Afrique, l’Arabie et l’Inde et reprit la Mecque qui s’était déclarée indépendante. Il fit le premier frapper de la monnaie arabe.

ABDEL-MELEK-BEN-OMAR, le Marsille des chroniques, général et vizir d’Abdérame I, calife de Cordoue, contribua puissamment à établir ce prince sur le trône en battant ses ennemis ; fut gouverneur de Séville, 759, puis de Saragosse et de toute l’Espagne orientale, 772. Voyant un de ses fils faiblir au moment d’une bataille, il lui perça le cœur de sa lance.

ABDEL-MOUMEN, un des auteurs de la puissance des Almohades, avait été le disciple et le compagnon du Mahdi ou Messie Ben-Toumert, fondateur de la secte, auquel il succéda en 1130. Il enleva aux Almoravides leurs États d’Afrique et s’empara du Maroc, puis pénétra en Espagne et combattit avec succès Alphonse de Léon. Il mourut en 1163. C’est lui qui le premier prit le titre de calife des Almohades.

ABDEL-RAHMAN. V. ABDÉRAME.

ABDÉRAME, ou plutôt ABDEL-RAHMAN, vice-roi d’Espagne en 728, pénétra en France à la tête d’une puissante armée, s’empara de toute l’Aquitaine, poussa jusqu’à la Loire et ne fut arrêté dans ses conquêtes que par Charles Martel, qui tailla son armée en pièces, entre Tours et Poitiers, en 732. On croit qu’il périt dans le combat.

abdérame i, fils de Moaviah, prince de Damas, né en 731, fut le premier calife ommiade en Espagne (756-787). Échappé comme par miracle au massacre de sa famille, qui fut exterminée presque tout entière par les Abbassides, il se réfugia en Espagne, où l’appelaient les Maures établis dans ce pays, réduisit sous son pouvoir presque toute cette contrée, fixa sa résidence à Cordoue, et régna paisiblement pendant 31 ans, faisant fleurir les lettres et les arts et cultivant lui-même la poésie. Oh lui donna le surnom de Juste.

abdérame ii, 4e calife ommiade d’Espagne (822-852), fils d’Al-Hakem, défit en plusieurs rencontres les princes chrétiens, s’empara de Barcelone, et chassa les pirates normands qui venaient insulter les côtes de ses États. Sa cour fut la plus brillante de toutes celles de l’Europe : il y attira les savants et les poètes de l’Orient. On le surnomma le Victorieux.

abdérame iii, 8e calife ommiade d’Espagne (912-961), eut à soutenir des guerres sanglantes contre les princes chrétiens de Castille et de Léon et fut vaincu à Simancas, par Ramire II, roi de Léon, en 938. Malgré les troubles qui agitèrent son règne, il fit briller à sa cour le luxe et l’élégance. Il fonda à Cordoue une école de médecine, la seule qui existât alors en Europe et créa une marine. Il prit le titre d’émir-al-moumenin (prince des croyants), et fut surnommé le Protecteur du culte.

ABDÈRE, Abdera, auj. Polistilo, anc. v. de Thrace, à l’embouchure du Nestus, en face de l’Ile de Thasos. C’est là que la Fable place l’aventure de Diomède mangé par ses chevaux. Les Abdéritains passaient pour stupides ; cependant ils aimaient la musique et la, poésie, et l’on compte parmi eux des philosophes célèbres : Démocrite, Protagoras, Anaxarque. — Ville d’Hispanie. V. adra.

ABDER-RAHMAN V. ABDÉRAME et MULEY.

ABDIAS, le 4e des douze petits prophètes, vivait, à ce qu’on croit, comme Jérémie, au temps de la captivité de Babylone, vers 600 av. J.-C. Il a laissé un seul chapitre où il prédit la ruine des Iduméens — On a sous le nom d’un autre Abdias, de Babylone, une compilation apocryphe sur l’Histoire des apôtres, qui paraît être du Ve siècle.

ABDICATION. Les plus célèbres abdications sont celles de Sylla (79 av. J.-C.) ; de Dioclétien et de Maximien, en 305 ; de Charles-Quint, en 1556 ; de Christine de Suède, en 1654 ; de Gustave IV, en 1809 ; de Napoléon, 1814 et 1815 ; de Charles X, 1830 ; de Guillaume I, roi de Hollande, 1836 ; de Louis-Philippe, 1848.

ABDOLONYME, fut, selon Quinte-Curce et Justin, placé par Alexandre sur le trône de Sidon, en considération de ses vertus (332 av. J.-C.). Il descendait des rois du pays, mais il vivait dans la plus grande pauvreté et était réduit à cultiver son jardin de ses propres mains lorsqu’il fut élevé sur le trône.

ABDON, 10e juge d’Israël, de la tribu d’Éphraïm, gouverna 8 ans (de 1165 à 1157) selon Ussérius, ou de 1220 à 1212 av. J.-C., selon l’Art de vérifier les dates), et eut Samson pour successeur.

ABDOUL-HAMED, sultan, régna à Constantinople de 1774 à 1789, après Mustapha III, son frère aîné. Prince faible, il ne put lutter contre la Russie qui, par le traité de Kaïnardgi (1774) lui enleva plusieurs provinces ; en 1783, il perdit en outre la Crimée ; en 1788, Potemkine lui prit Otchakov. Ce prince n’en était pas moins aimé du peuple. ABDOULMEDJID, sultan, né en 1823, m. en 1861 ; succéda à 16 ans à Mahmoud, son père, au moment où Ibrahim Pacha marchait sur Constantinople, et ne dut qu’à l’intervention européenne le maintien de l’intégrité de son empire (traités du 15 juillet 1840 et du 13 juillet 1841) ; poursuivit, mais sans violences, les réformes commencées par son père ; accorda à tous ses sujets, sans distinction de religion, par le hatti-chérif de Gulhané (3 nov. 1839) et le hatti-houmaioum du 18 févr. 1836, des garanties pour leur vie, leur fortune et leur liberté, et créa le conseil du tanzimat, chargé d’appliquer et d’étendre ces réformes ; eut à réprimer de nombreuses insurrections ; refusa en 1835 de céder au prince Menzikoff au sujet de la protection par la Russie des lieux saints et des sujets grecs de l’emp. ottoman, et soutint, avec l’appui de la France et de l’Angleterre, la guerre d’Orient, qui se termina par le traité de Paris (1856).

ABEL, nom commun à plusieurs villes de Palestine et de Syrie : ABEL DE LYSANIAS, Abila Lysaniæ, en Cœlésyrie, au N. O. de Damas, qui tirait son nom d’un de ses tétrarques ; ABEL-MECHOLA, dans la demi-tribu de Manassé en deçà du Jourdain, etc.

ABEL, 2e fils d’Adam, était pasteur. Il fut tué par son frère Caïn, jaloux de ce que ses offrandes étaient mieux accueillies de Dieu que les siennes. Il y a sur la Mort d’Abel un poème de Gessner et une tragédie de Legouvé.

ABEL, roi de Danemark, monta en 1250 sur le trône après avoir assassiné dans un repas Éric VI, son frère aîné. Les Frisons se révoltèrent contre lui, et, l’ayant vaincu, le mirent à mort en 1252.

ABEL (Nic.-H.), géomètre suédois, 1802-1829, coopéra au journal mathématique que Crelle publiait à Berlin, et rédigea, sur les plus hautes questions de mathématiques transcendantes, des mémoires encore admirés des juges compétents ; mais il fut méconnu dans son propre pays et mourut misérable, à l’âge de 27 ans. Ses écrits français ont été publiés à Christiania, en 1839.

ABÉLARD (Pierre), Abælardus, né au bourg de Palais, près de Nantes, en 1079, d’une famille noble, reçut les leçons du célèbre Guillaume de Champeaux, et devint bientôt le rival de son maître. Dès l’âge de 22 ans il ouvrit une école. Il enseigna avec le plus grand succès la rhétorique et la philosophie scolastique, à Melun, à Corbeil et enfin à Paris, où il attira plus de 3 000 auditeurs ; il attaqua dans ses leçons avec une grande force de logique la doctrine du réalisme qu’enseignait Guillaume de Champeaux, ainsi que le nominalisme qu’avait professé Roscelin, et y substitua un système de conceptualisme qui gardait le milieu entre les deux doctrines opposées. Il commença assez tard à étudier la théologie ; mais il obtint bientôt dans l’enseignement de cette science le même succès que dans ses leçons sur la philosophie. Le chanoine Fulbert l’ayant choisi pour donner des leçons à sa nièce Héloïse, il conçut pour son écolière une vive passion, l’enleva et la conduisit en Bretagne, où elle lui donna un fils qu’il nomma Astrolabius. Pour réparer ses torts, il l’épousa secrètement ; mais Fulbert, peu satisfait de cette réparation, le fit surprendre dans son lit au milieu de la nuit et le fit mutiler. Abélard alla cacher sa honte dans l’abbaye de Saint-Denis et y prit l’habit de religieux, pendant qu’Héloïse prenait le voile au couvent d’Argenteuil. Néanmoins, au bout de quelque temps il sortit de sa retraite à la sollicitation de ses disciples et rouvrit une école. Il attira de nouveau une foule d’auditeurs ; mais sa présomption et la hardiesse avec laquelle il appliquait la philosophie à la théologie le firent bientôt tomber dans de graves erreurs : un traité de la Trinité qu’il venait de composer fut dénoncé comme entaché d’hérésie et condamné par le concile de Soissons en 1122. Il se retira à Nogent-sur-Seine et fit bâtir près de cette ville, sous le nom de Paraclet, un oratoire où plus tard il établit Héloïse ainsi que les religieuses qui étaient sous sa conduite. Ayant été nommé peu après abbé de St. Gildas de Ruys, près de Vannes, il chercha à réformer les moines de son abbaye, mais il ne réussit qu’à s’attirer de nouvelles difficultés. Accusé une seconde fois d’hérésie, il fut condamné en 1140 par le concile de Sens : il eut à ce concile pour adversaire le célèbre S. Bernard. Abélard voulait aller se justifier à Rome ; mais, en passant par Cluny, il se lia étroitement avec l’abbé de ce monastère, Pierre le Vénérable, qui le détermina à prendre l’habit de son ordre et le réconcilia avec le St-Siége et avec S. Bernard. Il consacra le reste de sa vie à des exercices de piété, et mourut en 1142. Abélard avait cultivé tous les genres de littérature et de science qui étaient en honneur de son temps. Des nombreux écrits qu’il avait composés, plusieurs se sont perdus, et ceux qui subsistent n’ont été publiés que fort tard. Le conseiller Franç. d’Amboise a fait imprimer en 1616, sous le titre de P. Abælardi et Heloisæ Opera, en 1 vol. in-4, l’Introductio ad Theologiam et plusieurs lettres d’Héloïse et d’Abélard. On trouve sa Theologia christiana dans le Thesaurus de Martenne, et un traité de morale intitulé Scito te ipsum dans le Thesaurus de B. Pez. M. Cousin a publié en 1836, dans les Documents inédits sur l’histoire de France, un vol. in-4 d’œuvres inédites d’Abélard : on y trouve sa Dialectica et le Sic et Non, où est exposé le pour et la contre sur les principaux points de théologie (ce dernier ouvrage a été donné plus complétement par Henke, à Leipsick, en 1851). M. Cousin a en outre publié à ses propres frais, avec le concours de M. Ch. Jourdain, une édition complète de ses autres Œuvres, éparses jusque-là (2 vol. in-4, 1849 et 1859). On a souvent imprimé séparément les lettres d’Abélard et d’Héloïse (en latin) ; la meilleure édition est celle de Rawlinson, Londres, 1718. On en a plusieurs traductions françaises, entre autres celle de dom Gervaise, avec le texte latin, Paris, 1723, et celle de M. E. Oddoul, faite sur les manuscrits, 1837. Ces lettres ont aussi été souvent imitées et paraphrasées : on connaît la belle imitation de Pope, mise en vers français par Colardeau. La Vie d’Abélard a été écrite par dom Gervaise, 1722. M. Ch. de Rémusat a donné en 1845 : Abélard, sa vie et ses doctrines, 2 vol. in-8. Abélard a laissé lui-même d’intéressants détails sur sa vie dans ses Lettres et dans son Historia calamitatum.

ABELIN (J. Ph.), historien, né à Strasbourg, mort en 1646, est auteur du Théâtre européen, en allemand, vaste compilation en 12 vol., qui contient l’histoire de l’Europe de 1617 à 1628 (il n’en adonné lui même que les premiers volumes) ; d’une Description de la Suède (1632), d’une Chronique historique et d’une Histoire des Antipodes, description des Indes occidentales. Il a coopéré au Mercurius Gallo-Belgicus, à l’Histoire des Indes orientales, etc. Il a publié la plupart de ses écrits sous le pseudonyme de J. L, Gottfried ou Gothofridus.

ABELLA, v. de Campanie, auj. Avella-Vecchia.

ABELLINUM, v. du Samnium, auj. Avellino.

ABELLINUM MARSICUM, v. de Lucanie, auj. Marsico Vetere.

ABELLY (L.), théologien français, né en 1603, mort en 1691, fut curé de St-Josse à Paris, puis évêque de Rhodez. Il avait été le confesseur de Mazarin. Il est auteur d’une Vie de S. Vincent de Paul, estimée, de la Couronne de la Vie chrétienne, d’un Enchiridion ou Manuel de piété et, d’un traité intitulé Medulla theologica, la Moelle Théologique. Il n’est guère connu auj. que par un vers de Boileau qui, par allusion à ce dernier écrit, le nomme dans le Lutrin (chant IV), le moelleux Abelly.

ABEN, mot qui dans les langues sémitiques (hébreu, syriaque, arabe, etc.) veut dire fils, fait partie d’un grand nombre de noms propres, comme Aben-Esra, Aben-Zoar, etc. Aven, Ben, Ebn, Ibn n’en sont que des corruptions. Cherchez par Aven ou par Ben les personnages qui ne seraient pas ici.

ABENAQUIS, peuple indigène de l’Amérique du Nord, de la famille lennape, est, avec les Mohicans, la principale branche d’une nation jadis nombreuse et répandue sur divers points de la Nouv.-Angleterre et de l’État de New-York, mais dont presque tous les individus se sont réunis à la confédération Mohawk. On en trouve des débris dans le Canada et le Maine.

ABENCÉRAGES, puissante tribu maure du roy. de Grenade, était opposée à celle des Zégris ou Zéirites ; les querelles de ces deux factions ensanglantèrent Grenade de 1480 à 1492 et hâtèrent la chute du royaume. Selon Perez de Hita, dont le témoignage est contesté, les Abencérages furent exterminés par Boabdil, dernier roi de Grenade (V. zeirites). Chateaubriand a écrit les Aventures du dernier Abencérage : ce n’est qu’un roman.

ABEN-ESRA, savant rabbin espagnol, né à Tolède vers 1119, mort en 1174, fut à la fois astronome, philosophe, médecin, poète, grammairien et voyageur ; il fut surnommé le Sage, l’Admirable. Il passa auprès des Juifs pour un des coryphées de la Cabale. Il a laissé des commentaires sur différents livres de la Bible, des traités de la Sphère et des Êtres animés.

ABENSBERG, Aventinum ou Abusina, v. de Bavière (cercle de la Regen), sur l’Abens, à 23 kil. S. O. de Ratisbonne ; 1 300 hab. Château fort, résidence d’anciens comtes. Patrie de l’historien Aventin. Napoléon y défit le prince Charles le 20 avril 1809.

ABER, mot celtique qui entre dans la composition de beaucoup de noms géographiques, veut dire havre, port.

ABERBROTHWICK. V. arbroath.

ABERCONWAY ou CONWAY, v. maritime du pays de Galles, à 35 kil. N. E. de Caërnarvon, à l’embouchure du Conway ; 1 100 hab. Ville très forte jadis, avec un château bâti par Édouard I en 1284 ; prise par Cromwell en 1645.

ABERCROMBY (sir Ralph), général anglais, originaire d’Écosse, né vers 1738, fit les campagnes de Flandre et de Hollande contre les Français en 1793-1794, combattit dans les Antilles et la Guyane en 1795, commanda en Irlande en 1798, puis fut mis à la tête de l’armée envoyée en Égypte. Il y remporta un avantage sur les Français à Canope, mais il fut blessé mortellement (21 mars 1801).

ABERDALGIE, village d’Écosse (Perth), à 4 kil. S. O. de Perth, sur l’Earn. Pêche du saumon.

ABERDEEN, Devana ou Denana, v. et port d’Écosse, à l’embouchure de la Dee, à 190 kil. N. E. d’Édimbourg, ch. l. du comté d’Aberdeen, se divise en Vieil-Aberdeen, au N., à l’embouchure du Don, et Nouv.-Aberdeen, au S., sur la Dee ; 72000 hab. On remarque une digue formée de blocs de granit énormes ; le nouveau palais de justice ; le nouv. collège de médecine ; un superbe pont en pierres sur le Don (cinq arches, chacune de 23m d’ouverture) ; un port grand et sûr ; une université qui possède deux collèges, celui du Roi dans Vieil-Aberdeen, fondé en 1494, et celui de Marischal ou Maréchal, dans Nouv.-Aberdeen, fondé en 1598 ; un observatoire ; deux bibliothèques ; beaucoup de fabriques, surtout pour ce qui concerne la construction des navires. — Le comté d’Aberdeen est entre ceux de Kincardine, Forfar, Perth, Inverness, Banff et la mer, et compte 214 448 hab.

ABERDEEN (G. Hamilton Gordon, comte d’), h. d’État né en 1784 à Édimbourg, mort en 1813 ; fut, après la chute de Napoléon I, un des signataires du traité avec Louis XVIII ; fit partie du cabinet du duc de Wellington (1828) et de R. Peel (1834 et 1841), et présida un cabinet mixte composé de whigs, de peelistes et de radicaux, qui fit conclure une alliance offensive et défensive avec la France (1852-55).

ABERGAVENNY, Gobannium, v. d’Angleterre (Monmouth), à 23 kil. O. de Monmouth, sur la Gavenny et l’Usk, 4200 hab. Beau pont de 15 arches. Église antique. Belles ruines. Houille, mines, forges.


ABERNETHY, v. d’Écosse (Inverness), à 40 km. S. O. d’Inverness, sur le Tay et le golfe de Forth, près du mont Cairngorum ; 1200 hab. — Un autre Abernethy, à.7 kil. S. E. de Perth, avec 1500 hab., fut autrefois le siège d’un évêché transféré à St-Andrews dès le ix e siècle, et fut, à ce qu’on croit, la résidence d’anciens rois pictes.

ABERYSTWITH, v. et port-du pays de Galles (Cardigan), au confluent du Rheidiol et de l’Yswith, 4128 hab. Commerce, pêche, chantiers ; bains de mer. Ruines d’un château fort bâti par Édouard I.

ABEZAN, 8e juge d’Israël, gouverna sept ans, de 1182 à 1175 av. J. C. selon Ussérius, ou, selon l’Art de vérifier les Dates, de 1237 à 1230.

ABGAR ou ABGARE, nom de plusieurs princes qui régnèrent à Édesse en Mésopotamie, depuis le IIe siècle av. J.-C. jusqu’au IIIe siècle après. Eusèbe cite une correspondance que l’un d’eux aurait eue avec J.-C. pour le prier de venir le guérir ; mais on la regarde comme apocryphe.

ABIA ou ABIAM, roi impie de Juda, remporta une grande victoire sur Jéroboam, roi d’Israël. Il régna 3 ans, de 958 à 955 selon Ussérius, de 946 à 944, selon l’Art de vérifier les Dates.

ABIATHAR, grand prêtre des Juifs, fils et successeur d’Achimélech, s’attacha à David, fut persécuté par Saül, et privé du sacerdoce par Salomon, parce qu’il favorisait le parti d’Adonias.

ABIGAÏL, femme juive d’une grande beauté, épouse de Nabel inspira une vive passion à David, qui l’épousa après la mort de son mari.

ABILÈNE, petite contrée de la Syrie, qui avait pour ch.-l. Abel ou Abila Lisaniæ. V. abel.

ABIMÉLECH, prince contemporain d’Abraham, régnait, à ce qu’on croit, à Gérare, v. des Philistins. Il enleva Sara la croyant sœur de ce patriarche, mais il la lui rendit avec de grands présents dès qu’il connut son erreur. — Son fils, nommé aussi Abimélech, se trouva dans le même cas à l’égard de Rébecca, femme d’Isaac.

ABIMÉLECH, juge d’Israël, fils naturel de Gédéon, massacra 70 de ses frères et se fit nommer chef ou juge des Hébreux. Il résidait à Sichem ; mais, chassé par les Sichémites à cause de ses cruautés, il reprit leur ville et la détruisit. Il fut blessé mortellement au siège de Thèbes (en Palestine). Il avait gouverné pendant 3 ans, de 1236 à 1233, ou, selon l’Art de vérifier les Dates, de 1309 à 1306.

ABINGDON, v. d’Angleterre (Berks), sur la Tamise, à 85 kil. N. O. de Londres ; 5300 hab. Marché de grains. Ancien monastère de Bénédictins.

ABIPONS, peuplade indienne de l’Amérique du Sud, habitait la prov. de Chaco et les bords du Rio de la Plata, entre 28° et 30° de latitude méridionale. Leurs guerres atroces les ont réduits à 5000.

ABIRON, lévite séditieux, se révolta avec Coré et Dathan, contre Moïse et Aaron, et fut, ainsi que ses complices, englouti par la terre qui s’ouvrit sous leurs pas.

ABISAG, jeune Sunamite d’une grande beauté, épousa David dans sa vieillesse, mais ne fut jamais que sa compagne. Après la mort de David, Adonias voulut l’épouser, mais Salomon s’y opposa.

ABJURATION. V. ce mot au Dictionnaire universel des Sciences, des Lettres et des Arts.

ABLANCOURT (Perrot d’), traducteur infatigable, né en 1606 à Châlons-sur-Marne, d’une famille de robe, mort en 1664, embrassa le protestantisme, visita la Hollande, l’Angleterre, se fixa enfin à Paris, où il se fit connaître par de nombreuses traductions et fut reçu à l’Académie française en 1636. Il a traduit Minutius Félix, 1637 ; les Annales et l’Histoire de Tacite, 1640 et 1651 ; les Guerres d’Alexandre d’Arrien, 1646 ; la Retraite des Dix-Mille de Xénophon, 1648 ; les œuvres de Lucien 1654 ; l’Histoire de Thucydide, 1662, etc. Ces traductions eurent dans le temps un très grand succès : on en estimait surtout le style ; mais elles étaient peu exactes, si bien que les contemporains les appelaient les Belles infidèles. — V. Frémont d'ablancourt.

ABLON, village de Seine-et-Oise, sur la rive g. de la Seine, à 15 kil. S. de Paris, à 16 kil. N. de Corbeil ; 360 hab. Grandes caves pour les vins de Bourgogne qui viennent à Paris. Station du chemin de fer d’Orléans. Les Protestants eurent un prêche dans Ablon ; Agnès Sorel et Sully y résidèrent.

ABNER, général et cousin de Saül. Après la mort de ce prince, il fit donner la couronne à Isboseth, fils de Saül ; mais ensuite il se rangea au parti de David, et contribua puissamment à soumettre à ce prince tout Israël. Il fut assassiné par Joab, jaloux de son crédit.

ABNOBA, mont. de Germanie, dans la Souabe actuelle, où quelques-uns placent la source du Danube. On y adorait Diane-Abnoba.

ABO, v. et port de Russie, dans l’ancienne Finlande, ch.-l. du gouv. d’Abo, près de l’embouchure de l’Auraioki, à 460 kil. O. N. O. de St-Pétersbourg ; 18 000 hab. Archevêché luthérien ; université, fondée en 1640, transférée en 1827 à Helsingfors. Riche bibliothèque ; feuille périodique, la seule de toute la Finlande. Fabriques de draps, savon, verrerie ; chantiers de construction ; commerce très actif. — Fondée vers 1157 par les Suédois, Abo fut la capit. de la Finlande jusqu’en 1812. Elle a beaucoup souffert des incendies, surtout en 1775 et 1827. Il y fut signé en 1743 la paix dite d’Abo, entre la Suède et la Russie : elle cédait à cette dernière Kymmenegard, Friedrichshamn, Vilmanstrand et Nyslot. Abo passa en 1809, avec le reste de la Finlande, sous la domination de la Russie. — Le gouv. d’Abo, entre les golfes de Bothnie et de Finlande, a 26 000 kil. carrés et environ 500 000 hab. Fers, marbres, plâtre, ardoise. — L’archipel d’Abo, situé devant la v. d’Abo et le long de la côte S. O. de la Finlande, est un labyrinthe de rochers à pic, très redoutables aux navigateurs.

ABOMEY, v. de l’Afrique occidentale, capit. du Dahomey, par 7° 12’ lat. N., est une des résidences du roi ; environ 40,000 hab. Foires considérables.

ABONDANCE, divinité allégorique. On la représentait sous la figure d’une belle femme couverte de fleurs, tenant dans sa main droite une corne remplie de fleurs et de fruits, qu’on nommait la Corne d’abondance. C’était une des cornes de la chèvre Amalthée, nourrice de Jupiter, que ce dieu donna aux nymphes qui avaient pris soin de son enfance.

ABONDANCE, ch.-l. de c. (Hte-Savoie), sur la Dranse, à 16 k. S. E. de Thonon ; 1512 h. Pétrole.

ABORIGÈNES, nom latin par lequel on désigne les habitants originaires (ab origine) ou primitifs d’une région. On les nomme en grec autochtones. — Les Romains donnaient ce nom aux anciens habitants du centre de l’Italie, établis dans l’Apennin.

ABOU, c’est-à-dire père, forme le commencement d’un grand nombre de noms propres chez les Arabes.

ABOU-ARYCH, v. et place forte d’Arabie (Yémen), près de la mer Rouge, à 89 kil. N. de Loheia, a donné son nom à une petite principauté située entre le grand chérifat de la Mecque et l’imamat de Sanaa ; environ 5000 hab.

ABOU-BEKR (le père de la vierge), le 1er des califes, successeur immédiat de Mahomet, était père de la belle Aicha qu’épousa le prophète. Il fut un des premiers à embrasser l’islamisme, fut élu calife à la mort de Mahomet (632), de préférence à Ali et à Omar, réunit en un corps d’ouvrage les feuilles du Coran éparses jusque-là, et hâta les progrès de la nouvelle religion par sa conduite habile et ferme et par les victoires de ses généraux, surtout de Khaled et d’Omar. Il mourut en 634. C’est sous son règne que la Syrie fut soumise.

ABOU-CHEHR ou BENDER-BOUMIR, v. de Perse (Fars), sur le golfe Persique, par 48° 20’ long. E., 28° 58’ lat. N. ; 15 000 hab. Bon port, mais d’entrée difficile. Ville commerçante. Les Anglais y ont une factorerie. Ils l’ont momentanément occupée en 1856.


ABOU-GIAFAR-AL-MANZOR. V. ALMANZOR.

ABOU-HANIFEH ou HANIFAH, chef des Hanéfites, l’une des 4 sectes orthodoxes musulmanes, né à Koufah en 699, se distingua par sa piété et ses efforts pour assurer la pureté de la foi. S’étant opposé à la colère d’Almanzor, qui voulait détruire Mossoul, celui-ci le fit empoisonner en 767 ; ses partisans le regardent comme un martyr. Abou-Hanifah est auteur d’un commentaire célèbre sur le Coran, intitulé Sened ou l’Appui, qui fait loi pour les Musulmans. Les Turcs suivent sa doctrine.

ABOUKIR, bourgade de la Basse-Égypte, à 17 kil. N. E. d’Alexandrie. Citadelle : Rade peu abritée, à la pointe de l’embouchure la plus occidentale du Nil. Nombreuses antiquités ; belles ruines ; salles taillées dans le roc. — On est incertain sur son nom ancien : les uns veulent que ce soit Canope, les autres, Caposiris. Il s’y livra en 1798 une bataille navale où Nelson détruisit la flotte française ; et en 1799, un combat sur terre où 5 000 Français, commandés par Bonaparte, battirent 15 000 Turcs. En 1801 Abercromby enleva la place aux Français.

ABOUL-ABBAS, surnommé Al-Saffah (le Sanguinaire), 1ercalife de la race des Abbassides, fut placé sur le trône par les efforts d’Abdallah, son oncle, et d’Abou-Moslem, gouverneur du Khorassan. Il régna 4 ans (750-754) et établit à Koufa le siége du califat. Il se montra fort ingrat envers ceux auxquels il devait son élévation et ne signala son règne que par des cruautés contre les Ommiades.

ABOUL-CACEM, en latin Albucasis, Albucasa, médecin arabe, natif de Zaharah en Espagne (Séville), florissait à la fin du XIe siècle, et mourut à Cordoue en 1107. Il a laissé, sous le titre d’Al-Tacrif ou Méthode pratique, une compilation médicale qui a joui longtemps d’une très-grande autorité. Cet ouvrage se compose de 32 traités roulant principalement sur la chirurgie. Il a été plusieurs fois publié et a été traduit en latin. La meilleure édition est due à Channing, Oxford, 1778, 2 vol. in-4, arabe-latin.

ABOUL-FARADJ, Abulfaragius, dit aussi Bar-Hebræus, historien arabe, né en 1226, à Malatia, dans l’Asie-Mineure mort en 1286, était chrétien, de la secte des Jacobites, et devint évêque d’Alep. Il a composé en syriaque et traduit lui-même en arabe une Histoire universelle, qui a été traduite en latin et publiée par Edm. Pockocke, sous le titre de Historia compendiosa dynastiarum, historiam universalem complectens, 2 vol. in-4, Oxford, 1665, et par Bernstern, avec trad. allemande, Breslau, 1847, — Un autre ABOUL-FARADJ, issu des Ommiades, né à Ispahan en 897, mort en 967, fut médecin, jurisconsulte, historien et poëte. On a de lui un recueil de Chansons arabes (Kitab Aghany).

ABOUL-FAZEL, écrivain persan du XVIe siècle, fut grand vizir de l’empereur mogol Akbar, et fut assassiné en 1604 par l’héritier du trône, jaloux de son crédit. Il a écrit, en persan, une Histoire du règne et des institutions d’Akbar, qui a été publiée et traduite en anglais par Gladwin, Calcutta.

ABOUL-FÉDA, né à Damas en 1273, mort en 1331, était issu des Ayoubites. Il se distingua à la fois comme écrivain et comme guerrier pendant les croisades. Aimé du sultan Nasser, il fut nommé par lui gouverneur, puis prince d’Hamah en Syrie. On a d’Aboul-Féda une Histoire abrégée du genre humain, en arabe, traduite partiellement en latin par J. J. Reiske, sous le titre d’Annales moslemici (Hafniæ, 1789, 5 vol. in-4), et une géographie intitulée Vraie situation des pays, trad. en latin (en partie) par Reiske, Leipsick, 1766 ; et en français par MM. Reinaud et de Slane, 1848, 3 vol. in-4.

ABOULIOUN ou ABOULLONIA, v. de Turquie d’Asie (Anatolie), sur un îlot du lac qui porte son nom, à 44 kil. S. O. de Brousse ; 2 000 hab. On croit que c’est l’ancienne Apollonia ad Rhyndacum.

ABOUSYR, Busiris, v. de la Basse-Égypte (Mehallet-el-Kébir), sur l’anc. branche athribitique du Nil, à 88 kil. N. du Caire près de la grande pyramide. Ruines d’un temple d’Isis.

abousyr ou tour des arabes, endroit fortifié sur la côte de la Basse-Égypte (Alexandrie), à 40 kil. O. d’Alexandrie. C’est le premier point de la côte qu’on aperçoive en venant de la haute mer.

ABOUTIG, Abotis, v. de la H.-Égypte (Syout), sur le Nil, à 350 kil S. du Caire, à 20 kil. de Syout. Évêché copte. Excellent opium.

ABOUZABEL, bourg de la Basse-Égypte, à 22 kil. N. du Caire. Méhémet-Ali y avait formé un grand hôpital avec une école de médecine, qui ont été transférés depuis au Caire.

ABRABANEL, célèbre rabbin, né à Lisbonne en 1437, mort en 1508, fut ministre des finances sous Alphonse V roi de Portugal, et sous Ferdinand V, roi de Castille. Les Juifs ayant été bannis de l’Espagne en 1492, il se réfugia à Naples, puis à Venise, où il mourut. On a de lui des Commentaires sur l’Ancien Testament et sur la Michna, un Traité des prophéties qui regardent le Messie et un Traité des œuvres de Dieu.

ABRACADABRA. V. ABRAXAS.

ABRAHAM, le plus célèbre des patriarches, le père de la nation juive, était fils de Tharé et naquit à Ur en Chaldée, vers l’an 2366 av. J.-C. Il renonça à l’idolâtrie et quitta Ur pour s’établir, avec Sara, son épouse, à Haran, 2296. Là, Dieu lui ordonna d’aller dans la terre de Chanaan, lui promettant de lui donner tout ce pays et de le rendre père d’une grande nation. Il sortit de Haran avec toute sa famille, et vint, à l’âge de 75 ans, s’établir à Sichem. La famine le força d’aller en Égypte. A son retour, il se fixa à Béthel avec Loth, son neveu, puis il fut obligé de se séparer de lui et se retira dans la vallée de Mambré. Loth ayant été attaqué et pris par quatre rois voisins, Abraham vainquit ces rois et le délivra. Au retour de cette expédition il fut béni au nom de Dieu par le pontife Melchisédech. Peu après, Dieu lui apparut de nouveau, fit alliance avec lui et tous ses descendants, et lui ordonna de se circoncire avec toute sa famille en signe de cette alliance. Abraham arrivé à l’âge de 85 ans, et craignant de n’avoir point d’enfants de Sara qui jusque-là était restée stérile, prit pour deuxième femme Agar, une des esclaves de Sara, et en eut un fils nommé Ismaël. Cependant, treize ans après, des anges envoyés de Dieu lui promirent que Sara lui donnerait un fils dans l’année même : et en effet, malgré son grand âge, elle mit bientôt au monde Isaac. Lorsque ce fils eut atteint l’âge de 25 ans, Dieu, pour éprouver la foi d’Abraham lui ordonna de le lui sacrifier. Abraham allait obéir, quand un ange substitua un bélier à la victime. Après la mort de Sara, il épousa Céthura, dont il eut 6 enfants. Il mourut à l’âge de 175 ans, 2191 av. J.-C. selon les Bénédictins. Selon la chronologie d’Ussérius, Abraham serait né en 1996 av. J.- C. et mort en 1821. Ce patriarche est vénéré des Musulmans comme des Juifs et des Chrétiens : les Arabes se glorifient de descendre de lui par Ismaël. V. ismael.

abraham ecchellensis, savant maronite, natif de Syrie, professa les langues syriaque et arabe, d’abord à Rome, puis à Paris, au collège de France, où Le Jay l’avait appelé (vers 1630) pour coopérer à l’impression de sa Bible polyglotte. Il retourna ensuite à Rome, et y mourut en 1664. Il a traduit de l’arabe en latin les Ve, VIe et VIIe livres des Coniques d’Apollonius, avec un traité d’Archimède, Florence, 1661. On lui doit en outre : Institutio linguæ Syriacæ, Rome, 1628, in-12 ; Synopsis philosophiæ Orientalium, Paris, 1641, in-4 ; Chronicon Orientale, Paris, typis reg., 1651, in-fol.

ABRANTÈS, v. de Portugal dans l’Estramadure, sur la rive g. du Tage, à 110 kil. N. E. de Lisbonne ; 5 000 hab. Vue délicieuse ; superbe église de St-Vincent. Grand commerce en blés, huiles, fruits. Cette ville est un des boulevards de Lisbonne. Junot s’en empara en 1807, et reçut en récompense le titre de duc d’Abrantès. V. JUNOT.

abrantès (Laure de st-martin-permon, duchesse d’), née à Montpellier en 1784, morte en 1838, descendait par sa mère de la famille impériale des Comnène. Elle épousa en 1799 le général Junot, le suivit dans ses campagnes, et après sa mort, en 1813, elle se voua à l’éducation de ses enfants. La duchesse d’Abrantès a composé plusieurs romans, dont le plus, connu est l’Amirante de Castille (1827), et à écrit des Mémoires volumineux (18 vol. in-8, 1831-34), où l’on trouve de curieux détails sur la cour impériale.

ABRAXAS, dieu suprême des Gnostiques basilidiens, dont on inscrivait le nom sur des pierres gravées qui servaient d’amulettes, et qui prenaient elles-mêmes le nom d’Abraxas. On remplaçait aussi ce nom par celui d’Abracadabra, que l’on répétait comme il suit sur 11 lignes dont chacune avait un signe de moins que les précédentes :

A B R A C A D A B R A

A B R A C A D A B R

A B R A C A D A B

A B R A C A D A

A B R A C A D

A B R A C A

A B R A C

A B R A

A B R

A B

A

Les sept lettres dont se compose le mot Abrasas, prises numériquement, formaient, chez les Grecs, le nombre 365, nombre des jours de l’année.

ABRETTÈNE, contrée de la Mysie, sur les confins de la Bithynie, était arrosée par le Rhyndacus.

ABRIAL (le comte), né en 1750 à Annonay, mort en 1828, d’abord avocat, fut sous la République commissaire près le tribunal de cassation ; alla en 1800 organiser le gouvernement républicain à Naples, fut ministre de la justice après le 18 brumaire, concourut à la rédaction des codes, et fut envoyé en Piémont et à Milan pour les y promulguer. Il devint aveugle 10 ans avant sa mort.

ABRINCATUI, peuple de Gaule, vers l’extrémité N. O., occupait le territoire d’Avranches (Manche), et avait pour ch.-l. Ingena, dite aussi adrincatui.

ABRUZZES, contrée d’Italie, dans le roy. de Naples, bornée à l’E. par la mer Adriatique au N. et à l'O par les États de l’Église, au S. par le Sannio et la Terre de Labour. Elle se divise en deux parties, séparées par la rivière de Pescara : l’Abruzze citérieure et l’Abruzze ultérieure, et celle-ci se subdivise en 1re et 2e ; ce qui forme en tout 3 provinces. L’Abruzze ultérieure 1re a pour ch.-l. Téramo ; l’Abruzze ultérieure 2e, Aquila ; l’Abruzze citérieure Chieti. Environ 18 300 kil. carrés et 800 000 hab. Montagnes, forêts, où l’on trouve beaucoup de loups et d’ours Pierres aurifères dans le mont Mujella ; huile, riz, vins, soie, safran. Climat âpre ; industrie nulle. C’est l’ancien pays des Samnites et des Manses. Les habitants en sont encore belliqueux : ils résistèrent longtemps aux Français en 1798.

ABSALON, fils de David et de Maaehai était d’une grande beauté. Il assassina dans un festin son frère aîné Amnon, qui avait fait une insulte à leur sœur, et se révolta contre son père, quoiqu’il lui eut pardonné ce crime. Défait dans la forêt d'Éphraïm il fut arrêté dans sa fuite par les branches d’un arbre dans lequel s’embarrassèrent ses longs cheveux. Joab, général de David, l’ayant rencontré dans cet état, le perça d’un coup mortel (1030 av. J.-C.), quoiqu’il eût reçu l’ordre de l’épargner. David pleura sa mort. Duché a fait une tragédie d’Absalon.

Absalon ou Axel, homme d’État danois, né en 1128 en Séeland, m., en 1201, fut évêque de Rœskild, archevêque de Lund, primat du Danemark, ministre de Waldemar I et Canut IV, restaura Dantzick et agrandit Copenhague. Prélat guerrier, il délivra le Danemark des incursions des pirates et vainquit en 1184 le duc de Poméranie.

ABSIMARE-TIBÈRE, empereur. V. tibère.

ABSTÉMIUS (Laurentius), en italien Astentio, fabuliste, né à Macerata (Ancône), à la fin du xve siècle, fut professeur de belles-lettres à Urbin et bibliothécaire du duc de cette ville. On a de lui, sous le titre d' Hecatomythium, un recueil de 100 fables, en partie traduites du grec, en partie de son invention, qui parut pour la première fois avec une trad. des fables d’Ésope, à Venise, en 1495 ; il y ajouta plus tard 100 autres fables, sous le titre d' Hecatomythium secundum, Venise, 1499. Ces deux recueils ont été réunis dans l'édit. de Francfort, 1520, in-16. La Fontaine a emprunté quelques sujets à ce fabuliste. Pillot l'a traduit en français, Douai, 1814.

ABSYRTE, fils d'Æétès, roi de Colchide, et frère de Médée. Sa sœur, fuyant avec Jason la maison paternelle, le mit en pièces et dispersa ses membres sur la route pour retarder ceux qui la poursuivaient. Ce meurtre eut lieu sur les bords d'un fleuve de Colchide qui prit de là le nom d'Absyrte.

ABSYRTIDES insulæ, îles de la mer Adriatique, près de la côte d'Illyrie, où quelques mythographes placent le meurtre d'Absyrte. Les principales sont : Crepsa (Cherso), Apsorus (Ossero), Asla (Arbé), Curicta (Veglia), Cissa (Pago).

ABUS, nom latin de l'Humber, riv. d'Angleterre, et d'une haute mont. d'Arménie, d'où sortent l'Euphrate et l'Araxe : c'est aujourd'hui le Keban-Dagh.

ABYDOS, auj. Nagara-Bouroun, v. d'Asie Mineure, sur l'Hellespont, à l'endroit où le détroit n'a guère que 2 kil., vis-à-vis de Sestos en Europe, est fameuse par l'aventure de Héro et de Léandre et par le pont de bateaux que Xerxès y fit jeter sur la mer.

ABYDOS, Madfouneh (c'est-à-dire la ville enterrée), v. de la Haute-Égypte, sur la rive gauche du Nil, au N. O. de Thèbes et au S. de Ptolémaïs était la plus ancienne de l'Égypte après Thèbes. Elle fut de bonne heure enfouie sous les sables, et n'était déjà plus qu'un village dès le temps de Strabon. On y admire des hiéroglyphes et des peintures remarquables. C'est là que fut trouvée en 1818 la table des anciens Pharaons, dite Table des prénoms d'Abydos ; elle est auj. au musée de Londres.

ABYLA, auj. Ceuta, v. et cap de l'Afrique septentrionale, en face du mont Calpé en Espagne, avec lequel le cap formait les Colonnes d'Hercule.

ABYSSINIE, Ethiopia supra Ægyptum, grande contrée de l'Afrique orientale, bornée au N. par la Nubie, à l'E. par la mer Rouge, à l'O. par le Sennaar et au S. par une haute chaîne de montagnes, est arrosée par plusieurs affluents du Nil, dont les principaux sont le Bahr-el-Azrek ou fleuve Bleu, le Maleg, le Tacazzé. On évalue approximativement l'étendue du pays à 788 000 kil. carrés et la population à 3 ou 4 millions. Autrefois toute cette contrée formait un vaste empire soumis à un seul prince, qui portait le nom de Grand Négus ; il a été depuis deux siècles divisé en plusieurs États indépendants, dont les principaux sont ses royaumes de Tigré, de Choa, de Dankali, d'Amhara, d'Anget, de Naréa, de Samara. Gondar était autrefois la capit. de l'Abyssinie ; auj. Ankober joue le principal rôle. Les Gallas font de fréquentes incursions dans ce pays et en ont conquis une partie. Les Abyssins professent le Christianisme ; néanmoins ils pratiquent la polygamie. Ils appartiennent à la secte monophysite ou eutychéenne ; leur métropolitain, nommé Abonna, est choisi par le patriarche copte d'Alexandrie. On trouve aussi chez eux beaucoup de Juifs. Les principales langues qu'ils parlent sont Pamhara, le salami et le tigrin, qui toutes trois dérivent de l'arabe. On trouve en Abyssinie les végétaux et les animaux des zones tropicales, et aussi, à cause des nombreuses montagnes, ceux des zones tempérées ; le zèbre, la girafe, l'hippopotame y sont communs ; les arbres propres au pays sont le colqual, le girgir, le ouansé, le cédera, le ginous, le gaguédi, le kousso, dont le fruit fournit un excellent aliment ; on en tire aussi de la myrrhe. Le principal commerce consiste dans l’exportation de l'ivoire et de la poudre d'or et dans la vente des esclaves. — L'Abyssinie, dont on fait descendre les premiers habitants de Chus fils de Cham, est connue dès la plus haute antiquité sous le nom d'Éthiopie. Les Éthiopiens, civilisés de bonne heure, paraissent avoir fort anciennement dominé en Égypte. Selon une tradition du pays, ils auraient été longtemps gouvernés par une dynastie juive, qui serait issue de Salomon par la reine de Saba. Cambyse, les Ptolémées, les Romains (V. gallus) tentèrent vainement de les soumettre. S. Frumence porta le Christianisme chez eux vers 330 ; deux siècles plus tard, ils adoptèrent l'hérésie monophysite d'Eutychès, dans laquelle ils persistent encore. Au vii e siècle, les Mahométans envahirent la partie orientale de l'Abyssinie et y fondèrent Zeilah. Au xv e siècle, les Portugais entrèrent en rapport avec les Abyssins : Jean, roi de Portugal, envoya, en 1490, un ambassadeur à leur roi (V. covilham). Les Jésuites travaillèrent dès lors à ramener les Abyssins à la foi catholique : ils y réussirent un moment ; mais, en 1632, le roi, qui s'était converti, fut détrôné et les missionnaires chassés ou mis à mort. Depuis, l'Abyssinie est devenue d'un très difficile accès. Louis XIV envoya au grand Négus une ambassade, mais elle ne produisit rien. Au xvii e siècle, l'empire abyssin se divisa en plusieurs États indépendants (V. ci-dessus) ; depuis il n'a fait que déchoir. En 1868 une expédition anglaise, commandée par le général Napier, fut envoyée contre le négus Théodoros, qui fut battu et se tua. Dans le dernier siècle et dans celui-ci, l'Abyssinie a été visitée par de nombreux voyageurs : Bruce, Salt, Pearce, Ruppel, Combes et Tamisier, Feret, Galinier, Rochet d'Héricourt, les frères d'Abbadie, Th. Lefebvre.

ACACIUS, surnommé le Borgne, chef de la secte des Acaciens, branche des Ariens, remplaça Eusèbe comme évêque de Césarée, en 340, et mourut en 365. Abusant de la protection de l'empereur Constance, il fit déposer S. Cyrille et exiler le pape Libère.

ACACIUS, patriarche de Constantinople de 471 à489, porta l'empereur Zénon à favoriser les Eutychéens, et fut condamné par le pape Félix comme hérétique.

ACADÉMIE, école philosophique, fondée dans Athènes par Platon vers 388 av. J.-C., tirait son nom d'un jardin qui avait appartenu primitivement à un certain Académus, et dans lequel Platon donnait ses leçons. On compte trois Académies : la 1re, ou ancienne, Academia vetus, se composait des disciples purs de Platon savoir : Speusippe, Xénocrate, Polémon, Crantor ; la 2e, ou moyenne, media, fondée vers 244 av. J.-C. par Arcésilas, prétendait que l'on ne peut rien savoir ; la 3e, ou nouvelle, nova, fondée vers 160 av. J.-C. par Carnéade, sans tomber dans un scepticisme absolu, enseignait que l'on ne peut atteindre que le probable. Quelques-uns admettent une 4e et même une 5e Académie, dont les chefs seraient Philon et Antiochus ; ceux-ci. se rapprochèrent de la véritable doctrine de Platon, et tâchèrent de la concilier avec le stoïcisme.

ACADÉMIES, sociétés de gens de lettres, de savants ou d'artistes. Ces sociétés, dont Charlemagne avait donné l'exemple en créant dès 785 l'Académie appelée palatine parce qu'elle se réunissait dans son propre palais, fleurirent à la renaissance des lettres, et surtout en Italie, où chaque ville avait son Académie ; elles se répandirent ensuite en France et dans les autres pays de l'Europe. Les principales sont :

1. En Italie l’Académie della Crusca (c'est-à-dire du crible), fondée à Florence en 1582, qui s'occupe de critique, de littérature, et à laquelle on doit un dictionnaire italien qui fait loi (la 1re éd. parut en 1612) ; — l’Académie del Cimento, fondée à Florence, en 1657, par le cardinal Léopold de Médicis : on s'y occupait de sciences, surtout d'expériences de physique ; — l’Académie des Arcades, ou plutôt des Arcadiens, société littéraire fondée à Rome en 1690, et dans laquelle chaque membre prenait le nom d'un berger d'Arcadie ; — l'Institut de Bologne, fondé en 1690 sous le titre d’Institutum scientiarum et artium ; — l’Académie des Sciences de Turin, fondée en 1759 ; — L’Académie royale de Naples, fondée en 1779.

II. En France, l’Académie Française, fondée en 1635, par Richelieu, pour fixer et polir la langue : elle se compose de quarante membres et publie un dictionnaire dont la 1re édition a paru en 1694 et la dernière en 1835 ; — l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, fondée en 1663 par Colbert : elle publie depuis 1717 de précieux mémoires ; — l’Académie des Sciences, fondée en 1666 par Colbert : elle publie depuis 1699 des mémoires de la plus grande importance ; — l’Académie de Peinture et Sculpture, fondée par Mazarin en 1648 ; celle de Musique, fondée en 1666 ; celle d'Architecture, fondée en 1671 ; — l’Académie des Sciences morales et politiques, fondée en 1795 comme une des classes de l'Institut, supprimée en 1803, rétablie en 1832. Supprimées en 1793, les anciennes Académies furent réorganisées en l'an iv (1795), et réunies, sous le nom d’Institut de France, en un seul corps qui fut subdivisé en 5 classes. L'Institut comprend auj. l'Académie Française, l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, l'Académie des Sciences, l'Académie des Beaux-Arts, l'Académie des Sciences morales et politiques.

III. Dans la Grande-Bretagne, la Société royale de Londres, fondée à Oxford en 1645, transférée a Londres en 1660 : elle publie de savants mémoires sous le titre de Philosophical Transactions ; — la Société royale d’Édimbourg, fondée 1731 : elle publie aussi des mémoires.

IV. En Allemagne, l’Académie des Curieux de la Nature, Naturæ Curiosorum, qui fut fondée en 1652, à Leipsick, par le médecin Bausch, et qui se réunit successivement à Breslau, à Nuremberg et à Bonn ; en 1677 l'empereur Léopold la prit sous sa protection, et l'établit à Vienne : elle a depuis porté le nom d’Académie Léopoldine ; — l’Académie royale des Sciences de Berlin, fondée en 1700 par Frédéric I, et dont Leibnitz fut le premier directeur : elle publie des mémoires qui, après avoir été rédigés en latin et en français, les ont auj. en allemand ; — la Société de Gœttingue, fondée en 1760 ; — celle de Munich, fondée en 1759.

V. En Suède, l’Académie d'Upsal, fondée en 1710 pour l'étude des langues du Nord ; — l’Ac. des Sciences de Stockholm, qui publie des mémoires depuis 1739.

VI. En Espagne, l’Académie royale, fondée en 1713 par le duc d'Escalona, pour la culture de la langue ; elle siège à Madrid.

VII. En Russie, l’Académie impériale des Sciences de St-Pétersbourg, dont les bases furent posées par Pierre le Grand, en 1724, mais qui ne fut réalisée que sous Catherine I, en 1725 : elle publie depuis 1738 des mémoires, qui sont rédigés pour la plupart en français ou en latin.

ACADÉMIES UNIVERSITAIRES. V. france.

ACADIE. V. écosse (nouvelle-).

ACANTHE, Acanthus, v. de Chalcidique, au N. du mont Athos, sur l'isthme de la presqu'île Acté. — V. d’Égypte, sur la rive gauche du Nil, à 4 kil. S. de Memphis. — V. de Carie, dans la presqu'île de Cnide.

ACAPULCO, v. du Mexique, prov. de Mexico, sur la mer Pacifique, à 200 kil. S. O. de Mexico ; 4000 hab. Port superbe où tiennent 500 vaisseaux. Commerce actif, surtout avec Manille. C'est d'Acapulco que partaient les galions qui apportaient en Espagne et à Manille les produits du Mexique.

ACARNANIE, Acarnania, contrée de la Grèce ancienne, sur la mer, à l'extrémité occidentale de la Grèce propre, à l'O. de l'Étolie, au S. de l'Épire, dont la séparait le golfe Ambracique, est baignée par l'Achéloüs (Aspropotamo). Habitants farouches, guerriers et dont le caractère grossier donna lieu au proverbe porcus Acarnas. Sous les Romains, on y comptait 200 000 h. Villes princip., Strates, Limnée, Actium, Argos-Amphilochium. Les Acarnaniens étaient souvent en guerre avec les Étoliens ; sous Antigone-Doson, ils devinrent sujets de la Macédoine (vers 225 av. J.-C.) Ils reçurent la liberté des Romains après la bataille de Cynocéphales (197), puis furent compris dans la prou. romaine d'Achaïe (146). Après la prise de Constantinople par les Turcs, l'Acarnanie fut annexée au gouvernement de Roumélie. Elle forme auj. un des 24 gouvernements du roy. de Grèce et a pour ch.-l. Amphilochion.

ACASTE, roi d'Iolcos : V. astydamie et pélée.

ACCARON, v. des Philistins, près de la mer, entre Azoth et Jamnia, fut réunie avec son territoire au roy. de Juda. On y adorait Béelzébuth.

ACCIAJUOLI, célèbre famille florentine, qui tirait son nom du commerce de l'acier (acciaio), dans lequel elle s'était enrichie, était originaire de Brescia. On connaît surtout Nicolas et Renier :

Nicolas Acciajuoli, né en 1310, mort en 1366, fut grand sénéchal de Jeanne I, reine de Naples. Jeanne ayant été chassée de ses États, il parvint à l'y rétablir. Il laissa de grandes richesses, qui préparèrent la fortune extraordinaire de son neveu Renier.

Renier Acciajuoli, duc d'Athènes, neveu du précédent, fut appelé de Florence à Naples par son oncle, qui l'adopta et lui laissa de grandes richesses. En 1364, il acquit de Marie de Bourbon, impératrice latine de Constantinople, Une grande partie de la Grèce, les seigneuries de Vostitza, de Corinthe, Thèbes, Athènes, etc., et prit le titre de duc d'Athènes. Il maria sa fille au prince Théodore, fils de l'empereur Jean Paléologue, auquel il laissa une partie de ses vastes possessions. Après sa mort, sa famille conserva le duché d'Athènes près de 100 ans : en 1456 Mahomet II s'en empara et relégua le dernier duc, François Acciajuoli, à Thèbes, où il le fit étrangler au bout de deux ans.

ACCIUS ou ATTIUS (Lucius), un des plus anciens poëtes tragiques de Rome, né vers 180 av. J.-C., mort dans un âge avancé, était fils d'un affranchi. Il florissait vers l'an 130. Son talent et ses succès lui valurent de hauts protecteurs, entre autres Décimus Brutus. Ce poëte avait tant d'orgueil qu'il se fit lui-même ériger une statue dans un temple. On a perdu ses tragédies, qui étaient presque toute empruntées aux Grecs. Il n'en reste que quelques fragments, recueillis dans les Poetæ scenici de Bothe, 1823, et dans les Tragicor. reliquiæ de Ribbeck, 1854, et appréciés dans l’Étude sur Attius, de G. Boissier, 1858.

ACCIUS NÆVIUS, augure qui, pour convaincre Tarquin l'Ancien de la puissance de son art, coupa devant lui un caillou avec un rasoir. Tarquin lui fit élever une statue, en mémoire de ce prodige.

ACCOLTI, famille de Toscane qui a produit plusieurs hommes célèbres. Les principaux sont :

ACCOLTI (Benoît), jurisconsulte et historien, né à Arezzo en 1415, mort en 1466. Il enseigna d'abord le droit à Florence, remplaça le Pogge comme secrétaire de la république vénitienne, puis se livra exclusivement à l'histoire. Il publia avec son frère Léonard : De bello a Christianis contra barbaros geste pro Christi sepulchro, histoire de la 1re croisade, qui fut trad. en fr. en 1520, et dans laquelle on dit que le Tasse puisa l'idée de son poème.

ACCOLTI (Bernard), poète et improvisateur, fils de Benoît, né à Arezzo en 1465, m. vers 1535, vécut à la cour des papes Urbain et Léon X, et jouit de son vivant d'une telle réputation que ses contemporains le nommèrent l’Unico Aretino. La postérité n'a pas confirmé ce jugement, et ses poésies sont peu lues aujourd'hui. Ses œuvres ont été publiées partie à Florence en 1513, partie à Venise en 1519.

ACCOLTI (François), frère de Benoît, né à Arezzo en 1418, mort en 1483, fut le premier jurisconsulte de son siècle. Il a laissé, outre plusieurs recueils de jurisprudence, une trad. latine de S. Jean Chrysostome, Rome, 1470, et une édit. princeps, avec trad. latine des Lettres de Phalaris, Rome, 1469.

ACCORDS (tabourot des). V. tabourot.

ACCOUS, ch.-l. de c. (Basses-Pyrénées), à 26 kil. S. d’Oloron ; 1505 hab. Eaux minérales.

ACCUM, chimiste allemand, né en 1769 à Bückebourg, en Westphalie, mort en 1838, vint en 1793 à Londres, où il enseigna la physique et la chimie, puis se rendit à Berlin, où il professa depuis 1822. Il est le premier qui ait eu l’idée d’appliquer en grand le gaz hydrogène à l’éclairage.

ACCURSE ou ACCORSO (François), surnommé par ses contemporains l’Idole des jurisconsultes, né à Florence en 1151, mort en 1229, enseigna le droit à Bologne et fut un des rénovateurs de la science. Il composa, sous le titre de la Grande Glose ou Glose continue, une vaste compilation dans laquelle il réunit les meilleures décisions des jurisconsultes ses prédécesseurs sur le droit romain. La meilleure éd. est celle de D. Godefroy, Lyon, 1589, 6 vol. in-fol.

ACCURSE (Marie-Ange), un des plus savants critiques du xvie siècle, né à Aquila, vécut à la cour de Charles-Quint, qui lui confia plusieurs missions importantes. Dans ses Diatribæ in Ausonium, Rome, 1524, in-fol., il a corrigé une foule de passages corrompus d’auteurs anciens. On lui doit aussi de bonnes éd. d’Ammien-Marcellin, ainsi que des Lettres et du Traité de l’âme de Cassiodore.

ACÉPHALES (c’est-à-dire sans tête), hérétiques qui ne reconnaissaient pas de chef ni d’autorité. Ce nom a été appliqué surtout à des hérétiques du Ve siècle qui suivaient la doctrine d’Eutychès contre la distinction des deux natures en J.-C., et qui rejetaient le concile de Chalcédoine.

ACERENZA, Acherontia, v. du royaume de Naples (Basilicate), à 20 kil. N. E. de Potenza ; 3 600 hab. Archevêché (uni à celui de Matera).

ACERNO, Acernum, v. du roy. de Naples (Principauté citér.), à. 26 kil. N. E. de Salerne. Évêché.

ACERRA, Aceræ, v. du roy. de Naples (Terre dè Labour,) à 15 kil. N. E. de Naples sur l’Agno ; 6 300 hab. Évêché. Fondée, à ce que l’on croit, par les Étrusques. Saccagée par Annibal, elle fut rebâtie aux frais de la république romaine.

ACESINES, Chennab, riv. de l’Inde anc., se jetait dans l’Indus après avoir reçu l’Hydraote et l’Hydaspe.

ACESTA, v. de Sicile. V. segesta et aceste.

ACESTE, roi d’Acesta, en Sicile, secourut Priam pendant la guerre de Troie, donna l’hospitalité à Énée, et fit ensevelir Anchise sur le mont Eryx. Virgile l’a célébré dans le Ve chant de l’Énéide.

ACEYR-GHOR, v. de l’Hindoustan, ch.-l. de la prov. de Kandeych, à 18 kil. N. de Bourhampour. Jadis très-forte. Prise par Akbar ; enlevée par les Anglais aux Mahrattes en 1803.

ACHAB, roi d’Israël, fils d’Amri, est fameux par son impiété. Il monta sur le trône l’an 918 av. J.-C. (ou 907, selon l’Art de vérifier les Dates), et régna 20 ans. A l’instigation de sa femme Jézabel, il éleva un temple à Baal, persécuta cruellement les prophètes, notamment Élie, et fit périr Naboth (V. ce nom) pour s’emparer de sa vigne. Il n’eut recours au vrai Dieu que lorsqu’il se vit assiégé dans Samarie par Ben-Adad, roi de Syrie : avec le secours divin, il tailla plusieurs fois en pièces les armées de ce prince, et le fit prisonnier lui-même ; mais il le rétablit dans ses États. Peu de temps après, la guerre s’étant rallumée entre les deux rois, Achab périt dans un combat, percé d’une flèche. Les chiens léchèrent le sang de ses blessures, comme cela avait été prédit.

ACHÆUS, fils de Xuthus et petit-fils d’Hellen, ayant commis un meurtre, se retira de la Phthiotide en Argolide, avec une peuplade d’Hellènes, qui prit de lui le nom d’Achéens.

achæus, parent et lieutenant d’Antiochus le Grand, contribua puissamment à placer ce prince sur le trône. Il se révolta ensuite contre lui et se fit proclamer roi dans l’Asie-Mineure, 219 av. J.-C. Il fut la même année pris et mis à mort.

ACHAÏE, Achaia, région septentr. du Péloponèse, avait pour bornes l’Élide l’Arcadie, la Sicyonie, le golfe de Corinthe et la mer Ionienne. On l’appelait d’abord Égialée (c’est-à-dire maritime), à cause de sa position sur les bords de la mer ; conquise par les Ioniens vers 1430 av. J : C., elle prit le nom d’Ionie ; elle reçut enfin celui d’Achaïe vers 1184, après que les Achéens Phthiotes en eurent expulsé les Ioniens pour s’y établir. L’Achaïe avait 12 v. princip. qui étaient, selon Hérodote : Dymes, Olenos, Égire, Hélice, Bura, Ægium, Rhypes, Eges, Patras, Phares, Tritée, Pellène (aux villes d’Égges et de Rhypes, Polybe substitue Céraunie et Léontium) ; ces 12 villes formaient une fédération qui fut le noyau de la célèbre Ligue achéenne. V. ce nom.

On a encore nommé Achaïe :

1° Une portion de la Phthiotide en Thessalie (ch.-l. Alos), où régna d’abord Achæus, petit-fils d’Hellen, et d’où sortirent les Achéens conquérants de l’Égialée ;

2° La prov. romaine formée après la destruction de la Ligue Achéenne et la prise de Corinthe (146 av. J : C.), par la réunion du Péloponèse, de la Grèce propre, de la Thessalie et de l’Épire ; elle fut ensuite comprise dans le diocèse de Macédoine ;

3° Une principauté formée en 1205 par Guill. de Champlitte au milieu de la dissolution de l’empire grec, conquis par les armes des Croisés latins. Elle embrassait le Péloponèse entier avec la suzeraineté d’Athènes et de Thèbes. Elle fut bientôt usurpée par Geoffroi de Villehardoin. Isabelle de Villehardoin porta la souveraineté d’Achaïe à diverses maisons, tandis que Baudoin II, empereur détrôné de Constantinople, cédait ses droits sur ce domaine à Charles I d’Anjou, roi de Naples. Marie de Bourbon, veuve de Philippe de Tarente la légua en 1387 à son neveu Louis, duc de Bourbon, qui ne put s’en mettre en possession. La principauté se scinda depuis en État de Corinthe, duché de Sparte, Messénie, Élide, etc. Enfin l’Élide, possédée par les Génois, conserva seule le nom de principauté d’Achaïe ;

4° Une nomarchie ou prov. de la Grèce actuelle, qui occupe à peu près la place de Pane. Achaïe ; elle a pour ch.-1 : Patras et compte env. 126 000 hab. ;

5° Un petit État de l’Asie anc., au N. de la Colchide, sur la côte N. E. du Pont-Euxin : c’est à peu près l’Abasie actuelle.

ACHANTIS, peuple et État de la Guinée, entre les riv. de St-André et de Volta, par 3°-5° long. O., et 6°-9° lat. N. ; a env. 444 kil. du N. au S., et 311 de l’E. à l’O. On distingue l’Achanti propre, situé à l’intérieur des terres, en arrière de la Côte d’Or, et plusieurs États tributaires qui entourent l’Achanti propre, tels que ceux de Moisan, Takima, Coranza, au N. ; Tufel, au S. ; Dankara et Saoui, à l’O. ; Amiena, Akim, Assim, à l’E. La population des Achantis est évaluée de 4 à 10 millions d’âmes. Ils peuvent mettre 100 000 hommes sous les armes. Coumassie est la capitale de tout l’empire ; mais elle est moins importante que Dagoumba. Le pays est très-fertile ; on y trouve aussi des mines très-riches, mais les naturels n’en tirent qu’un faible parti : Cependant les Achantis sont assez industrieux ; ils tissent et teignent le coton et construisent leurs maisons avec beaucoup d’art. La religion dominante est le Fétichisme. Les Achantis sont braves, mais féroces ; ils obéissent à un roi absolu. — Ce pays, inconnu des Européens jusqu’au dernier siècle, a été visité en 1704 par le voyageur hollandais Bosman. Les Anglais l’envahirent et tentèrent de s’y établir au commencement de ce siècle ; ils y eurent à soutenir des luttes très-vives en 1824 et en 1873. Néanmoins, il y existe quelques établissements anglais et hollandais.

ACHARD (Frédéric-Charles), chimiste, né à Berlin en 1754, d’origine française, mort en 1821, appliqua le premier, en 1796, la découverte du sucre de betterave (faite par Margraff dès 1747), et reçut du roi de Prusse le domaine de Kunern en Silésie pour y exploiter en grand la nouvelle industrie. Admis à l'Académie de Berlin, il y devint directeur de la classe de physique.

ACHAZ, roi de Juda (737-723), fils et successeur de Joathan, est fameux par son impiété. Il avait d'abord vaincu Razin, roi de Syrie ; mais, ayant élevé des autels aux faux dieux, et leur ayant même consacré son fils, Dieu permit qu'il fût vaincu à son tour par Razin et par Phacée, roi d'Israël. Il eut alors recours à Téglath-Phalasar, roi d'Assyrie, auquel il donna tout l'or du temple de Jérusalem pour obtenir son secours. Il mourut détesté et fut privé de la sépulture des rois. C'est sous son règne qu'est mentionné pour la première fois le cadran solaire.

ACHÉENNE (Ligue). Après avoir été, comme tout le reste de la Grèce, subjugués par les rois de Macédoine, les Achéens secouèrent le joug en 280 av. J.-C. et reconstituèrent la confédération qu'ils avaient formée dès les temps les plus anciens (V. ACHAÏE). Cette nouvelle confédération, connue sous le nom de Ligue achéenne, avait à sa tête un stratège (général), élu par tous les habitants. Elle admit dans son sein les principales villes du Péloponèse, fonda Mégalopolis, dont elle fit sa capitale, et conserva son indépendance pendant 138 ans. Elle dut principalement ses succès aux talents d'Aratus et de Philopémen. Elle combattit longtemps contre les Macédoniens et les Romains pour la liberté de la Grèce ; mais battue à Scarphée par Métellus, et à Leucopétra par Mummius, elle fut anéantie peu après la prise de Corinthe, 146 av. J.-C.

ACHÉENS, Achæi. V. ACHAÏE et ACHÉENNE (Ligue).

ACHÉLOUS, Aspropotamo, riv. de l'anc. Grèce, séparait l'Acarnanie de l'Étolie et se jetait dans la mer Ionienne. C'est sur ses bords que la Fable place la mort du centaure Nessus.

ACHÉLOUS, dieu du fleuve de ce nom et père des Sirènes. Épris des charmes de Déjanire, il osa la disputer à Hercule : vaincu dans une première lutte, il revint au combat sous la forme d'un serpent, et ensuite sous celle d'un taureau : mais il ne fut pas plus heureux cette fois, et il céda le champ à son redoutable adversaire. Selon quelques mythologues, c'est d'une des cornes qu'Hercule lui arracha que fut formée la Corne d'abondance.

ACHEM, État formé dans la partie N. O. de Sumatra, occupait au XVIe siècle la moitié de l'île, mais est à peu près réduit auj. à la capitale, qui porte le même nom, et à ses environs immédiats. Les Achémois sont mahométans. — La v. d'ACHEM, située à la pointe N. O. de Sumatra, a 8 000 maisons, bâties sur pilotis. Fonderie de canons. Grand commerce. Aux environs, mines d'or et d'argent.

ACHÉMÉNES, est considéré comme le chef d'une famille puissante de la tribu des Pasargades qui régna en Perse, et dont descendaient Darius et Cyrus. Ses descendants furent appelés de lui Achéménides. On le croit le même que le Dchemchid ou Djemchid du Zend-Avesta, dont le nom aurait été défiguré par les Grecs. Chez les poëtes Achéménie et Perse sont souvent synonymes.

ACHÉMÉNIDES, descendants d'Achémènes.

ACHEN, petite riv. d'Allemagne, passe du Tyrol en Bavière et se jette dans le lac de Chient, après un cours de 55 kil. — Riv. d'Autriche qui, jointe au ruisseau d'Ober-Salz, donne naissance à la Salza. Elle se précipite dans le gouffre de Tauern de plus de 660 m de haut.

ACHENWALL (Gottlieb), créateur de la statistique, né en 1719 à Elbing, en Prusse, mort à Gœttingue en 1772, professa, d'abord à Marbourg, puis à Gœttingue, l'histoire et le droit de la nature et des gens. Il a publié la Constitution des royaumes et États de l'Europe (1748). C'est lui qui créa le nom de statistique aussi bien que la chose.

ACHÉRON, nom commun à deux riv., l'une, en Épire, passe à Pandasïe, reçoit le Cocyte et tombe dans la mer Ionienne au Glykys Limen ; l'autre, dans l'Italie méridionale, baigne une autre Pandosie et tombe dans le golfe Térinéen (auj. de Ste-Euphémie) ; c'est le Crisaora actuel. — Les poëtes ont fait de l'Achéron un fleuve des enfers ; quelquefois ils désignent par ce nom l'enfer même. V. acherusia.

ACHERUSIA palus, c'est-à-dire marais achérontique, nom donné : 1° à des marais formés sur le bord de l'Achéron d'Épire, vers son embouchure ; 2° à un lac d'Égypte au S. de Memphis. Dans une île de ce lac était une nécropole où les morts n'étaient admis qu'après des formalités qui simulaient une épreuve judiciaire. De là les tables sur le jugement rendu aux enfers, sur les fleuves infernaux, sur le nautonnier Charon, qui n'est que l'Achéron personnifié, fables qui toutes sont d'origine égyptienne. — On donnait aussi le nom d’Acherusia palus au lac Fusaro actuel, situé dans la Campanie.

ACHÉRY (dom Luc d'), savant Bénédictin de la congrégation de St-Maur, né à St-Quentin en 1609, mort à Paris en 1685, rechercha avec le plus grand soin les pièces inédites qui pouvaient intéresser l'histoire ecclésiastique, et en publia un grand nombre. La plus importante de ses publications est Veterum aliquot scriptorum qui in Galliæ bibliothecis, maximæ Benedictinorum, latuerant, Spicilegium, 13 vol. in-4, Paris, 1653-1677 ; réimprimés en 1723, 3 vol. in-fol., précieux recueil qui contient une foule de diplômes, de chartes d'actes de conciles, etc.

ACHEUX, ch.-l. de c. (Somme), à 19 kil. S. E. de Doulens ; 803 hab.

ACHILLAS, ministre et général de Ptolémée-Denys, roi d'Égypte, conseilla à ce prince de faire périr Pompée, et fit lui-même exécuter ce meurtre par l'eunuque Pothin. Il n'en fut pas moins mis à mort par César (48 av. J.-C.), qui l'avait battu et pris dans la guerre d'Alexandrie.

ACHILLE, fils de Thétis et de Pélée, roi de la Phthiotide, le plus brave des héros qui se signalèrent au siège de Troie. A sa naissance, Thétis le plongea dans le Styx, ce qui le rendit invulnérable dans toutes les parties du corps, excepté au talon par où elle le tenait. Il fut élevé par le centaure Chiron, qui lui donna l'éducation la plus mâle, et l'instruisit dans les sciences de son temps, et par Phoenix, qui le forma à l'éloquence et à la guerre. Lorsque les Grecs se préparaient au siège de Troie, Thétis, sachant qu'il y devait périr, l'envoya, déguisé en femme, sous le nom de Pyrrha, à la cour de Lycomède, dans l'île de Scyros ; mais Ulysse découvrit le lieu de sa retraite ; et l'ayant amené par une ruse habile à révéler son sexe et à trahir son ardeur martiale, il le conduisit au siège de Troie. Achille ne tarda pas à s'y distinguer par les plus grands exploits ; mais Agamemnon lui ayant ravi Briséis, jeune captive qu'il chérissait, le héros, irrité de cet affront, se retira dans sa tente et ne voulut plus combattre, laissant les Grecs exposés aux coups des Troyens. Cependant, à la nouvelle de la mort de Patrocle, son ami, tué par Hector, il reprit les armes pour le venger. Il tua Hector, et, dans sa fureur, traîna trois fois son corps autour des murs de Troie, attaché par les pieds à son char. Dans la 10e année de la guerre, Achille allait, pendant une trêve, épouser Polyxène, fille de Priam, quand Paris le blessa mortellement d'un coup de flèche au talon. Homère le fait expirer sur le champ de bataille (Odyssée, ch. xxiv, v. 36). Pendant son séjour à la cour de Lycomède, Achille avait épousé secrètement Déidamie, fille du roi, et en avait eu un fils Pyrrhus ou Neoptolème. On racontait des merveilles des armes d'Achille : on disait que sa lance avait le pouvoir de guérir les blessures qu'elle avait faites (V. TÉLÈPHE), ce qui pourrait signifier que le héros savait guérir les blessures aussi bien qu'il savait les faire : il avait en effet appris du centaure Chiron l'art de guérir. La colère d'Achille après l'enlèvement de Briséis et ses funestes effets sont le sujet de l’Iliade. En outre Achille est le héros de l’Achilléide de Stace, imitée dans l’Achille à Scyros de Luce de Lancival. Il est le principal personnage de l’Iphigénie de Racine.

ACHILLE (île d’), Achillis insula. V. LEUCÉ.

ACHILLÉE, gouverneur d’Égypte, se révolta sous Dioclétien, en 291, usurpa la pourpre dans Alexandrie, fut pris et mis à mort dans cette ville même, en 296. - Un autre Achillée, parent de Zénobie, se fit proclamer empereur en Syrie, sous Aurélien, mais fut bientôt obligé à se soumettre.

ACHILLES TATIUS, écrivain grec d’Alexandrie, au IIIe siècle, embrassa le christianisme sur la fin de sa vie et devint évêque. Outre divers traités scientifiques (sur la sphère, la tactique, etc.), il a composé, les Amours de Clitophon et de Leucippe, un des meilleurs romans que nous ait laissés l’antiquité. Cet ouvrage été publié avec trad. latine par Fr. Jacobs, Leipsick, 1821, réimprimé en 1856 dans les Erotici scriptores de la coll. gr. lat. Didot, et trad. plusieurs fois en français, notamment par Clément, de Dijon, 1800, et par M. Zévort, Paris, 1857.

ACHILLES STATIUS, savant portugais. V. ESTAÇO.

ACHILLINI (Alexandre), philosophe et anatomiste, né à Bologne en 1463, mort en 1512, enseigna à Bologne et à Padoue avec tant d’éclat qu’on le surnomma le second Aristote. Il suivait les opinions d’Averrhoès. On a de lui un traité De universalibus, Bologne, 1501, in-fol., et des ouvrages estimés de médecine et d’anatomie, entre autres Anatomicæ annotationes, Bologne, 1520. Il est un des premiers qui aient disséqué des corps humains. - Son frère, Jean-Philothée Achillini (1466-1538), et un de ses descendants, Claude Achillini (1574-1640), se distinguèrent comme poètes. Ce dernier, imitateur de Marini, était fort goûté en France.

ACHMET I, sultan ottoman, fils de Mahomet III, monta sur le trône en 1603, à 15 ans, et mourut en 1617, à 29. Il soumit l’Anatolie et obtint quelques avantages sur l’empereur Rodolphe II, auquel il accorda la paix ; mais il combattit sans succès Abbas, sophi de Perse.

ACHMET II, fils du sultan Ibrahim et frère de Soliman III, fut tiré du sérail à 46 ans, par le vizir Kiuperli, pour être placé sur le trône, et régna 4 ans (1691-1695). Son règne fut très-malheureux : il perdit la bataille de Salankémen contre les Impériaux (1691), et se laissa enlever par les Vénitiens la capitale de l’île de Chio.

ACHMET III, fils de Mahomet IV, succéda en 1 703 à Mustapha II, son frère, qui venait d’être déposé par les janissaires. Il donna un asile à Charles XII, après la défaite de Pultawa, battit Pierre le Grand sur le Pruth (1711), et conquit la Morée sur les Vénitiens ; mais il fut vaincu par les Impériaux à Péterwaradin, 1716, perdit Belgrade, et fut forcé de signer en 1718 avec l’Empire la paix de Passarowitz. Il fut déposé par les janissaires en 1730, et mourut, six ans après, dans sa prison, à 74 ans.

ACHMET-GHIÉDICK ou ACOMAT. V. ce nom.

ACHMOUNEIN, Hermopolis magna, v. de Haute-Égypte, à 23 kil. de Minyeh ; 5 000 hab. Ruines magnifiques.

ACHNAGAR, v. de l’Afghanistan, à 72 kil. N. O. d’Attock. Autrefois florissante, mais bien déchue.

ACHOUR, vge de Nubie, sur le Nil, rive dr., au-dessous de Chandy. C’est près de là qu’était la fameuse Méroé. Belles ruines, découvertes en 1821.

ACHRAF, v. de Perse (Mazenderan), à 2 kil. de la mer Caspienne et à 200 kil. N. E. de Téhéran. ; 12 ou 15 000 hab. Ville très-déchue. Restes d’un magnifique palais d’Abbas le Grand, qui voulut y établir sa résidence et les chantiers de sa marine.

ACIDALIE, fontaine de Béotie, près d’Orchomène, était consacrée à Vénus et aux Grâces.

ACIDALIUS (Valens), commentateur, né en 1567, à Wittstock (Brandebourg), mort en 1595, à 28 ans, donna une édit. de Vell. Paterculus, 1590 ; des Commentaires sur Quinte-Curce, 1594, et préparait d’autres travaux lorsqu’il fut enlevé aux lettres. On imprima après sa mort ses Notes sur Plaute, 1595, sur les Panégyriques anciens, 1607. Il a aussi laissé des poésies latines, mais elles sont fort médiocres.

ACILIUS, famille plébéienne de Rome, dont les membres les plus connus, sont : A. GLABRIO, consul en 191 av. J.-C., avec P. Scipion Nasica : il remporta sur Antiochus, roi de Syrie, la bataille des Thermopyles, et soumit l’Étolie ; et M. A. GLABRIO, consul en 70 av. J.-C., qui porta une loi de repetundis pecuniis contre les concussionnaires.

ACININCUM, v. de Basse-Pannonie, située près de la v. actuelle de Salankémen.

ACINCUM, v. de Basse-Pannonie, est auj. Bude.

ACI-REALE, Acis, v. de Sicile, à 17 kil. N. E. de Catane, à l’embouchure de l’Aci, est bâtie sur des masses de basalte ; 15 000 hab : Évêché. Port, prison d’État. Air malsain. Source minérale. C’est près d’Acis que la Fable place l’antre de Polyphème et la grotte de Galatée.

ACIRIS, auj. l’Agri, petite riv. de l’Italie ancienne, coule sur les limites de l’Apulie et du Brutium et tombe dans le golfe de Tarente.

ACIS, berger de Sicile, fils de Faune, fut aimé de la nymphe Galatée. V. ce nom.

ACIS, v. et riv. de Sicile. V. ACI REALE.

ACKERMANN. V. AKKERMANN.

ACOLHUACANS, peuple qui domina au Mexique avant les Aztèques, notamment à Tezcuco.

ACOMAT (corruption d’Achmet), surnommé Ghiédik, c’est-à-dire Brèche-dent, grand-vizir de Mahomet II, et l’un des plus grands guerriers de l’empire ottoman, enleva la Crimée aux Génois, fit une descente dans la Pouille, et repoussa les Persans. Il rendit également les plus grands services à Bajazet, fils de Mahomet ; mais, ayant blâmé un traité honteux conclu avec les chevaliers de Rhodes, il excita la colère de ce prince, qui le fit lâchement étrangler (1482). - Un autre Acomat était d’abord chrétien sous le nom d’Étienne et avait pour père un prince d’Esclavonie. Désespéré de se voir enlever sa fiancée par son propre père, il se retira en Turquie, s’y fit musulman, quitta son nom, devint gendre et grand-vizir de Bajazet II. Il accompagna ce prince en Morée contre les Vénitiens, mais il fit obtenir la paix à ceux-ci et se montra toujours favorable aux Chrétiens. C’est lui qui fit permettre par le sultan à Jean Lascaris de fouiller les bibliothèques de la Grèce. Il mourut vers 1515.

ACONCAGUA, prov. du Chili, entre les Andes à l’E., les prov. de Coquimbo au N. et à l’O., de Santiago au S., eut longtemps pour capit. Aconcagua. v. située à 145 kil. N. E. de Santiago, qui a été, depuis remplacée par San-Felipe-el-Réal. On trouve dans cette prov. un pic volcanique qui a 7 300 m de haut, et des mines de cuivre et d’argent. - Riv. de cette prov., sort des Andes et tombe dans le Grand Océan à 30 kil. O. de Quillota.

AÇORES, Accipitrum insulæ, îles de l’Atlantique, à 1300 kil. des côtes du Portugal, par 38° 38’lat. N. 29° 32’long. O., appartiennent au Portugal et forment un gouv. qui a pour capit. Angra. Elles sont au nombre de 9 : Santa-Maria, San-Miguel, Terceira, Graciosa, San-Jorge, Pico, Fayal, Flores, Corvo ; 250 000 hab. Très-fertiles en céréales, fruits ; vins fameux. Phénomènes volcaniques fréquents, - notamment un terrible tremblement de terre en 1591 ; volcan sous-marin de San-Miguel ; fontaines bouillantes. — Inconnues aux anciens, ces îles furent découvertes par les Portugais : la première en 1432, la dernière vers 1446. Leur nom vient du portugais açor, milan, à cause du grand nombre de milans qu’on y trouva en abordant.

ACOSTA (Joseph), Jésuite espagnol né vers 1539, à Medina del Campo, devint provincial de son ordre au Pérou, et mourut en Espagne l’an 1600, recteur de Salamanque. On a de lui une Histoire naturelle et morale des Indes, en espagnol, Séville, 1590, trad. en français, par Rigault Cauxois, dès 1598 ; De la nature du Nouveau-Monde, 1589, en lat., et divers ouvrages théologiques.

ACOSTA (Urgel), Portugais né à la fin du XVe siècle à Oporto, d’une famille juive, convertie au Catholicisme, fut d’abord catholique zélé, puis embrassa le Judaïsme, se réfugia en Hollande pour échapper aux poursuites, tomba enfin dans l’incrédulité, eut par suite de violents démêlés avec les Juifs et les Catholiques d’Amsterdam, et mit fin à ses jours, dans un violent accès de désespoir, en 1640, ou selon d’autres, en 1647. Peu avant de mourir, il avait composé une histoire de sa propre vie sous le titre d’Exemplar vitæ humanæ, publiée par Limborch, Amsterdam, 1687.

ACQUAPENDENTE, Acula v. de l’État romain, à 22 kil. O. d’Orviéto ; 8000 hab. Évêché. La ville est bâtie en lave. Patrie de Jérôme Fabrice.

ACQUAVIVA, famille illustre du roy. de Naples, dont les membres les plus connus sont André-Mathieu d’Acquaviva, duc d’Atri, prince de Téramo, né vers 1456, mort à Naples en 1528, qui protégea les savants et cultiva lui-même les lettres avec succès ; — Bélisaire d’Acquaviva, son frère, auteur d’un traité De Venatione et Aucupio, Bâle, 1518 ; — Claude d’Acquaviva, général des Jésuites, né en 1542, mort en 1615, qui fit dresser l’ordonnance dite Ratio studiorum, Rome 1586, par laquelle il régla les études dans son ordre. Il défendit aux Jésuites toute discussion sur la question du tyrannicide.

ACQUI, Aquæ Statiellæ, v. des États sardes, de l’intendance d’Acqui, sur la Bormida, à 25 kil. S. O. d’Alexandrie. Évêché, eaux thermales, 8000 hab. Les Français y battirent les Autrichiens et les Piémontais en 1794.

ACRAGAS, nom grec d’Agrigente.

ACRE ou SAINT-JEAN D’ACRE, Acco puis Ptolémaïs, v. de Syrie, ch.-l. du pachalik d’Acre, sur la mer, au pied du m. Carmel, à 120 kil. N. O. de Jérusalem ; environ 20 000 hab. Port célèbre jadis, auj. comblé (les navires mouillent à Calfa). Fortifications anciennes, auxquelles l’on a ajouté des ouvrages modernes qui rendent la place très-forte. Ruines de monuments antiques ; quelques beaux édifices modernes, surtout le bain public. — Cette ville soutint plusieurs siéger mémorables pendant les Croisades : les Chrétiens la prirent en 1014, la perdirent peu après, mais la reprirent en 1191 et lui donnèrent le nom de St-Jean d’Acre ; les Sarrasins la leur enlevèrent en 1291. Elle appartient aux Turcs depuis le XVe siècle. Au XVIIIe siècle, Dhaher, puis Djezzar, s’y rendirent quelque temps indépendants. Elle fut inutilement assiégée par Bonaparte en 1799. Enlevée en 1832 au sultan par le pacha d’Égypte, elle fut bombardée en 1840 par les Anglais, qui la rendirent au sultan. — Le pachalik est entre ceux de Tripoli au N., de Damas à l’E. et au S. Épaisses forêts ; pays fertile.

ACRISIUS, roi d’Argos, arrière-petit fils de Danaüs, devint père de Danaé et fut tué par son petit-fils Persée, qui ne le connaissait pas. V. PERSÉE.

ACROCÉRAUNIENS (MONTS), auj. monts Della Chimera ou Khimarioli, chaîne de montagnes de l’Épire, au N. O., près des côtes, ainsi nommée parce que ses sommets fort élevés étaient souvent frappés de la foudre (leur nom est formé des mots grecs acron, cime, et ceraunios, exposé à la foudre).

ACROCORINTHE, (du grec acros, haut), citadelle de Corinthe, bâtie sur un pic qui domine la ville.

ACRON, roi des Céniniens, fit la guerre à Rome naissante ( 748 av. J,-C.). Romulus le battit, le tua de sa propre main et remporta ainsi sur lui les premières dépouilles opimes.

ACRON (Hélénius), scoliaste latin de la fin du IVe siècle, a laissé un Commentaire sur Horace, publié à Milan en 1474, et à Leipsick 1859, par Hauthol, et reproduit dans plusieurs éd. d’Horace. On lui attribue aussi un Commentaire sur des Adelphes de Térence, dont des fragments ont été conservés par Charisius, et un Commentaire sur la Perse, publié sous le nom de Cornutus.

ACROPOLE (du grec acros, haut, et polis, ville), se disait chez les Grecs des citadelles placées ordinairement au sommet d’une ville, notamment de la citadelle d’Athènes : c’est dans celle-ci que se trouvaient les Propylées et le Parthénon.

ACROPOLITE (George), né à Constantinople en 1220, mort en 1282, fut grand logothète sous les empereurs Théodore Lascaris et Michel Paléologue. Il tenta de réunir les Églises grecque et latine et même abjura le schisme au concile de Lyon en 1264, mais il fut désapprouvé par son maître. Il est auteur d’une Chronique de l’empire grec, qui va depuis la prise de Constantinople par les Latins jusqu’à la reprise de cette ville par Michel Paléologue (1204-1261), et qui fait partie de la Byzantine.

ACTA DIURNA. On appelait ainsi à Rome un recueil officiel qui contenait le sommaire des événements quotidiens : actes et délibérations du Sénat et du peuple, exécutions capitales, naissances, mariages, divorces, funérailles des personnes illustres, annonce des jeux publics. Ce recueil fut établi vers l’an 131 av. J.-C. J. César en assura la publication.

ACTE DE NAVIGATION, DU TEST, D’UNION, etc. V. NAVIGATION, etc.

ACTÉON, de Thèbes, grand chasseur, fils d’Aristée et d’Autonoé, ayant jeté des yeux indiscrets sur Diane au moment où elle se baignait, fut changé par la déesse en cerf et périt déchiré par ses chiens.

ACTES DES APÔTRES, livre du Nouveau Testament, écrit en grec par S. Luc, contient l’histoire du Christianisme depuis l’ascension de J.-C., l’an 33, jusqu’à l’arrivée de S. Paul à Rome, 63. — Titre d’un journal royaliste. V. PELTIER, CHAMPCENETZ.

ACTIUM, Azio, Punta della Civola, v. et cap d’Acarnanie, à l’O. d’Anactorium et à l’entrée du golfe d’Ambracie, est célèbre par la victoire navale qu’Octave y remporta sur Antoine, le 2 septembre de l’an 31 av. J.-C. (723 de Rome), et qui mit fin à la république romaine. En mémoire de cette bataille, Octave bâtit la ville de Nicopolis en face d’Actium releva le temple d’Apollon actiaque et renouvela les Jeux actiaques, en les transférant à Rome : ces jeux, composés d’exercices gymnastiques, de combats équestres et de concerts, se célébraient tous les 5 ans. La victoire d’Actium devint le point de départ d’une ère particulière, dite Ère actiaque.

ACTIUS. V. ACCIUS.

ACTON (Joseph), premier ministre du roi de Naples, était né en 1737, à Besançon, où son père, médecin irlandais, était venu s’établir. Après avoir servi quelque temps dans la marine française, il prit successivement du service en Toscane et à Naples. Dans ce dernier roy., il sut par ses intrigues se concilier la faveur de la reine Caroline, qui le fit ministre de la marine, des finances et enfin premier ministre (1785). Il chercha en toute occasion à nuire aux Français. Après plusieurs vicissitudes, il fut renvoyé du ministère en 1803, sur la demande de la France, et se retira en Sicile, où il mourut en 1808, méprisé et détesté de tous les partis.

ACTUARIUS (Jean), médecin grec, qui vivait vers le XIIe ou le XIVe siècle après J.-C., a laissé d’utiles compilations : De actionibus et alectibus spiritus animalis, où il traite de l’hygiène ; Methodus medendi ; De urinis, etc. Ses Œuvres ont été publ. en 1556, à Paris, grec.-lat. Actuarius est le premier qui ait fait usage de la manne, de la casse et du séné, comme purgatifs. — Le nom d’actuarius désignait originairement l’office du secrétaire chargé à Rome, puis à Constantinople, de recueillir les discours des orateurs ; il n’était souvent qu’honorifique.

ACUNHA, noble famille portugaise, dont une branche s’établit en Castille en 1397, a fourni aux deux pays plusieurs hommes célèbres :
Tristan d'Acunha, capitaine portugais, fut envoyé, en 1506, par le roi Emmanuel dans l'Inde, au secours de François d'Almeida ; visita Madagascar, découvrit les îles qui ont gardé son nom ; transporta dans l'Inde en 1508 le vice-roi Albuquerque, et se signala dans cette contrée par son courage. Il fut, en 1514, ambassadeur à Rome.

Don Ant. Osorio d'Acunha, évêque de Zamora sous Ferdinand le Catholique, entra dans la Sainte-Ligue qui disputait le trône à Charles-Quint et soutenait les droits de Jeanne la Folle, forma un régiment de prêtres et combattit à leur tête avec acharnement. Après la défaite du chef de la ligue, Jean de Padilla (1522), il fut pris et mis à mort par ordre de Charles-Quint.

Fernand d'Acunha, né à Madrid, mort en 1580, se distingua à la cour de Charles-Quint comme militaire et comme poète. Il traduisit avec succès le Chevalier délibéré, d'Olivier de La Marche.

Christophe d'Acunha, missionnaire espagnol de la Société de Jésus, parcourut le Pérou et le Chili, et publia, à son retour, en 1641, une Relation de la découverte de la rivière des Amazones.

Don Rodrigue d'Acunha, archevêque de Lisbonne, fut un des chefs de la conspiration qui arracha le Portugal à l'Espagne et plaça le duc de Bragance sur le trône (1640). Il prêta au nouveau roi serment de fidélité au nom du clergé et fut provisoirement chargé du gouvernement.

Don Alph. Carillo d'Acunha, archevêque de Tolède, ministre de Henri IV de Castille. Disgracié pour s'être vendu au roi d'Aragon, il s'arma contre son souverain, lui suscita plusieurs compétiteurs, et lui livra, sous les murs de Medina-del-Campo, une bataille dont le succès resta incertain (1467). Il contribua puissamment à faire placer sur le trône Isabelle, sœur de Henri, et devint tout-puissant à l'avénement de cette princesse. Mais bientôt, jaloux du crédit du cardinal Mendoza, il se révolta de nouveau. Il fut enfin forcé de se soumettre en 1478. Isabelle lui fit grâce ; mais il dut rendre ses forteresses. Il se retira dans un monastère, où il mourut en 1482.

ACUNHA (îles de tristan d'), groupe de l'océan Atlantique, par 13° 4' long. O., 37° 5' lat. S. La principale, Tristan d'Acunha proprement dite, a 40 kil. de tour, dont env. 100 hectares en culture, offre de bonne eau, et est remarquable par son pic élevé (environ 2400m). Elle est habitée depuis 1816 par quelques Anglais. Ces îles furent découvertes, en 1506, par le Portugais Tristan d'Acunha.

ACUSILAUS, historien grec antérieur à la guerre médique, a écrit une chronologie des rois d'Argos dont il ne reste que quelques fragments, recueillis par Guill. Sturz, Géra, 1798, in-8, et compris dans les Fragmenta histor. græc. de Didot, 1841.

AD, suivi d'autres mots comme ad vicesimum, ad horrea, pour dire auprès de. V. le mot qui suit.

ADAD, nom de plusieurs rois d'Idumée et de Syrie, qui furent en guerre avec les Juifs : l'un d'eux fut tué par David ; un autre assiégea Achab dans Samarie puis défit ce prince (V. ACHAB) ; un troisième, plus connu sous le nom de Ben-Adad, combattit Joram. V. BEN-ADAD.

ADAD-REMMON, v. de Judée, dans la tribu de Manassé, au N. O. de Samarie. Néchao, roi d'Égypte, y vainquit Josias roi de Judée, vers 608 av. J.-C. Sous l'Empire, cette ville prit le nom de Maximianopolis, en l'honneur de l'empereur Maximien.

ADALBÉRON, archevêque de Reims et grand chancelier de France sous Lothaire, Louis V, Hugues Capet, sacra ce dernier. Il fut l’un des plus savants prélats de son siècle et fit fleurir les écoles de Reims. On trouve plusieurs de ses lettres parmi celles de Gerbert, son successeur.

ADALBÉRON (Ascelin), évêque de Laon en 977, né en Lorraine, mort en 1030 remit entre les mains de Hugues Capet le duc de Lorraine, Charles, son compétiteur au trône, et l'archevêque de Reims, Arnould. On a de lui un poëme satirique sur l'état du royaume, dédié au roi Robert (dans le Xe vol. des Historiens de France).

ADALBERT, nom de 3 princes qui régnèrent en Toscane sous le titre de ducs, le 1er de 845 à 890, le 2e de 890 à 917, le 3e de 1001 à 1014.

ADALBERT, fils de Bérenger II, fut associé au trône d'Italie par son père en 950, et fut chassé de ses États par l'empereur Othon I, en 961.

ADALBERT (S.), évêque de Prague, l'apôtre des Prussiens, prêcha la religion en Bohême, en Hongrie et en Prusse, et périt martyr en 997, à 58 ans. On le fête le 29 avril.

ADALBERT, archevêque de Brême et de Hambourg au XIe siècle, exerça une grande influence sur les souverains de son temps, et fut un instant régent de l'empire pendant la minorité de Henri IV. Il mourut à Goslar en 1072.

ADALGISE. V. ADELGISE.

ADAM, le premier homme, père du genre humain. Dieu le créa le dernier jour de la création, le forma à sa ressemblance, lui donna Eve pour épouse, et les plaça tous deux dans le jardin d’Éden, mais leur désobéissance les en fit chasser. Adam vécut 930 ans et fut père d'Abel, Caïn, Seth.

ADAM DE BRÊME, chanoine à Brême du temps de l'archevêque Adalbert, a écrit, vers 1067, en latin, une Histoire des églises de Hambourg, de Brême, etc., de 788 à 1072, ouvrage précieux pour l'histoire de la propagation du Christianisme, publ. à Helmstaedt, 1678, et une Géographie de la Scandinavie (De situ Daniæ), Leyde, 1629.

ADAM DE LA HALLE, le Bossu d'Arras, trouvère du XIIIe siècle, né vers 1240 à Arras, suivit à Naples Robert II, comte d'Artois en 1282, et y mourut en 1286. Il composa pour les divertissements de la cour de Naples le Jeu de Robinet de Marion, comédie pastorale avec ariettes qui eut un grand succès. On a de lui le Roi de Sicile, poëme composé à la gloire de Charles d'Anjou, et publié par Buchon (Chroniques nationales), et quelques Jeux, ébauches de comédies, publiés par M. de Monmerqué dans son Théâtre franç. du moyen âge : on y remarque surtout le Jeu du mariage. On compte Adam de La Halle parmi les créateurs du théâtre en France.

ADAM BILLAUT, connu sous le nom de maître Adam, menuisier de Nevers, mort dans cette ville en 1662, est célèbre par des poésies qui brillent peu par l'élégance, mais qui sont pleines de verve et d'originalité. Il excellait surtout dans la chanson bachique. Il fut pensionné par le cardinal de Richelieu et par le duc d'Orléans. Adam partagea ses poésies en trois recueils qu'il appela, par allusion à son métier, les Chevilles, le Vilbrequin et le Rabot. Il jouit d'une grande vogue de son vivant, et fut surnommé le Virgile au rabot. M. Tissot a donné ses œuvres choisies, 1800, M. F. Denis ses œuvres compl. 1842, gr. 8°.

ADAM (Lambert-Sigisbert), sculpteur, né à Nancy, en 1706, mort en 1759, exécuta avec son frère, Nicolas-Sébastien (1705-1778), plusieurs des plus beaux sujets qui ornent nos parcs publics, entre autres, la Seine et la Marne, à St-Cloud, Neptune et Amphitrite, à Versailles. Lambert Adam publia, en 1754, un Recueil de sculptures antiques.

ADAM (Alexandre), savant écossais, né dans le comté de Murray en 1741, mort en 1809, fut longtemps recteur de la principale école d'Édimbourg. Il est auteur des Principes de grammaire anglaise et latine, souvent réimprimés ; des Antiquités romaines, 1791, in-8 ouvrage estimé, trad. en français par Laubépin, Paris, 1818, 2 vol. in-8 ; d'une petite Biographie classique, 1802, in-8, etc.

ADAM (Adolphe), compositeur, né à Paris en 1803, mort en 1856, avait pour père un habile pianiste alsacien, Louis Adam (1760-1848), qui devint professeur au Conservatoire de Paris, et à qui l’on doit une excellente méthode de piano. Ad. Adam reçut, avec les leçons de son père, celles de Boieldieu, se fit de bonne heure remarquer par la facilité de ses improvisations et obtint en 1825 le 2e grand prix de l'Institut. Doué d'une merveilleuse fécondité, il composa le plus souvent pour l'Opéra-Comique et en collaboration avec Saint-Georges ou Scribe, un grand nombre de pièces charmantes, entre autres : le Chalet (1814), le Postillon de Lonjumeau (1836), le Fidèle Berger (1837), Gisèle, ballet délicieux (1841), le roi d'Yvetot (1842), le Toréador (1849), Giralda (1850), le Corsaire (1856), ballet, le dernier de ses ouvrages et l'un des meilleurs. Élu en 1844 membre de l'Académie des Beaux-Arts, il fut nommé en 1848 professeur de composition au Conservatoire. Adam avait créé en 1846 le Théâtre lyrique, pour lequel il composa plusieurs jolies pièces (le Bijou perdu, Si j'étais roi, etc.) ; mais les événements de 1848 étant venus interrompre le succès de cette entreprise, il éprouva des pertes ruineuses, et dut, pour les réparer, s'imposer de pénibles sacrifices et des travaux excessifs qui abrégèrent sa vie. Comme compositeur, Adam se distingue par une musique fraîche, gracieuse, correcte et facile. Il possédait au plus haut degré l'entente de la scène lyrique, et excellait dans la disposition des voix.

ADAM (pic d'). V. hamazel.

ADAMA, une des v. de la Pentapole de Palestine, fut détruite avec Sodome par le feu du ciel.

ADAMS (John), 2e président des États-Unis, né en 1735 dans le Massachussets, mort en 1826, exerçait la profession de jurisconsulte quand éclata la révolution américaine. Envoyé au congrès par l'État de Massachussets en 1774, il prit une grande part à la résolution de 1776 qui déclarait l'indépendance. Il vint à Paris avec Franklin pour demander des secours, mais il s'accorda peu avec lui. De retour en Amérique, il contribua puissamment à faire adopter la constitution fédéraliste de 1787, remplit les fonctions de vice-président pendant la présidence de Washington, et fut lui-même nommé président en 1797. A l'expiration de ses fonctions, il se retira des affaires et alla habiter son domaine de Quincy, près de Boston. Professant des opinions fort modérées, il eut pour adversaires les démocrates ardents. — Son fils, John Quincy Adams, né en 1767, mort en 1848. fut président de 1825 à 1829 ; il soutint comme lui le parti fédéraliste et se montra chaud partisan de l'abolition de la traite des nègres.

ADAMS. Beaucoup de v. et de comtés des États-Unis ont reçu ce nom en l'honneur des deux présidents John et Quincy Adams, entre autres une v. du Massachussets, à 200 kil. O. N. O. de Boston, remarquable par un pont naturel en marbre blanc ; 6172 hab.

ADANA, Adana, Batnæ, v. de la Turquie d'Asie, ch.-l. de l'eyalet de ce nom, sur la riv. d'Adana (Saros), à 25 kil. de la mer ; environ 20000 hab. Aqueduc. ruines (pont construit sous Justinien), commerce actif. Climat malsain en été : aussi les riches vont-ils dans cette saison habiter la campagne montueuse et boisée des environs. — L'eyalet d'Adana est borné au S. par la Méditerranée, au N. par l'eyalet de Konieh, à l'O. par celui de Selefkeh. La possession de ce district a donné lieu, en 1833, à de violents démêlés entre la Porte et le pacha d'Égypte.

ADANSON (Michel), naturaliste, né en 1727, à Aix en Provence, d'une famille d'origine écossaise, mort en 1806, montra de bonne heure une vive passion pour l'histoire naturelle, entreprit dès l'âge de 21 ans de visiter le Sénégal, pays qui n'avait pas encore été exploré, resta 5 ans sous ce climat brûlant et malsain, et en rapporta des richesses immenses en observations de toute espèce. Il se proposait de publier une description complète du pays, mais il n'a pu exécuter qu'une partie de ce grand travail ; elle a paru en 1757, sous ce titre : Histoire naturelle du Sénégal (Coquillages), avec la relation abrégée d'un voyage fait en ce pays pendant les ann. 1749-1753, 1 vol. in-4. Il entra en 1759 à l'Académie des Sciences et fut dans la même année nommé censeur royal. Il publia en 1763 ses Familles des Plantes, 2 vol. in-8, ouvrage où il proposait une nouvelle classification et une nouvelle nomenclature, mais qui n'eut pas tout le succès qu'il méritait. En 1775 il soumit à l'Académie le plan d'une vaste encyclopédie, dans laquelle tous les êtres et tous les faits devaient être classés d'après des principes nouveaux ; il voulait exécuter à lui seul cet immense travail, et déjà il en avait fait une bonne partie, mais, son projet n'ayant pas reçu de grands encouragements, il n'acheva pas l'ouvrage. Ruiné par la Révolution, Adanson obtint à la fin de sa vie une pension du Directoire. Outre les ouvrages que nous venons de citer, il a fourni à l'Académie un grand nombre de savants Mémoires, et a fait pour le Supplément de l'Encyclopédie des articles sur les plantes exotiques. Ce savant combattit les idées de Linnée : il voulait que l'on fondât les classifications, non sur un seul caractère ou sur un petit nombre, mais sur l'ensemble des parties et de leurs rapports, méthode qui depuis a prévalu. Cuvier a prononcé son Éloge à l'Institut en 1807.

ADDA, Addua, riv. de Lombardie, sort du mont Umbrail, dans les Alpes rhétiques, coule dans la Valteline, traverse les lacs de Côme et de Lecco, reçoit le Serio, arrose Bormio, Sondrio, Lecco, Lodi, et se joint au Pô, par la rive g., près de Crémone, après un cours de 240 kil. Flaminius défit les Gaulois sur les bords de l'Adda, 223 av. J.-C. ; Théodoric y défit Odoacre en 490. — Sous Napoléon, il y eut, dans le roy. d'Italie, un dép. de l'Adda (ch.-l. Soridrio), au N. de celui du Serio.

ADDISON (Joseph), écrivain anglais, né à Milston dans le Wiltshire en 1672, m. en 1719, étudia à Oxford, commença sa réputation, étant encore sur les bancs, par des poésies latines, et composa à 22 ans un poëme sur la paix de Ryswick, qui lui fit obtenir du roi Guillaume une pension de 300 livres sterling, puis voyagea en France et en Italie, et publia à son retour 1702, la relation de son voyage, ainsi que des Dialogues sur les Médailles. En 1704, il célébra la bataille de Blenheim, dans un poëme (The Campaign) qui eut beaucoup de succès. Il fut nommé en récompense commissaire des appels ; l'année suivante, il fut fait sous-secrétaire d’État, et bientôt après accompagna en Irlande, comme premier secrétaire, le marquis de Wharton, qui venait d'en être créé vice-roi. En 1709, et dans les années suivantes, il travailla, avec Steele, à la rédaction du Babillard (Tattler), du Spectateur, du Tuteur (Guardian) publications périodiques, où la littérature, la morale et la politique étaient traitées d'une manière supérieure. En 1713, il fit représenter Caton, tragédie dans le genre classique, qui eut un grand succès ; il la fit suivre en 1715 d’une comédie moins connue, le Tambour, œuvre spirituelle, mais de peu d'effet. Il rédigeait en même temps des journaux et des pamphlets politiques, tels que le Whig Examiner, le Free-Holder (le Franc-Tenancier). Après la mort de la reine Anne, il revint aux. affaires et fut élevé en 1717 au poste de secrétaire d’État ; mais il était peu propre à de telles fonctions, et il ne tarda pas à les résigner ; on lui donna en dédommagement une pension de 1500 liv. sterling. Dans sa retraite, il entreprit une Défense de la religion chrétienne, mais il ne put l'achever. Addison s'est surtout fait un nom par son élégance et par son goût : c'est lui qui contribua le plus à faire apprécier la génie de Milton, méconnu jusque-là. En politique, il était attaché au parti whig et eut de puissants protecteurs dans Montague et Halifax. Il était lié avec les plus grands écrivains de son temps, particulièrement avec Steele et Congrève. En 1716, il épousa la comtesse de Warwick, mais cette femme orgueilleuse ne le rendit pas heureux. Ses œuvres ont été publiées en 1761, Birmingham, 4 vol in-4, et en 1856, Londres, 6 vol. in-8.
Presque tous ses écrits ont été traduits en français, savoir : le Babillard, par A. de La Chapelle, 1734 ; le Spectateur, par J.-B. Moët, 1754 ; le Guardian, sous le titre de Mentor moderne, par Van-Effen, 1725 ; le Free-Holder, sous le titre de l'Anglais jaloux de sa liberté, 1727 ; le Caton, par Dubos, Guillemard, Deschamps et Dampmartin. On a imprimé à Verdun, 1777, en 3 vol., l'Esprit d'Addison ou les Beautés du Spectateur, du Babillard et du Gardien. Johnson a écrit la Vie d'Addison.

ADDUA, riv. de la Gaule cisalpine ; auj. l'ADDA.

ADEL, État de la côte orient. d'Afrique, au S.E. de l'Abyssinie, s'étend depuis le détroit de Bab-el-Mandeb jusqu'au cap Guardafui. Il était puissant aux XVIe et XVIIe siècles, et avait pour capit. Zeïlah ; il est auj. bien déchu. Commerce d'esclaves, d'ivoire, de poudre d'or. Cet état a eu beaucoup de démêlés avec les Portugais.

ADÉLAÏDE, reine et impératrice, était fille de Rodolphe II, roi de Bourgogne, qui disputait le trône d’Italie à Hugues, comte de Provence. Elle épousa Lothaire, fils de Hugues (947), qui fut dès lors reconnu roi, et elle devint ainsi le gage de la paix. Après la mort de Lothaire, Bérenger II, qui avait usurpé le trône d'Italie, voulut lui faire épouser son fils Adalbert, et, pour l'y contraindre, il l'enferma dans une tour. Elle fut délivrée par Alberto Azzo, prince de Canossa, puis en 951 offrit sa main à Othon de Saxe, à qui elle apporta des droits sur la couronne d'Italie. Régente pendant la minorité d'Othon III, son petit-fils, elle gouverna avec une grande sagesse (983-93). Elle mourut en 999, en odeur de sainteté. On l'honore le 16 déc. Épouse ou aïeule de trois souverains, cette princesse avait été surnommée la Mère des royaumes. — Une autre Ste Adélaïde, fille de Mengendose, comte de Gueldre, abbesse de Notre-Dame, à Cologne, morte en 1015, est hon. le 5 février.

Le nom d'Adélaïde a encore été porté par plusieurs princesses françaises, dont une épousa Louis le Bègue, et fut mère de Charles le Simple ; — une 2e épousa Hugues Capet, et fut mère du roi Robert ; — une 3e, qu'on nomme aussi Alix de Savoie, épousa Louis le Gros, et se remaria après la mort de ce prince au connétable Matthieu de Montmorency.

Sous le nom de Mme Adélaïde, on connaît :

1° La fille aînée de Louis XV, tante de Louis XVI, née en 1732 : elle quitta la France en 1791, pour se soustraire aux événements de la Révolution, se retira d'abord à Rome, puis à Naples, et mourut à Trieste en 1800 ;

2° la fille de Philippe d'Orléans, sœur cadette du roi Louis-Philippe, dont elle fut constamment l'amie dévouée, née en 1777, morte en 1847. Elle fut élevée avec son frère par Mme de Genlis dans des idées philosophiques, n'émigra que quand elle y fut forcée, contribua, sous la Restauration, à rallier autour de son frère les hommes les plus distingués du parti libéral, et, en 1830, à le décider à accepter la couronne. Femme de tête, elle exerçait un grand ascendant sur l'esprit de Louis-Philippe : on la surnommait son Égérie. Elle laissa une grande fortune, qu'elle légua à ses neveux.

ADÉLAÏDE. v. d'Australie, capit. de l'Australie méridionale, sur le Torrens, près de son emb. dans le golfe St-Vincent. Évêché anglican. Cette ville, fondée an 1836, a déjà près de 30 000 hab. Riches mines de cuivre aux environs.

ADÉLARD, petit-fils de Charles Martel par le comte Bernard, et cousin de Charlemagne, né en 753, m. en 827, fut abbé de Corbie, devint le principal ministre de Pépin, roi d'Italie (796), ainsi que de Bernard son fils, administra sagement, n'en fut pas moins disgracié et exilé par Louis le Débonnaire, et ne rentra en grâce qu'au bout de 7 ans. Il faisait partie de l'Académie palatine fondée par Charlemagne, et a laissé quelques écrits.

ADÉLARD DE BATH, savant anglais, de l'ordre de St-Benoît, qui vivait au commencement du XIIe siècle, voyagea pour s'instruire en France, en Espagne en Égypte, en Arabie, en Grèce, et traduisit de l’arabe plusieurs ouvrages importants de mathématiques et d'astronomie, entre autres les Éléments d'Euclide, dont on ne connaissait pas encore l’original grec. Il est aussi l'auteur de Questions naturelles, publ. en 1472, in-4.

ADÈLE ou ADÉLAÏDE. V. ADÉLAÏDE.

ADELGISE fut associé au trône en 759 par Didier son père, roi des Lombards, et épousa une sœur de Charlemagne ; ce qui n’empêcha pas ce prince de l'assiéger dans Vérone, parce qu'il avait pris parti contre lui pour Carloman, et de le dépouiller de ses États, 775. Il mourut à Constantinople vers 788, après avoir vainement tenté de les recouvrer.

ADÉLIE, terre découverte en 1840 par Dumont d'Urville, dans l'océan Antarctique, par 66° 30' lat. S., 140° long E., est couverte de glaces. Diverses observations placent près de là le pôle magnétique austral.

ADELSBERG, vge de la Carniole, à 42 kil. S. O. de Laybach ; 1400 hab. Aux env., magnifique grotte à stalactites de 2 kil. de long, offrant 3 voûtes l'une sur l'autre.

ADELUNG (Jean-Christophe), savant allemand, né en 1732, en Poméranie, mort en 1806, fut d'abord professeur au gymnase d'Erfurt (1759), se fixa ensuite à Leipsick (1761), et devint en 1787 bibliothécaire de l'électeur de Dresde, fonctions qu'il remplit jusqu'à sa mort. Ses principaux ouvrages sont : 1° Dictionnaire grammatical et critique de la langue allemande (5 vol. in-4 Leips., 1774-86, réimprimé avec corrections et additions en 4 vol., Leips., 1793-1801), ouvrage qui fut pour la langue allemande ce que sont les dictionnaires de l'Académie, de la Crusca et de Johnson pour le français, l'italien et l'anglais ; 2° Glossarium manuale ad scriptores mediæ et infimæ latinitatis (6 vol. in-8, Halle, 1772), abrégé de l'ouvrage de Ducange ; 3° Histoire des folies humaines, Leips., 1785 ; 4° Tableau de toutes les sciences, des arts et métiers, etc. (4 part., Leips., 1778-88), encyclopédie très-substantielle ; 5° Histoire de la civilisation, Leips., 1782-88 ; 6° Histoire de la philosophie, 3 vol. in-8. Leips., 1786 ; 7° La plus ancienne histoire des Teutons, in-8, Leips., 1806 ; 8° Mithridates, ou Tableau universel des langues, avec le Pater en 500 langues, Berlin, 1806, in-8. Il ne put achever ce dernier ouvrage, celui de tous ses travaux qui a le plus contribué à le faire connaître hors de son pays : il n'en a publié que le 1er vol. ; deux autres ont paru depuis par les soins de J.-S. Vater, 1809 et 1817.

Son neveu, Fréd. Adelung, 1768-1843, connu aussi comme philologue et érudit, se fixa à St-Pétersbourg, où il devint conseiller d’État et président de l'Académie asiatique. On lui doit la découverte de vieux poëmes allemands et d'intéressantes recherches sur la langue et la littérature sanscrites.

ADÉMAR. V. ADHÉMAR.

ADEN, Adenum ou Adena, v. et port d'Arabie (Yemen), sur la côte mérid., près de l'entrée du détroit de Bab-el-Mandeb, à 225 kil. E. S. E. de Moka, dans une petite presqu'île. Jadis importante, elle a été ruinée par la découverte de la route du cap de Bonne-Espérance. Occupée en 1839 par les Anglais, qui y ont formé un établissement et en ont fait un port libre, elle a vu sa population, qui était tombée à 2000 hab., s'élever à 30 000 env. Station des vapeurs allant de Calcutta et de Bombay à Suez.

ADENEZ, ménestrel du XIIIe siècle, fut attaché à la cour des ducs de Flandre et de Brabant, puis à celle de Philippe le Hardi, roi de France. Il est auteur d'un grand nombre de romans : Guillaume d'Orange au court nez ; l'Enfance d'Ogier le Danois ; Pepin et Berthe au grand pied ; Cléomadès ; tous écrits en vers. Ce dernier, mis en prose par Ph. Camus. a été plusieurs fois imprimé.

ADÉODAT, c.-à-d. donné par Dieu, V. DIEUDONNÉ.

ADERBAIDJAN, à peu près l’Atrapatène des anciens, prov. de Perse, entre le Ghilan, l'Irak-Adjémi, le Kourdistan et la mer Caspienne, a pour ch.-l. Tauris, et compte env. un million d'hab. Mont. très-élevées, grand lac d'Ourmiah ; fer, cuivre, sel en abondance ; eaux thermales et naphte (d'où son nom, qui veut dire terre de feu).

ADERNO, Adranúm, v. de Sicile (Catane), au pied de l'Etna, à 26 kil. N. O. de Catane, sur le Simeto, qui y forme de belles cascades ; 10 000 hab.

ADHÉMAR, moine chroniqueur, né en 988, m. dans un voyage à la Terre-Sainte en 1030, a écrit une Chronique de France depuis l'origine de la monarchie jusqu'en 1029, publiée par le P. Labbe dans la Nouvelle Bibliothèque des manuscrits.

ADHÉMAR DE MONTEIL, évêque du Puy-en-Velay, prélat guerrier et orateur éloquent, d'une famille illustre de Provence, fut le premier qui se présenta au concile de Clermont, en 1095, pour demander la croix au pape Urbain II, et partit pour la Terre-Sainte avec Raymond, comte de Toulouse. Le pontife le nomma son légat auprès des Croisés ; il contribua puissamment par son courage et ses pieuses exhortations aux victoires des Chrétiens. Le Tasse le fait figurer dans la Jérusalem délivrée.

ADHERBAL, général carthaginois, remporta sur le consul Claudius Pulcher une victoire navale, à Drépane, près des côtes de Sicile. 249 av. J.-C.

ADHERBAL, fils de Micipsa et petit-fils de Massinissa, roi de Numidie, fut assiégé dans Cirta, pris et tué par Jugurtha, après avoir vainement imploré le secours des Romains, l'an 112 av. J.-C.

ADIABÈNE, auj. partie du Kourdistan, ana. contrée de l'Asie, en Assyrie, à l'E. du Tigre, était arrosée par l'Adiab (auj. Zab). Après avoir fait partie des empires perse, séleucide, parthe, elle fut soumise par Trajan.

ADIGE, Athesis, riv. de la haute Italie, sort des Alpes rhétiques, traverse le Tyrol et la Vénétie, arrose Trente, Roveredo, Rivoli, Vérone, Legnago ; reçoit l'Eisach, le Lavis, l'Alpon, et se jette dans la mer Adriatique à Porto-Fossone, après un cours d'env. 350 kil. Bien qu'il ne soit pas un affluent du Pô, il s'unit à ce fleuve par diverses branches. – Le roy. d'Italie, après 1805, eut un dép. de l'Adige, ch.-l. Vérone, et un dép. du H.-Adige, ch.-l. Trente.

ADIGETTO, un des bras principaux de l'Adige, avoisine la mer, passe à Badia, Lendinara, Rovigo, et fait communiquer l'Adige avec le Pô.

ADIS, Rhades, petite v. d'Afrique, dans le territoire de Carthage, non loin du Bagradas, où Régulus battit les Cartaginois, 256 av. J.-C.

ADJÉMI. V. IRAK-ADJÉMI.

ADJEMIR, Radjepoutanah, contrée de l'Inde anglaise (Calcutta), comprend neuf principautés, à savoir : Djeypour, Kotah, Odeypour ou Mewar, Djoudpour ou Marwar, Tonk, Boundi, Djessalmire, Bikanir et le pays des Bhatties, et a pour capit. Adjemir. - Bien qu'incorporé normalement aux empires gauride et mogol de Delhi, l'Adjemir n'était que tributaire. Il se rendit indépendant en 1748 ; il s'est placé en 1818 sous le protectorat anglais. — La v. d'Adjemir est à 350 kil. S. O. de Delhi, au pied de collines ; elle a près de 12 kil. de tour et ne compte guère auj. que 25 000 hab. C'est une ville sainte, où l'on se rend en pèlerinage pour vénérer le tombeau d'un saint musulman. Anc. résidence d'Akbar.

ADLERSPARRE (George, comte d'), général suédois, né en 1760, m. en 1835, jouit de la confiance de Gustave III, entra dans a conspiration contre Gustave IV, et fut un des principaux auteurs de la révolution qui le renversa ce prince du trône (1809). Il eut d'abord un grand crédit à la cour de Charles XIII, mais il fut ensuite disgracié et vécut depuis dans la retraite.

ADMÈTE, roi de Phères, en Thessalie, fut un des Argonautes et un des chasseurs du sanglier de Calydon. Apollon, chassé du ciel, se mit au service de ce prince et garda ses troupeaux. Reconnaissant de ses bons procédés, le dieu voulut être la divinité tutélaire de sa maison. Admète étant attaqué d'une maladie mortelle, Apollon trompa les Parques, et le déroba à leurs coups ; mais ce fut à la condition qu'une autre victime prendrait sa place. Alceste, son épouse, eut la générosité de se dévouer pour lui.

ADOLPHE (S.), vivait en Espagne au VIIIe siècle et y souffrit le martyre au commencement du règne d'Abdérame. On l'honore le 27 sept. – Un autre S. Adolphe, évêque d'Osnabruck de 1202 à 1222, est honoré le 11 févr.

ADOLPHE DE NASSAU, né en 1250, fils du comte Walram de Nassau, n'était guère connu que par sa valeur lorsqu'il fut élu, en 1292, empereur d'Allemagne, à l'exclusion d'Albert d'Autriche ; il se fit aussitôt couronner à Aix-la-Chapelle. N'ayant pas accompli les promesses qu'il avait faites aux électeurs, il fut déposé en 1298 : Albert, élu à sa place, le battit à Gœlheim, près de Worms, et le tua.

ADOLPHE-FRÉDÉRIC, roi de Suède, de la maison de Holstein-Gottotp, né en 1710, m. en 1771, était évêque de Lubeck et administrateur du duché de Holstein-Gottorp lorsque les états de Suède, sous la pression de la Russie, le désignèrent pour le trône (1743). Il reçut la couronne en 1751, rétablit la paix avec la Russie, et fit fleurir les sciences, les arts et le commerce. Malheureusement, il ne sut pas toujours maintenir l'autorité royale. C'est sous son règne que se formèrent les factions des Chapeaux et des Bonnets. v. ces noms.

ADOM, v. de Judée, sur le Jourdain, près du lac Asphaltite. C'est là que le fleuve s'ouvrit pour laisser passer à pied sec les Israélites, conduits par Josué.

ADONAI, c.-à-d. Seigneur, souverain maître, un des noms de Dieu chez les juifs était substitué au nom sacré de Jéhovah, qu'ils n'osaient prononcer.

ADONIAS, 4e fils de David. Soutenu par Joab, il aspira à la royauté après la mort de son père et voulut dans ce but épouser Abisag, veuve du roi. Salomon le fit mettre à mort (1001 av. J.-C.).

ADONIS, jeune homme d'une beauté remarquable, était, suivant les Grecs, le fruit du commerce incestueux de Cinyras avec sa fille Myrrha. Il fut aimé de Vénus, Un jour qu'il chassait dans les forêts du Liban, consacrées à la déesse, il fut mortellement blessé par un sanglier, qui n'était autre que le dieu Mars, jaloux de voir en lui un rival préféré. Mais Jupiter cédant aux larmes de Vénus, permit qu'Adonis revit la lumière pendant une moitié de l'année, à condition qu'il passerait l'autre moitié auprès de Proserpine. Selon une tradition, il fut changé en anémone. Adonis paraît n'être qu'une figure du soleil, et le temps qu'il passe successivement sur la terre ou dans les enfers représente les six mois d'été et les six mois d'hiver. On célébrait ses fêtes avec grande pompe à Byblos, à Alexandrie, etc. Elles duraient deux jours : le ler jour était consacré au deuil, le 2e à la joie. Les femmes seules prenaient part à ces fêtes. Adonis était appelé Thammouz en Syrie et en Phénicie.

ADONIS, Ibrahim Nahr, petite riv. de Phénicie, prend sa source au mont Liban et se jette dans la Méditerranée entre Byblos et Béryte. Ses eaux prenaient à certaines époques une teinte rougeâtre produite par les sables qu'elles entraînaient : on croyait que c'était le sang d'Adonis qui les colorait.

ADONISÉDEC, roi de Syrie, fut vaincu par Josué avec 4 autres rois dans cette journée mémorable où Dieu arrêta le soleil : le vainqueur les fit murer vivants dans la caverne où ils s'étaient réfugiés.

ADORNO, nom d'une famille plébéienne de Gênes, du parti gibelin, qui fournit plusieurs doges et lutta pendant près de 200 ans avec la famille Fregoso, toutes deux plongeant la république dans l'anarchie et appelant quelquefois l'étranger à leur aide. Les doges de ce nom saut : 1° Gabriel, qui fut élu par le peuple en 1363, et qui succéda à Simon Boccanegra, 1er doge ; il fut exilé en 1371, et remplacé par Dominique Fregoso ; 2e Antoine, qui fut élu en 1384 et qui fut quatre fois déposé et rétabli ; 3e Georges, élu en 1413, qui abdiqua deux ans après ; 4e Thomas, qui gouverna de 1415 à 1421 ; 5e Raphaël, élu en 1443, qui se démit en 1447; 6e Barnabé, qui s'empara du pouvoir à la retraite de Raphaël en 1447, et qui eut à combattre Jean Fregoso ; 7e Prosper, élu en 1161, qui chassa les Français de Gênes et fut deux fois forcé par la faction Fregoso de quitter sa patrie; 8e Antoine II, élu en 1513, qui fut dépossédé la même année par Octavien Fregoso, puis rétabli en 1522 parle secours de Charles-Quint, et définitivement expulsé en 1528, par André Doria, à la tête d'une flotte française. André Doria mit fin aux querelles des Adorno et des Fregoso, en leur enlevant tout pouvoir et les forçant même à quitter leur nom.

ADOUR, Aturus, riv. de France, au S. O., sort du mont Tourmalet (H.-Pyrénées), traverse la vallée de Campan, arrose Bagnères-de-Bigorre, Tarbes, Aire, St-Sever, Dax, Bayonne, et tombe dans le golfe de Gascogne, à 4 kil. N. O. de Bayonne, après un cours d'env. 220 kil. Elle reçoit les eaux de la Midouze, du Luy, du Gave de Pau et de la Nive.

ADOVA, v. du Tigré, jadis capit. de ce royaume, est la plus commerçante de l'Abyssinie; env. 10 000 hab. La toile de coton qu'on y fabrique circule comme monnaie dans toute l'Abyssinie.

ADRA, Abdera, v. et port d'Espagne (Grenade), sur la Méditerranée, à 60 kil. O. S. O. d'Almeria ; 8 000 hab. Cabotage, vin, sucre, amandes. Riches mines de plomb aux env.

ADRAMÉLECH, divinité des Assyriens et des Samaritains. On brûlait des enfants sur ses autels.

ADRAMITI, Adramyttium, v. d'Anatolie, près de la côte orient. du golfe de même nom , à 120 kil. N. de Smyrne, presque vis-à-vis de l'île Mételin (Lesbos). Commerce de laine et de duvet de chèvre.

ADRAN, nom d'un évêché in partibus, tiré probablement d'une anc. v. d'Arabie, voisiné de Bostra, a été illustré au dernier siècle par Pigneau de Behaine (V. ce nom), titulaire de l'évêché.

ADRANA auj. l’Eder, riv. de Germanie, affluent de la Fulda. Germanicus défit les Germains sur les bords de cette riv., l'an 15 de J.-C.

ADRASTE, roi d'Argos, reçut à sa cour Polynice, fils d'Œdipe, banni de Thèbes par Étéocle, son frère ; lui fit épouser Argie, sa fille et marcha contre Thèbes, avec Tydée, Capanée, Amphiaraüs, Hippomédon, Parthénopée, dans le but de le rétablir sur le trône. Cette guerre, dite des Sept chefs, n'ayant pas réussi, Adraste arma plus tard les fils des guerriers morts devant Thèbes : ceux-ci prirent le nom d’Épigones (V. ce nom). Adraste perdit dans cette 2e guerre son fils Égialée et mourut de la douleur que lui causa cette perte.

ADRASTE D'APHRODISIE, péripatéticien du IIe siècle de J.-C., a laissé des commentaires estimés sur Aristote, dont il reste peu de fragments, et a écrit sur l'astronomie des ouvrages dont on trouve des extraits dans Théon de Smyrne.

ADRASTÉE, la même que Némésis. V. NÉMÉSIS.

ADRETS (François de BEAUMONT, baron des), fameux chef de Huguenots, né en 1513, aux Adrets, bourg du Dauphiné (à 22 kil. N. E. de Grenoble), embrassa le parti de la Réforme à la suite d'une querelle avec le duc de Guise, devint le lieutenant de Condé dans le midi, se signala par sa bravoure, et enleva aux catholiques Valence, Lyon, Grenoble, Vienne, Orange, Montélimart, etc. ; mais il déshonora ses succès par sa cruauté envers les vaincus. Arrêté par trahison pendant qu'il négociait, il fut délivré par la paix d'Amboise (1563). Il abandonna plus tard le parti des Protestants, et passa du côté des Catholiques, par dépit de ce qu'on lui avait refusé le gouvernement du Lyonnais. Il mourut en 1586, également en horreur aux deux partis.

ADRIA, Hadria ou Adria chez les anciens, v. de la Vénétie, à 44 kil. S. O. de Venise, à 18 E. de Rovigo, sur le canal Bianco, et près de l'embouchure du Pô ; 10 000 hab. Ch.-l. d'un diocèse dont l'évêque réside à Rovigo. – Cette v. fut fondée vers 1376 av. J.-C., par une colonie d’Étrusques ; elle était, dans l'origine, sur la côte même de la mer qui en a pris le nom de mer Adriatique ; par l'effet des atterrissements du Pô et de l'Adige, elle en est auj. à 18 kil. env. Les Gaulois s'en emparèrent au VIIe av. J.-C. ; les Romains la prirent et la détruisirent en partie vers 213 av. J.-C. En 1382, Clément VII, pape d'Avignon, imagina de créer en faveur de Louis d'Anjou un roy. d'Adria, formé aux dépens de l'État ecclésiastique, et composé de la Romagne, de la Marche et du duché de Spolète ; mais ce projet n'eut point d'exécution.

ADRIANOPOLIS, v. de Thrace, auj. ANDRINOPLE.

ADRIATIQUE (MER) OU GOLFE DE VENISE, Adriaticum ou Adrianum mare, grand golfe de la Méditerranée, entre l'Italie, la Dalmatie et la Grèce, doit son nom à la v. d'Adria, située jadis sur ses bords. Ce nom ne s'entendait primitivement que d'un petit golfe situé devant cette ville, et auj. comblé par les atterrissements du Pô. La mer Adriatique reçoit le Pô, l'Adige et une foule de petites riv. qui l'ensablent perpétuellement. Ses eaux sont plus salées que celles des autres parties de la Méditerranée.

ADRIEN, P. Ælius Adrianus, empereur romain, né l'an 76 de J.-C., d'une famille espagnole, était cousin et fils adoptif de Trajan. Il était gouverneur de Syrie lorsque la mort de Trajan l’appela au trône, l'an 117. Limitant ses domaines à ce qu'il pouvait conserver, il fit la paix avec les Parthes, repoussa le Alains, les Sarmates et les Daces, et employa la plus grande partie de son règne à visiter les provinces de l'empire. Il fit bâtir un mur de 80 milles entre la Calédonie et la Bretagne, pour prévenir les incursions des barbares. Sur es remontrances de Quadratus et d'Aristide, philosophes chrétiens, il fit cesser les persécutions dont les partisans de la nouvelle religion étaient l'objet. Les Juifs s'étant deux fois révoltés sous son règne , il les soumit : la 1re fois, il ruina leur ville, et la 2e, il les chassa pour jamais de leur pays (136) et rebâtit Jérusalem sous le nom d’Ælia Capitolina. C'est lui qui fit construire les Arènes de Nîmes, le pont du Gard, ainsi que son propre mausolée à Rome (auj. château St-Ange), et le pont qui y conduit. Il mourut à Baies (138), à l'âge de 62 ans, laissant l'empire à T. Antonin. Adrien fit des lois sages, et donna le code connu sous le titre d’Édit perpétuel. Il aimait et protégeait les arts et les sciences ; il savait sculpter et cultivait la poésie avec succès; mais il se déshonora par son attachement aux superstitions du paganisme et par son infâme passion pour le bel Antinoüs.

ADRIEN, rhéteur grec du IIe siècle, né à Tyr, étudia l'éloquence à Athènes, sous Hérode Atticus, fut amené à Rome par Marc-Aurèle pour y professer cet art, et y mourut sous Commode. On trouve quelques extraits de ses Déclamations dans les Excerpta varia Græcorum Sophistarum ac Rhetorum, publ. par Leo Allatius, grec-latin, Rome, 1641.

ADRIEN (S.). On trouve dans le martyrologe quatre saints de ce nom : le 1er, qui était officier dans l'armée de Galère et qui combattait les Chrétiens, se convertit à la vue de l'héroïsme de ses ennemis, et souffrit le martyre à Nicomédie vers 306 (on l'honore le 8 sept.); – le 2e subit la mort à Césarée en Palestine, en 309 (on l'hon. le 5 mars); – le 3e fut envoyé par le pape Vitalien prêcher la foi dans la Grande-Bretagne, et y mourut en 720 (on l'hon. le 4 janv.) ; – le 4e, évêque de St-André en Écosse, subit le martyre en 874 (on l'hon. le 4 mars).

ADRIEN I, pape, né à Rome, élu en 772, mort eu 795, se vit inquiété par Didier, roi des Lombards, et fut vengé par Charlemagne, qui lui fit don d'une partie des états de Didier, notamment du Pérugin et du duché de Spolète (774). C'est sous son pontificat que se tint le 2e concile de Nicée, 787.

ADRIEN II, pape, né à Rome, fut élu en 867, après avoir refusé deux fois le pontificat. Il leva l'excommunication lancée contre Lothaire, roi de Lorraine, qui avait répudié sa femme ; tint en 869 un concile à Rome contre Photius, patriarche de Constantinople, qu'il fit déposer; eut des démêlés avec l'empereur d'Orient Basile et avec le nouveau patriarche grec au sujet du schisme provoqué par Photius, et quelque différends avec Charles le Chauve, au sujet d'un évêque qui avait été condamné en France. Il mourut en 872.

ADRIEN III, pape, natif de Rome, élu en 884, mort dès 885, maintint avec fermeté ce qui avait été fait contre Photius patriarche de Constantinople.

ADRIEN IV, Nic. Brakespeare, le seul pape anglais, né à Abbots-Langley, dans le Hertfordshire, était fils d'un mendiant et fut pendant quelque temps réduit lui-même à mendier. Étant venu en France, il entra comme domestique chez les chanoines de St-Ruf, près d'Avignon, se fit ensuite religieux dans ce couvent et en devint bientôt supérieur. Eugène III le fit cardinal d'Albano, et l'envoya comme légat en Danemark et en Norwége, où il réforma les mœurs du clergé. Élu en 1154, il eut à lutter contre ceux des Romains qui soutenaient Arnaud de Brescia, ainsi que contre Guillaume le Mauvais, qu'il fut forcé de reconnaître pour roi de Sicile, et contre l'empereur Frédéric qui avait envahi des biens de l’Église. Il mourut en 1159.

ADRIEN V, pape, né à Gênes, neveu d'Innocent IV, fut élu en 1276, mais mourut un mois après.

ADRIEN VI, Adrien Boyers, pape, fils d'un tisserand, né à Utrecht, en 1459, enseigna d'abord la théologie à Louvain, devint vice-chancelier de l'université de cette ville, fut précepteur de Charles-Quint, puis évêque de Tortose, remplit en Espagne les fonctions de vice-roi en l'absence de Charles-Quint, et fut enfin élevé à la papauté en 1522, par la protection de cet empereur. Il réforma quelques abus dans sa cour, ramena l'économie dans l'administration et tenta de rapprocher Charles-Quint et François I. Malheureusement, il mourut dès 1523.

ADRUMÈTE, Sousa ou Hamamet, v. maritime l’Afrique anc., auj. ruinée, A 130 kil. S. de Carthage, dans la Byzacène, dont elle fut la capit. sous les Romains, avait été fondée par les Phéniciens César y débarqua lorsqu'il porta la guerre en Afrique (47 av. J.-C.).

ADUATICA ou ATUATUCA. V. TONGRES,

ADULE, mons Adula, haute mont. des Alpes où Strabon place les sources du Rhin et de l'Adda. On croit que c'est le St-Gothard ou le groupe qui domine les passages du Splugen et du Bernardino.

ADULIS, Arkiko ou Zulla, v. d’Éthiopie, sur le golfe Arabique (mer Rouge), à 228 kil. N. E. d'Axum, était le port le plus fréquenté et le plus commerçant de cette côte. Ptolémée-Évergète y fit élever un célèbre monument, avec une inscription en son honneur qui nous été conservée par Cosmas Indicopleuste. Ce monument est connu sous le nom de Monument Adulitain. Ruines importantes.

Æ. Cherchez par E les art. qui ne seraient pas ici.

ÆA, île et v. de Colchide, à l’embouchure du Phase. C’est là que la Fable place la résidence du roi Æétès et de Circé, sa sœur, ainsi que l’histoire de la Toison d’Or. — Anc. île de la mer de Toscane, réunie depuis à la terre ferme, forma le Circeium promontorium. On y place aussi la résidence de Circé.

AÈDES, c.-à-d. en grec chantres, nom sous lequel on désigne les premiers poëtes de la Grèce. surtout avant Homère. La plupart venaient de Thrace et étaient prêtres. Les plus célèbres sont Orphée, Linus, Musée, Eumolpe, et plus tard Thamyris, Phémins, Démodocus, qui sont nommés avec honneur par Homère dans l’Odyssée. A la différence des rhapsodes, qui récitaient les poésies des autres, les Aèdes chantaient leurs propres poésies, en s'accompagnant de la cithare ou de la lyre.

ÆDESIUS, philosophe néoplatonicien du IVe siécle de notre ère, né en Cappadoce, étudia sous Jamblique et forma à Pergame une école célèbre, d'où sortirent Chrysanthe, Maxime d'Éphèse et Julien. Il prétendait avoir commerce avec les dieux. Il mourut dans un âge avancé. On trouve dans Eunape de curieux détails sur ce philosophe.

ÆÉTÈS, roi de Colchide, fils du Soleil et de Persa, frère de Circé, fut père de Médée et d'Absyrte. Il régnait Æa du temps de l'expédition de Jason, et fut tué dans un combat livré sur le Pont-Euxin à la flotte des Argonautes.

ÆGADES INSULÆ. V. ÉGADES.

ÆGÆ ou ÈGES, nom de plusieurs v. grecques. Les plus connues sont : une v. de Macédoine, sur l'Érigon, à 35 kil. N. O. de Pella, – et une v. d'Achaïe, sur le golfe de Corinthe, à l’embouchure du Crathis, l'une des 12 qui formèrent dès l'origine la Confédération achéenne. Elle fut détruite de bonne heure par une inondation. V. ÆGIRA.

ÆGIDIUS dit aussi le comte Gilles, était grand maître de la milice romaine dans les Gaules vers le milieu du Ve siècle, et s'y était formé un petit État indépendant qui comprenait Beauvais, Soissons, Amiens, Troyes, Reims et leurs territoires. Childéric ayant été chassé du trône en 457, Ægidius fut choisi pour chef par les Francs, et sut maintenir son autorité pendant sept années; mais les guerres continuelles qu'il avait à soutenir et la dureté de son gouvernement lui ayant aliéné les esprits, les Francs l'abandonnèrent pour se rallier à Chilpéric. Ægidius se retira à Soissons, qui lui était resté fidèle. Il y mourut en 464, laissant à son fils Syagrius les débris de ses États. Pour les autres Ægidius, V. GILLES et COLONNE.

ÆGIRA, Paleocastro, v. et port d'Achaïe, une des 12 villes confédérées, reçut les habitants d’Ægœ, quand cette ville eut été ruinée par l'inondation.

ÆGIRCIUS, riv. d'Aquitaine, auj. le GERS.

ÆGIUM, Vostitza, v. d'Achaïe sur le golfe de Corinthe, une des 12 de la confédération et celle où se tenaient les assemblées générales de la Ligue. C'est là que mourut Aratus. Ruines.

ÆGOS-POTAMOS (c'est-à-dire fleuve de la chèvre), auj. Indjé-limen ou Galata, petite riv. de la Chersonèse de Thrace, tombait dans l'Hellespont à quelques kil. au N. de Sestos. C'est à l'embouchure de cette riv. que Lysandre gagna sur les Athéniens, l'an 1105 av. J.-C., la victoire navale qui mit fin à la guerre du Péloponèse.

ÆLANA ou AILATH, auj. Akaba-el-Mesrim, anc. v. de l'Arabie-Pétrée, sur la mer Rouge, au fond d'un petit golfe que cette mer forme au N. E. et qui recevait de là le nom d'Ælanites sinus. C'est un des ports d'où partaient les navires de Salomon.

ÆLIA CAPITOLINA, nom donné à Jérusalem par Adrien (Ælius Adrianus), après qu'il l'eut rebâtie en y élevant un temple à Jupiter Capitolin.

ÆLIUS SEXTUS CATUS, Jurisconsulte romain, fut successivement édile, consul et censeur. Étant édile, 200 ans av. J.-C., il divulgua les formules du droit, dont les patriciens s'étaient jusque-là réservé la connaissance : la partie du droit qu'il fit connaître prit de lui le nom de Droit Élien.

ÆMILIA, ÆMLIUS. V. ÉMILIE, ÉMILE.

ÆMODÆ INSULÆ, auj. les îles SHETLAND

ÆMONA, v. de l'anc. Germanie, auj. LAYBACH.

ÆNARIA, auj. Ischia, île volcanique de la Méditerranée, dite aussi Pithécuse et Ingrime. Sources chaudes. C'est sous cette île, selon la Fable, que Typhée fut enseveli après avoir été foudroyé.

ÆNEAS. V. ÉNÉE. – ÆNEAS SYLVIUS. V PIE II.

ÆNÉSIDÈME, philosophe sceptique de Cnosse en Crète, vivait à Alexandrie à la fin du 1er siècle av. J.-C. Il renouvela le pyrrhonisme, reproduisit sous des formes plus rigoureuses les tropes ou motifs de doute des sceptiques, et attaqua l’idée de cause. Il avait écrit 8 livres de Discours sceptiques, dont il ne reste que des extraits, conservés par Sextus Empiricus et Photius. – Gottl.-Ern. Schulze, philosophe sceptique allemand, a pris le nom d’Ænésidème dans plusieurs de ses écrits, par allusion à la doctrine que professait le philosophe grec.

ÆNOS, v. de Thrace, à l’emb. de l’Hèbre. V. ÉNOS.

ÆPINUS (Fr.-Marie-Ulrich-Théod.), célèbre physicien, né en 1724, à Rostock mort en 1802 à Dorpat en Livonie, enseigna la physique à St-Pétersbourg. Il s’est surtout occupé d’électricité, et a beaucoup avancé cette partie de la science en y appliquant le calcul avec un grand succès. On a de lui Tentamen theoriæ electricitatis et magnetismi, 1759 (Pétersbourg, 1 vol. in-4), dont Haüy a donné un Abrégé en 1787; Réflexions sur la distribution de la chaleur sur la surface de la terre, en latin, trad. en français, par Raoult, de Rouen; Recherches sur la tourmaline, 1762, et d’intéressants Mémoires fournis à l’Académie de St-Pétersbourg.

AERSCHOOT, v. de Belgique (Brabant mérid.), à 15 kil. N. E. de Louvain, sur la Demer; 4232 hab. Titre de comté dès le XIe siècle, elle fut érigée en duché en 1533, après avoir passé par mariage dans la maison de Croï.

AERSCHOOT (Phil. de CROÏ, duc d’). Il refusa d’entrer dans la confédération des nobles du Brabant contre Philippe II, roi d’Espagne, et même s’arma contre eux. Il fut nommé en 1577 burgrave d’Anvers, et bientôt après stathouder de Flandre. Ayant échoué dans ses efforts contre la maison d’Orange, il se retira à Venise, où il mourut en 1595.

ÆSIS, auj. l’Esi ou Esino, petite riv. d’Italie, séparait le Picenum de l’Ombrie, arrosait une ville d’Æsis, et tombait dans l’Adriatique.

ÆTHALIA OU ILVA, auj. l’île d’ELBE.

AÉTIUS, hérésiarque du IVe siècle, chef des Aétiens, né à Antioche, enseignait que le fils de Dieu n’est pas semblable à son père, renouvelant en cela les erreurs d’Arius. Condamné dans plusieurs conciles, il fut exilé par Constance. Julien le rappela. Il mourut à Constantinople en 366.

AÉTIUS, l’un des plus grands généraux des derniers temps de l’empire romain, vivait sous Valentinien III, empereur d’Occident. Il défendit longtemps les Gaules contre les invasions des Francs, des Bourguignons et autres barbares, puis il réunit ces peuples contre Attila, qu’il tailla en pièces dans les champs Catalauniques (près de Châlons), 451. Il eut avec le comte Boniface des démêlés sanglants, qui eurent pour résultat d’attirer les Vandales en Afrique (V. BONIFACE); il tua ce général de sa propre main dans un combat qu’il lui livra en Italie. Aétius fut lui-même assassiné par Valentinien, jaloux de sa gloire et de sa popularité, 454.

AÉTIUS, médecin grec, d’Amida, sur le Tigre exerçait dans Alexandrie vers la fin du Ve siècle. Il est auteur du Tetrabiblos, vaste compilation en 4 parties qui ont été subdivisées en 16 livres, et où il avait mis à contribution les plus grands médecins des âges antérieurs. On n’en a imprimé que les 8 premiers livres, Venise, 1534; il a été trad. en entier en latin par Cornaro et Montana, Ven., 1542.

AFER (DOMITIUS), orateur latin, né à Nîmes l’an 16 av. J.-C., mort l’an 59 de notre ère, brilla au barreau de Rome, tint école, et eut la gloire de former Quintilien. Il se déshonora par ses flatteries et ses délations, et obtint ainsi la faveur des empereurs Tibère, Caligula et Claude, qui l’élevèrent aux honneurs. Il a été justement flétri par Tacite.

AFFRANCHI, libertus, esclave rendu par son maître à la liberté. Pour la condition des Affranchis et les divers modes d’Affranchissement, V. notre Dictionnaire univ. des Sciences, des Lettres et des Arts.


AFFRE (Denis-Aug.), archevêque de Paris, né en 1793 à St-Rome-de-Tarn, neveu de l’abbé Boyer, étudia au séminaire St-Sulpice, exerça les fonctions de grand vicaire à Luçon, Amiens et Paris, devint en 1839 coadjuteur de Strasbourg, avec le titre d’évêque in partibus de Pompéiopolis et fut, en 1840, sacré archevêque de Paris. Il s’efforça de faire fleurir les études et fonda dans ce but la maison des Carmes. Le 25 juin 1848, ému du spectacle des discordes civiles, il voulut s’interposer entre les combattants au faubourg St-Antoine; mais la lutte, suspendue un instant par sa présence, s’étant tout à coup ranimée, il fut atteint d’une balle, partie d’une main inconnue; il mourut deux jours après. Animé jusqu’au dernier soupir des plus nobles sentiments, il répétait ces belles paroles: « Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. » Un monument lui a été érigé dans la cathédrale. Outre des Mandements remarquables, l'on doit à Mgr Affre plusieurs ouvrages qui se distinguent par la solidité de l’instruction et la force de la logique : Traité de l’administration temporelle des paroisses, 1827, ouvrage qui fait autorité; Essai sur la suprématie temporelle des papes, 1829, où il combat les exagérations de Lamennais; Traité de l’appel comme d’abus, 1843, où il réfute des excès contraires; Introduction philosophique à l’étude du christianisme, 1844, dirigée contre le rationalisme moderne. Ce prélat était resté attaché aux maximes de l’Église gallicane. L’abbé Cruice a publié sa Vie, 1849.

AFGHANISTAN, Dranqiane, Arachosie, etc., région de l’Asie intérieure qui, jointe au Sistan, forme actuellement le roy. de Kaboul, est située entre l’Inde et la Perse, et limitée au N. par l’État de Hérat et l’Hindou-Kouch, à l’O. par la Perse, au S. par le Béloutchistan, à l’E. par le Pendjab. Elle se compose de 7 parties : Kaboul, Loghman, Djelalabad, Gaznah, Sivi, Kandahar, Farrâh, et a pour capit. Kaboul. Les habitants, hommes très-belliqueux, se nomment eux-mêmes Afghans, c’est-à-dire destructeurs : ils formaient la majeure partie des armées des Gaznévides. Ils professent l’islamisme. – L’Afghan Mahmoud Gaury supplanta en 1155 les Gaznévides et commença la dynastie des Gaurides, qui subsista jusqu’à l’invasion de Gengis-Khan (1225). Des chefs indigènes gouvernèrent le pays depuis la mort de Timour-Leng jusqu’en 1506, qu’il tomba au pouvoir des sophis de Perse. Au XVIIIe s., les Afghans conquirent la Perse et prirent Ispahan (1722), mais bientôt ils furent assujettis eux-mêmes par Nadir (1737). En 1747, Ahmed-chah, l’un d’eux, fonda l’empire des Afghans qui comprend, outre l’Afghanistan propre, le Sistan, le Kachemir, le Pechaver, l’Hazareh, le Chikarpour, le Leïa, etc. Cet empire dans le temps de sa prospérité a pu avoir une population de dix millions d’âmes. D’horribles discordes intestines l’ont ensanglanté depuis 1793 et en ont préparé la ruine, ruine qui a été consommée en 1818 par les conquêtes de Runjet-Sing, roi de Lahore. Ce pays a été envahi par les Anglais en 1839, sous prétexte de s’opposer aux empiétements de la Perse; mais ils l’ont évacué dès 1841 après de grandes pertes.

AFIOUM-KARAHISSAR (c’est-à-dire le Château noir de l’Opium), Apamea Cibotos, v. d’Anatolie, ch.-l. d’un livah de même nom, à 280 kil. E. de Smyrne, sur une montagne isolée, et près de l’Akbarsou; environ 40 000 hab. Jolie mosquée. Très-grand commerce d’opium; tapis et feutres, yatagans et armes à feu. Fondée par le roi de Syrie Antiochus Soter (V. APAMÉE), ou, suivant les Turcs, par le Seldjoucide Aladin. Elle fut le patrimoine d’Othman, le 1er des sultans ottomans.

AFRANCESADOS ou JOSEPHINOS, nom donné en Espagne à ceux qui en 1808 prêtèrent serment de fidélité à la constitution établie par les Français et au roi Joseph Napoléon. Exilés en 1815 par Ferdinand, ils ne purent rentrer qu’en 1820.

AFRANIUS, poëte comique latin, vivait env. 100 ans av. J.-C. Au lieu de s’en tenir, comme Plaute et Térence, à la simple imitation de la comédie grecque, il s’attacha à la peinture des mœurs de son pays et des ridicules de son siècle, et mit sur la scène des personnages romains, ce qui fit appeler ses pièces togatæ. Il n’en reste que quelque fragments dans le Corpus poetarum latinorum de Maittaire et dans les Poetæ scenici de Botha.

AFRANIUS (L.), lieutenant de Pompée, consul l’an 60 av, J.-C., combattit à Pharsale et à Thapse, fut pris après cette dernière bataille et mis à mort par ordre de César, 46, ou, selon une autre version, fut massacré par ses propres soldats.

AFRICANUS (Julius), historien grec du IIIe siècle, vivait à Emmaüs, en Judée. D’abord païen, il se convertit vers 231, et rédigea une Chronographie, qui embrassait toute l’histoire depuis Adam jusqu’au règne d’Héliogabale, et où il discutait plusieurs points de chronologie. Il n’en reste que des fragments cités par Eusèbe et par quelques Pères. On lui attribue les Cestes, espèce d’encyclopédie, que l’on trouve dans les Mathematici veteres, Paris, 1693, in-fol.

AFRIQUE, Africa, Libya, une des 5 parties du monde, est une grande presqu’île triangulaire d’env. 7550 kil. de long sur 7000 de large, liée à l’Asie par l’isthme de Suez. Elle a pour limites la Méditerranée au N., l’Océan Atlantique à l’O, la mer des Indes, la mer d’Oman et la mer Rouge à l'E. On lui donne 60 millions d’hab. Elle se divise en 5 grandes régions naturelles : 1° le Maghreb ou Barbarie au N. et N. O. ; 2° la région du Nil au N. E. ; 3° la Nigritie entre le Maghreb et l’Afrique australe ; 4° l’Afrique australe au S. et au S. O. ; 5° l’Afrique orientale à l’E. et au S. E. Chaque région comprend beaucoup d’États ou de régions secondaires, parmi lesquels 20 principaux, savoir : 1° dans le Maghreb, Maroc, l’Algérie, Tunis, Tripoli ; 2° dans la région du Nil, l’Égypte, la Nubie, l’Abyssinie, le Kordofan et le Darfour ; 3° dans la Nigritie, le Soudan ou Nigritie proprement dite, le Sénégal, la Guinée, le Congo ; 4° dans l’Afrique australe, la colonie du Cap, le pays des Hottentots, la Cimbébasie ; 5° dans l’Afrique orientale, la Cafrerie, Zanguebar, le Monomotapa, Mozambique, la côte d’Ajan (pour les possessions européennes, V. ci-après les art. AFRIQUE ANGLAISE, etc.) Les principales îles sont les Canaries, les îles du Cap-Vert, Ste-Hélène, les îles Maurice et de la Réunion, Madagascar, les Seychelles, Socotora, Kerguelen. Les principaux détroits sont ceux de Gibraltar, au N. O. ; de Bab-el-Mandeb, au N. E. ; le canal de Mozambique, à l’E. Les caps sont : le cap Bon au N. de l’État de Tunis ; Bojador et le cap Blanc, à l'O. du Sahara ; ceux des Palmes, des Trois-Pointes, dans la Guinée ; de Bonne-Espérance et des Aiguilles, au S. ; de Gardafui, sur la côte d’Ajan. Les grandes chaînes de montagnes sont : l’Atlas, qui traverse la Barbarie parallèlement à la Méditerranée, les montagnes de Kong entre la Guinée et la Nigritie, les monts Alkumr ou El-Kamar, ou de la Lune, au S. de l’Abyssinie. Les principaux fleuves sont : le Nil, le Sénégal et la Gambie, le Niger ou Djouba, le Zaïre, l’Orange, le Coanza et le Zambèze. On y remarque les lacs Tchad, Dembea, Ngami, Ukérévé. L’Afrique est presque tout entière sous la zone torride : aussi la chaleur y est-elle dévorante. Une grande partie de ce continent se compose de plaines brillantes, remplies d’un sable fin et mouvant, et parsemées de loin en loin de quelques vertes oasis. Une foule d’animaux féroces (lions, tigres, panthères, rhinocéros) habitent cette contrée, avec les éléphants, les girafes, les antilopes et les gazelles. Elle abonde également en crocodiles, en serpents et produit d’innombrables insectes. Une végétation puissante se développe sous l’influence du soleil des tropiques : on y trouve d’immenses végétaux, tels que le baobab le bambou, le palmier, etc. La race nègre prédomine et occupe tout le centre et une grande partie du S. ; viennent ensuite au N. les familles égyptienne, abyssinienne, nubienne, kabyle et maghrebine. L’Afrique possède une très-grande variété d’idiomes, mais l’arabe est généralement entendu dans tout le N. Le fétichisme règne chez la plupart des Africains de race nègre ; le mahométisme est professé dans tout le N. ; on y trouve aussi des peuples chrétiens (en Égypte et en Abyssinie), ainsi que des Juifs. La civilisation est peu avancée ; le commerce intérieur, qui est peu actif, se fait par caravanes ; les Européens seuls font le commerce extérieur, qui a surtout pour objet la poudre d’or, le cuivre, le natron, le sel, l’ivoire, le corail, la gomme, le maroquin, les plumes d’autruche, le riz, le froment, le poivre, l’indigo, les dattes, le séné, l’aloès, les arachides etc. Longtemps le principal commerce fut celui des esclaves. – L’Afrique est encore auj. la moins connue des 5 parties du monde. On croit que les Phéniciens firent le tour de l’Afrique. Les Romains et les Grecs ne pénétrèrent que dans le Nord. Les Arabes s’avancèrent assez avant dans les régions du N. et de l’E. Au XVe siècle, les Portugais firent connaître toutes les côtes de l’Afrique et ouvrirent le chemin des Indes par le cap de Bonne-Espérance. Depuis le XVIIIe siècle seulement, l’intérieur du continent est un peu connu, grâce aux voyages de Houghton, Mungo Park, Burkhardt, Caillaud, Caillié et Barth, dans la Nigritie, de Combes, Tamisier et Speke en Nubie et en Abyssinie, de M. Livingstone dans la Cafrerie. L’Année géographique de Vivien de Saint-Martin (1863 et suiv.) tient au courant des plus récentes explorations.

AFRIQUE ANCIENNE, Africa, Libya des Grecs. Ce mot avait trois sens et désignait :
1° Le continent même ou plutôt ce que les anciens en connaissaient ;
2° Le diocèse d’Afrique, formé au IVe siècle, qui comprenait les Mauritanies, la Numidie, l’Afrique propre et la Tripolitaine ;
3° La prov. romaine d’Afrique, dite aussi Afrique propre, Afrique proconsulaire et Zeugitane ; prov. du diocèse d’Afrique, entre la Méditerranée au N. et à l’E. et la Numidie à 1’O. (auj. État de Tunis et partie de celui de Tripoli) ; elle eut pour ch.-l. Utique, et plus tard Carthage.

AFRIQUE ANGLAISE. Les possessions de la Grande-Bretagne en Afrique comprennent : 1° l’importante colonie du cap de Bonne-Espérance, 2° des établissements en Sénégambie, à Sierra-Leone, en Guinée, sur la côte d’Or et la côte des Esclaves ; 3° les îles de l’Ascension, de Ste-Hélène de Tristan-d’Acunha, dans l’océan Atlantique ; 4° les Seychelles, les Amirantes, l’île Maurice, dans la mer des Indes.

AFRIQUE ANGLO-AMÉRICAINE, petit établissement formé par la société américaine de colonisation, à l’E. du cap Mesurado en Guinée, comprend les 2 petites v. de Libéria et de Caldwell.

AFRIQUE ESPAGNOLE. Elle consiste en 3 parties : 1° les présides des côtes du Maroc, savoir Ceuta, Melilla, Alhucemas, Penon de Velez ; 2° l’archipel des Canaries, 3° Fernando-Po et Annobon.

AFRIQUE FRANÇAISE. Elle se compose de 3 parties : 1° l’Algérie ; 2° divers établissements au Sénégal (St Louis, Gorée, le roy. d’Oualo) ; 3° l’île de la Réunion, celles de Ste-Marie, Mayotte, Nossi-Bé et quelques points de Madagascar. Maurice ou l’île de France et les Seychelles étaient jadis à la France.

AFRIQUE HOLLANDAISE. Elle comprenait avant 1815 la colonie du Cap, mais ne se compose plus auj. que de quelques forts en Guinée (chez les Achantis), et de la ville d’Elmina, sur la côte de Guinée.

AFRIQUE PORTUGAISE. Elle forme 5 gouvernements : 1° gouvt de Madère (l’île de ce nom) ; 2° gouvt du cap Vert (l’archipel du cap Vert ; plus quelques districts du continent vis-à-vis) ; 3° gouvt de San-Tomé et do Principe (les 2 îles ainsi nommées) ; 4° gouvt d’Angola (une grande partie du Congo) ; 5° gouvt de Mozambique. AFRIQUE TURQUE. Elle embrassait jadis l’Égypte, Tripoli, Tunis, Alger. Auj. l’Égypte est presque indépendante ; l’Algérie appartient à la France ; depuis longtemps Tunis, Tripoli, ne reconnaissent que nominalement la suzeraineté du sultan.

AFROUN (l’), mont. de l’Algérie, à l’extrémité E. de la prov. d’Alger, à quelques kil. au S. O. de Bougie ; elle a 1900m de haut.

AFZÉLIUS (Adam), botaniste suédois, né en 1750, m. en 1837, était professeur de botanique à l’université d’Upsal. Il a publié l’Autobiographie de Linné (Berlin, 1826, en allemand), et décrit la Flore de Sierra-Leone, pays qu’il explora de 1792 à 1793.

AGA, AGHA, nom donné par les Turcs au commandant d’une troupe, s’appliquait spécialement jadis au chef des janissaires.

AGADIR, v. et port du Maroc, sur l’Atlantique, à 244 kil. S. O. de Maroc : c’est le meilleur port de l’empire. Cette v. appartint longtemps aux Portugais, qui l’appelaient Ste-Croix ; elle leur fut enlevée par les Maures en 1536. S’étant révoltée contre Sidi-Mahomet, elle fut prise, ruinée, et ses habitants transférés à Mogador (1713).

AGAG, roi des Amalécites, fut battu par Saül, qui lui fit grâce contre l’ordre de Dieu. Samuel, après avoir reproché à Saül cette désobéissance, mit lui-même Agag à mort devant l’autel du Seigneur.

AGAMÈDE, architecte du temple de Delphes, frère de Trophonius. V. TROPHONIUS.

AGAMEMNON, roi d’Argos et de Mycènes, fils de Plisthène et petit-fils d’Atrée, avait épousé Clytemnestre, sœur d’Hélène. Il fut élu généralissime des Grecs dans la guerre de Troie : ce qui le fait appeler le roi des rois. Retenu à Aulis par les vents contraires, il sacrifia sa fille Iphigénie pour obtenir des dieux un vent favorable. Ses démêlés avec Achille furent lontemps funestes à la cause des Grecs et retardèrent la prise de Troie ; ils ne cessèrent que quand Agamemnon eut rendu au héros l’esclave Briséis, qu’il lui avait enlevée. A son retour dans Argos, il fut assassiné par Clytemnestre, qu’Égisthe avait séduite. Oreste, son fils, vengea sa mort. On place le règne d’Agamemnon de 1280 à 1270 av. J.-C. On doit à Eschyle, Nép. Lemercier et Alfieri de belles tragédies d’Agamemnon.

AGANIPPE, source consacrée aux Muses, coulait au pied de l’Hélicon et allait grossir le Permesse.

AGAPES (du grec agapê, amitié), repas que les premiers Chrétiens célébraient en commun dans l’église en mémoire du dernier festin que Jésus fit avec les apôtres, lorsqu’il institua l’Eucharistie. Ces repas furent abolis au IVe siècle, à cause des abus qui commençaient à s’y glisser.

AGAPET I (S.), pape de 535 à 536, alla à Constantinople pour réconcilier Théodat, roi goth, avec Justinien, et refusa d’y nommer un patriarche eutychéen. On l’honore le 20 septembre.

AGAPET II, pape de 946 à 956, appela à Rome l’empereur Othon pour le défendre contre Bérenger II, qui voulait se faire roi d’Italie, et apaisa par sa modération les discordes de plusieurs princes.

AGAPET, diacre de Constantinople, adressa à Justinien, lorsqu’il monta sur le trône, un ouvrage intitulé Scheda regia, sive de officio regis, qui contenait des conseils sur les devoirs d’un prince chrétien. Cet ouvrage, imprimé en 1509 à Venise, grec-latin, in-8, a été traduit plusieurs fois, entre autres par Louis XIII dans sa jeunesse, Paris, 1612, in-8.

AGAR, femme égyptienne, était servante de Sara, qui la donna pour femme du second ordre à Abraham. Elle devint mère d’Ismaël et s’enorgueillit : Sara, mécontente et jalouse, la chassa avec son fils.

AGATHA, Agde, v. de la Gaule Narbonnaise, chez les Atacini, près de l’emb. de l’Arauris (Hérault), fut fondée par les Massiliens, qui lui donnèrent le nom grec d’Agathé Tyché, c.-à-d. bonne fortune.

AGATHARCHIDE, géographe de Cnide, né vers l’an 150 av J.-C., fut secrétaire et lecteur du roi Ptolémée Alexandre. Il avait écrit un Périple de la mer Rouge, des Traités de l’Asie, de l’Europe, etc. Il ne reste de lui que des fragments du Périple, recueillis par Hudson dans ses Geographi minores, et commentés par Gosselin dans ses Recherches sur la Géographie. On le croit aussi auteur d’une Histoire de Perse, dont on trouve quelques fragments dans les Excerptæ historiæ, Francfort 1559, et dans les Fragments historiques de la collection de Didot, publiés par Miller, 1848.

AGATHE (Ste), vierge et martyre de Palerme, mourut des suites des tortures que lui fit souffrir Quintianus, gouverneur de Sicile, en 251. Les Siciliens l’ont en grande vénération. On l’hon. le 5 fév.

AGATHÉMÈRE, écrivain grec du IIIe siècle après J.-C., est auteur d’un abrégé de la Géographie de Ptolémée intitulé Hypotyposes geographicæ (grec-latin, Amsterd., 1611).

AGATHIAS, dit le Scolastique, historien grec du VIe siècle après J.-C., a écrit une Histoire du règne de Justinien (de 553 à 559) en 5 livres, qui fait suite à celle de Procope. Elle fait partie de la Collection byzantine et a été trad. en franç. par le président Cousin. Agathias composa aussi une Anthologie en 7 livres, publiée à Paris, grec-latin, 1660, in-fol., et plus. fois réimprimée. V. ANTHOLOGIE.

AGATHOCLE, tyran de Sicile, né vers 361 av. J.-C. à Thermes, près d’Himère était fils d’un potier. Il s’éleva du rang de simple soldat à celui de général, se rendit maître de Syracuse par l’intrigue et la violence (317), y abolit les dettes et partagea les terres. Il fit avec succès la guerre aux Carthaginois, les expulsa de la Sicile, qu’il rangea tout entière sous son pouvoir, alla les attaquer jusqu’en Afrique (310), et brûla ses vaisseaux en débarquant, pour mettre ses soldats dans la nécessité de vaincre. Peu d’années après, il rappela lui-même les Carthaginois en Sicile pour l’aider à triompher d’une insurrection redoutable, et leur rendit la plupart de leurs anciennes possessions. Il venait de conquérir le Brutium, lorsqu’il périt, empoisonné par son petit-fils Archagathe, à 72 ans, 289 av. J.-C. Voltaire a fait une tragédie d’Agathocle : c’est sa dernière.

AGATHON, poëte dramatique d’Athènes, contemporain et rival d’Euripide, remporta le prix en 416 av. J.-C. et mourut vers 400, dans la force de l’âge. Il composa des tragédies d’Ærope, de Thyeste, de Télèphe, etc., qui ne nous sont pas parvenues : il y donnait l’exemple de prendre ses sujets en dehors des traditions mythologiques ou historiques, et de mettre sur la scène des personnages allégoriques. Il composa aussi des comédies, entre autres la Fleur, citée par Aristote. On reprochait à ce poëte l’abus de l’antithèse. Agathon est un des principaux interlocuteurs du Banquet de Platon. Il ne reste de lui que quelques vers, recueillis par Grotius et par Ritschl, Leips., 1828.

AGATHON (S.), pape, natif de Palerme, élu en 678, mort en 682, condamna les Monothélites dans un concile et cessa le premier d’acquitter le tribut que chaque pape payait aux empereurs au moment de son élection. L’Église latine le fête le 10 janvier.

AGATHYRSES, anc. peuple sarmate, placé par Hérodote dans les monts Karpathes, par Pline dans la Scythie d’Europe, existait encore du temps d’Ammien, qui le place près du Volga. Attila les soumit et leur donna un de ses fils pour roi.

AGAUNUM, v. des Nantuates (St-Maurice en Valais).

AGAVÉ, fille de Cadmus et mère de Penthée. V. PENTHÉE.

AGDE, Agatha, ch.-l. de cant. (Hérault), sur l’Hérault, à 51 kil. S. O. de Montpellier, à 21 k. E. de Béziers ; 9147 hab. Tribunal, collège, port marchand, école de navigation, cabotage très-actif, station. Il s’y tint un concile en 506. V. AGATHA.

AGE D’OR, D’ARGENT, etc. V. AGES.

AGEDINCUM, v. de Gaule, est auj. SENS, ou, selon quelques-uns, mais moins probabl., PROVINS.

AGEN, Aginnum, ch.-l. du dép. du Lot-et-Garonne, sur la r. dr. de la Garonne, à 610 kil. S. O. de Paris, à 714 kil. par chemin de fer ; 17 263 h. Évêché, cour d’appel, lycée. Belle cathédrale, beau pont-canal, promenade du Gravier. Grand commerce, serges renommées, teintureries pour ecarlate ; excellentes prunes. — Ancienne capitale des Nitiobriges ; ville prétorienne sous l’empire ; prise et reprise par les Goths, les Huns, les Alains, les Burgundes, les Sarrasins ; appartint successivement aux rois de France, aux ducs d’Aquitaine, aux rois d’Angleterre, aux comtes de Toulouse ; fut la capit. de l’Agénois et souffrit beaucoup au xvie siècle pendant les guerres de religion. Patrie de B. Palissy, J. J. Scaliger, de Lacépède et du poëte contemporain Jasmin.

AGENDICUM, la même v. qu’Agedincum.

AGÉNOIS, anc. prov. de Guyenne, entre le Périgord, le Quercy, le Condomois, la Lomagne et le Bazadais ; 80 kil. de long sur 40 de large. Pâturages, grains, beaucoup de vin. On y trouvait, outre Agen, qui en était le ch.-l., Villeneuve-d’Agen, Marmande, Aiguillon, Tonneins, Clérac, Duras, Lauzun. — Comté dès le ixe siècle, l’Agénois fut donné en apanage par Charles IX à sa sœur Marguerite et réuni à la couronne en 1592. Il fait auj. partie du dép. de Lot-et-Garonne.

AGÉNOR, roi de Phénicie vers 1560 av. J.-C., fut père de Cadmus et d’Europe.

AGES. Les poëtes de l’antiquité distinguaient 4 âges, dans lesquels les hommes allèrent sans cesse en empirant : 1o l’Age d’or, qui s’écoula immédiatement après la création de l’homme et lorsque Saturne régnait dans le ciel ; c’est un temps d’innocence, de justice, d’abondance et de bonheur ; la terre jouissait d’un printemps perpétuel, et les champs produisaient sans culture ; 2o l’Age d’argent, qui commença lorsque Saturne, chassé du ciel, vint chercher un refuge sur la terre, et que Jupiter lui eut succédé dans le ciel ; on éprouva les premières vicissitudes des saisons ; il devint nécessaire de cultiver la terre et de pratiquer les arts pour satisfaire aux besoins naissants ; les hommes commencèrent à déchoir de leur première innocence et à perdre une partie de leur bonheur ; 3o l’Age d’airain, qui commença lorsque Saturne eut quitté la terre ; cet âge est encore un mélange de bien et de mal, mais le mal commence à dominer, la propriété s’établit et avec elle naissent la rapine et la guerre ; 4o l’Age de fer, qui est signalé par le débordement de tous les excès et de tous les crimes ; la terre ferme son sein ; la déesse de la justice, Astrée, fuit épouvantée et retourne dans les cieux. On connaît les belles descriptions qu’Hésiode et Ovide ont données des quatre âges.

Les historiens divisent l’histoire en 3 grands âges : les Temps anciens, jusqu’à la chute de l’empire d’Occident, en 476 ; le Moyen âge, de 476 à la prise de Constantinople par les Turcs, en 1463, et les Temps modernes, depuis 1453 jusqu’à nos jours.

AGÉSANDRE, habile sculpteur de Rhodes, est auteur du beau groupe de Laocoon qui fut retrouvé sous Jules II, par Félix de Fredis, et que l’on admire comme un des chefs-d’œuvre de la statuaire antique. On n’est pas d’accord sur l’époque à laquelle vécut cet artiste ; les uns le rapportent à l’époque la plus brillante de la Grèce (ive siècle av. J.-C) ; les autres le placent sous les premiers empereurs romains. Pline l’Ancien, cite et décrit le Laocoon (Hist. Naturelle, liv. XXXVI, ch. vi).

AGÉSILAS, roi de Sparte, de la race des Proclides, fils d’Archidamus, monta sur le trône l’an 400 av. J.-C., à l’exclusion de son neveu Léotychide, qu’il fit déclarer bâtard. Il vainquit successivement les Perses, qu’il alla attaquer en Asie (395), et sur lesquels il conquit une partie de l’Asie-Mineure ; les Béotiens, les Argiens et les Athéniens, ligués contre lui, à Coronée (394). Il défendit la Laconie contre Epaminondas (369), mais fut battu par lui à Mantinée (363). A l’âge de 80 ans, il alla au secours de Tachos, roi d’Égypte, qui était en guerre contra Artaxerce : il mourut en revenant de cette expédition, l’an 361. Agésilas était petit, boiteux et laid ; mais son courage et sa grandeur d’âme effacaient ses imperfections physiques. Cornélius Népos et Plutarque ont écrit sa Vie ; Xénophon a composé son Éloge.

AGÉSIPOLIS. Sparte eut 3 rois de ce nom, de la race des Agides. Le 1er, fils de Pausanias, lui succéda l’an 397 av. J.-C. Il remporta une grande victoire sur les Mantinéens, et mourut l’an 380. − Le 2e, fils de Cléombrote, ne régna qu’un an, 371. − Le 3e, étant encore très-jeune au moment de son avènement, l’an 219, fut mis sous la tutelle de Cléomène et de Lycurgue ; ce dernier lui ravit la couronne.

AGGÉE, un des 12 petits prophètes, revint de Babylone avec Zorobabel et prophétisa à Jérusalem vers 530 av. J.-C. Il encouragea les Juifs a rebâtir le temple, en prédisant que le second serait plus illustre que le premier.

AGGERSHUUS, grand gouvt de la Norwége, le plus étendu de tous, a pour bornes la Suède, le Drontheim et le Cattegat ; il est arrosé par la Drammen, et compte environ 500 000 hab. ; ch.-l. Christiania, capit. de toute la Norwége. Il tire son nom d’un château-fort, dit Aggershuus, situé au fond de la baie de Christiania, à 20 kil. N. de cette v., et qui a longtemps été le ch.-l. de la prov. Ce gouvt renferme de riches mines d’argent, de cuivre et de fer.

AGHABLY, v. du Sahara, capit. de l’oasis de Touat, par 27° 40′ lat., N. et 1° 30′ long. O., sur la route de Tripoli à Tombouctou.

AGHADÈS, v. du. Sahara, par 18° 40′ lat. N. et 11° 2′ long, E., capit. d’une oasis du même nom et de tout le roy. d’Asben, au S. de l’État de Tripoli, est plus grande que Tripoli même. Elle sert d’entrepôt pour le commerce de la partie orient. du désert. Elle compta jadis jusqu’à 50 000 hab. ; elle n’en a plus guère que 8 000. Elle appartient aux Touariks.

AGHMAT, v. du Maroc, à 50 kil. S. E. de Maroc, était la capit. des Almoravides, et fut prise en 1128 par les Almohades. Auj. fort déchue.

AGHRIM, vge. d’Irlande (Connaught), à 40 kil. E. de Galway. Les troupes de Jacques II y furent battues le 22 juillet 1691, par celles de Guillaume III. On nomme aussi cette bataille bataille de Kilkonnel, du nom d’un village voisin.

AGIDES ou eurysténides, nom d’une des deux branches royales qui régnaient conjointement à Sparte, tire son nom d’Agis, roi en 1060 av. J.-C. Elle était opposée à celle des Proclides ou Eurypontides. V. sparte.

AGILA, roi des Visigoths d’Espagne, 540-554, fut, après 5 ans de règne massacré par ses sujets, qu’il avait révoltés par sa tyrannie. Voy. athanagilde.

AGILOLFINGES, Ire dynastie des ducs de Bavière, ainsi nommés d’un guerrier bavarois, nommé Agilolf ou Agilulphe, qui secoua vers 530 le joug des Ostrogoths, et rendit la Bavière indépendante. Tassillon III fut le dernier des successeurs d’Agilolf. Charlemagne l’enferma dans un couvent et réunit la Bavière à son empire, 788.

AGILULPHE, duc de Turin, devint roi de Lombardie en 591, par son mariage avec Théodelinde, veuve du dernier roi, Autharis. Il fit la guerre avec succès contre plusieurs princes révoltés, contre le pape et l’emp. d’Orient Phocas, et prit Crémone, Mantoue et Padoue. Il m. en 615, après s’être fait catholiq. — Héros bavarois. Voy. agilolfinges.

AGINCOURT (seroux d’), antiquaire, archéologue et numismate, né en 1730, à Beauvais, mort en 1814, à Rome, fut fermier général sous Louis XV, et amassa une brillante fortune qu’il consacra tout entière à l’étude et à la culture des beaux-arts. Après avoir visité l’Angleterre, la Hollande, l’Allemagne, l’Italie, il se fixa à Rome en 1779, et s’y lia avec le cardinal Bernis et le chevalier d’Azara. Il y rédigea l’Histoire de l’Art par les Monuments depuis le ive siècle jusqu’au xvie (Paris, en 6 vol. in-fol., avec 325 planches, 1809-1823) : c’est le plus riche répertoire que l’on ait en ce genre.

AGINNUM, auj. Agen, v. capit. des Nitiobriges, peuple de l’Aquitaine, au S. des Petrocorii.

AGIS, nom de 4 rois de Sparte, dont un seul de la race des Agides, et 3 de celle des Proclides :

AGIS, fils d’Eurysthènes, succéda à son père vers l’an 1060 av. J.-C. On ne sait rien de son règne. C’est de lui que vient le nom d’Agides, donné à l’une des deux races qui régnaient conjointement à Sparte.

AGIS I, de la race des Proclides, fils d’Archidamus, régna de 427 à 400 av. J.-C., battit les Argiens à Mantinée, et obtint plusieurs avantages sur les Athéniens pendant la guerre du Péloponèse.

AGIS II, fils d’Archidamas II, roi de 338 à 330 av. J.-C., tenta de délivrer la Grèce du joug des Macédoniens, et périt dans une bataille contre Antipater, lieutenant d’Alexandre, après avoir fait des prodiges de valeur.

AGIS III, le plus célèbre des rois qui ont porté ce nom, monta sur le trône l’an 244 av. J.-C. Il tenta de remettre en vigueur les lois de Lycurgue, proposa d’abolir les dettes et de faire un nouveau partage des terres ; mais il échoua dans ses desseins par l’opposition de son collègue, le roi Léonidas, et par la perfidie de ceux mêmes à qui il avait donné sa confiance. Arraché d’un temple où il s’était réfugié, il fut étranglé dans sa prison par l’ordre des éphores, l’an 239 av. J.-C. Plutarque a écrit sa Vie.

AGLABITES, dynastie musulmane, qui s’éleva sur les ruines des califes de Bagdad et régna environ 109 ans sur le pays qui s’étend de l’Égypte jusqu’à Tunis, eut pour chef Ibrahim-Ben-Aglab, qui fut nommé, vers l’an 800 de J.-C., gouverneur de l’Afrique par Haroun-al-Raschid. Ils siégaient à Kairouan, près de Tunis. Ils envahirent la Sicile dès 827, et prirent successivement Agrigente, Palerme, Syracuse (878), qu’ils détruisirent. Leur dernier chef, Ziadat-Allah, fut dépouillé de ses États en 909 par les califes fatimites, qui gouvernaient l’Égypte. M. Noël Desvergers a écrit l’Histoire des Aglabites, Paris 1843.

AGLAÉ, l’une des trois Grâces. V. GRACES.

AGLIÉ, v. du Piémont (Ivrée), à 15 kil. S. O. d’Ivrée ; 3300 h. Château royal, musée d’antiquités.

AGNADEL, bourg de Lombardie (Lodi), à 15 kil. N. E. de Lodi, est célèbre par les victoires qu’y remportèrent Louis XII sur les Vénitiens (1509), et le duc de Vendôme sur le prince Eugène (1705).

AGNAN ou AIGNAN (S.), Anianus, évêque d’Orléans de 391 à 453, sauva la v. d’Orléans assiégée par Attila, 450. On attribue à ses prières le secours inespéré que la ville reçut d’Aétius et des Visigoths. L’Église l’honore le 17 novembre.

AGNANO (lac d’), Anianus lacus, à 7 kil., O. S. O. de Naples, occupe le bassin d’un ancien Cratère ; ses eaux sont sans cesse en ébullition. Près de là se trouve la fameuse grotte du Chien. V. ce nom.

AGNÈS (Ste), jeune vierge de Palerme, subit le martyre à Rome, en 304, à 13 ans ; lors de la persécution de Dioclétien. Prudence a chanté son martyre ; le Tintoret et le Dominiquin l’ont représenté sur toile. On la fête le 21 janvier.

AGNÈS D’AQUITAINE, fille de Guillaume V, duc d’Aquitaine, épousa en 1043 Henri III, empereur d’Allemagne, et fut mère de l’emp. Henri IV. A la mort de son mari, elle gouverna au nom de son fils, âgé de 6 ans ; dépouillée du pouvoir en 1062, elle se retira à Rome, où elle mourut en 1077.

AGNÈS DE FRANCE, fille du roi de France Louis le Jeune, fut mariée en 1180, dès l’âge de 9 ans, à Alexis Comnène le Jeune, empereur de Constantinople ; deux ans après, elle se vit forcée d’accepter la main d’Andronic Comnène, qui avait fait mourir Alexis et avait usurpé le trône.

AGNÈS DE MÉRANIE, reine de France, fille de Berthold, duc de Méranie, fut épousée en 1196 par Philippe-Auguste qui venait de répudier Ingelburge mais les censures de l’église obligèrent ce prince à l’éloigner pour reprendre sa première femme. Agnès, retirée à Poissy, y mourut de douleur en 1201. Elle avait eu du roi un fils, Philippe Hurepel. M. Ponsard a fait une tragédie d’Agnès de Méranie.

AGNÈS D’AUTRICHE, fille de l’empereur Albert I, née en 1280, vengea la mort de son père qui avait été assassiné (1308), en immolant près de 1000 victimes. Elle avait épousé en 1296, André III, roi de Hongrie ; mais elle devint veuve après un an de mariage. En 1310, elle fonda en Suisse un monastère où elle s’enferma ; elle y mourut en 1364.

AGNÈS SOREL ou SURELLE, dame célèbre par sa beauté et les qualités de son esprit, fille de Sorel de St-Gérard, gentilhomme attaché à la maison du comte de Clermont, naquit vers 1410 au village de Fromenteau en Touraine. Elle était fille d’honneur d’Isabeau de Lorraine, duchesse d’Anjou, lorsque cette dame eut occasion de venir à la cour de Charles VII pour solliciter une grâce (1431). Charles devint bientôt éperdument amoureux d’Agnès la fixa à sa cour en la nommant dame d’honneur de la reine, et en fit bientôt sa maîtresse. Agnès n’usa, dit-on, de l’ascendant qu’elle avait sur le roi que pour le déterminer à sortir du honteux repos dans lequel il languissait pendant que les Anglais s’emparaient de ses États (V. CHARLES VII), et elle contribua ainsi puissamment au salut de la France. Le roi la combla de faveurs et lui donna entre autres présents le château de Beauté, sur les bords de la Marne (près de St-Maur), d’où elle prit le nom de dame de Beauté. La reine elle-même lui montra toujours un sincère attachement. En 1445, Agnès, insultée par le dauphin (depuis Louis XI), quitta la cour et alla vivre à Loches, où Charles VII lui avait fait bâtir un château. Elle mourut en 1450, à Jumiéges, où elle était venue trouver le roi ; on la crut empoisonnée par le dauphin. Par allusion à son nom, elle portait dans ses armes un sureau d’or.

AGNÈS (la Mère). V. ARNAULD (AGNÈS).

AGNESI (Maria-Gaetana), née à Milan en 1718, morte en 1799, était fille d’un professeur de mathématiques à Bologne, qui l’initia de bonne heure à l’étude des hautes sciences. Elle y réussit si bien qu’en 1750 le pape Benoît XIV l’autorisa à remplacer son père dans son cours public. Elle a publié en latin des Institutions analytiques, qui ont été trad. par d’Anthelmy, avec notes de Bossut, sous ce titre : Traités élémentaires du calcul différentiel et du calcul intégral, Paris, 1775, in-8.

AGNOLO (BACCIO d’), sculpteur et architecte florentin, né en 1460, mort en 1543, fut le contemporain et l’ami des Raphaël et des Michel-Ange. Il commença par sculpter et ciseler en bois, et s’adonna ensuite à l’architecture. Florence, lui doit le palais Bartolini et quelques autres édifices remarquables par leur élégance et leur solidité. Plusieurs sont ornés de ses sculptures en bois. Il laissa trois fils, auxquels il transmit une partie de ses talents.

AGNONE, v. du roy. d'Italie (Molise), à 27 kil. d’Isernia ; 8000 hab. Elle a 7 églises et 5 monts de piété. Fabriques d’articles en cuivre.

AGOBARD, archevêque de Lyon en 813, mort en 840, prit part à la révolte de Lothaire contre Louis le Débonnaire, et fut en conséquence déposé par le concile de Thionville, en 835 ; mais, ayant reconnu ses torts, il fut rétabli peu après. C’était un homme éclairé pour ces temps : il fit abroger la loi Gombette, qui autorisait les duels juridiques ; il écrivit contre les épreuves de l’eau et du feu et contre la croyance aux sorciers. Il a laissé plusieurs écrits qui ont été publiés par Baluze, 1666, 2 vol. in-8.

AGOGNA, riv. des États sardes, se jette dans le Pô entre la Sesia et le Terdoppio, après avoir baigné Borgomanero, Novare, Mortara. Sous Napoléon Ier, l’Agogna donna son nom à un dép. du roy. d’Italie, qui avait pour ch.-l. Novare.

AGON, petit port de France (Manche), à 10 kil. S. O. de Coutances ; 1500 hab. Armements pour la pêche de Terre-Neuve. Foire jadis importante.

AGOSTA, Megara hyblea ? v. de Sicile, sur la côte E., à 15 kil. N. de Syracuse, a été séparée du continent par un tremblement de terre et y a été rejointe par des ponts-levis ; 10 000 hab. Place forte de 2e classe ; port très-sûr, situation délicieuse. Aux environs, vallée remarquable par ses grottes. – Fondée au XIIIe siècle par l’empereur Frédéric II ; prise par les Français en 1675 ; bouleversée en 1693 et 1848 par un tremblement de terre.

AGOSTINI (Nicolo degli), poëte vénitien du XVIe siècle, continua le Roland amoureux que Boïardo avait laissé inachevé ; mais les trois livres par lui ajoutés à ce poème sont loin d’égaler l’original. Il a aussi composé quelques poésies oubliées aujourd’hui.

AGOSTINI (Leonardo), antiquaire du XVIIe siècle, né à Sienne, inspecteur des monuments antiques sous Alexandre VII, a donné une édition de la Sicile de Philippe Paruta, Rome, 1649, et un recueil estimé : Gemme antiche figurate, Rome, 1636-57.

AGRAH, v. de l’Indoustan, ch.-l. du district et du gouvt du même nom, à 1520 kil. N. O. de Calcutta, par 75° 33’ long. E. 27° 11’ lat. N. ; 100 000 hab. C’était autrefois une des plus belles et des plus riches villes de l’univers ; ce n’est plus maintenant qu’un amas de ruines ; cependant le fort d’Agrah ou Akbar-Abad et le Tadje, magnifique monument de marbre blanc érigé par Géangir en l’honneur de la belle Nour-Djihan, existent encore. A 8 kil. au N. est le mausolée d’Akbar. Patrie d’Aboul-Fazl 1e ministre d’Akbar. – Agrah fut la capit. de l’empire mogol de 1504 à 1647. Prise par les Mahrattes en 1784, elle leur fut enlevée par les Anglais en 1803. Elle est depuis 1833 le ch.-l. d’un gouvt détaché de la présidence de Bengale ; elle commence à refleurir depuis qu’elle appartient aux Anglais.

agrah, anc. prov. de l’Hindoustan, entre celles de Delhi, d’Aoude, d’Allah-Abad, de Malwah, d’Adjmir, s’étend de 73° 24’ à 77° 40’ de long. E., et de 25° 35’ à 28° 18’ lat. N. ; de 5 à 6 millions d’h. ; les Brahmanes y sont en grand nombre. Contrée plate, inondée au temps des pluies, très-productive : sucre, indigo, coton, céréales, dont on fait deux récoltes par an. – L’Agrah a presque toujours suivi le sort du Delhi depuis l’invasion musulmane, et a été sous Akbar la 2e vice-royauté de l’empire. En proie, après la mort d’Aureng-Zeyb (1707), aux Djats, aux Mahrattes, etc., elle fut depuis 1777 régie souverainement par Nedjed-Khan ; enfin elle a été démembrée : le roy. de Sindhia en posséda une partie, capit. Gouâlior ; 4 autres parties, Karoli, Bhertpour, Dolpour, Matcherri ou Mewat, (capit. Alvar), formèrent des principautés vassales de la Compagnie anglaise des Indes ; une 6e devint la propriété des Anglais et fut englobée dans la présidence de Calcutta.

AGRAIRES (lois), lois romaines proposées à diverses époques, et qui toutes avaient pour objet un partage de terres entre les citoyens pauvres. Il s’agissait, non comme on l’a cru quelquefois, et comme l’ont voulu les niveleurs modernes de diviser également entre les citoyens le territoire entier, mais de distribuer les terres conquises, qui faisaient partie du domaine public, ou de reprendre ces terres à ceux qui les avaient usurpées ou accaparées, pour en faire une distribution plus équitable. Néanmoins, ces lois, proposées le plus souvent par des ambitieux qui captaient la faveur du peuple, excitèrent les plus grands troubles, et elles furent presque toutes repoussées. Il y eut 7 lois agraires proposées : on les nomme du nom de leurs auteurs : Cassia, 485 ans av. J.-C. ; Licinia, 374, Flaminia, 232 ; Sempronia, 133 (c’est celle de Tib. Sempronius Gracchus) ; Servilia, 63 (proposée par Servilius Rullus et combattue par Cicéron) ; Flavia, 60 ; Julia, 59 (proposée par J. César). Tib Gracchus (133 av. J.-C.) et J. César (59) sont les seuls qui aient réussi à faire adopter des lois agraires. V. cassius, graccus, rullus, etc.

AGRAM, v. forte de Hongrie, ch.-l. du comitat d’Agram et de toute la Croatie autrichienne, près de la Save, à 280 kil. S. O. de Bude, à 240 S. de Vienne ; 20 000 hab. (avec sa banlieue). On y distingue deux parties la v. royale et libre, la v. épiscopale ou Bischofstadt. Résidence du ban de Croatie ; archevêché ; petite université; haut tribunal pour la Croatie et la Slavonie. Entrepôt des sels, vins et tabacs de Hongrie ; commerce avec Fiume et la Dalmatie. – Le comitat, un des trois comitats de la Croatie, est situé entre ceux de Warasdin au N. et de Kreutz à l'E. et est traversé par la Save ; 340 000 hab.

AGRAPHA, nom d’une mont. de Grèce, qui fait partie de l’anc. Pinde (V. ce nom), et d’un district de Thessalie, qui forme un évêché grec.

AGREDA, Ilurci, puis Gracchuris, v. d’Espagne (Soria), à 42 kil. N. E. de Soria, au pied du mont Cayo ; 4000 h. Patrie de Marie d’Agreda, Antiquités.

AGRI, nom moderne de l’Aciris. V. ACIRIS.

AGRIA, nom latin de la v. d’Eger ou Erlau.

AGRIANES, auj. l’ERGÈNE, un des affluents de l’Hèbre (Maritsa), se jette dans ce fleuve à Didymotichos, après avoir reçu le Contadesdus.

AGRICOLA (Cn. Jul.), général romain, beau-père de l’historien Tacite, né à Fréjus vers l’an 40 de J.-C., fut envoyé par Vespasien dans la Grande-Bretagne pour achever de la soumettre (77), pénétra en Calédonie et réduisit tout le pays, malgré l’énergique opposition des habitants, de Galgacus surtout. Il reconnut le premier que la Grande-Bretagne était une île. Chargé de gouverner les peuples qu’il avait conquis, il tenta de les civiliser et s’en fit chérir par sa douceur et sa justice. A la mort de Titus, le nouvel empereur, Domitien, jaloux de ses succès, le rappela de son gouvernement (85) ; Agricola passa le reste de ses jours dans la retraite et l’obscurité. Il mourut à 56 ans ; on crut qu’il avait été empoisonné par Domitien. Tacite a écrit sa Vie.

agricola (Rodolphe), professeur de philosophie à Heidelberg, né près de Groningue, en 1443, mort en 1485, fut un des restaurateurs des sciences et des lettres en Europe, et combattit la scolastique. il s’était formé en France et en Italie. Parmi ses écrits, qui ont été réunis sous le titre Lucubrationes, Cologne, 1539, les plus importants sont le discours In laudem philosophiæ et le traité De inventione dialectica, Cologne, 1527, où il a le premier exprimé la possibilité d’instruire les sourds-muets.

agricola (George landmann, dit), le plus ancien minéralogiste, né vers 1494, à Glaucha, en Misnie, mort en 1555, exerce d’abord la médecine, mais abandonna cette profession et vint se fixer à Chemnitz pour s’y livrer tout entier à l’étude des minéraux. Il étudia surtout les mines d’argent de la Misnie. On a de lui De re metallica, Bâle, 1546, in-fol. ; De mensuris et ponderibus Romanorum et Græcorum, Bâle, 1550, in-fol. Quoique fort savant, il n’était pas exempt des préjugés du temps : il croyait aux esprits et à la pierre philosophale ; on a de lui un traité De lapide philosophica, Cologne, 1531.

agricola (Jean), surnommé Magister Islebius, parce qu’il était d’Eisleben en Saxe, né en 1492, mort en 1566, fut un des principaux coopérateurs de Luther. Il soutenait que la foi évangélique est inutile pour être sauvé, et par là il donna naissance à la secte des Antinomiens (c’est-à-dire adversaires de la loi). A la suite de démêlés qu’il eut avec Melanchthon au sujet de cette doctrine, il se retira à Berlin où il devint prédicateur de la cour. Il prit part à l’Intérim d’Augsbourg, au colloque de Leipsick (1519), et signa les articles de Smalkalde (1537). Il a laissé, outre des ouvrages de controverse, un Recueil de proverbes allemands, accompagné d’un Commentaire estimé, Haguenau, 1529.

AGRIGENTE, Acragas en grec, Agrigentum en latin, auj. girgenti vecchio, grande et riche ville de la Sicile ancienne, sur la cote méridionale, prés de la riv. d’Acragas (fume di Girgenti), était une colonie de Géla et fut fondée vers 582 av. J.-C. On y élevait des chevaux qui disputaient les prix aux jeux olympiques. Ses ruines attestent encore sa grandeur et sa magnificence : on y voit des temples de la Concorde, de Castor et Pollux, d’Hercule, d’Apollon, de Diane, de Junon, de Cérès, de Proserpine et de Jupiter Olympien : ce dernier est le plus grand temple connu. Patrie d’Empédocle. – Longtemps libre, Agrigente eut ensuite des tyrans (Phalaris, 566, Théron, 488) puis elle tomba au pouvoir des Syracusains. Elle fut prise et détruite en 406 par les Carthaginois, se releva bientôt, subit en 210 la domination romaine et passa depuis, comme la Sicile, aux Romains, aux Arabes, aux Normands, aux Français, aux Aragonais, et enfin aux rois de Naples.


AGRIPPA (M. Vipsanius), général romain, favori d’Auguste, né l’an 64 av. J.-C., était d’une origine peu relevée, et parvint par son seul mérite aux plus hautes dignités. C’est à lui qu’Octave dut le succès des batailles de Nauloque et d’Actium. Consulté par Auguste, il lui conseilla d’abdiquer et de rétablir la république ; mais son avis ne fut pas suivi. Il épousa Julie, fille d’Auguste, et fut désigné pour succéder à l’empire ; mais il mourut avant l’empereur, l’an 12 av. J.-C., en revenant d’une expédition contre les Pannoniens. C’est Agrippa qui fit construire à Rome le célèbre Panthéon, auj. Notre-Dame de la Rotonde ; Rome lui doit aussi plusieurs aqueducs. Il laissa trois fils qui furent adoptés par Auguste ; mais tous périrent de mort tragique. Il eut pour fille Agrippine, qui épousa Germanicus.

AGRIPPA DE NETTESHEIM (Henri-Corneille), philosophe et médecin, né à Cologne en 1486, cultiva avec succès toutes les sciences connues de son temps. Il mena une vie fort agitée, et fut sans cesse, à cause de sa présomption et de son caractère difficile, forcé de changer de résidence. Après avoir enseigné à Dole, à Londres, à Cologne, à Paris, à Turin, à Metz, à Fribourg, il vint, en 1524, se fixer à Lyon pour y exercer la médecine, et fut nommé peu après médecin de Louise de Savoie, mère de François I. Chassé de France par cette princesse qu’il avait insultée, il fut accueilli par Marguerite, gouvernante des Pays-Bas. Étant ensuite rentré en France il fut mis en prison, et mourut, peu de temps après avoir recouvré sa liberté, dans un hôpital de Grenoble, en 1535. Agrippa combattit la philosophie de son temps, mais ce fut pour y substituer des erreurs plus dangereuses : il donna dans le septicisme, puis dans le mysticisme, l’alchimie et la magie, et s’attacha surtout aux doctrines de Reuchlin et de Raymond Lulle. Ses principaux écrits sont : De incertitudine et vanitate scientiarum, Anvers, 1530, in-4, trad. par L. Turquet, 1682, et par Gueudeville, 1726 ; De occulta philosophia, 1531, trad. par A. Levasseur, 1727 (cet ouvrage le fit accuser de magie et lui valut un long emprisonnement à Bruxelles) ; De nobilitate et præcellentia feminei sexus, 1529, ouvrage écrit pour flatter Marguerite, traduit aussi par Gueudeville. Ses œuvres complètes ont été réunies à Leyde, 1560 et 1600.

AGRIPPINE, fille de Vipsanius Agrippa et de Julie, la fille d’Auguste, était célèbre par sa beauté et ses vertus. Elle épousa Germanicus, qu’elle accompagna en Syrie. Après la mort prématurée de son époux, elle rapporta ses cendres en Italie et demanda justice à l’empereur, accusant de sa mort Pison, qui se vit forcé de se tuer pour prévenir sa vengeance. Tibère, jaloux de sa popularité, l’exila dans l’île de Pandatarie, où, dit-on, il la laissa mourir de faim, l’an 33 de J.-C. Elle avait donné le jour à Caligula et à l’autre Agrippine, la mère de Néron.

AGRIPPINE, fille de Germanicus et de la précédente, épousa Domitius Ahenobarbus, dont elle eut Néron. Devenue veuve, elle épousa l’empereur Claude, son oncle, s’empara du pouvoir sous ce faible prince, maria son fils à Octavie, fille de l’empereur, fit écarter du trône le fils de Claude, Britannicus, pour y appeler son propre fils Néron, et avança par le poison la mort de son époux, afin de prévenir un changement de résolution. Peu d’années après, Néron, parvenu à l’empire, voulut se défaire de sa mère, qui l’importunait de ses reproches: il la fit, à cet effet, monter sur un vaisseau que l’on devait submerger en pleine mer : elle échappa à ce danger ; mais ce ne fut que pour être aussitôt assassinée par un centurion, l’an 59 de J.-C. Cette princesse joignait à une grande beauté l’esprit le plus artificieux, les mœurs les plus dissolues et une froide cruauté.

AGUADO (Alex.), riche banquier espagnol, 1784-1842, de famille israélite, prit parti pour les Français et fut aide de camp du maréchal Soult, quitta en 1815 le service pour la banque, négocia avec succès pour l’Espagne plusieurs emprunts à l’étranger, et reçut en récompense de Ferdinand VII le marquisat de Las Marismas, avec des concessions de mines, qui lui procurèrent une immense fortune. Naturalisé Français, il se fixa à Paris et y forma une magnifique galerie de tableaux (gravée par Gavard). On lui doit le beau pont de Ris, qu’il fit construire près de sa propriété de Petit-Bourg.

AGUAQUENTE (eau chaude), v. du Brésil (Goyaz), à 280 kil. N. E. de Goyaz. Fondée en 1732. Mines d’or : on y trouva un morceau de 22 kilog. d’or natif, longtemps conservé au musée de Lisbonne.

AGUARICO ou RIO DEL ORO, riv. de Équateur, tributaire du Napo, où elle se perd après un cours d’environ 500 kil. Elle charrie beaucoup d’or.

AGUAS CALIENTES, v. du Mexique (Zacatecas), à 227 kil. N. E. de Guadalaxara, tire son nom de deux sources d’eaux thermales ; environ 40 000 hab. Climat délicieux.

AGUESSEAU (Henri-François d’), célèbre magistrat et orateur, fils de Henri d’Aguesseau, intendant du Limousin, né en 1668, mort en 1751. Il fut nommé avocat général au parlement de Paris dès l’âge de 22 ans, devint six ans après procureur général, et s’acquit dans ces fonctions une grande réputation, tant par les sages réformes qu’il fit adopter que par les plaidoyers et les discours éloquents qu’il prononça. Toutefois, il encourut un moment la disgrâce de Louis XIV pour s’être opposé à la bulle Unigenitus. En 1717, il fut nommé chancelier par le Régent ; mais, l’année suivante, il fut destitué et exilé de Paris pour avoir combattu le système de Law. Il se retira dans sa terre de Fresnes, qui devint célèbre par son séjour. On le rappela en 1720, quand on eut reconnu tout ce qu’avait de désastreux le système qu’il avait combattu. En 1722, le cardinal Dubois le fit exiler de nouveau et les sceaux ne lui furent rendus qu’en 1737, sous le ministère du cardinal Fleury. Il les conserva jusqu’en 1750 et les résigna de lui-même à l’âge de 82 ans. Magistrat intègre, orateur éloquent, d’Aguesseau n’était pas moins remarquable par ses qualités sociales, par sa piété et son immense instruction. Il s’était beaucoup occupé de philosophie : il a laissé des Méditations métaphysiques, ou il suit les pas de Descartes. Ses œuvres ont été imprimées en 13 vol in-4 1759-1789, et en 16 vol. in-8, 1819. M. Rives a publié en 1824 ses Lettres inéd., 1 vol. in-4 et 2 in-8. Thomas a écrit son Éloge. M. Boullée, en 1835, et M. F. Monnier, en 1859, ont donné l’Histoire de la vie et des ouvrages de d’Aguesseau.

AGUILAR DE LA FRONTERA, v. d’Espagne (Cordoue), ch.-l. de district, à 50 kil. S. E. de Cordoue ; 12 000 h. ; était jadis sur la frontière des États maures.

AGYLÉE (Henri), jurisconsulte, né à Bois-le-Duc, en 1533, mort en 1595, a publié, entre autres ouvrages, Justiniani edicta, Justini, Tiberii, Leonis Philosophi constitutiones, Paris, 1560, in-8, et une trad. latine du Nomocamon de Photius, 1561, in-f.

AGYLLA, v. de l’Étrurie ancienne. V. CÆRE.

AHASVERUS. V. JUIF-ERRANT.

AHAUS, petite v. de Prusse (Westphalie), à 40 kil. O. de Munster, ch.-l. de cercle; 1650 hab. Appartient au prince de Salm-Kyrbourg. AHENOBARBUS, c’est-à-dire barbe rousse, surnom d’une branche de la famille Domitia.

AHMED, est le même nom qu’Achmet. V. ce nom.

AHMED-ABAD, v. de l’Inde anglaise (Bombay), à 422 kil. N. de Bombay, par 70° 22' long. E., 23° 1' lat. N., sur le Sabermaty. Jadis très-grande et commerçante, auj. bien déchue ; cependant on lui donne encore 100 000 hab. — Fondée en 1426 par le tartare Ahmed-Nizam, elle fut prise au XVIIIe siècle par les Mahrattes, puis tomba au pouvoir des Anglais. Anc. capit. du Guzzerate, elle est auj. ch.-l. d’un district.

AHMED-CHAH-ABDALLY, général afghan, servit longtemps sous Nadir-chah, qui lui avait sauvé la vie, se fit reconnaître, à la mort du conquérant, souverain du Kandahar, 1747, et bientôt après de tout l’Afghanistan 1756 ; envahit les États du Grand-Mogol, mais fit alliance avec lui en obtenant pour son fils la main d’une des nièces de ce prince, et le défendit même contre les Mahrattes, sur lesquels il remporta une grande victoire à Panipot 1761 ; puis il alla châtier les Sykes, qui avaient envahi le Lahore, et conquit le Kachemir. Il mourut en 1773, laissant à son fils Timour-chah le trône qu’il avait fondé.

AHMED-NAGOR, v. de l’Inde anglaise (Bombay), ch.-l. d’un district de même nom, à 260 kil. E. de Bombay, et 60 N. E. de Pounah, au pied des monts Balaghat ; env. 30 000 hab. Remarquable par sa citadelle. — C’est dans cette v. que mourut Aureng-Zeb (1707). Prise en 1803 par Wellington.

AHR, Obringa, petite riv. d’Allemagne, arrose Aremberg, Ahrweiler et se jette dans le Rhin près d’Andernach, après un cours de 50 kil.

AHRIMAN. V. ARIMANE.

AHRIMANS, c’est-à-dire hommes de guerre. On nommait ainsi chez les Germains et les Francs les guerriers libres qui après la conquête avaient droit au partage. V. ALLEU et LEUDES.

AHRWEILER, v. de Prusse (prov. Rhénane), sur l’Ahr, à 40 kil. N. E. de Coblentz ; à 2600 hab. Ch.-l. d’un cercle de même nom. Vins estimés.

AHUN, Agedunum, Acitodunum, ch.-l. de c. (Creuse), à 18. k. S. E. de Guéret ; 885 h. Houille. Commerce de cheveux. Anc. abbaye de l’ordre de Cluny, bâtie au Xe siècle par Boson, comte de la Marche.

AI. V. AY.

AIA SOLOUK, Éphèse, v. de la Turquie asiatique, à 118 kil. S. E. de Smyrne, importante au moyen âge, dépeuplée auj. Antiquités.

AIAS, AIAZZO, Issus, Adjacium, Nicopolis, v. et port d’Anatolie, au coude N. E. de la Méditerranée ; très-commerçante au moyen âge. V. ISSUS.

AÏBAR. V. AYBAR.

AICHAH, 2e femme de Mahomet, et fille d’Abou-Bekr, morte à la Mecque en 677, était d’une grande beauté. Elle combattit avec violence le parti d’Ali. Les Musulmans lui donnent le titre de prophétesse.

AIDES, COUR DES AIDES. V. ces mots au Dictionnaire universel des Sciences, des Lettres et des Arts.

AIDIN, v. de Turquie (Anatolie), ch.-l. du livah de Guzei-Hissar, à 60 kil. S. de Smyrne. Grand commerce avec Smyrne, à laquelle l’unit un chemin de-fer ; fruits secs très-estimés.

AIGLE. Cet oiseau, emblème de la force et de la majesté, a figuré de tout temps comme symbole des peuples des rois et des armées. Il se voyait sur les étendards des rois de Perse et des Ptolémées d’Égypte. Sous la république romaine (depuis Marius) et sous l’empire, l’aigle surmontait les enseignes des légions. Charlemagne adopta le même signe, et après lui les empereurs d’Allemagne. Napoléon I le reprit en 1804 ; il fut rétabli sur nos drapeaux en 1852. Il avait été aussi adopté par l’ordre teutonique et la Pologne ; il figure encore, sous différentes formes, dans les armes d’Autriche, de Russie, de Prusse, de Pologne, de Sicile, d’Espagne, de Sardaigne, etc. ; l’Autriche, la Russie et la Prusse portent l’aigle à deux têtes.

Il y a en Prusse deux ordres de ce nom, l’un de l’Aigle-Noir, l’autre de l’Aigle-Rouge. Le 1er, fondé en 1701, est porté par les membres de la famille royale et les grands du royaume : on ne peut l’obtenir qu’après avoir été en possession du second. Celui-ci, fondé en 1705 par le prince de Bayreuth pour les sujets de son margraviat, ne devint ordre prussien qu’après la cession du margraviat à la Prusse, en 1790. — L’ordre de l’Aigle-Blanc, en Pologne, fut institué en 1705 par Auguste II. Il a été récemment réuni aux ordres impériaux de Russie. — Le Wurtemberg possède depuis 1702 un ordre de l’Aigle-d’Or, et le duché de Modène eut, depuis 1856, un ordre de l’Aigle-d’Este.

AIGLE (L'), Aquila en latin moderne, jolie petite v. du dép. de l’Orne, ch.-l. de c., à 35 kil. N. E. de Mortagne ; 5454 hab. Ville industrieuse, célèbre par ses fabriques d’épingles et d’aiguilles.

AIGNAN, ch.-l. de c. (Gers), à 36 kil. N. O. de Mirande ; 657 hab. Église gothique.

AIGNAN (S.). V. AGNAN.

AIGNAN (Étienne), homme de lettres, né en 1773, à Beaugency, mort en 1824, fut, sous Napoléon I, aide des cérémonies et secrétaire de l’introducteur des ambassadeurs, et fut reçu à l’Académie française en 1814. Il a traduit en vers l’Iliade, 1809, et l’Essai sur la critique de Pope ; en prose, le Vicaire de Wakefield, et quelques autres romains anglais. Il a aussi composé plusieurs tragédies, mais elles ont eu peu de succès. Il fut sous la Restauration un des collaborateurs de la Minerve, journal libéral.

AIGNAY-LE-DUC, ch.-l. de c. (Côte-d’Or), à 40 kil. N. O. de Dijon, à 31 kil. S. E. de Châtillon, sur une mont. au pied de laquelle coule l’Aignay ; 836 hab. Quelques antiquités (médailles, tombeaux).

AIGRE, ch.-l. de c. (Charente), à 23 kil. S. O. de Ruffec ; 1423 hab.

AIGREFEUILLE, ch.-l. de c. (Charente-Inf.), à 20 kil. N. de Rochefort ; 997 hab. Station. Bonne eau-de-vie. — Ch.-l. de c. (Loire-inf.), à 20 kil. S. E. de Nantes ; 563 hab.

AIGUEBELLE, Carbonaria, Aquabella en lat. moderne, bg de France (Savoie), ch.-l. de c., sur l’Arc et sur la route d’Italie par le Mont-Cenis, à 27 kil. N. O. de St-Jean-de-Maurienne ; 1117 hab. Station. Cuivre et fer aux environs. — Détruite par les Burgundes au Ve s. et par les Sarrasins en 855, elle fut rebâtie par Bérold de Saxe en 998. Anc. résidence des comtes de Savoie, Charles-Emmannel III, duc de Savoie, y fut vaincu par les Franco-Espagnols en 1742.

AIGUEBELLE, bourg de la Drôme, à 8 kil. N. O. de Grignan. Anc. abbaye, fondée par S. Bernard, occupée auj. par des Trappistes.

AIGUEPERSE, Aquæ sparsæ, ch.-l. de c. (Puy-de-Dôme), à 16 kil. N. E. de Riom ; 2745 hab. Station. Près de là naquirent L’Hôpital et Delille.

AIGUES-MORTES, Aquæ mortæ, ch.-l. de c. (Gard), à 31 kil. S. de Nimes, à l’embranchement de plusieurs canaux ; 3865 hab. Aux environs sont les immenses salines du Peccais, ainsi que des marais qui ont valu à la ville son nom et qui y rendent l’air malsain. Aigues-Mortes était jadis sur la mer ; elle en est auj. éloignée de près de 5 kil. S. Louis l’acheta en 1248, et s’y embarqua deux fois pour la croisade (1248, 1270) ; une statue équestre lui a été érigée dans cette ville en 1849. Une entrevue y eut heu en 1538 entre François I et Charles-Quint.

AIGUES-VIVES, village, du dép. du Gard, à 18 kil. S. O. de Nîmes ; 1600 hab. Station. Eaux-de-vie.

AIGUILLE (l'), mont. inaccessible du dép. de l’Isère, à 5 kil. de Corps, s’élève à pic à une hauteur de 2000m : c’est une des 7 merveilles du Dauphiné.

AIGUILLES, ch.-l. de c. (Hautes-Alpes), à 22 kil. S. E. de Briançon ; 717 hab.

AIGUILLES (cap des), le cap le plus mérid. de l’Afrique, à 130 kil. E. S. E. du cap de Bonne-Espérance.

AIGUILLON, bourg du dép. de Lot-et-Garonne, à 28 kil. N. O. d’Agen, au confluent du Lot et de la Garonne ; 2313 hab. Station. Vins, eaux-de-vie, tabac, chanvre. – Assiégé en 1346 par Jean le Bon, duc de Normandie (depuis roi de France); érigé en duché-pairie en 1600 pour la maison de Lorraine-Mayenne. Ce duché passa en 1638 à Marie de Vignerot, nièce du cardinal de Richelieu. Supprimé à sa mort, il fut rétabli en 1731 pour son petit-neveu.

AIGUILLON (Marie-Madeleine de VIGNEROT, duchesse d'), nièce du cardinal de Richelieu, était fille de Réné de Vignerot, seigneur de Pont-Courlay, et de Françoise Duplessis, sœur de Richelieu. Elle entra de bonne heure comme dame d'honneur à la cour de Louis XIII et jouit d'une grande faveur. Elle épousa en 1620 Antoine du Roure de Combalet, qui la laissa veuve au bout de peu d'années. Elle devint duchesse d'Aiguillon en 1638, son oncle ayant acheté pour elle la terre qui porte ce nom. Elle employa des sommes immenses en actes de charité et en œuvres pies. Elle mourut en 1675 léguant son duché à son neveu, le duc de Richelieu. Fléchier a fait son oraison funèbre.

AIGUILLON (Armand-Louis de VIGNEROT, duc d'), petit-neveu de la précédente, né en 1683, mort en 1750, fut d'abord connu sous le titre de marquis de Richelieu, et prit le titre de duc d'Aiguillon en 1731, époque à laquelle le duché d'Aiguillon fut rétabli en sa faveur. Il n'est connu que par quelques livres obscènes, composés en société avec l'abbé Grécourt, le P. Vinot et la princesse de Conti.

AIGUILLON (Armand de VIGNEROT, duc d'), fils du précédent et ministre de Louis XV, né en 1720, mort en 1782, servit sans gloire en Italie et n'en obtint pas moins, vers 1756, le gouvernement de la Bretagne. Il s'y fit universellement détester, eut de vifs démêlés avec La Chalotais et fut accusé devant le parlement; mais il échappa à la condamnation par la protection de Mme du Barry, et fut même, en 1771, appelé au ministère, avec le chancelier Maupeou et l'abbé Terray : il eut le portefeuille des affaires étrangères, auquel il réunit celui de la guerre. Il laissa consommer le partage de la Pologne et s'appliqua en tout à contrecarrer les projets de Choiseul, qu'il avait supplanté. A l'avènement de Louis XVI, il fut destitué et exilé. — Son fils, Armand d'Aiguillon, officier distingué et député à l'Assemblée nationale, fut un des premiers à consentir à l'abolition des privilèges et commanda après Custine (1792); il n'en fut pas moins forcé d'émigrer. Il mourut à Hambourg en 1800.

AIGURANDE, ch.-l. de c. (Indre), à 19 kil. S. O. la Châtre; 1477 hab. Commerce de bestiaux.

AIKIN (John), littérateur anglais, 1747-1822, frère de mistriss Barbauld, se mit à écrire, après avoir exercé la médecine à Yarmouth avec peu de succès. On a de lui des Mémoires sur les médecins la Grande-Bretagne, 1780; une Description de l'Angleterre; une Biographie générale, 10 vol. in-4. 1799-1815, et les Annales du règne de Georges III. Il dirigea de 1796 à 1815 le Monthly magazine.

AILA, AILAH ou AILATH. V. ÆLANA et AKABA.

AILHAUD, médecin charlatan, né en Provence en 1674, mort en 1756, est connu par une poudre qui porte son nom et à laquelle il attribuait la vertu de guérir toutes les maladies; ce n'était qu'un mélange de résine, de scammonée et de suie. La vente de cette poudre lui procura une fortune immense.

AILLANT-SUR-THOLON, ch.-l. de c. (Yonne), à 17 kil. N. O. d'Auxerre; 903 hab. Draps communs.

AILLY (phare de l'), à l'O. de Dieppe (Seine-inf.), sur le cap d'Ailly, entre Varengeville et Pourville.

AILLY-LE-HAUT-CLOCHER, ch.-l. de c. (Somme), à 11 kil. E. d'Abbeville; 1161 hab. – AILLY-SUR-NOYE, ch.-l. de c. (Somme), à 22 kil. N. O. de Montdidier; 1071 hab. Station. – AILLY-SUR-SOMME, hameau du dép. de la Somme, à 18 kil. N. O. d'Amiens, à 5 kil. S. E. de Picquigny; 500 hab. Station.

AILLY (d'), famille noble de la Picardie, issue de Robert d'Ailly, qui vivait au XIe siècle, tirait son nom d'Ailly-sur-Somme. Plusieurs de ses membres adoptèrent la réforme. Charles d'Ailly, vidame d'Amiens, périt, ainsi que son fils, à la bataille de Saint-Denis, en 1567, en combattant dans les rangs des Protestants. C'est par une fiction toute poétique que Voltaire, dans un épisode de la Henriade, arme le fils contre le père et les fait périr tous deux à la bataille d'Ivry, bataille qui ne fut livrée qu'en 1590, 23 ans après la mort de Charles d'Ailly.

AILLY (Pierre d'), Petrus de Aliaco, célèbre docteur, surnommé l’Aigle de la France et le Marteau des Hérétiques, né à Compiègne en 1350, d'une famille obscure, mort en 1420, parvint par son mérite à être successivement grand maître du collége de Navarre (1384), où il forma Gerson, chancelier de l'université de Paris, aumônier et confesseur du roi Charles VI, évêque de Cambray, et enfin cardinal (1411). Il se distingua au concile de Pise et à celui de Constance, où il présida la 3e session, et démontra la nécessité d'une réforme dans l'Église. Il fut légat du pape, d'abord en Allemagne, puis à Avignon. Il fit instituer par Benoit XIII la fête de la Trinité et établir des théologaux dans toutes les cathédrales. Dans les disputes philosophiques de son temps, il fut un des plus ardents champions du nominalisme. Ses traités philosophiques et théologiques ont été imprimés à Strasbourg, 1490, in-fol. Le De Anima a paru séparément à Cologne, 1505.

AILSFORD (Kent), sur la Medway, à 40 kil. S. E. de Londres. Le saxon Hengist y battit les Bretons en 455.

AIMAR. V. AYMAR.

AIME, Axima, bg de France (Savoie), ch.-l. de c., à 18 kil. N. E. de Moutiers, près de l'Isère, sur 3 torrents, est bâti à près de 760m de hauteur; 1100 hab. Antiquités.

AIMÉ ou AMÉ. V. AMÉ.

AIMÉ-MARTIN. V. MARTIN.

AIMOIN, chroniqueur français, né à Villefranche en Périgord, vers 950, mort en 1008, entra chez les Bénédictins de Fleury-sur-Loire, et y fut disciple de l'abbé Abbon, dont il a écrit la Vie. On a aussi de lui une Histoire des Français, en 5 livres, dont les trois premiers vont jusqu'à la 16e année du règne de Clovis II; les 2 derniers paraissent être d'une main étrangère. Cette chronique a été publiée par Nicot, par Duchesne et dom Bouquet.

AIMON. V. AYMON.

AIN, Danus, Idanus, petite riv. de France, a sa source dans le Jura, près de Nozeroi, passe à Nozeroi, Pont-d'Ain, reçoit la Bienne, qui vient des environs de Saint-Claude, traverse le dép. auquel elle donne son nom, et se jette dans le Rhône, à 35 kil. au-dessus de Lyon, après un cours de 168 kil., dirigé du N. E. au S. O.

AIN (dép. de l'), dép. frontière, entre les États sardes et la Suisse à l'E., les dép. du Jura au N., de Saône-et-Loire et du Rhône à l'O., de l'Isère au S.; ch.-l. Bourg. Il est formé de la Bresse, du Bugey, de la principauté de Dombes et du pays de Gex, a 5392 kil carrés et 370 919 h., dont une grande partie se compose de montagnards qui émigrent chaque année. Le Rhône et la Saône bornent ce dép. de 3 côtés; l'Ain le traverse. Il contient le plateau de Dombes, semé d'étangs et malsain; on y pêche beaucoup de poisson, que l'on envoie à Lyon. — Ce dép. a 5 arr. (Belley, Bourg, Gex, Nantua, Trévoux) ; 35 cant., 447 comm.; il fait partie de la 8e div. milit., dépend de la cour impériale de Lyon et a un évêché à Belley.

AÏN, mot arabe qui signifie source, commence un grand nombre de noms géographiques: Cherchez au mot suivant ceux qui ne se trouveront pas ici.

AIN-MAHDI, v. du Sahara algérien, au S. de l'Atlas, à 270 kil. S. d'Alger et à 60 kil. O. de Laghouat, était le siége d'un chef arabe longtemps indépendant, qui ne fut soumis qu'en 1852. Passage des caravanes qui vont dans l'intérieur de l'Afrique.

AINSA, village d'Espagne (Saragosse), sur la Cinca, à 35 kil. N. de Barbastro; 600 hab. Anc. capit. du roy. de Ribagorce, puis résidence des rois d'Aragon. AINSWORTH (Robert), grammairien, né à Woodyale, près de Manchester, en 1660, mort en 1743, dirigea avec succès plusieurs écoles de Londres, et composa des ouvrages classiques qui eurent une grande vogue. Le plus connu est son Dictionnaire latin-anglais, 1736, in-4, souvent réimprimé. Il se livra avec ardeur à l'étude des antiquités.

AINTAB, Antiochia ad Taurum ou Deba. v. de la Turquie d'Asie (Marach), ch.-l. de sandjak, à 77 kil. N. d'Alep; env. 20 000 hab. Quelques fortifications. Air sain, mais fréquents tremblements de terre. Teintureries, étoffes de coton et maroquins. Antiochia ad Taurum était la capit. d'un petit roy. établi par les Romains lors de la réduction de la Syrie en prov. romaine. Prise par Timour-Leng en 1400.

AIN-TAGUIN. V. TAGUIN.

AIRDRIE, v. d'Écosse (Lanark), à 18 kil. E. de Glasgow; 15 160 h. Houille, fer, source minérale. Filatures de coton, forges, distilleries.

AIRE, Æria Atrebatum, ch.-l. de c. (Pas-de-Calais), à 18 kil. S. E. de St-Omer, sur la Lys; 4864 h. Place forte de 4e classe ; église et beffroi remarquables. – Fondée en 630, par Lideric, grand forestier de Flandre; prise par les Normands (881), par le maréchal de La Meilleraie (1641), par les Espagnols, puis par le maréchal d'Humières (1676), et enfin cédée à la France (1713). – Cette v. dorme son nom au Canal d'Aire à La Bassée, qui a 41 kil. de long.

AIRE, Atures, Vicus Julii, ch.-l. de c. (Landes), à 32 kil. S. E. de St-Sever; 1960 hab. Évêché (avec Dax). Collége, station. Jadis résidence d'Alaric.

AIRE, riv. de France, se jette dans l'Aisne au-dessous de Soissons, après avoir baigné Clermont-en-Argonne et Grand-Pré; env. 80 k. de cours.

AIROLO, bourg de Suisse (Tessin), au pied du St-Gothard, près du Tessin, à 54 kil. N. O. de Bellinzone, à 1200 mètres de hauteur. Gros grenats aux environs. Victoire des Russes sur les Français, 1799.

AIRVAULT, Aurea Vallis, ch.-l. de c. (Deux-Sèvres), sur le Thouet, à 23 kil. N. de Parthenay; 1735 hab. Anc. abbaye de l'ordre de St-Augustin.

AISNE, Axona, riv. de France, naît dans le dép. de la Meuse, près de Beaulieu en Argonne, baigne Ste-Menehould, Vouziers, Attigny, Réthel, Château-Porcien, Neufchâtel, Vailly, Soissons; reçoit l'Aire, la Retourne, la Suippe, la Vesle, et se jette dans l'Oise à Compiègne, après un cours d'env. 250 kil.

AISNE (dép. de l'), entre ceux du Nord, de la Somme, de l'Oise, de Seine-et-Marne, de la Marne, des Ardennes; ch.-l. Laon. Il est formé de parties de la Picardie et de l'Ile de France. Superficie, 7285 kil. carrés; popul., 564 597 hab. On rencontre des collines et des vallons au N. E. et au S.; partout ailleurs ce sont des plaines ondulées. L'Ourcq, la Somme, la Sambre, l'Escaut, ont leur source dans ce dép.; l'Oise, l'Aisne, la Marne le traversent, ainsi que les canaux de Crozat et de St-Quentin. Beaucoup de blés et de bestiaux; culture du houblon et du lin, etc.; de grands bois, entre autres la forêt de Villers-Cotterets. Commerce étendu, industrie active : fabriques de tissus en coton, de batistes, de dentelles; d'alun et de couperose ; manufactures de glaces de St-Gobain, verrerie de Folembray. – Ce dép. a 5 arr. (Château-Thierry, Laon, Saint-Quentin, Soissons, Vervins); 37 cant., et 837 comm.; il fait partie de la 2e division milit., est dans le ressort de la cour d'Amiens, et a un évêché à Soissons.

AÏSSÉ (Mlle), née en 1693 en Circassie, morte à Paris en 1733, fut achetée à l'âge de quatre ans et demi d'un marchand d'esclaves par le comte de Ferréol, ambassadeur de France à Constantinople, homme corrompu, qui l'éleva avec soin, la destinant à ses plaisirs, et qui l'amena en France. Sa position dans la société, des aventures bizarres et romanesques et de vives passions qui abrégèrent sa vie, lui ont donné de la célébrité dans le dernier siècle. Les Lettres de Mlle Aïssé, bien propres à faire connaître son temps, ont été publiées en 1787, 1 vol. in-18. avec des notes de Voltaire, et en 1846, in-12, par MM. Ste-Beuve et Ravenel.

AIX, Aquæ Sextiæ, v. de France, anc. capit. de la Provence, auj. ch.-l. d'un des arr. du dép. des Bouches-du-Rhône, sur la riv. d'Arc, à 29 kil. N. de Marseille, à 773 kil. S. E. de Paris (861 par chemin de fer); 27 659 hab. Archevêché, cour d'appel, académie universitaire, facultés de théologie, de droit et de lettres, collége, écoles d'arts et métiers; éc. de dessin, sociétés savantes, musée de tableaux et d'antiquités, cabinet d'histoire naturelle, riche bibliothèque. Belles rues, plusieurs monuments (entre autres hôtel de ville, cathédrale, grenier d'abondance, tour de l'Horloge) ; plusieurs promenades. Industrie assez active; grand commerce d'huile (la meilleure de France, etc.). Aux environs sont des eaux thermales, autrefois fort célèbres. – Aix fut fondée auprès de ces eaux en 122 av. J.-C. par Sextius Calvinus, dont elle prit le nom. Marius y remporta en 102 av. J.-C. une grande victoire sur les Teutons. Florissante sous l'empire, ruinée par les Arabes au temps de Charles Martel, cette ville fut restaurée par les comtes de Provence, qui en firent leur capitale. C'est là surtout que se développèrent la langue d'Oc et la littérature provençale. Une université y fut fondée en 1413, un parlement en 1501. Ville natale de Tournefort, Adanson, Vanloo, Vauvenargues, Entrecasteaux, Siméon, etc.

AIX, AIX-LES-BAINS, Aquæ Allobrogum, Aquæ Gratianæ, v. de France (Savoie), près du lac du Bourget, à 13 kil. N. de Chambéry, 4253 h. Eaux thermales sulfureuses, en renom dès les temps les plus anciens. Antiquités. C'est là qu'eut lieu la cession de la Savoie et de la Maurienne à Bérold de Saxe, par Rodolphe, roi de Bourgogne, l'an 1000. V. SAVOIE.

AIX (île d'), dans l'Océan, à 7 kil. de l'embouchure de la Charente (Charente-Inf.), avec un village du nom d'Aix, situé au N. O. 430 hab. Place forte; phare sur la pointe méridionale. Pêcheries.

AIX-D'ANGILLON (les), ch.-l. de c. (Cher), à 20 kil. N. E. de Bourges; 1200 h. Antiquités, vieux château.

AIX-EN-OTHE, ch.-l. de c. (Aube), à 30 kil. O. de Troyes; 1196 hab. Filature de coton, bonneterie.

AIX-LA-CHAPELLE, Aachen en allemand, Aquis Granum ou Aquæ Grani en latin, v. importante des États prussiens, dans la prov. Rhénane, ch.-l. du gouvt d'Aix-la-Chapelle, jadis v. impériale à 503 k. N. E. de Paris par chemin de. fer, à 60 kil. S. O. de Cologne; env. 50 000 h. Anc. évêché, cour d'appel. Hôtel de ville magnifique, cathédrale célèbre bâtie par Charlemagne, plusieurs monuments modernes; gymnase, école de métiers; belle galerie de tableaux; tombeaux de Charlemagne et de l'empereur Othon III. On y conserve les reliques de Charlemagne; dites les Grandes Reliques, qu'on ne montre au peuple que tous les sept ans. Fabriques de draps et d'étoffes légères, produits chimiques, quincaillerie, aiguilles, épingles, etc. Station de chemin de fer. Auprès de la v. sont des eaux thermales sulfureuses et ferrugineuses fort en vogue. – Cette v. fut fondée, selon la tradition, par le Romain Granus, sous Adrien, vers 124 de J.-C., et agrandie par Charlemagne, qui, vers 773, en découvrit les eaux dans une partie de chasse et y fit construire une chapelle : d'où son nom. Cet empereur en fit sa résidence habituelle et la capit. de tout son empire; les empereurs s'y firent couronner de 813 à 1531. Elle resta v. libre et impériale jusqu'en 1792, que Dumouriez s'en empara; prise et reprise depuis, elle resta aux Français de 1794 à 1814 et devint sous l'Empire le ch.-l. du dép. de la Roër. En 1814, elle fut donnée à la Prusse. – Deux traités célèbres y furent signés : la paix de 1668, entre l'Espagne et Louis XIV, qui assura à la France a possession de la Flandre; la paix de 1748, qui termina la guerre de la succession d'Autriche : la France restituait ses conquêtes dans les Pays-Bas et la Savoie et obtenait pour l'infant don Philippe, gendre de Louis XV, les duchés de Parme et de Plaisance. C'est aussi là qu'eut lieu en 1818 le congrès où la Ste-Alliance abrégea le temps de l'occupation de la France. Il s'y tint également plusieurs conciles. – Le gouvt d'Aix-la-Chapelle a pour ch.-l. la v. de son nom et pour autres v. principales Borcette, Stolberg, Juliers, Duren, Eupen, Montjoie, Malmédy.

AIXE, ch.-l. de c. (Haute-Vienne), à 12 kil. S. O. de Limoges; 1787 hab. Ancien château fort.

AJACCIO, ch.-l. du dép. de la Corse, sur la côte O., à 1140 kil. S. E. de Paris et à 260 de Toulon; 14 098 h. Évêché, résidence du général commandant le dép.; place forte; trib. de 1re inst. et de comm., collége dit Collége Fesch. Port commode, mais trop large d'entrée et mal abrité des vents d'ouest. Cathédrale, ancien couvent des Jésuites, casernes. Patrie de Napoléon. Commerce en vin, huile, corail. – Cette ville était jadis à 2 kil. plus au N., et se nommait Adjacium; elle est au lieu actuel depuis 1495. Ce n'est pas, comme on l'a cru, l'antique Urcinium.

AJAN (Côte d'), Azania, contrée de l'Afrique orientale, s'étend le long de la mer des Indes du fleuve Magadoxo au cap Gardafui, entre 2° et 30° de lat. N., et se prolonge indéfiniment dans les terres. Ce pays est encore fort peu connu. La côte est en général stérile; on y trouve un peu de myrrhe et d'aromates. On en tire de l'or, de l'ambre et de l'ivoire.

AJAX, fils de Télamon et roi de Salamine, était, après Achille, le plus vaillant des princes grecs. Il combattit contre Hector pendant un jour entier, sans pouvoir décider la victoire. Il disputa à Ulysse les armes d'Achille : furieux de n'avoir pu l'emporter, il tomba dans un délire violent pendant lequel il égorgea un troupeau de moutons, croyant immoler les Grecs à sa vengeance. Ayant bientôt reconnu son erreur, il en fut si honteux qu'il se perça de son épée. Sa démence est le sujet d'une des plus belles tragédies de Sophocle, Ajax furieux, imitée par Poinsinet de Sivry, 1762.

AJAX, fils d'Oïlée et roi des Locriens, est fameux par son impiété. Il alla au siége de Troie avec 40 vaisseaux. Après le sac de la ville, il fit violence à Cassandre dans le temple même de Minerve. La déesse irritée fit périr sa flotte par une tempête pendant qu'il retournait en Grèce : il échappa cependant à la mort et se sauva sur un rocher. De là, il insultait encore les dieux, quand Neptune fendit le roc et l'engloutit dans les flots.

AK, mot tartare qui entre dans la composition de beaucoup de noms géographiques, veut dire blanc.

AKABA (Kalaat-el), Alla ou Élath des Orientaux, c. d'Arabie (Hedjaz), au fond d'un petit golfe que la mer Rouge forme au N. E. (sinus Ælaniticus), dépend de l'Égypte. Petit port, rendez-vous des Musulmans de l'Afrique orientale qui entreprennent le pèlerinage de la Mecque.

AKAKIA (Martin), professeur de médecine à l'université de Paris, médecin de François I, né à Châlons, mort en 1551, a traduit Galien et a laissé quelques ouvrages de médecine. Il se nommait Sans-Malice et il changea son nom en celui d’Akakia qui en est la traduction grecque. Cette famille se distingua longtemps dans la médecine et l'enseignement et donna des médecins aux rois Charles IX, Henri III, Louis XIII, etc. – Voltaire, dans un de ses pamphlets les plus comiques (Diatribe du docteur Akakia), a désigné sous ce nom burlesque le président de l'Académie de Berlin, Maupertuis.

AKAROA, port de la Nouvelle-Zélande, dans l'île méridionale, par 17° 0,50' long. E., 44° lat. S., au centre de la presqu'île de Banks. Aux Anglais.

AKBAR (Mohammed), empereur mogol de l'Inde, né à Amerkot en 1542, descendait de Babour, issu lui-même de Tamerlan. Il monta sur le trône en 1556, à 14 ans, réduisit les provinces de Caboul, Lahore, Cachemire, qui s'étaient révoltées au commencement de son règne et conquit une partie du Décan. Les soins de la guerre ne l'empêchèrent point de protéger les sciences et les arts; en outre, il ordonna des recherches sur la population, sur les productions naturelles et industrielles de chaque province, établit un cadastre, un système uniforme de poids et mesures, et fit rédiger sous ses yeux, par son grand vizir, Aboul-Fazel, un ouvrage qui renferme la description de l'Inde et l'histoire de son règne. Akbar mourut en 1605, à 63 ans; on le crut empoisonné. Son empire était compris entre l'Indus, le mont Himalaya et le golfe de Bengale; il eut successivement pour capitale Agrah et Lahore. De l'année de son avénement date la grande ère orientale dite aussi ère d'Akbar.

AKCHEHER, Antiochia ad Pisidiam, v. de Turquie d'Asie (Caramanie), ch.-l. de sandjak, à 83 kil. S. E. d'Afioum-Kara-Bissar; jadis florissante, mais très-déchue ; env. 1500 maisons. Superbe mosquée. Fabrique de tapis. Bajazet y mourut, dit-on, après y avoir été relégué par Tamerlan.

A-KEMPIS (Thomas), religieux augustin, né vers 1380 au bourg de Kempen (diocèse de Cologne), d'où il tire son nom, mort en 1471, entra en 1399 au monastère du mont Sainte-Agnès, prés de Zwoll (Pays-Bas), devint sous-prieur de son ordre et donna l'exemple de la piété. Il s'occupait surtout de l'instruction des novices, et il composa pour eux plusieurs ouvrages. On a de lui divers écrits ascétiques : Soliloquium animæ, Vallisliliorum, Gemitus et suspiria animæ pœnitentis, etc. On lui attribue communément le célèbre traité De Imitatione Christi, que d'autres donnent à J. Gerson. A-Kempis avait un talent calligraphique remarquable : on cite de sa main une Bible en 4 vol. in-fol. qui lui demanda 15 ans de travail : quelques-uns prétendent qu'il n'avait fait que transcrire le livre de l’Imitation, et qu'on a pris pour le nom de l'auteur ce qui n'était que la signature du copiste. Quoi qu'il en soit, les ouvrages authentiques qu'en a de lui sont fort inférieurs à l’Imitation. Ses OEuvres furent réunies pour la première fois vers 1475 (on ne trouve pas l’Imitation dans cette première édit.), et depuis, en 1600, 1607, etc., à Anvers (avec l’Imitation). L’Imitation de J.-C. a eu plus de mille éditions diverses; elle a été traduite dans toutes les langues, notamment en français, par Marillac, Sacy, Gonnelieu, Lamennais, Genoude, Darboy. P. Corneille l'a mise en vers.

AKENSIDE (Mark), célèbre poëte anglais, né en 1721, à Newcastle, sur la Tyne, m. en 1770, était fils d'un boucher. Envoyé à l'université d'Édimbourg, il étudia d'abord la théologie, mais il l'abandonna bientôt pour la médecine. Il exerça successivement à Northampton, à Hampstead et à Londres, et devint membre de la Société royale et du Collége des médecins. Tout en pratiquant son art, il cultiva la poésie avec succès. L'ouvrage qui a fait sa réputation est le poème didactique intitulé les Plaisirs de l'Imagination, écrit en vers blancs; il l'avait composé dès l'âge de 23 ans; le style en est noble, brillant, plein de finesse, mais quelque-fois obscur; l'auteur le retoucha plusieurs fois. On remarque aussi son Hymne aux Naïades. Akenside a laissé en outre quelques dissertations estimées sur la médecine. Ses œuvres poétiques ont été réunies à Londres (1772). Les Plaisirs de l'Imagination ont été trad. en français par d'Holbach, 1759.

AKERBLAD, archéologue suédois, fut attaché à l'ambassade suédoise à Constantinople, visita Jérusalem et la Troade (1792-97), fut chargé d'affaires à Paris (1800), et se retira à Rome, où il mourut en 1819. Il s'est surtout occupé d'antiquités égyptiennes, et a frayé la voie à Champollion : on remarque parmi ses écrits deux lettres à M. de Sacy, Sur l'écriture cursive copte (1801), et Sur l'inscription de Rosette (1802).

AKHALTSIKH, v. de Russie asiatique (Géorgie), sur un affluent du Kour, à 183 kil. N. E. d'Erzeroum, est un des principaux entrepôts du commerce avec la Turquie; 2000 h. Célèbre mosquée d'Achmet. Cette ville était jadis ch.-l. d'un pachalik turc de même nom. Elle a été cédée aux Russes en 1829. – Le pachalik d'Akhaltsikh ou de Tcheldir comprenait une partie de l'Arménie et de la Géorgie turque. Pays montueux, salubre; habité par des races diverses (Lazes, Kourdes, Géorgiens, Turcs).

AK-HISSAR, c.-à-d. Château-Blanc, la Thyatira des anciens, v. de Turquie d'Asie (Anatolie), sandjak de Saroukan, à 102 kil. N. E. de Smyrne; 8000 hab. Bons vins, coton. Importante chez les anciens, mais déchue. Thyatira eut une des premières églises chrétiennes.

AKIBA, savant rabbin, né en Palestine, dans le Ier siècle de J.-C., se jeta dans le parti de Barcochébas, qui avait fait révolter les Juifs contre les Romains, fut pris et écorché vif, l'an 135 de J.-C. On prétend qu'il avait alors 120 ans. On lui attribue un livre sur la Création, ainsi qu'une grande partie de la Mischna, recueil de traditions antiques. On le regarde comme le père de la Cabale.

AKKAR, Demetrias, v. de Syrie, à 32 kil. E. de Tripoli. Évêché maronite.

AKKERMAN, en slave BIELGORODK (ville blanche), Alba Julia, v. de Russie d'Europe (Bessarabie), ch.-l. d'un district de même nom, à 48 kil. S. O. d'Odessa, et à 17 de la mer Noire dans une baie formée par le Dniester; 15 000 hab. Port peu profond, fortifications; immenses salines; commerce. – Il y fut signé en 1826 entre la Russie et la Turquie un traité qui confirmait la paix de Bucharest, et assurait aux Russes la navigation de la mer Noire.

AKMOUNEIN. V. ACHMOUNEIN.

AKMYN, Chemmis ou Panopolis, v. de Haute-Égypte, sur la r. dr. du Nil, à 26 kil. N. O. de Djirdjeh. Grande manuf. de coton. Aux environs, catacombes et ruines qui couvrent un espace immense; restes d'un beau temple d'Osiris.

AK-SERAI, Garsaura, v. de la Turquie d'Asie (Caramanie), ch.-l. de livah, sur l'Eusdent, à 133 kil. O. de Kaisarieh. Château fort, jardins. – Le livah est dominé au S. par les monts Foudhal Baba, et baigné par l'Eusdent. Il renferme un grand lac salé qui approvisionne de sel tout le pays.

AK-SOU, c.-à-d. Eau blanche, v. principale de la petite Boukharie par 41° 9' lat. N., 76° 52' long. E.; 50 000 hab. Résidence du commandant des troupes et d'un chef indigène, vassal de la Chine. Fabriques de couvertures de cuir et de vases de jaspe.

AKTAMAR, île et fort de la Turquie asiatique (Van), sur la côte E. du lac de Van. Près de là est un monastère bâti en 653, résidence d'un des patriarches d'Arménie (le patriarcat date de 1113).

AKTIAR. V. SEBASTOPOL.

AL, le en arabe. Pour les noms commençant ainsi qui ne seraient pas ici, V. le mot qui suit al.

ALABAMA, riv. des États-Unis, sort des monts Alleghany, court du N. au S., parcourt l'État auquel elle donne son nom, se réunit au Tombeckbee pour fermer la riv. Mobile, et se jette dans le golfe du Mexique par la baie de Mobile.

ALABAMA, un des États de l'Union, ainsi nommé de la rivière qui l'arrose, entre ceux de Tenessée au N., de Géorgie à l'E., de Mississipi à l'O., et le golfe du Mexique au S., a pour capitale Tuscaloosa, et pour v. principales Mobile, Cahawba, Montgomery, St-Étienne; 980 000 hab., dont 435 000 esclaves. Plusieurs chemins de fer. Le climat très-varié permet d'y cultiver à la fois la canne à sucre et les céréales, ainsi que les autres plantes de nos contrées. On y trouvait plusieurs peuplades indigènes, qui en ont été expulsées. — L'AI. a été admis en 1819 au nombre des États. C'est un de ceux qui se sont séparés de l'Union en 1861.

ALABANDA, v. de Carie, au N. E. de Milet, près du Méandre. Autrefois riche et commerçante, mais dissolue. Belles ruines.

ALACHEUR, Philadelphia, v. de Turquie d'Asie (Anatolie), à 124 kil. E. de Smyrne; 6000 hab. Résidence d'un évêque grec. Belle cathédrale grecque, mosquées. Quelque industrie, étoffes en coton, teintures; eau minérale aux environs. — Fondée par Attale II, roi de Pergame, dit Philadelphe.

ALACOQUE (Marie), née en 1647 à Lauthecour, près d'Autun, se voua de très bonne heure à la vie religieuse, et devint célèbre par ses vertus et par des grâces extraordinaires. Ayant été guérie d'une paralysie, elle attribua sa guérison à la Ste Vierge, et substitua désormais le nom de Marie à celui de Marguerite, qu'elle portait d'abord. Elle a composé un petit ouvrage mystique, La dévotion au Cœur de Jésus (publ. par le P. Croiset en 1698), qui contribua à répandre la fête du Cœur de Jésus. Elle mourut en 1690; elle avait prédit avec précision le jour de sa mort. Languet a publié sa Vie avec quelques opuscules d'elle, Paris. 1729 in-4.

ALA-DAGH, chaîne de mont. d'Anatolie, forme la ramification méridionale du Taurus et répond à l’Olympe de Galatie des anciens.

ALADIN, dont le vrai nom est Ala-Eddyn, l'un des princes connus sous le nom de Vieux de la Montagne, régnait sur une secte d'Ismaéliens appelés Assassins, et monta sur le trône vers 1221. Les assassinats qu'il faisait commettre, dit-on, par ses adeptes rendirent son nom si terrible, que les rois ses voisins et plusieurs princes chrétiens lui envoyèrent de grands présents pour se soustraire à ses poignards. S. Louis, loin de s'effrayer de ses menaces, l'obligea, lorsqu'il se rendit en Palestine, à lui envoyer des ambassadeurs avec des présents.

ALADIN ou ALA-EDDYN-KAIKOBAD, Sultan seldjoucide de Konieh, 1219-1237, eut à combattre le sultan d'Égypte, conquit l'Anatolie, mais fut vaincu par les Tartares vers la fin de son règne.

ALAGOAS, v. du Brésil, ch.-l. de la prov. d'Alagoas, sur le lac Manguaba; 16 000 hab. Sucre, tabac, bois de construction. La prov. d'Alagoas, entre celles de Pernambouc, de Sergipe et la mer, a 160 000 hab. Tabac estimé.

ALAGON, riv. d'Espagne et de Portugal, baigne Placencia, Coria, et se jette dans le Tage, à 6 kil. N. E. d'Alcantara, après 140 kil. de cours.

ALAIGNE, ch.-l. de cant. (Aude), à 15 kil. N. O. de Limoux; 360 hab.

ALAIN, nom de plusieurs ducs et comtes de Bretagne. V. l'art. BRETAGNE.

ALAIN DE L'ISLE, Alanus de Insulis, surnommé le Docteur universel, né vers 1114, m. en 1203, enseigna la théologie à l'Université de Paris avec un grand succès, et essaya de prêter à la philosophie le langage et les agréments de la poésie. Il se retira à la fin de sa vie dans l'abbaye de Cîteaux. Alain a laissé un assez grand nombre d'écrits en prose et en vers, tous en latin, qui ont été recueillis par le P. Ch. de Visch, Anvers, 1654 in-f°. Les plus connus sont l’Anti-Claudien, poëme philosophique; le Livre des Paraboles, trad. en franç. par Antoine Vérard, Paris, 1492; De lapide philosophico, où il se montre partisan de la science hermétique. – Un autre Alain de l'Isle, son contemporain, fut évêque d Auxerre (1151) et ami de S. Bernard, dont il écrivit la Vie.

ALAIN CHARTIER, V. CHARTIER

ALAINS, Alani, peuple scythe, que l'on croit sorti de l'Altaï, errait avec ses troupeaux dans les vastes steppes qui s'étendent entre le Volga et le Tanaïs, lorsque les Huns fondirent sur lui, le soumirent en partie et l'entraînèrent à leur suite dans expéditions, vers 375; le reste s'enfuit dans gorges du Caucase (où il vit encore sous le nom d'Ossètes), ou bien alla se joindre aux Vandales. Unis ensuite aux Suèves, les Alains opérèrent la grande invasion des Gaules (406-410); puis ils passèrent en Espagne, où bientôt ils disparurent après été battus par Vallia, roi des Visigoths (418).

ALAIS, Alesia, ch.-l. d'arr. (Gard), sur le Gardon, à 45 k. N. O. de Nîmes; 15 462 h. Trib., collége, école de mineurs, fondée en 1843. Industrie active. commerce de rubans. Aux env., source minérale, houille, fer; grandes usines. – Ville ancienne. Protestante au XVIe siècle; elle fut soumise par Louis XIII, qui y donna un célèbre édit de pacification en 1629; Louis XIV en fit un évêché et y bâtit un fort après la révocation de l'édit de Nantes.

ALALCOMÈNE, bourg de Béotie, sur le lac Copaïs. On y plaçait la naissance de Minerve et on y rendait à cette déesse un culte célèbre.

ALAMANNI, peuple germain. V. ALEMANNI.

ALAMANNI (Luigi), célèbre poète italien, né à Florence en 1495, mort en 1556, fut obligé de quitter sa patrie pour être entré dans une conspiration contre le cardinal Jules de Médicis (depuis pape sous le nom de Clément VII), qui gouvernait alors Florence, et se retira en France auprès de François I, qui l'accueillit fort bien et le chargea même d'une mission auprès de Charles-Quint. Il a composé plusieurs grands poëmes : la Coltivazione, en 6 chants, Paris, 1546, imité des Géorgiques : c'est le meilleur de ses ouvrages; Girone il Cortese (Giron le Courtois), en 24 chants, Paris, 1548; l'Avarchide ou le Siége de Bourges (Avaricum) , en 24 chants, Florence, 1570; quelques pièces de théâtre, et un grand nombre d'épigrammes et de poésies diverses, réunies à Lyon, 1532, 2 vol. in-8.

ALAMOUT, fort de Perse, entre Kazbin et Roudbar, dans une position inexpugnable, fut fondé vers 868, et devint le ch.-1. des Assassins. Il fut pris et détruit par Houlagou.

ALAND (archipel d’), dans la mer Baltique, à l'entrée du golfe de Botnie, se compose de 60 îles, et compte env. 15 000 hab. Jadis à la Suède, l’archipel appartient à la Russie depuis 1809. Il a une haute importance militaire. – L’île d’Aland proprement dite a 39 kil. sur 31. Elle commande l’entrée du golfe de Botnie. On y remarque un port des plus vastes et la forteresse de Bomarsund. V. ce nom.

ALARCON (J. Ruiz d'), poète espagnol, né à Tlasco (Mexique), à la fin du XVIe siècle, m. en 1639, vint en Espagne vers 1622 et fut nommé en 1628 rapporteur au Conseil des Indes. On a de lui plusieurs comédies, entre autres la Vérité suspecte, imitée dans le Menteur de Corneille, et le Tisserand de Ségovie, mise avec succès sur notre scène par H. Lucas (1844). C'est un écrivain pur et correct, qui ne manque ni de vigueur ni d'originalité. Son Théâtre a été traduit par M. Alph. Royer, in-18, 1864.

ALARCOS, lieu d'Espagne dans la Nouv.-Castille, près de Calatrava, est célèbre par une bataille où Alphonse IX, roi de Castille, fut défait, en 1195, par Yacoub l'Almohade, dit Al-Manzor.

ALARIC I, roi des Visigoths (382-412), s'unit d'abord aux Romains pour repousser une invasion des Huns (394); puis vint, à l'instigation de Rufin, fondre sur l'empire d'Orient après la mort de Théodose le Grand (395), dévasta les provinces situées au S. du Danube, et menaça Constantinople. Repoussé par Stilicon, il se jeta sur l'empire d'Occident, et se fit céder par le faible Honorius l'Espagne avec une partie des Gaules, ce qui ne l'empêcha pas d'envahir l'Italie. Battu d'abord à Pollentia (403), il n'en pénétra pas moins jusqu'à Rome. Il assiégea trois fois cette ville (408, 409 et 410); les deux premières fois il se contenta de lever d'énormes contributions; la 3e, il prit la place d'assaut et la mit au pillage. Il se disposait à faire la conquête de la Sicile, lorsque la mort le surprit à Cosenza, en 412. Scudéri a fait un poème d’Alaric ou Rome vaincue, célèbre par son emphase.

ALARIC II, roi des Visigoths d'Espagne (484-507), fils d'Euric, joignait à l'Espagne la partie de la Gaule comprise entre le Rhône et les Pyrénées, et avait Toulouse pour capitale. Clovis lui déclara la guerre, le battit à Vouillé et le tua de sa propre main (507). Alaric avait donné à ses sujets romains le code dit Code Alaric, en grande partie extrait du Code Théodosien.

ALASKA, longue presqu'île de l’Amérique russe, au N. O. du continent, et à 1000 kil. S. du détroit de Behring, se lie vers le S. aux îles Aléoutes.

ALATRI, Alatrium, v. de l'État ecclésiastique, à 23 kil. N. O. de Frosinone, sur une colline; 10 000 hab. Évêché. Restes de murs cyclopéens.

ALATYR, riv. de Russie, sort du gouvt de Nijnei-Novgorod, et se jette après 220 kil. de cours dans la Soura, près de la v. d'Alatyr. - Cette v. ch.-l. de district, est à 180 kil. N. O. de Simbirsk, et n'a guère que 4000 hab. Elle est bâtie en bois.

ALAVA, prov. d'Espagne, une des trois prov. basques, entre la Biscaye, la Navarre et la Vieille-Castille, compte env. 70 000 hab. et a pour ch.-l. Vittoria. Longtemps indépendante, l'Alava se réunit en 1200 à la couronne de Castille, mais à la condition de conserver ses privilèges (fueros).

ALAYAH, Coracesium, v., port et capit. de la Turquie d'Asie, ch.-l. de livah, au S. E. de Satalieh; env. 2000 hab. Cette v., jadis importante, et comprise dans la Cilicia Aspera, fut le dernier refuge des pirates dans leur guerre contre Pompée.

ALBA, v. du Latium. V. ALBE-LA-LONGUE.

ALBA, v. de Lusitanie. V. ELVAS.

ALBA, riv. de Gaule, auj. l'AUBE. V. AUBE.

ALBA, Alba Pompeia, v. des États sardes (Coni), à 40 kil. S. E. de Turin; 7500 hab. Évêché. – Cette v., qui appartenait à l'anc. Ligurie, fut colonisée par Pompée. Patrie de Pertinax.

ALBA AUGUSTA ou ALBA HELVIORUM. V. APS.

ALBA FUCENTIA, v. de l'Italie anc., chez les Marses, au pied du mont Velinus et un peu au N. du lac Fucin. Les Romains y avaient une prison d'État ou furent enfermés Persée, Syphax, etc. C'est auj. ALBA, v. du roy. de Naples (Abbruzze Ult. 2e).

ALBA GRIMA, v. de la Dacie. V. BELGRADE.

ALBA INGAUNORUM, V. ALBENGA.

ALBA JULIA. V. AKERMAN et CARLSBOURG.

ALBA DE TORMÈS, v. d'Espagne (Salamanque), à 20 kil. S. E. de Salamanque, sur le Tormès; 1550 hab. C'est là qu'était le château des ducs d'Albe. Les Français y battirent les Espagnols en 1809.

ALBACÈTE, v. d'Espagne, ch.-l. de la prov. du même nom, dans l'anc. roy. de Murcie, à 135 kil. N. O. de Murcie; 15 000 hab. Vin, safran, armes blanches. Victoire d'Alphonse VIII de Castille sur les Maures (1146).

ALBAGH, v. d'Arménie (Van), à 92 kil. S. E. de Van, sur un affluent du Zab. C'est là, selon les Arméniens, que S. Barthélemy souffrit le martyre.

ALBAIN (mont), Albanus mons, auj. Monte-Cavo, petite mont. du Latium, à 20 kil. S. E. de Rome, a 990m de hauteur. Albe était bâtie le long de cette montagne. Les consuls allaient chaque année y offrir un sacrifice à Jupiter Latiaris au nom des 30 villes de la confédération latine. Les généraux qui n'avaient pu obtenir le triomphe à Rome venaient quelquefois triompher sur le mont Albain.

ALBAN, ch.-l. de canton (Tarn), 12 kil. S. E. d'Alby; 468 hab. Place forte au XVe siècle. Mines de fer non exploitées.

ALBAN (S.), le plus anc. martyr de l'Angleterre, né à Verulamium. Il avait servi dans les armées de Dioclétien : ayant embrassé le Christianisme à son retour dans son pays, il fut mis à mort, en 286, ou, selon d'autres, en 303. On éleva en son honneur un monastère d'où la ville moderne de St-Alban a tiré son nom. On l'hon. le 22 juin.

ALBANE (l'), François Albani, célèbre peintre italien, surnommé le Peintre des Grâces, l'Anacréon de la peinture, né à Bologne en 1578, d'un marchand de soieries, mort en 1660, à 82 ans, débuta dans sa ville natale, puis alla à Rome se former à l'école de Carrache, et devint le rival du Dominiquin et du Guide. Il excellait surtout dans les peintures gracieuses, comme celles de femmes, d'anges ou d'enfants. On dit que, marié à une fort belle femme, qui lui donna douze enfants également remarquable par leur beauté, il trouva dans sa propre famille ses plus beaux modèles. Son talent déclina dans la seconde moitié de sa vie, et il eut le chagrin de se voir surpasser par ses rivaux, surtout par Annibal Carrache. On lui reproche un peu de mollesse et de monotonie. Ses chefs-d’œuvre sont les Amours de Vénus et d'Adonis, gravés par Audran; la Toilette et le triomphe de Vénus; les Quatre Éléments; Europe sur le taureau, etc. Il a traité aussi un grand nombre de sujets de piété et a écrit sur son art.

ALBANI, illustre famille italienne, originaire de l'Albanie, d'où elle fut chassée par les Turcs vint s'établir à Bergame et à Urbin. Elle a fourni à l'Église un grand nombre de prélats distingués, dont le plus célèbre est Jean-Franç. Albani, devenu pape en 1700 sous le nom de Clément XI (V. ce nom). Clément XI laissa plusieurs neveux qui devinrent cardinaux et qui jouèrent un rôle assez important : – Annibal A., né à Urbin en 1682, m. en 1751, évêque d'Urbin; – Alexandre A., frère d'Annibal, né à Urbin en 1692, mort en 1779, connu par son goût pour les arts et par sa villa, dite villa Albani, ou il avait rassemblé des chefs-d'œuvre de toute espèce; - Jean-Franç. A., né en 1720, mort en 1809, évêque d'Ostie : il prit parti contre les Français à leur entrée en Italie, fut en conséquence forcé de quitter Rome, et n'y rentra qu'après l'élévation de Pie VII, à laquelle il eut la plus grande part. – Joseph A., neveu de Jean-Franç., né en 1750, m. en 1834, fit partie du sacré collége depuis 1801, fut chargé d'affaires à Vienne (1796), puis secrétaire des brefs et légat du pape à Bologne (1814), et enfin commissaire apostolique des quatre Légations. Il eut à réprimer des troubles à Bologne : on l'accuse, à cette occasion, de quelques actes de rigueur.

ALBANIE, Albania, auj. CHIRVAN et DAGHESTAN, nom donné par les anciens à une contrée de l'Asie supérieure, entre la mer Caspienne à l'E. et l'Ibérie à l'O., était bornée au S. par le fleuve Cyrus. Région montueuse et presque sauvage. Ce pays fit nominalement partie de l'empire perse, de celui des Parthes, puis du roy. d'Arménie.

ALBANIE, l'ancienne Épire et partie mérid. de l’Illyrie, région de la Turquie d'Europe, bornée au N. par la Bosnie et le Montenegro à l'O. par la mer Adriatique, à l'E. par la Roumélie, au S. par la Grèce, forme les pachaliks de Janina et de Scutari, a pour v. princip. Scutari, Janina, Tricala, Avlone, Ochrida, Croïa, et compte env. 17 00 000 hab., la plupart Grecs ou Slaves. C'est un pays montagneux (d'où son nom, dérivé d’Alb ou Alp, montagne, en celtique). Les Albanais sont nommés par les Turcs-Arnauts, et se donnent à eux-mêmes le nom de Skipetars (montagnards). C'est un peuple belliqueux, mais indocile. Ils forment le noyau des armées ottomanes. – L'Albanie obéit successivement aux rois d'Épire, de Macédoine, aux Romains, aux empereurs d'Orient. A partir du XIe siècle, les Normands de Naples, les Vénitiens, les Hongrois envahirent ce pays et y formèrent de petits États; les Turcs y entrèrent en 1435; ils en furent chassés par Scanderbeg en 1444, mais ils ne tardèrent pas à s'en rendre maîtres de nouveau; toutefois, les Albanais n'ont jamais été complètement soumis. Plusieurs des beys chargés de les gouverner ont profité de leur disposition à l'indépendance pour se révolter contre la Porte : le plus célèbre est Ali, pacha de Janina.

ALBANIE VÉNITIENNE, c.-à-d. possessions vénitiennes en Albanie. C'étaient vers 1448 les villes et territoires de Duras, de Scutari et d'Arta. En outre, à la mort de Scanderbeg, presque toute la principauté de Croïa échut aux Vénitiens. Ils cédèrent aux Turcs Scutari et Croïa en 1479, Duras en 1502; mais ils gardèrent Arta, conquirent Prevesa en 1684, et, par la paix de Passarovitz (1718), ils acquirent Vonitza et Butrinto.

Le nom d'ALBANIE a aussi été donné à toute l’Écosse, et est resté à une prov. de ce pays. V. ALBANY.

ALBANIENNES (portes), Albanicæ portæ ou pylæ, passage qui conduisait du Caucase dans l'Albanie. C'est auj. le défilé de Derbend.

ALBANO, Albanum, v. de l'État ecclésiastique, à 22 kil. S. E. de Rome près d'un lac de même nom; 6000 hab. Évêché: Bons vins; tombeaux prétendus d'Ascagne, des Horaces. Cette v. s'est formée autour d'une maison de campagne du grand Pompée, dite Albanum. L'air y est pur, ce qui y attire les habitants de Rome en été.

ALBANO (lac d'), Albanus lacus, petit lac situé à 20 kil. environ au S. E. de Rome, a 12 kil. de tour et 330 m. de profondeur. Il paraît n'être qu'un cratère de volcan éteint. Sur ses bords, on remarque plusieurs monuments, le Castel Gandolfo, palais de plaisance du pape, et un magnifique canal souterrain creusé pour l'écoulement des eaux du lac. L'antique Albe-la-Longue était située sur ses bords.

ALBANY, nom donné primitivement à toute l'Écosse, puis à un duché formé dans la partie septentrionale et comprenant les districts de Bread-Albane, Athol, Glenurchy, avec partie de ceux de Perth et d'Inverness. Le 2e fils des rois d’Écosse portait le titre de duc d'Albany. (V. ci-après l'art. historique).

ALBANY, ville et port des États-Unis, dans l'État de New-York, sur la rive dr. de l'Hudson, à 230 kil. N. de New-York, donne son nom à un comté; 70 000 hab. Ville bien bâtie, beaux monuments: capitole ou palais de l'État, banque, musée, hôpital, nouvelle prison, quais, théâtre, arsenal. Quelques établissements littéraires et scientifiques : société des arts, société d'agriculture Albany institute (école normale) fondé en 1844, observatoire. Albany est, pour le commerce, la première ville de l'État, après New-York. Les goëlettes remontent l'Hudson jusqu'à cette ville. – C'était d'abord un simple fort bâti par les Hollandais en 1623; il fut pris par les Anglais en 1664.

ALBANY, district de la colonie anglaise du Cap, au S. E., et sur la mer, a pour v. principales Graham et Bathurst; 12 000 hab.

ALBANY (ducs d'). Sous ce nom, qui était porté par le 2e fils des rois d'Écosse, on connaît surtout Robert Stuart le Jeune, premier duc d'Albany (1402), fils de Robert II, roi d'Écosse, qui fut régent du roy. après la mort de Robert III, 1406, et mourut en 1420. Cette ligne des ducs d'Albany s'éteignit en la personne de Henri Stuart, m. vers 1539. – Une 2e ligne eut pour chef Alexandre Stuart, duc d'Albany, 2e fils de Jacques II, roi d'Écosse. Il fut exilé par son frère Jacques III, et mourut en France, 1485. – Jean Stuart, fils du précédent et dernier duc d'Albany, s'attacha à Louis XII, qu'il accompagna à Gênes. Rappelé en Écosse, il devint gouverneur du royaume en 1516; mais il le quitta pour suivre François I en Italie. Après la bataille de Pavie, il revint se fixer en France, où il mourut en 1536.

ALBANY (le comte d'), nom que prit le prétendant au trône d'Angleterre. V. STUART (Charles-Édouard).

ALBANY (Caroline, comtesse d'), née à Mons en 1753, de la famille noble des Stolberg, épousa en 1772 le prétendant Charles-Édouard, qui avait pris le titre de comte d'Albany; mais cette union fut malheureuse et elle quitta le prince en 1780. Elle vécut depuis avec Alfieri, à qui sa beauté et son esprit avaient inspiré la plus vive passion, et qu'elle épousa, dit-on, secrètement après la mort du comte d'Albany. Alfieri étant mort en 1803, la comtesse se retira à Florence, où elle se lia avec le peintre Fabre et où elle mourut en 1824. V. ALFIERI et FABRE (Fr.)

ALBARRACIN, v. d'Aragon (Téruel), à 28 kil. N. O. de Téruel; 2500 hab. Ch.-l. de district, évêché. – Cette v. donne son nom à une chaîne de mont. située dans la partie S. O. de l'Aragon.

ALBATEGNI, Albatenius, astronome arabe du IXe siècle, né à Batan en Mésopotamie, mort vers 929, fit de nombreuses observations, remarquables par leur exactitude, reconnut le déplacement de l'apogée du soleil, calcula les résultats de la précession des équinoxes, et fixa la durée de l'année à 365 j. 5 h. 46' 24". Il a laissé un traité de la Science des étoiles, trad. en latin à Nuremberg, 1537

ALBAY, v. de l'île de Luçon, dans la partie espagnole, env. 20 000 hab. Détruite en 1814 par une éruption d'un volcan, et rebâtie peu après.

ALBE, ALBE-LA-LONGUE, Alba Longa, v. fort anc. du Latium, à 20 kil. au S. E. de Rome, s'étendait du flanc septentr. du mont Albain jusque sur la rive orient. de l’Albanus lacus. On en rapporte la fondation à Ascagne, fils d'Énée, qui y régna 8 ans (vers 1144-1136 av. J.-C.). On donne à ce prince 13 successeurs (V. l’Atlas universel). On ajoute que la population surabondante d'Albe donna naissance à des colonies qui fondèrent plusieurs villes latines, et qu'Albe est ainsi la mère de Rome. L'an 89 de Rome (665 av. J.-C.), Albe fut prise et détruite par les Romains (V. TULLUS HOSTILIUS). – Le vin d'Albe était fort estimé à Rome. On recherchait aussi les pierres des environs : c'est en pierres d'Albe que sont construits les fondements du Capitole. – Pour le lac d'Albe, V. ALBANO.

ALBE, v. d'Espagne. V. ALBA DE TORMÈS.

ALBE JULIE. V. AKERMAN, CARLSBOURG et WEISSEMBOURG. – ALBE ROYALE. V. STUHLWEISSEMBOURG.

ALBE (Ferd. Alvarez de TOLÈDE, duc d'), général et homme d'État sous Charles-Quint et Philippe II, né en 1508, d'une des plus illustres familles d'Espagne. Parvenu après de longs services au commandement en chef des armées impériales, il déploya des talents supérieurs, qu'on n'avait pas soupçonnés jusque-là, gagna en 1547 sur l'électeur de Saxe la bataille de Mühlberg, et remporta plusieurs avantages en Lorraine sur les Français, et en Italie sur le pape. Il fut nommé en 1566 gouverneur des Pays-Bas pour Philippe II, avec le titre de vice-roi, et investi d'un pouvoir absolu afin de réprimer les troubles qu'y avaient excités les dissensions religieuses : il établit, à cet effet, sous le titre de Conseil des troubles, un tribunal qui déploya tant de rigueur qu'on ne l'appela que le Conseil de sang, et que tout le pays se souleva bientôt. Il remporta de grands avantages sur les insurgés, à la tête desquels s'était mis le prince d'Orange, mais il ne put les réduire entièrement; et, dégoûté d'une lutte perpétuelle, il finit par demander lui-même son rappel (1513). Il quitta ce malheureux pays au bout de sept ans, après l'avoir hérissé de forteresses et inondé de sang, laissant la réputation d'un grand capitaine, mais d'un homme impitoyable. A son retour en Espagne, il resta pendant quelque temps en disgrâce; il fut même exilé par suite d'une intrigue de cour; mais en 1581, Philippe le rappela pour le mettre à la tête d'une armée qu'il envoyait en Portugal. Le duc d'Albe réussit à soumettre le pays, chassa don Antonio, prince de Crato, qui avait été proclamé roi, et s'empara de Lisbonne; mais il y laissa commettre des cruautés qui souillèrent sa victoire. Il mourut peu après en 1582, à 74 ans. Sa vie a été publiée à Paris, 2, vol. in-12, 1698. Le nom sous lequel il est connu lui vient de son château d'Alba-de-Tormès.

ALBECK, village de Wurtemberg, à 10 kil. N. E. d'Ulm. Mack et 25 000 Autrichiens y furent défaits par 6000 Français en 1805.

ALBEMARLE, v. de Normandie, auj. AUMALE (V. ce nom), donnait son nom à un duché. Le titre de duc d'Albemarle s'est conservé en Angleterre; mais il n'y est plus que nominal. Ce titre fut donné à Monk et à Van Keppel.

ALBENGA, Alba Ingaunorum ou Albingaunum, v. des États sardes à 64 kil. S. O. de Gênes, sur la Centa; 4000 hab. Évêché. – Anc. capit. des Ingauni.

ALBENS, ch-l. de c. (Savoie), arr. de Chambéry, à 30 k. N. N. E. d'Aix; 1543 h. Antiquités; grains, bétail.

ALBÉRÈS, montagnes du Roussillon, se rattachant aux Pyrénées. Les Espagnols y furent vaincus par Dugommier les 27 et 30 avril 1794.

ALBERGATI CAPACELLI (François, marquis), littérateur italien, né à Bologne vers 1740, mort en 1804, fut sénateur dans sa patrie. D'une imagination fougueuse, il se laissa entrainer aux plus blâmables excès et fit le malheur de sa famille. Passionné pour la comédie, il avait établi un théâtre dans son palais. On a de lui des Comédies, correctement écrites, et qui prouvent une grande connaissance des mœurs du temps, et des Nouvelles où l'on trouve trop de licence. La plus estimée de ses comédies est le Préjugé du faux honneur.

ALBÉRIC I, gentilhomme lombard, fut fait marquis de Camerino, puis duc de Spolète, par Bérenger I, devenu roi d'Italie. Il épousa vers 906 Marosie, qui s'était emparée du château St-Ange et dominait à Rome, et devint ainsi maître d'une grande partie de l'Italie centrale. Il repoussa les Sarrasins, mais il appela les Hongrois pour le soutenir contre le pape Jean X, et fut massacré par les Romains, en 925, après la retraite des barbares.

ALBÉRIC II, de Camerino, fils d'Albéric I et de Marosie, porta le titre de premier baron de Rome, fut reconnu en 932 seigneur de cette ville après en avoir chassé Hugues de Provence, roi d'Italie, 3e époux de sa mère, et y exerça pendant 23 ans un pouvoir dictatorial, avec les titres de patrice et de consul. Il était frère du pape Jean XI. – Son fils Octavien Albéric lui succéda, et devint pape sous le nom de Jean XII. V. ce nom.

ALBÉRIC, religieux de l'ordre de Cîteaux, qu'on croit avoir été moine de l'abbaye des Trois-Fontaines, vivait au XIIIe siècle. Il a laissé une Chronique qui va depuis la création jusqu'en 1241, imprimée dans les Historiens des Gaules et de la France.

ALBERONI (Jules), cardinal, ministre du roi d'Espagne Philippe V, né en 1664, m. en 1752, à 88 ans, était fils d'un jardinier de Firenzuola près de Plaisance. Il dut sa fortune au duc de Vendôme, qu'il avait connu pendant les guerres d'Italie, et auquel il sut plaire par son esprit vif et enjoué. Il suivit ce seigneur en France, puis l'accompagna en Espagne, et s'y fit connaître avantageusement de Philippe V. Le duc de Parme l'ayant nommé son agent politique à Madrid, il réussit à marier une princesse de la famille du duc, Élisabeth Farnèse, au roi d'Espagne, et à faire éloigner la princesse des Ursins, qui avait été jusque-là toute puissante et à laquelle il avait lui-même les plus grandes obligations. La jeune reine le fit nommer cardinal, grand d'Espagne, et premier ministre, 1715. Albéroni forma dès lors de vastes desseins en faveur de l'Espagne, voulut placer Philippe V sur le trône de France et mit toute l'Europe en mouvement. Mais le duc d'Orléans, alors régent, s'étant ligué contre lui avec le roi d'Angleterre, déjoua tous ses projets, porta la guerre en Espagne, obtint plusieurs avantages sur terre et sur mer, et n'accorda la paix à Philippe V qu'à la condition qu'Albéroni serait renvoyé. Le premier ministre reçut en conséquence l'ordre de quitter l'Espagne (5 déc. 1719). Après avoir quelque temps erré de ville en ville, réduit à se cacher, il se rendit à Rome, où le pape Innocent XIII fit examiner sa conduite : il fut enfermé pour 4 ans dans un couvent; mais dès 1723, il fut rétabli dans tous ses droits de cardinal; il jouit même d'une assez grande faveur à la cour de Rome jusqu'à sa mort.

ALBERT, ch.-l. de cant. (Somme), à 23 kil. N. O. de Péronne; 3433 hab. Anc. seigneurie, qui porta d'abord le nom d’Antre (V. ce mot), et dont le nom fut changé en celui d'Albert après la chute du maréchal d'Antre et la transmission de la seigneurie à la maison d'Albert. Cette maison, issue des Alberti de Florence, s'était établie dans le Comtat Venaissin au commencement du XVe siècle. Ses principales branches sont celles des seigneurs de Luynes et de Chaulnes. V. ces noms.

ALBERT (S.), évêque de Liège à la fin du XIIe siècle, fut élu pour ses vertus, mais se vit persécuté par l'empereur Henri VI qui avait soutenu un autre candidat. Il se réfugia près de l’archevêque de Reims et fut assassiné près de cette ville par des émissaires de l'empereur (vers 1195). On l’hon. le 21 nov. — Religieux carme, né en 1212 à Trapani, m. en 1292, fut provincial de son ordre pour la Sicile et convertit un grand nombre de Juifs. On l’hon. le 8 août.

ALBERT I, duc d’Autriche et empereur d’Allemagne, né en 1248, était fils de Rodolphe de Habsbourg. Il eut pour concurrent à l’empire Adolphe de Nassau, qu’il vainquit et tua à la bataille de Gœlheim en 1298. Il eut de violents démêlés avec le pape Boniface VIII, au sujet de son élection à l’empire ; mais ce pontife finit par le reconnaître. Il se fit détester par son orgueil et sa tyrannie : ce fut sous son règne que la Suisse, opprimée par Gessler, son lieutenant, se rendit indépendante (V. tell). Il périt en 1308, au passage de la Reuss, assassiné par des conjurés, à la tête desquels était Jean de Souabe, son neveu, qu’il avait dépouillé de son patrimoine.

ALBERT II, duc d'Autriche, surnommé le Sage, 4e fils du préc., succéda en 1330 à son frère Frédéric le Beau dans ses États héréditaires, mais sans aspirer à l'empire. Il tenta inutilement de réduire les Suisses et de reprendre Zurich, et mourut en 1358.

ALBERT III, duc d' Autriche, fils du préc., cultiva les sciences et les arts, protégea les lettres, et fonda des chaires de mathématiques et de théologie dans l'université de Vienne. Mort en 1395.

ALBERT IV, dit le Pieux, duc d'Autriche, fils du préc., fit le pèlerinage de la Terre-Sainte, et mena, à son retour, la vie d'un anachorète. Retiré dans un couvent de chartreux, il s'y faisait appeler frère Albert, et remplissait rigoureusement tous les devoirs monastiques. Il m. en 1406, à 27 ans.

ALBERT V, duc d'Autriche, empereur d'Allemagne, surnommé le Magnanime, était fils d'Albert IV. Il succéda d'abord à son père dans ses états héréditaires d'Autriche, épousa en 1422 Élisabeth, fille de l’emp. Sigismond, et par là devint successivement roi de Bohême, de Hongrie, enfin empereur en 1438. Il fit adopter par la diète de Mayence les résolutions du concile de Bâle, qui tendaient à réduire l’étendue de l'autorité pontificale, et fit régner l'ordre et la paix dans ses états. Il mourut en 1439, à la suite d'une expédition malheureuse contre Amurath II, qui avait envahi la Hongrie.

ALBERT VI, archiduc d'Autriche, 6e fils de l'empereur Maximilien II, avait d’abord embrassé l’état ecclésiastique et avait été élevé au cardinalat ; mais il renonça à la pourpre et épousa la fille de Philippe II. Nommé par ce prince, en 1598, gouv. des Pays-Bas, il tenta vainement de reconquérir la Hollande, qui avait secoué le joug de l'Espagne ; il répara autant qu’il le put, les maux que le Brabant et la Flandre avaient eus à souffrir sous le duc d’Albe. Il mourut en 1621, peu avant la reprise de la guerre.

ALBERT, dit l'Ours, margrave et électeur de Brandebourg, né en 1106, m. en 1170, s’arma pour l’emp. Conrad contre les Guelfes, reçut en récompense le duché de Saxe, enlevé à Henri le Superbe (1138), se vit peu après obligé de le restituer, mais obtint en dédommagement que son margraviat, qui relevait de la Saxe, devînt fief immédiat de l’empire, 1142 : il fut ainsi la tige des électeurs de Brandebourg. En 1140 il s’était emparé de la principauté d'Anhalt, qu'il transmit à son fils Bernhard. Il fit défricher une grande partie de ses États, en augmenta la population, et y bâtit plusieurs villes, entre autres Berlin et Francfort-sur-l’Oder. Il mourut au retour d’un pèlerinage à Jérusalem.

ALBERT, dit l'Achille (pour sa bravoure) et l’Ulysse (pour sa prudence), électeur de Brandebourg de 1471 à 1484, de la maison de Hohenzollern continua la guerre commencée par son frère Frédéric II contre la Poméranie, se fit reconnaître suzerain de ce pays, et contribua beaucoup à l'agrandissement de sa maison.

ALBERT, margrave de Brandebourg, puis duc de Prusse et grand maître de l'ordre Teutonique, né en 1490, m. en 1568, renonça, en 1525, à son titre de grand maître et embrassa le Luthéranisme. En échange de la dignité qu’il abandonnait, il reçut de Sigismond, roi de Pologne, avec lequel il avait été longtemps en contestation, et dont il consentit à reconnaître la suzeraineté, la Prusse inférieure et le titre de duc qu'il porta le premier, au lieu de celui de margrave qu'il avait porté jusque-là ainsi que ses prédécesseurs. C'est de ce moment que date la sécularisation de la Prusse. Il fonda en 1548 l’Université de Kœnigsberg.

ALBERT, le Belliqueux, dit aussi l’Alcibiade, marquis de Brandebourg, né en 1522, mort en 1558, servit d’abord avec ardeur Charles Quint contre la France, puis prit parti pour la France et entra dans la ligue formée contre l’empereur par Maurice, électeur de Saxe, mais ne tarda pas à se brouiller avec ses nouveaux alliés et revint à Charles-Quint. Il se rendit tellement odieux par ses déprédations qu’il se forma une ligue contre lui : vaincu par Maurice en 1553, il fut mis au ban de l’empire et exilé.

ALBERT DE BRANDEBOURG, cardinal, fils de Jean, électeur de Brandebourg, fut nommé en 1513 archev. De Magdebourg, et en 1514 archev. et électeur de Mayence, se montra tout dévoué à la cour de Rome et fut un des premiers à admettre les Jésuites. Léon X l’avait autorisé à distribuer des indulgences, ce qui l’engagea dans des luttes très-vives avec Luther, qui vint prêcher la réforme dans ses États. Après une résistance inutile, Albert se vit obligé en 1541 d’accorder aux habitants de Magdebourg le libre exercice de leur culte. Il mourut en 1545. Il avait fondé en 1506 l’Université de Francfort-sur-l’Oder.

ALBERT DE MECKLEMBOURG, roi de Suède, élu en 1363, fut détrôné en 1389, par Marguerite de Waldemar, reine de Danemark, soutenue par la noblesse suédoise, qu'il avait exaspérée par sa conduite. Après 5 ans de captivité, il fut renvoyé à Mecklembourg, où il mourut en 1412.

ALBERT DE SAXE. V. SAXE et ALBERTINE (ligne)

ALBERT D’AIX, chanoine et gardien de l'église d'Aix, soit Aix en Provence, soit plus probablement d'Aix-la-Chapelle, mort vers 1120. Il a écrit une relation de la 1re croisade (1095-1120), d'après les récits de témoins oculaires, publiée en 1584, à Helmstaedt, par Reiner-Reineck, in-4, sous le titre de Chronicon Hierosolymitanum. Elle se trouve, traduite en français, dans la collection des Mémoires relatifs à l’histoire de France de M. Guizot (le XX et XXI), 1824.

ALBERT LE GRAND, philosophe et théologien scolastique, surnommé le Grand à cause de l'étendue de ses connaissances, était issu de la famille des comtes de Bollstatt. Il naquit à Lavingen en Souabe, en 1193 ou 1205, étudia à Padoue, entra en 1221 dans l'ordre de St-Dominique, dont il devint par la suite provincial (1254), et enseigna la philosophie avec un grand succès d'abord à Paris, dont une place a retenu son nom (la place Maubert, pour maître Albert), puis se fixa à Cologne. Il fut nommé en 1256 par le pape maître du palais, après avoir gagné la cause des Dominicains contre l’Université, et fut fait en 1260 évêque de Ratisbonne ; mais il se démit au bout de trois ans de son évêché pour se retirer à Cologne, et s'y livra tout entier à l'étude. Il mourut dans cette ville en 1280. Albert le Grand posséda toutes les sciences cultivées de son temps ; sa réputation de savoir était si grande qu'il passait pour magicien, quoique cette opinion n'eût aucun fondement. Son principal mérite est d'avoir fait connaître et d’avoir commenté les ouvrages d'Aristote, dont la plupart étaient restés inconnus depuis des siècles ; il les étudia dans des traductions latines faites sur l'arabe. Ses œuvres ont été recueillies par Jammy, Lyon, 1651, 21 vol. in-fol. L'Église l'honore le 15 novembre. M. Pouchet a écrit son Histoire, Paris, 1852.

ALBERT, antipape. V. PASCAL II.

ALBERT (d') DE LUYNES. V. LUYNES.

ALBERT DURER, peintre, V. DURER.

ALBERT (le prince), ne en 1819, mort en 1861; était fils d'Ernest, duc de Saxe-Cobourg; reçut en Allemagne une éducation distinguée; devint en 1840 l'époux de la reine d'Angleterre Victoria, dont il eut huit enfants; fut naturalisé Anglais, puis nommé feld-maréchal et conseiller privé; se tint éloigné des affaires publiques, et se rendit populaire par son caractère aimable et élevé, et par la protection éclaire qu'il accordait aux lettres et aux beaux-arts.

ALBERTI, une des plus anciennes familles de Florence, sortie comme les Médicis de la classe des négociants, disputa longtemps le pouvoir aux Médicis et aux Albizzi, et se fit remarquer par son zèle pour l'égalité républicaine. Benedetto Alberti en 1378 renversa la faction des Albizzi. Renversé à son tour (1381) par les Albizzi, il mourut en exil. Les Alberti furent rappelés (1435) par les Médicis.

ALBERTI (Léon-Baptiste), architecte de Florence, de la famille des Alberti, 1398-1484, se distingua à la fois dans la peinture, la sculpture, la littérature et les sciences. Il orna de ses monuments Florence, Rome, Mantoue, Rimini, et rédigea sur l'architecture des ouvrages qui lui ont mérité le titre de Vitruve moderne. Il a composé des traités de morale, des poèmes et des fables. Son principal ouvrage, De re ædificatoria, 1485, in-fol., a été traduit en français par Jean Martin, 1553, in-fol.

ALBERTI (Léandre), provincial des Dominicains, né à Bologne en 1479, mort en 1552, a laissé une histoire de son ordre, De viris illustribus ordinis Prædicatorum, 1517; une Histoire de Bologne, en italien, et une Description de l'Italie, 1550.

ALBERTI DE VILLANOVA (François), né à Nice en 1737, mort à Lucques en 1801, est auteur d'un Dictionnaire Italien-Français et Français-Italien, très-estimé, dont il a donné lui-même 4 éditions; la dernière est de 1796, Marseille, 2 vol. in-4. Il a publié en outre Dizionario universale critico enciclopedico della lingua italiana, Lucques, 1797.

ALBERTINE (Ligne), branche cadette de la maison de Wettin, qui règne depuis trois siècles sur la Saxe, tire son nom d'Albert, 2e fils de l'électeur de Saxe Frédéric II , dont il partagea les États avec son frère aîné Ernest. V. ERNESTINE (Ligne).

ALBERT-NYANZA, nom donné par Baker au lac Louta-Nzighé. V. ce nom.

ALBERTVILLE, v. de France (Savoie), ch-l. d'arr., à 60 k. E. N. E. de Chambéry; 4018 hab. Fonderie.

ALBESTROFF, ch.-l. de c. (Meurthe-et-Moselle), à 36 kil. N. E. de Château-Salins; 755 hab.

ALBI et ALBIGA. V. ALBY.

ALBIGEOIS (l'), partie du grand gouvt de Languedoc, à l'O. des Cévennes, entre cette chaîne, le Rouergue, le Quercy, l'Armagnac et le Haut-Languedoc. Alby en était le chef-lieu. Il forme auj. l'arr. d'Alby et partie de celui de Gaillac (Tarn).

ALBIGEOIS (les). On réunit sous ce nom aux XIe et XIIe siècles tous les hérétiques du midi de la France, qui étaient la plupart imbus des erreurs des Manichéens; ils étaient répandus en Languedoc et en Provence, et occupaient principalement les v. d'Alby (d'où ils prirent leur nom), de Béziers, Carcassonne, Toulouse, Montauban, Avignon. Ils étaient soutenus par Raymond, comte de Toulouse, par Roger, vicomte de Béziers, ainsi que par les comtes de Foix et de Béarn. Le pape Alexandre III les excommunia au 3e concile de Latran, 1179; Innocent III prêcha contre eux une croisade, à la tête de laquelle il plaça Pierre de Castelnau, 1204, qui fut massacré en 1208, puis les légats Milon et Arnaud Amalric, enfin Simon de Montfort. Les Croisés s'emparèrent de Béziers en 1209 et y massacrèrent, dit-on, 60 000 h., n'épargnant même pas les catholiques qui se trouvaient dans la ville ; Carcassonne ne tarda pas à tomber aussi entre leurs mains; Albi fut également prise en 1215, et, la même année, le comte de Toulouse fut dépouillé de ses États, qui furent donnés à Simon de Montfort. A la même époque Innocent III créait l'Inquisition pour extirper l'hérésie. En 1219, commença une nouvelle croisade, qui fut commandes par Louis, fils de Philippe-Auguste (Louis VIII) : ce prince s'empara d'Avignon en 1220. La même année, fut signé à Meaux un traité qui mit fin à la guerre. Les Albigeois avaient été presque entièrement exterminés; ce qu'il en resta se confondit avec les Vaudois. - Les Albigeois se donnaient à eux-mêmes le nom de Cathares (purs). Leur hérésie paraît être originaire de l'Orient : introduite d'abord dans les pays slaves (Hongrie et Bohême), elle pénétra vers 1030 en Lombardie; elle y fut promptement étouffée par l'archevêque de Milan, mais déjà elle avait envahi la France méridionale. Le P. Benoist de St-Dominique a donné une Histoire des Albigeois et des Vaudois, Paris, 1691. M. Schmidt a publ. en 1859 : Hist. et Doctrine de la secte des Cathares.

ALBINGAUNUM, v. de Ligurie. V. ALBENGA.

ALBINOVANUS (C. Pedo), poëte latin du siècle d'Auguste, ami d'Ovide. Il reste de lui deux Élégies, la 1re, sur la mort de Drusus, la 2e sur celle de Mécène, et quelques fragments d'un Voyage de Germanicus dans l'Océan septentrional. On les trouve dans les Poetæ latini minores de Wernsdorf.

ALBINTEMELIUM, v. de Ligurie, auj. VINTIMILLE.

ALBINUS (Dec. Clodius Septimius), général romain sous Marc-Aurèle et Commode, commandait en Bretagne lors du meurtre de Pertinax, en 193. Il se fit proclamer empereur en même temps que Septime-Sévère. Les deux rivaux parurent d'abord se concilier et partagèrent l'empire; mais ils se firent bientôt la guerre. Albinus, après quelques avantages, fut défait et pris auprès de Lyon, 197 : Sévère, devant lequel il fut amené, lui fit trancher la tête.

ALBINUS, famille allemande qui a fourni plusieurs médecins distingués. Son vrai nom était Weiss, qui veut dire blanc, et qu'on latinisa par celui d’Albinus. Bernard Albinus, né en 1653, à Dessau, mort en 1721, enseigna la médecine avec distinction à Francfort-sur-l'Oder et à Leyde. On a de lui, entre autres mémoires, De corpuscules in sanguine contentis; De tarentulæ mira vi, etc. – Son fils, Bernard-Sigefroy Albinus, né à Francfort-sur-l'Oder en 1697, mort en 1770, étudia sous Boerhaave et Rau, enseigna pendant 50 ans à Leyde l'anatomie et la chirurgie avec le plus grand succès, fit faire de grands progrès à ces sciences et publia plusieurs traités d'anatomie, remarquables par leur exactitude : De ossibus corporis humani, Lugduni Batav., 1726; Historia musculorum, 1734; De arteriis; De causa coloris Æthiopum, 1737. – Son frère, Christ. Bernard Albinus, 1696-1752, professa à Utrecht, et publia De anatome errores detegente in medicina, Utrecht, 1722 ; Specimen anatomicum intestinorum, etc., Lugd. Bat., 1722.

ALBIOECI, peuple de la Gaule transalpine, faisait partie des Ligures et habitait les environs de Digne. Au temps de César, on les appelait Reii, et ils devaient avoir pour capitale Albiosc, lieu voisin de Riez.

ALBION (du celte alb ou alp, mont.), nom indigène de la Grande-Bretagne, ou plutôt de la côte S. et S. E. de la Grande-Bretagne, s'est conservé longtemps, même après la domination romaine, et est encore d'usage en poésie.

ALBION (NOUVELLE-), nom donné par Drake à la Californie et à toute la côte N. O. de l'Amérique septentr. ou Nouvelle-Californie, etc. Ce nom est auj. restreint à la côte qui s'étend entre les 43 et 48° lat.

ALBIS, fleuve, auj. l'ELBE. V. ELBE.

ALBIUS MONS, chaîne qui unissait les Alpes Carniques à l'Hémus; auj. monts DINARIQUES.

ALBIZZI, famille puissante de Florence qui pendant les XIVe et XVe siècles dirigea le parti aristocratique et lutta contre celles des Médicis et des Alberti. Pierre Albizzi, chef de cette famille, eut la principale part à l’administration de 1372 à 1378, et périt victime de la faction opposée, au moment où il se croyait sûr de la renverser. — Son neveu Thomas Maso Albizzi, ramena sa famille au pouvoir et vengea sa mort. Il gouverna avec gloire de 1382 à 1417 – Renaud Albizzi, fils de Maso, parvenu au gouvernement en 1429, entraîna Florence dans de folles entreprises et fut exilé en 1434, au retour des Médicis. Avec lui finit l’importance de cette famille.

ALBIZZI (Barthélémy), Franciscain, né à Rivano, en Toscane, mort en 1401, publia en 1399 les Conformités de S. François avec Jésus-Christ, livre singulier, dans lequel il égale le chef de son ordre au Fils de Dieu, et qui excita de grands scandales. Il fut réfuté par Erasme Alber, ami de Luther, dans l’Alcoran des Cordeliers.

ALBOIN, roi des Lombards de 561 à 573, régnait d'abord dans le Norique et la Pannonie (Autriche et Hongrie). En 568, appelé par Narsès et attiré par le beau climat de l'Italie, il franchit les Alpes, s'empara sans coup férir du nord de l'Italie, et y fonda le roy. lombard, dont il établit la capit. à Pavie. Rosemonde, sa femme, fille de Cunimond, roi des Gépides, qu'Alboin avait vaincu et mis à mort, le fit poignarder parce que, dans une orgie, il voulut la forcer a boire dans le crâne de son père.

ALBON, Castrum Albonis ; bourg de France (Drome), à 8 kil. N. E. de Saint-Valier; 1366 hab. Jadis ch.-l. d’une vicomté dont les titulaires devinrent par la suite les seigneurs du Dauphiné.

ALBON, maréchal de St-André. – V. SAINT-ANDRÉ.

ALBORDJ ou ELBOURZ, chaîne de mont. de la Perse, est parallèle à la côte S. de la mer Caspienne : pics très-hauts, dont le principal, l’Albordj proprement dit, a 5646m. L’Albordj était la montagne sainte des Persans : elle fut, suivant les traditions, la retraite de Zoroastre, et elle joue un grand rôle dans les mythologies locales. Il semble que la position de l’Albordj varia avec le pays occupé par les disciples de Zoroastre et qu’il y eut plusieurs montagnes saintes de ce nom. Tout indique qu’il faut chercher l’Albordj primitif sur les sommets de l’Himalaya. Dans la marche des peuples iraniens vers l'Occident, l’Albordj, comme toutes les dénominations locales de leur première patrie, marche pour ainsi dire avec eux.

ALBORNOS (Gilles Alvarez CARILLO), archevêque de Tolède, né à Cuença vers 1300, fut à la fois homme d’État et homme de guerre, et jouit d’un grand crédit à la cour d’Alphonse XI, roi de Castille, auquel il avait sauvé la vie à la bataille de, Tarifa. Disgracié par Pierre le Cruel, successeur d’Alphonse, il se réfugia auprès du pape Clément VI, : qui régnait à Avignon ; ce pape le fit cardinal. Innocent VI, son successeur, le chargea de replacer sous son obéissance Rome et tout le patrimoine de St-Pierre. Albornos réussit dans cette difficile entreprise, et ramena dans Rome Urbain V, successeur d’Innocent. Il mourut en 1367, à Viterbe, où il s’était retiré.

ALBREDA, comptoir du Sénégal, sur la rive dr. de la Gambie, près de son embouchure. Fondé par les Français en 1698, il a été cédé aux Anglais par échange en 1857. Culture des arachides.

ALBRET ou LABRIT, Leporetum, ch.-l. de cant. (Landes), à 24 kil. N. de Mont-de-Marsan ; 1018 hab. Jadis ch.-l. de la vicomté d’Albret, érigée depuis en duché (V. ci-après), et située en Gascogne, entre le Gabaret et le Marsan. Pays sablonneux ; forêts remplies de lièvres, d’où les noms de Leporetum, Lebret, et par corruption Albret.

ALBRET (duché d’), créé par le roi de France Henri II, en 1558, pour Antoine de Bourbon; réuni à la couronne par Henri IV, et donné en 1651 par Louis XIV au duc de Bouillon, en échange de Sedan et Raucourt. Il comprenait les anciennes vicomtés d’Albret et de Tartas, et quelques terres du Condomois et du Bazadois (partie des dép. de Lot-et-Garonne). Ch.-l., Nérac; autres places : Casteljaloux, Castelmoron, Albret, Tartas.

ALBRET (maison d'), une des plus nobles maisons du midi de la France, a pour chef Amanjeu, sire d Albret, qui vivait dans le XIe siècle, et dont les membres les plus connus sont : Arnaud Amanjeu, sire d'Albret, et vicomte de Tartas, qui épousa Marguerite de Bourbon, belle sœur du roi Charles V; – Charles, fils du précédent, sire d'Albret, comte de Dreux et vicomte de Tartas, cousin de Charles VI par sa mère : il fut fait connétable de France en 1402, et destitué en 1411 par la faction des Bourguignons; rétabli dans sa charge trois ans après, il commanda l'armée française à la fatale journée d'Azincourt (1415) et y perdit la vie – Jean d'Albret, qui devint roi de Navarre en 1494, par son mariage avec l'héritière de ce royaume (V. JEAN); – Jeanne d'Albret, fille de Henri II, roi de Navarre, petite fille de Jean et mère de Henri le Grand (V. JEANNE); – César-Phœbus d'Albret, comte de Miossens, qui fit ses premières armes en Hollande sous Maurice d'Orange, et devint maréchal de France en 1653. Il mourut en 1676, ne laissant qu'une fille; avec lui s'éteignit le nom d'Albret.

ALBUCASIS. V. ABOUL-CACEM.

ALBUFEIRA, v. de Portugal (Algarve), à 35 kil. O. de Faro ; 3000 hab. Port profond où entrent les plus grands navires ; citadelle ; batteries.

ALBUFÉRA, lagune d’Espagne, au, S. de Valence, et tout près de la Méditerranée, avec laquelle elle communique. Très-poissonneuse. Suchet battit près de ce lac et sous les murs de Valence le général Blake, qui capitula le 9 janvier 1812 ; cette victoire lui valut le titre de duc d’Albuféra.

ALBUHERA, vge d'Espagne, (Estramadure), à 26 kil. S. E. de Badajoz. Le maréchal Soult y livra le 16 mai 1811 au général Beresford, commandant les Anglo-Espagnols, une bataille très meurtrière.

ALBULA, nom primitif du Tibre, est commun à beaucoup de riv. des Alpes et des Apennins.

ALBULA (mont), en Suisse (Grisons), fait partie des Alpes rhétiennes, et donne naissance à une riv. d’Albula, qui se jette dans le Rhin à Thusis.

ALBULÆ ou ALBUNEÆ AQUÆ, eaux sulfureuses, à 4 kil. de Tibur (Tivoli), sortent d’un lac appelé auj. Lago di Solfatara. Ruines de thermes attribués à Agrippa, où sont auj. les Bains de Tivoli.

ALBUQUERQUE (Alph. d’), surnommé le Mars portugais, vice-roi des Indes orient., né en 1453, près de Lisbonne, d'une famille qui tirait son origine des roi de Portugal. C'est lui qui créa la domination des Portugais dans l’Inde. Il s’était déjà fait connaître par la découverte de l’île de Zanzibar (1503) et par la prise de Mascate (1507) et d’Ormuz (1508), lorsqu’il fut nommé vice-roi en 1509. Il fit dès 1510 la conquête de Goa, place très importante, qui devint le centre de la puissance et du commerce des Portugais en Orient. Bientôt après il soumit le reste du Malabar, l'île Ceylan, les îles de la Sonde et la presqu’île de Malacca ; en 1514, il reprit Ormuz, à l’entrée du golfe Persique. Il devint si puissant que les peuples et les monarques de l'Orient lui faisaient demander l’alliance et la protection du Portugal. Néanmoins, sa fin fut malheureuse : Lopès-Soarez, son ennemi personnel, ayant été nommé capitaine général de Cochin, il se crut disgracié et mourut peu à près à Goa, en 1551, au moment où il allait revenir en Europe. Albuquerque était actif, prévoyant, sage, humain, juste et désintéressé ; ses contemporains lui ont donné le glorieux surnom de Grand. Son fils Blaise-Alphonse d’Albuquerque a écrit son histoire d’après des documents originaux sous le titre. de Commentaires du grand Alph. d’Albuquerque. — Il y a eu quelques autres personnages moins célèbres de la même famille, notamment : don Juan-Alph. d’Albuquerque, qui fut d’abord le ministre et le favori de Pierre le Cruel, roi de Castille (1350), et qui fut ensuite disgracié et prit les armes contre son souverain. – Mathias d’Albuquerque, général portugais qui fut envoyé au Brésil en 1628 pour défendre cette colonie contre les Hollandais; à son retour en Portugal, il prit une grande part à la révolution qui plaça sur le trône la maison de Bragance. V. JEAN IV.

ALBURNUS MONS, Monte di Postiglione, mont. de Lucanie, voisine de Paestum.

ALBY, Albiga, ch.-l. du dép. du Tarn, sur le Tarn, à 684 kil. de Paris; 15 493 hab. Archevêché, tribunal de 1re inst., lycée, bibliothèq., musée. Promenade du Vigan, avec une statue de Lapeyrouse. Industrie et commerce (surtout en blé et en vin). Aux environs, papeteries, laminerie, fonderie de boulets, etc. – Jadis ch.-l. des Ruteni provinciales (dans l’Aquitaine 1re), puis du comté d’Alby et enfin de l’Albigeois. Détruite deux fois, par les Sarrasins, en 730, et lors de la croisade contre les Albigeois, en 1215. Il s’y tint en 1255 un concile pour l’entière extirpation de l’hérésie albigeoise. V. ALBIGEOiS.

ALCAÇAR. V. ALCAZAR.

ALCADE, de l'arabe al cadi, le juge, nom que portent en Espagne certains magistrats chargés de rendre la justice dans chaque ville, et dont les attributions tiennent à la fois de la police civile et de la police militaire. Ils portent comme marque de leurs fonctions une longue baguette blanche.

ALCALA, nom d'une douzaine de villes d'Espagne, parmi lesquelles il faut remarquer :

ALCALA DE HÉNARÈS, Complutum, sur le Hénarès, à 23 kil. N. E. de Madrid; 5700 hab. Patrie de Cervantès et de Solis. Université, fondée en 1498 par Ximenès, auj. supprimée; archevêché, cathédrale.

ALCALA LA REAL, à 32 kil. S. O. de Jaen; 7000 hab. Riche abbaye, fondée en 1340. Sébastiani y défit un corps de cavalerie espagnole en 1810.

ALCAMO, v. de Sicile, à 37 kil. E. de Trapani; 16 000 hab. Aux env., ruines de Ségeste.

ALCANIZ, v. d'Espagne, dans l'Aragon (Téruel), à 88 kil. S. E. de Saragosse; 5000 hab. Alun. Prise en 1809 par les Français, mais reprise bientôt après.

ALCANTARA (en arabe le pont), la Norba Cæsarea ou Interamnium des anciens, v. d'Espagne, sur la r. g. du Tage, à 80 kil. N. 0. de Cacérès; 3000 hab. Beau pont en pierres (construit sous Trajan). Laines, draps communs. – Alphonse IX, roi de Castille, prit cette ville sur les Maures en 1214 et en fit le ch.-l. de l'ordre d'Alcantara.

ALCANTARA (ordre d'), ordre religieux et militaire institué en 1214 par Alphonse IX, roi de Castille, en mémoire de la prise d'Alcantara sur les Maures. Les membres de cet ordre sont soumis à la règle de St-Benoît, et portent une croix d'or verte fleurdelysée, avec un poirier sur leur écusson, parce que les premiers chevaliers choisis par Alphonse IX faisaient partie de l’ordre de St-Julien-du-Poirier, institué en 1176 par Fernand Gomez. La grande maîtrise de cet ordre a été réunie à la couronne en 1509, sous Ferdinand et Isabelle. Il avait pour ch.-l. Alcantara.

ALCARAZ, v. d'Espagne (Manche), à 60 kil. S. O. d'Albacète, sur le Guadalimar; 14 000 hab. Pierre I d'Aragon y battit les Maures en 1096. Alphonse VIII, de Castille, leur prit cette ville en 1213.

ALCAZAR, mot arabe qui veut dire Palais. On admire surtout les palais construits par les Maures à Ségovie, à Tolède, à Grenade et à Séville.

ALCAZAR DE SAN-JUAN, v. d'Espagne, prov. de Ciudad-Real, à 70 kil. N. E. de cette v.; 6000 hab. Détruite par les Maures; acquise et relevée au XIIIe siècle par l'ordre de St-Jean-de-Jérusalem.

ALCAZAR DO SAL, Salacia, v. de Portugal (Estramadure), à 48 kil. S. E. de Sétubal; 2600 hab. Immenses salines aux env. Alphonse II, roi de Portugal, y vainquit les Maures en 1217.

ALCAZAR-QUIVIR, c.-à-d. Grand-Palais, v. de l'empire de Maroc (Fez), à 25 kil E. de Larache. On y voyait un beau palais construit par Almanzor, roi de Maroc. Bataille livrée en 1578 aux Maures par le roi de Portugal Sébastien, qui y périt.

ALCÉE, Alcæus, père d'Amphitryon, l'époux d'Alcmène, était fils de Persée et régnait à Tirynthe vers le XIVe siècle av. J.-C. Il fut grand-père d'Hercule, qui prit de lui le nom d’Alcide. – Fils d'Hercule que ce héros eut en Lydie de la reine Omphale, ou, selon d'autres, d'une suivante de la reine, fut la tige de la 2e race des rois de Lydie (les Héraclides), et commença à régner vers 1292 av. J.-C.

ALCÉE, poète lyrique grec, né à Mitylène, dans l'île de Lesbos, florissait vers l'an 604 av. J.-C. et était contemporain de Sapho, pour laquelle il éprouva, dit-on, un amour malheureux. Il se rendit redoutable par ses vers satiriques et s'attira le courroux du tyran de Mitylène, Pittacus, qui l'exila. Il se rangea dès lors parmi les ennemis de sa patrie, et s'arma contre elle; mais il abandonna lâchement ses armes dans le combat et prit la fuite; Après un long exil, pendant lequel il voyagea et visita l'Égypte, il fut compris dans une amnistie, et revint mourir à Mitylène. Alcée composa, outre ses invectives contre les tyrans, des hymnes, des odes, des chansons, des épigrammes. Les meilleurs juges, Horace, Quintilien, font l'éloge de ses poésies, qui se distinguaient par la vigueur et l'originalité de la poésie, ainsi que par un ton vif et passionné. Il inventa le mètre qui fut appelé de son nom, vers alcaïque. Il ne nous reste de lui que quelques fragments épars dans Athénée et dans Suidas, recueillis par H. Étienne à la suite de son Pindare, et publiés à part, en 1810, à Halle, par Th. Fr. Stange, et, en 1827, à Leipsick, par A. Matthiæ. Ils ont été trad. en fr. par Coupé, dans ses Soirées littéraires, et par Falconet, dans les Petits poëtes grecs du Panthéon littéraire.

ALCESTE, fille de Pélias, et femme d'Admète, roi de Thessalie. Ce prince étant tombé malade, Alceste consulta l'oracle, et le dieu répondit qu'il mourrait si quelqu'un ne se dévouait à la mort à sa place. Alceste se dévoua; mais Hercule, pour reconnaître l'hospitalité qu'il avait reçue d'Admète, entreprit de la sauver : il descendit aux enfers, d'où il l'arracha malgré Pluton, et la rendit à son époux. Le dévouement d’Alceste fait le sujet d'une des plus belles tragédies d'Euripide. Quinault et Lagrange-Chancel ont aussi traité ce sujet.

ALCIAT (André), célèbre jurisconsulte italien, né près de Milan en 1492, mort en 1550, fut nommé professeur de droit à Avignon en 1521, et retourna après quelques années à Milan. Son talent et ses innovations l'exposèrent à la jalousie et aux persécutions des autres professeurs. Pour se soustraire à leurs attaques, il se réfugia en France, où François I lui confia la chaire de Bourges; mais, sur les instances du duc de Milan, François Sforce, il retourna se fixer en Italie. Il y professa successivement à Pavie, à Bologne et à Ferrare. Alciat fut un des premiers jurisconsultes qui unirent l'étude de l'histoire à celle des lois, afin d'éclaircir l'une par l'autre. Ses ouvrages ont été imprimés à Lyon, 1560 5 vol. in-fol.; à Bâle, 1571, 6 vol. in-fol.; à Strasbourg, 1616, 4 vol. in-fol., etc. Ils se composent principalement de traités de jurisprudence; mais on y trouve aussi des travaux de critique et de philosophie estimés, et, des ouvrages purement littéraires : on y remarque surtout ses Emblèmes, Emblematum libellus, recueil de petites pièces de vers latins sur des sujets moraux, souvent imprimé à part, et trad. en vers français par J. Lefebvre (1536); par Aneau (Lyon, 1549), et par Claude Mignaut (1584).

ALCIBIADE, célèbre général et homme d'État athénien, né l'an 450 av. J.-C., était fils de Clinias et neveu de Périclès. Il conçut de bonne heure le projet de succéder à son oncle dans le gouvernement de la république, et, pour satisfaire son ambition, entraîna ses concitoyens dans des entreprises téméraires. Pendant la guerre du Péloponèse, il conseilla aux Athéniens de conquérir la Sicile, et fut chargé, avec Niclas et Lamachus, de cette expédition qui devint si funeste à sa patrie (415). Les statues d'Hermès ayant été mutilés dans les rues d'Athènes la veille de son départ, on l'accusa de ce sacrilège; il fut condamné en son absence, ses biens furent confisqués et il fut contraint de s'éloigner de sa patrie. Il se retira d'abord à Sparte, puis en Perse, auprès de Tissapherne, suscitant partout des ennemis aux Athéniens. Rappelé par eux néanmoins en 407, à la suite de quelques revers, il leur fit reprendre l'avantage, vainquit la flotte spartiate près d'Abydos et de Cyzique, et rentra triomphant; mais il encourut de nouveau la disgrâce de ses concitoyens à cause d'une défaite éprouvée près d'Éphèse par un ses lieutenants. Il se réfugia d'abord en Thrace, puis en Phrygie près du satrape Pharnanaze, mais celui-ci poussé par Lysandre, général lacédémonien, envoya contre lui des assassins qui mirent le feu à sa maison et le firent périr, l'an 404 av. J.-C., Alcibiade montra alternativement toutes les vertus et tous les vices, il suivit d'abord les préceptes de Socrate, puis il se livra à tous les excès. La souplesse de son caractère ne le rendit pas moins célèbre que sa beauté et son éloquence; à Sparte, il vivait en Spartiate, en Perse, il étalait tout le luxe d'un satrape. Sa vie a été décrite par Plutarque et par Cornélius Nepos. Deux dialogues de Platon sont intitulés Alcibiade.

ALCIDAMAS, sophiste et rhéteur grec natif d'Élée en Éolie, disciple de Gorgias, vivait vers 424 av. J.-C. Il reste de lui deux harangues : l'une d'Ulysse contre Palamède, l'autre contre les rhéteurs du temps. On les trouve dans les recueils de Reiske (t. VIII p. 64) et dans la Biblioth. græca de Didot. L'abbé Auger en a donné une traduction franç. à la suite de celle d'Isocrate.

ALCIDAMIDAS, général des Messéniens, qui, après la prise d'Ithome par les Spartiates, conduisit une colonie à Rhégium vers 723 av. J.-C.

ALCIDE, nom fréquemment donné à Hercule parce qu'il était petit fils d'Alcée, roi de Tirynthe. Ce nom pourrait aussi dériver du grec alke. force

ALCIME, grand prêtre des Juifs, 163 av. J.-C., a usurpé cette dignité avec l'aide d'Antiochus Eupator, roi de Syrie, malgré l'opposition de Judas Machabée. Il attira les plus grands maux sur la Judée, et mourut d'une paralysie après 3 ans de pontificat.

ALCINOÜS, roi des Phéaciens, dans l'île de Corcyre, accueillit Ulysse à son retour de Troie. Il avait pour fille la belle Nausicaa et possédait des jardins magnifiques qu'Homère a célébré dans l’Odyssée.

ALCINOÜS, philosophe platonicien du IIe siècle après J.-C. a laissé une Introduction à la doctrine de Platon, qui a été traduite en latin par Marsile Ficin à Venise, 1497, et par D. Lampin, Paris, 1567 et mise en franç. par Combes-Dounous, 1800.

ALCIPHRON, écrivain grec du IIIe ou du VIe siècle après J.-C., a laissé des lettres supposées de pêcheurs, de parasites, de courtisanes, etc. écrites dans un style élégant et fleuri, mais souvent déclamatoire où l'on trouve des détails curieux sur les mœurs et les usages de la Grèce. Elles ont été publiées par Bergler, grec-latin avec notes, Leips., 1709; par J.-A. Wagner, Leips., 1798; par A. Meinecke et par Seiler, Leips., 1853; et trad en fr. par l'abbé Richard, 1785.

ALCIRA, Sucro sous les Carthaginois, Sætabicula des Romains, Algézirah des Arabes, v. d'Espagne (Valence) à 35 kil. S.O. de Valence, dans une île du Xucar, 9000 hab. Territoire fertile, mûriers.

ALCMAN, poëte grec né à Sardes en Lydie, florissait vers 670 av. J.-C. et obtint le titre de citoyen de Sparte. Il mourut, dit-on, de la maladie pédiculaire par suite des excès auxquels il s'était abandonné. Il avait composé dans le dialecte dorique six livres de chants lyriques, que les anciens admiraient et qu'Horace a quelquefois imités; il ne nous reste qu'un petit nombre de fragments, cités par Plutarque et Athénée. Ils ont été recueillis par H. Étienne, dans son Recueil des lyriques grecs, réimprimés dans les Poëtes grecs de la collection de Didot et publiés à part par Fr-Th. Welcker, Giessen, 1815. Ils ont été traduits en franç. par Coupé dans les Soirées littéraires, t. VII et par Falconnet dans les Petits poëtes grecs du Panthéon littéraire, 1840.

ALCMÈNE, femme d'Amphytrion, roi de Tirynthe, était fille d'Électryon, prince d'Argos, et se faisait remarquer, par sa beauté. Selon la fable, Jupiter prit pour la séduire, les traits de son mari et la rendit mère d'Hercule (V. AMPHYTRION)

ALCMÉON, fils du devin Amphiaraüs et d'Ériphyle, vengea son père, tué au siège de Thèbes en faisant périr sa propre mère qui avait été cause de cette mort (V. AMPHIARAUS). Agité par les Furies après ce meurtre, il se fit purifier par Phégée, roi d'Arcadie, dont il épousa la fille Alphésibée; mais ayant abandonné cette princesse pour Callirhoé, fille d'Achéloüs, il fut tué par les frères de la première.

ALCMÉON, tige des Alcméonides V. ce nom.

ALCMÉON, 13e et dernier archonte perpétuel d'Athènes, de l'illustre famille des Alcméonides, gouverna pendant les années 756 et 755 av. J.-C. Après lui les archontes ne furent nommés que pour 10 ans.

ALCMÉON, philosophe pythagoricien, disciple d'Archytas, né à Crotone vers 500 av. J.-C., écrivit sur la nature de l'âme et sur la médecine. Il est le premier qui ait disséqué des animaux. On lui doit une décade pythagoricienne : elle se compose de dix attributs fondamentaux dont chacun a son contraire, comme pair et impair, fini et infini, un et multiple, bien et mal, repos et mouvement, etc.

ALCMÉONIDES, famille noble et puissante d'Athènes, descendait d'un Alcméon, petit-fils de Nestor, qui, chassé de Pylos avec toute sa famille par les Héraclides, lors de la conquête qu'ils firent du Péloponèse, vint se réfugier à Athènes. Les Alcméonides furent longtemps en possession des plus hautes charges, mais ils furent chassés d'Athènes après le meurtre de Cylon commis par Mégaclès, l'un deux (612 av. J.-C.). Ils rentrèrent bientôt et s'opposèrent d'abord à l'usurpation de Pisistrate, mais ils finirent par s'allier à lui. Clisthène, Périclès, Clinias, et Alicibiade appartenaient à cette famille.

ALCOBAÇA, v. de Portugal (Estramadure), à 85 k. N. de Lisbonne, sur l'Alcoa et la Baça. Abbaye de Bénédictins, fondée en 1170. Tombeau d'Inès de Castro et de Pierre le Justicier.

ALCORAN, V CORAN.

ALCOY, v. d'Espagne (Valence) sur l'Alcoy, non loin de sa source, à 35 kil. N. d'Alicante; 28 000 hab. Environs fertiles; grande industrie, draps fins, savonnerie, papeteries. Commerce en blé, soie, huile.

ALCUDIA, v. et port de l'île Majorque à 53 kil N. E. de Palma; 1150 hab. Deux forts, phare. Pêche de corail. Moutons à laine superfine. – Plusieurs autres v. d'Espagne portent le nom d'Alcudia, entre autres Alcudia de Carlet, dans la prov. de Valence, à 27 kil S. O. de Valence; elle fut érigée en duché pour Manuel Godoy. V ce nom.

ALCUIN, savant du VIIIe siècle, né dans le Yorkshire en 735, mort en 804, fut élevé par Bède le Vénérable. Il était simple diacre de l'église d'York, lorsque Charlemagne, sur la réputation de son immense instruction, l'appela en France (780), pour l'aider à faire renaître les sciences et les arts dans son vaste empire, et voulut même recevoir ses leçons. Alcuin fonda, sous les auspices de ce monarque, plusieurs écoles à Paris, à Tours, à Aix-la-Chapelle, et dirigea l'école dite Palatine, qui se tenait dans le palais du prince et à laquelle étaient jointes une bibliothèque et une sorte d'académie, dont l'empereur faisait partie lui même. Charlemagne l'employa dans diverses négociations et lui donna plusieurs bénéfices, entre autres la riche abbaye de St-Martin de Tours, où il mourut. Alcuin savait le latin, le grec, l'hébreu, et réunissait toutes les connaissances de son temps : philosophie, théologie, histoire, mathématiques, etc. ; aussi l’appelait-on le sanctuaire des arts libéraux, liberalium artium sacrarium. Ses ouvrages ont été réunis par A. Duchesne, avec une vie de l’auteur, Paris, 1617, in-fol., et réimprimés par l’abbé Migne, dans sa Patrologie, 1851. On remarque son Dialogue sur la rhétorique et son Livre des sept arts : Comme tous ses confrères de l’académie palatine, Alcuin avait pris un nom emprunté à l’antiquité, celui de Flaccus Albinus.

ALCYONE, Fille d’Éole et d’Égialée, et femme de Céyx. Céyx ayant fait naufrage en se rendant à Claros, Alcyone se jeta à la mer de désespoir. Tous deux furent changés en Alcyons, oiseaux qui, selon la Fable, couvent leurs œufs sur la mer même.

ALCYONIUS (Pierre), philologue du XVe siècle, né à Venise vers l’an 1487, mort en 1527, fut d’abord correcteur d’imprimerie chez Alde Manuce, et obtint en 1521, par la faveur du cardinal Jules de Médicis, la chaire de langue grecque à Florence. Il a traduit plusieurs harangues de Démosthène et d’Isocrate, ainsi que plusieurs ouvrages d’Aristote, et a composé un célèbre dialogue intitulé : Medices legatus, sive de Exilio, Venise, 1522, in-4, à Leipsick, 1707, in-12, ouvrage si purement écrit en latin que l’on prétendit qu’ayant entre les mains le seul manuscrit qui existât du traité de Cicéron De Gloria, il en avait tiré ce qui lui convenait, puis l’avait jeté au feu pour qu’il ne restât aucune trace de son plagiat ; mais cette accusation n’est pas prouvée.

ALDE MANUCE. V. manuce.

ALDÉE, nom donné par les Hindous à leurs villages sur la côte de Coromandel et dans plusieurs autres contrées de l’Inde.

ALDEGONDE (Ste), vierge, née en 630 dans le Hainaut, d’une maison issue des rois francs, morte vers 680, prit le voile et fonda sur les bords de la Sambre le chapitres des chanoinesses de Maubeuge. On la fête le 30 janvier. V. ste-aldegonde.

ALDENHOVEN, village des États prussiens (prov. Rhénane), entre Juliers et Aix-la-Chapelle, à 4 kil. S. O. de Juliers ; 1300 hab. Le 1er  mars 1793, les Français y furent vaincus par les Autrichiens commandés par l’archiduc Charles, mais dès le 18 du même mois, les Autrichiens y furent battus à leur tour. Jourdan les y battit de nouveau le 2 octobre 1794.

ALDERETE (Diego Gracian de), écrivain espagnol, né à la fin du XVe siècle, mort à 90 ans, avait étudié à Louvain sous Louis Vivès et devint secrétaire particulier de Charles-Quint et de Philippe II. Il a donné des trad. estimées d’un grand nombre d’ouvrages anciens, entre autres de Xénophon, Salamanque, 1552, de Thucydide, 1554, de Plutarque, Isocrate, Dion Chrysostome, etc.

ALDERMAN, c.-à-d. senior, vieillard, nom que donnaient les Anglo-Saxons aux gouverneurs des shires ou comtés, désigne auj. en Angleterre des magistrats municipaux, chefs des corps de métiers. Il y en a 26 à Londres. Le maire, mayor, est élu par eux et choisi parmi eux.

ALDERNEY, nom anglais de l’île d’Aurigny.

ALDOBRANDINI (Sylvestre), savant jurisconsulte, né à Florence en 1500, mort en 1558, fut obligé de s’exiler pour avoir pris parti contre les Médicis et alla enseigner le droit à Pise. Il fut père d’Hippolyte Aldobrandini, depuis pape sous le nom de Clément VIII, et de Thomas Aldobrandini, auquel on doit une trad. estimée de Diogène Laërce, Rome, 1594, in-fol. — A la même famille appartient J. George A., mort au XVIIe s. possesseur d’une villa située à Rome sur le mont Quirinal, où l’on conservait les célèbres fresques antiques connues sous le nom de Noces Aldobrandines.

ALDROVANDE (Ulysse), célèbre naturaliste de Bologne, né en 1527, mort en 1605, voyagea par toute l’Europe pour s’instruire, se lia avec le Français Rondelet, qui fit naître en lui le goût des sciences naturelles, se fit recevoir docteur en médecine à Bologne en 1553, et professa successivement la philosophie et la botanique dans l’Université de cette ville. Il consuma presque toute sa vie et sa fortune à recueillir les matériaux de son Histoire naturelle, ouvrage immense (publié à Bologne en 13 vol. in-fol., de 1599 à 1668), dont il n’a pu donner lui-même que 4 vol. Il y traite successivement des cristaux, des insectes, des poissons, des quadrupèdes, des serpents, des monstres, des métaux et des arbres. Il est à regretter qu’Aldrovande n’ait pas mis autant de discernement que de patience dans ce travail, qui n’est trop souvent qu’une compilation indigeste. Le sénat de Bologne consacra des sommes considérables pour terminer cette publication, dont le soin fut confié aux professeurs qui avaient remplacé Aldrovande dans sa chaire. Le recueil de peintures qui ont servi d’originaux aux gravures de l’ouvrage a été transporté pendant la Révolution au Muséum d’histoire naturelle de Paris.

ALDUDES, montagnes d’Espagne, se détachent des Pyrénées, à 4 kil. S. O. de Saint-Jean-Pied-de-Port. - Village de France (arr. de Mauléon), situé au pied de ces montagnes, sur la frontière. Passage difficile, forcé par les Français en 1794.

ALEA, ville d’Arcadie, au S. O. de Stymphale et à l’E. d’Orchomène. Temples fameux de Minerve, de Bacchus et de la Diane d’Éphèse.

ALÉANDRE (Jérôme), cardinal, né dans la Marche Trévisane, en 1480, enseignait les humanités à 17 ans. Sur le bruit de sa vaste érudition, Louis XII l’appela en France en 1508, pour y enseigner les belles-lettres, et peu après il le fit recteur de l’université de Paris. Léon X le prit pour secrétaire (1513), le nomma bibliothécaire du Vatican et l’envoya, en 1520, comme nonce en Allemagne, où il déploya son éloquence contre Luther. Il devint ensuite archevêque de Brindes, nonce en France, suivit François I en Italie, fut fait prisonnier à Pavie avec ce prince, et ne recouvra sa liberté qu’en payant une somme de 600 ducats. Il mourut à Rome, en 1542. Il a laissé un Lexicon græco-latinum, Paris, 1512, in-fol., et quelques autres écrits. - Jérôme Aléandre, son petit-neveu, né en 1574, mort à Rome en 1629, fut à la fois antiquaire, poëte, littérateur et jurisconsulte. Il a publié entre autres ouvrages, un Commentaire sur les fragments de Caïus, Venise, 1600.

ALECTON, c.-à-d., qui ne laisse aucun repos, une des Furies, était représentée armée de vipères, de torches et de fouets, et la tête ceinte de serpents.

ALEGAMBE (Phil.), jésuite, né à Bruxelles en 1592, mort à Rome en 1651, enseigna la philosophie à Gratz, puis fut nommé préfet de la maison professe des Jésuites à Rome. Il refondit et compléta la Bibliothèque des écrivains jésuites, de Ribadeneira, Anvers, 1643, in-fol., et donna un Catalogue des martyrs de la Société, Rome, 1657-1658.

ALEMAN (Matth.), écrivain espagnol, né à Séville vers le milieu du xvie siècle, mort vers 1620, fut surintendant et contrôleur des finances sous Philippe II, voyagea au Mexique, puis se retira des affaires pour se livrer aux lettres. Il est l’auteur du célèbre roman de Guzman d’Alfarache, qui parut pour la 1re fois à Madrid (1599), et qui obtint un très grand succès. Ce roman a été trad. en français, par G. Chappuis (Paris, 1600) ; par Chapelain (1632) ; par Gabr. Brémond (1696), et imité par Lesage, (1732).

ALLEMANNI, Allemands (d’all, tout ; mann, homme), confédération de nations germaniques qui paraît avoir été formée vers le temps de Marc-Aurèle, se composait des peuples qui habitaient les deux rives du Rhin, principalement depuis sa source jusqu’au Mein. Ils eurent à soutenir plusieurs guerres contre les Romains. Caracalla les combattit sans les vaincre, et n’en prit pas moins le litre d’Alemanicus ; ils furent battus par Claude le Gothique (269), par Probus (276) et par Julien (355 et 360). Ils tentèrent à plusieurs reprises de s’établir dans la Gaule et furent définitivement repoussés par Clovis, qui gagna sur eux, en 496, la bataille de Tolbiac. Après avoir plusieurs fois changé de demeure, les Alemanni unis aux Suevi, avec lesquels on les confond le plus souvent, se fixèrent enfin dans les pays nommés depuis Souabe, Suisse et Alsace, et formèrent le noyau de l'empire qui prit d'eux le nom d’Allemagne.

ALEMBERT (Jean lerond d'), né à Paris en 1717, fut abandonné à sa naissance et fut recueilli par un commissaire de police qui le confia à la femme d'un pauvre vitrier nommé Rousseau. Il conserva toujours pour cette femme les sentiments d'un fils, et quoique plus tard il eût appris le secret de sa naissance (il avait pour mère Mme de Tencin, et pour père M. Destouches-Canon, commissaire d'artillerie), il ne voulut pas la quitter pour la grande dame qui avait attendu avant de le reconnaître qu'il se fût fait un nom illustre. On le nomma d'abord Jean Lerond, parce qu'il avait été trouvé sur les marches de l’église St-Jean-Lerond (auj. détruite) ; il y ajouta plus tard le nom de D'Alembert. Il ressentit de très bonne heure une vive passion pour les mathématiques et se fit connaître dès l’âge de 22 ans par de savants mémoires qui le firent bientôt admettre à l'Académie des Sciences (1741). Dans les années suivantes, il publia des traités de mécanique, qui l’ont placé au premier rang des géomètres ; en 1746, il remporta le prix proposé par l’Académie de Berlin sur la question de la Cause générale des vents, et cette société fut si frappée de la supériorité de son mémoire qu'elle l'adopta par acclamation au nombre de ses membres. S’étant associé à Diderot pour la publication de l’Encyclopédie (1760), il donna à cet ouvrage, outre de savants articles de mathématiques, d'excellents morceaux de littérature, et il en rédigea le Discours préliminaire, qui commença sa carrière littéraire. Il publiait vers le même temps un Essai sur les gens de lettres, qui eut un grand succès. En 1754, il fut reçu à l'Académie Française ; il devint en 1772 secrétaire perpétuel de cette compagnie. Il mourut de la pierre en 1783, âgé de 66 ans. Au plus vif amour pour la science, d’Alembert joignait la bienfaisance et le désintéressement. Il refusa les propositions du grand Frédéric, qui, lors des mesures prises en France contre les Encyclopédistes, lui offrit la présidence de l'Académie de Berlin ; il résista également aux instances de Catherine II, impératrice de Russie, qui voulait lui confier l'éducation de son fils. Il eut pour Voltaire un attachement constant et entretint avec ce philosophe une correspondance suivie qui a été publiée après leur mort : il est à regretter qu’on y trouve trop souvent l’expression de leur haine contre la religion chrétienne. Il vécut longtemps dans l’intimité de Mlle de l’Espinasse. Les principaux ouvrages de d'Alembert sont, pour la partie mathématique : Traité de dynamique, 1743 ; Traité des fluides, 1744 ; Réflexions sur les vents, 1747 ; Recherches sur différents points du système du monde, 1754 ; pour la partie littéraire : Mélanges de littérature et de philosophie, 1752 (on y remarque surtout ses Éléments de philosophie) ; Éléments de musique, 1779 ; enfin des Éloges qui l’ont placé à côté de Fontenelle. Toutes ses œuvres ont été réunies en 18 vol. in-8 par Bastien, Paris, an XIII (1805), et en 5 vol. in-8 (éd. compacte), Paris, 1821-22. Condorcet a écrit son Éloge.

ALENÇON, Alentio ou Alenconium au moyen âge, ch.-l. du dép. de l'Orne, sur la Sarthe et la Briante, à 193 kil. O. de Paris (267 par chemin de fer) ; 16 110 hab. Belle église gothique de Notre-Dame ; halle au blé ; ruines de l'ancien château des ducs, dont 2 tours sont parfaitement conservées ; lycée (depuis 1847), bibliothèque, cabinet de physique et d'histoire naturelle, observatoire, etc. Aux env., fer, granit, pierres à meules. Industrie variée, basins piqués, calicots, cotonnades, mousselines, point d'Alençon ; pierres taillées dites diamants d'Alençon. Patri de Valazé, d'Hébert (le Père Duchesne), de Desgenettes. – Au Xe siècle, Alençon n'était encore qu'un château entouré de quelques maisons ; au xie siècle, c'était déjà une place importante. Le comté d’Alençon, connu dès 942, fut réuni à la couronne en 1219 par Philippe-Auguste, mais bientôt reconstitué par S. Louis, qui le donna à son 5e fils Pierre, après la mort duquel il fut donné par Philippe le Hardi à son 3e fils Charles de Valois; (V. l’art. suiv.). Réuni à la couronne en 1525, à la mort de Charles de Valois, séparé de nouveau pour être donné au 4e fils de Henri II. Il fut enfin, après la mort de ce prince, 1584, réuni définitivement à la couronne.

ALENÇON (comtes et ducs d'), branche de la maison de Valois, dont le chef fut Charles de Valois, 3e fils du roi Philippe III, dit le Hardi. Les princes de cette branche sont : Charles I, qui fut créé comte d'Alençon en 1285 et qui mourut en 1325 ; — Charles II, 1325-1346 ; il était frère de Philippe de Valois et fut tué à la bataille de Crécy ; — Pierre, 1346-1404 ; Jean I, 1404-1415, en faveur duquel le comté d'Alençon fut érigé en duché-pairie en 1414 ; — Jean II, 1415-1474, qui ayant trahi Charles VII et ayant traité avec les Anglais, fut condamné par la cour des pairs, 1458, et obtint grâce de la vie ; il fut de nouveau condamné sous Louis XI, en 1474, comme agent de Charles le Téméraire, obtint encore sa grâce, et mourut en 1476, après 17 mois de captivité ; — René, 1474-1492, qui fut dépouillé de ses biens, et enfermé dans une cage de fer par Louis XI ; — Charles III, 1492-1525, qui, par sa lâche conduite, fut une des principales causes de la perte de la bataille de Pavie, et en qui s'éteignit la race des ducs d'Alençon.

Le titre de duc d’Alençon fut également porté par un fils d’Henri II et de Catherine de Médicis, qui prit plus tard le titre de duc d’Anjou ; puis par Gaston d’Orléans et par Monsieur (Louis XVIII).

ALENTEJO, c.-à-d., en portugais, au delà du Tage, la plus grande des 6 prov. du Portugal, est située entre les Estramadures espagnole et portugaise, l'Algarve, le Beira, et est effleurée au N. par le Tage ; env. 400 000 hab.; capit. Evora. On y trouve quelques lacs et des lagunes qui seules servent de ports. Air en général malsain. Riz, fruits exquis, excellents oliviers, vin médiocre. — L'Alentejo est divisé en 8 comarcas : Beja, Evora, Elvas, Porlalègre, Ourique, Villaviciosa, Crato, Avis.

ALÉOUTES (îles), archipel du grand océan Boréal, s'étend de 160° 49' O. à 169° 10’ long. E., de 51° 40' à 55° lat. N. Ces îles font partie de l'Amérique du N., et appartiennent à l’empire russe. Placées au bout de la presqu'île d'Alaska, dont elles sont comme une prolongation, elles forment une courbe, et ferment presque la mer de Behring. On les distingue en 3 groupes : Aléoutes propres, Andréanov, Lisii ou des Renards. Côtes rendues dangereuses par les bas-fonds et les rochers ; sol hérissé de mont. volcaniques. Les hab. sont au nombre de 5 à 6 000 ; ils vivent sous terre, chassent et pêchent, et font quelque commerce de pelleteries. — Cet archipel a été découvert en 1741 par Behring.

ALEP, Aleppum, Berœa, v. de Syrie, ch.-l. du pachalik d'Alep, sur le Koïk, à 200 kil. N. O. de Damas, était avant le tremblement de terre de 1822 la 3e ville de l'empire ottoman pour la grandeur et l'importance. Elle avait près de 200 000 hab. qui sont réduits de plus de moitié. On y comptait 100 mosquées, 200 fontaines, 2 caravanséraïs, des bazars, des cafés nombreux, une foule de fabriques et de manufactures. Un château fort, une vieille muraille flanquée de tours la mettaient à l'abri d'un coup de main ; 4 grandes caravanes en partaient à 4 époques de l'année, et la mettaient en rapport avec la Perse et l'Inde, avec Constantinople, avec le Diarbékir et l'Arménie ; aussi l'avait-on nommée la Palmyre moderne. Toutes les puissances ont encore des consuls à Alep. Cette ville est la résidence d'un mollah de 1re classe, d'un patriarche grec, d’évêques arménien, maronite, jacobite. Brocarts d’or et d’argent ; châles, mousselines. — Ville forte ancienne, mentionnée dans la Bible sous le nom de Bérée. Elle fut florissante sous les rois de Syrie et sous les Romains ; son bel aqueduc est l’ouvrage de ces derniers. Sous Héraclius, elle fut conquise par les Sarrasins, 636 ; les Mongols la prirent d'assaut en 1260 ; Tamerlan la ravagea en 1402 ; les Turcs en devinrent maîtres en 1517. Ibrahim pacha l’enleva en 1832 au sultan, à qui elle fut restituée l’année suiv. Longtemps, la peste décima cruellement les habitants d'Alep ; ils sont aussi sujets au Bouton d’Alep. Cette v. a été presque entièrement détruite par les deux tremblements de terre de 1822 et 1823. La crainte de nouvelles secousses empêcha les Aleppois de songer sérieusement à relever leur ville ; cependant, elle reprend depuis quelques années son ancienne importance.

ALEP (pachalik d'), un des 4 de la Syrie, entre ceux d'Adana, de Marach, de Racca, de Damas, de Tripoli et la mer ; env. 500 000 hab. On y trouve de hautes mont., l'Alma-Dagh, le Liban, etc. ; il est arrosé par l'Euphrate, l'Oronte, le Chalus, auj. Koïk. Fertilité remarquable en nombre d'endroits. Les sauterelles y causent des dégâts inouïs.

ALERIA, et par corruption Alalia, village de Corse, sur la côte E., à 40 kil. S. E. de Corte. Fondé en 564 av. J.-C. par les Phocéens, et jadis important. Ruines d’un vaste cirque.

ALESIA, v. forte de l’ancienne Gaule, capit. des Mandubiens, était jadis si importante qu’on la surnommait Urbium mater. Vercingétorix y soutint un siège célèbre contre César (52 av. J.-C.). On croit généralement que cette ville est Alise ou Ste-Reine (Côte-d’Or). Cependant, quelques-uns ont voulu tout récemment la placer à Alaise (Doubs), entre Ornans et Salins. Des fouilles exécutées en 1861 ont décidé la question en faveur de l’Alise de Bourgogne.

ALESSANO, Leuca, Alexanum, v. de l’anc. roy. de Naples, à 36 kil. S. O. d'Otrante ; 7000 hab. Évêché.

ALESSIO, Lissus, v. de la Turquie d'Europe (Albanie), à 36 kil. S. de Scutari, sur le Drin, près de son embouchure ; 3000 hab. C’est là que mourut Scandeberg et que se trouve son tombeau.

ALET ou ALETH, Electa ou Alecta, v. de France (Aude), à 10 kil. S. O. de Limoux, sur l'Aude, 1000 hab. Anc. évêché, érigé en 1318, aujourd’hui supprimé. Quatre sources minérales, dont une chaude. Fer, cuivre, forges et clouteries.

ALETUM, Guich-Alet, v. de Gaule, chez les Redones, sur la mer. Ses ruines se voient entre St-Malo et St-Servan. Évêché, transf. en 1152 à St-Malo.

ALEXANDER AB ALEXANDRO, savant italien, dont le véritable nom est Alessandro Alessandri, né à Naples en 1461, mort vers 1525, s'est rendu célèbre par un livre intitulé : Genialium dierum libri VI (Rome, 1522, in-fol., et Leyde, 1673, 2 vol. in-8, avec des commentaires), ouvrage d'érudition fait sur le modèle des Nuits attiques d'Aulu-Gelle et où il traite des antiquités romaines. Il était ecclésiastique et s'était rendu profond dans la science du droit : il exerça même quelque temps la profession d’avocat.

ALEXANDRA, fille de Priam, plus connue sous le nom de Cassandre. V. ce nom et LYCOPHRON.

ALEXANDRA, reine des Juifs, femme d'Alexandre Jannée, régna seule après la mort de son mari (79-70 av. J.-C.), pendant la minorité d’Hyrcan II, son fils. Les Pharisiens commirent de grandes cruautés sous son règne. — Une autre Alexandra, fille d’Hyrcan II, épouse d’Alexandre, fils d’Aristobule II, et mère d’Aristobule et Mariamne, fut mise à mort par Hérode, 29 av. J.-C. — Voy. aussi SALOMÉ.

ALEXANDRE, Ce nom, qui en grec veut dire protecteur des hommes, a été porté par un grand nombre de personnages célèbres anciens et modernes, qu'on trouvera dans l'ordre suivant : 1° rois et princes ; 2° papes et saints ; 3° savants et écrivains.

I. Rois et Princes.

Il y eut en Macédoine cinq princes de ce nom :

ALEXANDRE I, fils d'Amyntas I, 496-454 av. J.-C.

ALEXANDRE II, fils d'Amyntas III, 370-379.

ALEXANDRE III, dit le Grand, fils de Philippe et d'Olympias, naquit à Pella l'an 356 av. J.-C, fut élevé par le philosophe Aristote, et montra dès sa jeunesse ce qu'il devait être un jour : il s’éprit d’une vive passion pour Homère et prit Achille pour modèle ; supérieur dans les exercices du corps comme dans ceux de l’esprit, il put seul dompter Bucéphale. A peine âgé de 16 ans, il gouverna l’État pendant l’absence de Philippe, qui assiégeait Byzance, et soumit quelques peuples voisins. Il sauva la vie de son père dans un combat contre les Triballes, et décida la victoire à Chéronée en taillant en pièces le bataillon sacré des Thébains (338). Il monta sur le trône à 20 ans (336), conquit la Thrace et l'Illyrie, et fit rentrer sous sa domination la Grèce, qui, se fiant sur sa jeunesse, avait cru pouvoir secouer le joug que Philippe lui avait imposé : Athènes et Thèbes étaient à la tête du mouvement ; il détruisit Thèbes, où il ne respecta que la maison de Pindare ; mais il épargna Athènes, qui s’était soumise (335). Il déclara aussitôt après la guerre aux Perses, et, s'étant fait nommer généralissime de toute la Grèce, il partit de Pella, en 334, pour marcher contre eux avec 30 000 hommes d'infanterie et 5000 chevaux. Après avoir passé l'Hellespont, il défit, sur les bords du Granique, l'armée de Darius, roi des Perses (334), et soumit avec rapidité toute l'Asie-Mineure, malgré les efforts héroïques de Memnon le Rhodien. A Gordium, en Phrygie, il trancha de son épée le célèbre nœud gordien, ce qui lui présageait l’empire de l’Asie. Une maladie dangereuse, qu’il avait contractée en se baignant tout couvert de sueur dans les eaux du Cydnus, l'arrêta quelque temps à Tarse ; mais s'étant bientôt rétabli par les soins de son médecin Philippe, il vainquit de nouveau Darius à Issus, en Cilicie (333). Dans cette bataille, il fit prisonnière toute la famille du grand roi, mais il lui rendit aussitôt la liberté et la traita avec la plus grande générosité. Cette victoire fut suivie de la réduction de Sidon, où il plaça Abdolonyme sur le trône, de celle de Tyr, qu’il ne prit qu’après 7 mois de siège, de Gaza, défendue par le brave Bétis, de la Judée et enfin de l'Égypte, où il fit bâtir Alexandrie ; il pénétra jusque dans la Libye, où il se fit déclarer fils de Jupiter par l'oracle d'Ammon. A son retour d'Égypte, il remporta sur Darius, près d’Arbèles en Assyrie (331), une dernière victoire, qui fut bientôt suivie de la mort de Darius, et qui le rendit maître de toute la Perse. Il fit une entrée triomphale à Babylone, s’empara de Suse et de Persépolis, dont il incendia le palais dans une orgie, poursuivit l’assassin de Darius, le satrape Bessus, et conquit la Parthie, la Sogdiane, la Drangiane, la Bactriane ; mais à la même époque il se souillait du meurtre de Clitus, et se rendait odieux par le supplice de Dymnus, de Philotas, de Callisthène et par l’assassinat de Parménion (329-328). Non content d’avoir soumis l’empire des Perses, il attaqua les Scythes qu’il battit près de l’Iaxarte, puis entreprit la conquête de l’Inde (327) : il reçut la soumission de Taxile, défit, sur les bords de l’Hydapse, le roi Porus, qu’il traita avec magnanimité, et s’avança jusqu’à l’Hyphase. Mais ses soldats ayant refusé de le suivre plus loin, il revint à Babylone, où il déploya tout le faste et toute la mollesse des rois d'Asie. Les débauches et les excès auxquels il se livra abrégèrent sa vie, et il mourut à la fleur de l'âge, en 323. On le crut empoisonné par Antipater. Il laissait Roxane enceinte d’un fils qui fut nommé Alexandre Aigus, et que Cassandre fit périr en bas âge. Alexandre n'avait pas désigné son successeur : il s'était contenté de léguer la couronne au plus digne. Son empire fut partagé entre ses généraux, et ce partage devint la source de guerres longues et sanglantes. A la différence de la plupart des conquérants, Alexandre s’occupa plus de fonder ou de conserver que de détruire : il s’efforça d’unir et de civiliser les peuples conquis et jeta les fondements de près de 70 villes. Sa vie a été écrite par Quinte-Curce, Plutarque et Arrien : ce dernier historien est le plus estimé. Ste-Croix a savamment discuté les témoignages des historiens de ce grand homme dans son Examen critique des historiens d’Alexandre. Ce conquérant est le héros du roman d’Alexandre, de Lambert-li-Cors, et d’une tragédie de Racine.

ALEXANDRE IV, dit Aigus, fils posthume d’Alexandre-le-Grand, avait pour mère Roxane, princesse persane. Il porta un instant le titre de roi sous la tutelle de Philippe Arrhidée : Cassandre le fit tuer dans sa première enfance.

ALEXANDRE V, fils de Cassandre, régna d’abord avec son frère Antipater (297-294), mais ne tarda pas à se brouiller avec lui et périt de mort violente.

ALEXANDRE, tyran de Phères en Thessalie, l’an 369 av. J.-C, fameux par ses cruautés, prit par trahison Pélopidas, général thébain, fut forcé par Épaminondas de lui rendre la liberté, et fut battu par Pélopidas même à Cynocéphales, où périt ce héros (365). Odieux à tous, il fut tué par Thébé, sa propre femme, 357 av. J.-C.

ALEXANDRE BALA, Rhodien, usurpateur du trône de Syrie, se fit passer pour fils d’Antiochus-Épiphane, et réussit, avec le secours de Ptolémée-Philométor, roi d’Égypte, à détrôner Démétrius-Soter, l’an 149 av. J.-C. Il fut peu après abandonné par ce prince qu’il avait trahi, et fut lui-même détrôné par Démétrius-Nicator, 144 ans av. J.-C.

ALEXANDRE ZÉBINA, fils d’un fripier d’Alexandrie, se fit passer pour le fils d’Alexandre Bala, et, soutenu par Ptolémée-Physcon roi d’Égypte, usurpa le trône sur Démétrius-Nicator, l’an 125 av. J.-C. Quatre ans après, il fut mis à mort par Antiochus Grypus, fils de Nicator.

ALEXANDRE JANNÉE, roi de Judée, succéda à son frère Aristobule, l’an 106 av. J.-C., et fit avec quelque succès la guerre aux rois de Syrie ; mais il se fit détester par ses crimes, et fut chassé de son royaume. Rentré dans Jérusalem après six ans d’une guerre opiniâtre, il se vengea par les plus atroces exécutions. Il mourut l’an 79 av. J.-C., laissant le gouvernement à sa veuve Alexandra.

ALEXANDRE SÉVÈRE, M. Aurelius Alexander Severus, empereur romain, né à Acco, en Phénicie, vers l’an 209, avait pour mère Julie Mammée, et était cousin d’Héliogabale. Il fut adopté par ce prince et fut proclamé empereur en 222, quoiqu’il eût à peine 14 ans. Il choisit pour préfet du prétoire le jurisconsulte Ulpien, réforma les abus, rétablit la discipline, encouragea les lettres et se montra favorable aux Chrétiens : dans sa tolérance universelle, il plaçait les images d’Abraham et de Jésus à côté de celles des dieux du paganisme. Il fit, mais sans grands résultats, une expédition contre Artaxerce, roi des Perses (232) ; il s’occupa ensuite de soumettre les Germains ; mais ayant voulu d’abord rétablir la discipline, il fut assassiné par ses soldats, à l’instigation de Maximin, qui s’empara du trône, 235. Ce prince était d’une sévérité extrême c’est de là que vient son surnom.

ALEXANDRE, empereur d’Orient en 911, était fils de l’empereur Basile le Macédonien et frère de Léon le Philosophe, qui le précéda sur le trône. Il termina, au bout d’un an de règne, une vie qui avait été funeste à l’État, et dégradée par des vices honteux.

ALEXANDRE I, roi d’Écosse de 1107 à 1124, fut sévère jusqu’à la cruauté, ce qui le fit surnommer le Farouche. Le nord du royaume s’étant insurgé, il vainquit les rebelles, fit périr le chefs, et régna ensuite paisiblement.

ALEXANDRE II, roi d’Écosse de 1214 à 1249, fils de Guillaume le Lion, s’allia pour faire la guerre aux Anglais, avec Louis de France, qui disputait le trône à Jean-Sans-Terre, ce qui fit mettre son royaume en interdit par le pape. Mais il épousa ensuite Jeanne, fille du roi Jean et sœur du roi d’Angleterre Henri III, et la paix fut rétablies.

ALEXANDRE III, fils du précédent, roi d’Écosse de 1249 à 1286, fut placé sur le trône dès l’âge de 8 ans. Il défit les Norwégiens, qui avaient envahi ses États. Il n’en donna pas moins dans la suite sa fille en mariage au prince Éric, depuis roi de Norwége. Il périt à la chasse et fut regretté.

ALEXANDRE JAGELLON, grand-duc de Lithuanie, élu roi de Pologne en 1501, mort en 1506, réunit les deux États en un seul. Indolent et faible, il abandonna l’autorité à un favori nommé Glinski.

ALEXANDRE NEWSKY (S.), grand-duc de Russie, fils du grand-duc Iaroslav II, né en 1218, fut d’abord gouverneur de Novogorod et régna ensuite avec le titre de grand-duc sur Kiev et Vladimir (1252-63). Il gagna en 1240 sur les Suédois, les Danois et les Chevaliers Teutoniques réunis la bataille de la Néva (ce qui lui valut son surnom de Newsky), vainquit aussi les Tartares, affranchit la Moscovie du tribut que lui avaient imposé les successeurs de Gengis-Khan et gouverna avec une sagesse qui le fit universellement regretter. La reconnaissance nationale l’a placé au rang des saints de l’Église russe. — Pierre le Grand institua sous son nom, en 1714, un ordre de chevalerie, dont l’insigne est une croix rouge émaillée, avec des aigles d’or, suspendue à un ruban ponceau : au milieu de la croix est S. Alexandre à cheval, foulant aux pieds un dragon.

ALEXANDRE I PAULOWITZ, empereur de Russie, fils de Paul I et petit-fils de Catherine II, né en 1777, eut pour précepteur le colonel Laharpe, qui l’éleva dans des idées fort libérales, et monta sur le trône en 1801, après la sanglante catastrophe qui enleva à son père le trône et la vie, catastrophe qu’il ne put empêcher. Dès les premiers jours de son règne, il rappela une foule de bannis, abolit la censure, la confiscation, la torture, et réduisit les impôts ; il s’occupa ensuite de faire fleurir les lettres et les arts, fonda plusieurs Universités, réforma le code criminel, et donna une nouvelle organisation au sénat, qu’il constitua en haute cour de justice. Il forma, en 1805, avec la Grande-Bretagne, une coalition contre la France, dans laquelle entrèrent ensuite l’Autriche, la Prusse et la Suède. Après avoir perdu les batailles d’Austerlitz (2 décembre 1805), d’Eylau (8 février 1807), et de Friedland (14 juin 1807), il se vit contraint à demander la paix, et à la suite d’une entrevue célèbre avec Napoléon sur le Niémen, il signa le traité de Tilsitt (7 juillet 1807), par lequel il reconnaissait toutes les conquêtes de l’Empereur et adhérait au blocus continental. En paix avec la France, Alexandre s’occupa d’étendre ses États : il enleva la Finlande à la Suède, 1808, et conquit plusieurs provinces sur la Perse et sur la Turquie, 1809, 1810. Ayant refusé de remplir certaines conditions de son traité avec la France, qui lui semblaient trop onéreuses, il s’attira de nouveau la guerre avec Napoléon, 1812, Il éprouva d’abord plusieurs revers, perdit les batailles de Smolensk et de la Moskowa ; mais bientôt, la disette de vivres et surtout la rigueur du climat ayant forcé les Français à opérer une retraite désastreuse, Alexandre adressa de Varsovie à tous les souverains de l’Europe une proclamation par laquelle il les appelait aux armes (février 1813), et forma une nouvelle coalition, dans laquelle entrèrent successivement l’Angleterre, la Suède, la Prusse et l’Autriche. Après avoir été battus à Bautzen, à Lutzen, à Wurtschen et à Dresde, les alliés gagnèrent la bataille décisive de Leipsick (octobre 1813), qui leur ouvrit les portes de la France ; et, malgré les prodiges de valeur de Napoléon et de ses généraux, ils purent pénétrer jusqu’à Paris. Alexandre qui jouait le principal rôle, entra dans cette capitale avec les troupes confédérées, le 31 mars 1814 : il s’y conduisit en pacificateur plutôt qu’en conquérant, replaça sur le trône la famille des Bourbons, et signa avec Louis XVIII un traité qui assurait la paix générale (30 mai), et garantissait à la France l’intégrité de son territoire primitif. Il se rendit, en novembre 1814, an congrès de Vienne, et s’y fit adjuger la Pologne. À la nouvelle du retour de Napoléon en France, il reprit les armes et marcha de nouveau sur Paris, mais il ne put arriver qu’après la bataille de Waterloo, en juillet 1815. Moins bien disposé cette fois, il prit part aux mesures rigoureuses qui imposèrent à la France d’immenses sacrifices ; toutefois il s’opposa au démembrement du pays et préserva plusieurs monuments qu’on voulait détruire. Trois ans après, au congrès d’Aix-la-Chapelle, 1818, il fit réduire l’énorme contribution qui avait été imposée à la France, et hâta la libération de son territoire. Avant de quitter Paris, Alexandre avait signé avec les souverains de l’Autriche et de la Prusse la Ste-Alliance, sorte de coalition des souverains contre l’indépendance des peuples. De retour dans ses États, il s’occupa de réparer les maux de la guerre, il donna une constitution à la Pologne, affranchit en grand nombre de serfs, établit de nombreuses colonies militaires ; en 1817, il bannit les Jésuites qu’avait recueillis son aïeule Catherine II. Devenu à la fin de sa vie l’adversaire des idées libérales, qu’il avait d’abord professées, il restreignit les priviléges qu’il avait accordés à la Pologne, et prit des mesures sévères contre la liberté de la presse et contre les associations secrètes. Aux congrès de Laybach, 1820, et de Vérone, 1822, il travailla, de concert avec les autres princes signataires du traité de la Ste-Alliance, à réprimer les mouvements qui se manifestèrent en Piémont, à Naples et en Espagne. Alexandre était occupé à visiter les diverses parties de son vaste empire, lorsqu’il mourut, en décembre 1825, à Taganrod, après une courte maladie, que les uns attribuèrent à l’insalubrité du climat, et les autres, mais sans aucune preuve, à un empoisonnement. Il avait été marié dès l’âge de 16 ans, à une princesse de Baden-Baden, dont il n’eut pas d’enfant mâle. Ce prince, l’un des plus distingués de son temps, joignait un caractère ferme des sentiments généreux et une grâce qui séduisait ; il avait une disposition aux idées mystiques, que développa sa liaison avec la célèbre Mme Krudner (V. ce nom). La Vie d’Alexandre a été écrite par A. E. (Adrien Egron), Paris 1826, par Alphonse Rabbe 1826, et plus récemment par J. Golowine.

ALEXANDRE FARNÈSE. V. FARNÈSE.

II. Papes et saints.

ALEXANDRE I, Pape natif de Rome, élu en 109, mort martyr en 119. On lui attribue des Épîtres qui sont supposées. L’Église l’honore le 3 mai.

ALEXANDRE II, Anselme de Bagio, né à Milan, mort en 1073, fut tiré du siège de Lucques pour être placé sur celui de Rome en 1061. Il eut à lutter contre Cadalous, anti-pape, sous le nom d’Honoré II. Il se fit rendre les terres que les Normands avaient enlevées au St-Siège, et s’opposa aux persécutions que les Chrétiens exerçaient contre les Juifs.

ALEXANDRE III, Roland Rainuce Bandinelli, né à Sienne, élu en 1159, se mit en Italie à la tête du parti guelfe contre les Gibelins, que soutenait Frédéric Barberousse, et mérita le titre de propugnateur de la liberté italienne. L’empereur lui suscita trois compétiteurs, Victor IV, Pascal III, Calixte III, mais il finit, en 1177, après bien des troubles, par se réconcilier avec lui dans une entrevue à Venise. Ce pape tint le 3e concile de Latran, 1179, qui attribua aux seuls cardinaux l’élection du souverain pontife, gouverna saintement l’Église, et mourut à Rome en 1181, chéri des Romains et respecté de l’Europe. Il abolit la servitude, réserva aux papes la canonisation des saints, et introduisit l’usage des monitoires. C’est ce pape qui a donné son nom à la ville italienne d’Alexandrie. Reuter a écrit sa Vie, Berlin, 1846.

ALEXANDRE IV, Rinaldi, d’abord évêque d’Ostie, élu en 1254, mort en 1261, était neveu de Grégoire IX. Il travailla à ruiner le parti gibelin et se vit contraint par une faction de quitter Rome pour quelques temps. Il se laissa gouverner par des flatteurs, et prodigua les dispenses, les bulles et les privilèges. Il établit en 1255, des inquisiteurs en France, à la prière du roi S. Louis.

ALEXANDRE V, Philarge, pape de 1409 à 1410, était né à Candie. De pauvre mendiant il devint cordelier, docteur de Sorbonne, évêque de Novare, archevêque de Milan, et fut élu pape au concile de Pise pour terminer un schisme que sa nomination ne fit que prolonger en ajoutant un 3e prétendant.

ALEXANDRE VI, Roderic Borgia, né en 1431, à Xativa près de Valence en Espagne, neveu du pape Calixte III, qui le fit cardinal en 1456, fut élu en 1492. Cet homme, qui souilla le trône pontifical, n’avait réussi à se faire nommer que par l’intrigue. Avant d’être élevé à la papauté, il avait eu plusieurs fils, dont le plus connu est César Borgia, depuis cardinal et duc de Valentinois, et une fille, la trop célèbre Lucrèce Borgia. Alexandre VI joue un rôle important dans l’histoire du temps. Après avoir fait une guerre malheureuse à Charles VIII, roi de France, il s’allia étroitement avec Louis XII ; il réussit, à la faveur de cette alliance, non seulement à restituer au St-Siége plusieurs de ses anc. domaines, mais aussi à dépouiller plusieurs des princes voisins. Pour satisfaire son ambition et sa cupidité et pour élever les princes de sa famille, il foula trop souvent aux pieds les lois de la justice ; on lui impute toutes sortes de crimes : simonie, trahison, meurtre, empoisonnement ; mais on ne peut lui refuser beaucoup d’habileté et d’énergie. Il mourut en 1503 ; on prétendit qu’il s’était empoisonné en buvant un breuvage préparé pour une de ses victimes, mais ce fait est contesté. La Vie d’Alexandre VI a été écrite par J. Burchard en latin, Hanovre, 1697. et par Al. Gordon en anglais, Londres, 1729 ; traduite en français en 1732.

ALEXANDRE VII, Fabio Chigi, né à Sienne en 1599, élu en 1655, mort en 1667, avait toujours été regardé comme un homme savant et vertueux. Il réforma beaucoup d’abus, embellit Rome, approuva la bulle d’Innocent X, son prédécesseur, contre Jansénius, et prescrivit la signature du fameux formulaire de 1665. Le duc de Créqui, ambassadeur de France, ayant été insulté à Rome par la garde corse, le pape fut contraint par Louis XIV de la casser cette garde, et d’élever dans Rome une pyramide avec une inscription qui relatait l’outrage et la satisfaction (1662). Ami des arts, Alexandre VII fit construire la belle colonnade de la place St-Pierre, à Rome.

ALEXANDRE VIII, Pierre Ottoboni, né à Venise en 1610, élu en 1689, mort en 1691, publia une bulle contre les 4 articles de l’assemblée du clergé de France de 1682, relatifs aux libertés de l’église gallicane, et disgracia les prélats qui avaient fait partie de cette assemblée ; il n’en obtint pas moins de Louis XIV la restitution d’Avignon et du Comtat-Venaissin. Il donna de grands secours d’argent à Léopold I et aux Vénitiens pour faire la guerre aux Turcs.

ALEXANDRE (S.), évêque de Jérusalem, protégea Origène et l’ordonna prêtre. Persécuté sous Alexandre Sévère et Dèce, il mourut en prison à Césarée, en 249 ou 251. On le fête le 18 mars.

ALEXANDRE (S.), patriarche d’Alexandrie en 313, mort en 326, combattit l’hérésie d’Arius, assista au concile d’Alexandrie et provoqua la convocation de celui de Nicée. On l’honore le 26 février.

ALEXANDRE NEWSKI (S.), grand-duc de Russie. V. ci-dessus à la série des Rois et princes.

ALEXANDRE SAULI (S.). V. sauli.

III. Savants et écrivains.

ALEXANDRE POLYHISTOR (c.-à-d. qui sait beaucoup), écrivain grec, ainsi surnommé à cause de sa vaste érudition, né à Milet, ou en Phrygie, fut pris par les Romains dans la guerre contre Mithridate (vers 85 av. J.-C), devint esclave de Cornélius Lentulus, qui l’affranchit et lui confia l’éducation de ses enfants, et mourut vers 76 av. J.-C. Il avait écrit sur la philosophie, l’histoire et la géographie des traités fort précieux. On n’a plus que quelques fragments d’une Histoire des peuples de l’Orient et d’un Traité sur les Juifs, conservés par Plutarque, Athénée, Pline, Eusèbe et Suidas, et publiés par C. Miller dans les Historic. græc. fragm. De la collection Didot, 1848. J. Rauch a écrit sur sa Vie et ses écrits, Heidelb., 1845, lat.

ALEXANDRE d'Aphrodisie, philosophe péripatéticien, né à Aphrodisie en Carie vers la fin du IIe siècle après J.-C., enseigna à Alexandrie vers le temps de Septime-Sévère et rétablit dans sa pureté la doctrine d'Aristote. Il a laissé sur presque toutes les parties des écrits de ce philosophe d'excellents commentaires, dont plusieurs ont été trad. en latin et publiés à Venise, 1489, et à Munich, 1842, et dont quelques-uns sont restés manuscrits. Il a en outre écrit en son propre nom des Traités de l'âme, sur la Fatalité et sur la Liberté. Ses doctrines furent plus tard combattues par Averroës, ce qui partagea l'école en deux sectes, les Alexandristes et les Averroïstes.

ALEXANDRE de Tralles, médecin grec, né à Tralles en Lydie, florissait dans le VIe siècle, sous Justinien, et recommandait la médecine expectante. Il a laissé un excellent ouvrage qui a été traduit et imprimé sous ce titre : De arte medica libri XII, gr. et lat., ex interpret. Jo. Guinterii Andernaci, necnon Jac. Goupyli castigationibus, Basileæ, 1566, in-8, et édité par Haller, Lausanne, 1772.

ALEXANDRE de Bernay, natif de Bernay en Normandie, dit aussi Alexandre de Paris, parce qu'il vécut à Paris, florissait dans la seconde moitié du XIIe siècle. Il continua le roman d’Alexandre commencé par Lambert-li-Cors, où fut employé pour la première fois le grand vers qui fut de là nommé alexandrin (imprimé à Stuttgard, par Michelant, 1845). Alexandre a composé lui-même quelques autres romans, restés manuscrits : Athis, Hélène, Brison.

ALEXANDRE de Villedieu, Al. de villa Dei, grammairien du XIIIe s., natif de Villedieu en Normandie, tint école à Paris et composa en 1209, sous le titre de Doctrinale puerorum, une grammaire en vers hexamètres qui fut longtemps classique. Il avait également mis en vers techniques la Sphère, l’Arithmétique, le Calendrier et l’Écriture sainte.

ALEXANDRE de Hales ou Ales (ainsi appelé d'un monastère du comté de Glocester où il fut élevé), philosophe et théologien anglais, surnommé le Docteur irréfragable, étudia à Paris, entra chez les frères Mineurs en 1222 et mourut en 1245. Il enseigna avec succès la philosophie scolastique à Paris et fut un des premiers à mettre à profit les traductions d'Aristote faites par les Arabes. Il est auteur d'une Summa theologiæ, Nuremb., 1484, et d'un Commentaire sur les sentences de Pierre Lombard, Venise, 1475.

ALEXANDRE (Noël), savant dominicain, né à Rouen en 1639, mort à Paris en 1724, était janséniste et écrivit contre la bulle Unigenitus. Son principal ouvrage est une grande Histoire ecclésiastique en lat., publiée d'abord à Paris en 24 vol. in-8, de 1676 à 1686, réimprimée à Venise en 1749 en 8 vol. in-fol. Cette histoire fût condamnée à Rome.

ALEXANDRESCHATA, Alexandrie ultima, c.-à-d. l’Alexandrie la plus reculée, v. fondée par Alexandre chez les Scythes, sur l'Iaxarte, au N. E. de l'Asie connue des anciens, est auj. KHODJEND.

ALEXANDRETTE, l’Alexandria minor ou Alexandria ad Issum des anciens, l’Iskanderoun des Turcs, v. de la Turquie d'Asie (Syrie), à 124 kil. O. d'Alep, à laquelle elle sert de port est située à l'angle N. E. de la Méditerranée, à l'embouchure d'une petite. riv.

ALEXANDRIE, Alexandria sous les Grecs, Iskanderieh chez les Arabes, v. et port d'Égypte, dans la Basse-Égypte, sur une langue de terre qui s'étend entre la Méditerranée et l'ancien lac Maréotis, à 182 kil N. O. du Caire. Elle a 2 ports : le port vieux et le port neuf; elle communique avec le Caire par un canal qui débouche dans la branche la plus occidentale du Nil, et depuis 1853 par un chemin de fer. La v., jadis très-peuplée, ne comptait guère au commencement de ce siècle que 30 000 hab.; on en porte auj. le nombre à 300 000. Elle est l'entrepôt du commerce de l'Europe avec l'Égypte; toutes les puissances européennes y ont des consuls. Outre une foule de restes curieux de l'antiquité, on y remarque de belles constrictions modernes : le palais du vice-roi, la mosquée des mille colonnes, les fortifications et l'arsenal de la marine. — Alexandrie, qui sous les Pharaons n'était qu'un village nommé Racoudah ou Rakotis fut fondée en 332 av. J.-C. par Alexandre le Grand, qui voulait en faire l'entrepôt du commerce entre l'Orient et l'Occident; elle fut la capit. de l’Égypte sous les Ptolémées et les Romains. Elle se composait de 2 quartiers : Rakotis ou quartier du peuple, et le Bruchium ou quartier des palais. On y remarquait un phare magnifique, placé dans une petite île, jointe à la v. par un môle de près de 1300m, des palais somptueux, le temple de Sérapis, tout en marbre, une bibliothèque immense, la plus riche qu'il y eût au monde (on y comptait 700 000 rouleaux ou volumes), le Musée, sorte d'académie ou les savants de toute espèce étaient entretenus aux dépens de l'État; un vaste hippodrome, plusieurs obélisques et colonnes, parmi lesquelles la colonne de Pompée, les deux aiguilles de Cléopatre, etc. C'était la première ville du monde après Rome : on comptait au temps de sa splendeur, 900 000 hab., parmi lesquels un grand nombre de Juifs. Elle fut un des berceaux du Christianisme : elle avait un archevêque qui prenait le titre de patriarche. Plusieurs hérésies y prirent naissance, et elle devint le théâtre de querelles théologiques qui l'ensanglantèrent souvent. Les Alexandrins étaient turbulents; ils se révoltèrent plusieurs fois sous les Ptolémées et sous les Romains : César eut à y réprimer, l'an 47 av. J.-C., une insurrection, terrible; la bibliothèque fut entièrement consumée dans cette circonstance. Alexandrie tomba, avec toute l'Égypte, au pouvoir des Romains l'an 30 av. J.-C. Cette ville eut à subir sous les empereurs plusieurs massacres qui la dépeuplèrent peu à peu. En 611, Chosroës II, roi de Perse, s'en empara, mais son fils la rendit aux empereurs. En 640, les Arabes conduits par Amrou, lieutenant d'Omar, la prirent et achevèrent la destruction des monuments et de la célèbre bibliothèque. Les Turcs la prirent en 868 et 1517 et ils l'ont gardée depuis. Sous la domination des Musulmans elle n'a fait que dépérir; la découverte du passage aux Indes par le Cap acheva sa ruine; son enceinte a diminué graduellement avec sa population. Les Français la prirent sans peine en 1798 et la gardèrent jusqu'en 1801; les Anglais l'occupèrent de 1801 à 1803. Alexandrie s'est relevée sous Méhémet-Ali et ses successeurs.

ALEXANDRIE DE LA PAILLE, v. de l'Italie sept., ch.-l. de la prov. du même nom, sur le Tanaro, à 70 kil. S. E. de Turin; 55 000 hab. Évêché, académie belle dite des Immobili. Fortifications: puissantes; cathédrale, églises de St-Laurent et St-Alexandre; casernes, théâtre; bibliothèque; chem. de fer pour Turin et Gênes; Fabriques de toiles, draps, soieries, bougies – Cette v. fut construite à la hâte en bois et en chaume, en 1168, par la ligue lombarde pour s'opposer à Frédéric Barberousse, et reçut le nom d’Alexandrie en l'honneur du pape Alexandre III, qui régnait alors : Frédéric l'appela par dérision Al. de la Paille, nom qui lui est resté. Elle fut cédée en 1707 par Joseph I à la Savoie,; elle appartint aux Français de 1796 à 1814 et fut ch.-l. du dép. de Marengo. – La prov. d'Alexandrie, entre celles de Tortona, de Novi et d'Asti, compte 102 000 hab.

On connaît beaucoup d'autres v. de ce nom :

Chez les anciens on en comptait plus de 70, ainsi nommées en l'honneur d'Alexandre le Grand, qui les avait fondées, colonisées ou agrandies; entre autres, en Arachosie, sur l'Arachote, auj. KANDAHAR? – en Arie, auj. HÉRAT? – en Asie-Mineure, auj. ALEXANDRETTE; – en Bactriane, sur l'Oxus, auj. SALI-SORAÏ; – en Chaldée, auj. MESCHED-ALI – en Chypre, sur la côte N.; – dans l'Inde, auprès du Paropamisus, sur le Choès : les ruines de cette ville, retrouvées en 1833 par M. Mason, portent le nom de Chehr-iounan ; et une autre au confluent de l’Indus et de l’Acesinès, auj. VEH ou MITTAN ; — en Sogdiane, appelée Alexandreschata (V. ce nom) ; — en Susiane, à l’emb. du Tigre (V. CHARAX) ; — en Troade, auj. ESKI-STAMBOUL.

Chez les modernes, on en trouve plusieurs en Russie, où elles ont reçu ce nom en l’honneur d’Alexandre I, ainsi qu’aux États-Unis : la principale de celles-ci est un ch.-l. de comté dans l’État de Virginie, sur la r. dr. du Potomac, à 9 kil. au-dessous de Washington ; 9000 hab. Port. Rues alignées et se coupant à angle droit ; canal, chemin de fer.

ALEXANDRIE (École philosophique d’). On désigne sous ce nom l’école des nouveaux Platoniciens, fondée à Alexandrie, en Égypte, à la fin du IIe siècle de notre ère, par Ammomus Saccas, et dont les philosophes les plus éminents sont Plotin, Porphyre, Jamblique et Proclus (V. ces noms). Le caractère de cette école est un éclectisme dans lequel dominent la philosophie platonicienne et le mysticisme. Plusieurs des philosophes que l’on nomme Alexandrins à cause de l’unité de leur doctrine ont enseigné à Rome et à Athènes, et non à Alexandrie. Cette école philosophique, qu’il ne faut pas confondre avec l’école littéraire d’Alexandrie connue sous le nom de Musée (V. ce nom), fut fermée, comme toutes les écoles païennes, en 529, par Justinien. Son histoire a été écrite par M. J. Simon et M. Vacherot.

ALEXANDRINS. V. ALEXANDRIE (École d’).

ALEXIS, poëte grec, natif de Thurium, oncle de Ménandre, florissait à Athènes vers 360 av. J.-C. Il avait composé 245 comédies dans le genre de la comédie moyenne ; il n’en reste que peu de fragments (dans les Excerpia de Grotius). On lui doit le caractère du Parasite.

ALEXIS (S.), né à Rome vers l’an 350 de J.-C., était, selon Métaphraste, fils d’un sénateur romain. Il quitta sa femme et sa famille le jour même de ses noces pour se vouer à la vie monastique. On le fête le 17 juillet. On prétend que son nom, qui veut dire guérisseur, vient de nombreuses guérisons dues à son intercession. — L’Église hon. le 15 janv. un autre S. Alexis, Confesseur de la foi au Ve siècle, qu’on croit le même que S. Jean Chalybite.

ALEXIS I, COMNÈNE, empereur d’Orient, né à Constantinople en 1048, était fils de Jean Comnène, frère de l’empereur Isaac Comnène. Il usurpa l’empire sur Nicéphore Botoniate en 1081. Il battit les Turcs, mais fut battu par les Normands, que commandait Robert Guiscard. Lorsque les Croisés, qu’il avait appelés lui-même, traversèrent son empire, il observa mal le traité fait avec eux, et ramena ses troupes qui les avaient accompagnés pour assiéger Antioche. Cependant il racheta des mains des Musulmans les prisonniers faits sur les Croisés et reçut les Français avec magnificence lorsqu’ils revinrent à Constantinople. Il profita de leurs succès pour reprendre aux Turcs Nicée et toute la partie occid. de l’Asie-Mineure. Il mourut en 1118. Sa fille Anne a écrit son Histoire.

ALEXIS II, COMNÈNE, fils de Manuel Comnène, succéda à cet empereur à l’âge de 12 ans, en 1180, et fut mis sous la tutelle de Marie, sa mère, dont les déportements provoquèrent une révolte. Andronie Comnène, nommé régent, fit couronner le jeune prince, et se fit associer par lui, mais il ne tarda pas à le faire étrangler, 1183. Alexis avait épousé une princesse française, Agnès, fille de Louis VII.

ALEXIS III, L’ANGE, frère d’Isaac l’Ange, empereur de Constantinople, se révolta contre ce prince, le détrôna en 1195, et lui fit crever les yeux. Il fut obligé de faire une paix honteuse avec les Turcs et les Bulgares, et fut bientôt chassé lui-même du trône par Alexis le Jeune, son neveu, qui appela les Croisés à son secours. Ceux-ci s’étant emparés de Constantinople, 1203, Alexis l’Ange prit la fuite ; il erra pendant plusieurs années de ville en ville, et fut enfin arrêté en Asie en 1210 par Théodore Lascaris, son propre gendre, qui l’enferma dans un monastère, où il termina ses jours.

ALEXIS IV, dit le Jeune, fils d’Isaac l’Ange, fut placé sur le trône par les Croisés en 1203 (V. l’article précédent) tira son père de la prison où l’avait jeté Alexis l’Ange, et le prit pour collègue. La nécessité de donner de grosses sommes aux Croisés, pour reconnaître leurs services, fit révolter ses peuples : Alexis IV fut, au bout de 6 mois de règne, détrôné et étranglé par Ducas Murzuphle (Alexis V).

ALEXIS V, DUCAS, surnommé Murzuphle (sourcils épais), s’empara du trône en 1204, après en avoir précipité Alexis IV. Il ne régna que quelques mois et fut détrôné à son tour par les Croisés, auxquels il avait témérairement déclaré la guerre, et qui prirent une 2e foi Constantinople. Baudouin, comte de Flandres, qui commandait les Croisés, se fit élire à sa place, et, s’étant emparé de sa personne, le fit précipiter d’une haute colonne à Constantinople, comme coupable du meurtre de son souverain.

ALEXIS MICHAELOWITZ, czar de Moscovie, succéda en 1645 à son père Michel, et fit d’utiles réformes. Son règne, assez glorieux du reste, fut troublé par des guerres intestines et étrangères. Il dompta des partis de Cosaques révoltés, battit les Polonais et fit avec eux une paix qui lui assura Smolensk, Kiev et l’Ukraine, mais fut battu par les Suédois. Il secourut Jean Sobieski à la journée de Chockzim en 1673 et m. en 1676. Il s’était mis inutilement sur les rangs pour être élu roi de Pologne à la mort de Michel Koribut. Il est le père du célèbre Pierre I.

ALEXIS PÉTROWITZ, fils du czar Pierre le Grand, né à Moscou en 1690. Son père, irrité de ce qu’il se montrait contraire à ses projets de civilisation, l’éloigna de sa cour ; puis, ayant appris qu’il conspirait, il le fit condamner à mort, 1718. Alexis fut gracié, mais il mourut peu après dans sa prison ; on crut qu’il avait été empoisonné : son fils régna sous le nom de Pierre II.

ALEXIS (Guillaume), surnommé le Bon Moine, Bénédictin du XVe siècle, abbé de Lire près d’Évreux. On a de lui, entre autres ouvrages curieux, le Blason des fausses amours, Paris, 1493, recueil de contes en vers, dont La Fontaine faisait grand cas.

ALFARABI (IBN TARKAN, dit), philosophe arabe du Xe siècle, né à Farab, v. de la Transoxiane, d’où il prit son nom, mort vers 950, avait approfondi toutes les sciences et tous les arts de son temps, et fut appelé le Second instituteur de l’intelligence. Son éloquence, ses talents dans la musique et la poésie lui concilièrent l’estime du sultan de Syrie, Seïf-ed-Daulah, qui voulut l’attacher à sa cour ; mais Alfarabi s’en excusa et partit : il fut tué par des voleurs en route. Selon une autre version, il passa la plus grande partie de sa vie à la cour de Syrie, pensionné par le prince. Alfarabi fut un des premiers à étudier, à commenter et à répandre parmi les Arabes la connaissance d’Aristote. Ses deux principaux ouvrages sont une Encyclopédie, qui se trouve manuscrite à l’Escurial, et un Traité de musique. On a publié à Paris, en 1638, ses Opuscula varia, dans lesquels on trouve un Traité sur les sciences et un Traité sur l’entendement où il développe la doctrine d’Aristote sur ce point. Les originaux de plusieurs de ses ouvrages sont perdus, mais il en subsiste des versions hébraïques. Il fut le maître d’Avicenne.

ALFARO (Jean de), peintre espagnol, né à Cordoue en 1640, m. à Madrid en 1680, étudia sous Velasquez. Il a fait des tableaux d’histoire, des portraits et de petites effigies à l’huile qui sont très-estimées : c’est lui qui exécuta l’image de Calderon de la Barca, que l’on mit sur le tombeau du poëte, à Cordoue. Le plus souvent il se bornait, par paresse, à copier des gravures.

ALFERGANI (Ahmet Kotsaïr), astronome arabe, natif de Ferganah dans la Sogdiane, vivait au IXe siècle, sous Al-Mamoun, et m. en 830. Il prit part à la révision des Tables astronomiques de Ptolémée et composa, outre une Introduction à l'astronomie, qui a été trad. en latin par Golius, 1669, deux autres ouvrages, sur les cadrans solaires et l'astrolabe.

ALFIERI (le comte Victor), célèbre poëte tragique italien né à Asti en Piémont, en 1749, d'une famille noble et ancienne. Ayant perdu son père de très-bonne heure, son éducation fut négligée, et il eut une jeunesse fort dérangée. Il passa plusieurs années à courir le monde et à chercher des aventures; mais à l'âge de 25 ans, il se fit en lui une subite métamorphose : le désir de plaire à une femme aussi distinguée par son esprit que par son rang, la comtesse d'Albany, épouse du dernier des Stuarts, pour laquelle il avait conçu la plus vive passion, lui inspira du goût pour les lettres et pour la poésie, qu'il avait dédaignées jusque-là. Il s'exerça dans la tragédie, et créa un système de composition tout nouveau pour l'Italie, substituant un dialogue serré, un style mâle et concis, à la manière lâche et efféminée de ses devanciers, et retranchant impitoyablement de ses pièces les personnages inutiles d'amoureux ou de confidents. Travaillant avec une ardeur incroyable, il composa en moins de 7 ans (1775-1782) quatorze tragédies, dont plusieurs sont des chefs d'œuvre. En même temps il écrivait en prose des ouvrages qui devaient le placer à côté de Machiavel, un Traité de la tyrannie, et celui qui a pour titre le Prince et les Lettres, dans lesquels il se montre ardent républicain; il composait aussi à la même époque son poëme de l'Étrurie vengée. La comtesse d'Albany étant devenue veuve en 1788, il s'unit à elle par un mariage secret, puis il vint en France dans le désir d'y faire imprimer plusieurs de ses ouvrages, et même de se fixer dans ce pays, qu'il appelait alors la patrie de la liberté; mais effrayé par les excès du 10 août 1792, il s'empressa de fuir et se retira à Florence. Le gouvernement révolutionnaire le traita en émigré et le dépouilla de la plus grande partie de sa fortune, qu'il avait placée sur les fonds français. Toutes ces causes réunies finirent par lui inspirer pour la France et pour la révolution une haine implacables qu'il n'a cessé depuis d'exhaler dans tous ses écrits. Dans ses dernières années, Alfieri apprit le grec, afin d'étudier dans l'original les grands tragiques qu'il avait pris pour modèles. Il traduisit et imita plusieurs des plus belles tragédies d'Eschyle, de Sophocle et d'Euripide. Épuisé par ses travaux, il mourut à l'âge de 54 ans, en 1803, laissant un grand nombre d'œuvres posthumes, parmi lesquelles on remarque une Traduction de Salluste et une Histoire de sa propre vie. Après sa mort, la comtesse d'Albany fit faire une édition complète de ses œuvres : elle n'a pas moins de 35 vol. in-4, Pise, 1805-15, dont 22 renferment les ouvrages publiés de son vivant, et 13 les œuvres posthumes. Le théâtre d'Alfieri se compose des tragédies suivantes : Philippe II, Polynice, Antigone, Agamemnon, Virginie, Oreste, la Conjuration des Pazzi, Don Garcia, Rosemonde, Marie Stuart, Timoléon, Octavie, Mérope, Saül, Agis, Sophonisbe, Myrrha, Brutus I et Brutus II. Il a été traduit par M. Petitot, 4 vol. in-8, Paris 1802 (réimp. en 1 vol. compacte, 1840). Son Traité de la tyrannie et sa Vie ont été trad. par des anonymes, le 1er en 1802, la 2e en 1809. Ses Traités de la tyrannie et du Prince, ainsi que sa Vie, sont à l'Index à Rome.

ALFORT, hameau du dépt de la Seine, à 9 kil. S. E. de Paris et près de Charenton, sur la r. g. de la Marne. Station. Célèbre école vétérinaire, fondée en 1766. Bergerie de mérinos pour le croisement des races et l'amélioration des laines.

ALFRED, surnommé le Grand, 6e roi des Anglo-Saxons, né en 849, m. en 900, était le 2e fils du roi Ethelred et reçut une éducation supérieure à celle de son temps. Il monta sur le trône en 871, à 23 ans. Il vainquit d'abord les Danois; mais ayant ensuite été défait par eux, il fut forcé de fuir. Après s'être tenu quelque temps caché il s'introduisit dans le camp des Danois, déguisé en barde, pour les examiner à loisir et apprendre à les combattre. A la faveur des, renseignements qu'il obtint ainsi, il parvint en effet à vaincre complètement ces redoutables ennemis, et reprit la ville de Londres qui était encore en leur pouvoir, 894. Après avoir recouvré son royaume il s'occupa de le policer, lui donna des lois, établit le jury, divisa le pays en comtés, ressuscita les arts, les sciences et les lettres, composa lui-même plusieurs ouvrages, fit fleurir le commerce et la navigation, jeta les fondements de la puissance maritime de l'Angleterre, et se montra ainsi vraiment digne du nom de grand. On a de lui, outre un Code (imprimé à Londres en 1658, in-4), des traductions de l’Histoire ecclésiastique de Bède, de l’Histoire d'Orose, de la Consolation de Boèce. Ses OEuvres complètes ont été publiées à Londres en 1860. On lit dans son Testament que les Anglais doivent être aussi libres que leurs pensées. Sa vie a été écrite par Asser, son contemporain, par l'Anglais J. Giles (1848) et par l'Allemand R. Pauli (1851).

ALGAJOLA, ch.-l. de Gant. (Corse), sur la mer, à 9 kil. de Calvi; 300 hab. Huile, granit rose.

ALGARDE (Alexandre), sculpteur et architecte, né à Bologne en 1583, mort en 1654, vécut dans une grande intimité avec l'Albane, et réussit, ainsi que son ami, dans le genre gracieux. on voit de lui, à St-Pierre du Vatican, un bas-relief très-estimé, représentant S. Léon allant au-devant d'Attila. On estime beaucoup aussi son groupe de la Décollation de S. Paul, à Bologne, et ses statues de S. Philippe Néri et d’Innocent X, à Rome.

ALGAROTTI (le comte François), écrivain italien, né à Venise en 1712, mort à Pise en 1764, cultiva avec un égal succès les sciences et les lettres, et fut un des plus grands connaisseur de son temps en peinture, en sculpture et en architecture. Il fut en relation avec les personnages les plus célèbres de son temps : le roi de Prusse l'attira à sa cour, lui donna le titre de comte et en fit son chambellan; l'électeur de Saxe, roi de Pologne sous le nom d'Auguste III; l'accueillit avec faveur et le nomma conseiller; Voltaire le célébra en plusieurs occasions. Ses œuvres se composent des écrits suivants : Poésies; Newtonianisme des dames; Écrits sur l’architecture, la peinture et la musique; Essais sur les langues; Écrits sur l'art militaire; Voyages en Russie; le Congrès de Cythère; Vie de Pallavicini; Pensée diverses; Poésies; Correspondance. Elles ont été réunies en 17 vol. in-8, Venise, 1791-1794. Le Newtonianisme des dames a été trad. par Duperron de Castéra, 1752, le Congrès de Cythère, par Duport-Dutertre, 1749; l'Essai sur l'opéra, par Chastellux, 1778; l’Essai sur la peinture, par Pingeron, 1769

ALGARVE ou ALGARVES, Cuneus, prov. du Portugal, la plus mérid., bornée au S. et l'O, par l'Océan Atlantique, au N. par l'Alentejo, à l'E. par l'Espagne; env: 370 000. hab.; capit., Faro; autres villes princip., Lagos et Tavira. – Vins, soude, kermès, citrons, oranges, figues, grenades, dattes. – Du VIIIe au XIIIe siècle ce pays, qui s'étendait alors sur les deux rives de la Guadiana, appartint aux Arabes (en leur langue le mot Garb ou Gherb, d'où vient Al Garve, veut dire couchant). Alphonse III de Portugal le prit en 1250, et céda en 1254 au roi Alphonse X de Castille la portion orient., à l'E. de la Guadiana. d'où les noms d'Algarve espagnole (depuis absorbée dans l’Andalousie) et d'Algarve portugaise.

ALGAU (ALPES d'), partie de la chaîne du Vorarlberg, entre les Alpes tyroliennes, le Lech et le lac de Constance, donne son nom au pays environnant qui jadis faisait partie de la Souabe : Memmingen, Kempten, Kaufbeuern en étaient les villes principale.

AL-GAZEL, AL-GAZALI, philosophe arabe, né vers 1058 à Thous dans le Khorassan; mort en 1111 ou en 1127 à Bagdad, dirigea le collège de cette ville et y enseigna longtemps avec éclat, puis se retira du monde et vécut en ermite. Il avait étudié profondément les écrits d'Aristote et des philosophes arabes qui l'avaient précédé, mais c'était pour les combattre, et il s'annonça comme le Destructeur des philosophes. Le scepticisme apparent qu'il professa n'avait d'autre but que d'établir une sorte de mysticisme et une croyance aveugle au merveilleux. Il a laissé un Traité des principes de la religion, dont les Orientaux font grand cas, et un Abrégé de morale; mais il est plus connu par son traité intitulé : Destruction de la philosophie, où il attaque surtout la doctrine de l'émanation, et qu'Averroës réfuta dans sa Destruction de la Destruction de la philosophie d'Al-Gaxel. On a publié de lui quelques opuscules sous ce titre : Algazelis philosophia et logica, Cologne, 1506, in-4. Plusieurs de ses ouvrages ont été traduits en hébreu.

ALGER, en arabe Al-Gézaïr (c'est-à-dire les Iles), capit. de la prov. d'Alger et de toute l'Algérie, sur la Méditerranée, par 0° 44' de long. E., 36° 47' de lat. N., à 1644 kil. S. de Paris, 800 de Marseille, 750 de Toulon. Sa population, qui avant la conquête était d'env. 50 000 hab., et qui s'était depuis réduite de moitié, s'élève auj. à 80 000 environ. Archevêché, créé en 1848, cour impériale, tribunal de 1re instance et de commerce; académie universitaire, lycée, collége arabe-français, musée, théâtres. Alger tire son nom d'une île placée en face de la côte et jointe au continent par un môle. Elle est de forme à peu près carrée et bâtie en amphithéâtre; les rues arabes sont étroites et sales; les maisons ont de belles terrasses. On remarque l'ancien palais du dey, un grand nombre de mosquées, dont une fut construite par les esclaves chrétiens (1790); le fort l'Empereur, la Kasbah, citadelle située à l'extrémité S. de la ville. Alger a un port artificiel, formé d'un côté par l'île jointe au continent et de l'autre par une jetée. La v. s'est beaucoup embellie et assainie depuis qu'elle appartient aux Français; on y a ouvert plusieurs rues et de belles places, entre autres les rues de Babazoun et Bab-el-Oued, la rue de la Marine, et la place du Gouvernement. Il en part plusieurs chemins de fer. On y fabrique divers objets, tels que : armes à feu, soieries, orfèvrerie, calottes tunisiennes, cuirs, etc. – Alger paraît être situé sur l'emplacement de l’Icosium des anciens, entre Julia Cærsarea (Cherchell) à l'O. et Rusucurium (Dellys) à l'E. Elle ne commence à figurer sous son nom arabe qu'assez tard : elle était en 935 la capit. d'une petite principauté formée par Zeïri, qui avait secoué le joug des califes fatimites; depuis elle subit toutes les révolutions qui bouleversèrent cette partie de l'Afrique. Les Espagnols en furent un instant maîtres (1510-16), mais ils en furent chassés par le célèbre Barberousse. Alger n'a cessé depuis les temps les plus anciens de se livrer à la piraterie; elle était devenue le fléau de l'Europe. Plusieurs tentatives avaient été faites pour faire cesser les brigandages des Algériens (par Charles-Quint, qui y perdit une flotte et une armée en 1541; par Louis XIV, qui bombarda la v. en 1682, 1683 et 1688; par les Anglais qui la bombardèrent en 1816), mais tous ces châtiments étaient restés sans résultat, lorsqu'à la suite d'une insulte faite au consul de France, Charles X arma contre Alger une expédition qui, commandée par le maréchal Bourmont, s'empara de la ville au commencement de juillet 1830. On trouva dans la Kasbah le trésor du dey qui montait à 47 639 010 fr. – Le dép. d'Alger entre ceux d'Oran à l'O. et de Constantine à l'E., a 113 000 kil. carr. et compte env. 800 000 hab., dont le 10e se compose d'Européens. V. ALGÉRIE.

ALGÉRIE, naguère un des grands États des côtes barbaresques sous le nom de Régence d'Alger, auj. la plus importante des colonies françaises, entre l'État de Tunis à l'E. et le Maroc à l'O., bornée au N. par la Méditerranée et au S. par le désert de Sahara, offre une étendue d'environ 850 kil. sur les côtes(de 4° 30' long. O. à 6° 30' long. E.), et s'avance jusqu'à 5 au 600 kil. dans l'intérieur des terres. Elle est divisée en trois grandes prov., celle d'Alger au centre, d'Oran à l'O., de Constantine à l'E., dont le territoire civil forme 3 départements, ayant à leur tête un préfet et subdivisés en s-préfect., savoir : dans le dép. d'Alger, Blidah, Médéah, Milianah; dans le dép. de Constantine, Borie, Philippeville, Guelma, Sétif; dans celui d'Oran, Mostaganem, Mascara et Tlemcen. Le reste du territoire est, dans chaque province, administré par l'autorité militaire. Le pays est peuplé de Maures, de Berbers ou Kabyles, d'Arabes, de Juifs, de Nègres et d'Européens de diverses nations; le tout peut monter à 3 000 000 d'hab., parmi lesquels env. 300 000 Européens. Sous la domination ottomane, ce pays était régi par un dey et se divisait en 4 prov. : les prov. d'Alger et de Titterie au centre, celle de Tlemcen à l'O., de Constantine à l'E.; ces trois dernières étaient gouvernées par des beys soumis au dey; le reste se partageait entre des tribus presque indépendantes. Les princip. v., après Alger, sont Oran, Tlemcen, Bone, Constantine, Bougie, Philippeville. La température y est élevée, mais elle est rafraîchie par les vents de la mer; l'hiver y est fort doux et ne se fait guère sentir que par des pluies abondantes qui durent jusqu'en avril. Le pays est sillonné par les mont. de l'Atlas qui s'élèvent en étages successifs parallèlement aux côtes. On y trouve de nombreuses vallées et plusieurs cours d'eau, dont le principal est le Chélif, dans la partie occidentale viennent ensuite le Mazafran, la Tafna, l'Aratch, l'Hamise, l'Isser, l'Oued-Kébir, la Seibouse. Le territoire est d'une fertilité extrême : c'était sous les Romains le grenier de l'Italie; mais il a été mal cultivé jusqu'à l'occupation française : il produit le blé dur, l'olivier, le chêne vert, le chêne liége, le palmier nain, et au S. de l'Atlas le dattier; on y récolte en abondance les graines oléagineuses, l'opium, la soie, la cochenille, d'excellents tabacs, de très-beaux cotons, etc. On y élève les plus belles races de chevaux et de moutons; mais les forêts renferment beaucoup d'animaux féroces, surtout des lions. On pêche le long des côtes, principalement vers l'extrémité orientale, de très-beau corail : les Français possédaient depuis 1450 des établissements sur la côte pour cette pêche (Borie, le bastion de France, la Calle, etc.). – L'Algérie est formée, à l'E., de la Numidie, et à l'O., des Mauritanies Césarienne et Sitifine des anciens. Après avoir obéi longtemps à des rois indigènes (Micipsa, Jugurtha, Bocchus, Masinissa, Juba, Syphax, etc.), ce pays fut conquis par les Romains, sous lesquels il devint très-florissant, puis par les Vandales, 429, par les Grecs, 534, et enfin par les Arabes, 690. Depuis cette conquête, les Ommiades, les Abbassides, les Aglabites, les Zéirites, les Almoravides, les Almohades, les Mérinites, les chérifs de Haschem, y dominèrent successivement. A la faveur de ces révolutions perpétuelles il s'y forma plusieurs petits États indépendants dont les principaux étaient: Alger, Tenez, Tlemcen et Constantine. Au XVIe siècle, les Espagnols en occupèrent quelques points (Oran et Bougie, en 1506, Alger, en 1509, Tlemcen en 1518); mais les deux frères Barberousse, appelés contre eux par les habitants, enlevèrent Alger à l'Espagne en 1516, conquirent la plus grande partie du territoire qui l'environne, et, pour se mieux maintenir contre leurs ennemis, se reconnurent vassaux de la Porte (1520). Le sultan Sélim y envoya aussitôt un pacha avec un corps de janissaires; mais dans la suite les janissaires, sous le prétexte de se mettre à l'abri des vexations du pacha, obtinrent de la Porte (1600) l'autorisation de choisir dans leur sein un chef chargé de défendre leurs intérêts : on le nomma dey, ce qui veut dire tuteur. L'État fut ainsi pendant quelque temps régi concurremment par un pacha et par un dey; mais ces deux chefs étaient sans cesse en querelle, et en 1710 le dey Baba-Aly expulsa le pacha, et réunit en sa personne tous les pouvoirs. À dater de ce moment l’autorité de la Porte ne fut plus que nominale. La milice turque devint maîtresse absolue ; elle fit et défit les deys selon son caprice (V. DEY). Néanmoins, ce gouvernement put longtemps braver l’Europe et inquiéter toutes les marines par ses pirateries, et il subsista jusqu’à l’invasion des Français et la prise d’Alger en 1830. Depuis cette époque, l’Algérie est sous l’autorité de la France, qui l’a fait régir d’abord par des généraux en chef (Bourmont, Clauzel, Berthezène, Savary, Veirel, 1830-34) ; puis par des gouverneurs (d’Erlon, Clauzel, Damrémont, Valée, Bugeaud, Cavaignac, Changarnier, Charon, d’Hautpoul, le mar. Randon ; ensuite par un ministre de l’Algérie et des colonies, le pr. Napoléon (1858), M. de Chasseloup-Laubat (1859) ; enfin, après 1861, par un gouv. général (le mar. Pélissier, le mar. Mac-Mahon, le gén. Chanzy). Les principaux faits accomplis depuis la prise d’Alger, sont : l’occupation de Bone, de Médéah et d’Oran (1830) d’Arzew, de Mostaganem et de Bougie (1833) ; la malheureuse expédition de, la Macta, compensée bientôt par la prise de Mascara et de Tlemcen (1835) ; la victoire de la Sikkah (1836) ; l’imprudent traité de la Tafna, qui, pour obtenir la paix dans l’ouest, abandonnait à l’émir Abd-el-Kader une grande partie de la régence (30 mai) ; la prise de Constantine, après une première tentative inutile (13 oct. 1837) ; la reprise des hostilités avec Abd-el-Kader et le passage des Portes-de-Fer (1839) ; l’héroique défense de Mazagran, l’occupation de Cherchell, de Médéah, de Milianah (1840) ; la 2e prise de Mascara (1841) ; la soumission de la prov. de Titterie (1842) ; le combat d’Aïn-Taguin, où le duc d’Aumale surprit Abd et-Kader, qui se vit réduit à chercher un refuge dans le Maroc (1843) ; l’occupation de Tenez, Batna, Biskara, Dellys ; la guerre contre le Maroc, qui donnait appui à l’émir ; le bombardement de Tanger et de Mogador ; la victoire de l’Isly, remportée par le maréchal Bugeaud (1844) ; la réduction du Dahra et de l’Aurès, suivie d’une 1re expédition contre la grande Kabylie (1845-46) ; la reddition d’Abd-el-Kader, qui est transporté en France (1847) ; la création de colonies agricoles et pénitentiaires, après la révolution de 1848 ; la prise de Zaatcha et de Narah par le colonel Canrobert (1849-50) ; l’heureuse expédition du général St-Arnaud contre la petite Kabylie (1851) ; celle du général Mac-Mahon contre la Kabylie orientale (1852) ; et celles des généraux Pélissier et Camou contre le Djurjura ; la prise de Laghouat, d’Ouargla, de Tuggurt (1853-54) ; enfin la réduction définitive par le maréchal Randon des parties non encore soumises de la Grande Kabylie (1858). Depuis l’Algérie s’est couverte de villages et de routes ; plusieurs chemins de fer y ont été exécutés. Une nouvelle insurrection, bientôt réprimée, y éclata en avril 1871. On a, de M. Behaghel, une Monographie de l’Algérie, in-12, 1864.

ALGEZIRAS, Carteia ? v. et port d’Espagne (Cadix), à 11 k. O. de Gibraltar, sur le détroit ; 6000 h. Enlevée aux Maures par Alphonse XI de Castille, après un siège de deux ans, où les Maures firent usage du canon, encore inconnu en Europe, 1344. L’amiral Linois y battit une division anglaise, 1801.

ALGÉZIREH (c.-à-d. en arabe l’île), Mesopotamia, région de l’Asie ottomane, entre l’Euphrate et le Tigre, forme les pachaliks de Rakka, de Mossoul, de Diarbékir et de Bagdad, qui ont pour capit. les villes de même nom. Ce pays est si beau qu’on y a placé le paradis terrestre, mais l’imperfection du gouvernement turc et les dévastations des Kourdes et autres hordes en ont fait un des plus misérables. – C’est dans cette contrée que fleurirent les deux royaumes d’Assyrie. Elle fit ensuite partie des empires d’Alexandre, des Séleucides, des Arsacides. Trajan en joignit la plus grande partie à l’empire romain, mais presque toute la contrée revint bientôt aux Parthes ; les Sassanides la gardèrent jusqu’à la conquête arabe. Les califes s’étant fixés à Bagdad, l’Algézireh fut la principale prov. de leur empire ; elle est aussi la dernière qu’ils aient conservée. Elle leur fut enlevée en 1258 par les Mongols, sur qui les Ottomans la conquirent au XVe siècle. Depuis ceux-ci l’ont conservée, malgré de fréquentes rébellions.

ALGHERO, v. forte de la Sardaigne à 27 kil S. O. du cap, Sassari ; 8000 bah. Evêché. Belle cathédrale, port étroit. Pêche du corail ; culture de l’indigo ; belles stalactites.

ALGIDE, en lat. Algidum, auj. Rocca del Papa, petite chaîne de mont. du Latium, à 31 kil. S. E. de Rome, dans le pays des Éques, s’étend de Tusculum à Préneste. Anc. sanctuaire du culte de Diane.

ALGONQUINS, peuple de la famille lennape, dans l’Amérique du N., se trouvé dans le Michigan, le Canada et les districts des Hurons et des Mandanes. Il est souvent en guerre avec les Sioux.

ALGUAZIL (de l’arabe al ghazil, l’archer), nom que portent en Espagne des agents de la police, qui remplissent à la fois les fonctions de nos huissiers, de nos sergents de ville, et de nos gendarmes.

AL-HAKEM I, calife de Cordoue, 796-822, ne se signala que par sa cruauté. Il eut à combattre Louis, fils de Charlemagne, mais il ne put l’expulser de la Catalogne. Il remplit de sang les villes qui tombèrent en son pouvoir, n’épargna pas davantage Tolède, où deux de ses oncles s’étaient révoltés, et Cordoue, où avait éclaté une conspiration. Il hâta sa fin par ses excès et eut pour successeur son fils Abdérame II. — AL-HAKEM II, 961-976, succéda à son père Abdérame III, régna à Grenade, enleva Zamora au roi de Léon Sanche le Gros, favorisa les lettres et rassembla à Cordoue une immense bibliothèque.

AL-HAKEM-BIAMRILLAH, calife fatimite d’Égypte, succéda à son père en 996, se livra à toutes sortes de cruautés et d’extravagances, persécuta les Juifs et les Chrétiens, fit arracher la vigne, et périt assassiné par un jeune Musulman, en 1021. Se disait descendant d’Ali, il prit le titre de prince des croyants, de lieutenant de Dieu, ébranla l’autorité de Mahomet et eut la prétention de fonder une nouvelle religion : c’est celle des Druses, que l’on retrouve encore en en Syrie et en Égypte. Après son assassinat, ses partisans crurent qu’il avait été enlevé au ciel.

ALHAMBRA, vaste édifice de Grenade, servait de palais et de forteresse aux rois maures. C’est un des monuments les plus remarquables et les plus élégants de l’architecture mauresque. Il fut construit au XIIIe s. Près de l’Alhambra était le Generalife, maison de campagne des rois maures.

ALHUCEMAS, un des présides espagnols dans le Maroc (Fez), sur la Méditerranée, à 80 kil. S. O. du cap des Tres-Forcas, sur un îlot, est bien fortifié.

ALI, c’est-à-dire Sublime, fils d’Abou-Taleb et cousin de Mahomet, fut un des disciples les plus zélés du prophète, et obtint la main de Fatima, sa fille chérie. Il fut un de ceux qui contribuèrent le plus puissamment à établir l’islamisme et à étendre au loin les conquêtes des Musulmans. À la mort de Mahomet, il tenta de lui succéder, mais sans y réussir et ne fut proclamé calife qu’en l’an 656 de J.-C. Il eut à combattre dès son avénement la faction de Mohaviah, chef des Ommiades, que soutenait Amrou. Pendant que les prétendants se disputaient la couronne, Ali périt, assassiné à Koufa par un fanatique (661). Ses partisans le regardent, comme un martyr et vont en pèlerinage à son tombeau. Les descendants d’Ali, les Alides, après avoir été longtemps exclus du pouvoir, régnèrent sur l’Égypte (sous le nom de Fatimites), et sur plusieurs autres contrées. Ali était un prince doux et vertueux ; il aimait et cultivait les lettres. On a encore de lui un Recueil de Sentences et de Poésies, dont une partie a été trad. en français par Vattier, Paris, 1660. Il se relâcha dans sa doctrine religieuse de la rigueur des premiers califes, et fut le chef d’une secte connue sous le nom de Chyites, opposée à celle des Sunnites ALI-IBN-TACHFIN, prince Almoravide, 1106-1143, possédait en Afrique tout l'empire de Maroc, et en Europe presque toute la Péninsule. A la fin de son règne, sa puissance fut ébranlée par les Almohades, qui lui enlevèrent plusieurs provinces d'Afrique.

ALI-MOEZZIN, capitan-pacha sous Selim II, commandait la flotte des Ottomans à la bataille de Lépante, en 1571. Il y fut battu et périt dans l'action.

ALI-COUMOURGI (c.-à-d. le charbonnier), favori et grand vizir d'Achmet III, commandait à la bataille de Peterwaradin où les Ottomans furent complètement battus, 1716, et fut blessé mortellement dans l'action. Fort hostile à Charles XII, il avait fait échouer ses projets d'alliance avec le sultan.

ALI-BEY, chef des Mamelouks, né en 1728, chez les Abazes, fut d'abord esclave, s'éleva par son courage, parvint en 1766 à s'emparer de tout le pouvoir en Égypte, se rendit indépendant de la Porte, fit de grandes conquêtes en Arabie et en Syrie, et conçut les plus vastes desseins pour l'agrandissement de l'Égypte; mais il périt au milieu de ses projets, assassiné par Mohammed-Bey, son fils adoptif, 1773.

ALI-BEY (Badia, dit), voyageur espagnol. V. BADIA.

ALI-PACHA, pacha de Janina, né en 1741, à Tébélen en Albanie, d'une famille de Klephtes qui depuis plusieurs générations était en possession de la ville et du territoire de Tébélen, gagna les bonnes grâces de la Porte en se chargeant lui-même de mettre à mort le pacha de Delvino, son propre beau-père, accusé de rébellion, fut en récompense nommé lieutenant du pacha de la Roumélie, puis pacha de Tricala, en enfin de Janina, 1788, s'empara de toute l'Albanie, puis de presque toute la Grèce. Confinant alors aux Français, par suite des conquêtes qu'ils avaient faites en Illyrie au commencement de ce siècle, il fut d'abord leur allié; mais il les trahit bientôt, et, s'étant fait un mérite de sa trahison auprès de la Porte, il fut nommé vice-roi de toute la Roumélie. Il songea alors à se rendre indépendant, étendit et affermit ses conquêtes, amassa des trésors immenses, et fit trembler la Porte. Ce n'est guère qu'en 1819 que l'on songea à mettre un terme à ses projets ambitieux. Ali voulut prévenir le coup en tentant de faire assassiner dans Constantinople Pacho-Bey, son ennemi mortel, qui avait tramé sa perte; mais ayant échoué dans cet attentat, il fut condamné à mort par le sultan. Alors il appela les Grecs aux armes, leur promettant l'indépendance; il fallut plusieurs années pour le réduire. Enfermé dans la forteresse de Janina, il aurait pu prolonger encore sa défense, lorsqu'il fut assassiné dans une conférence que lui avait proposée Kourschid-Pacha, qui l'assiégeait, 5 février 1822. On peut consulter sur cet homme extraordinaire la Vie d'Ali-Pacha de M. de Beauchamp, 1822, et l’Histoire de la Régénération de la Grèce de Pouqueville, 1825.

ALIAMET (Jacques), né en 1728 à Abbeville, mort en 1788, a perfectionné l'art de graver à la pointe sèche; on a de lui plusieurs gravures assez estimées, d'après Berghem, Wouvermans, Jos. Vernet, etc. – François-Germain, son frère, s'établit Londres, où il grava d'après le Carrache, le Guide, etc.

ALIASKA (terre de). V. AMÉRIQUE RUSSE.

ALIBERT (Jean-Louis), médecin, né en 1766, à Villefranche (Aveyron), mort en 1837, se plaça de bonne heure au rang des premiers médecins par ses travaux sur la matière médicale et les maladies de la peau, fut nommé médecin en chef de l'hôpital St-Louis à Paris, et reçut le titre de baron de l'empire. Après la Restauration, il fut premier médecin ordinaire du roi. Ses princip. ouvrages sont : Traité des maladies de la peau, 1810; Physiologie des passions, ouvrage plus littéraire que scientifique, 1818; Monographie des Dermatoses, 1832-1835.

ALICANTE, Lucentum, v. et port d'Espagne (Valence), ch.-l. de la prov. de son nom, à 106 kil. S. 0. de Valence, sur la Méditerranée, à l'entrée de la baie d'Alicante; 23 000 hab. Rade vaste et sûre. Château fort sur une mont. à plus de 325m de hauteur. Après Cadix et Barcelone, Alicante est la place la plus commerçante de l'Espagne : on en exporte les célèbres vins du pays. Aux environs sont 2 lagunes qui fournissent beaucoup de sel. – Les Arabes s'emparèrent de cette v., en 715; Ferdinand II, roi de Castille, la reprit en 1258. Il y éclata une insurrection carliste en 1844. – La prov. d'A., formée dé la partie mérid. de l'anc. roy. de Valence et d'une portion de celui de Murcie, est baignée au S. E. par la Méditerranée; 370 000 hab.

ALICATA, Phintias, v. forte de Sicile, sur la mer, à 40 kil. S. E. de Girgenti; 14 000 hab.

ALICURI, Ericusa, une des îles Lipari.

ALIDES, nom donné aux descendants d'Ali, et plus spécialement aux Imams. V. ALI et IMAM.

ALIEN-BILL, c.-à-d. loi des étrangers, nom donné en Angleterre à toute loi relative à la police des étrangers. La 1re date de 1782. En 1793, lord Granville fit rendre une loi qui mettait les réfugiés étrangers sous la surveillance de la police et permettait au besoin de les expulser. Renouvelée en 1802, 1816 et 1818, cette loi a été rarement appliquée.

ALIFE, Allifæ, v. du roy. de Naples à 20 kil. N. de Capoue; 1800 hab. Évêché. Air pestilentiel, ce qui l'a presque fait déserter; l'évêque habite Piedimonte. Bâtie par les Osques; prise sur les Samnites par Fabius, puis érigée en colonie romaine.

ALIGHIERI (Dante). V. DANTE.

ALIGRE (Étienne d'), chancelier de France, né à Chartres en 1560, mort en 1635. Son mérite lui ouvrit l'entrée du conseil d'État sous Louis XIII, qui lui confia les sceaux en 1624 et le nomma chancelier bientôt après; mais, au bout de deux ans, Richelieu le sacrifia à Gaston, frère de Louis XIII. Exilé dans sa terre de la Rivière, en Perche, il y finit ses jours, laissant la réputation d'un des magistrats les plus intègres de son siècle. – Son fils, Étienne d'A., 1592-1677, fut successivement sous Louis XIV conseiller, intendant en Languedoc et en Normandie, ambassadeur à Venise, directeur des finances, doyen du conseil d'État, garde des sceaux (1672) et chancelier (1674). – Étienne-François d'A., de la même famille, fut, sous Louis XVI, premier président du parlement de Paris, s'opposa de tout son pouvoir, en 1788, à la convocation des états généraux donna sa démission, émigra, et mourut à Brunswick en 1798, laissant des sommes immenses. Il avait été fait marquis. – Son fils, Étienne-Jean-François, marquis d'A., 1770-1847, était membre du conseil général de la Seine en 1814 et fut un des commissaires charges de recevoir Louis XVIII à son entrée à Paris. Nommé pair dés 1815 il refusa de prononcer aucune peine contre le maréchal Ney. On lui doit l’asile d'Aligre, à Chartres, l’hôpital d'Aligre, à Bonneval (Eure-et-Loir), et l'hôpital de Bourbon-Lancy.

ALINGSOES, v. de Suède, sur le lac Mjœrn, à 50 kil. S. O. de Venersborg; 2800 hab. Patrie d'Allstrœmer, le père de l'industrie suédoise.

ALIPHÈRES, Alipheræ, v. d'Arcadie, au S. O., près de la Triphylie. Célèbre temple de Minerve.

ALISE ou STE-REINE, Alesia, bourg de la Côte-d'Or, à 12 kil. N. E. de Semur. Ste Reine y subit, dit-on, le martyr en 251. Mines de fer, eaux minérales. Cette ville passe pour être l’Alesia prise par César; on lui a récemment contesté cette origine, mais sans motif suffisant. V. ALESIA.

ALIX DE CHAMPAGNE, reine de France, fille de Thibaut IV, dit le Grand, comte de Champagne, épousa en 1160 Louis VII, dit le Jeune, et fut mère de Philippe-Auguste. Lorsque ce prince partit pour la Terre-Sainte en 1190, il remit à sa mère les rênes du gouvernement; elle sut les manier avec sagesse et fermeté. Elle mourut en 1206.

ALIX DE SAVOIE. V. ADÉLAÏDE.

ALJUBARROTA, bourg de Portugal (Estramadure), à 22 kil. S. O. de Leiria. Jean I de Castille y fut battu par Jean I de Portugal, en 1385. ALKENDI, Alchindius, dit le Philosophe par excellence, médecin et philosophe arabe du IXe siècle, mort vers 860, vécut à la cour d’Al-Mamoun et de Motassem. Il fut un des premiers à étudier et à commenter Aristote mais il prétendit allier la magie à la philosophie. Il traduisit en arabe une foule d’ouvrages grecs. Il écrivit en outre une Exhortation à l’étude de la philosophie ; un traité de la Philosophie intérieure ; des Questions logiques et métaphysiques ; un traité sur la Composition des médicaments, et une Théorie des arts magiques : c’est le plus curieux de de ses ouvrages. Flugel a écrit sa Vie, Leips., 1857.

ALKMAAR ou ALEMAER, v. forte de Hollande (Hollande sept.), ch.-l. d’arr., à 38 k. N. O. d’Amsterdam, sur un canal qui joint le Zuyderzée à la mer du Nord et qui y forme un port ; 9000 hab. Hôtel de ville, arsenal, chantier ; bibliothèque, jardin botanique et autres établissements scientifiques. Draps, brasseries, salines, ; fromages estimés. Patrie de Drebbel. Brune y battit les Anglo-Russes, commandés par le duc d’York, le 18 oct. 1799.

ALKMAAR (H. d’), poëte hollandais du XVe siècle, fut conseiller du prince-évêque d’Utrecht (1477), puis entra au service de René, duc de Lorraine (1485). Il a mis en vers la Fable du Renard (Reineke de voss ou Rainier le Renard), espèce de satire qui paraît avoir été composée originairement en vieux français au XIIIe siècle, par Pierre de St-Cloud, et qui eut une grande vogue. Son poëme parut à Lubeck en 1498.

ALLAHABAD, v. de l’Inde anglaise (présidence du Bengale), ch.-l. de la province d’Allahabad, au confluent du Gange et de la Djomna, par 79° 30’long. E., 25° 27’lat. N. ; 20 000 hab. Les Hindous voient dans Allahabad la reine des cités saintes et y vont en pèlerinage. A 3 kil. de la v. est une citadelle fondée par Akbar en 1583, et prise en 1765 par les Anglais. Ils y signèrent la même année un traité, qui assurait à la compagnie des Indes la souveraineté de tout le Bengale. Ils ont fait de cette ville la première place d’armes de l’Inde. — La prov. d’A., entre celles d’Aoude, d’Agrah, de Gandouana, de Maloua, a env. 7 000 000 d’hab. On y trouve les célèbres mines de diamant de Pannah. Tout l’Allahabad est tombé au pouvoir des Anglais de 1765 à 1803.

ALLAINVAL (l’abbé SOULAS d’), né à Chartres vers 1700, m. à l’Hôtel-Dieu de Paris en 1753, a donné différentes pièces de théâtre, dont les princip. sont : la fausse Comtesse, l’Embarras des richesses (1726), et l’École des Bourgeois (1728), où l’on trouve du naturel et du comique. On a aussi de lui Anecdotes de Russie sous Pierre I ; Éloge de Car, et des Ana.

ALLAIRE, ch.-l. de cant. (Morbihan), à 48 kil. E. de Vannes ; 228 hab. Excellentes châtaignes.

ALLANCHE, ch.-l. de cant. (Cantal), à 17 kil. N. E. de Murat ; 1085 h. Station de chemin de fer. Vieux château. Dentelles, cuirs.

ALLARD (Jean-François), général français, né à St Tropez (Var), en 1785, mort en 1839. D’abord de 1815 à 1866 aide de camp du maréchal Brune, il alla chercher fortune en Égypte après la chute de l’Empire, puis passa en Perse, et se fixa enfin dans le Caboul, ou il devint le général en chef et le conseiller intime de Runjet-Sing, roi de Lahore. Il établit une discipline sévère dans les troupes de ce prince, et l’aida à fonder un empire vaste et puissant. En 1838, il visita la France, mais il retourna l’année suivante à Lahore. Il y mourut peu après son retour.

ALLATIUS (Leo), en italien Allaci, savant du XVIIe siècle, né à Scio en 1586, d’une famille grecque, m. en 1669, vint de bonne heure à Rome, où il embrassa le Catholicisme, enseigna dans cette ville au collége des Grecs, et devint en 1661 bibliothécaire du Vatican. Il a composé de nombreux ouvrages de théologie et de philologie, tous pleins d’érudition. Les plus importants sont De Ecclesiæ occidentalis et orientalis perpetua consensione, Col., 1648 ; De patria Homeri, Lugd., 1640 ; De antiquitatibus etruscis, Par., 1640. Il a édité plusieurs ouvrages grecs, entre autre une dissertation d’Eustache d’Antioche sur l’Engastrimythe, à laquelle il a ajouté des recherches curieuses.

ALLECTUS, aventurier breton au IIIe siècle, devint lieutenant de Carausius, général romain, qui avait usurpé la pourpre dans la Grande-Bretagne, tua l’usurpateur pour prendre la pourpre à son tour, 294, mais fut vaincu lui-même et tué 3 ans après par Asclépiodote, général de Constance-Chlore.

ALLEGANY (monts) ou APALACHES, grande chaîne mont. de l’Amérique du N., dans les États-Unis, s’étend parallèlement à l’Atlantique des confins de l’Alabama et de la Géorgie à l’embouchure du St-Laurent. Elle se ramifie en un grand nombre de chaînes parallèles, et se divise en 2 groupes : l’oriental, qui comprend les mont. Bleues, les mont. Vertes, les mont. Blanches, et l’occidental, qui porte les noms de monts de Cumberland au S., et d’Allegany proprement dits au N. Le nom d’Allegany désigne aussi une riv. des États-Unis, qui sort du N. de la Pensylvanie, coule au N. O. puis au S. O., et se joint à la Monongahéla, pour former l’Ohio.

ALLÉGEANCE (Serment d’), serment de fidélité que les Anglais prêtent à leur souverain, diffère du serment de suprématie prêté au même souverain en tant que chef de l’Église anglicane. Ce serment fut composée originairement en vieux français au introduit en Angleterre en 1606, par Jacques I, après la conspiration des Poudres.

ALLEGRAIN (Christophe-Gabriel), sculpteur, né à Paris en 1710, m. en 1796, était fils d’Ét. Allegrain, paysagiste, et devint sculpteur du roi et membre de l’Académie. On admire ses statues de Vénus au bain, de Diane et de Narcisse, au musée du Louvre.

ALLÈGRE, ch.-l. de cant. (H.-Loire), à 22 kil. N. du Puy, près d’une mont. volcanique ; 1072 h.

ALLEGRI (Alessandro), poëte burlesque du XVIe siècle, né à Florence, m. en 1597, a laissé des Rime piacevoli, qui sont citées comme un modèle du pur langage florentin.

ALLEGRI (Gregorio), compositeur de musique sacrée, né à Rome, mort en 1640, est auteur d’un Miserere qu’on ne chantait qu’à Rome, dans la chapelle Sixtine, le vendredi saint, et dont il était défendu de donner copie ; la défense fut éludée par Mozart, qui, après l’avoir entendu deux fois, le nota sans rien omettre. Ce morceau se trouve dans la Collection de Musique classique de Choron.

ALLEGRI, dit le Corrège, peintre. V. CORRÈGE.

ALLEMAGNE, Germania, chez les anc., Deutschland en allemand, vaste contrée située au centre de l’Europe et bornée au N. par la mer Baltique, le Danemark et la mer du Nord ; à l’O. par la Hollande, la Belgique, la France, et la Suisse ; au S. par l’Italie et la Méditerranée ; à l’E. par la Turquie, la Hongrie et la Pologne, comprend à peu près tous les peuples qui parlent allemand et qui faisaient partie du ci-devant empire germanique. Dans un sens plus précis, le nom d’Allemagne s’est appliqué de 1815 à 1866 aux pays compris dans la Confédération germanique. Ainsi déterminée, l’Allemagne se composait de 35 États de fort inégale grandeur, qui comptaient env. 44 000 000 d’hab. Voici le tableau de ces États :

Autriche, Saxe-Meiningen,
Prusse, Saxe-Altenbourg,
Bavière, Saxe-Cobourg-Gotha,
Saxe-Royale, Oldenbourg,
Hanovre, Anhalt-Dessau-Cœthen,
Wurtemberg, Anhalt-Bernbourg,
Bade, Schwartzbourg-Sondershausen,
Hesse-Électorale,
Hesse-Grand-Ducale, Schwartzb.-Rudolstadt,
Holstein et Lauenbourg, Lichtenstein,
Luxembourg et Limbourg, Waldeck,
Brunswick, Reuss, br. aînée ;
Mecklembourg-Schwerin, Reuss, br. cadette,
Mecklembourg-Strelitz, Schaumbourg-Lippe,
Nassau, Lippe,
Saxe-Weimar, Hesse-Hombourg,
Lubeck, Brême,
Francfort, Hambourg.

Du traité de Prague (août 1866) à la guerre de 1870-71, l’Allemagne se divise en deux parties :

1o  La Confédération du Nord, composée de 22 États (le royaume de Prusse, dont le chef est président de la Confédération ; le royaume de Saxe ; les grands duchés de Saxe-Weimar, de Mecklembourg-Schwerin, de Mecklembourg-Strelitz, d’Oldenbourg et de Hesse-Darmstadt pour la partie située au nord du Mein ; les duchés de Brunswick, de Saxe-Meiningen, de Saxe-Altenbourg, de Saxe-Cobourg-Gotha et d’Anhalt, les principautés de Schwarzbourg-Rudolstadt, de Schwarzbourg-Sondershausen, de Lippe, de Waldeck, de Reuss, br. aînée, de Reuss, br. cadette, et de Schaumbourg-Lippe ; les villes libres de Brême, de Lubeck et de Hambourg) ;

2o  Les royaumes de Bavière et de Wurtemherg, le grand duché de Bade, le grand duché de Hesse-Darmstadt pour la partie située au sud du Mein, la principauté de Lichtenstein.

En 1871, l’Empire d’Allemagne a été renouvelé, et le titre d’empereur donné au roi de Prusse.

L’Allemagne offre un grand nombre de montagnes. Les principales sont les ramifications des Alpes, connues sous les noms d’Alpes Rhétiennes et Alpes Noriques ; viennent ensuite les monts Erzgebirge et Krapacks. Tout le pays se trouve partagé en deux grandes régions naturelles : la H. et la B.-Allemagne, la 1re  au S. et à l’O., la 2e  au N. et à l’E. ; ces deux régions sont séparées par les mont. de l’Erzgebirge et du Thuringerwald. Les princ. cours d’eau sont le Rhin, l’Ems, le Weser, l’Elbe, l’Oder, le Danube. L’Allemagne renferme un grand nombre de mines, où se trouvent de grandes richesses métalliques : fer, cuivre, étain, plomb, bismuth, cobalt, argent, mercure, etc. Le pays est fertile et bien cultivé ; on en tire des chevaux estimés pour leur force, surtout dans le Mecklembourg, le Holstein, la Frise. Tous les genres d’industrie et de commerce y sont très-florissants, principalement l’ébénsterie, l’orfévrerie, l’horlogerie, la fabrication des jouets, la librairie, dont le principal commerce se fait, à la foire de Leipsick, etc. la littérature, qui pendant longtemps n’avait été qu’imitative, a pris un grand essor au XVIIIe siècle : Klopstock, Lessing, Wieland, Kotzebue, Schlegel, Schiller, Gœthe, sont les grands écrivains dont se glorifie l’Allemagne ; elle compte également d’éminents philosophes, tels que Leibnitz, Kant, Shelling ; enfin, pour la philologie, la critique, les langues, les antiquités, les Allemands sont au premier rang. Le Catholicisme, le Luthéranisme et le Calvinisme se partagent les diverses contrées de l’Allemagne. L’Autriche, le roy. de Bavière, le grand-duché de Bade, les principautés de Hohenzollern et de Lichtenstein professent la religion catholique (env. 22 millions) ; les Églises luthérienne et calviniste dominent dans le reste (env. 21 millions) ; depuis quelque temps, ces deux Églises se sont réunies sous la dénomination commune d’Église évangélique. Le nombre de ceux qui professent le Judaïsme peut s’élever à 500 000 ; il faut y ajouter les Mennonites, les frères Moraves et plusieurs autres sectes.

Histoire. Longtemps connue sous le nom de Germanie, cette vaste contrée fut, après l’invasion des Barbares, partagée entre une foule de peuples indépendants (Alemanni, Francs, Saxons, Slaves, Avares, etc.), jusqu’au moment où Charlemagne les soumit et les incorpora à son empire. Mais après la mort du conquérant (814), tous ces éléments divers, forcément réunis, tendirent bientôt à se séparer, et le traité de Verdun, signé en 843 par les fils de Louis le Débonnaire, donna naissance au roy. de Germanie (qui reconnut pour roi Louis, dit le Germanique, 3e  fils de Louis le Débonnaire), ainsi qu’à ceux d’Alémannie et de Bavière, qui peu après se fondirent avec le précédent sous le nom d’Allemagne. Définitivement séparée de la France et de l’Italie après la déposition de Charles le Gros, en 887, l’Allemagne fut encore quelque temps gouvernée par des princes carlovingiens, Arnoul de Carinthie et Louis IV, dit l’Enfant, 887-911. Mais à l’extinction de cette famille, la monarchie devint élective (V. ÉLECTEURS). La couronne fut alors conférée à Conrad I, duc de Franconie. Henri I l’Oiseleur succéda à celui-ci en 919, et fut le chef de la maison de Saxe, qui donna cinq souverains à l’Allemagne, et renouvela presque, en la personne d’Othon le Grand, l’empire de Charlemagne, 962-973. À partir de ce règne, la couronne impériale, qui avait été alternativement portée par des rois de France, d’Allemagne et d’Italie, appartint exclusivement à l’Allemagne, qui prit dès lors le titre de Saint-Empire romain de la nation allemande. La maison de Saxe réunit à l’empire la Lotharingie, la Bohême et l’Italie. À la maison de Saxe succéda celle de Franconie, 1024-1125, qui ajouta le roy. d’Arles aux possessions de l’empire, et se signala surtout par ses démêlés avec le Saint-Siége. La maison de Souabe ou de Hohenstaufen monta ensuite sur le trône : deux souverains de cette maison, Conrad III et Frédéric Barberousse, portèrent la puissance impériale à son plus haut degré, 1138-1190 ; mais les successeurs de ces princes, attaqués à la fois par leurs vassaux et par les papes, et fréquemment déposés, tombèrent dans l’affaiblissement le plus honteux. Leur règne fut troublé par les guerres continuelles des Guelfes et des Gibelins. À la mort de Conrad IV, commence un grand interrègne, 1254-1273, qui livra l’Allemagne à l’anarchie. Rodolphe de Habsbourg, 1273-1291, rétablit un Peu par sa vaillance l’autorité de la couronne impériale ; mais sous ses successeurs immédiats et sous les princes de Bavière et de Luxembourg, on vit s’accroître de jour en jour le pouvoir des grands feudataires et des électeurs de l’empire. Leurs droits furent publiquement sanctionnés par la fameuse bulle d’Or (V, BULLE), donnée par Charles IV en 1356. En 1438, Albert de Habsbourg fut élu empereur et devint le chef de la célèbre maison d’Autriche. Charles-Quint, 4e  souverain de cette maison, élu en 1519, releva glorieusement la puissance des empereurs ; il combattit avec succès François I, et donna pendant quelque temps la prépondérance à l’Allemagne ; mais il ne put étouffer la Réforme. Ferdinand I, son frère, régna avec sagesse, et après lui il ne survint aucun changement important en Allemagne, jusqu’au règne de Ferdinand II, sous lequel commença la guerre de Trente ans (1618-1648), qui fut terminée par la paix de Westphalie et qui eut pour résultat l’abaissement de l’Allemagne, la suprématie de la France et la confirmation de la religion luthérienne. Les règnes de Léopold I, de Joseph I et de Charles VI furent remplis par de longues guerres contre Louis XIV et Louis XV. La mort de Charles VI, 1740, donna lieu à la guerre de la succession d’Autriche, qui assura la couronne à l’époux de Marie-Thérèse, fille de Charles VI, et plaça ainsi sur le trône la maison de Lorraine dans la personne de François I. Enfin, en 1806, l’empire d’Allemagne cessa d’exister par l’abdication de l’empereur François II, qui ne conserva que ses États héréditaires et prit le titre d’empereur d’Autriche. La plus grande partie des petits États qui composaient auparavant l’empire d’Allemagne se réunirent alors, avec le titre de Confédération du Rhin, sous le protectorat de Napoléon. C’étaient :

Les royaumes de : Saxe-Weimar,
Bavière, Les duchés de :
Wurtemberg, Saxe-Gotha,
Saxe, Saxe-Meiningen,
Westphalie ; Saxe-Hildburghausen,
Les grands-duchés de : Saxe-Cobourg-Saalfeld,
Francfort, Mecklembourg-Schwérin,
Bade, Mecklembourg-Strélitz ;
Berg et Clèves, Les principautés de :
Hesse-Darmstadt, Nassau-Usingen,
Wurtzbourg,
Nassau-Weilburg, Lippe-Schauenbourg,
Hohenzollern-Hechingen, Reuss-Ebersdorf,
Hohenzollern-Sigmaringen, Reuss-Greitz,
Isenbourg-Birstein, Reus-Lobenstein,
Lichtenstein, Reuss-Schleitz,
La Layen, Schwartzbourg-Rudelstadt,
Anhalt-Bernbourg, Schwartzbourg-Sondershausen,
Anhalt-Cœthen, Waldeck,
Anhalt-Dessau, Lubeck, avec le duché de Holstein-Oldenbourg.
Lippe-Detmold,

Les événements de 1815 modifièrent encore cet état de choses : à la Confédération du Rhin on substitua la Confédération germanique, modelée sur la première. Le protectorat en fut rendu à l'empereur d'Autriche, sans le titre d'empereur. En 1848-49, il y eut des tentatives pour constituer une Allemagne unitaire; une Assemblée nationale fut convoquée à Erfurt pour remplacer l'ancienne diète; l'ancien ordre de choses fut rétabli en 1850; mais la Prusse, victorieuse de l'Autriche (1866) et de la France (1870-71), constitua l'Allemagne actuelle.

Constitution de l'empire. L'empire d'Allemagne avait été, sous les Carlovingiens, une monarchie héréditaire. Lorsque après eux le pouvoir devint électif, l'élection se fit d'abord par l'universalité des 6 nations composant le corps germanique (Francs, Souabes, Bavarois, Saxons, Lotharingiens, Frisons). Plus tard elle appartint aux princes ou grands feudataires seulement (1156); ensuite elle se concentra, d'abord par un simple usage, puis par une loi formelle, la Bulle d'Or, 1356, entre les mains de sept électeurs (V. ÉLECTEURS et BULLE D'OR). Dans l'origine le pape sacrait et couronnait l'empereur; mais Louis de Bavière déclara en 1338, que cette cérémonie n'était point nécessaire et que l'empereur élu à la majorité des voix était empereur légitime en vertu même de cette élection. Pour assurer l'hérédité de la couronne dans leur maison, les empereurs firent couronner leurs successeurs de leur vivant; l'héritier présomptif prenait alors le titre de roi des Romains. Le premier roi des Romains fut Henri, fils de l'empereur Frédéric II, qui reçut ce titre en 1228. Le couronnement des empereurs eut presque toujours lieu à Francfort-sur-le-Mein; l'empereur élu y signait une capitulation qui fixait et limitait ses droits. Il devait convoquer les états généraux ou la diète, non seulement pour faire des lois, mais pour toutes les affaires générales de l'empire, pour déclarer la guerre ou faire la paix, pour envoyer ou recevoir des ambassadeurs; il devait même demander son consentement lorsqu'il s'agissait de la collation de bénéfices ou de fiefs importants, et spécialement pour lever des impôts. Les états se composaient : 1° de membres ecclésiastiques, savoir : les princes ecclésiastiques électeurs, les archevêques et évêques, les prieurs, les abbés, le grand maître de l'ordre Teutonique et celui de l'ordre de St-Jean; 2° de membres séculiers, savoir : les princes électeurs séculiers, les ducs, les princes, les landgraves, les margraves, les burgraves, les comtes et les villes impériales. Les affaires se traitaient dans trois colléges : le collége des princes électeurs, celui des princes, celui des villes impériales. Chacun d'eux délibérait à part, et l'unanimité de leurs votes était nécessaire pour donner force légale à leurs décisions, qui prenaient alors le nom de recès de l'empire. – L'établissement de la Confédération du Rhin (1806), en mettant fin à l'ancien empire, détruisit en même temps sa constitution. Chacune des principautés dont il se composait devint entièrement indépendante pour son gouvernement intérieur, et l'unité de l'Allemagne n'exista plus que dans ses rapports avec l'étranger. Le même esprit présida à la formation de la Confédération germanique (1815), dans laquelle les fonctions de la diète étaient réduite à ces trois points capitaux : 1° maintien de l'indépendance des États fédéraux, ou sécurité extérieure ; 2° maintien de la paix entre les États fédéraux ou sécurité intérieure ; 3° intervention pour rétablir la tranquillité et la paix intérieure des États fédéraux. Les affaires étaient traitées par une diète siégeant à Francfort. Les puissances qui y étaient représentées avaient un nombre de voix proportionné à leur importance. La nouvelle organisation maintient l'autonomie des États sous la présidence de l'empereur d'Allemagne; la dignité impériale est héréditaire dans la Maison royale de Prusse. Un Conseil fédéral est composé des représentants des membres de l'empire; un Reichstag on parlement exerce un droit de contrôle sur l'exercice du pouvoir impérial.

SOUVERAINS D'ALLEMAGNE.
Carlovingiens.
Charlemagne, empereur, 800-814
Louis le Débonnaire emp, 814-840
Lothaire I, associé à l'empire, 817; emp., 840-855
Louis II, roi de Germanie, 843; emp., 855-876
Charles le Chauve, emp., 876-877
Carloman, roi de Bavière, 876-880
Louis III, le Saxon, roi de Germanie, 876-881
Charles le Gros, roi d'Alémannie ou Allemagne 876; emp, et roi de Germanie, 881-887
Arnoul, bâtard de Carloman, roi d'Allemagne 887; emp., 896-899
Louis IV, l'Enfant, roi d'Allemagne, 899-911
Maison de Franconie.
Conrad I, de Franconie, roi, 912-918
Maison de Saxe.
Henri I, l'Oiseleur, roi, 919-936
Othon I, le Grand, roi, 936; emp., 962-973
Othon II roi, 962; emp., 973-983
Othon III, roi, 983; emp., 996-100
Henri II, le Saint, emp., 1002-1024
Maison de Franconie.
Conrad II, le Salique, emp., 1024-1039
Henri III, emp., 1039-1056
Henri IV, emp. 1056-1106
Rodolphe de Rheinfelden, anti-emp., 1077-1080
Hermann de Luxembourg, anti-emp., 1081-1088
Conrad, roi de Germanie, 1087-1099
Henri V, roi de Germanie, 1099; emp., 1106-1125
Maison de Saxe.
Lothaire II, de Supplinbourg, roi, 1125; emp., 1133-1137
Maison de Souabe ou de Hohenstaufen.
Conrad III, emp, 1138-1152
Frédéric I, Barberousse, emp., 1152-1190
Henri VI, emp., 1190-1197
Philippe, emp., 1198-1208
Othon IV, de Brunswick, anti-emp., 1198-1208; emp., 1208-1218
Frédéric II, emp. 1218-1250
Henri le Raspon, de Thuringe, anti-emp., 1246
Conrad IV, emp., 1250-1254
Grand interrègne.
Guillaume de Hollande, 1247-1256
Richard de Cornouailles, 1257-1272
Alphonse de Castille, 1257-1273
Maison de Habsbourg ou d'Autriche.
Rodolphe I, emp., 1273-1291
Adolphe de Nassau, emp., 1292-1298
Albert I, d'Autriche, emp., 1298-1308
Maison de Luxembourg et de Bavière.
Henri VII de Luxembourg, emp., 1308-1313
Louis V, de Bavière, emp., 1314-1347
Frédéric III, le Bel, anti-emp., 1314-1330
Charles IV, de Luxembourg, emp., 1347-1378
Wenceslas de Luxembourg, emp., 1378-1400
Robert de Bavière, emp., 1400-1410
Josse de Moravie, emp., 1410-1411
Sigismond de Luxembourg, emp., 1411-1437
Maison d'Autriche.
Albert II, emp., 1438-1439
Frédéric III emp., 1440-1493
Maximilien I, emp., 1493-1519
Charles V, dit Ch. Quint, emp., 1519-1556
Ferdinand I, emp., 1556-1564
Maximilien II, emp., 1564-1576
Rodolphe II, emp., 1576-1612
Mathias, emp., 1612-1619
Ferdinand II, emp., 1619-1637
Ferdinand III, emp., 1637-1657
Léopold I, emp., 1658-1705
Joseph I, emp., 1705-1711
Charles VI, emp., 1711-1740
Maison de Bavière.
Charles VII, après un interrègne, emp. 1742-1745
Maison d'Autriche-Lorraine.
François I, époux de Marie-Thérèse, emp., 1745-1765
Joseph II, emp., 1765-1790
Léopold II, emp., 1790-1792
François II, emp., 1792-1806
Maison de Prusse.
Guillaume-Louis, après un interrègne, emp., 1871


ALLEMAGNE (mer d'). V. NORD (mer du).

ALLEMOND-EN-OYSANS, bourg de France (Isère).

ALLEN (W.), prêtre catholique anglais, 1532-1594. Ayant refusé de reconnaître la reine Élisabeth pour chef de l’Église, il fut forcé de quitter l'Angleterre et se retira d'abord à Louvain, puis à Rome. Le pape Sixte-Quint le nomma archevêque de Malines, puis cardinal, et le chargea de réviser la trad. de la Bible, avec Bellarmin et le cardinal Colonne. Il fut toute sa vie occupé à combattre la religion anglicane et à susciter des ennemis à Élisabeth : on lui attribue un traité où l'on soutient que tuer un tyran n'est pas un crime (trad. en franç., Lyon, 1658).

ALLER, riv. d'Allemagne, naît à 31 kil. O. de Magdebourg, devient navigable à Celle, et s'unit au Weser au-dessous de Verden, après un cours de 220 k.

ALLETZ (Pons-Augustin), avocat, compilateur laborieux, né à Montpellier en 1703, mort à Paris en 1785, a laissé, entre autres ouvrages : Dictionnaire portatif des conciles; Victoires mémorables des Français; Histoire des Papes; les Ornements de la mémoire (ouvrage longtemps classique) ; Connaissance des poëtes français; l'Esprit des Journalistes de Trévoux; l'Esprit des journalistes de Hollande; ainsi que des extraits d'auteurs latins : Selecta e Cicerone præcepta; Excerpta e Tacito; Selectæ fabulæ ex libris Metamorphos. Ovidii; Nouvelles vies des Saints; l'Esprit des femmes célèbres du siècle de Louis XIV. – Édouard Alletz, son petit-fils, né à Paris en 1798, m. en 1850, fut consul à Gênes, puis à Barcelone. Il s'est fait connaître par d'estimables écrits dans lesquels il s'efforça de faire concourir à un même but moral la philosophie et la religion : Essai sur l'homme, 1826; Esquisse de la souffrance morale, 1828; Maladies du siècle, 1835; de la Démocratie nouvelle, 1837, ouvrage couronné par l'Académie. Alletz s'est aussi exercé dans la poésie et a donné Walpole, en 3 chants, 1825; la nouvelle Messiade, en 16 chants, 1830; mais ces deux poëmes furent peu remarqués.

ALLEU, allodium (du saxon alod, c'est-à-dire sort, lot, ou d’all, tout, et od, propriété). Ce mot désignait, dans les premiers temps du moyen âge, après l'établissement des Barbares, les terres, fruit de la conquête, que les vainqueurs s'étaient partagées par la voie du sort. Les alleux étaient libres de toute obligation ou redevance, excepté le service militaire; aussi leurs propriétaires étaient-ils appelés hommes libres, par opposition aux vassaux, possesseurs de fiefs ou de bénéfices (V. ces mots). Dès le Xe siècle on ne trouve plus d'alleux, ni en France, ni en Allemagne : d'un côté l'usurpation et de l'autre le besoin de protection avaient, de gré ou de force, transformé la plupart des alleux en fiefs et en bénéfices. – On appelait franc-alleu, une terre, une seigneurie, un héritage indépendant de tout seigneur, affranchi de tous droits ou devoirs seigneuriaux, et sujet seulement à juridiction.

ALLEVARD, ch.-l. de cant. (Isère), à 35 kil. N. E. de Grenoble; 1547 hab. (parmi lesquels beaucoup de goitreux). Eaux minérales sulfureuses, cuivre, fer, plomb, houille, etc. Près de là naquit Bayard.

ALLIA, petite riv. du Latium, passait à Crustumerium et se jetait dans le Tibre à 15 kil. N. E. de Rome. Les Gaulois y défirent les Romains, 390 av. J.-C.

ALLIANCE. Les alliances les plus célèbres dans l'histoire sont connues sous le nom de Triple-Alliance, Quadruple-Alliance, Sainte-Alliance.

TRIPLE-ALLIANCE, nom donné spécialement : 1° à l'alliance formée en 1668 pour la défense des Pays-Bas contre Louis XIV, entre la Grande-Bretagne, les États-Généraux de Hollande et la Suède ; – 2° à la grande alliance du Nord, entre Frédéric IV de Danemark, Pierre le Grand de Russie, Auguste II de Pologne, contre le roi de Suède Charles XII; alliance signée à Copenhague en 1697, rompue par les victoires de Charles XII sur le Danemark, 1700, et sur la Pologne, 1706; mais renouvelée en 1709, après la défaite du roi de Suède à Pultawa; – 3° à l'alliance signée à la Haye en 1717, entre les États-Généraux, Georges I, roi d'Angleterre, et le régent Philippe d'Orléans, contre les projets ambitieux du ministre d'Espagne Albéroni, qui voulait revenir sur les traités d'Utrecht, de Bade et de Rastadt et rendre à l'Espagne la totalité de ses anciennes possessions.

QUADRUPLE-ALLIANCE, traité Signé à Londres en 1718 entre l'Angleterre, la France, la Hollande et l'empire pour le maintien des traités d'Utrecht et de Bade et la pacification de l'Italie. Par ce traité, l'empereur consentit à reconnaître le roi d'Espagne, à condition qu'on lui remettrait la Sicile, et que la Sardaigne serait donnée au duc de Savoie. On y convint aussi d'assurer à don Carlos la succession des duchés de Parme et de Plaisance et du grand-duché de Toscane. – On connaît encore sous ce nom l'alliance offensive et défensive formée en 1834 entre l'Angleterre, la France, la Belgique et l'Espagne, dans le but d'assurer l'indépendance de la Belgique et de maintenir les droits de la reine Isabelle au trône d'Espagne.

SAINTE-ALLIANCE, alliance formée entre la Russie, l'Autriche et la Prusse, signée à Paris le 26 septembre 1815, après la 2e abdication de Napoléon, avait pour but de maintenir le pouvoir des souverains et le respect de la religion. Elle tire son nom soit de ce dernier but, soit des sentiments de piété dont étaient animés les princes qui la contractèrent, surtout l'empereur Alexandre.

Dans l'histoire de la Religion, on appelle Ancienne-Alliance celle que Dieu contracta avec Abraham et ses descendants, et Nouvelle-Alliance celle que Dieu a contractée, par la médiation de Jésus-Christ, avec l'Église ou assemblée des Chrétiens.

ALLIER, Elaver, riv. de France prend sa source dans les Cévennes, à Chabalier (Lozère), passe à Langogne, Langeau, Brioude, Issoire, Vichy, Moulins; reçoit la Sioule, l'Alagnon et le Lachau, et tombe, après un cours de 360 kil., dans la Loire, par la rive gauche, au Bec-d'Allier, à 5 kil. O. de Nevers. Elle donne son nom à un département.

ALLIER (dép. de l'), entre ceux de la Creuse, du Cher, de la Nièvre, de Saône-et-Loire, de la Loire, du Puy-de-Dôme, formé à peu près de l'ancien Bourbonnais; ch.-l. Moulins; 356 432 hab. Beaucoup de riv. et de sources, dont quelques-unes minérales et thermales (Vichy, Néris, Bourbon-l'Archambault); Montagnes et forêts au N., à l'E. et au S.; étangs au S. et au centre. Vins, grains, fourrages. Houille, fer, granit, marbre. Usines à fer, verreries à bouteille, faïenceries, coutellerie, bonneterie, etc. – Le dép. renferme 4 arrond. (Moulins, Montluçon, Gannat, La Palisse), 16 cant. et 322 comm. Il appartient à la 19, division militaire, dépend de la cour impériale de Riom, et a un évêché à Moulins.

ALLIÉS (les). On désignait spécialement sous ce nom les princes confédérés (Russes, Autrichiens, Prussiens, Anglais, etc.) qui pénétrèrent en France en 1814 et 1815 et replacèrent les Bourbons sur le trône.

ALLOA, v. d’Écosse (Clackmannan), à 9 kil. E. de Stirling, à l'embouchure du Forth; 6000 hab. Port passable. Bière renommée; riches mines de houille; fonderies et manufactures. Château du XIIIe siècle.

ALLOBROGES, peuple de la Gaule Transalpine, habitait au temps de César dans la Province romaine, entre le Rhône et l'Isère, ayant les Segalauni et les Vocontii au S., les Alpes grecques et les Alpes Cottiennes à l'E., les Ambarri au N., les Segusiavi et les Vellavi à l'O. Ce territoire, qui fut ensuite la prov. Viennaise, correspondait d'abord aux diocèses de Vienne et de Grenoble (moins les districts de Die, de Valence et le val d'Oysan), puis au diocèse de Genève, augmenté des districts de Châtillon, de Michaille et de Belley, et comprenait, en outre, la plus grande partie de la Savoie. Villes princip.: Cularo (Grenoble), Vienna (Vienne), Geneva (Genève). – Les Allobroges furent soumis par les Romains de 125 à 121 av. J.-C. Écrasés de dettes publiques, ils députèrent à Rome en 63 av. J.-C. pour demander un allégement; leurs députés fournirent à Cicéron le moyen de prouver le complot de Catilina. Vers l'an 360 de J.-C., le pays qu'habitaient les Allobroges reçut le nom de Sopaudia (Savoie). En 1792, lorsque l'armée française eut conquis la Savoie, les Savoisiens reprirent le nom d'Allobroges, et leur pays, réuni à la France, forma les départements du Mont-Blanc et du Léman. Le contingent fourni à la France par les Savoisiens prit le nom de Légion des Allobroges.

ALLORI (Alexandre), dit le Bronzino, peintre florentin, 1535-1607, eut pour maîtres son oncle Angelo Allori, connu le premier sous le surnom de Bronzino, puis Michel-Ange. On estime de lui un Sacrifice d'Abraham, qui se trouve dans le musée de Florence, et la Femme adultère, dans l'église du St-Esprit de la même ville. Il avait étudié l'anatomie : aussi se distingua-t-il par la fidélité du dessin, plus que par la couleur. – Christophe Allori, son fils, surnommé aussi Bronzino, 1577-1621, le surpassa, surtout comme coloriste. On admire ses tableaux de Judith, de S. Julien et de S. François.

ALLOS, ch.-l. de cant. (Basses-Alpes), sur le Verdon, à 17 kil. S. de Barcelonnette; 450 hab. Lac abondant en truites renommées.

ALLSTAEDT, v. du grand-duché de Saxe-Weimar, à 45 kil. N. de Weimar; 2000 hab. Othon II y tint une diète en 974.

ALLUTIUS, prince des Celtibériens, était d'abord attaché au parti des Carthaginois; mais touché de la générosité de Scipion, qui lui rendit sans rançon une jeune captive d'une rare beauté à laquelle il était fiancé, il prit le parti des Romains (211 av. J.-C.) ainsi que les peuples qui dépendaient de lui.

ALMA, petite rive de Crimée, coule de l'E. à l'O. et se jette dans la mer Noire entre Eupatoria et Sébastopol. L'armée anglo-française commandée par le maréchal St-Arnaud et lord Raglan, franchit cette rive le 20 sept. 1854, et y battit l'armée russe, commandée par le prince Mentschikoff.

ALMA, Calamita, vge de Crimée, sur la riv. d'Alma, qui en tire son nom, à 45 kil. S. O. de Simféropol. Comptoir génois du XIIIe au XVe siècle. Le prince Napoléon s'empara de ce vge le 20 septembre 1854.

ALMADA, Alsena, v. de Portugal (Estramadure), vis-à-vis de Lisbonne, sur la r. g. du Tage; 5000 h. Tour St-Sébastien, qui défend l'entrée du Tage.

ALMA-DAGH, Amanus mons, chaîne qui se détache du Taurus, sépare le pachalik d'Alep de ceux d'Itchil et de Marach (la Syrie de la Cilicie), et ne laisse que 2 passages étroits, l'un versa Euphrate (portes Amaniques), l'autre vers la mer (portes Syriennes).

ALMADEN, c'est-à-dire la mine, Sisapo, vlle d'Espagne (Manche), prov. et à 80 kil. S. O. de Ciudad-Réal; 18 000 h. Riches mines de mercure, exploitées par l’État, et connues dès le temps des Romains.

ALMAGESTE, c'est-à-dire la grande (composition). V. PTOLÉMÉE (Claude).

ALMAGRO, v. d'Espagne, ch.-l. d'arr., à 17 kil. E. S. E. de Ciudad-Réal; 15 800 hab. Manufacture de blondes; foire aux mulets. Patrie d'Almagro.

ALMAGRO (Diégo d'), l'un des conquérants de l'Amérique, né vers 1463 dans la v. d'Almagro, dont il prit le nom, était un enfant trouvé. Il alla chercher fortune dans le Nouveau-Monde et seconda puissamment Pizarre dans la conquête du Pérou (1520) : on l'accuse du meurtre de l'inca Atahualpa. Il pénétra le premier dans le Chili, et fut nommé par Charles-Quint gouverneur de ce pays, quoiqu'il ne l'eût point encore conquis (1534). La discorde s'étant mise entre Pizarre et Almagro, ils en vinrent aux mains sous les murs de Cuzco. Almagro fut vaincu et condamné : étranglé dans sa prison, il n'en fut pas moins décapité. C'était un homme brave, mais fourbe et cruel. — Son fils, nommé aussi Diégo d'Almagro, fut proclamé par ses partisans gouv. du Chili, et vengea sa mort par le meurtre de Pizarre (1541); mais, ayant été défait par Vaca de Castro, il fut mis à mort au même lieu que son père.

ALMAGUER, v. de l'Équateur, à 60 kil. de Popayan, à 2450m au-dessus de la mer. Mines d'or.

AL-MAHDI. V. MAHDI et MOHAMMED-AL-MAHDI.

ALMAHDYA ou AFRICAH, v. et port de la Régence de Tunis, à 125 k. S. S. E. de Tunis, fut fondée sur les ruines d’Aphrodisium en 915 par Obéid-Allah-el-Mahdy, et fut la capit. des premiers Fatimites. Prise en 1550 par Charles-Quint.

AL-MAMOUN (Aboul-Abbas-Abdallah), 7e calife abbasside, fils d'Haroun-al-Raschid, succéda, en 813, à son frère Amyn sur le trône de Bagdad. Formé par le sage Giafar-ben-Yahia, il s'illustra par sa clémence et son goût pour les lettres et les sciences, établit des académies, fit traduire en arabe un grand nombre d'ouvrages grecs, fit reviser les Tables de Ptolémée et mesurer de nouveau l'obliquité de l'écliptique. Heureux à la guerre, il défit plusieurs fois les Grecs et leur enleva une grande partie de l'île de Candie. Il mourut en 833.

ALMANZA, v. d'Espagne, prov. et à 93 kil. au N. de Murcie; 5000 hab. Berwick y remporta en 1707 sur les troupes de l'archiduc Charles une grande victoire, qui rendit le trône à Philippe V.

AL-MANZOR, en arabe Al-Mansour, c'est-à-dire l’invincible. Ce nom a été porté par plusieurs personnages musulmans dont les plus célèbres sont :

ABOU-GIAFAR-ABDALLAH-AL-MANSOUR, 2e calife abbasside. Il succéda à son frère Aboul-Abbas en 754, se défit de son oncle Abdallah qui lui disputait le trône, et du général Abou-Moslem qui lui faisait ombrage, entreprit plusieurs expéditions contre les Grecs, eut à se défendre contre la faction des Ommiades et contre celle des Alides, fonda Bagdad (762), qui devint le siège de l'empire musulman, fit quelques conquêtes au N. de la Perse et dans l'Asie-Mineure; mais perdit l'Espagne, qui fut enlevée pour jamais aux Abbassides par les Ommiades. Il persécuta les Chrétiens de Syrie et de Mésopotamie. Il mourut près de la Mecque en 775. Il est le premier calife qui ait protégé les sciences et les lettres; il prépara ainsi les règnes glorieux d'Haroun-al-Raschid et d'Al-Mamoun.

MOHAMMED-AL-MANSOUR, un des plus fameux capitaines des Maures établis en Espagne, né près d'Algésiras en Andalousie en 939, parvint par son courage aux premiers grades de l'armée, fut pendant 21 ans, 976-997, le premier ministre d'Hescham II, calife de Cordoue, gouverna avec autant de fermeté que de sagesse, et porta la terreur des armes musulmanes dans les parties de l'Espagne occupées par des princes chrétiens : il prit et rasa Léon, occupa Barcelone, chassa les Chrétiens du Portugal, pénétra en Galice, et emporta St-Jacques de Compostelle; mais il fut vaincu à Calatanazor par les forces réunies des rois de Navarre et de Léon et du comte de Castille, 997. Dans sa douleur, il se laissa, dit-on, mourir de faim, à Médina-Céli.

YACOUB-AL-MODJAHED-AL-MANSOUR, de la dynastie des Almohades, régna sur l'Afrique septentrionale et l'Espagne mahométane de 1184 à 1199, repoussa les Almoravides, et se rendit redoutable aux princes chrétiens d’Espagne : il remporta en 1195, sur le roi de Castille Alphonse IX, à Alarcos, une victoire dans laquelle périrent plus de 30 000 Chrétiens.

ALMAZAN, v. d’Espagne à 27 kil. S. O. de Soria, sur le Duero ; 2000 hab. Pont magnifique. Traité de paix entre Pierre IV, roi d’Aragon, et Henri de Transtamare, roi de Castille, 1375.

ALMÉES, c’est-à-dire savantes, femmes indiennes qui font profession d’improviser des vers, de chanter et de danser dans les fêtes, en s’accompagnant de la flûte, des castagnettes ou des cymbales. Elles sont choisies parmi les filles les plus belles, et reçoivent une éducation soignée. Elles sont souvent appelées chez les grands pour égayer les festins.

ALMEIDA, v. de Portugal (Beïra), à 15 kil. S. E. de Pinhel, près du Coa ; 6000 hab. Place forte, prise par les Espagnols, 1762 ; par les Français, 1810. Source sulfureuse aux environs.

ALMEIDA (don François d’), amiral portugais, fut nommé en 1505 vice-roi des Indes orientales par le roi Emmanuel, fit de grandes conquêtes et battit près de Diu la flotte de Kansou, soudan d’Égypte, qui voulait disputer aux Portugais le commerce de l’Inde (1508). Malgré ses services, il fut rappelé et remplacé par Albuquerque, avec lequel il eut de vifs démêlés. Il périt en revenant en Europe, dans un combat contre les Cafres du Cap, avec lesquels ses gens s’étaient pris de querelle (1510). — Son fils, don Laurent d’Almeida, eut une grande part à ses succès ; il reconnut et soumit les îles Maldives et Ceylan. Il périt en 1509, peu avant son père, dans un combat naval contre les Égyptiens, après avoir fait des prodiges de valeur.

ALMELOVEEN (Théod. Janssen Van), savant hollandais, né en 1657 prés d’Utrecht, mort en 1712, professa successivement l’histoire, le grec et la médecine à Hardewick. Il a donné des éditions estimées d’Hipppocrate, de Celse, d’Apicius (Cœlius) de Strabon, de Juvénal, des Fastes consulaires, à Quintilien, de Rutilius, une Vie des Étienne, et plusieurs autres ouvrages remplis d’érudition, entre autres Inventa nova antiqua, Amstel., 1684.

ALMENARA, bourg d’Espagne, en Catalogne, à 14 kil. N. O. de Lérida, où les troupes de Philippe V furent vaincues par l’archiduc Charles en 1710.

ALMERIA, Portus magnus ou Murgis, v. et port d’Espagne (Grenade), ch.-l. de prov., à 100 kil. S. E. de Grenade et à 380 de Madrid, sur la Méditerranée, au fond d’une vaste baie ; 19 000 hab. Bon port, château fort. Évêché. Soude, salpêtre, plomb, sparterie. – Capit. d’un petit roy. maure formé après la chute du califat de Cordoue (XIe siècle), elle fut enlevée aux Almoravides par les Almohades en 1137 et reprise sur les Maures par les Chrétiens dès 1143. — Almeria a donné son nom à une prov. formée de la partie orientale du roy. de Grenade, qui compte 240 000 hab.

ALMOGAVARES, nom donné en Espagne pendant le moyen âge à une milice d’aventuriers ou de guerillas qui vivaient de la guerre contre les Maures, alors maîtres du pays. Ils avaient pour armes une longue lance et une épée : avec la lance, ils attendaient le choc de la cavalerie arabe et abattaient les chevaux ; avec l’épée, ils tuaient le cavalier.

ALMOGAVER, poète espagnol. V. BOSCAN.

ALMOHADES, c’est-à-dire en arabe unitaires, secte et dynastie de princes maures, ainsi appelés parce qu’ils prétendaient être les seuls qui reconnussent l’unité de Dieu. Ils régnèrent sur l’Afrique occidentale et l’Espagne aux XIIe et XIIIe siècles. Ils eurent pour chef Abou-Abdallah-Mohammed-al-Mahdi, qui en 1120 souleva les Kabyles contre les Almoravides, et s’empara d’Aghmat, leur capitale (à 50 kil. S. E. de Maroc). Abd-el-Moumen, disciple et successeur de Mohammed, enleva aux Almoravides les roy. de Fez, de Maroc, toute la régence d’Alger et les côtes méridionales de l’Espagne(1130-1163). Sous ses successeurs Yousouf et Yacoub (1163-1194), le pouvoir des Almoravides fut entièrement détruit en Afrique et en Espagne. La puissance des Almohades ne tarda point non plus à s’affaiblir. Ils furent chassés de l’Espagne par les victoires de Ferdinand III et d’Alphonse X (1228-1269) ; en Afrique, les tribus des Hafsytes, des Zéïrites, et des Mérinites leur enlevèrent la plus grande partie de leur territoire ; enfin en 1270 tout l’empire des Almohades devint la proie des Mérinites. Les Almohades avaient régné 150 ans (1120-1270) et avaient eu 14 rois.

ALMON (Jean), libraire et écrivain politique anglais du parti whig, né en 1738 à Liverpool, mort en 1805, publia quelques pamphlets qui le rendirent populaire : Examen du règne de Georges II ; Examen de l’Administration de Pitt ; un Journal du Parlement ; Anecdotes des hommes célèbres de son siècle ; Sur les jurés et les libelles ; fonda le Parliamentary Register, et donna une édit. complète des Lettres de Junius, pour laquelle il fut emprisonné ; on lui attribue avec quelque vraisemblance ce célèbre ouvrage. Il fut lié avec J. Wilkes et publia ses écrits.

ALMONACID, bourg d’Espagne, à 15 kil. S. E. de Tolède. Sébastiani y défit les Espagnols le 11 août 1809.

ALMONDBURY, v. d’Angleterre (York), à 6 k. S. E. de Huddersfield ; 5 800 h. Anc. résidence de rois saxons.

ALMORAVIDES, des mots arabes al morabeth (et par corruption marabout), qui veulent dire religieux, ermite ; nom donné à une tribu de l’Atlas originaire de l’Yémen, qui vers 1050, sous la conduite d’un certain Abdallah-ben-Yasym, soumit les roy, de Fez et de Maroc et établit à Aghmat le siège de son empire. Yousef-ben-Tachfyn, 2e successeur d’Ahdallah, poursuivit ses conquêtes ; appelé en Espagne par les Arabes, il s’empara de la partie méridionale de la Péninsule (1086-1108), et prit le nom d’Emir-al-Moslémyn, chef des fidèles, auquel il ajouta celui de Nâsser-el-Dyn, défenseur de la foi. L’empire des Almoravides fut renversé par les Almohades qui les chassèrent d’abord d’Aghmat et de Maroc (1120-29), puis de l’Espagne, (1147-70). Ils se réfugièrent dans l’île de Majorque, où les accueillit le prince musulman qui régnait à Cordoue. On attribue aux Almoravides l’origine de la monnaie espagnole appelée de leur nom maravédi.

ALNETENSIS TRACTUS, en Gaule, auj. l’Aunis.

ALNETUM, nom latin d’Aulnay (Calvados), et de Lannoy (Nord).

ALNEY, île d’Angleterre, dans la Saverne, à l’O. de Glocester. Edmond-Côte-de-Fer et Canut II s’y battirent en duel pour le trône d’Angleterre en 1015.

ALOÉUS, géant fabuleux, fils de Titan et de la Terre. Sa femme Iphimédie eut de Neptune Otus et Éphialte, qu’on appelait les Aloïdes, parce qu’Aloéus les éleva comme ses fils ; ils périrent dans la guerre des géants contre les dieux.

ALOISIA SIGÆA. V. SIGÉE.

ALOMPRA, Birman, né dans le roy. d’Ava, d’une famille obscure, mais doué d’un esprit pénétrant et audacieux, affranchit son pays du joug des Péguans, traita avec les Anglais, dont il obtint des secours, remporta une victoire décisive en 1755, se fit proclamer roi et devint le fondateur d’une dynastie nouvelle qui règne encore. Il fit de vastes conquêtes et bâtit la ville de Rangoun.

ALOST, Aalst en flamand, v. de Belgique (Flandre orientale), sur la Dendre, à 25 kil. S. E. de Gand et 26 de Bruxelles ; 15 000 hab. Petit port place forte. Hôtel de ville, collége, église remarquable. Imprimeries sur toile et coton, etc. Grand commerce de houblon, huile de colza. — Anc. ch.-l. de la Flandre autrichienne. Prise par Turenne en 1667, elle nous fut enlevée après la bataille de Ramillies (1706).

ALP-ARSLAN (c’est-à-dire le brave lion), sultan de la dynastie des Turcs Seldjoucides, succéda en 1064 à son oncle Togroul-beg, régna sur toute la Perse, conquit l’Arménie et la Géorgie, battit et fit prisonnier, en Arménie, l’empereur grec Romain Diogène qui tentait de s'opposer à ses progrès (1071), soumit le Kharizm et passa l'Oxus à la tête de 200 000 combattants ; mais il périt peu après, assassiné par le gouverneur d'une forteresse qu'il venait de prendre d'assaut, 1072. Il est le premier de sa race qui ait embrassé l'Islamisme. Il eut pour successeur son fils Malek-chah, qui étendit encore ses conquêtes. — Un autre Alp-Arslan fut sultan d'Alep de 1114 à 1115. — ALP-TEKIN. V. TEKIN.

ALPES (du celtique Alp, montagne), grand système de mont. de l'Europe, situé entre la France, l'Italie et l'Allemagne, prend successivement les noms suivants : 1° Alpes Maritimes, qui s'étendent du S. au N., depuis les côtes du golfe de Gênes jusqu'au Mont-Viso ; l° Alpes Cottiennes, depuis le Mont-Viso jusqu'au Mont-Cenis ; 3° Alpes grecques, depuis le Mont-Cenis jusqu'au Mont-Blanc et au col du Bonhomme (elles renferment le Petit St-Bernard) ; 4° Alpes Pennines, qui vont de l'O. à l'E. depuis le col du Bonhomme jusqu'au Mont-Rosa (c'est là que se trouve le Grand St-Bernard) ; 5° Alpes Lépontiennes ou Helvétiques, entre les monts Rosa et Bernardin (là se trouve le St-Gothard) ; 6° Alpes Rhétiques, du Mont-Bernardin au Drey-Herren-Spitz ; 7° Alpes Noriques, qui traversent le Saltzbourg la Styrie, la Haute et Basse-Autriche. A droite et à gauche de cette ligne principale s'étendent plusieurs chaînes secondaires, dont les plus importantes sont : 1° les Alpes Bernoises, qui se détachent du St-Gothard et forment, avec le Jorat, une longue arête, séparant les affluents de l'Aar de ceux du Rhône ; 2° les Alpes du Vorarlberg, qui ont leur nœud aux env. du Monte dell' Oro et qui isolent les affluents du Rhin de ceux du Danube (on les nomme souvent Alpes de Souabe) ; 3° les Alpes Carniques, qui se détachent au S. du Drey-Herren-Spitz, séparant les bassins de l'Adige et de la Drave ; 4° les Alpes Juliennes, qui se lient aux Alpes Carniques et forment une vallée dans laquelle coule la Save ; 5° les Alpes Dinariques, qui unissent les Alpes proprement dites avec le Balkan ; 6° l’Apennin, qui se détache des Alpes Maritimes et sépare en deux la presqu'île italique. Les plus hauts sommets des Alpes se trouvent dans les Alpes Pennines. ce sont le Mont-Blanc, 4810m ; le Mont-Rosa, 4636 ; le Mont-Cervin, 4500 ; le Mont-Combin, 4308 ; le Mont-Géant, 4210. Viennent ensuite : le Mont-Olan, 4200 ; le Mont-Pelvoux de Valouise, 4093 ; le Mont-Iseran, 4053 ; l'Orteler Spitz, 3908 ; le Gross Glockner, 3890 ; le Grand St-Bernard, 3470 ; le St-Gothard, 3300 ; le Mont-Cenis, 3493 ; le Mont-Viso, 3840. Ces hauteurs, qui dépassent toutes celles de l'Europe, restent encore loin de celles de l'Asie et de l'Amérique (V. HIMALAYA, ANDES). Les Alpes sont couvertes de neiges éternelles ; elles offrent d'immenses glaciers, surtout en Suisse et sur la lisière N. de l'Italie : la fameuse Mer de glace est au pied du Mont-Blanc. Un grand nombre de fleuves et de riv. descendent des flancs des Alpes ; les princip. sont : le Rhin, le Rhône, le Pô, l'Adige, le Danube. Les Alpes forment comme un mur infranchissable ; on y rencontre très-peu de passages : les passes les plus célèbres sont celles du Mont-Genèvre, entre la France et le Piémont ; des Échelles entre la France et la Savoie ; du Mont-Cenis et du Petit St-Bernard, entre la Savoie et le Piémont ; du St-Gothard, entre la Suisse et l'Italie ; du Sœmmering, entre l'Autriche et la Styrie. Annibal en 217 av. J.-C., et Bonaparte, en 1800, ont franchi les Alpes avec de grandes armées ; ce qui était généralement regardé comme impossible. Napoléon I y fit ouvrir les magnifiques routes du Simplon (1801-6) et du Mont-Cenis (1805). Plus récemment, l'archiduc Régnier y ajouta la route par le Splugel (1820). Aujourd'hui, on les traverse en chemin de fer.

Les anciens donnaient aux différentes parties de l'immense chaîne des Alpes les noms de : Alpes Maritimæ, depuis le Ligusticus sinus jusqu'au Mons Vesulus (Viso) et aux sources du Padus (Pô) ; — Alpes Cottianæ, depuis le Vesulus mons jusqu'à l’Alpis Cottia (Mont-Cenis) : elles reçurent ce nom sous Auguste, en souvenir de la route que le roi Cottius avait ouverte aux Romains dans la vallée de Suse; on les nommait auparavant Alpes Juliæ; — Alpes Graiæ, appelées aussi Cremonis juga (Mont-Craimon, au N. E. de la vallée de la Thuille), depuis le Mont-Cenis jusqu'aux sources de la Duria major (Doire) ; — Alpes Penninæ, depuis la Duria jusqu'au Mons-Adulas (St-Gothard) : elles étaient ainsi nommées d'un mot du pays qui signifiait haute montagne; on y distinguait le Penninus-Mons (Grand St-Bernard); — Alpes Helveticæ ou Lepontiæ, au midi de la Suisse; — Alpes Rheticæ ou Tridentinæ, qui traversaient les deux Rhéties, — et enfin Alpes Carnicæ ou Noricæ, qui séparaient le Noricum du pays des Carni.

ALPES GRECQUES, Alpes Graiæ, une des 17 prov. de la Gaule au ive siècle, entre les prov. nommées Alpes Maritimæ, Viennensis, Maxima Sequanorum et l'Italie, avait pour capit. Civ. Helvetiorum ou Aventicum (Avenches), et pour v. principales Darantasia ou Civitas Centronum (Moustiers en Tarentaise), Octodurus ou Civitas Vallensium (Martinach). Ce territoire représente à peu près le bassin du Haut-Rhône jusqu'au lac Léman, la vallée de Suse, le Briançonnais et le val de Prégalas.

ALPES MARITIMES, Alpes Maritimæ, une des 17 prov. de la Gaule au IVe siècle, au S. des Alpes Graiæ, entre le Ligusticus sinus, l'Italie et la Narbonensis 2e, avait pour capit. Civitas Ebrodunensium (Embrun). Elle répond à parties du Dauphiné et de la Provence.

ALPES-MARITIMES (dép. des), entre ceux des B.-Alpes et du Var à l'O., le Piémont au N., la prov. de Gênes à l'E. et la Méditerranée au S.; 194 578 h. ch.-l., Nice. Formé du comté de Nice et de partie de l'anc. dép. du Var. Il a 3 arr. (Nice, Grasse, Puget-Théniers), dépend de la cour imp. d'Aix et a un évêché à Nice. – Ce dép., qui avait déjà existé sous le 1er, empire, est revenu à la France en 1860.

ALPES (dép. des BASSES-), dép. frontière, entre ceux des H.-Alpes, du Var, de Vaucluse et les États sardes; ch.-l. Digne. Il est formé d'une partie de l'anc. Provence. Surface, 7450 kil. carrés; popul., 146 368 hab. Mont., mines : fer mêlé d'or, argent, plomb, houille, jayet, albâtre, ardoise, marbres. Oranges, châtaignes, truffes, plantes aromatiques; vers à soie; délicieuses prairies naturelles. Industrie presque nulle. – Ce dép. a 5 arr. (Digne; Castellane, Barcelonette, Forcalquier, Sisteron), 30 cant. et 257 communes. Il fait partie de la 9e div. milit. et dépend de la cour impér. d'Aix. Il a un évêché à Digne.

ALPES (dép. des HAUTES-), dép. frontière, entre ceux des B.-Alpes, de l'Isère, de la Drôme et les États sardes; ch.-l. Gap. Il est formé d'une partie du Haut-Dauphiné. Surface, 5453 kil. carrés; popul., 125 100 h. Mont. très hautes : dans quelques vallées, la neige séjourne 7 mois; vastes forêts, remplies de bêtes fauves; riches pâturages. Marbres, albâtre, porphyre, syénite, etc. Céréales, châtaignes, vin, chanvre, etc. Mulets, belles bêtes à laine. Commerce peu actif, grains, fruits, gros draps, craie, mine de plomb noir, térébenthine, albâtre, etc. – Ce dép. a 3 arr. (Gap, Embrun, Briançon), 24 cant. et 189 communes. Il fait partie de la 8e div. milit. et dépend de la cour impériale de Grenoble. Il a un évêché à Gap.

ALPES SCANDINAVES. V. DOFRINES.

ALPHÉE, riv. de l'ancienne Élide, prenait sa source en Arcadie, aux env. de Mégalopolis, passait prés d'Hérée, arrosait la plaine d'Olympie et de Pise, et tombait dans la mer Ionienne. On croyait que ce fleuve, qui disparaît plusieurs fois sous terre, allait s'unir aux eaux de l'Aréthuse, fontaine de Syracuse en Sicile. – Selon la Fable, Alphée était un jeune chasseur épris de la nymphe Aréthuse. Celle-ci s'étant métamorphosée en fontaine pour échapper à ses poursuites, il fut lui-même changé en fleuve afin de pouvoir unir ses eaux aux siennes.

ALPHÉE (S.), lecteur et exorciste dans l'église de Césarée en Palestine, subit le martyre dans la première année de la persécution de Dioclétien. On l'honore le 18 novembre.

ALPHONSE, nom de princes de divers pays.

I. Rois des Asturies, de Léon et de Castille.

ALPHONSE I, le Catholique, né en 693, devint roi des Asturies en 739, deux ans après la mort de Pélage, dont il avait épousé la fille, et succéda à Favilla. Il vainquit en plusieurs occasions les Maures et leur enleva plus de 30 villes. Il mourut en 757.

ALPHONSE II, le Chaste, roi des Asturies en 783, fut renversé la même année par un compétiteur et ne remonta sur le trône qu'en 791. Il remporta plusieurs victoires sur les Musulmans, établit sa cour à Oviédo, s'empara de Lisbonne, et mourut en 842. Dès 835, il avait abdiqué en faveur de Ramire, fils ainé de Bermude.

ALPHONSE III, le Grand, roi des Asturies, succéda à Ordogno, son père, en 866, remporta un grand nombre de victoires sur les Maures, ajouta à ses États le roy. de Léon et quelques autres provinces, et eut à combattre plusieurs révoltes. Vaincu par son propre fils Garcie, il se vit obligé d'abdiquer en faveur de ce prince, en 910. Il mourut deux ans après. C'est sous lui que fut consacrée la célèbre église de St-Jacques de Compostelle. On lui attribue une Chronique des rois d'Espagne, depuis Wamba jusqu'à Ordogno.

ALPHONSE IV, le Moine, roi de Léon et des Asturies, petit-fils du précédent, ne régna que trois ans (924-927), et se vit forcé d'abdiquer en faveur de son frère Ramire, qui, après l'avoir privé de la vue, le renferma dans un monastère prés de Léon, où il mourut en 933.

ALPHONSE V, roi de Léon et de Castille (999-1027), profita des dissensions qui régnaient parmi les Maures pour les attaquer. Mais il fut tué au siège de Viseu, en 1027, d'une flèche tirée des remparts.

ALPHONSE VI, roi de Galice, de Léon et de Castille (1065-1109), fils de Ferdinand I. Celui-ci ayant, à sa mort, partagé ses États entre ses trois fils, Alphonse eut en partage le royaume de Léon. Il en fut dépouillé en 1068 par son frère Sanche, roi de Castille; mais, à la mort de celui-ci, qui périt assassiné en 1072, il rentra dans ses États, et fut même proclamé roi de Castille, après avoir juré qu'il était innocent de ce meurtre. Il remporta de grands avantages sur les Maures d'Espagne, et leur prit Tolède, dont il fit sa capitale (1085); mais, s'étant ensuite allié avec eux contre les Almoravides, il s'attira de grands malheurs, perdit la bataille de Zélaka (1086), puis celle d'Uclès (1108), où périt son fils unique, le jeune Sanche, et mourut peu après de chagrin. C'est sous son règne que vécurent le Cid et Henri de Bourgogne, à qui il donna le Portugal. Sa fille Urraque lui succéda.

ALPHONSE VII devint roi de Castille par son mariage avec Urraque (1109). Il régnait déjà en Aragon sous le titre d'Alphonse I. V. ci-après ALPHONSE I, roi d'Aragon.

ALPHONSE VIII, roi de Castille, de Léon et de Galice (1126-1157), était fils d'Urraque et de Raymond de Bourgogne. Il partagea quelque temps la couronne avec sa mère. Lorsqu'il régna seul, il répara les maux qu'avait causés la mauvaise administration d'Urraque, Il reprit sur le roi d'Aragon, Alphonse I, son beau-père, plusieurs places dont ce prince s'était emparé, vainquit les Maures, leur enleva Calatrava et Almeria, et prit le titre fastueux d'empereur des Espagnes. Son dernier exploit fut une victoire remportée à Jaén, en 1157, sur les Maures venus d'Afrique. Ce prince avait marié sa fille Constance au roi de France Louis VII.

ALPHONSE IX, le Noble, roi de Castille de 1158 à 1214, n'avait que trois ans à la mort de son père Sanche III, fils d'Alphonse VIII. Sa minorité fut troublée par la rivalité des deux maisons de Castro et de Lara, qui se disputèrent la régence; mais il reconquit, à sa majorité, tout ce que ses voisins avaient usurpé pendant ces troubles, et ajouta même à ses États les prov. d'Alava, de Biscaye et Guipuzcoa. Défait par les Maures en 1195, près d'Alarcos, il remporta sur eux, avec le concours des rois de Navarre et d'Aragon, la célèbre bataille de las Navas de Tolosa, dans la Sierra-Morena, en 1212. — Un autre Alphonse IX, cousin du précédent, fut roi de Léon seulement, de 1187 à 1230, et se signala aussi contre les Maures.

ALPHONSE X, l'Astronome et le Sage (c'est-à-dire savant), roi de Léon et de Castille, succéda à Ferdinand III, son père, en 1252. Cinq ans après, une faction de princes allemands l'appela à l'empire et l'opposa à Rodolphe de Habsbourg. Tandis qu'il disputait la couronne impériale, les Maures envahissaient ses États, et son fils don Sanche se révoltait contre lui et le renversait du trône (1282). Après avoir appelé les Maures d'Afrique à son secours, Alphonse fit de vains efforts pour reprendre son sceptre, et mourut de chagrin à Séville, en 1284. C'était le prince le plus instruit de son siècle; mais il ne connut pas l'art de régner. Il introduisit en Europe les sciences des Arabes, releva l'université de Salamanque, donna à ses sujets le recueil de lois connu sous le nom de las siete (7) Partidas (1260), et fit dresser des tables astronomiques appelées de son nom Alphonsines. Ce prince disait, assure-t-on, que, si Dieu l'avait appelé à son conseil au moment de la création, le monde eût été bien mieux ordonné : il ne voulait sans doute par là que critiquer les systèmes d'astronomie adoptés de son temps. On a de lui des poésies, et on lui attribue une Chronique d'Espagne (publiée par Ocampo, Zamora, 1542).

ALPHONSE XI, le Vengeur, fils de Ferdinand IV, roi de Léon et de Castille, succéda à son père en 1312. Ligué avec le roi de Portugal Alphonse IV, il défit les Maures en 1340, à la célèbre bataille de Tarifa, en Andalousie. Il mourut de la peste, en 1350 au siège de Gibraltar, ville qui lui avait été enlevée par les Maures en 1333.

II. Rois d'Aragon.

ALPHONSE I, le Batailleur, roi d'Aragon et de Navarre (1104-1134), épousa Urraque, fille et héritière d'Alphonse VI, roi de Castille, voulut, à la mort de ce prince (1109), joindre la Castille à ses États, et fut même reconnu roi de ce pays par un parti puissant au détriment d'Urraque qu'il avait épousée; mais cette princesse s'y opposa, le força, après sept ans de combats, à renoncer à ses prétentions, et divorça. Alphonse fit la guerre aux Maures d'Espagne et d'Afrique, remporta plusieurs victoires signalées, et s'empara, en 1118, de Saragosse, où il établit sa résidence. Mais il fut vaincu devant Fraga en Catalogne, et mourut du chagrin que lui causa cette défaite, en 1134. Il avait assisté à 29 batailles. Ce prince est connu en Castille sous le nom d'Alphonse VII.

ALPHONSE II, roi d'Aragon (1162-1196), porta la guerre en France, eut de longs démêlés avec les comtes de Toulouse, et réunit à ses États le Roussillon, le Béarn et la Provence, qui lui étaient échus par héritage. Ce prince cultiva les lettres ou ce qu'on appelait alors la gaie science; on le compte parmi les troubadours.

ALPHONSE III, roi d'Aragon (1285-1291), fils aîné de Pierre II, eut à combattre une ligue formée par les rois de France, de Naples et de Castille, et fut contraint de signer un traité désavantageux. En 1288, il enleva Minorque aux Musulmans. Son règne est remarquable par les barrières que les Aragonais élevèrent, en 1287, contre les empiétements du pouvoir royal.

ALPHONSE IV, roi d'Aragon (1327-1336), surnommé le Débonnaire à cause de sa faiblesse, vit son propre fils, Pierre IV, se révolter contre lui. Néanmoins, il enleva aux Génois la Sardaigne, que le pape lui avait adjugée.

ALPHONSE V, le Magnanime, roi d'Aragon et de Sicile, succéda en 1416 à son père, Ferdinand le Juste. Déjà roi de la Sicile, que son père lui avait transmise, il fut en outre désigné par Jeanne II, reine de Naples, pour son héritier; mais, forcé de faire la conquête de cet héritage, il se trouva par là engagé dans des guerres perpétuelles. Après avoir plusieurs fois perdu et repris Naples, il réussit à s'y établir, et y tint une cour brillante jusqu'à sa mort, arrivée en 1458. Doué de toutes les qualités qui constituent un grand roi, Alphonse fit la guerre sans cruauté, aima les lettres, et accueillit dans ses États les savants bannis de Constantinople. On lui reproche cependant d'avoir aimé le plaisir avec excès.

III. Rois de Naples.

ALPHONSE I, roi de Naples, le même qu'Alph. V, roi d'Aragon. V. l'article précédent.

ALPHONSE II, roi de Naples, fils de Ferdinand I, et petit-fils d'Alphonse V, monta sur le trône en 1494; mais, cette même année, le roi de France Charles VIII, appelé par le vœu de la plupart des Napolitains, envahit le royaume de Naples. Alphonse, abandonné de ses alliés, et mal secondé par ses sujets, dont il s'était aliéné le cœur par ses vices, abdiqua la couronne en faveur de son fils Ferdinand II, quitta Naples avant les Français, et se retira en Sicile, où il mourut la même année.

IV. Rois de Portugal.

ALPHONSE I HENRIQUEZ, le Conquérant, 1er roi de Portugal, fils de Henri de Bourgogne, comte de Portugal, né en 1109, n'avait que trois ans à la mort de son père, et ne porta d'abord lui même que le titre de comte. Il étendit les États paternels, et fut proclamé roi par son armée après la bataille d'Ourique où il défit cinq rois maures, en 1139. Il enleva aux Maures Lisbonne en 1147 et Evora en 1166; il voulut aussi s'agrandir du côté du roy. de Léon et de l'Estramadure; mais, après avoir pris Elvas et mis le siége devant Badajoz, il fut cerné, fait prisonnier et conduit à Ferdinand, roi de Léon, qui ne lui rendit la liberté que moyennant le sacrifice de tout ce qu'il avait conquis. Il mourut en 1185. On le regarde comme le fondateur et le législateur de la monarchie portugaise. V. CORTES et LAMEGO.

ALPHONSE II, le Gros, roi de 1211 à 1223, vainquit les Maures d'Espagne en plusieurs rencontres, notamment à las Navas de Tolosa 1212 et à Alcaçar-do-Sal, où il eut des Croisés pour auxiliaires (1217). Il fit rédiger un code de lois, et ordonna que les sentences de mort ne fussent exécutées que 20 jours après le jugement.

ALPHONSE III, roi de 1248 à 1279, 2e fils d'Alphonse II, succéda à son frère Sanche II en 1248. Il enleva le roy. des Algarves aux Maures (1249-1253), et protégea l'industrie et le commerce. La fin de son règne fut troublée par des différends avec la cour de Rome, qui lui attirèrent l'excommunication.

ALPHONSE IV, le Brave, roi de 1325 à 1357, fils de Denis, petit-fils du précédent. Il fit longtemps la guerre à son gendre Alphonse XI, roi de Castille, et ne se réconcilia avec lui que pour marcher contre les Maures d'Afrique. Il eut une grande part à la défaite qu'ils subirent à Tarifa en 1340. Alphonse avait, par ses révoltes, abrégé la vie du roi Denis, son père; il persécuta l'infant Alphonse Sanche, son frère; enfin il fit le malheur de son fils don Pèdre, en mettant à mort la célèbre Inès de Castro, que ce prince avait épousée en secret : il fut ainsi la fois fils ingrat, frère injuste et père cruel.

ALPHONSE V, l'Africain, roi de 1438 à 1481, monta sur le trône à l'âge de 6 ans. Parvenu à sa majorité, il tua dans une rencontre don Pèdre, son oncle et son tuteur. Il porta la guerre en Afrique et enleva aux Maures Arsille et Tanger (1471). Il eut de grands démêlés avec Ferdinand et Isabelle de Castille. Ce fut sous son règne que les Portugais découvrirent la côte de Guinée et y firent leurs premiers établissements. Il mourut de la peste.

ALPHONSE VI, fils et successeur de Jean IV, de la maison de Bragance, monta sur le trône en 1656, à 13 ans, sous la tutelle de sa mère. Ses débauches et le dérangement de son esprit le firent déposer en 1667, et son frère, don Pèdre, fut déclaré régent. Enfermé le reste de ses jours, Alphonse mourut en 1683.

ALPHONSE D'ESTE. V. ESTE.

ALPHONSE (S.). V. ILDEPHONSE et LIGUORI.

ALPHONSINES (tables), tables astronomiques composées par ordre d'Alphonse X, roi de Castille, furent rédigées par de savants astronomes chrétiens, juifs et arabes, qu'il avait réunis à Tolède, et furent corrigées par le roi lui-même. Elles parurent en 1252, et furent imprimées à Venise en 1483.

ALPIN (Prosper), médecin et botaniste, né en 1553, à Marostica, dans l'État de Venise, mort en 1617, était fils d'un médecin. Passionné pour la botanique, il passa plusieurs années en Égypte, où il recueillit une foule d'observations précieuses; à son retour, il fut nommé médecin de la flotte d'André Doria (1584), puis professeur de botanique à l'Université de Padoue, et mourut dans cette ville. On a de lui plusieurs traités estimés : sur les Plantes et l’Histoire naturelle de l'Égypte, sur les Plantes exotiques, sur la Médecine méthodique (il professait la doctrine de Thémison), et sur les Pronostics (De præsagienda vita et morte ægrotantium); ce dernier, publié d'abord en 1601, a été réimprimé par Boerhaave (Leyde, 1710) et par J. B. Friedrich (Leips. 1828). Prosper Alpin est, dit-on, le premier qui ait décrit la plante du café.

ALPUXARRAS, chaîne de montagnes d'Espagne, au S., dans le roy. de Grenade, est un rameau de la Sierra Nevada, qui s'étend entre cette chaîne et la Méditerranée. Hauteur : 1630m. Les Maures bannis d'Espagne y trouvèrent quelque temps un refuge. S'étant insurgés sous Philippe II, ces réfugiés furent réduits à grand'peine.

ALSACE, en allemand Ellsatz, ainsi nommée de l'Ill ou Ell qui la baigne; anc. prov. de France, à l'angle N. E., entre la Lorraine, la Franche-Comté et les frontières de Suisse et d'Allemagne, était bornée à l'O par les Vosges et à l'E par le Rhin et avait pour ch.-l. Strasbourg. L'Alsace fut, à la dissolution de l'empire romain comprise dans l'Alémannie, puis appartint aux rois francs jusqu'au Xe siècle; l'emp. Othon I s'en empara en 955. Elle fut réunie à la France sous Louis XIV, en 1648. Strasbourg et d'autres villes ne furent réunies que plus tard et après la paix de Nimègue. Elle forme les dép. du Haut-Rhin et du Bas-Rhin. — Voyez Alsace-Lorraine.

ALSACE-LORRAINE, nom sous lequel, après la guerre de 1870-1871, ont été comprises dans l'Empire allemand les parties de l'Alsace et de la Lorraine cédées par le traité de Francfort (10 mai 1871) : les dép. du Ht-Rhin (sauf Belfort), du Bas-Rhin, et une partie des dép. de la Moselle et de la Meurthe.

AL-SAMAH ou SAMAH, gén. arabe. V. SAMAH.

ALSEN, île de l'archipel danois, dans le petit Belt, séparée du Sleswig par un canal étroit, a 33 kil. de long et 9 de large; environ 18 100 hab. Elle forme deux bailliages qui ont pour ch.-l. Nordborg et Sœnderborg.

ALSO-KUBIN, bourg de Hongrie (cercle en deçà du Danube), ch.-l. du comitat d'Arva, sur l'Arva; 1200 hab.

ALSTEDIUS (J.-H.), savant allemand, né en 1588 à Herborn, dans le comté de Nassau, mort en 1638, professa la philosophie et la théologie à Herborn, puis à Weissembourg, en Transylvanie. Parmi ses ouvrages on distingue Methodus scientiarum, Strasbourg, 1610, une Encyclopédie, en latin, Herborn, 1610 et l’Encyclopédie de la Bible, ouvrage où il prétend prouver qu'il faut chercher dans l'Écriture sainte les principes et les matériaux de toutes les sciences et de tous les arts.

ALSTEN, île de Norwége, sur la côte du Norland, on y remarque une montagne à sept sommets, haute d'environ 1330m, et dite les Sept-Sœurs.

ALSTROEMER (Jonas), industriel suédois, né en 1685 à Alingsoës, mort en 1761, créa en Suède des filatures de laine et plusieurs autres fabriques, étendit au loin le commerce de sa patrie et mérita d’être anobli par le roi Frédéric-Adolphe. Il laissa quatre fils qui suivirent ses traces.

ALT, c’est-à-dire, en allemand, vieux. Pour les mots composés commençant par ALT qui ne se trouveraient pas ici, cherchez le mot qui suit.

ALT, rivière. V. ALUTA.

ALTA, petite riv. de Russie (Poltava), se jette dans la Roubèje à Péreiaslav, après un cours de 60 kil. C’est sur ses bords qu’Iaroslav remporta en 1019, sur son frère Sviatopolk, la victoire qui lui assura le trône de Russie.

ALTAI, grande chaîne de montagnes de l’Asie centrale, sépare la Sibérie de la Kalmoukie, et forme l’extrémité septentrionale du grand plateau central de l’Asie. On la divise en Petit Altaï, entre les sources de l’Irtych, de l’Obi et de l’Iénisséï, par 43-50° lat. N. et 80-90° long. E., et Grand Altaï, au S. du Petit Altaï et au N. de la Mongolie, par 45° lat. N. Ce sont des massifs arides dont les principaux sommets ont de 3000m à 4000m. - Le mot Altaï veut dire d’or : effectivement, les monts Altaï possèdent des mines de ce métal, dont quelques-unes sont exploitées depuis 1747.

ALTAMURA, v. du royaume d’Italie (Terre de Bari), à 19 kil. N. O. de Matera ; 16 000 hab. Magnifique cathédrale. Ancienne université, fondée par Charles de Bourbon. La ville fut bâtie par l’empereur Frédéric II, sur les ruines de l’anc. Lupatia.

ALTAN-NOR, c.-à-d. lac salin, grand lac de la Russie asiatique (Kalmoukie), à 222 kil. S. de Saratov. On y exploite le sel.

ALTA VILLA, c.-à-d. Hauteville, bourg du roy. d’Italie (Pté citérieure), à 12 kil. de Salerne ; 3700 hab. Bâti par les Normands, détruit par l’empereur Frédéric II à la suite d’une révolte.

ALTDORF, c.-à-d. vieux village, v. de Bavière (Rezat), à 18 kil. S. E. de Nuremberg ; 2700 hab. - Elle dépendit successivement de la ville de Nuremberg, puis des comtes palatins jusqu’en 1504, de la maison de Brandebourg jusqu’en 1815, et fut à cette époque cédée à la Bavière. Elle est célèbre par son Université, fondée en 1575, transférée en 1809 à Erlangen. — Ville de Suisse. V. ALTORF.

ALTENA, v. des États prussiens (Westphalie), sur la Leine, à 28 kil. S. O. d’Arensberg ; 4500 hab. Forges, manufactures de fil de fer, etc.

ALTENBOURG, capit. du duché de Saxe-Altenbourg, à 60 kil. N. E. d’Iéna, à 120 k. E. de Gotha, compte environ 16 000 hab. Gymnase, bibliothèque, palais du duc. Jadis ville libre, puis aux margraves de Misnie (1308), et enfin aux ducs de Saxe-Gotha. - Le duché est situé entre la Prusse, le roy. de Saxe, le grand-duché de Weimar et les principautés de Reuss, Schwartzbourg et Cobourg ; 131 000 hab. Depuis l’extinction de la branche de Saxe-Gotha (1825) à laquelle ce domaine appartenait, avec titre de principauté, il forme un des États de la Confédération germanique avec titre de duché.

ALTENBOURG, v. de l’archiduché d’Autriche, sur le Danube, à quelques kil. à l’E. de Vienne et près d’Haimbourg. Quelques-uns croient que c’est le Carnuntum des anciens.

ALTENDORF, bourg de la Bavière, sur la Regnitz, à 15 kil. S. E. de Bamberg. Kléber y battit les Autrichiens le 9 août 1796.

ALTENGAARD, bourg de Norwége, à l’embouchure de l’Alten, par 69° 45’lat. N. ; 2000 hab. C’est le point le plus septentrional qui soit cultivé.

ALTENKIRCHEN, bourg de fa Prusse rhénane, à 33 kil. N. de Coblentz. Plusieurs combats y furent livrés entre les Autrichiens et les Français pendant les guerres de la Révolution, entre autres celui où fut tué le général Marceau (19 sept. 1796).

ALTENSTEIN, château du duché de Saxe-Meiningen, à 30 kil. N. de Meiningen. S. Boniface y prêcha le Christianisme vers 716. C’est là que Luther fut pris pour être conduit à Wartbourg.

ALTERSWEILEN, village de Suisse (Thurgovie), à 7 kil. S. O. de Constance ; 2000 hab. Les Suisses y battirent l’empereur Maximilien I en 1499.

ALTHÉE, fille de Thestius, femme d’Œnée, roi de Calydon, et mère de Méléagre, jeta au feu dans un accès de colère, un tison auquel était attachée la vie de Méléagre, et devint ainsi la cause de la mort de son fils. Elle en conçut bientôt tant de chagrin qu’elle se donna la mort. V. MÉLÉAGRE.

ALTHEN (Jean), Persan, né vers 1710, mort en 1774, était fils d’un gouverneur de province. Sa famille ayant été proscrite par l’empereur Thamasp Koulikan, il fut vendu comme esclave. Il réussit à s’évader, se réfugia en France et introduisit dans le comtat Venaissin la culture de la garance qui a enrichi ce pays, ainsi que des perfectionnements dans la fabrication de la soie (1756-1763) ; toutefois, l’utilité de son importation ne fut pas appréciée de son vivant et il mourut dans la misère ainsi que sa fille. Avignon lui a érigé une statue en 1846.

ALTKIRCH, v. d’Alsace-Lorraine (chef-lieu de canton du département du Haut-Rhin avant 1871), sur l’Ill, à 50 kilomètres S. de Colmar et à 16 de Mulhouse ; 3027 hab. Tribunal, collége. - Altkirch, fondée au XIIe siècle, dépendait des comtes de Ferrette.

ALTMUHL, riv. de Bavière, naît près de Windelsbach, court à l’E. et grossit le Danube non loin de Ratisbonne. Depuis peu d’années, un canal l’unit à la Rednitz, affluent du Rhin, et forme ainsi une communication entre le Rhin et le Danube : projeté par Charlemagne, ce canal n’a pu être exécuté que de nos jours.

ALTONA, v. et port du Holstein, sur la r. dr. de l’Elbe, à 4 kil. N. O. de Hambourg, avec laquelle elle communique par une chaussée ; environ 65 000 h. Établissements littéraires, gymnase académique, fondé par Christian VI (1739) ; école de commerce ; amphithéâtre d’anatomie ; bibliothèque ; hôtel des monnaies. Construction de vaisseaux marchands. Grand mouvement industriel et commercial. Un chemin de fer unit depuis 1843 Altona à Kiel, Rendsbourg et Gluckstadt. Cette ville fut incendiée, en 1313, par les Suédois.

ALTORF, v. de Suisse, ch.-l. du canton d’Uri, près de la Reuss, à 31 kil. S. E. de Lucerne, au pied d’un mont escarpé ; 2200 hab. Entrepôt des marchandises qui vont en Italie par le St-Gothard. Altorf est connu depuis 744. Cette ville passe pour être le berceau de la liberté suisse ; elle est remplie des souvenirs de Guillaume Tell.

ALTRANSTADT, village de la Saxe prussienne, près de Lutzen, à 15 kil. E. de Mersebourg, célèbre par la paix signée le 24 sept. 1706 entre Charles XII, roi de Suède, et Auguste II, roi de Pologne, qui se vit contraint de renoncer à la couronne.

ALTSTÆTTEN, petite v. de Suisse (St-Gall), à 15 kil. S. E. de St-Gall ; 6000 hab. Sources sulfureuses. - Cette ville fut ruinée par le siège qu’elle eut à soutenir contre les Autrichiens en 1419.

ALUTA ou ALT, riv. de Transylvanie, sort des monts Nagy-Hagyrnas, court au S., puis au N. O., traverse la Valachie et tombe dans le Danube à Nikopoli, après un cours de 400 kil.

ALVARADO (Pierre d’), un des plus braves lieutenants de Cortez, l’accompagna dans la conquête du Mexique, en 1518, fit des prodiges de valeur, et devint gouverneur de la province de Guatimala. Il périt en 1541, tué par les indiens, après plusieurs expéditions aventureuses.

ALVARADO (Alph. d’), accompagna Pizarre dans la conquête du Pérou, devint capitaine général de cette province, prit parti pour Pizarre contre Almagro et poursuivit les meurtriers de son général. Il mourut en 1553, du chagrin d’avoir été battu par des rebelles contre lesquels il était envoyé. ALVAREZ (Franç.), aumônier d'Emmanuel, roi de Portugal, devint secrétaire de l'ambassade que ce prince envoya en 1515 à David, roi d'Éthiopie, et publia à son retour une relation de son voyage sous le titre de Vraie information des États du prince Jean, Lisbonne, 1540, in-fol., traduite en français en 1558 : c'est le premier ouvrage qui ait donné des détails exacts sur cette contrée.

ALVAREZ ou ALVARO DE LUNA. V. LUNA.

ALVIANO (Barthélemi), général vénitien, né en 1455, s'est distingué à la fois dans les armes, la littérature et la poésie. Il obtint plusieurs avantages sur les troupes impériales, enleva à Maximilien en 1507 Goritz, Trieste, Fiume, mais fut battu et pris par Louis II à Agnadel, 1509. Entré depuis au service de la France, il commanda un corps d'auxiliaires vénitiens à Marignan et contribua au gain de la bataille qu'y remporta François I (1515). Il mourut peu de jours après. Alviano avait fondé une académie à Pordenone.

ALVINCZY (Joseph, baron d'), feld maréchal autrichien, né en 1726 au château d'Alvincz en Transylvanie, mort en 1810, s'était fait connaître par plusieurs victoires contre les Bavarois, les Turcs et les Flamands, lorsqu'il fut chargé en 1796 de remplacer en Italie le général Beaulieu, battu par Bonaparte. Après avoir obtenu quelques avantages partiels, il perdit les batailles décisives d'Arcole et de Rivoli et fut rappelé comme incapable (1797).

ALXINGER (J. B. de), poëte allemand, né à Vienne en 1755, mort en 1797, est surtout connu par deux poèmes chevaleresques, imités de Wieland, qui,eurent un grand succès, Doolin de Mayence, en 10 chants (1787), et Bliombéris, en 12 chants (1791). Il a fait aussi plusieurs traductions, entre autres celle du Numa de Florian, et a coopéré à divers journaux littéraires. On a publié ses Œuvres à Vienne, 10 vol. 1810.

ALY. V. ALI.

ALYATTE I, roi de Lydie, fils d'Ardysus, de la race des Héraclides, régna de 761 à 747 av. J.-C. — Al. II, roi de Lydie, de la race des Mermnades, succéda à Sadyatte, et régna de 610 à 569 av. J.-C. Il était sur le point de livrer bataille à Cyaxare lorsqu'une éclipse de soleil, prédite par Thalès de Milet, effraya les deux armées et les détermina à faire la paix. On n'est pas d'accord sur l'époque de cette éclipse, que les uns placent en 601, les autres en 597 et même en 585. Alyatte fut père de Crésus.

ALZON, ch.-l. de cant. (Gard), à 13 kil. S. O. du Vigan; 5013. hab. Bestiaux, châtaignes,

ALZONNE, ch.-l. de cant. (Aude), à 15 kil. N. O. de Carcassonne, près du canal du Midi; 1307 hab. Station. Draps fins, bonnets tunisiens, etc.

AMABLE (S.), curé de Riom et patron de cette ville, mort vers 446, est fêté le il juin.

AMADIAH, v. forte de la Turquie asiatique (Kourdistan), ch.-l. de sandjak, à 100 kil. N. O. de Mossoul, sur une haute montagne; 4000 hab. Anc. capit. d'une principauté de même nom, possédée par un prince kourde, descendant d'Abbas (premier Abbasside). On voit aux environs le tombeau de Mohammed-Bekir, où se font des pèlerinages.

AMADIS DE GAULE, dit le Chevalier du Lion, le Beau Brun, le Beau ténébreux, héros de chevalerie, était fils de Périon, roi fabuleux de France. Amadis joue en Espagne un rôle analogue à celui du roi Arthur en Angleterre et de Charlemagne en France. Les aventures de ce prince n'ont rien d'historique ; on ne sait même précisément à quelle époque les rapporter. Le roman d'Amadis fut composé vers le XIVe siècle par divers auteurs (V. Vasco LOVEIRA) ; il est en prose et comprend 24 livres, dont les 13 premiers en espagnol et les autres en français. Les 4 premiers traitent seuls de l'Amadis de Gaule; les suivants racontent les exploits de son fils Florisando et de plusieurs autres Amadis, Amadis de Grèce, Amadis de l'Étoile, Amadis de Trébizonde, etc., tous issus du premier. Les 4 premiers livres du roman d'Amadis sont regardés comme un chef-d'œuvre par Cervantès; ils ont été publiés à Séville en 1496, trad. en français par Nic. d'Herberay, Paris, 1500, et par Tressan, 1779; et mis en vers par Creuzé de Lesser en 1813. On doit à M. Baret de savantes recherches sur l’Amadis de Gaule, Paris, 1853.

AMADUZZI (J. C.), Amadutius, savant abbé romain, né vers 1740 mort en 1792, était inspecteur de l'imprimerie de la Propagande à Rome. On a de lui : Leges novellæ quinque anecdotæ imperatorum Theodosii junioris et Valentiniani III, Rome, 1767; Anecdota litteraria ex manuscriptis codicibus eruta, 1773 ; Alphabetum Birmanorum seu regni Avensis; Alphabetum brammhanicum; Alphabetum veterum Etruscorum, etc., 1773; Theophrasti Eresii characterum capita duo hactenus anecdota, 1786.

AMAGETOBRIA ou MAGETOBRIA, v. de Gaule, chez les Sequani, célèbre par la victoire d'Arioviste sur les Éduens. 63 ans av. J.-C., paraît être Moigtebroye ou Amage à 10 kilom. E. N. E. de Luxeuil.

AMALARIC, roi des Vistigoths en Espagne (511-531), fils d'Alaric II, fut d'abord placé sous la tutelle de son aïeul Théodoric, roi des Ostrogoths, qui régnait sur l'Italie et qui lui conserva la Septimanie. Il s'efforça d'établir l'Arianisme dans ses États, maltraita son épouse Clotilde, fille de Clovis, parce qu'elle voulait rester catholique, s'attira ainsi la guerre avec Childebert, frère de Clotilde, et fut poignardé par ses propres sujets pendant cette guerre.

AMALASONTE, c'est-à-dire la Vierge des Amales, fille de Théodoric le Grand, roi des Ostrogoths, épousa Euthéric qui devait succéder à Théodoric. Ce prince mourut bientôt laissant un fils, Atalaric, que Théodoric fit son héritier. Amalasonte gouverna pendant la minorité d'Athalaric (526), mais ce jeune prince étant mort en 534, elle partagea l'autorité avec Théodat, qui l'année suivante la fit étrangler : c'est pour venger ce crime que Bélisaire vint en Italie. Amalasonte voulait civiliser son peuple; elle avait pris pour ministre le savant Cassiodore.

AMALÉCITES, peuplade arabe, habitait au S. de la Judée, entre l'Idumée, l'Égypte et le désert de Sinaï. Ils descendaient d'Ésaü, par Amalec son petit-fils, et furent toujours acharnés contre les Israélites, qui à leur tour les regardaient comme une race maudite. Dieu ordonna à Saül de les exterminer. Ce roi leur déclara la guerre et les défit; mais, contre la défense de Dieu, il pardonna à Agag, leur roi. Cette désobéissance lui fit perdre sa couronne, qui fut transportée à David.

AMALES, c'est-à-dire Célestes, race de héros célèbre parmi les Goths, régnait sur les Ostrogoths aux Ve et VIe siècles. C'est à cette race qu'appartenaient Théodoric le Grand, Amalasonte et Amalaric.

AMALFI, Melfia, v. du roy. de Naples (Pté Citér.), à 13 kil. O. S. O. de Salerne, sur la mer tyrrhénienne; 3500 h. Archevêché. Port, ville industrieuse : fabriques de papier, de macaroni, etc. — Amalfi s'érigea en république en 839, resta dans cet état jusqu'à l’invasion normande, 1038, et conserva depuis des priviléges et une grande puissance maritime. Les Pisans la saccagèrent en 1135; ils y trouvèrent un manuscrit des Pandectes devenu célèbre et qui donna une nouvelle impulsion à l'étude du droit romain. Le code maritime d'Amalfi (Table Amalfitaine) fut adopté au moyen âge par un grand nombre de nations maritimes : il a été publié à Naples en 1844. Flavio Gioja et Masaniello étaient d'Amalfi. Un hôpital que fondèrent à Jérusalem des Amalfitains fut l'origine des Hospitaliers de St-Jean de Jérusalem.

AMALRIC (Arnaud), abbé de Cîteaux, fut un de ceux qui furent choisis en 1204 par Innocent III pour prêcher une croisade contre les Albigeois. Il réussit à rassembler 200 000 Croisés sous les ordres de Simon de Montfort, et fut l'âme de cette expédition, dont le succès fut acheté par les plus sanglants sacrifices. Il mit en interdit les États de Raymond VI, comte de Toulouse, et eut la part la plus déplorable au sac de la malheureuse ville de Béziers (1209); Innocent III se vit obligé de blâmer ses excès. Toutefois il rentra en grâce peu après et fut même nommé archevêque de Narbonne en 1212. Quelques années plus tard, il alla en Espagne faire la guerre aux Maures, et à son retour il rédigea une relation de cette expédition. Il mourut en 1225.

AMALTHÉE, fille de Mélissus, roi de Crète, nourrit Jupiter avec du lait de chèvre, ce qui fit dire que ce dieu avait été nourri par une chèvre. Une des cornes de cette chèvre fut placée dans le ciel, sous le nom de Corne d'abondance.

AMALTHÉE, sibylle de Cumes. V. SYBILLE.

AMALTHÉE (les), nom d'une famille du Frioul qui, dans les XVe et XVIe siècles, a fourni aux sciences et aux lettres plusieurs hommes distingués, entre autres trois frères, Jérôme, Corneille et Jean-Baptiste, qui tous trois cultivèrent avec succès la poésie latine. Le plus connu, Jérôme Amalthée, né en 1506, mort en 1574, professa la philosophie et la médecine à Padoue. Leurs poésies ont été publiées sous ce titre : Amaltheorum fratrum carmina, Venetiæ, 1627. Elles se trouvent aussi dans les Deliciæ poetarum latinorum italorum.

AMAN, Amalécite, ministre et favori du roi de Perse Assuérus pendant la captivité de Babylone. Irrité contre les Juifs, parce que Mardochée, l'un d'eux, refusait de se prosterner devant lui, il résolut de les faire périr tous et en fit donner l'ordre par le roi. Esther, Juive d'origine et nièce de Mardochée, apaisa la colère d'Assuérus dont elle était devenue l'épouse, fit révoquer cet ordre sanguinaire et condamner Aman au gibet. On place cet événement sous Artaxerce Longuemain, vers 462 av. J.-C.

AMANAHEA, v. et petit État d'Afrique (Guinée), sur la Côte d'Or, est tributaire de l'Achanti. Or, ivoire, poivre, huile de palmier; bois de construction. Station anglaise, fort Apollonia.

AMANCE, ch.-l. de c. (Haute-Saône), à 24 kil. N. O. de Vesoul, sur une mont. au pied de laquelle coule la Superbe; 926 hab. — C'est aussi le nom d'un bourg de l'anc. Lorraine (Meurthe), à 20 kil. N. E. de Nancy, sur une haute montagne. C'était jadis une des résidences des ducs de Lorraine.

AMANCEY, ch.-l. de c. (Doubs), à 30 kil. S. E. de Besançon ; 716 hab.

AMAND (S.), Amandus, évêque de Bordeaux, sa patrie, fut sacré en 403. Il était vénéré comme l'un des plus saints prélats de son temps. On le fête le 18 juin. — Évêque de Maestricht, né en 589, près de Nantes, sacré en 627, mort en 679, à 90 ans, fut l'apôtre du Brabant. Il encourut la disgrâce de Dagobert pour avoir blâmé sa conduite irrégulière. Il fonda entre autres monastères, celui d'Elnon, où il finit ses jours et qui a pris de lui le nom de St-Amand (V. ce nom). Il eut pour disciple S. Hubert. On l'honore le 6 février.

AMANTEA, Amentia, v. et port du roy. d'Italie (Calabre citér.), à 25 kil. S. O. de Cosenza, sur la mer; 2700 hab. Place forte, prise par les Français en 1806, après un siège opiniâtre.

AMANUS MONS, chaîne de l'Asie-Mineure qui reliait le Taurus au Liban; est auj. Alma-Dagh.

AMAR, l'un des conventionnels les plus sanguinaires, né vers 1750, mort en 1816, était d'abord avocat à Grenoble. Membre du Comité de salut public, il fit assaut de cruauté avec Robespierre, accusa et fit mettre à mort un grand nombre des membres les plus distingués de la Convention. Il parvint cependant à sauver sa vie au 10 thermidor. Il vécut depuis dans la retraite.

AMAR DURIVIER (J. Aug.), littérateur, né à Paris en 1765, mort en 1837, professa les belles-lettres dans plusieurs colléges, notamment au lycée Napoléon, et fut nommé en 1803 conservateur de la bibliothèque Mazarine. On a de lui un Cours complet de rhétorique, 1804-1811; une édit. de la Bibliotheca rhetorum du P. Lejay, 1809; une traduction des chefs-d'œuvre de Goldoni; plusieurs recueils faits pour les classes : Narrationes poeticæ latinæ, Conciones poeticæ græcæ, etc., et une jolie collection in-32 des auteurs classiques latins.

AMARAPOURA, c'est-à-dire Ville des Immortels, v. de l'empire Birman, sur la r. g. de l'Iraouaddy, à 25 kil. N. E. d'Ava. Remparts, vaste citadelle. Ville sainte, temple remarquable par une statue colossale et par une série de 260 inscriptions anciennes et modernes. Bâtie en 1783, Amarapoura fut capit. jusqu'en 1824. Un incendie en brûla 20 000 maisons en 1810 (toutes les maisons sont en bois). Cette ville comptait 175 000 hab. en 1800; elle n'en a plus guère que 30 000.

AMASEA ou AMASIA, auj. Amasieh, v. du Pont, au confluent de l'Iris et du Scylax, au S. d'Amisus. Patrie de Mithridate et de Strabon. Titre d'évêché in partibus. V. AMASIEH.

AMASENUS, Amaseno, petite riv. du Latium, prenait sa source près de Préneste, passait à Privernum, se joignait à l'Ufens et se perdait avec lui dans les Marais Pontins.

AMASIAS, 8e roi de Juda de 839 à 810 av. J.-C., ou, selon l’Art de vérifier les Dates, de 831 à 803, était fils de Joas. Il remporta sur les Iduméens une grande victoire; mais, n'étant pas resté fidèle au culte du vrai Dieu, il fut battu et fait prisonnier par le roi d’Israël, et ne recouvra sa liberté qu'en livrant les trésors du temple, qui furent emportés à Samarie. Il périt assassiné par ses sujets.

AMASIEH, Amasea, v. de la Turquie d'Asie (Siwas), ch.-l. du district qui porte son nom, à 130 kil. au S. de Samsoun, au pied des monts Djanik, sur l'Iékil-Irmak (jadis l’Iris), par 40° 50' lat. N., 33° 14' long. E.; env. 40 000 hab. Résidence d'un métropolitain grec et d'un archevêque arménien. Très-belle mosquée, dite de Bajazet, avec un collége dit Coll. céleste; bâti par ce prince; restes d'une citadelle, d'un beau temple, etc. ; nombreuses antiquités à peine explorées. Aux env. sont des cavernes taillées dans la roc et qui furent probablement les sépultures des rois de Pont. Vins exquis; soies superbes. Les femmes d'Amasieh sont renommées pour leur beauté.

AMASIS, roi d'Égypte de 570 à 526 av. J.-C., n'était d'abord qu'un simple soldat; il s'éleva au, poste de premier ministre d'Apriès et devint bientôt assez puissant pour détrôner son maître. Il fit oublier son usurpation et la bassesse de sa naissance par sa justice et ses talents : il enleva Chypre aux Phéniciens, ouvrit aux Grecs les ports de l'Égypte et fit fleurir le commerce. Il se soumit à Cyrus; mais, ayant refusé de payer le tribut à Cambyse, son fils, il fut attaqué et battu par ce prince; toutefois, il mourut avant la conquête de son royaume.

AMASIUS, fleuve de Germanie, auj. l’Ems.

AMASTREH, Amastris, v. de la Turquie asiatique, en Anatolie, à 270 kil. E. N. E. de Constantinople, sur la côte de la mer Noire; environ 2500 hab. Port presque ensablé. L'anc. Amastris, d'abord Sésame, était en Paphlagonie. Embellie par Amastris, nièce de Darius et femme de Denys, tyran d'Héraclée (Pont), elle prit le nom de cette princesse. Au moyen âge, elle appartint successivement à l'empire grec, à Théodore de Lascaris (1210), et aux Génois. Mahomet II la prit en 1459.

AMATE, femme du roi Latinus, avait fiancé sa fille Lavinie à Turnus avant l'arrivée des Troyens. Elle s'opposa de tout son pouvoir à son mariage avec Énée. Elle se pendit de désespoir quand sa fille eut épousé le prince troyen.

AMATHA, v. de Syrie, sur l'Oronte auj. Hama.

AMATHONTE, Amathus, v. de l'île de Cypre, sur la côte S.; très-célèbre par le culte qu'on y rendait à Vénus. Elle avait été bâtie par les Phéniciens. On en voit les ruines près de Limisso.

AMATI, famille de luthiers de Crémone, s'est rendue célèbre aux XVIe et XVIIe siècles par les perfectionnements qu'elle apporta dans la fabrication des instruments à cordes. On remarque surtout les trois frères Nicolas, Antoine et André; le premier fut maître de Stradivarius.

AMAURY I, roi de Jérusalem de 1162 à 1173, succéda à son frère Baudouin III. Il rompit de la manière la plus injuste une trêve qu'il avait conclue avec le calife d'Égypte et porta la guerre dans ses États; mais, après avoir obtenu quelques succès, il fut battu par Nour-Eddin et par Saladin, et fut forcé de se retirer honteusement. Il avait inutilement sollicité les secours de la Chrétienté.

AMAURY II, de la maison de Lusignan, roi de Chypre dès 1194, devint en 1197 roi de Jérusalem par son mariage avec Isabelle, veuve du roi Henri; mais il ne fut roi de Jérusalem que de nom ; et quoiqu'il eût appelé les Croisés à son secours, il ne put pénétrer dans ses États. Il mourut en 1205 à Ptolémaïs.

AMAURY DE CHARTRES, philosophe et théologien du XIIe siècle, né près de Chartres, mort en 1209, professa une sorte de panthéisme mystique qu'il avait posé dans les écrits de Jean Scot, et qui le fit condamner en 1204 par le pape Innocent III. Il eut un grand nombre de disciples, parmi lesquels on remarque David de Dinant.

AMAURY, archevêque de Narbonne. V. AMALRIC.

AMAXICHI, v. et port des îles Ioniennes, ch.-l. de l'île Ste-Maure, sur une baie; 6000 h. Évêché grec.

AMAZONES, peuplade fabuleuse de femmes guerrières. Elles habitaient les rives du Thermodon dans le Pont, et avaient pour capit. Thémiscyre; elles étendirent, disait-on, leurs conquêtes jusqu'aux frontières de l'Assyrie et du Tanaïs, et bâtirent Éphèse, Smyrne, Magnésie. Bellérophon, Hercule, Thésée, firent des expéditions contre elles. Elles eurent plusieurs reines célèbres : Antiope, qui attaqua Thésée; Penthésilée, qui secourut les Troyens et fut tuée par Achille; Thalestris, qui visita Alexandre. On a prétendu qu'elles se perpétuaient par un commerce passager avec les habitants des pays voisins, et qu'elles exposaient leurs enfants mâles. Elles se brûlaient, dit-on, la mamelles droite pour tirer de l'arc avec plus de facilité. — Outre les Amazones d'Asie, les anciens parlent aussi d'Amazones d'Afrique, qui auraient subjugué les Maures, les Numides, les Éthiopiens, auraient pénétré en Asie jusqu'au Taurus, et auraient été détruites par Hercule, en même temps que les Gorgones, leurs rivales. Nagel (Stuttgardt, 1838), Uckert (Leipsick, 1847), et Bergmann (Colmar, 1853), ont publié de savantes recherches sur les Amazones.

Il a existé en Bohême au VIIIe siècle de notre ère de véritables Amazones qui avaient à leur tête Libussa et Vlasta; pendant plusieurs années elles répandirent la terreur sur les terres du roi Przémislas qui eut grand'peine à les exterminer. V. VLASTA.

AMAZONES (fleuve des), ou MARAGNON fleuve de l'Amérique méridionale, le plus grand du monde avec le Nil et le Mississipi, sort du lac Lauricocha dans les Andes, sous le nom de Tunguragua, vers 11° lat. S., 73° long. O., monte au N. Jusque vers 5° lat., puis court à l'E. de 81° à 53° de long. O., traverse la Colombie, sépare la Guyane portugaise du Brésil, reçoit un grand nombre d'affluents et finit par se jeter dans l'Océan Atlantique sous l’équateur, après un cours de 5000 kil. env. Ce fleuve a de 3 à 5 kil. de large dans sa partie supérieure, s'agrandit progressivement, et a 288 kil. à son embouchure. La marée y remonte jusqu'à 600 kil. dans les terres et forme près de son embouchure une barre immense connue sous le nom imitatif de prororoca. Arrivé à l'Océan, il en refoule les eaux et coule encore 135 kil. sans mélange dans la mer. L'Amazone communique avec l'Orénoque par un canal naturel. Ses affluents les plus remarquables sont à droite, l'Ucayale (à tort donné pour bras principal), le Cassiquiare, le Javari, l'Iurna, le Purus, le Madeira qui a plus de 2000 kil. de cours, le Topayos; le Jingu; à gauche le Pinchès, le Napo, le Putu-Mayo, l'Yupura, le Negro (qui le fait communiquer avec l'Orénoque). Poissons nombreux et variés, caïmans de 7 mètres et plus, jaguars et serpents sur les bords. — Vincent Pinzon découvrit ce fleuve en 1500; Franc. Orellana le descendit en 1539 et eut à combattre sur ses bords des femmes armées, ce qui fit donner au fleuve le nom de Fleuve des Amazones. Le nom de Maragnon est indigène, mais seulement pour la partie supérieure du fleuve. Les Portugais le nomment Rio dos Solimoens dans son cours moyen, depuis son entrée dans le Btésil jusqu'à son confluent avec le Negro.

AMBACIA, v. de Gaule, est auj. Amboise.

AMBARRI, peuple de la Gaule (Lyonnaise 1re), habitait sur les rives de la Saône, dans sa partie inférieure. Leur territoire répond à la Bresse et au Beaujolais; leur nom se retrouve dans Ambérieux.

AMBARVALIES. V. ARVALES (Frères).

AMBAZAC, ch.-l. de c.; (Haute-Vienne), à 22 kil. N. E. de Limoges; 279. hab. Châsse de S. Étienne.

AMBERG, v. forte de Bavière (H.-Palatinat), sur la Vils, à 64 kil. N. O., de Ratisbonne; 10 000 h. Château royal, arsenal, hôtel de ville, église de St-Martin, etc. Fabrique d'armes, draps, faïence, etc. Aux env., l'archiduc, Charles repoussa Jourdan, qui battit en retraite, 21 août 1796.

AMBERIEU, ch.-l. de c. (Ain) sur l'Albarine, à 35 kil. N. O. de Belley; 886 hab.

AMBERT, ch.-l. d'arr. (Puy de-Dôme), sur la Dore, à 85 kil. S. E. de Clermont; 3394 hab. Collége. Papier à impression. Excellents fromages. Ancienne capitale du Livradais.

AMBEZ, vge du dép. de la Gironde, près du confluent de la Dordogne et de la Garonne, à 22 kil. de Bordeaux. — On nomme Bec d'Ambez le lieu où se trouve le confluent des deux fleuves.

AMBIALITI, peuple de Gaule (Lyonnaise 3e), voisin des Redones, possédait la v. de Lamballe, qui rappelle son nom.

AMBIANI, peuple de la Belgique 2e, à l'O. des Veromandui et des Atrebates et au S. des Morini, répond à la partie occidentale de la Picardie; leur ch.-l. porta d'abord le nom de Samarobriva; puis fut appelé aussi Ambiani; c'est auj. Amiens.

AMBIATINUM, Kœnigstuhl, bourg et place des Trévires, sur le Rhin, à 8 kil. au dessous de Confluentes (Coblentz). C'est là que naquit Caligula.

AMBIGAT, roi des Gaules, envoya vers 587 av. J.-C. ses neveux Bellovèse et Sigovèse chercher nouvelles habitations. Le 1er, à la tête des Sénonais, vint s'établir en Italie; le 2e passa en Germanie.

AMBIORIX, roi des Éburons (pays de Liége), lors de l'invasion de la Gaule par les Romains, battit plusieurs des lieutenants de César, mais fut, lui-même défait par ce général dans un combat où il perdit 60 000 h. (57 av. J.-C.); à la suite de cette bataille, il s'enfonça dans les Ardennes et disparut.

AMBIZA, général arabe, gouverna l'Espagne pour le calife Yézid depuis 721, soumit tout le pays occupé par les Visigoths dans le N. de la Péninsule, pénétra même en France et s'avança jusqu'à Autun, mais se vit bientôt forcé de reculer jusqu'à l'Aude, fut battu et tué en 725 par Eudes, duc d'Aquitaine.

AMBLETEUSE, v. et port du Pas-de-Calais, à 8 kil. N. de Boulogne, sur la Manche, près de l’embouchure de la Sélaque; 900 hab. Le port, jadis excellent, est auj. ensablé. C'est là que débarqua Jacques II, chassé d'Angleterre, 1688.

AMBOINE, une des Moluques, au S. O. de Céram, par 3° 47' lat. S. et 125° 33 long. E., a 71 kil. de long sur 22 de large., et est coupée par une baie en deux presqu'îles. Env. 60 000 hab., dont 10 000 Chrétiens; ch.-l. Amboine. Climat très-chaud, mais sain. Moussons en sens inverse de celles des îles de la Sonde; pluies énormes lors de la mousson du sud. Sol fertile : girofliers, sagou, superbes ananas. Amboine est le centre de la culture du giroflier la récolte moyenne est de 150 kilog. de clous de girofle. – Cette île fut découverte en 1515 par les Portugais qui ne l'occupèrent qu'en 1564; les Hollandais s'en emparèrent en 1605; les Anglais la leur enlevèrent en 1796; mais en 1814 elle fut rendue aux Hollandais qui la possèdent encore. – Le groupe dit d'Amboine se compose de 11 îles, dont les principales sont : Amboine, Céram, Bourou, Goram; la 1re seule est soumise entièrement aux Hollandais. – La V. d'AMBOINE, ch.-l. de l'île de ce nom et de toutes les possessions hollandaises dans les Moluques, située au fond d'une baie, compte environ 10 000 hab. Quelques beaux édifices : bazars, marchés, campong chinois, hôtel de ville. Elle est défendue par le fort Vitoria.

AMBOISE, Ambacia, ch.-l. de cant. (Indre-et-Loire), sur la r. g. de la Loire, à 20 kil. E. de Tours; 4263 hab. Ville étroite et tortueuse. Aciers cémentés, limes, râpes; draps, tapis. Ancien château fort, avec de très-larges remparts : on monte en carrosse jusque sur sa terrasse; ce château sert auj. de prison d'État : Abd-et-Kader y fut enfermé de 1348 à 1852. Patrie du poète latin Commire ; Charles VIII y naquit et y mourut. Il fut rendu à Amboise plusieurs édits célèbres, entre autres celui de 1563, qui accordait aux Calvinistes la liberté de conscience:

AMBOISE (Conjuration d'), formée en 1560 par les Huguenots contre François II, Catherine de Médicis et les Guise, avait pour but de soustraire le jeune roi à l'influence de la maison de Lorraine. Le chef ostensible des conjurés était Georges Barré de La Renaudie; mais le véritable chef était le prince de Condé. Elle fut découverte par la trahison d'Avenelle, avocat de Paris, au moment où les conjurés marchaient sur Amboise, où se trouvait la cour. Surpris à l'improviste, La Renaudie fut tué; son cadavre fut pendu sur le pont. Un grand nombre de conjurés, parmi lesquels se trouvait le Comte de Castelnau, subirent le même sort. Le prince de Condé, gardé à vue, n'échappa au supplice qu'affirmant par serment qu'il était étranger à cette conspiration:

AMBOISE (Georges d'), dit le Cardinal d'Amboise, ministre de Louis XII, né en 1460, au château de Chaumont, prés d'Amboise, d'une famille anc. mort en 1510, fut dès l'âge de 14 ans fait évêque de Montauban, et devint un des aumôniers de Louis XI. Il s'attacha à la fortune du duc d'Orléans (roi depuis sous le nom de Louis XII), et fut fait par le crédit de ce prince archevêque de Narbonne, puis de Rouen, et lieutenant général de la Normandie sous Charles VIII. Lorsque Louis XII monta sur le trône (1498), il le choisit pour son premier ministre. Georges d'Amboise remplit avec le plus grand succès ces hautes et difficiles fonctions; et les conserva jusqu'à sa mort. Dès le début de son administration il se concilia l'amour du peuple en supprimant la taxe extraordinaire qu'on avait coutume de lever à l'avénement du roi; il n'augmenta jamais les impôts, malgré les guerres désastreuses qui remplirent le règne de Louis XII. Il fit des règlements utiles, abrégea la durée des procès et chercha à mettre un terme à la corruption des juges, qui vendaient la justice au plus offrant. Alexandre VI le créa cardinal et le nomma son légat en France. George d'Amboise aspira à se faire nommer pape, mais sans pouvoir y réussir. – Aimery d'AMBOISE, son frère aîné, devint grand maître de l'ordre de St-Jean-de-Jérusalem en 1503, et remporta en 1510 une victoire navale sur le soudan d'Égypte près de Monténégro.

AMBOISE (François d'), né à Paris en 1550, mort à Rennes en 1620, fut d'abord professeur au collège de Navarre, puis maître des requêtes et conseiller d'État. Il a donné la plaisante comédie intitulée les Néapolitaines, en vers, et quelques autres pièces de poésie On lui doit une édition des OEuvres d'Abélard, 1616, in-4o.

AMBRACIE, auj. Arta, v. d'Épire, sur la côte septentrionale d'un petit golfe auquel elle donne son nom (auj. golfe de l'Arta), était une colonie de Corinthe. Elle fut agrandie par Auguste, après la bataille d'Actium; mais la fondation de Nicopolis la fit déserter. Elle fait auj. partie du roy. de Grèce et est le ch.-l. d'une éparchie de l'Acarnanie.

AMBRIÈRES, ch.-l. de cant. (Mayenne), à 12 k. N. de Mayenne; 1348 hab. Jadis v. forte.

AMBRIZ, riv. du Congo, naît au N. E. de Pamba, coule 400 kil. à l'O., et se jette dans l'Atlantique, où elle forme le port d'Ambriz, occupé par les Portugais.

AMBROISE (S.), Ambrosius, un des Pères de l'Église latine, né vers l'an 340, était fils du préfet des Gaules. Il gouvernait lui-même la Ligurie quand le peuple de Milan, charmé de ses vertus, l'élut évêque d'une voix unanime, quoiqu'il ne fût encore que catéchumène. Il fut en quelques jours ordonné prêtre et sacré évêque (374). Il signala son épiscopat par un zèle ferme et soutenu, fit condamner les Ariens au concile d'Aquilée, et refusa l'entrée de l'église à l'empereur Théodose jusqu'à ce qu'il eût fait pénitence du massacre de Thessalonique (V. THÉODOSE). Il mourut en 397. On l'honore le 7 décembre. Il a laissé plusieurs ouvrages, parmi lesquels on distingue ses traités des Devoirs des Prêtres et de la Virginité, et sa Lettre à Valentinien contre Symmaque, qui demandait le rétablissement de l'autel de la Victoire. On lui a attribué le Te Deum. Ses écrits, pleins d'onction, sont aussi agréables que solides : ils édifient, instruisent et plaisent à la fois. Cependant il y sacrifie trop souvent au goût de son temps. Sa Vie a été écrite par Paulin, prêtre de Milan, son contemporain, et par G. Hermant, 1678. La meilleure édition de ses œuvres est celle de Paris, 1686, 2 vol. in-fol. Le traité des Devoirs des Prêtres (De officiis ministrorum) a été traduit, sous le titre de Morale des Ecclésiastiques, par l'abbé Morvan de Bellegarde, 1691. S. Ambroise donna au diocèse de Milan une liturgie et un rit particulier, connu sous le nom rit ambrosien, encore en usage dans le Milanais.

AMBROISIE, nourriture des Dieux, d'un goût et d'un parfum exquis, donnait l'immortalité à quiconque la goûtait. On croit que c'était un aliment solide, la boisson des Dieux étant le nectar.

AMBRONS, Ambrones, peuple de la Gaule Transalpine, faisait partie des Helvetii au temps de César. Il avait pour limites au S. les Alpes, qui les séparaient du Valais; au N. les lacs de Wallenstadt et de Zurich, et une ligne passant par les villes modernes de Zurich, Lucerne et Thun. Ils s'allièrent aux Cimbres et aux Teutons, envahirent avec eux l'Italie vers 105 av J.-C., et battirent les généraux Manlius et Cépion; mais ils furent exterminés par Marius à la bataille d’Aquæ Sextiæ (Aix), 102 av. J.-C.

AMBROSIENNE (Bibliothèque), riche bibliothèque, fondée à Milan au commencement du XVIIIe siècle par le cardinal Frédéric Borromée, et ainsi nommée en l'honneur de S. Ambroise, patron de Milan.

AMBROSIUS AURELIANUS, général breton, issu d'une famille romaine, délivra en 457 ses compatriotes de la tyrannie de Vortigern et des Saxons, et fut élu souverain de toute l'Angleterre. Il eut à soutenir plusieurs guerres contre les Saxons, commandés par Hengist, et resta vainqueur. On croit qu'il fut tué en 508 dans une bataille qu'il livrait à Cerdic, autre chef saxon. C'est sous Ambrosius que se serait formé le fameux Arthur.

AMÉ (S.), évêque de Sion en Valais vers 669, mort en 690, fut injustement persécuté par Thierry III. On l'honore le 13 septembre, ainsi qu'un autre Amé ou Amat, abbé de Remiremont, mort en 627.

AMÉ OU AMÉDÉE, nom de plusieurs princes de la maison de Savoie. V. SAVOIE.

AMEILHON (Hubert-Pascal), membre de l'Académie des inscriptions, né à Paris en 1730, mort en 1811, fut administrateur de la bibliothèque de la Ville de Paris, puis de celle de l'Arsenal. Il donna en 1766 une Histoire du commerce des Égyptiens sous les Ptolémées, qui fut couronnée par l'Académie et le fit recevoir dans cette compagnie. Il continua l’Histoire du Bas-Empire de Lebeau : ce travail, commencé en 1757, ne fut fini qu'en 1811. On lui doit aussi un grand nombre de recherches intéressantes sur l'histoire et l'archéologie, insérées dans les Mémoires de l'Académie, entre autres une Analyse de l'Inscription de Rosette, Dresde, 1804. Chargé pendant la Révolution de la garde de plusieurs grands dépôts littéraires, il s'efforça d'en prévenir la dilapidation; il sauva aussi plusieurs bibliothèques.

AMELIA, Ameria, ville du royaume d'Italie, à 31 kil. S. O. de Spolète; 5200 hab. Évêché érigé en 344. On y récolte le meilleur raisin d'Italie.

AMÉLIE, duchesse de Saxe-Weimar. V. WEIMAR.

AMÉLIE, reine de Prusse. V. LOUISE-AMÉLIE.

AMÉLIE-LES-BAINS. V. BAINS (Pyrénées-Orient.).

AMELIUS, philosophe néo-platonicien, né en Toscane, devint eu 246 disciple de Plotin, qu'il ne quitta pas pendant 24 ans. Il alla dans la suite s'établir à Apamée, en Syrie. Il avait composé plusieurs écrits qui ne nous sont pas parvenus.

AMELOT DE LA HOUSSAYE (Nic.), né à Orléans en 1634, mort à Paris en 1706, fut nommé en 1669 secrétaire d'ambassade à Venise. Il a traduit l’Histoire de Venise de Velserus; le Prince de Machiavel; l’Histoire du concile de Trente, de Sarpi, et les Annales de Tacite. Il a en outre composé une Histoire de Guillaume de Nassau, publiée longtemps après sa mort (1754), et a laissé des Mémoires historiques (La Haye, 1722), piquants, mais peu exacts.

AMÉNOPHIS, nom de plusieurs Pharaons de la 18e dynastie, qui régnaient à Thèbes. On en connaît surtout 2, sur lesquels s'accordent Manéthon et les monuments récemment explorés. Aménophis I, chef de la 18e dynastie (1822 av. J.-C.), fils de Thoutmosis qui avait secoué le joug des Hyksos : il compléta l'expulsion des Barbares. – Aménophis III, 1692-1661, le Memnon des Grecs : il étendit au loin son empire, et éleva de magnifiques monuments (dont on voit les restes à Louqsor), entre autres la fameuse statue qui, frappée par les rayons de l'aurore, rendait, dit-on, un son harmonieux. — On donne aussi le nom d’Aménophis au père de Sésostris, à Menephtah.

AMERBACH (Jean), imprimeur du XVe siècle, mort à Bâle en 1515, donna en 1506 une édit. des OEuvres de S. Augustin pour laquelle il employa un caractère qui porte encore auj. le nom de St-Augustin.

AMERBACH (Vitus), professeur de philosophie à Ingolstadt, né en 1487, mort en 1557, a traduit en latin les Discours d'Isocrate et de Démosthène et le traité de S. Chrysostome sur la Providence, et a laissé des commentaires sur Cicéron et sur Ovide.

AMERIA, v. d'Ombrie, patrie de Sextus Roscius, pour qui plaida Cicéron. est auj. Amélia.

AMÉRIC VESPUCE, Amerigo Vespucci, navigateur florentin, né en 1436 environ, comme Christophe Colomb, fut envoyé en 1490 en Espagne pour y faire le commerce, et fut pendant plusieurs années chargé d'approvisionner les vaisseaux destinés aux expéditions de découvertes. Témoin des succès de Colomb, il brûla de partager sa gloire. Habile pilote et savant cosmographe, il s'embarqua en 1497 ou plus probablement en 1499, sur un des vaisseaux d'une petite flotte espagnole commandée par un des anciens compagnons de Colomb, Alonzo d'Ojéda; il eut une grande part au succès de cette expédition, dans laquelle furent explorées les côtes sept. de l'Amérique du Sud. Il se mit ensuite au service du Portugal, et, dans un voyage qu'il fit par les ordres du roi Emmanuel en 1501, il parcourut toutes les côtes du Brésil, qu'Alvarez Cabral venait de découvrir. Rappelé en Espagne après la mort de Colomb, il fit de nouveaux voyages de découvertes (1507), et mourut en 1512, à Séville, ou, selon une version moins probable, quoique plus répandue, dans l'île de Terceire, en 1516. Il avait rédigé en italien un journal de ses premiers voyages, qui fut publié à Vicence, en 1507 et traduit en français en 1516, puis en latin, en 1532; cette relation lui donna dans toute l'Europe une si grande célébrité que son nom resta attaché au nouveau continent. On a aussi de lui des Lettres, qui ont été rassemblées et publiées avec sa Vie par l'abbé Bandini, Florence, 1745. Le P. Canovai a publié en 1817, à Florence, ses voyages et ses lettres, avec un Éloge, couronné par l'Académie de Florence. Améric Vespuce a disputé à Colomb l'honneur d'avoir découvert le continent; selon ses mémoires, il aurait fait son 1er voyage en 1497, avant celui dans lequel Colomb découvrit la Terre-Ferme, et qui eut lieu en 1498; selon les historiens espagnols, il ne fit ce voyage qu'en 1499, et il n'en fit jamais d'autre. Quoi qu'il en soit, son mérite ne peut être que bien secondaire. Le vicomte de Santarem a publié en 1842 des Recherches historiques sur la découverte du Nouveau-Monde, et notamment sur les prétendues découvertes d'Améric Vespuce, où il démontre la fraude.

AMÉRIQUE, une des 5 parties du monde, la plus grande après l'Asie, et souvent nommée Nouveau Monde, à cause de, sa récente découverte, a pour bornes à l'E. l'Atlantique, à l'O. la mer Pacifique, au N. l'Océan Glacial arctique, et s'étend de 36° à 170° O. pour la longitude, de 82° N. à 54° S. pour la latitude. On ignore sa forme et ses vraies limites au N.; au S. elle se termine en pointe. On la divise en 2 grandes régions : 1° l'Amérique septentrionale (qui a 6700 kil. de long sur 5200 de large); 2° l'Amérique méridionale (5200 sur 4000). Elles sont jointes par l'isthme de Panama. On leur donne env. 60 millions d'hab. L'Amérique septentrionale se divisé en 5 parties Amérique : Amérique anglaise, Amérique danoise, États-Unis, Mexique, Guatemala; il faut y joindre les Antilles, où se trouvent un État indépendant (Haïti), et des possessions françaises, anglaises, danoises, espagnoles, hollandaises. Les principaux États de l'Amérique méridionale sont au nombre de 12 : Équateur, Vénézuela, Nouvelle-Grenade, Guyane, partagée en possessions anglaises, françaises et hollandaises, Pérou, Bolivie (haut Pérou), Chili, Rio-de-la-Plata, Paraguay, Uruguay, Brésil, Patagonie. — Les principales mers qui la baignent, après les 3 grands Océans Atlantique, Pacifique et Glacial arctique, sont : 1° dans l'Océan Atlantique, les mers ou golfes d'Hudson et de Baffin; le golfe du Mexique, la mer des Antilles; 2° dans l'Océan Pacifique, la mer Vermeille ou golfe de Californie, et la mer de Behring, commune à l'Amérique et à l'Asie; 3° dans l'Océan Glacial arctique, les golfes de Mackensie, de Kotzebue, de Georges IV, à peine connus. On doit encore citer les golfes St-Laurent, Campêche, Honduras, Darien, Maracaïbo, Paria Panama; les baies Repulse, de James, Fundy, Delaware, Chesapeak, l'entrée de Cook. Parmi les détroits on remarque ceux de Lancaster-et-Barrow, de la Furie et de l'Hécla, de Davis, de Dease et Simpson, du Dauphin, du Prince-de-Galles, de Banks, de Behring; ceux de Bahama, de la Floride, de l'Yucatan, de Magellan, de Lemaire; parmi les caps, les caps Farewell, San-Roque, Froward, qui sont dans l'Océan Atlantique; Pilar, Blanco Corrientes, du Prince-de-Galles, dans l'Océan Pacifique; des Glaces, Barrow, Bathurst, dans l'Océan Glacial arctique; enfin le cap Horn, à la pointe S. de la Terre de Feu. L'Amérique, qui forme elle-même 2 grandes presqu'îles, offre 9 péninsules secondaires : Melville, Labrador, Nouvelle-Écosse, Floride, Yucatan, Californie, des Tchougatches, d'Alaska, des Tchouktchis. On y compte une foule d'îles : Terre-Neuve ou St-Laurent les Antilles (divisées en Grandes et Petites Antilles), les îles Lucayes ou Bahama, les Malouines, les îles Madre-de-Dios, Chiloé, Gallapagos, de Quadra-et-Vancouver, les Aleutiennes, les Terres arctiques orientales et danoises, comme l'Islande, le Groenland, la terre de Jean-de-Mayen; les Terres arctiques occidentales ou anglaises, où se trouve l'archipel de Baffin-Parry; les archipels de Magellan et de Sandwich, la Géorgie australe, les Orcades australes, le Shetland austral. L’Amérique du N. contient un grand nombre de lacs, dont quelques-uns ressemblent à des mers : les lacs Supérieur, Michigan, Huron, St-Clair, Érié, Ontario, Ouinnipeg, de l’Esclave. On cite en outre dans le Guatimala, le lac de Nicaragua ; dans l’Amérique du S., ceux de Maracaibo et de Titicaca. Les principaux fleuves sont : le St-Laurent, le Mississipi, le Missouri, le Rio del Norte, le Magdalena, l’Orénoque, l’Amazone, l’Uruguay, le San-Francisco, le Rio de la Plata, qui tous se jettent dans l’Océan Atlantique ; le Colombia et le Colorado, tributaires de l’Océan Pacifique ; le Mackensie, que reçoit l’Océan Glacial arctique. Plusieurs chaînes de mont. traversent l’Amérique du N. au S. ; ce sont : 1° dans l’Amérique septentrionale, à l’O., les mont. Rocheuses, qui commencent vers le détroit de Behring et s’étendent jusqu’à l’isthme de Panama, en prenant successivement les noms de Sierra Verde, Sierra de los Mimbres, Sierra de la Madre, etc. ; à l’E., les Alleganys, qui traversent les États-Unis du N. E. au S. O. ; 2° dans l’Amérique méridionale, les Andes ou Cordillères, qui s’étendent sans interruption sur toute la côte baignée par l’Océan Pacifique, depuis l’isthme de Panama jusqu’au cap Froward ; et les mont. du Brésil, dont les principales chaînes sont parallèles à la côte orientale. Les volcans abondent en Amérique, surtout dans le Guatimala et dans les Andes. Le climat est fort varié : très-froid au N. et sur les hauts plateaux, brûlant aux Antilles et sur les côtes du Mexique et du Brésil ; cependant on trouve des neiges éternelles sur les hautes mont. situées sous l’équateur même. De vastes savanes, d’immenses pampas occupent une grande partie du territoire ; des forêts énormes y entretiennent la fraîcheur. L’air est malsain en quelques endroits et cause des maladies endémiques ; la fièvre jaune est fréquente dans certains ports. L’or, l’argent existent en très-grande quantité dans le continent, surtout au Pérou, au Mexique et en Californie ; on y trouve aussi l’étain, le mercure, le plomb, le cuivre, le fer, ainsi que des diamants et des pierres précieuses, surtout au Brésil, au Chili et au Pérou. Le sol est presque partout d’une admirable fertilité et offre d’immenses forêts vierges ; les principales plantes indigènes sont le cactus, le nopal à cochenille, le papayer, le campêche, l’acajou, le quinquina, le caoutchouc, le tabac, le maïs, le topinambour et la pomme de terre ; l’agave, le cacaoyer, la vanille, l’ipécacuanha, la salsepareille, le manioc. L’on y a importé l’ananas, le bananier, la canne à sucre, le caféier, etc., et toutes les plantes utiles d’Europe, d’Asie et d’Afrique. Quelques animaux sont particuliers au Nouveau-Continent : le bison, le jaguar et le couguar, le lama et la vigogne, la sarigue, le tapir, le condor, le serpent à sonnettes, le caïman, le gymnote. Les indigènes, dont le nombre diminue de jour en jour, paraissent appartenir tous à la même race : ils ont pour la plupart la peau couleur de cuivre et sont à peu près sans barbe ; ils sont divisés en peuplades nombreuses, nommées Esquimaux, Iroquois, Algonquins, Hurons, Tchérokis, Chactas, Criks et Natchez, Osages, Sioux, Aztèques, Caraïbes, Araucans, Guaranis, Péruviens, Puelches, Patagons, etc. La plupart de ces peuplades sont restées indépendantes et quelques tribus se font encore redouter ; d’autres (comme les Aztèques, les Péruviens, les Caraïbes) ont à peu près disparu. En général, ce qui reste des indigènes repousse la civilisation ; cependant, plusieurs des peuples antérieurs à la découverte de l’Amérique, notamment les Mexicains et les Péruviens, avaient des connaissances en astronomie, des lois, une espèce d’écriture, une architecture remarquable. Christophe Colomb fit le premier connaître à l’Europe l’existence de ce vaste continent. En 1492, il aborda aux îles Lucayes, et en 1498 il découvrit la Terre-Ferme. Cependant la gloire d’attacher son ne ni à l’Amérique fut réservée à Améric Vespuce, qui eut tout au plus le mérite d’explorer, en 1499, la côte N. E. de l’Amérique du S. et qui publia une relation de son voyage. Il est auj. constant que les pirates scandinaves visitaient déjà le Groënland au VIe siècle, et qu’ils y ont laissé des colonies. Au Xe siècle deux Islandais, Bioern Hersuefson et Leif Erikson, abordèrent dit-on, dans la contrée connue depuis sous le nom de Nouvelle-Écosse et Nouvelle-Angleterre, et reconnurent les caps Cod et Ste-Marthe. Quoi qu’il en soit, ce ne fut qu’au XVe s. que ces vastes contrées furent réellement connues de l’Europe. Les plus célèbres explorateurs de l’Amérique après Colomb furent Fernand Cortez ; Pizarre, Almagro, Pincon, Cabral, Magellan, etc. Dès la fin du XVIe siècle, ils avaient déjà reconnu et conquis presque toutes les côtes des deux continents : en 1500, la Guyane et le Brésil ; en 1512, la Floride ; en 1519, le Mexique ; en 1520, la Patagonie ; en 1526, le Pérou, etc. Au XVIIe siècle, les Protestants anglais, persécutés par les Stuarts, vinrent s’établir dans l’Amérique du N., et y fondèrent des colonies qui, affranchies en 1783, prirent le nom d’États-Unis. On sait quels immenses développements a pris cette confédération ; on sait aussi dans quelle anarchie sont tombés la plupart des États qui étaient autrefois sous la domination espagnole. — La partie septentrionale de l’Amérique est encore mal connue. Lewis et Clarke, Freeman, Pike, de 1797 à 1809, traversèrent les premiers les immenses déserts qui s’étendent au N. O. des États-Unis ; de 1817 à 1830, Franklin et Parry ont beaucoup avancé la reconnaissance de la région arctique qui termine l’Amérique au N. Enfin le passage dit du Nord-Ouest, entre l’Atlantique et l’Océan Pacifique, dont la recherche avait coûté la vie au capitaine Franklin, a été trouvé en 1851 par le capitaine Mac-Lure.

AMÉRIQUE ANGLAISE. Elle comprend : 1° la Nouvelle-Bretagne ; 2° les Terres arctiques anglaises ; 3° les Antilles anglaises ; 4° la Guyane anglaise ; 5° l’archipel de Magellan. L’Angleterre possédait jadis les 13 provinces primitives des États-Unis (V. ce nom). Elle les perdit de 1773 à 1783.

AMÉRIQUE DANOISE. Elle se compose 1° des Terres arctiques danoises, Islande, Jean-de-Mayen, établissement du Groënland ; 2° des Antilles danoises : Ste-Croix, St-Jean et St-Thomas.

AMÉRIQUE ESPAGNOLE. Elle ne consiste plus auj. que dans la possession de Cuba et de Porto-Rico. Jadis le Mexique, la Floride, le Guatimala, la Colombie, le Pérou, la Bolivie, le Chili, le Paraguay, l’Uruguay, le Buénos-Ayres appartenaient aux Espagnols. Ces États ont été tous perdus de 1808 à 1825.

AMÉRIQUE FRANÇAISE. Elle comprend : 1° la Guyane française ; 2° les Antilles françaises, savoir : la Guadeloupe, la Martinique le groupe des Saintes, Marie-Galande, la Désirade, Petite-Terre, St-Martin et le groupe de St-Pierre et Miquelon. Jadis la France possédait la Louisiane, le Canada, Terre-Neuve et une partie de St-Domingue. Elle perdit le Canada et Terre-Neuve de 1760 à 1763, la Louisiane par vente aux États-Unis en 1803, et sa part de St-Domingue dans la Révolution.

AMÉRIQUE HOLLANDAISE. Elle consiste : 1° dans la Guyane hollandaise ; 2° dans plusieurs îles divisées en groupe de Curaçao et groupe de St-Eustache.

AMÉRIQUE RUSSE (ancienne), vendue aux États-Unis en 1867, s’appelle aujourd’hui Terre d’Aliaska et occupe toute la partie N. O. du continent : pays des Esquimaux, Kitègnes, Tchouktchis, Konaigues, Kénaïzes, Tchougatches, Ougatachmiouts, Koluches, et les archipels des Aléoutes, des Koluches ; Sitka, le groupe de Tchalkha, de Kodiak.

AMÉRIQUE SUÉDOISE : l'île de St-Barthélemy.

AMERKOTE, v. forte de l’Hindoustan, dans le Sindhy, à 120 kil. E. d’Hayderabad, par 25° 20' lat. N., 67° 29' long. E. Patrie d’Akbar.

AMERSFOORT, v. de Hollande (Utrecht), ch.-l. d’arr., sur l’Eem, à 20 kil. N. E. d’Utrecht ; 9000 hab. Grand commerce de transit. Patrie de Barneveldt.

AMFREVILLE-LA-CAMPAGNE, ch.-l. de c. (Eure), à 20 kil. O. de Louviers ; 516 hab. Céréales. - AMFREVILLE-SOUS-LES-MONTS, petite comm. du même dép., dans le cant. de Fleury-sur-Andelle, près de la côte des Deux-Amants ; 415 hab.

AMHARA, partie de l’Abyssine située vers les sources du fleuve Bleu, à l’O. du Tacazzé, a pour capit. Gondar. On y parle une langue particulière connue sous le nom d’amhara.

AMHERST (JEFFERY, lord), général anglais, d’une ancienne famille, né à Kent en 1727, mort en 1798, fut gouverneur de la Virginie, puis commanda en chef les forces anglaises en Amérique, et se rendit maître de tout le Canada. Il fut en récompense créé chevalier du Bain et baron d’Amherst, et enfin élevé en 1791 à la dignité de feld-maréchal. - Son neveu, W. Pitt, comte d’Amherst, 1773-1857, fut chargé en 1816 d’une mission en Chine, mais ne put obtenir audience de l’empereur, parce qu’il ne voulut pas se soumettre à des conditions humiliantes. Il fut nommé en 1823 gouverneur général des Indes orientales, et fit la première expédition contre l’empire d’Annam.

AMHERST-TOWN, v. de l’Inde anglaise transgangétique, sur le golfe de Martaban, près de l’embouchure du Salouen. Bâtie en 1826 par les Anglais, elle compte déjà 20 000 hab.

AMIDA, v. de Mésopotamie, et auj. Diarbek.

AMIÉNOIS, partie de la Haute-Picardie qui occupe auj. le milieu du dép. de la Somme, formait sous les Carlovingiens un comté qui contenait Amiens, Conti, Poix, Doulens, Picquigny, Rubempré. Les comtes d’Amiens furent vassaux de l’évêque jusqu’en 1185 ; Philippe-Auguste unit alors le comté à la couronne ; Charles VII le céda par traité à Philippe le Bon, duc de Bourgogne, 1435 ; la mort de Charles le Téméraire le rendit à Louis XI, 1477, et il lui fut assuré par le traité d’Arras, 1482.

AMIENS, Samarobriva, puis Ambiani, ch.-l. du dép. de la Somme, jadis capit. de la Picardie, sur la Somme, à 128 kil. N. de Paris (131 par Beauvais ; 147 par le chemin de fer) ; 58 780 hab. Évêché, suffragant de Reims ; cour d’appel et tribunaux ; lycée, académie, musée de peinture, jardin botanique, bibliothèque. Magnifique cathédrale, construite au XIIIe siècle ; citadelle en ruines. Belle promenade de la Hotoie. Nombreuses manufactures : tissus de toutes espèces, filatures, huiles de graines, tanneries, brasseries ; grand commerce. Patrie de Pierre-l’Ermite, Rohault, dom Bouquet, Voiture, Ducange, Gresset, Wailly, Gribeauval, Delambre. - Résidence de Clodion, qui mourut en 448 ; ravagée par les Normands au IXe siècle. Amiens fut au moyen âge la capit. d’un comté particulier (V. AMIÉNOIS). Cette ville entra dans la Ligue dès 1588, et ne se soumit qu’en 1592. Prise par les Espagnols en 1597, elle fut reprise la même année par Henri IV. Il y fut signé le 27 mais 1802 un célèbre traité de paix entre la France, l’Angleterre, l’Espagne et la Hollande : la France gardait ses conquêtes, sauf Rome, Naples et l’île d’Elbe ; l’Angleterre restituait ses conquêtes coloniales, à l’exception de Ceylan et de la Trinité ; Malte était rendue aux chevaliers de Malte ; l’Espagne et la Hollande recouvraient leurs colonies.

AMILCAR, nom commun à plusieurs généraux carthaginois qui se distinguèrent dans les guerres puniques. Le plus célèbre est Amilcar Barca, qui fut père du grand Annibal, et qui joua un grand rôle dans la première guerre punique ; il désola pendant cinq ans la Sicile, que les Romains disputaient à Carthage ; mais enfin il fut vaincu par le consul Lutatius, près des îles Égades, dans un combat naval qui mit fin à cette guerre (242). De retour dans sa patrie, il étouffa la révolte des mercenaires qui avaient pris plusieurs villes et assiégé Carthage. Il passa ensuite en Espagne, subjugua les peuples les plus belliqueux de cette contrée, et y bâtit, dit-on, une ville qu’il appela, d’après le nom de sa famille, Barcino (Barcelone). Comme il se disposait à porter la guerre en Italie, il fut tué dans une bataille par les Vettones, l’an 228 av. J.-C. Ce général avait fait jurer à son fils Annibal, dès l’âge de 9 ans, une haine implacable aux Romains.

AMIOT (le P.), jésuite, missionnaire en Chine, né à Toulon en 1718, arriva à Macao en 1750, et alla l’année suivante à Pékin, où il resta jusqu’à sa mort, en 1794. Il était très-versé dans les langues chinoise et tatare, dans les mathématiques, l’histoire et les arts de la Chine. Nous avons de lui : Éloge de la ville de Moukden, trad. du chinois, 1770 ; Art militaire des Chinois, 1772 ; plusieurs ouvrages sur la Typographie et la Musique des Chinois ; Vie de Confucius (formant le tome XII des Mémoires sur les Chinois) ; Dictionnaire tatar-mandchou et français, 1789 ; Grammaire de la langue tatare-mantchoue, etc. - Célèbre traducteur. V. AMYOT.

AMIRAL, de l’arabe emir al bahr, commandant de la mer, est le nom que porte le commandant d’une flotte ou d’une escadre. Il a sous ses ordres un vice-amiral qui commande l’avant-garde, et un contre-amiral qui commande l’arrière-garde. V. pour plus de détails notre Dictionnaire des Sciences.

AMIRANTE, Almirante, titre d’un grand officier d’Espagne équivalant à celui de grand amiral. Il y eut d’abord deux amirautés, celui de Castille et celui de Séville, auj. il n’y en a plus qu’un. Ce titre se donnait ordinairement à l’infant d’Espagne.

AMIRANTES (les), groupe de 12 petites îles dans la mer des Indes, situé par 51° 21’-52° 50’long. E. ; 5°-6° 13’.lat. S. Il fait partie des Seychelles et appartient aux Anglais.

AMIRAUTÉ. On nommait ainsi en France et on nomme encore ainsi en Angleterre l’Administration spéciale de la marine, ayant juridiction sur toutes les personnes attachées au service de la mer.

AMIRAUTÉ (île de l’), grande île de l’Amérique du N., sur la côte O., entre le continent et l’archipel du Roi-Georges, par 137° 10’-137° 48’long. O., 57° 2’-58° 24’lat. N. Elle a 320 kil. de tour et appartient aux Anglais. Découverte par Vancouver en 1794.

AMIRAUTÉ (îles de l’), groupe d’îles de la Polynésie, au N. de la Nouvelle-Bretagne, par 144° 30’long. E., 2° 12’lat. S., se compose de 25 ou 30 îles, la plupart désertes. Habitants noirs, presque nus, assez adroits navigateurs. - Découvertes par les Hollandais en 1616 ; visitées par Carteret en 1767 ; par Morello, 1781 ; par d’Entrecasteaux, 1793. La plus grande, dite île de la Grande Amirauté, a 100 kil. de long.

AMIS (île des), dans l’Océanie. V. TONGA.

AMIS (Société des). V. QUAKERS.

AMISIA, v. de Germanie, est auj. Emden.

AMISIUS, riv. de Germanie, auj. l’Ems.

AMISUS, Samsoun, v. du roy. de Pont, sur un golfe du Pont-Euxin, à l’O., fut fortifiée et agrandie par Mithridate. Lucullus s’en empara en 71 av. J.-C.

AMITERNUM, auj. San-Vittorino, v. de l’Italie anc. au N. N. E. de Rome, dans le pays des Sabins, au pied de l’Apennin. Patrie de Salluste.

AMMAN, Rabbath-Ammon dans la Bible, Philadelphia chez les Grecs, v. de Turquie d’Asie (Damas), à 90 kil. N. E. de Jérusalem, jadis capit. des Ammonites. Prise par David en 1035 av. J.-C. ; c’est là qu’Urie fut tué. Ptolémée-Philadelphe l’embellit et lui donna son nom. Belles ruines.

AMMAN (J. Conrad), médecin, né à Schaffhouse en 1669, mort vers 1730, exerça la médecine à Amsterdam, s’occupa avec succès de l’éducation des sourds-muets, et publia Surdus loquens, Amst., 1692, De Loquela ; 1700 (trad. en français en 1779).

AMMIEN-MARCELLIN, historien latin, né à Antioche vers 320, mort en 390 à Rome, fit longtemps la guerre en Germanie et dans les Gaules, et accompagna l’empereur Julien dans son expédition en Perse. Il quitta ensuite le métier des armes, vint s'établir à Rome, et y composa, sous le titre de Rerum gestarum libri XXXI, une Histoire qui va depuis Nerva jusqu'à Valens, 96-378. Les 13 premiers livres sont perdus, mais il reste les plus importants, ceux où l'auteur parle de son temps (352-378). Le style de cette histoire se ressent de la barbarie de l'époque ; mais l'ouvrage jouit d'une grande autorité, parce que l'auteur rapporte, surtout dans ses derniers livres, ce qu'il avait vu lui-même. Il parle avec une telle modération du Christianisme et du Paganisme que l'on ne peut deviner par ses écrits quelle religion il professait. Ammien avait aussi publié en grec un ouvrage sur les historiens et les orateurs de la Grèce ; il n'en reste qu'un fragment, découvert au XVe siècle par le Pogge. L'ouvrage d'Ammien-Marcellin fut imprimé pour la première fois à Rome en 1474, par A. Sabinus. On estime l'édition Variorum, avec notes de Wagner, Leips., 1808, 3 vol. in-8. Il a été trad. en français par de Moulines, Berlin, 1775, par Savalette Paris, 1848, et se trouve dans la collection Panckouke et dans celle de M. Nisard (où il a été traduit par M. Fleutelot).

AMMIRATO (Scipion), historien italien, né en 1531 à Lecce, dans le roy. de Naples, mort à Florence en 1601. Après avoir quelque temps mené une vie fort aventureuse, il s'attacha au grand-duc Côme I, qui le chargea d'écrire l'histoire de Florence. Afin qu'il ne fût distrait par aucun soin, le cardinal Ferdinand de Médicis le logea dans son palais et le pourvut d'un bon canonicat. Son Histoire de Florence, en 35 livres, va jusqu'en 1574 ; elle fut publiée en deux parties, Florence, 1600 et 1641, in-fol. Cet auteur laissa quelques autres écrits qui furent publiés après sa mort par son neveu, Bianchi Ammirato, connu sous le nom d'Ammirato le Jeune.

AMMON, c'est-à-dire Soleil, en phénicien, dieu adoré chez les peuples de la Libye, surtout dans la grande oasis qui prit depuis le nom d’Oasis de Jupiter-Ammon (auj. de Syouah), où il avait un temple dont les oracles étaient célèbres. On le représentait avec des cornes de bélier. Alexandre visita son temple et se fit proclamer par l'oracle fils de Jupiter-Ammon. V. SYOUAH. — V. de Syrie. V. AMMAN.

AMMONITES, peuple infidèle, issu d'Ammon, fils de Loth, habitait à l'E. de la demi-tribu orient. de Manassé, et avait pour capit. Rabbath-Ammon. Ils furent presque toujours en guerre avec les Israélites. Jephté, Saül et David les battirent à plusieurs reprises; enfin Joab les extermina.

AMMONIUS SACCAS, philosophe d'Alexandrie, du IIIe siècle après J.-C., mort vers 241. Quoiqu'il fût né dans la pauvreté et qu'il eût été d'abord forcé de faire le métier de portefaix pour vivre (d'où le nom de Saccas ou Saccophore), il se livra avec ardeur à l'étude de la philosophie; il chercha à concilier les doctrines de Platon et d'Aristote, en y mêlant les doctrines orientales, et fut ainsi le fondateur de l'éclectisme néoplatonicien. Il n'a laissé aucun écrit, mais il eut pour disciple Longin, Origène et Plotin. Ce dernier a en partie reproduit sa doctrine. Il paraît qu'Ammonius, après s'être fait chrétien, retourna au paganisme. On a de M. Dehaut : Vie et doctrine d'Amm. Saccas, Bruxelles, 1836.

AMMONIUS, fils d'Hermias, philosophe éclectique, disciple de Proclus, vécut vers le milieu du Ve siècle, et laissa des commentaires estimés sur les livres de l’Interprétation d'Aristote (Venise, 1503, 1546), et sur le traité Des cinq universaux de Porphyre (Venise, 1500 et 1546), ainsi qu'un livre De Fato, publié avec plusieurs autres traités sur le même sujet par J. C. Orelli, Zurich, 1824. On a aussi sous le nom d'Ammonius une Vie d'Aristoteää.

AMMONIUS, grammairien grec qu'on place au IVe siècle de J.-C., est auteur d'un traité des Synonymes grecs, publié par Walkenaer, à Leyde, 1739, et trad. en français par A. Pillon, 1824 et 1847. C'était un prêtre païen d'Égypte, qui, après la destruction des temples, se réfugia à Constantinople, en 389.

AMNON, fils aîné de David, conçut un amour incestueux pour sa sœur Thamar et lui fit violence. Absalon le tua pour venger cet affront (1026).

AMOL, v. de Perse (Mazanderan), à 40 kil. O. de Balfrouch, sur l'Herrouz; 35 000 hab. Restes d'un palais de Schah-Abbas; 3 tours consacrées au culte du feu par les Guèbres. — Ville du Khoraçan, sur la rive g. du Djihoun, à 110 kil. S. O. de Bokhara. Peuplée et commerçante. Prise par Tamerlan en 1392.

AMON, roi de Juda (640-639), fils de Manassé, imita les impiétés de son père, et fut assassiné par ses propres serviteurs, à l'âge de 24 ans.

AMONTONS (Guillaume), physicien, né à Paris en 1663, mort en 1705. Étant devenu sourd dans sa jeunesse, il chercha une consolation dans l'étude et s'appliqua avec succès aux mathématiques, à la physique et à la mécanique. Il publia en 1695 des Expériences sur une nouvelle clepsydre, sur les baromètres, les thermomètres et les hygromètres, perfectionna ces divers instruments, construisit un thermomètre à air, eut l'idée des machines à vapeur et imagina le télégraphe aérien, invention qui ne fut utilisée que beaucoup plus tard (V. CHAPPE). Il fut reçu en 1699 à l'Académie des sciences.

AMORBACH, v. de Bavière, à 34 kil. S. d'Aschaffenbourg; 3500 hab. Grande abbaye de Bénédictins, auj. résilience du prince de Leiningen.

AMORETTI (l'abbé), savant génois, 1741-1816, professa d'abord le droit canonique à Parme, mais quitta bientôt cet enseignement pour les sciences naturelles et s'appliqua surtout à la minéralogie. On a de lui des Recherches sur la tourbe, le lignite et le charbon fossile, un Voyage aux trois lacs (lac Majeur, de Lugano, de Côme), et une Histoire de Léonard de Vinci, 1794.

AMORGO, Amorgos, île de I'Archipel, une des Cyclades mérid., entre Naxie et Stampalie, avec une v. du même nom; 2600 hab. Patrie de Simonide.

AMORIUM, v. de Galatie, chez les Tolistoboii, à l'O. du Sangarius. On y fait naître Ésope.

AMOROS (don Franç.), colonel espagnol, né en 1770 à Valence, mort en 1848 avait servi honorablement dans les armées espagnoles. Il fut chargé en 1807 de l'éducation de l'infant don François de Paule, se déclara en 1808 pour le roi Joseph, qui le fit intendant général de la police, puis ministre de l'intérieur, vint se fixer en France au retour de Ferdinand VII, et introduisit dans notre armée et dans nos écoles les exercices gymnastiques, dont il avait déjà fait d'heureux essais en Espagne. On a de lui un bon Manuel de Gymnastique, 1836.

AMORRHÉENS, peuple de Palestine, descendant d'Amor, fils de Chanaan, habitaient au S. E. du pays de Chanaan. Ils furent soumis par Moïse.

AMOS, le 3e des 12 petits prophètes, était un pasteur de Thécué, prés de Jérusalem. Il prophétisa sous le règne d'Osias, roi de Juda, et fut mis à mort par un prêtre de Béthel, vers 785 av. J.-C.

AMOU, ch.-l. de cant. (Landes), à 23 kil. S. O. de St-Sever, sur le Luy. ; 1036 hab. Vin, estimé.

AMOU-DARIA ou DJIHOUN, Oxus. V. DJIHOUN.

AMOUN, dieu égyptien, le même qu’Ammon.

AMOUR, divinité païenne. V. CUPIDON.

AMOUR (Saghalien en mandchou, Helong-Kiang en chinois, Argoun en russe), grand fleuve d'Asie, dans la Mongolie et la Russie d'Asie, prend sa source aux monts Kinhan, par 40° 30' lat. N.; court au S. E., puis au N., traverse le lac Koulon, arrose la Mantchourie, reçoit le Gan, la Chilka, le Songari, et, après 4000 kilom. de cours, tombe dans la mer d'Okhotsk, vis-à-vis de l'île de Tchoka. En 1854, les Russes se sont fait céder par les Chinois toute la rive septentr. de l'Amour et ont fortifié l'embouchure du fleuve. On a de M. de Sabir, Le fleuve Amour, in-4o, 1861.

AMOUREUX (Guerre des), guerre religieuse qui eut lieu en France dans le courant de 1580. Les Protestants, ayant à leur tête Henri de Navarre, y obtinrent quelques succès, qui furent compensés par des revers ; elle fut terminée par le traité de Fleix. (26 novembre). Elle tire son nom des intrigues de galanterie qui y donnèrent lieu.

AMOY, v. et port de Chine. V. ÉMOUÏ.

AMPAZA, État portugais du Zanguebar, entre l'équateur et Mélinde, a pour capit. une v. de même nom.

AMPÉLIUS (Lucius), écrivain latin du Ve siècle, auteur du Liber Memorialis, qui contient des notions abrégées sur le monde, les éléments et l'histoire, et qui a été publié par Saumaise, Leyde, 1638, par Wolfin, Leips., 1854 ; a été traduit par Verger, 1843.

AMPÈRE (André-Marie), savant, né en 1775, à Polémieux, près de Lyon, mort en 1836, était fils d’un honorable négociant, qui fut exécuté en 1793 comme aristocrate. Il montra un goût précoce pour les sciences, enseigna d'abord les mathématiques et la physique à Bourg et à Lyon, devint en 1805 répétiteur d'analyse à l’École polytechnique, fut admis à l’Institut en 1814, fut nommé vers 1820 professeur de physique an collège de France, et enfin inspecteur général de l'Université. Il avait commencé à se faire connaître dès 1802 par des Considérations sur la théorie mathématique du jeu, avait publié en 1816 un excellent Essai sur la classification des corps simples, et avait présenté à l’institut de beaux travaux d'analyse ; mais il se rendit surtout célèbre par les développements qu'il donna à la découverte d’Œrsted sur l’électro-magnétisme : généralisant aussitôt cette découverte, il reconnut dès 1820 que, sans aucune intervention de l'aimant, deux fils parcourus par l’électricité agissent l’un sur l’autre, et il indiqua en 1822 l’emploi de la pile pour la transmission des dépêches, découvrant ainsi le principe de la télégraphie électrique. Il publia en 1826 la Théorie des phénomènes électro-dynamiques déduite de l'expérience. Ampère embrassait dans ses études toutes les branches de la science, aussi bien les sciences psychologiques et morales que les sciences mathématiques et naturelles : il essaya d'en présenter la classification, et publia un Essai sur philosophie des sciences, 1834, dont une 2e partie a été publiée après sa mort par son fils. Ce savant se faisait remarquer par une certaine bizarrerie et par des distractions singulières. Arago a donné son Éloge (1839). B. St-Hilaire la Philosophie des deux Ampères (1866)

AMPÈRE (Jean-Jacques), littérateur, fils du précédent, né à Lyon en 1800, mort en 1864 ; fut professeur au Collège de France, membre de l’Acad. des inscriptions et belles-lettres et de l'Acad. française. On a de lui des Poésies, des récits de Voyages, et des ouvrages estimés de critique littéraire et d’histoire (Hist. littér. de la France avant le xiie siècle, 1839, 3 vol. in-8o ; Hist. de la format. de la langue fr., 1841, 8° ; la Grèce, Rome et Dante, 1848, in-18 ; l'Histoire romaine de Rome, 4 vol. 8°, 1858 et suiv.)

AMPFING, vge de Bavière, à 8 kil. O. de Muhldorf. Louis V de Bavière y battit Frédéric d'Autriche (1322). Le général Moreau y eut en 1800 un engagement avec les Autrichiens.

AMPHIARAÜS, fameux devin, fils d’Oïclée et d'Hypermnestre, disputa le trône d'Argos à Adraste, le partagea avec lui et épousa sa sœur Ériphyle. Lorsque Adraste, à la prière de Polynice, son gendre, eut déclaré la guerre à Thèbes, Amphiaraüs, instruit par les dieux qu’il périrait dans cette expédition, se cacha pour se soustraire au sort qui le menaçait ; mais Ériphyle, séduite par le don d'un collier précieux, découvrit à Polynice le lieu de sa retraite. Amphiaraüs, forcé de marcher contre Thèbes, fit, en partant, promettre son fils Alcméon de le venger en faisant périr Ériphyle. Il fut englouti dans la terre en voulant sortir de la mêlée. Après sa mort, il reçut les honneurs divins : un temple lui fut élevé à Orope, en Béotie, à la place


même où il avait été englouti ; il y rendit des oracles.

AMPHICTYON, un des fils de Deucalion et de Pyrrha, partagea avec Hellen, son frère, les États de Deucalion, obtint l'orient, et régna aux Thermopyles vers le XVIe siècle av. J.-C. On le regarde comme le fondateur de l'amphictyonie des Thermopyles. On a cru que c'était le même que l'Amphictyon, gendre de Cranaüs, qui régna sur l’Attique après ce prince ; cependant on place le règne de celui-ci un peu plus tôt, de 1585 à 1573 av. J.-C.

AMPHICTYONIE, nom donné à plusieurs associations politiques et religieuses qui, dans l'origine, étaient établies auprès des temples de la Grèce fréquentés par plusieurs peuplades, afin de veiller à la célébration des fêtes et d’empêcher toute hostilité. Chacun des États voisins du temple y envoyait ses députés. Les amphictyonies les plus célèbres étaient celles d'Argos, près du temple de Junon ; des Thermopyles, près du temple de Cérès, et de Delphes, près du célèbre oracle d'Apollon. Dans la suite, ces deux dernières se confondirent et formèrent le Conseil des Amphictyons. V. l'article suivant.

AMPHICTYONS (Conseil des), assemblée générale de la Grèce propre, composée de députés représentant les peuples confédérés de cette contrée. Les peuples qui y prirent part originairement étaient : les Thessaliens, les Perrhèbes, les Magnètes, les Achéens de la Phthiotide, les Dolopes, les Maliens, les Énianes du mont Œta, les Locriens, les Phocidiens, les Béotiens, les Doriens et les Ioniens. Les Amphictyons se réunissaient deux fois par an : au printemps à Delphes ; en automne au bourg d'Anthéla près des Thermopyles (d'où le nom de Pylagores, qu'on leur donne quelquefois). On fait remonter la fondation de ce conseil à Amphictyon, qui régnait aux Thermopyles vers le XVIe siècle. Le but de cette réunion était d'’examiner les affaires de la Grèce, de prévenir les guerres, de juger toutes sortes de causes, principalement les attentats contre le droit des gens et la sainteté du temple de Delphes. Si les nations condamnées par un arrêt des Amphictyons n'obéissaient pas, l'assemblée était en droit d'armer contre le peuple rebelle toute la confédération et de l'exclure de la Ligue amphictyonique. Le Conseil des Amphictyons fit entreprendre plusieurs guerres sacrées (V. ce mot) : l'une d'elles fournit à Philippe l'occasion d’entrer dans le Conseil et d'intervenir dans les affaires de la Grèce.

AMPHILOCHIUM ARGOS. V. ARGOS.

AMPHILOQUE, fils d’Amphiaraüs, fut comme son père devin à Argos, prit part à la guerre de Troie et à celle des Érigones et fonda, en Acarnanie la ville d’Argos-Amphilochium.

AMPHION, fils d’Antiope, femme de Lycus, roi de Thèbes, naquit de son commerce adultère avec Jupiter ou plutôt avec Épopée, roi de Sicyone. Il fut, ainsi que son frère Zethus, abandonné dans son enfance sur le Mont Cithéron et élevé par des bergers. Devenus grands, tous deux vengèrent sur Lycus les tourments qu’il avait fait souffrir à leur mère ; puis ils s'emparèrent de Thèbes et y régnèrent conjointement. Sous eux, ce royaume acquit une nouvelle splendeur et les arts y fleurirent. Amphion excellait dans la musique ; il avait, disent poëtes, reçu d'Apollon une lyre d’or, au son de laquelle il bâtit la ville de Thèbes : les pierres, sensibles à la douceur de ses accents, venaient d'elles-mêmes se placer les unes sur les autres. Amphion avait épousé Niobé, fille de Tantale ; il en eut 14 enfants qui furent tous tués par Apollon et Diane, en punition de l’orgueil de leur mère. Désespéré de cette perte, il fut tué dans une sédition.

AMPHIPOLIS, Iamboli, v. de la Macédoine sept. près de l'embouchure du Strymon, qui l'entourait presque entièrement, était un des boulevards de l’empire macédonien. Elle avait appartenu aux Athéniens depuis Cimon ; Philippe la leur enleva en 358 av. J.-C. Patrie de Zoïle et de Pamphyle. AMPHISSA, Salona, capit. des Locriens Ozoles, au N. O. de Delphes. Les Amphissiens ayant violé le territoire du temple de Delphes, les Amphictyons leur déclarèrent la guerre : Philippe, qui s’était, fait décerner le commandement, prit et rasa leur ville, 339. Auguste la releva. C’est auj. une v. du roy. de Grèce (Phocide), avec évêché ; 8000 hab.

AMPHITRITE, déesse de la mer, fille de Nérée ou de l’Océan et de Doris, était l’épouse de Neptune. On la dépeint se promenant sur les eaux, dans un char en forme de coquille traîné par des dauphins ; elle est accompagnée par les Tritons et les Néréides.

AMPHITRYON, roi de Tirynthe, en Argolide, était fils d’Alcée et petit-fils de Persée. Il obtint d’Électryon, roi de Mycènes, la main de sa fille Alcmène, après l’avoir méritée en combattant les Téléboens qui avaient massacré les fils du roi. Ayant tué involontairement son beau-père dans une querelle, il se retira à Thèbes. Il commanda les Thébains dans plusieurs expéditions. Pendant une de ses absences, Jupiter trompa Alcmène, sa femme, en prenant la figure du mari ; peu après, la princesse mit au monde deux jumeaux, Hercule, fils de Jupiter, et Iphiclès, fils d’Amphitryon. L’aventure d’Amphitryon a été mise sur la scène par Plaute et par Molière.

AMPHRYSUS, petite riv. de Thessalie, en Magnésie, se jetait dans le golfe Pagasétique. C’est sur ses bords qu’Apollon fit paître les troupeaux d’Admète, d’où lui vient le surnom d’Amphrysius.

AMPLEPUIS, petite v. de France (Rhône), à 11 kil. N. O. de Tarare ; 2126 hab. Toiles.

AMPOULE (SAINTE), d’ampla olla, grand vase ; ou plutôt de l’ancien mot saxon ampel, coupe, fiole contenant une huile sacrée que l’on conservait dans la cathédrale de Reims et qui servit au sacre de nos rois jusqu’à la Révolution. Au rapport d’Hincmar, qui vivait trois siècles après Clovis, un ange, sous la forme d’une colombe, aurait a porté cette fiole à S. Remy pour oindre le front de Clovis lors de son sacre. Ni les contemporains, ni Grégoire de Tours, ne parlent de ce miracle. En 1793 le représentant Ruhl s’empara de la sainte Ampoule et la brisa.

AMPSAGAS, auj. Oued-el-Kébir et Oued-Rummel, riv. de la Numidie, passait à Cirta (Constantine) et se jetait dans la Méditerranée, au S. O. du promontorium Tretum (cap Bugaroni).

AMPSANCTI VALLES, vallée du Samnium, chez les Hirpini avait un lac d’où s’échappaient des exhalaisons méphitiques ; on regardait ce lac comme un des soupiraux des Enfers — c’est auj. le Lago d’Ansante.

AMPURIAS, Emporiæ, c.-à-d. entrepôt, bourg de Catalogne, sur le Llobregat, à 40 kil. N. E. de Girone ; 2000 hab. Place très-commerçante sous les Romains.

AMRETSIR, jadis Tchak, puis Bamdaspour, ancienne capit. des Seikhs, à 70 kil. E. de Lahore, sur la route du Caboul au Delhi, a 13 k. de tour et env. 124 000 hab. Grand entrepôt du commerce des châles de cachemire ; safran, sel gemme et autres denrées de l’Hindoustan. Amretsir est le principal siège de la religion de Nânek et la ville sainte des Seikhs ; Gourou-Govind y a un temple célèbre, où l’on conserve le livre des lois de Nânek.

AMRI, roi d’Israël, était d’abord général du roi Éla. Ayant appris, pendant le siège de Gebbéthon, que Zamri venait d’assassiner ce prince et de s’emparer du roy. d’Israël, il se fit proclamer roi lui-même marcha contre l’usurpateur et l’obligea de se brûler dans son palais. Il eut encore un autre compétiteur, Thebni, qui lui disputa quatre ans la couronne ; mais, celui-ci ayant aussi été tué, Amri resta seul possesseur de la souveraineté. Il régna 12 ans, depuis 930 jusqu’à 918 av. J.-C. (ou, selon l’Art de vérifier les Dates, de 918 à 907). Il résida 6 ans à Thirsa, puis il bâtit Samarie et y transporta le siège de son empire. Amri fut père d’Achab.

AMROU, un des plus grands généraux des premiers temps de l’Islamisme, avait d’abord été l’ennemi acharné de Mahomet. Il conquit l’Égypte, la Nubie, et une partie de la Libye (636-40), et fut nommé gouverneur de l’Égypte par Mohavia, qu’il avait placé sur le trône des califes. Il fonda le Vieux-Caire et fit exécuter un canal qui réunissait la mer Rouge à la Méditerranée, canal que les Turcs ont laissé détruire. C’est lui qui, sur l’ordre d’Oman, brilla, dit-on, la bibliothèque d’Alexandrie. Il mou-rut en 663.

AMSCHASPANDS, bons génies de la religion de Zoroastre, ministres d’Ormuzd, étaient opposés, aux Darvands ou Deys. On en comptait sept.

AMSTEL, petite riv. de Hollande, formée du Drecht et du Mydrecht, baigne Amsterdam, qui lui doit son nom, et se jette dans le golfe de l’Y.

AMSTELODAMUM, nom latinisé d’AMSTERDAM.

AMSTERDAM, Amstelodamum en latin moderne, la v. la plus importante de la Hollande, ch.-l. de la prov. de Hollande septentr., sur l’Amstel qui lui donne son nom, et sur le golfe de l’Y ; environ 280 000 hab. La ville est tout entière bâtie sur pilotis ; elle est sillonnée par un grand nombre de canaux qui la partagent en 90 îles qu’unissent 280 ponts ; elle a un vaste port, l’un des plus sûrs de l’Europe, et de grands chantiers de construction. On y admire un grand nombre de monuments (la Vieille église, l’église Neuve, l’église de l’Ouest, l’ancienne Maison de Ville, la bourse, l’arsenal, le Lombard, etc. ; le Heeren-Gracht, le Keisers-Gracht, le Kalverstraat, le Nievedek, la porte d’Harlem, les quais le long de l’Y). On y trouve beaucoup d’établissements scientifiques, littéraires, philanthropiques : l’instruction primaire surtout y est très-florissante. Son commerce est très-vaste, quoique ayant perdu de son étendue. Son industrie consiste surtout en fabriques de cordages, savons, bijouterie, taille de pierres précieuses ; fonderies de fer, brasseries, raffineries de sucre, manufactures de tabac. Chemin de fer pour Harlem, Leyde, La Haye, Utrecht, Arnheim, etc. Patrie de Spinosa. — Amsterdam n’était encore au XIIe siècle qu’un village de pêcheurs ; elle ne fut entourée de murs qu’en 1482. Soumise à l’Espagne jusqu’en 1578, elle entra alors dans le parti dés indépendants ; à partir de cette époque, elle s’éleva à la plus haute prospérité. Elle fonda en 1609 une célèbre banque, ainsi que les fameuses compagnies des Indes occident. et orientales. Prise par les Prussiens en 1787, par les Français en 1795, elle devint en 1808 la capit. du nouveau roy. de Hollande. Elle fut sous l’empire français le ch.-1. du dép. du Zuyderzée, et fut proclamée officiellement 3e ville de l’Empire (1810-1814). Elle fut en 1814 rendue au roi des Pays-Bays. Quoiqu’elle soit toujours la ville principale de la Hollande, le gouvernement réside à La Haye.

AMSTERDAM (NOUVELLE-), v. forte et port de la Guyane anglaise, ch.-l. de gouvt. à l’embouchure du fleuve Berbice ; environ 3000 hab. Fondée par les Hollandais, elle est aux Anglais depuis 1814.

AMULIUS, fils de Procas, roi d’Albe, frère puîné de Numitor, détrôna son frère (vers 796 av. J.-C.), et força Rhéa Sylvia, sa nièce, à se faire vestale. Celle-ci cependant eut commerce avec le dieu Mars, et en eut deux fils, Romulus et Rémus, qui, devenus grands, mirent à mort Amulius, et rétablirent Numitor sur le trône, 754 av. J.-C.

AMURAT I ou MOURAD, l’un des plus grands princes des Ottomans, né en 1319, succéda à son père Orkhan en 1360, enleva aux Grecs toute la Thrace, s’empara d’Andrinople, où il établit le siége de son empire en 1362, battit en plusieurs rencontres les Serviens, les Bulgares et les Hongrois, et remporta sur ces peuples confédérés une grande victoire à Cassovie, 1389 ; mais il fut tué après le combat par un soldat serbe. Il avait gagné 37 batailles. On lui attribue la création du corps des janissaires et de la charge de grand vizir.

AMURAT II, dit le Juste, fils et successeur de Mahomet I, monta sur le trône en 1421, battit et mit à mort Mustapha, imposteur qui se disait fils de Bajazet et qui lui disputait la couronne; assiégea Constantinople, mais sans succès; s'empara de Smyrne, ravagea la Morée, prit d'assaut Thessalonique en 1429, rendit tributaires les princes de Bosnie et d'Albanie, et battit en 1444, à Varna, Ladislas, roi de Hongrie, et, en 1448, Jean Hunyade, dans les plaines de Cassovie; mais il se vit arrêté dans le cours de ses succès par Scanderbeg, prince d'Épire. Il mourut à Andrinople en 1451. Il avait plusieurs fois abdiqué l'empire, mais chaque fois les revers qu'éprouvaient les ottomans en son absence le forcèrent à se remettre à la tête des affaires.

AMURAT III, succéda à son père Sélim II, et régna de 1574 à 1595. Son premier acte fut de faire étrangler ses cinq frères, tous en bas âge. Il fit avec succès la guerre aux Persans, et leur enleva Tauris et trois provinces. Son grand vizir, Sinan-Pachas s'empara, en Hongrie, de la place importante de Raab, après avoir battu l'archiduc Mathias (1594).

AMURAT IV, succéda à Mustapha, son oncle, en 1623 et porta au plus haut point la puissance ottomane. Il réduisit les Druzes, fit la guerre aux Polonais, puis aux Persans, et enleva Bagdad à ces derniers, en 1638. Il permit ouvertement l'usage du vin, et en fit lui-même abus. Ses débauches avancèrent le terme de ses jours : il mourut en 1640, à 31 ans.

AMYCLÆ, Sclavo Chori, v. de Laconie à 4 kil. S. E. de Sparte, était célèbre par le culte d'Apollon, qui reçut de là le surnom d’Amyclæus. Elle avait été la résidence de Tyndare.

AMYCLÆ, Sperlonga, v. d'Italie, entre Caiète et Terracine, était une colonie de l’Amyclæ de Laconie. Imbue des doctrines pythagoriciennes, qui prescrivaient le silence, elle mérita d'être appelée la muette (tacites regnavit Amyclis), Virgile, Énéide, X, v. 564).

AMYN, 6e calife abbasside, fils d'Haroun-al-Raschid, succéda à ce prince en 809, mais ne se fit remarquer que par ses excès et son incapacité, et fut détrôné par son frère Al-Mamoun en 813.

AMYNTAS, nom de 8 rois de Macédoine, dont le plus connu est Amyntas III, père du grand Philippe. Ce prince régna 26 ans (396-370 av. J.-C.), et commença la puissance des Macédoniens.

AMYOT (Jacques), célèbre écrivain du XVIe siècle, né à Melun d'une famille pauvre, en 1513, mort en 1593, à 80 ans. Il étudia à Paris au collége de Navarre, où il était réduit à servir les étudiants riches. Il reçut les ordres, devint professeur de grec à l'Université de Bourges et y enseigna pendant 10 ans. Il commença à se faire connaître par une traduction des Amours de Théagène et Chariclée d'Héliodore (1546) qu'il dédia à François I et qui lui valut l'abbaye de Bellozanne; il publia quelques années après les Amours de Daphnis et Chloé; mais son titre principal est la traduction de Plutarque, à laquelle il travailla toute sa vie. Le cardinal de Tournon, résident de France à Rome, qui avait pu apprécier Amyot dans un voyage que ce savant avait fait en Italie pour collationner des manuscrits de Plutarque, le fit nommer précepteur des enfants du roi Henri II (1554). Lorsque Charles IX et Henri III, qui avaient été ses élèves, furent montés sur le trône, il le comblèrent de faveurs : il fut nommé grand~aumônier du roi, puis évêque d'Auxerre (1570); et fut pourvu de riches bénéfices. On doit à Amyot une traduction complète des Œuvres de Plutarque; la partie que l'on estime le plus dans ce vaste travail, ce sont sont les Vies des grands hommes; on en admire le style simple et naïf; c'est le plus intéressant monument de la langue française au XVIe siècle: Les Vies parurent en 1559, 2 vol, in-fol., et les OEuvres morales en 1572, 6 vol. in-8. On a depuis réuni et fréquemment réimprimé ces deux ouvrages. On recherche les éditions de Vascosan (1567-75), 13 vol. in-8; de Brottier et Vauvilliers, 1787, 22 vol. in-8; de Clavier, 1801-1806, 25 vol. in-8. Amyot avait aussi traduit quelques livres de Diodore de Sicile, 1554. On doit à M. A. de Blignières un excellent Essai sur Amyot, 1851. Melun lui a élevé une statue, 1860.

ANABAPTISTES, c.-à-d. rebaptisants, hérétiques qui improuvent le baptême donné aux enfants, ne confèrent ce sacrement qu'à ceux qui sont parvenus à l'âge de raison, ou rebaptisent ceux qui ont été baptisés trop jeunes. Leur chef est Nic. Storck, qui, de disciple de Luther, devint son adversaire, et attira à son opinion Carlostad, Munzer et une foule d'autres. Les Anabaptistes ne commencèrent à se faire remarquer que vers 1523. À cette époque Münzer se mit à leur tête, en Franconie, et livra des batailles sanglantes. Ils devinrent assez puissants pour s'emparer de plusieurs villes, notamment de Munster; mais ils furent combattus à outrance et presque entièrement exterminés vers 1535 (V. JEAN DE LEYDE). Néanmoins, cette secte conserva encore quelques partisans en Hollande, où ils sont connus sous le nom de Mennonites, et dans la Grande-Bretagne, où ils se sont confondus avec les Presbytériens.

ANABARA, riv. de la Russie d'Asie, naît vers 68° lat. N., coule au N., sépare les gouvts de Tomsk et d'Irkoutsk, et se jette dans l'Océan Glacial par 105° long. E., après un cours de 600 kil.

ANABASE, c.-à-d. expédition dans l'intérieur des terres. On connaît sous ce nom l'expédition du jeune Cyrus contre son frère Artaxerce (401), à laquelle Xénophon prit part, et dont il a laissé le récit, en y joignant l'histoire de la Retraite des Dix mille.

ANACHARSIS, philosophe scythe, de race royale, vint à Athènes vers l’an 592 av. J.-C., s'y distingua par son mérite et son savoir, et se lia avec les plus grand hommes de cette ville, notamment avec Solon. Étant retourné, après plusieurs années, dans sa patrie, et ayant voulu y introduire les lois de Solon, il fut mis à mort par son propre frère, l'an 548 av. J.-C. Il est mis quelque fois au nombre des sept sages. On lui attribue un grand nombre de bons mots : il comparait les lois aux toiles d'araignée, qui ne prennent que les mouches et laissent passer les oiseaux. — Quant à l'Anacharsis, dont l'abbé Barthélemy a raconté les voyages, c'est un personnage purement fictif, que l'auteur fait vivre deux siècles plus tard, et qu'il suppose descendre du premier.

ANACLET (S.), le 3e pape, qu'on croit le même que S. Clet, régna de 78 à 91, et souffrit, dit-on, le martyre. Il avait été disciple de S. Pierre, et succéda à S. Lin. On le fête le 26 avril.

ANACLET, Pierre de Léon, antipape, se fit élire en 1130 par une partie des cardinaux, tandis qu'Innocent II était élu par les autres. Soutenu par Roger, roi de Sicile, il força Innocent à quitter Rome et l'Italie. Il fut excommunié par le concile de Pise en 1134 et mourut en 1138.

ANACRÉON, poëte lyrique grec, né à Téos, en Ionie, vers 560 av. J.-C. Polycrate, tyran de Samos, l'appela à sa cour et l'associa à ses affaires ainsi qu'à ses plaisirs. Anacréon partagea son temps entre l'amour et le vin et chanta l'un et l'autre dans des vers remarquables par l'enjouement, la grâce et la délicatesse. On croit qu'il mourut à 85 ans, étranglé, dit-on, par un pépin de raisin qu'il ne put avaler. Les Odes qui nous reste sous le nom de cet aimable poëte ont été recueillies par Henri Étienne en 1554, in-4, avec une excellente traduction en vers latins. Les meilleures éditions de ces Odes ont été données par Fischer, Leipsick, 1776, par Brunck, Strasb., 1786, et par Boissonnade, Paris, 1823, in-32. Les principaux traducteurs français d'Anacréon sont Remy Belleau, Lafosse, Mme Dacier, Gacon, Moutonnet de Clairfons, Poinsinet, A. Firmin Didot. Saint Victor et Veissier-Descombes l'ont traduit en vers.

ANACTORIUM, Vonitza, v. d'Acarname sur le golfe d'Ambracie, était une colonie corinthienne. Elle fut l'occasion de guerres entre Corcyre et Corinthe. Auguste, après la bataille d'Actium, en transféra les habitants à Nicopolis.

ANADYOMÈNE, c.-à-d. en grec qui s'élève des flots, un des surnoms de Vénus. V. VÉNUS. ANADIYR, riv. de la Russie d'Asie, sort du lac Ivachno, et tombe, après un cours d'env. 900 kil., dans la mer de Behring.

ANAFESTO (Paul-Luc), 1er doge de Venise (697-717), fit reconnaître l'indépendance de la république par Luitprand, roi des Lombards.

ANAGNI, Anagnia, v. des États ecclésiastiques, à 26 kil. N. O. de Frosinone; 5500 hab. Évêché. Jadis capit. des Berniques. Patrie de Boniface VIII, qui y fut arrêté et maltraité par Nogaret en 1303.

ANAGOUNDI. v. de l'Inde anglaise. V. BICHNAGAR.

ANAHUAC, nom indigène du Mexique.

ANAITIS ou ANAHID, déesse orientale adorée par les Lydiens, les Arméniens et les Perses, et que les Grecs ont assimilée tantôt à Diane, tantôt à Vénus, réunissait les attributions de ces deux divinités. Les fêtes de cette déesse, qui paraissait être une personnification de la planète Venus, se célébraient tous les six mois en Arménie. Les prêtres conduisaient en pompe la statue de la déesse, exécutaient autour d'elle des danses armées, avec des contorsions de furieux, et, dans leurs transports, leurs assistants se livraient sans pudeur aux excès les plus honteux.

ANANIAS, l'un des trois jeunes Hébreux qui furent jetés dans la fournaise ardente, à Babylone, pour n'avoir pas voulu adorer la statue de Nabuchodonosor.

ANANIAS et SAPHIRE. Ces deux époux, dont il est fait mention dans les Actes des Apôtres (ch. V, 1-10), avaient embrassé le Christianisme, mais ils retinrent secrètement une partie de l'argent qu'ils s'étaient engagés à apporter à la masse commune des fidèles. Réprimandés sévèrement par l'apôtre S. Pierre pour cet acte de mauvaise foi, ils tombèrent soudain frappés de mort.

ANAPA, v. et port de Circassie, sur la côte N. de la mer Noire, à 60 kil. de Taman et du détroit d'Iénikaleh; 5000 hab. Fort construit par les Turcs en 1784; pris en 1791 et 1828 par les Russes, qui possèdent encore auj. cette place.

ANAPHE, auj. Anephi, une des Cyclades, au N. de la Crète et à l'E. de l'île de Théra.

ANAPUS, Anapo, riv. de Sicile, qui se jette dans la mer un peu au S. de Syracuse. Les Athéniens furent battus sur ses bords, 413 av. J.-C.

ANAS, riv. d'Hispanie, est auj. la Guadiana.

ANASTASE I, le Silentiaire, empereur d'Orient, né à Dyrrachium vers 430, d'une famille obscure, monta sur le trône en 491. Il occupait dans le palais l'emploi de Silentiaire lorsqu'il fut distingué par Ariane, veuve de l'empereur Zenon, qui l'épousa et lui fit donner la pourpre. Estimé au commencement de son règne pour sa piété et sa justice, il se fit ensuite détester par sa violence, son avarice et sa partialité pour la faction des Bleus. Il persécuta les Catholiques pour favoriser les Eutychéens. Pendant qu'il s'occupait tout entier de querelles religieuses, les Perses et les Bulgares ravageaient ses provinces; il n'obtint la paix qu'a prix d'argent. Il mourut en 518, à 88 ans, de mort subite : on le dit frappé de la foudre. Anastase avait aboli les spectacles ou l'on voyait des hommes combattre contre des bêtes féroces, et avait entouré Constantinople d'un mur de 3m de haut.

ANASTASE II, empereur d'Orient en 713, était d'abord secrétaire de l'empereur Philippique-Bardane. Porté au trône par sa piété et ses qualités civiles et militaires, il rétablit la milice et s'opposa aux Musulmans. En 715 il fut forcé par Théodose III d’abdiquer et de prendre l'habit religieux. Ayant dans la suite voulu remonter sur le trône, où siégeait Léon l'Isaurien, il fut livré à ce prince par des traîtres, et eut la tête tranchée en 719.

ANASTASE I, pape de 398 à 401, réconcilia les Orientaux avec l'Église romaine, et condamna les Origénistes. On l'honore le 27 déc. — ANASTASE II, pape de 496 à 498, écrivit à l'empereur Anastase I en faveur des Catholiques persécutés par les Ariens, et à Clovis pour le féliciter de sa conversion. — ANASTASE III, pape de 911 à 913, n'a rien fait de remarquable. — ANASTASE IV, pape de 1153 à 1154, se distingua par sa charité dans une grande famine.

ANASTASE, anti-pape en 855. V. BENOÎT III.

ANASTASE (S.), natif de Perse, s'appelait Magundat avant son baptême, et servait dans les troupes de Chosroès. S'étant converti au Christianisme, il alla prêcher l’Évangile en Assyrie, ou il souffrit le martyre en 628. On le fête le 22 janvier. — Patriarche d'Antioche en 563, mort en 599, est honoré le 21 avril.

ANASTASE, le Bibliothécaire, abbé et bibliothécaire du Vatican, assista en 869 au concile général tenu à Constantinople, et en traduisit les actes en latin. Il est auteur du Liber pontificalis, qui contient la vie des papes depuis S. Pierre, et d'une Histoire ecclésiastique, qui se trouve dans la Byzantine.

ANASTASIE (Ste), Romaine, fille d'un sénateur païen et d'une mère chrétienne, ayant refusé de sacrifier aux idoles, fut exilée, sous Dioclétien, dans l'île de Palmaria, puis ramenée à Rome où elle fut brûlée vive (304). On la fête le 25 décembre.

ANATILII, peuplade de Gaule (Narbonnaise 1re), habitait le Delta du Rhône, auj. la Camargue.

ANATOLE (S.), évêque de Laodicée, en Syrie, au IIIe siècle, cultiva avec succès les mathématiques, l'astronomie, la grammaire et la rhétorique, professa d'abord la philosophie dans Alexandrie, où il était né, parvint aux plus hauts emplois, s'y fit remarquer par sa justice et sa fermeté, fut élu évêque en 269 et mourut en 276. Il a laissé un Traité de la Pâque (dans le recueil de Bucherius, Anvers, 1634), et dix livres d’Institutiones arithmeticæ, dont il ne reste que des fragments. On l'hon. le 3 juillet.

ANATOLIE (d'un mot grec qui veut dire Levant), contrée de la Turquie d'Asie, est formée de la portion occid. de l'anc. Asie-Mineure. Trois de ses côtés sont maritimes; sa frontière E. seule est continentale. L'Anatolie, après avoir longtemps formé un seul pachalik, dont Koutayeh était la capit., est auj. divisée en 11 eyalets : Trébizonde, Kastamouni, Kodavenkiar, Biga, Angora, Faroukhan, Aïdin, Karaman (Caramanie), Adana, Marach, Sivas.

ANAXAGORE, Anaxagoras, philosophe de l'école ionienne, né à Clazomène, vers l'an 500 av. J.-C., étudia sous Anaximène ou sous Hermotime, voyagea en Égypte pour s'instruire, se fixa vers l'an 475 à Athènes, où il ouvrit une école célèbre et compta au nombre de ses disciples Périclès, Euripide et peut-être Socrate. Il fut accusé d'impiété pour avoir combattu les superstitions de son temps, et fut condamné à mort : Périclès put à peine faire commuer cette condamnation en un exil. Il se retira à Lampsaque, où il mourut à 72 ans, l'an 428 av. J.-C. Anaxagore enseignait que dans l'origine il existait une foule d'éléments divers en aussi grand nombre qu'il y a de substances de nature différente, mais que ces éléments étaient tous mêlés et confondus dans le chaos, et qu'il fallait une intelligence suprême pour séparer les éléments hétérogènes et rassembler les éléments homogènes, qu'il nomme homœoméries. Il fut ainsi le premier qui s'éleva d'une manière philosophique à l'idée d'un esprit pur, d'un Dieu distinct du monde. En physique, il ne fit, comme tous ses prédécesseurs, que des hypothèses sans fondement. Il cultiva l'astronomie avec quelque succès, connut la cause des éclipses et put les prédire. Schaubach a publié les Fragments d'Anaxagore, Leips., 1827, et M. Zévort a écrit une dissertation Sur sa Vie et sa doctrine, 1843.

ANAXARQUE, philosophe grec, natif d'Abdère, et de l'école de Démocrite, était disciple de Métrodore. Il accompagna Alexandre en Asie, et parla toujours à ce prince avec une grande liberté. Après la mort d'Alexandre, il fut mis à mort par Nicocréon, tyran de Cypre, dont il avait encouru l'inimitié par ses censures, et qui, pour se venger, le fit broyer dans un mortier. Le philosophe supporta ce supplice avec courage. Anaxarque était fort sceptique : on croit qu'il fut le maître de Pyrrhon. ANAXILAS I, roi de Rhégium, était originaire de Messénie. Il attira dans ses États, vers 625 av. J.-C., les Messéniens qui n’avaient pas voulu se soumettre aux Lacédémoniens. — II, roi de Rhégium vers 494 av. J.-C., chassa de Zancle les Samiens qui s’en étaient emparés, y conduisit une colonie, et donna à cette ville le nom de Messine, en mémoire de ses ancêtres, qui étaient Messéniens. Il mourut vers 476.

ANAXIMANDRE, philosophe ionien, né à Milet vers 610 av. J.-C. mort vers 547. Il établit pour premier principe de tout l’infini (c.-à-d. une substance universellement répandue), enseigna que la lune reçoit sa lumière du soleil et que la terre est ronde ; il construisit une sphère et inventa les cartes géographiques. On lui attribue aussi le cadran solaire.

ANAXIMÈNE, de Milet, philosopphe ionien, disciple et successeur d’Anaximandre, florissait vers l’an 550 av. J.-C. et mourut vers 500. Il regardait l’air comme le principe de toutes choses, principe divin, éternel infini, toujours en mouvement. Selon lui, le soleil est un disque plat, la terre aussi est plate et soutenue par l’air ; c’est de ce dernier élément que sont nés tous les corps.

ANAXIMÈNE, de Lampsaque, fut l’un des précepteurs d’Alexandre, et suivit ce prince dans ses conquêtes. Il empêcha, par un trait ingénieux, la destruction de sa patrie : Alexandre, irrité contre Lampsaque qui avait pris parti pour Darius, voulait ruiner cette ville ; voyant Anaximène qui venait lui demander la grâce de sa patrie, il jura de ne pas lui accorder ce qu’il allait lui demander ; alors le philosophe le pria de détruire Lampsaque : désarmé par cette ruse, Alexandre pardonna. Anaximène avait écrit une Histoire d’Alexandre, dont il reste des fragments (à la suite de l’Arrien de la collect. Didot).

ANAZARBE, auj. Anzarba, v. de l’anc. Cilicie, sur le fleuve Pyrame. Auguste lui donna le nom de Cæsarea, l’an 19 av. J.-C. Florissante sous les empereurs, elle devint au Ve siècle capit. de la Cilicie 2e. Elle fut, au XIIe siècle, la capit. d’un roy. chrétien d’Arménie (1095-1182). Elle souffrit beaucoup de plusieurs tremblements de terre. On en voit les ruines à 50 kil. N. E. d’Adana. Patrie de Dioscoride.

ANBAR, Perisaboras, puis Perisabour, v. de la Turquie d’Asie (Bagdad), à 65 kil. O. de Bagdad, sur l’Euphrate, fut enlevée aux Perses par Khaled, 632. Rebâtie par Aboul-Abbas-Saffah, elle fut quelque temps la résidence des califes.

ANCELOT (J. Arsène François), littérateur, né au Havre en 1794, mort en 1854, était fils d’un greffier et occupa d’abord un modeste emploi dans la marine. Il fit représenter en 1819 la tragédie de Louis IX, qui obtint un brillant succès et lui valut une pension de Louis XVIII, avec le titre de bibliothécaire à Meudon. Moins heureux dans une 2e tragédie, le Maire du palais (1823), il prit sa revanche dans Fiesque, où il imitait Schiller avec bonheur (1824). Vers la même époque, il publiait Marie de Brabant (1825), poëme où le drame se mêle au récit, et des romans, dont le meilleur est l’Homme du monde (1827). Privé de sa place et de sa pension par la révolution de Juillet, et découragé par la chute d’une nouvelle tragédie, le Roi fainéant (1830), Ancelot consacra son talent à des compositions d’un genre moins élevé, mais plus lucratives. De 1830 à 1840, il donna, soit seul, soit avec divers collaborateurs, un grand nombre de vaudevilles et de comédies historiques, dont plusieurs obtinrent la vogue : le Régent, la Jeunesse de Richelieu, Mme Du Châtelet, Mme Du Barri, etc. ; il acquit ainsi une assez belle fortune. Il n’avait pas néanmoins renoncé entièrement à la tragédie, et il fit jouer en 1838 Maria Padilla, dont l’intérêt, est faible, mais dont les beaux vers rappellent l’auteur de Louis IX. Il fut admis à l’Académie française en 1841. Outre les ouvrages déjà cités, on a d’Ancelot des épitres familières, des poésies morales et de piquantes satires. Dès 1837, ses Œuvres avaient été rassemblées, avec une notice par X. B. Saintine. Dans la tragédie, Ancelot resta fidèle aux traditions classiques ; ses pièces sont écrites d’un style élégant, harmonieux, et menées avec art, mais elles manquent parfois de mouvement. — Mme Ancelot (née Marguerite Chardon), femme d’un esprit remarquable, cultive aussi les lettres avec succès. On lui attribua quelque part dans plusieurs ouvrages de son mari.

ANCENIS, ch.-l. d’arr. (Loire-Inf.) sur la Loire, 38 kil. N. E. de Nantes ; 3344 hab. Collége. Houille, forges, vins. On y voit, une célèbre pierre druidique, dite la Souvretière. Un traité y fut signé en 1468 entre le roi de France et le duc de Bretagne.

ANCERVILLE, ch.-l. de cant. (Meuse) à 5 kil. de St-Dizier ; 2006 hab. Vins rouges ; kirchwasser. Patrie d’Em. Debraux, chansonnier populaire.

ANCHISE, prince troyen, fils de Capys et arrière-petit-fils de Tros, fut aimé de Vénus et en eut Énée. Anchise échappa au sac de Troie par la piété d’Énée qui l’emporta sur ses épaules : il accompagna son fils dans l’exil, mourut près de Drépane en Sicile et fut enseveli sur le mont Éryx.

ANCIENS (les), nom donné par les Hébreux aux chefs des tribus d’Israël, qui avaient une espèce d’autorité sur les familles et le peuple. Après la mort de Josué (1580 av. J.-C.), les Anciens formèrent un conseil qui gouverna pendant 18 ans.

ANCIENS (CONSEIL DES), en France. V. CONSEIL.

ANCILE, bouclier sacré qu’on disait tombé du ciel et auquel les oracles avaient attaché les destinées de Rome. Dans la crainte qu’il ne fût enlevé, Numa fit faire 11 boucliers semblables, et institua, pour les garder, 12 prêtres qu’on appelait Saliens.

ANCILLON (Charles), historien, né à Metz en 1659, mort à Berlin en 1715, était fils d’un ministre protestant. Obligé de quitter la France avec son père lors de la révocation de l’édit de Nantes, il fut accueilli à Berlin : il y devint surintendant du collége français, historiographe et conseiller du roi, et juge supérieur des tribunaux de réfugiés. On a de lui une Histoire de l’établissement des Français réfugiés dans le Brandebourg, Berlin, 1690 ; des Mélanges de littérature, 1698 ; une Vie de Soliman, 1706.

ANCILLON (Frédéric), écrivain et homme d’État, petit-fils du précédent, né à Berlin en 1766 mort en 1837, avait pour père un ministre de l’église française réformée de Berlin et fut lui-même destiné à l’Église Ayant attiré par un de ses sermons l’attention du prince Henri de Prusse, il fut nommé, par la protection de ce prince, professeur d’histoire à l’Académie militaire de Berlin (1791) ; il devint peu après pasteur de l’église française. Il publia en 1803 un Tableau des révolutions du système politique de l’Europe, qui lui fit prendre rang parmi les meilleurs historiens de l’époque, et le fit entrer à l’Académie de Berlin. Il fut en 1806 chargé par Frédéric-Guillaume III de l’éducation du prince royal ; vint à Paris en 1814, avec son élève ; fut nommé à son retour conseiller de l’instruction publique, devint en 1831 ministre des affaires étrangères, et ne tarda pas à exercer une grande influente, dont il ne se servit que pour assurer la paix et faire régner la modération. Non moins profond en philosophie qu’en histoire et en politique, Ancillon a écrit plusieurs morceaux excellents dans lesquels il juge les écoles philosophiques de l’Allemagne, sachant également se garantir de la prévention et de l’enthousiasme, et pratiquant partout un éclectisme éclairé. Ses Mélanges de littérature et de philosophie, publiés à différentes époques, ont été réunis sous le titre d’Essais de philosophie, de politique, et de littérature, en 4 vol, in-8, Paris, 1832. Ancillon était associé de l’Académie des sciences morales : en 1847 M. Mignet y a prononcé son Éloge.

ANCLAM, v. et port de Prusse ch.-l. de cercle, en Poméranie, sur la Peene, à 8 kil. O. du Frische-Haff ; 9000 hab. Drap, toiles, savon.

ANCÔNE, Ancona, ville du royaume d’Italie. ch.-l. de province , sur la mer Adriatique, à 200 kil. N. E. de Rome; 45 000 hab. Évêché. Bon port, mais qui ne peut recevoir de grands vaisseaux; môle, citadelle, belle cathédrale gothique; 2 arcs de triomphe, l'un en l'honneur de Trajan, et l'autre de Benoît XIV. Port franc, grand commerce. – Ancône est une colonie de Syracuse; elle fut prise par les Romains en 268 av. J.-C. Trajan fit construire son môle. République libre au moyen âge, elle se mit en 1532 sous la protection du pape. Prise par les Français en 1797, par les Russes en 1799, elle fut restituée au pape en 1814. Elle a été occupée par les Français de 1832 à 1838. — La province d'Ancône répond à l'anc. Marche d'Ancône et compte 165 000 hab. Elle a formé sous Napoléon I les dépts du Tronto, du Musone, et une partie de celui du Metauro.

ANCÔNE (Marche d'), anc, prov. de l'État ecclésiastique, le long de l'Adriatique, au S. de la légation d'Urbin, a pour places princ.: Ancône, Lorette, Camerino, Fermo, Macerata, Osimo, San-Severino, Tolentino. – C'était jadis le Picenum. Les Goths puis les Lombards s'en emparèrent, et ceux-ci en firent une Marche. Pendant les guerres du sacerdoce et de l'Empire, les marquis d'Ancône jouirent de l'indépendance; mais la Marche changea souvent de maître jusqu'à ce que Louis de Gonzague l'annexât à l'État romain (1532).

ANCRE, 1er nom du bourg et de la seigneurie d'Albert (V. ce nom). C'est de ce lieu que Concini prit le titre de maréchal d'Antre. V. CONCINI.

ANCUS MARTIUS, 4e roi de Rome (639-614 av. J.-C.), petit-fils de Numa, monta sur le trône après Tullus Hostilius. Belliqueux et conquérant, il fit la guerre avec succès aux Latins, aux Véiens, aux Fidénates, aux Volsques et aux Sabins, et recula jusqu'à la mer les bornes de ses États. Il agrandit Rome en enfermant dans ses murs l'Aventin et le Janicule, fit construire le pont Sublicius et le grand aqueduc appelé de lui Aqua Martia et creusa le port d'Ostie.

ANCY-LE-FRANC, ch.-l. de cant. (Yonne), sur l'Armançon, à 18 kil. S. E. de Tonnerre; 1508 hab. Forges. Beau château des ducs de Clermont-Tonnerre, élevé sur les dessins du Primatice.

ANCYRE, auj. Angora ou Angourieh, v. de l'Asie-Mineure, dans la Galatie, sur le Sangarius, fut d'abord la capit. des Tectosages, et devint, sous Néron, capit. de toute la Galatie. Il s'y tint en 315 un concile appelé le Saint-Synode. Près de cette ville, Bajazet fut vaincu et pris, en 1402, par Tamerlan, qui l'enferma, dit-on, dans une cage de fer, et le traîna ainsi à sa suite. On voit encore à Ancyre les ruines d'un temple d'Auguste, où se lit le testament de ce prince : cette inscription, gravée sur 6 colonnes et connue sous le nom de Monument d'Ancyre, a été plusieurs fois publiée, et en dernier lieu par M. G. Perrot, 1863, et M. Th. Mommsen, 1865.

ANDALOUSIE, partie de la Bétique et de la Lusitanie des anciens, anc. division de l'Espagne, dont elle occupe toute la région méridionale, entre le Portugal, l’Estramadure, les provinces de la Manche, de Murcie et la Méditerranée : 440 kil, sur 260; 3 000 000 hab.; capit., Séville. La Guadiana la limite à l'O.; le Guadalquivir (ancien Bœtis) la traverse. L'Andalousie forme auj. 2 capitaineries générales, celles de Séville et de Grenade, et 8 intendances civiles : Séville, Huelva, Cadix, Cordoue, Jaën, Grenade, Malaga et Almeria. Climat très-chaud, fertilité extrême : orangers, palmiers, cannes à sucre, etc. ; très-belles races de chevaux et de moutons. On y trouve le caméléon. – Ce pays fut la première possession des Carthaginois en Espagne : ils s'y établirent au IVe s. av. J.-C.; les Romains la conquirent en 205 av. J.-C.; elle leur fut enlevée au Ve siècle de notre ère par les Vandales, qui y séjournèrent avant de passer en Afrique; le pays prit d'eux le nom de Vandalitia, d'où par corruption celui d’Andalousie. Les Arabes commencèrent par cette province la conquête de la Péninsule et y fixèrent le foyer de leur domination (califat de Cordoue); les Maures ensuite la possédèrent jusqu'à ce que Ferdinand III de Castille leur enleva au XIIIe siècle le roy. de Séville; toutefois ce ne fut que 200 ans plus tard qu'ils en furent entièrement chassés.

ANDALOUSIE (NOUVELLE-). V. CUMANA.

ANDAMAN (îles), dans le golfe de Bengale, par 90-92° long. E. et 10° 30'lat. N., se composent de 6 îles, dont Andaman est la plus grande. Explorées en 1607 par Peyraud, voyageur français. Elles appartiennent aux Anglais depuis 1791.

ANDANIE, v. de Messénie, près de Messène, fut la résidence des rois Lélèges de Messénie. On y célébra pendant un temps les mystères des grandes déesses (Cérès et Proserpine). Ruines près de Philia.

ANDAYE, vge des B.-Pyrénées, à 10 kil. O. de St-Jean-de-Luz; 500 hab. Eau-de-vie renommée.

ANDECAVI, peuple de la Gaule, dans la Lyonnaise 3e, à l'E. des Namnetes et à l'O. des Turones. Leur pays a formé depuis l'Anjou. - On donne aussi ce nom à la capitale de ce peuple, nommée d'abord Juliomagus, auj. Angers.

ANDELLE, petite riv. de France (Seine-Infér.), naît à Sergueux, prés de Forges, arrose Fleury-sur-Andelle, passe près de la côte des Deux-Amants, et se perd dans la Seine, à Pitres, à 4 kil. E. de Pont-de-l'Arche, après un cours de 60 kil.

ANDELOT, ch.-l. de cant. (H.-Marne), sur le Rognon, à 19 kil. N. E. de Chaumont; 969 hab. Ancien palais où fut signé en 587 un célèbre traité entre les rois Francs Gontran, Childebert II et leurs leudes : les deux rois se partagèrent la succession de Caribert et garantirent aux leudes la possession viagère de leurs fiefs.– V. DANDELOT.

ANDELYS (les), Andeliacum, ch.-l. d'arr. (Eure), à 44 kil. S. de Rouen, est coupé par la route en deux villes, le Grand Andely, sur le Gambon, et le Petit Andely, sur la Seine; 3528 hah. Patrie de Turnèbe et du Poussin, qui y a une statue (1851). Près de là étaient le célèbre Château-Gaillard et un couvent fondé par Ste Clotilde, qui attirait les pèlerins. – Appartenant jadis aux archevêques de Rouen, cette v. fut cédée en 1197 au duc de Normandie, à qui Philippe-Auguste l'enleva en 1204. Henri IV la reprit aux Ligueurs en 1591.

ANDENNE, bourg de Belgique, sur la r. dr. de la Meuse, à 14 kil. de Namur; 2600 hab. Couvent de Béguines. Fabriques de pipes et faïences. – Brûlé en 1467 lors de la révolte des Liégeois contre Charles le Téméraire.

ANDERITUM, v. des Arverni, ch.-l. des Gabali, est auj., selon M. Walckenaër, Antérieux prés de Chaudes-Aigues, dans le diocèse de St-Flour.

ANDERLECHT, bourg de Belgique, contigu à, Bruxelles, dont on le regarde comme un faubourg. Dumouriez y battit les Autrichiens, le 13 nov. 1791.

ANDERMATT, vge de Suisse (Uri), à 6 kil. N. du, St-Gothard. Près de là est le Trou-d'Uri, ainsi que le pont du Diable, jeté sur un précipice effrayant, au fond duquel coule la Reuss.

ANDERNACH, Antunnacum, v. de Prusse (Province Rhénane), à 13 kil. N. O. de Coblentz, sur la r. g. du Rhin ; 4400 hab. Charles le Chauve y fut défait par les fils de Louis le Germanique (876). Patrie du médecin Gonthier d'Andernach. Volcans éteints.

ANDERSON (Laurent), magistrat suédois, né en 1480, avait d'abord été prêtre. Il devint chancelier de Gustave-blasa, usa de son influence pour introduire la Réforme en Suède et fit déclarer le roi chef de l’Église, à la diète de Westeras, 1527; néanmoins, ayant négligé de révéler une conspiration dont il était instruit, il fut condamné à mort. Il échappa au supplice en payant une forte somme et mourut dans la retraite, en 1552. On a de lui une trad. suédoise du Nouveau Testament.

ANDERSON, agronome anglais, membre de la Société royale, né en 1739, mort en 1808, appliqua avec succès la chimie à l'agriculture. On lui doit, entre autres ouvrages utiles, un Essai sur les plantations, 1771 ; des Essais sur l’agriculture, 1777, des Recherches sur les troupeaux, etc. Il a coopéré à l’Encyclopédie britannique et à plusieurs recueils.

ANDES (les) ou CORDILLÈRES, Cordillera de los Andes des Espagnols, immense chaîne de mont. de l’Amérique mérid., s’étend dans toute la longueur de ce continent du S. au N., en longeant la côte occid. On y distingue 4 parties : Andes patagoniques (de 54° à 44° lat. S.) ; Andes du Chili et du Potose (de 44° à 20°) ; Andes du Pérou (de 20° à 1° 50’); Andes de la Nouvelle-Grenade, au N. des précédentes. C’est dans la portion péruvienne qu’elles atteignent la plus forte élévation. De la chaîne principale sortent plusieurs ramifications importantes, parmi lesquelles il faut nommer la Cordillère orientale, qui se détache de la chaîne du Pérou, court à l’E. et au S. E. (c’est dans celle-ci que se trouvent le pic Sorata et le pic Illimani, les cimes les plus élevées de toute l’Amérique) ; la Cordillère centrale ou de Quindi, et la Cordillère occidentale ou de Choco, qui partent des Andes de la Nouv.-Grenade. Une foule de cimes dans les Andes s’élèvent à 4000m et davantage; quelques-unes dépassent 6000 (Chimboraço, 6530 ; Illimani, 7450; Sorata, 7696). Des neiges éternelles couronnent ces mont. énormes, celles mêmes qui sont sous l’équateur. De là une variété admirable d'aspects et de cultures : au sommet la roche nue, les glaçons, pas même un lichen ; à mesure qu’on s’abaisse, ou rencontre les végétations de tous les climats, et au pied du mont la canne à sucre, l’ananas, les magnoliers et les cactus. Les Andes renferment beaucoup de volcans (le Pichincha, le Cotopaxi, l’Antisana, l’Arequipa),et des mines de métaux précieux.

ANDES, auj. Pietola, petit vge à 3 kil. S. E. de Mantoue, sur le Mincius, fut la patrie de Virgile.

ANDES, peuple de Gaule, le même que les ANDECAVI.

ANDILLY, joli vge du dép. de Seine-et-Oise, à 4 kil. N. O. de Montmorency. Vue magnifique sur la vallée. Patrie de Robert Arnauld, dit d’Andilly.

ANDLAU, bourg de France (Bas-Rhin), sur l’Andlau, affluent de l’Ill, à 15 kil. N. O. de Schelestadt, à l’entrée d’une jolie vallée; 1475 hab. Anc. château fort; anc. abbaye, fondée par Ricarde, femme de Charles le Gros.

ANDOCIDE, général et orateur grec, né à Athènes vers 441 av. J.-C., eut part à tous les événements de son temps, fut exilé par les Quatre-Cents et par les Trente tyrans. Il nous reste sous son nom quatre discours publiés par Cauterus, Bâle 1566, par H. Étienne dans ses Oratores græci, 1575, par Bekker, dans ses Oratores attici, 1823, et compris dans la Biblioth. grecque de Didot. L’abbé Auger les a trad. en français, dans ses Orateurs Athéniens, 1792.

ANDOLSHEIM, ch.-l. de cant. (H.-Rhin), à 6 kil. E. de Colmar ; 1064 hab. Église consistoriale.

ANDOMATUNUM, puis Lingones, est auj. Langres.

ANDORRE, petit État sur les confins de l’Espagne et de la France, n’est qu’une vallée située sur le versant méridional des Pyrénées entre Foix et Urgel. Il a env. 900 kil. car., et 18 000 hab. ; le ch.-l., est Andorre, sur l’Embalire. C’est une petite république sous la protection de la France et de 1’évêque d’Urgel. L’Andorre fit jadis partie de la vicomté de Castelbon ; il appartint ensuite par indivis aux Comtes de Foix et aux évêques d’Urgel ; Henri IV, comme comte de Foix, réunit à la France sa part de souveraineté sur l’Andorre. Reconnue indépendante en 1790, la république d’Andorre se remit d’elle-même sous la protection de la France. Elle est gouvernée par 24 consuls et un syndic général, élu à vie. La richesse des habitants consiste dans leurs troupeaux.

ANDOVER, v. d’Angleterre (Southampton), au N. O. de Winchester ; 5000 hab. Canal se rendant à la mer. — Plusieurs v. des États-Unis portent ce nom : la principale est dans le Massachussets, à 37 kil. N. de Boston. Séminaire théologique, Phillips Academy.

ANDRADA (Ant.), jésuite portugais, né vers l’an 1580, mort en 1634, parcourut l’Asie, et pénétra un des premiers dans le Thibet (1624). Son Voyage au Thibet parut à Lisbonne en 1626, et fut trad. en français dès 1628. — Hyacinthe Freire d’Andrada, né à Béja en 1597, mort en 1657, abbé de Ste-Marie-des-Champs. Il est auteur d’une Vie de don Juan de Castro, vice-roi des Indes, l’un des livres les mieux écrits en portugais, et de quelques poésies élégantes.

ANDRADA E SYLVA (José de), naturaliste brésilien, 1765-1838, vint de bonne heure en Portugal, occupa une chaire de métallurgie à Lisbonne, puis dirigea comme inspecteur général des mines la canalisation du Mondego, et fut élu en 1812 secrétaire de l’Académie de Lisbonne. Il retourna en 1819 au Brésil, se joignit à ceux qui proclamèrent l’indépendance de ce pays, et fut en 1829 chargé de l’éducation du fils de don Pedro, depuis empereur.

ANDRAGATHIUS, général de Gratien, trahit cet empereur pour l’usurpateur Maxime, et l’assassina dans sa fuite, en 383. Après la défaite de Maxime par Théodose, il se donna la mort, 388.

ANDRÉ (S.), l’un des 12 apôtres, de Betsaïde en Galilée, était frère de S. Pierre et pêcheur comme lui. Il se trouva aux noces de Cana et fut témoin du premier miracle de J.-C. Du reste on ne sait rien de positif sur cet apôtre. On croit qu’il souffrit le martyre à Patras. On le fête le 30 nov. Il est le patron de l’Écosse. — On a donné le nom de Croix de St-André à une croix en forme d’X, parce que, selon une tradition, S. André fut crucifié sur une croix de cette forme.

ANDRÉ I, roi de Hongrie, 1046-1061, disputa la couronne à Pierre-l’Allemand, et monta sur le trône lorsque ce prince fut renversé. Bien qu’élevé dans la religion païenne, il embrassa le Christianisme. Ayant voulu exclure du trône son frère Béla, qui devait lui succéder, il fut battu et détrôné par ce prince, 1061, et mourut peu de temps après. — ANDRÉ II, 1205-1235, partit pour la Terre-Sainte en 1217, et s’y distingua par sa valeur, ce qui le fit surnommer le Hiérosolymitain. A son retour dans ses États (1222), il trouva tout en confusion, mais il sut bientôt rétablir l’ordre par de sages règlements. C’est à lui que la noblesse hongroise doit la charte de ses privilèges. — ANDRÉ III, petit-fils du préc., 1290-1301, eut un concurrent redoutable dans Charles-Martel, fils de Charles II, roi de Naples, qui lui disputa l’empire jusqu’à sa mort. Il fit avec succès la guerre à l’Autriche. — ANDRÉ de Hongrie, fils du roi de Hongrie Charobert, épousa en 1343 Jeanne I, reine de Naples, sa cousine. Cette princesse le fit assassiner deux ans après par Louis de Tarente, son amant. Louis, roi de Hongrie, son frère, vengea sa mort.

ANDRÉ DEL SARTO, peintre italien, dont le vrai nom est André Vannucci. était fils d’un tailleur (Sarto), d’où son surnom. Il naquit à Florence en 1478, fut d’abord placé chez un orfèvre, entra ensuite chez Jean Barille, peintre médiocre, mais bon sculpteur d’ornements, qui exécuta sous la direction de Raphaël tous les ouvrages de menuiserie du Vatican, et se forma presque seul en étudiant les œuvres de ses devanciers. Sa réputation s’étant répandue à l’étranger, il fut appelé en France, en 1517, par François I, qui le chargea de plusieurs ouvrages importants ; mais ayant dissipé une somme considérable qui lui avait été confiée pour faire l’acquisition de statues antiques et de tableaux des meilleurs maîtres, il encourut le juste ressentiment de François I. Il fit d’inutiles efforts pour rentrer en grâce. Après avoir traîné une pénible existence, il mourut de la peste à Florence en 1530. Ce peintre avait une nature sensible et affectueuse qui se reflète dans l’expression douce et modeste de ses figures. Sa manière est gracieuse, son coloris frais et harmonieux. On remarque sa belle Charité, au musée du Louvre; ses peintures à fresque du cloître della Nunziata, à Rome ; César recevant les tributs des provinces romaines, fresque qui se voit dans la grande salle de Poggio à Caïano ; la Cène de Jésus-Christ, autre fresque dans le monastère de San-Salvi, près Florence; le Sacrifice d'Abraham; un Christ mort, etc. Il forma d'habiles élèves, Fr. Salviati, G. Vasari, etc.

ANDRÉ DEL CASTAGNO, peintre. V. CASTAGNO.

ANDRÉ (Yves-Marie), dit le Père André, écrivain estimé, né en 1675 à Châteaulin en Basse-Bretagne, mort en 1754, entra chez les Jésuites en 1693, et enseigna d'abord la philosophie; mais, ayant manifesté trop d'attachement aux doctrines de Descartes et de Malebranche, il fut retiré de cet enseignement et chargé d'une chaire de mathématiques à Caen. Il est surtout connu par un Essai sur le Beau, qui parut en 1741, in-12, et qui a été depuis souvent réimprimé. On lui doit aussi un Traité sur l'homme, où il cherche à expliquer l'action de l'âme sur le corps. Ses œuvres ont été rassemblées par l'abbé Guyot, Paris, 1766, 5 vol. in-12. Le P. André a laissé de précieux manuscrits conservés à la bibliothèque de Caen. M. Cousin a donné ses OEuvres philosophiques, 1843, in-12. MM. Charma et Mancel ont publié 2 vol. de Documents inédits sur le P. André, Caen, 1843 et 1957. — Il ne faut pas le confondre avec le Petit P. André, prédicateur du XVIIe siècle, dont le vrai nom est Boullanger.

ANDRÉ (ordre de St-), ordre russe fondé en 1698 par Pierre le Grand, n'est accordé qu'au plus haut mérite et aux actions les plus éclatantes. L'insigne est une croix émaillée en bleu, surmontée d'une couronne impériale; elle porte sur la face l'image du martyre de S. André et sur le revers un aigle aux ailes déployées, avec cette devise : Pour la foi et la fidélité. Le cordon est bleu.

ANDREÆ (J. Valentin), théologien protestant et mystique célèbre, né à Herrenberg (Wurtemberg) en 1586, mort en 1654, fut chapelain d'Éberhard III, duc de Wurtemberg, et abbé d'Adelberg. Il a publié un très-grand nombre d'ouvrages, et a été soupçonné d'être le vrai fondateur des Rose-Croix, dont il se donnait seulement pour le restaurateur. On distingue parmi ses écrits : Menippus seu Dialogorum satiricorum centuria, 1617; Civis christianus, 1619; Mythologiæ christiana, 1619; De Fraternitate Rosaceæ Crucis, 1619. Il cultiva aussi la poésie avec succès et fit un heureux emploi du dialecte de la Souabe.

ANDREÆ ou ANDERSON (Laurent). V. ANDERSON.

ANDRÉASBERG, c.-à-d. montagne St-André, v. du Hanovre, à 25 kil. S. O. d'Elbingerode; 4500 h. Fer, cobalt, argent, cuivre; dentelles.

ANDREEVA, v. de Russie (Caucase), à 58 kil. S. O. de Kizliar, sur l'Aktach; 3000 maisons. Asile de tous les malfaiteurs du Caucase : il s'y fait un grand trafic d'esclaves et d'objets volés.

ANDRELINI (Publio Fausto), poète latin moderne, né à Forli vers 1450, mort en 1518, obtint dès l'âge de 22 ans la couronne poétique à Rome, vint à Paris en 1488, avec le cardinal de Gonzague, et y enseigna les belles-lettres jusqu'à sa mort. Il jouissait de la protection de Charles VIII, de Louis XII et de François I, et célébra ces princes dans un grand nombre de poésies. On a de lui des Élégies, Paris, 1492 ; des Poésies érotiques, Venise, 1501 ; des Distiques moraux, Paris 1519

ANDREOSSI (Franç.), habile ingénieur, né en 1633 à Paris, mais d'origine italienne, mort en 1688, partage avec Riquet l'honneur d'avoir conçu, ou tout au moins exécuté, le canal de Langedoc. On lui doit une Carte du canal, 1669, 3 feuilles in-f. — Son arrière-petit-fils, Ant. Fr. Andréossi (1761-1828), l'un des meilleurs généraux d'artillerie de l'Empire et habile diplomate, a publié l’Histoire du canal du Midi, 1800 et 1805. Il y met en lumière les titres de son aïeul, trop longtemps méconnus. Membre de l'Institut d'Égypte dès sa fondation, il fut admis en 1826 à l'Académie des sciences.

ANDRÈS (Jean), savant jésuite espagnol, né en 1740 à Planès (Valence), mort à Rome en 1817. Expulsé d'Espagne avec son ordre en 1766, il alla se fixer en Italie, devint conservateur et bibliothécaire à Naples, et y publia, en italien, un grand ouvrage, Dell' origine, progresso e stato attuale d'ogni litteratura, écrit dans un style élégant et pur, et qui nécessita d'immenses recherches.

ANDRÉZIEUX, bourg du dép. de la Loire, sur la Loire, entre Montbrison au N. O. et St-Étienne au S.; 673 h. Chemin de fer de 68 k. conduisant à Roanne.

ANDRIA, ville du roy. d'Italie (Terre de Bari), à 12 kil. S. de Barletta; 15 000 hab. Évêché suffrag. de Trani. Fondée en 1046 par les comtes de Trani.

ANDRIEUX, homme de lettres, né à Strasbourg en 1759, mort à Paris en 1833, fut d'abord destiné à la profession d'avocat. Détourné de cette carrière par les événements de la Révolution, il entra dans les affaires et devint successivement chef du bureau de la liquidation, juge au tribunal de cassation (1796), membre au Conseil des Cinq-Cents (1798), puis du Tribunat (1800) ; il porta dans toutes ces fonctions une indépendance qui ne se démentit jamais ; aussi fut-il éliminé du tribunat par le premier consul (1802). Il fut nommé en 1804 professeur de grammaire et de belles-lettres à l'École polytechnique, et en 1814 professeur de littérature au collége de France. Il exerça ces dernières fonctions jusqu'à la fin de sa vie avec autant de succès que de zèle ; malgré la faiblesse de sa voix, il se faisait entendre, a-t-on dit ingénieusement, à force de se faire écouter. Admis à l'Institut lors de la création de ce corps (1797), comme membre de la classe de littérature, il devint en 1829 secrétaire perpétuel de l'Académie française. Andrieux s'était fait connaître dès 23 ans par la jolie comédie d’Anaximandre (1782) ; il donna depuis les Étourdis (1788), Helvétius (1802) , la Suite du Menteur (1803), le Trésor (1803), la Soirée d'Auteuil (1804), le Vieux Fat (1810), la Comédienne (1816), le Manteau (1826), et une tragédie, Junius Brutus (1828). Il a aussi composé de charmants contes en vers dont il parut un premier recueil en 1800, in-8, des contes en prose et des fables. On a rassemblé ses œuvres en 4 vol. in-8 et 6 v. in-18, 1817-23. Andrieux fut uni d'une étroite amitié avec Collin-d'Harleville et Picard, ses rivaux en talent.

ANDRINOPLE, Orestias puis Adrianopolis chez les anciens, Ederneh chez les Turcs, v. de Turquie d'Europe (Roumélie), au confluent de la Maritza, de la Tondja et de l'Arde, à 230 kil. N. O. de Constantinople, est comme la 2e capit. de tout l'empire; 100 000 hab. Résidence d'un archevêque grec et d'un grand mollah turc. Plusieurs beaux monuments : mosquées de Sélim II, de Bajazet II, de Mourad II ; superbe bazar d'Ali-Pacha; Eski-Séraï ou vieux palais; bel aqueduc, pont sur la Tondja, etc.; antiquités nombreuses. Industrie assez active (étoffes de soie, laine, coton ; tapis, tanneries, maroquins; distilleries d'eaux odoriférantes). — Cette ville, qui appartenait originairement à la Thrace, fut embellie par Adrien, dont elle prit le nom, et devint la métropole de la prov. d’Hæmi Mons sous l'Empire. Il se livra aux environs 2 batailles décisives : dans l'une Constantin défit Licinius, en 323; dans l'autre, les Goths vainquirent Valens, en 378. Prise par Amurat I en 1360, elle fut la résidence des sultans ottomans de 1362 à 1453. Elle fut occupée temporairement par les Russes en 1829. Les Russes et les Turcs y signèrent en 1829 un traité par lequel les Turcs cédaient à la Russie les bouches du Danube, lui accordaient la libre navigation dans la mer Noire, reconnaissaient l'indépendance des Grecs, et fixaient le sort de la Valachie, de la Moldavie et de la Servie.

ANDRISCUS, aventurier, natif d'Adramytte, se fit passer pour Philippe, fils de Persée, dernier roi de Macédoine, 152 ans av. J.-C. Ayant, à la faveur de cette imposture, rassemblé une armée, il disputa quelque temps la Macédoine aux Romains, mais il fut battu à Pydna par Cæcilius Metellus, 148, puis fut livré au vainqueur et emmené en triomphe à Rome.

ANDROCLÈS, esclave. On raconte qu'ayant été livré aux bêtes dans le cirque de Rome pour s'être enfui de chez son maître, proconsul d’Afrique, il fut reconnu et épargné par un lion dont il avait guéri une blessure dans les déserts de l’Afrique. Cet événement est placé vers le 1er siècle av. J.-C. Il n’a d’autre garant que le récit d’Aulu-Gelle (V, ch. XIV).

ANDROGÉE, Androgeus, fils de Minos, roi de Crète, et de Pasiphaé, fut tué par des jeunes gens d’Athènes et de Mégare, jaloux de ce qu’il leur avait enlevé tous les prix aux Panathénées. Minos, pour venger ce meurtre, s’empara de ces deux villes, et obligea les habitants à lui envoyer tous les ans sept jeunes garçons et sept jeunes filles qui étaient livrés au Minotaure. Thésée délivra ses compatriotes de cet odieux tribut.

ANDROMAQUE, Andromache, princesse troyenne, femme d’Hector, et fille d’Éétion, roi de Cilicie, est célèbre par son amour conjugal : elle fit à son époux les plus tendres adieux au moment où il allait combattre Achille, et resta inconsolable de samort. Après la prise de Troie, elle se vit arracher Astyanax, son fils unique, que les Grecs précipitèrent du haut d’une tour. Elle devint elle-même l’esclave de Pyrrhus, qui l’emmena en Épire où il l’épousa. L’ayant ensuite répudiée ce prince la donna pour épouse à Hélénus, un ces fils de Priam, et leur laissa son royaume. Homère, dans l’Iliade (chant VI), Virgile, dans l’Énéide (ch. III), ont célébré les vertus et les malheurs d’Andromaque. Elle est l’héroïne de deux belles tragédies, l’une d’Euripide et l’autre de Racine.

ANDROMAQUE, Andromachus, médecin crétois, vint exercer son art à Rome sous le règne de Néron, y obtint un grand succès et devint le médecin de l’empereur. Il inventa la Thériaque qui porte son nom (V. THÉRIAQUE au Dict. univ. des Sciences), et fit sur ce médicament un petit poëme qui a été conservé (on le trouve dans les Fragments des poëtes grecs de la collection Didot).

ANDROMÈDE, fille de Céphée, roi d’Éthiopie, et de Cassiopée. Sa mère ayant eu l’imprudence de disputer le prix de la beauté à Junon et aux Néréides, filles de Neptune, ce dieu suscita pour les venger un monstre marin qui ravagea l’Éthiopie. Il fallut, pour délivrer la contrée de ce fléau, qu’Andromède fût exposée à la fureur du monstre. Elle allait être dévorée, lorsque Persée la délivra. Le héros obtint sa main en récompense ; il en eut plusieurs enfants, entre autres Sthélénus et Électryon. Andromède fut, après sa mort, placée au nombre des astres.

ANDRONIC I, COMNÈNE, empereur grec, petit-fils d’Alexis, né en 1110, se fit, à la mort de Manuel Comnène, nommer tuteur du fils de ce prince, Alexis II (1180) et partagea quelque temps la couronne avec lui ; mais bientôt, voulant régner seul, il fit étrangler son pupille et s’empara du trône, en 1183. Après un règne souillé par des cruautés inouïes, Isaac l’Ange le détrôna ; le peuple le pendit, en 1185. Andronic est le dernier des Comnène qui ait régné à Constantinople.

ANDRONIC II, PALÉOLOGUE, l’Ancien, né en 1258, monta sur le trône en 1282. Son règne n’est remarquable que par les invasions des Turcs et autres barbares. Il chargea le peuple d’impôts pour acheter la paix, altéra les monnaies, laissa languir le commerce et a marine, et s’opposa constamment à l’union des églises grecque et latine. Détrôné par son petit-fils, Andronic III, en 1328, il finit ses jours dans un monastère, en 1332.

ANDRONIC III, PALÉOLOGUE, le Jeune, né l’an 1295, était petit-fils du précéd. et fils du prince Michel Paléologue (qui mourut jeune). Il régna d’abord conjointement avec son grand-père (1325) ; mais, à partir de 1328, il relégua le vieil empereur dans son palais et gouverna seul. Il réunit à ses États le despotat d’Épire, 1336, et fit des efforts tour refouler les Turcs, mais sans y réussir. Il diminua les impôts, et mourut en 1341, adoré de ses sujets.

ANDRONIC IV, PALÉOLOGUE, fils aîné de l’emp. Jean V, fut associé au trône vers 1355, mais ayant voulu détrôner son père, il fut condamné à perdre la vue et forcé de céder ses droits à son frère Manuel (1373) ; néanmoins, il put un instant ressaisir le pouvoir avec le secours des Génois et se fit proclamer empereur en 1377 ; mais renversé presque aussitôt, il alla finir ses jours dans l’exil.

ANDRONICUS (Livius), poëte comique latin qui florissait vers 220 av. J.-C., était un grec de Tarente et avait été amené à Rome comme esclave par Livius Salinator, qui l’affranchit. Il composa les premièxes pièces régulières qu’aient eues les Romains ; il jouait lui-même dans ses pièces. Il avait aussi composé une traduction de l’Odyssée. Il ne reste de lui que quelques vers que l’on trouve dans le Corpus poetarum et dans les Poetæ scenici de Bothe.

ANDRONICUS de Rhodes, philosophe péripatéticien du Ier siècle av. J.-C., natif de Rhodes, revit et publia, par ordre de Sylla, les ouvrages d’Aristote et de Théophraste, dont les originaux venaient d’être retrouvés par Apellicon. On lui a longtemps attribué une Paraphrase de l’Éthique à Nicomaque (publiée en 1607 à Leyde par Daniel Heinsius), qui paraît être d’un certain Héliodore de Pruse. — V. ANDRONIC.

ANDROS, Andro, île de l’Archipel, au S. E. de l’Eubée (Négrepont) ; 150 kil. de tour ; 12 000 hab. ; capit., Andros, port situé sur la côte S. O. Commerce de soie, huile, vin, oranges, etc. — Colonisée par les Ioniens, elle se soumit à Xercès, fut, après les guerres médiques, prise par les Athéniens, puis obéit aux Macédoniens et aux Romains, qui la cédèrent aux rois de Pergame, mais qui la reprirent après l’extinction de cette dynastie. Enlevée à l’empire grec par les Turcs, elle a été de nos jours reprise aux Turcs par les Grecs, et elle fait auj. partie du roy. de Grèce.

ANDROUET DU CERCEAU (Jacques), architecte, né à Orléans vers 1534, m. à Turin vers 1600, enrichit Paris d’un grand nombres de beaux édifices (hôtels de Sully, de Mayenne, des Fermes, de Carnavalet, de Bretonvilliers, etc.), fut chargé par Henri III de construire le Pont Neuf (1578), et par Henri IV de continuer le Louvre (1596) ; mais il ne put achever ces travaux, ayant quitté la France à cause de son attachement au calvinisme. On a de lui : Livre d’architecture, 1559, et 1561, in-fol., et Leçons de perspective, 1576, in-fol.

ANDRUSSOF, bourg de Russie (Smolensk), à 32 k. S. E. de Krasnoe. Il y fut signé en 1667 un traité par lequel la Pologne cédait à la Russie Smolensk, et la Sévérie, avec l’Ukraine occidentale, et s’unissait à elle contre les Turcs.

ANDUJAR, v. d’Espagne ; sur le Guadalquivir, dans la prov. et à 35 kil. N. O. de Jaén ; 9000 hab. On y fabrique des alcarazas. À 4 kil. d’Andujar, on voit les ruines de l’anc. Illiturgis. — Le duc d’Angoulême, commandant l’armée française envoyée en Espagne pour délivrer Ferdinand VII, y rendit, le 8 août 1823, une célèbre ordonnance dans le but de concilier les partis, mais elle resta sans effet par l’opposition de la régence de Madrid.

ANDUZE, Andusia, ch.-l. de cant. (Gard), à 11 k. S. O. d’Alais, sur le Gardon d’Anduze, au pied des Cévennes ; 4491 hab. Soie, bonneterie. Église calviniste. Aux environs, curieuses stalactites.

ANEAU ou ANNEAU (Barthélemi), Annulus, poëte, né à Bourges, fut professeur de rhétorique, puis principal au collége de la Trinité, à Lyon (1542). Il cultivait également la poésie latine et la poésie française. On a de lui une trad. en vers français des Emblèmes d’Alciat, Lyon, 1549 ; un poëme latin, Picta poesis, 1552, in-8, qu’il traduisit lui-même en vers français, sous le titre d’Imagination poétique ; Alector ou le Coq, histoire fabuleuse (en prose française), prétendue traduite du grec, Lyon, 1560. Il fut massacré par le peuple dans son collége en 1565, le jour de la Fête-Dieu, parce qu’on le soupçonnait d’être protestant et qu’on l’accusait d’avoir jeté une pierre sur le prêtre qui portait le Saint-Sacrement à la procession. ANEDA, nom d’ÉDIMBOURG en latin.

ANET, ch.-l. de c. (Eure-et-Loir), à 16 kil. N. E. de Dreux ; 1324 hab. C’est là qu’était le charmant château construit en 1548 par Henri II pour Diane de Poitiers. Ce château, chef-d’œuvre de Philippe Delorme et Jean Goujon, a été détruit en 1792. Cependant l’ancien portail a été conservé et transporté à Paris : on le voit dans la cour de l’École des beaux-arts.

ANFOSSI (Pascal), compositeur napolitain, 1736-97, élève de Piccini, composa un grand nombre d’opéras qui eurent la vogue : la Clémence de Titus, Cléopâtre, Armide, etc., fut appelé en France, en Angleterre et en Allemagne, finit par se fixer à Rome, abandonna le théâtre pour la musique religieuse et devint maître de chapelle de St-Jean-de-Latran.

ANGAD, désert d’Afrique situé au S. O. de l’Algérie (prov. d’Oran), sépare cet État de l’empire du Maroc. On l’appelle aussi Désert des Chotts à cause des nombreux lacs salés (chotts) qu’il renferme.

ANGARA, nom de 2 riv. de la Russie d’Asie : la Haute-Angara, qui naît dans les monts de Nertchinsk, se perd dans le lac Baïkal après un cours d’env. 500 k. ; la Basse-Angara, qui vient du S., traverse le lac Baïkal, entoure Irkourtsk, et va grossir l’Iénisséi, après un cours d’environ 1500 kil.

ANGE, famille qui a fourni plusieurs empereurs à Constantinople. V. ISAAC et ALEXIS.

ANGE DE SAINTE-ROSALIE (Franç. BAFFARD, dit le P.), savant généalogiste, né à Blois en 1655, mort à Paris en 1726, était de l’ordre des Augustins déchaussés. Il a rédigé l’État de la France, 5 vol. in-12, réimprimé et augmenté en 1749, 6 vol, in-12 : c’est un exposé de tous les offices ecclésiastiques, civils et militaires, avec leurs prérogatives et leur origine. Il revit et augmenta considérablement l’Histoire généalogique de la maison de France du P. Anselme, ouvrage précieux où tous nos historiens ont puisé ; il allait publier son travail lorsqu’il mourut subitement. Le P. Simplicien, qu’il s’était associé pour la rédaction, le publia en 1726, 9 vol. in-fol.

ANGELI (Pietro degli), P. Angelus Bargæus, poëte latin moderne, né en 1517, à Barga, en Toscane, mort en 1596, devint, après plusieurs aventures, professeur à Reggio en 1546, et trois ans après professeur à l’Université de Pise. Il défendit vaillamment cette ville avec ses écoliers contre Pierre Strozzi qui l’assiégeait, en 1554. Il est auteur d’un poème de la Chasse (Cynægeticon), en 6 livres, fort estimé, et de la Syriade, poème en 12 livres, où il traite le même sujet que le Tasse dans sa Jérusalem délivrée. Il a publié le recueil de ses poésies, à Rome, 1585.

ANGELICO (Fra), peintre. V. GIOVANNI.

ANGÉLIQUE (la Mère). V. ARNAULD.

ANGÉLIQUES (les), religieuses. V. BARNABITES.

ANGÉLY (l'), fou de Louis XIII, était d’abord valet d’écurie du prince de Condé ; il se fit remarquer du prince par ses saillies, et le roi désira l’avoir à son service. Il n’épargnait personne dans ses bouffonneries ; la crainte que ses railleries inspiraient aux courtisans était telle qu’ils achetaient son silence : il amassa ainsi des sommes considérables. Boileau le nomme dans ses satires I et VIII.

ANGENNES, noble maison de France, ainsi nommée de la terre d’Angennes en Thimerais (Perche), est connue depuis le XIVe siècle. Les membres de cette famille ont porté le titre de seigneurs, puis de marquis de Rambouillet, de marquis de Maintenon, etc. V. RAMBOUILLET.

ANGENNES (Julie d'). V. MONTAUSIER.

ANGERMANIE, Angermanland, anc. prov. de Suède, entre celles de Laponie, Botnie, Iamtie, Medelpad, forme auj. avec cette dernière le dép. du Wester-Nordland ; ch.-l. Hernœsand. Elle tire son nom de la riv. d’Angermann, affluent du golfe de Bothnie, qui la traverse.

ANGERS, Juliomagus, puis Andes ou Andecavi, ch.-l. du dép. de Maine-et-Loire, sur la Maine, à 323 kil. S. O. de Paris, 339 par le chemin de fer ; 51 797 hab. Évêché, cour d’appel ; lycée ; école secondaire de méd. ; cours de sciences appliquées, école d’arts et métiers. Belle cathédrale, 3 ponts, vieux château, commencé sous Philippe-Auguste, hôtel de ville, musée, jardin botanique, bibliothèque, etc. Industrie active, toiles et tissus de tout genre, filatures. Commerce en vins, dits d’Anjou, grains, bestiaux, et surtout en ardoises : l’abondance de ce dernier produit est telle, que presque toutes les maisons sont couvertes en ardoises ; ce qui a fait nommer Angers la Ville Noire ; toutefois ce nom ne convient plus auj. qu’à l’anc. ville, sur la r. g. de la Maine. — Angers fut importante dès le temps des Romains ; elle possédait alors un amphithéâtre, dont on voyait encore les ruines tout récemment. Elle fut plusieurs fois assiégée : par Childéric (464), par les Normands (vers 873), par les Bretons, les Anglais, les Français, à diverses époques ; elle fut vainement attaquée en 1793 par les Vendéens, qui éprouvèrent sous ses murs une grande défaite. Il s’y tint plusieurs conciles provinciaux et des Conférences mémorables (1713-1714). Patrie de Ménage, Bodin, Bernier, du statuaire David, dit David d’Angers, etc.

ANGHIARI, bourg de Toscane, à 23 kil. N. E. d’Arezzo ; 1600 hab. Il s’y livra deux batailles : l’une en 1425 (les Florentins y furent défaits par les Milanais), l’autre en 1440 (Jean Paul Orsini, général des Florentins y vainquit le général milanais Piccinino). — Bourg de Vénétie sur l’Adige, r. dr., à 5 k. N. O. de Legnano ; 1800 hab. Les Français y battirent les Autrichiens en 1797.

ANGHIERA, v. de Lombardie, à 50 k. N. O. de Milan, sur le bord S. E. du lac Majeur. Comté fort ancien, renouvelé en 1397 par l’emp. Venceslas en faveur de Jean Galéas Visconti, 1er duc de Milan, qui en investit son fils aîné.

ANGILBERT (S.), disciple d’Alcuin et membre de l’école du Palais, d’une famille noble de la Neustrie, obtint la faveur de Charlemagne qui lui fit épouser secrètement sa fille Berthe et le prit pour secrétaire. Il embrassa ensuite la vie monastique, pour accomplir un vœu qu’il avait fait dans une grande maladie, et devint abbé de Centule en Ponthieu. Il accompagna Charlemagne à Rome, devint ministre de Pepin, roi d’Italie, et mourut en 814. Il cultivait la poésie avec succès : Charlemagne, l’appelait son Homère. Il reste de lui quelques courts écrits, recueillis par Duchesne ; on a mis sous son nom une Histoire des premières expéditions de Charlemagne qui n’est qu’un roman de Dufresne de Francheville. On l’honore comme saint le 18 février.

ANGIVILLER (Cl. LA BILLARDERIE, comte d'), directeur général des bâtiments et jardins du roi sous Louis XVI, protégea les artistes, les savants et les gens de lettres, continua les embellissements commencés par Buffon au Jardin des plantes, et réunit au Louvre les collections de peinture et de sculpture. Il émigra en 1791 et mourut à Altona en 1810. Il était membre de l’Académie des sciences et de l’Acad. de peinture et de sculpture.

ANGLES, Angli, peuple de la Germanie, au N. de l’Elbe-Inférieur, habitait la partie orient. du Holstein actuel, et peut-être aussi le Sleswig. Ils passèrent au VIe siècle dans la Bretagne, où ils établirent trois royaumes : Bernicie et Deirie ou Northumberland (540-547) ; Estanglie (571) ; Mercie ou Westanglie (584). Tout le pays prit d’eux les noms d’England ou Angleterre, terre des Angles. V. HEPTARCHIE.

ANGLÈS, ch.-1. de c. (Tarn), à 32 kil. S. E. de Castres ; 526 hab. Draperies, cotonnades.

ANGLESEY, Anglesea, en anglais, Mona chez les anciens, île d’Angleterre, près de l’angle N. O. du pays de Galles, dont elle forme un des 12 comtés : 45 kil. sur 25 ; 50 000 hab. ; ch.-l., Beaumaris. Elle est jointe depuis peu par un pont tubulaire à l’île de Menay. Sol fertile, mines de cuivre, plomb, houille ; marbres. Plusieurs ports. — Les Druides avaient à Mona une école célèbre. Les Anglais s’emparèrent de cette île sous Édouard I, et lui donnèrent leur nom. ANGLET, bourg des Basses-Pyrénées, arr., et à 4 kil. de Bayonne, au bord de l’Océan ; 3079 h. Petit port de pêcheurs ; bons vins blancs.

ANGLETERRE, Britannia chez les Romains, England en anglais, l’un des 3 roy. unis qui forment l’Empire britannique, est bornée au N. par l’Écosse, au S. par la Manche à l’O. par la mer d’Irlande, à l’E, par la mer du Nord ; elle a 570 kil. du N. au S., env. 420 de l’E. à l’O. ; sa population est de 20 000 000 h. ; capit., Londres. On étend souvent, mais improprement, le nom d’Angleterre à toute la Grande-Bretagne. L’Angleterre proprement dite est divisée en 52 comtés ou shires. Ce sont

Comtés. Capitales.
Au N. Northumberland, Newcastle.
Cumberland, Carlisle.
Durham, Durham.
Westmoreland, Appleby.
York, York.
Lancaster, Lancaster,
À l’E. Lincoln, Lincoln.
Norfolk, Norwick.
Suffolk, Ipswich.
Huntingdon, Huntingdon.
Cambridge, Cambridge.
Hertford, Hertford.
Essex, Chelmsford.
Middlesex, Londres.
Au S. Kent, Canterbury.
Sussex, Chichester.
Surrey, Guilford.
Berks, Reading.
Hampshire, Winchester.
Wilts, Salisbury.
Dorset, Dorchester.
Somerset Bath et Wells.
Devon, Exeter.
Cornwall, Launceston.
A l’O. Glocester Glocester.
Monmouth Monmouth.
Hereford, Hereford.
Worcester, Worcester.
Shrop ou Salop, Shrewsbury.
Ces 12 comtés Chester, Chester.
forment la Anglesey, Beaumaris.
principauté Flint, Flint.
de Galles Denbigh, Denbigh.
Caernarvon, Caernarvon.
Merioneth, Bala et Dolgelly.
Montgomery, Montgomery.
Cardigan, Cardigan.
Radnor, Radnor.
Brecknok, Brecknok.
Pembroke, Pembroke.
Caermarthen, Caermarthen.
Au centre. Glamorgan, Cardiff.
Derby, Derby.
Nottingham, Nottingham.
Stafford, Stafford.
Leicester, Leicester.
Rutland, Oakham.
Warwick, Warwick.
Northampton, Northampton.
Bedford, Bedford.
Oxford, Oxford.
Buckingham, Buckingham.

Après Londres, les villes les plus importantes sont : Douvres, Norwich, Hull, Newcastle, Liverpool, Bristol, Falmouth, Plymouth, Portsmouth, Oxford, Birmingham, Manchester, Sheffield, Nottingham, Cambridge, York, Southampton, etc. — Les mont. sont peu nombreuses en Angleterre, sauf dans la principauté de Galles et dans le nord ; elles sont peu hautes : la cime la plus élevée, le Snowdon, n’atteint pas 1200m. Le centre offre de vastes prairies. Les riv. sont en grand nombre, mais presque toutes petites, formant de larges estuaires à leur embouchure ; les principales sont : la Tamise, la Saverne, l’Humber, la Medway, la Mersey, les deux Avon, la Dee, la Tees, la Tyne, la Derwent. Il y a peu de lacs et seulement au N. Les communications sont facilitées par une foule de canaux qui forment les 4 grands systèmes hydrauliques de Liverpool, de Manchester, de Londres et de Birmingham, par de belles routes et par un grand nombre de chemins de fer, dont les principaux partent de Londres. Le climat est humide, froid, brumeux ; la végétation analogue à celle de la Normandie et de la Flandre. Ce pays fournit en abondance des grains, des fruits, dés légumes, du houblon, des plantes farineuses et oléagineuses, mais pas de vin. Les pâturages sont magnifiques ; le bétail, les chevaux excellents ; le gibier abonde sur beaucoup de points ; les loups ont disparu depuis 9 siècles. Il y a encore de vastes forêts dans l’O. Généralement, la culture est bien entendue. Les mines de houille et de fer sont très-riches ; ensuite viennent l’étain, le plomb, le cuivre. L’industrie est très-développée, surtout pour la fabrication des draps, lainages, étoffes, pour les tissus de soie de lin, de chanvre, et plus encore de coton ; pour les filatures, l’impression sur coton, la métallurgie en tout genre, l’armurerie, la coutellerie, la quincaillerie, l’orfévrerie, l’horlogerie pour les tanneries, les blanchisseries, les brasseries. Le commerce, très-actif à l’intérieur, embrasse au dehors toutes les parties du monde. Le gouvernement est constitutionnel (un roi et deux chambres) ; les femmes peuvent régner. La religion dominante est la religion anglicane ; toutefois, il existe un grand nombre de sectes dissidentes. Le Catholicisme, longtemps persécuté, a repris ses droits et a auj. plusieurs évêchés ; l’évêque de Westminster est métropolitain. En littérature, les Anglais citent avec orgueil Shakespeare, Milton, Dryden, Pope, Addison, Byron, W. Scott, Robertson, Hume, Lingard ; dans les sciences et la philosophie, Bacon, Locke, Newton, H. Davy, Priestley, Dalton, etc.

Histoire. On ne sait rien d’authentique sur l’histoire de l’Angleterre avant César. Ce conquérant fit deux descentes dans l’île, alors nommée Bretagne (55 et 54 av. J.-C.). Claude reprit ses projets de conquête l’an 43 de J.-C. ; ses successeurs les continuèrent, et de 78 à 85 les armées romaines, commandées par Agricola, pénétrèrent jusqu’aux monts Grampians ; mais jamais l’île ne fut entièrement sou-mise. En 411 Honorius abandonna la Bretagne ; mais incapables de se défendre contre les Pictes, les Bretons appelèrent à leur secours les Saxons (448) ; ceux-ci accoururent (449), et fondèrent les 4 roy. d’Essex, de Sussex, de Wessex et de Kent (455-527). Les Angles, qui les suivirent (540-584), en élevèrent 3 autres : Estanglie, Mercie, et Deirie avec Bernicle (540-584). Tous ces roy. finirent par se réduire à un seul, sous le Saxon Egbert, roi de Wessex (827). Dès 835, les Danois désolèrent l’Angleterre par leur ravages ; Alfred le Grand (871-900) les força pour quelque temps à la paix. De retour en 981, les Danois mirent leur roi Suénon sur le trône d’Angleterre (1013) : la dynastie saxonne ne put y remonter qu’en 1041. En 1066, Guillaume I, duc de Normandie, conquit le roy. et fonda une nouvelle race, qui en 1154 fut remplacée par les Plantagenets, comtes d’Anjou, issus de la race Normande par les femmes et dont Henri II fut la tige en Angleterre. Ceux-ci régnèrent jusqu’en 1485. Les plus grands événements pendant cet espace de temps furent l’union de 5 grandes prov. francaises à l’Angleterre, par l’avénement de Henri II ; la lutte de ce prince contre Thomas Becket (1162-1170) ; la conquête de l’Irlande (1171) ; les guerres de Richard Cœur de Lion contre la France (1194-1199) ; la perte de la Normandie par Jean sans Terre (1204) ; l’institution de la Grande Charte, base de la constitution anglaise (1215) ; l’insurrection de Simon de Monfort, comte de Leicester, contre Henri III (1258-1265) ; la domination momentanée sur l’Écosse pendant l’anarchie de ce pays (1286-1314) ; la guerre de 100 ans contre la France (1337-1453) ; enfin la guerre civile entre les maisons d'York et de Lancastre, dite guerre des Deux-Roses, qui finit par la chute de la maison royale (1450-1485). Alors, monta sur le trône la dynastie des Tudor, issue d'une branche collatérale et sous laquelle le pouvoir royal fut à son apogée. Elle substitua la religion protestante au Catholicisme : Henri VIII, Édouard VI, Élisabeth contribuèrent à accomplir cette révolution (1533-1603). A Élisabeth succéda Jacques I (VI en Écosse), qui commença en Angleterre la dynastie des Stuarts et qui le premier réunit sous un seul sceptre l'Angleterre, l'Écosse et l'Irlande, sous le nom de Grande-Bretagne. Charles I, son fils, trop favorable au Catholicisme et au pouvoir absolu, périt sur l'échafaud en 1649; la république fut alors proclamée, et Cromwell resta maître de l’État jusqu'à sa mort (1658). Les Stuarts furent rétablis en 1660; mais les fautes de Jacques II amenèrent la révolution de 1688, qui renversa cette dynastie et donna pour souverain aux Anglais Guillaume III, prince d'Orange, qui avait épousé Marie, fille de Jacques II. La reine Anne, qui lui succéda, consomma l'union de l'Angleterre et de l'Écosse; son règne fut illustré par les victoires de Marlborough. Après la mort de la reine Anne, 1714, la maison de Hanovre fut appelée au trône comme la plus proche héritière de la maison royale; c'est elle qui règne encore aujourd'hui. Sous cette dernière dynastie eurent lieu la guerre de Sept ans (1756-63), la conquête du Canada (1763), la perte des colonies anglo-américaines (1774-1783); la soumission de l'Inde(1757-1816), la lutte contre la Révolution française et contre l'Empire (1793-1815); la réunion définitive de l'Irlande (1800), le rappel des lois contre les Non-conformistes et même contre les Catholiques (1820-29), la réforme électorale (1832); l'abolition des lois sur les céréales et la proclamation de la liberté commerciale (1846); les guerres contre les Afghans, contre le Pendjab (1846); la guerre de Crimée, faite contre la Russie de concert avec la France (1854-55); l'insurrection et la prompte répression de l'Inde (1857-58) et diverses expéditions. contre la Chine (1842-1860). – Les histoires d'Angleterre les plus estimées, sont celles de Hume, de Lingard et de Macaulay.


ROIS D'ANGLETERRE.
Race saxonne. Édouard II, 1307
Egbert, 827 Édouard III, 1327
Ethelwolf, 836 Richard II, 1377
Ethelbald, 858 Henri IV, 1399
Ethelbert, 860 Henri V, 1413
Ethelred I, 866 Henri VI, 1422
Alfred le Grand, 871 Édouard IV, 1461
Édouard I, l'Ancien, 900 Édouard V, 1483
Athelstan, 925 Richard III, 1483
Edmond I, 941 Maison de Tudor.
Edred, 946 Henri VII, 1485
Edwy, 955 Henri VIII, 1509
Edgard le Pacifique, 957 Édouard VI, 1547
Saint Edouard le Martyr, 975 Jeanne Grey, 1553
Ethelred II, 978 Marie, 1553
Saxons et Danois. Élisabeth, 1558
Suénon, Danois, 1013 Maison des Stuarts.
Ethelred, rétabli, 1014 Jacques I, 1603
Edmond II, Saxon, 1016 Charles I, 1625
Canut ou Knut le Grand, Danois, 1017 Interrègne (1649-1652).
Harold I, Danois, 1036 O. Cromwell, prot., 1652
Hardi-Canut ou Hardeknut, Danois, 1039 R. Cromwell, prot., 1658
Édouard le Conf., Saxon, 1041 Restaurat. des Stuarts.
Harold II, Saxon, 1066 Charles II, 1660
Race normande. Jacques II, 1685
Guillaume le Conquérant, 1066 Maisons d'Orange et Stuarts.
Guillaume II, le Roux, 1087 Guillaume III (d'Orange) et Marie, 1689
Henri I, Beauclerc, 1100 Anne, 1702
Étienne de Blois, 1135 Maison de Hanovre.
Maison d'Anjou (Plantagenets). Georges I, 1714
Henri II, 1154 Georges II, 1727
Richard Cœur de Lion, 1189 Georges III, 1760
Jean sans Terre, 1199 Georges IV, 1820
Henri III, 1216 Guillaume IV, 1830
Édouard I, 1272 Victoria, 1837

Pour l'ensemble des possessions de l'Angleterre, V. BRETAGNE (Grande). — Pour la géographie ancienne de l'Angleterre, V. BRETAGNE ANCIENNE.

ANGLETERRE (NOUVELLE-). On désignait autrefois sous ce nom six États anglais formant la partie N. E. des États-Unis actuels : ce sont les États de Maine, New-Hampshire, Massachussets, Vermont, Rhode-Island et Connecticut.

ANGLICANE (Église), nom que porte l'Église dominante d'Angleterre. L'Église anglicane adopte presque tous les dogmes de Calvin, mais elle conserve l'épiscopat et une certaine hiérarchie. Le roi est le chef de l'Église; il institue les évêques et veille avec leur concours sur le maintien du dogme et sur l'observation de la discipline. Quoique la Réforme ait été introduite en Angleterre par Henri VIII, l'Église anglicane, qui s'appelle aussi Église épiscopale, ne date que de l’acte d'uniformité, rendu en 1562, sous le régne d'Élisabeth.

ANGLO-AMÉRICAINS. On nommait ainsi les habitants des États-Unis et des colonies formées dans l'Amérique septentrionale par les Anglais.

ANGLO-SAXONS. On nomme ainsi 'les peuples germaniques qui envahirent la Grande-Bretagne vers 449, savoir : les Jutes, les Angles et les Saxons. Ils fondèrent l'Heptarchie, et, mêlés aux Danois, restèrent maîtres du pays jusqu'à la conquête de Guillaume I, 1066.

ANGLURE, ch.-l. de cant. (Marne); sur l'Aube, à 60 kil. S. O. d'Épernay; 856 hab. Anc. baronnie.

ANGO, célèbre armateur de Dieppe, né à la fin du XVe siècle, acquit une immense fortune et put rivaliser avec les rois. Des Portugais ayant enlevé un de ses vaisseaux en pleine paix (1539), il arma contre eux pour son propre compte, bloqua le port de Lisbonne, alla attaquer les Portugais jusque dans les Indes, et ne cessa ses hostilités que lorsqu'ils eurent envoyé un ambassadeur en France pour demander la paix. Il éprouva a la fin de sa vie des pertes considérables et fut presque ruiné; il en mourut de chagrin, en 1551. François I, sous le règne duquel il vivait et qu'il avait reçu splendidement dans son hôtel, l’avait nommé gouverneur de Dieppe.

ANGOLA, État de l'Afrique occid., entre le Congo au N. et le Benguala au S., s'étendenv. de 8° à 15° lat. S. et de 11° à 16° long. E.; env. 400 000 hab. dont 12 000 blancs; ch.-l. Loanda. Il appartient aux Portugais depuis 1485, et forme avec le Benguela et quelques forts du Congo une capitainerie générale. On y faisait jadis un grand commerce d'esclaves. On en exporte encore de l'or, de l'ivoire, de la gomme, des drogues médicinales, du fer, du cuivre, de la cire, du miel, du piment, de l'huile de palmier, etc.

ANGORA, l'anc. Ancyra, Inkhiré chez les Turcs, v. de la Turquie d'Asie (Anatolie), ch.-l. de district, près de la Tabana, à 330 kil. S. E. de Constantinople ; 40 000 h. Siège d'un métropolitain grec. On y trouve des espèces particulières de chèvres, de chats et de lapins à poils longs et soyeux, connues sous le nom d’Angoras. V. ANCYRE.

ANGOSTURA, v. du Vénézuela, ch.-l. de prov., sur l'Orénoque, à 250 k. O. de Vieja-Guyana; 8000 h Évêché. Magnifique palais du congrès. Il se tint dans cette ville, en 1819, sous la présidence de Bolivar, un congrès qui réunit la Nouv.-Grenade et le Vénézuela en un seul État sous le nom de Colombie : ce qui valut à la ville le nom de Ciudad-Bolivar.

ANGOULÊME, Inculisma, ch.-l. du dép. de la Charente, sur une colline au pied de laquelle coule la Charente, à 443 k. S. 0. de Paris, à 445 k. par chemin de fer; 24 961 bah. Évêché, trib. de 1re inst., lycée impérial, cabinet de physique et de chimie, bibliothèque. On y avait établi sous la Restauration une école royale de marine qui a été transportée depuis 1827 à Brest. Port sur la Charente (au faubourg de l’Houmeau). Enceinte murée, ancien château des ducs ; belle cathédrale ; nouveau quartier très-beau. Papeteries renommées, poudrerie, fonderie de canons. Commerce actif ; entrepôt du commerce de Bordeaux et des dép. du Sud. — V. très-ancienne, célébrée par Ausone dès le IVe siècle ; ruinée par les Normands au IXe siècle. Calvin y porta la Réforme en 1527 ; par suite, la ville eut beaucoup à souffrir dans les guerres de religion. Patrie de St-Gelais, Balzac, Poltrot, Ravaillac, du physicien Coulomb, du général Montalembert, etc.

ANGOULÊME (comté, puis duché d'), à peu près équivalant à l’Angoumois. Il fut joint, lors de l’origine du système féodal, au comté de Périgord. Le premier comte de Périgord et d’Angoulême est Vulgrin I (866) ; le plus illustre est Guillaume-Taillefer, sous qui le comté devint arrière-fief de la couronne et fief du duché d’Aquitaine ; le dernier est Vulgrin III, mort en 1181, dont la fille Mathilde porta le comté à Hugues IX, sire de Lusignan et comte de la Marche. Le comté d’Angoulême fut réuni à la couronne en 1308, donné à Philippe d’Évreux en 1328, confisqué sur Charles le Mauvais en 1351, et donné en même temps au connétable Charles d’Espagne ; puis cédé aux Anglais en souveraineté en 1360, mais repris en partie en 1372 et années suivantes. Il devint ensuite l’apanage de Louis, duc d’Orléans, fils de Charles V et frère de Charles VI, et passa au fils puîné de ce prince, qui fut la tige des Valois-Angoulême. François I, issu de cette branche, porta d’abord le titre de comte d’Angoulême ; devenu roi, il fit de ce comté un duché qu’il donna à sa mère, à la mort de laquelle il le réunit à la couronne. Ce duché fut encore un apanage de 1574 à 1650, en faveur de Diane et de Charles de Valois, enfants naturels, l’une de Henri II, l’autre de Charles IX. Après eux, le titre de duc d’Angoulême n’a plus été que nominal.

ANGOULÊME (Charles de VALOIS, duc d'), fils naturel de Charles IX et de Marie Touchet, né en 1573, mort en 1650, porta d’abord le titre de comte d’Auvergne, qu’il échangea en 1619 contre celui sous lequel il est connu. Il fut un des premiers à reconnaître Henri IV et combattit vaillamment dans les rangs de son armée ; mais ensuite il entra dans une conspiration contre ce prince et fut condamné à une détention perpétuelle (1606). Ayant obtenu de Louis XIII sa liberté, il servit l’État avec dévouement et se distingua dans les guerres de Languedoc, d’Allemagne et de Flandre. On a de lui, entre autres écrits, d’intéressants Mémoires sur les règnes de Henri III et Henri IV, Paris, 1662.

ANGOULÊME (L. Ant. DE BOURBON, duc d'), fils aîné du comte d’Artois (Charles X), né à Versailles en 1775, mort à Goritz en 1844, fut emmené par son père en émigration ; épousa en 1799, à Mittau, la fille de Louis XVI, Marie-Thérèse, sa cousine, accompagna Louis XVIII à Varsovie et à Hartwell, rentra en France en 1814, fut accueilli avec enthousiasme à Bordeaux, tenta vainement de s’opposer à la marche de Napoléon en 1815, se vit abandonné de ses troupes, fut pris par le général Grouchy, détenu quelques jours au Pont-St-Esprit, et ne dut la liberté qu’à la générosité de l’Empereur. En 1823, il conduisit une armée au secours de Ferdinand VII, roi d’Espagne, dont le trône était menacé, délivra le roi, poursuivit les insurgés jusqu’à l’extrémité de la Péninsule, couronna l’expédition par la prise du Trocadéro, réussit, presque sans effusion de sang, à rétablir l’autorité royale, et signa l’ordonnance conciliatrice d’Andujar, mais il eut le regret d’en voir neutraliser l’effet par le mauvais vouloir de la cour de Madrid. Après les événements de 1830, il céda ses droits au duc de Bordeaux, son neveu, et vécut en simple particulier sous le nom de comte de Marnes (terre voisine de Ville-d’Avray). Sans être doué de facultés éminentes, ce prince était un homme sage, animé d’intentions conciliantes. — Marie Thérèse Charlotte, duchesse D’ANGOULÊME, fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette, née à Versailles en 1778, morte en 1851, avait à peine 14 ans quand elle fut emprisonnée au Temple avec sa famille. Elle eut à subir les plus indignes traitements et à pleurer successivement la mort tragique de son père, de sa mère, de sa tante Élisabeth, et ne recouvra la liberté qu’en 1795 : elle fut alors échangée contre les commissaires de la Convention livrés par Dumouriez aux Autrichiens. Elle rejoignit dans d’exil son oncle, Louis XVIII, épousa en 1799, à Mittau, de duc d’Angoulême, son cousin, rentra en France avec lui en 1814, proclamant partout union et oubli ; déploya à Bordeaux, en 1815, pour la défense de la cause royale, une énergie qui fit dire à l’Empereur qu’elle était le seul homme de la famille ; accompagna sa famille dans un nouvel exil en 1830, et se fixa à Frohsdorf, en Styrie, où elle se livra tout entière à l’éducation de son neveu, le duc de Bordeaux, et à la pratique des bonnes œuvres. Son attachement à Louis XVIII, dont elle fut la compagne fidèle, l’a fait surnommer l’Antigone moderne. Soutenue dans ses malheurs par une piété vive, cette princesse fut un modèle de résignation. Elle a laissé des Mémoires.

ANGOULEVENT (Nic. JOUBERT, sieur d'), fou célébre sous le règne d’Henri IV. On lui donnait le nom de Prince des sots ou de la sottise. Il eut un procès curieux avec les comédiens de l’hôtel de Bourgogne, en 1604, au sujet des droits attachés à sa principauté. En 1615, on publia sous son nom un recueil intitulé les Satires bastardes et autres œuvres folastres du cadet Angoulevent, dont le véritable auteur est inconnu.

ANGOUMOIS, Agesinates, anc. prov. de France, partie du grand gouvernement de Saintonge et Angoumois, était située entre le Poitou au N. et le Périgord au S., et avait pour capit. Angoulême. Elle forme auj. le dép. de la Charente, moins quelques cant. de l’arr. de Barbezieux, et partie du dép. de la Dordogne. V. COMTÉ D’ANGOULÊME.

ANGRA, ch.-l. de l’île Terceire et de toutes les Açores, sur la côte S. ; 12 000 hab. Évêché, port, fortifications. Miel, vins, lin, froment.

ANGRAN D’ALLERAY (Denis-François), lieutenant civil au Châtelet de Paris, né en 1715, remplit ses fonctions avec autant de lumières que de désintéressement, mais n’en fut pas moins condamné, en 1794, à périr sur l’échafaud révolutionnaire : son crime était d’avoir envoyé de l’argent à ses enfants émigrés. Un de ses juges lui ayant demandé s’il ignorait la loi qui le défendait : « Non, répondit-il, mais j’en connais une plus sacrée : c’est celle qui ordonne aux pères de nourrir leurs enfants. »

ANGRIE, contrée de la Germanie. V. Part suivant.

ANGRIVARII, peuple de la Germanie, habitait sur le Weser, au N. des Chérusques, dans le pays qui fut nommé depuis Angrie et qui contenait les pays de Brême, Verden, Oldenbourg, Ostfrise, Grœningue, Osnabrück, Hoya, Calenberg, Lippe, Munster, Minden, Pyrmont, Corvey, Paderborn, Waldeck. L’Angrie était le domaine de Witikind.

ANGUIER (Franç.), sculpteur, né à Eu en 1604, mort en 1699, a fait les mausolées du cardinal de Bérulle, de J. de Thou, celui de Henri, duc de Montmorency, à Moulins, et un crucifix en marbre pour le maître autel de la Sorbonne. Il travaillait un peu lourdement. — Michel, son frère, 1612-1686, lui est supérieur : il a sculpté une Amphitrite pour Versailles, les bas-reliefs de la porte St-Denis, à Paris, ceux du portail du Val-de-Grâce, ainsi que la Nativité qui décore le maître autel de ce monument. Une salle du musée porte le nom des frères Anguier.

ANGUILLARA, bourg de l’État ecclésiastique, dans la comarque et à 30 kil. N. O. de Rome, érigé en duché par Benoît XIV en 1758 ; 3000 hab.

ANGUILLARA (Andrea dell'), poëte italien, né en 1517 à Sutri (Toscane), mort vers 1570, était correcteur d’imprimerie. On a de lui une traduct. estimée des Métamorphoses d’Ovide, en octaves (Paris, 1554, et Venise, 1584), et diverses autres poésies. — Louis d’Anguillara, botaniste du XVIe siècle, m. vers 1570, a laissé un ouvr. estimé sur les Simples, Venise, 1561.

ANGUILLE (île de l’), une des Antilles anglaises, ainsi nommée à cause de sa forme tortueuse, est la plus septentrionale des îles du Vent ; 40 kil. sur 12 ; 5 000 hab. Port fort commode.

ANGUS ou FORFAR, comté d’Écosse V. FORFAR.

ANHALT, un des États du nord de l’Empire allemand, doit son nom au vieux château d’Anhalt, situé dans la forêt de Harzgerode et dont il ne reste que des ruines. Il est enclavé dans la Prusse et borné au N. par le Brandebourg, à l’O. par la Saxe prussienne et le Brunswick, au S. par le royaume de Saxe, et forme aujourd’hui 2 duchés : 1° le Anhalt-Dessau, qui a la suprématie : il renferme 15 bailliages, compte 52 947 hab. et a pour ch.-l. Dessau ; 2° Anhalt Bernbourg, coupé en plusieurs portions par le territoire prussien, et partagé en haute et basse principauté : il renferme 9 bailliages et 37 050 h. ; ch.-l. Bernbourg. — Un 3e duché, Anhalt-Cœthen, situé à l’E. du duché de Dessau, qui renfermait 7 bailliages, avec 32 475 h., et avait pour ch.-l. Coëthen, a été réuni en 1847 à celui d’Anhalt-Dessau faute d’héritier. — Un 4e duché, celui d’Anhalt-Zerbst, qui était situé au N. de celui de Dessau avait déjà cessé d’exister en 1793, par l’extinction de la branche régnante : son territoire fut alors partagé entre les trois autres branches.

ANHALT (Maison d’), une des plus anciennes familles princières de l’Allemagne, est une branche de la célèbre maison d’Ascanie (V. ce nom). Les princes d’Anhalt, d’abord comtes, puis ducs au XIIIe siècle, et enfin princes immédiats de l’Empire, relevaient primitivement du duché de Saxe. Leur principauté, qui en 1211 se trouvait tout entière entre les mains de Henri, petit-fils d’Albert l’Ours, électeur de Brandebourg, se démembra après Joachim II (1536-86), et forma les 4 duchés de Bernbourg, de Coëthen, de Zerbst et de Dessau (V. l’art. précéd.). Cette maison, à laquelle appartient l’impératrice Catherine II, a donné naissance à un grand nombre de guerriers et de personnages distingués.

ANHALT-BERNBOURG (Christian, prince d’), 1568-1630, amena en 1591 au secours d’Henri IV une armée considérable, battit en 1619 les comtes de Dampierre et de Bucquoi, mais fut défait lui-même à la bataille de Prague, en 1620, et fut mis au ban de l’empire par Ferdinand II, avec lequel il ne tarda cependant pas à se ré-concilier. — La branche de Bernbourg a eu pour dernier représentant Alexandre-Charles, mort sans héritier en 1863, et a été réunie à celle d’Anhalt-Dessau.

ANHALT-DESSAU (Léopold, prince d’), feld-maréchal au service de la Prusse, né en 1676, mort en 1747, fit la guerre de Succession, prit une part glorieuse à la victoire d’Hochstedt, combattit vaillamment à Turin, et accompagna le roi de Prusse, Guillaume I, en Poméranie contre Charles XII. Sous Frédéric II, il remporta en 1745 la victoire de Kesseldorf sur les Saxons et les Autrichiens. Il fut le créateur de cette infanterie prussienne, si célèbre au XVIIIe siècle, et la conduisit 40 ans.

ANHALT-DESSAU (Léopold-Fréd., prince d’), petit-fils du préc., né à Dessau en 1740, mort en 1817, fut forcé par l’état de sa santé à renoncer à la carrière des armes et s’appliqua tout entier à l’administration de son duché. Il forma à Dessau plusieurs établissements utiles, entre autres le collége appelé Philanthropinum, fit un grand nombre de routes, un Pont sur l’Elbe, des palais magnifiques, etc. Plein d’estime pour ce prince, Napoléon respecta toujours son indépendance. Le duc d’Anhalt fit partie de la Confédération du Rhin et fournit de nombreux contingents à l’empereur ; mais en 1813 il se rattacha à la Confédération germanique.

ANHALT-DESSAU (la princesse d’), nièce du roi de Prusse, Frédéric II, femme d’un esprit cultivé, reçut d’Euler, dans les années 1760-62, des leçons de physique et de philosophie qui ont été publiées sous le titre de Lettres à une princesse d’Allemagne.

ANHOLT, petite v. des États Prussiens (Westphalie), à 29 kil. O. de Borken, sur le Vieil-Yssel. Résidence du prince de Salm-Salm.

ANI ou ANISI, Abnicum, v. de la Turquie d’Asie (Erzeroum), à 24 kil. de Kars. Anc. capit. de l’Arménie. Elle fut prise par les Grecs en 1045, par Alp-Arslan en 1064, puis appartint aux princes de Géorgie, de Perse, d’Arménie, et aux Mongols, et fut à peu près ruinée par un tremblement de terre en 1319.

ANIAN (Détroit d’), nom donné par quelques géographes et navigateurs des XVIe et XVIIe siècles à un détroit qui devait faire communiquer l’Atlantique et le Pacifique par le Nord. Ce détroit, qu’il ne faut pas confondre avec celui que l’on a si longtemps cherché au N. O. de l’Europe, était entre l’Asie et l’Amérique et paraît n’être autre chose que le détroit de Behring. V. ce mot et Maldonado.

ANIANE ou SAINT-BENOIT-D’ANIANE, ch.-l. de c. (Hérault), à 26 kil. N. O. de Montpellier ; 2385 hab. Anc. couvent bâti sous Charlemagne par S. Benoît d’Aniane ; c’est auj. une maison de détention.

ANIANUS, référendaire ou chancelier du roi visigoth Alaric, était chargé de certifier en y apposant sa signature les exemplaires du recueil de lois publié par ce prince en 506, à Aire en Gascogne : ce qui a fait supposer à tort qu’il en était l’auteur.

ANIANUS, astronome et poète du XVe siècle, a fait un poème latin en vers hexamètres léonins, intitulé : Computus manualis magistri Aniani, Strasb., 1488. Il est l’auteur de ce distique sur le zodiaque :

Sunt Aries, Taurus, Gemini, Cancer, Leo, Virgo, Libraque, Scorpius, Arcitenens, Caper, Amphora, Pisces.

ANICET, affranchi, dirigea d’abord l’éducation de Néron, et devint dans la suite l’instrument de ses crimes. C’est lui qui inventa le vaisseau qui devait submerger Agrippine, et qui conduisit les soldats chargés de donner la mort à cette princesse. Il aida ensuite Néron à faire condamner Octavie comme adultère, en se déclarant complice du prétendu crime de la princesse. Il fut plus tard exilé en Sardaigne, où il mourut.

ANICET (S.), pape de 157 à 168, était Syrien. Il souffrit le martyre sous Marc-Aurèle. On le fête le 17 avril.

ANICHE, vge du dép. du Nord, à 13 kil. S. E. de Douai, près d’Anzin, 3392 h. Exploitation de houille.

ANICIUM OU PODIUM, auj. le Puy-en-Velay.

ANIEN. V. ANIANUS.

ANIO ou ANIENUS, auj. le Teverone, pet. riv. du Latium, se jette dans le Tibre, à 6 kil. env. au N. E. de Rome. Camille battit les Gaulois sur ses bords, 367.

ANISSON (Laurent), imprimeur à Lyon en 1670, publia d’importantes collections, entre autres : Bibliotheca Patrum, 27 vol. in-f., 1677, etc. — Jean, son fils, fut aussi imprimeur à Lyon et publia le Glossaire grec de Ducange, 1688. Il fut appelé en 1691 à la direction de l’Imprimerie royale à Paris, et porta au plus haut point la prospérité de cet établissement qui est resté longtemps dans sa famille. Il mourut en 1721. — Ét.-Alex.-Jacques, petit-fils du préc., connu sous le nom d’Anisson-Duperron, devint directeur de l’Imprimerie royale en 1783 ; il fut privé de cet emploi à la Révolution, et guillotiné en 1794. — Son fils, Alex.-Jacq.-Laurent, 1776-1852, préfet sous l’Empire, fut remis en 1814 à la tête de l’Imprimerie royale, et sauva les beaux types orientaux que l’ennemi voulait enlever à cet établissement. Les priviléges concédés à son imprimerie ayant provoqué de vives réclamations, il donna sa démission en 1827. Il fut depuis élu député et élevé à la pairie en 1844.

ANISUS, nom de l’Ens en latin moderne.

ANIZY-LE-CHATEAU, ch.-l. de cant. (Aisne), à 15 kil. S. O. de Laon, sur la Lette ; 937 hab. ANJOU, Andecavi, anc. prov. de France, entre la Normandie, le Poitou, le Maine, la Bretagne et la Touraine, avait pour capitale Angers, et pour villes principales Château-Gontier, Baugé, Brissac, Craon, Chollet, Beaupréau. Elle forme auj. le dép. de Maine-et-Loire, et une portion des dép. de la Mayenne, de la Sarthe et d’Indre-et Loire. Climat doux, très-favorable aux fleurs et aux arbres fruitiers. — Habité d’abord par les Andecavi, peuple celtique, ce pays fit partie, sous les Romains, de la 3e Lyonnaise. Après la chute de l’empire romain, l’Anjou entra dans la confédération armoricaine. Conquis par le roi franc Childéric, il passa ensuite sous diverses dominations féodales. Il fut érigé en comté par Charles le Chauve en 864 pour Robert le Fort ; puis donné, après la mort de Robert, à un gentilhomme breton nommé Tertule, qui avait rendu de grands services à ce prince. Louis le Bègue confirma dans cette possession le fils de Tertule, Ingelger, en augmentant ses domaines. C’est de cette maison que sont issus les Plantagenets qui régnèrent sur l’Angleterre de 1154 à 1485 : Geoffroy V, dit Plantagenet, comte d’Anjou, ayant épousé la reine Mathilde (1127), donna naissance à Henri, qui régna sous le nom de Henri II. Les rois d’Angleterre possédèrent jusqu’en 1203 le comté d’Anjou, qui n’en continuait pas moins de relever de la couronne de France. À cette époque, l’Anjou fut confisqué sur Jean sans Terre qui avait fait périr son neveu Arthur, dernier héritier du comté (V. ARTHUR et JEAN), et Philippe-Auguste le réunit à la couronne. En 1226, Louis VIII laissa par testament l’Anjou ainsi que le Maine à Charles, son plus jeune fils, qui devint par là chef d’une nouvelle maison d’Anjou, et qui régna, ainsi que sa postérité sur Naples et la Sicile. En 1290, une petite-fille de ce prince, Marguerite, apporta l’Anjou et le Maine en dot à Charles de France, comte de Valois, dont le fils, devenu roi de France sous le nom de Philippe VI, réunit ces deux provinces à la couronne. En 1360, le roi Jean II érigea l’Anjou en duché, et le donna pour apanage à son 2e fils, Louis, qui devint le chef d’une 2e branche de rois de Naples de la maison d’Anjou : c’est à cette branche qu’appartient le bon roi René. Le dernier rejeton de cette famille, Charles IV, institua Louis XI son héritier, et l’Anjou fut irrévocablement réuni à la couronne en 1482. Le titre de duc d’Anjou fut encore porté depuis par plusieurs princes du sang, par François, 4e fils de Henri II, par Henri III, avant qu’il fût, roi ; par deux fils de Louis XIV, qui moururent jeunes ; par un des petits-fils de ce prince, qui devint plus tard roi d’Espagne sous le nom de Philippe V.

ANJOU (François, duc d'), 4e fils de Henri II et de Catherine de Médicis, et frère de Henri III, né en 1554 et mort en 1584, porta d’abord le titre de duc d’Alençon. Il se montra favorable aux Protestants et fut compromis dans une conspiration qui coûta la vie à son favori La Mole (1574). Il se mit à la tête des Flamands révoltés contre Philippe II, fut un instant reconnu souverain des Pays-Bas, et reçut le titre de duc de Brabant (1582) ; mais ayant voulu violer les libertés du peuple qui l’avait élu, il fut chassé. Il avait été sur le point d’épouser Élisabeth, reine d’Angleterre ; au moment de se conclure, ce mariage échoua par le refus de la reine.

ANJOUAN, une des îles Comores, entre la côte orient. de l’Afrique et Madagascar, a 49 kil. sur 33 ; env. 20 000 hab. (mahométans) ; ch.-l. Makhadou. Jadis florissante, auj. très-pauvre, et dépeuplée par les invasions des pirates madécasses.

ANKARSTRŒM (J.), gentilhomme suédois, né en 1761, avait été enseigne dans les gardes du corps et était retiré du service depuis quelques années lorsqu’il entra, avec plusieurs nobles mécontents, dans une conspiration formée contre Gustave III : il se chargea de porter le coup mortel, et, s’étant introduit dans un bal masqué auquel assistait le roi, il tira sur lui un coup de pistolet au moment où le comte de Horn, son complice, lui désignait la victime, en lui adressant ces mots : « Bonsoir, beau masque. » Cet attentat eut lieu le 15 mars 1792. Arrêté et mis en jugement, Ankarstrœm fut décapité après avoir eu le poing coupé.

ANKOBER, État abyssinien, au S., entre 9° et 11° lat. N., se compose des 2 prov. de Choa et d’Efat, et a pour capit. Ankober, à 450 kil. S. E. de Gondar. C’est l’État le plus civilisé de l’Abyssinie.

ANNA. V. ANNE.

ANNABERG, v. du roy. de Saxe, à 37 kil. S. O. de Freyberg, tire son nom d’une anc. église de Ste-Anne ; 5500 h. Mines d’étain, fer, argent, cobalt.

ANNAM ou VIETNAM, dit aussi EMPIRE ANNAMITIQUE, grand État de l’Inde transgangétique, baigné à l’E. et au S. par la mer, a pour bornes au N. la Chine, à l’O. l’Inde anglaise, l’Empire birman, l’Empire siamois, et se divise en 6 régions : Tonquin ou Drang-Ngai, Cochinchine ou Drang-Trong, Tsiampa, Cambodje annamite, Laos annamite, royaume de Bao ; 1450 kil. sur 600 ; capit. Hué ; env. 23 000 000 d’habitants. Une chaîne de mont. partage l’empire en 2 moitiés longitudinales ; 2 autres chaînes le séparent, l’une de l’empire siamois, l’autre de la Chine. Quelques bons ports. Grande fertilité, sauf vers les mont. et au S. : végétation des tropiques, riz, sucre ananas, thé, poivre, bétel, cocotiers, etc. Bancs de corail énormes ; beaucoup de fer ; sel, marbre, albâtre ; un peu d’or dans les rivières. Les Annamites sont en général semblables aux Chinois, mais plus robustes : leur langue leur écriture, sont dérivés du chinois ; la plupart des institutions sont celles de la Chine : on y trouve des classes de lettrés et de mandarins. Leur gouvt est despotique ; leur armée est d’environ 150 000 hommes ; ils ont de l’artillerie sur le modèle des Européens. — Ce pays, civilisé par les Chinois au IIIe siècle av. J.-C., fut tantôt soumis à la Chine, tantôt indépendant. Lé-Loa assura sa liberté en 1363 ; à cette époque commence la dynastie des Lé, qui règne aussi sur la Cochinchine. En 1774 eut lieu dans le Tonquin la révolte des 3 frères Taï-tsoung, qui furent pendant 20 ans maîtres de tout l’empire. Ils furent expulsés en 1795 par Gia-Long, prince issu de la dynastie cochinchinoise ; un Français, Pigneau, évêque d’Adran, concourut puissamment à cette révolution : il obtint en conséquence toute la confiance du roi et put répandre le Christianisme dans ses États. Les successeurs de ce prince se montrèrent au contraire fort hostiles aux missionnaires, et les persécutions qu’ils exerçaient nécessitèrent en 1858 une expédition hispano-française, à la suite de laquelle le roi régnant se vit obligé de signer en 1860 un traité désavantageux et de céder à la France la Basse-Cochinchine.

ANNAPOLIS v. des États-Unis, ch.-l. du Maryland, sur la baie de Chesapeak, à 60 kil. N. E. de Washington ; 4000 hab. Théâtre et banque ; hôtel du gouvt. — V. de la Nouv.-Écosse, par 67° 42′ lat. N., sur une riv. de même nom, a son emb. dans la baie de Fundy ; 1200 hab. Port magnifique. Fondée par des Français en 1604, elle se nommait jadis Port-Royal.

ANNAT (Fr.), Jésuite, né à Rhodez en 1607, mort à Paris en 1670, devint provincial de son ordre et confesseur de Louis XIV (1654-1670). Adversaire ardent des Jansénistes, il fit condamner par la Sorbonne plusieurs de leurs propositions et écrivit contre eux, entre autres ouvrages, le Rabat-joie des Jansénistes (1666). Son nom serait ignoré si Pascal ne lui eût adressé ses deux dernières Provinciales.

ANNATES, redevance que payaient à la chambre apostolique, en recevant leur bulle, ceux qui étaient pourvus d’un bénéfice, consistait dans le revenu d’une année. Ce droit, longtemps perçu par les papes dans toute la chrétienté, et introduit en France en 1320, fut la source de querelles sans cesse renaissantes entre la cour de Rome et la plupart des souverains de l’Europe. Henri VIII supprima les annates en Angleterre; en France, elles furent tantôt suspendues, tantôt réduites; enfin elles ont été définitivement supprimées en 1789.

ANNE, Anna (c.-à-d. gracieuse, en hébreu et en phénicien), sœur de Pygmalion, roi de Tyr, abandonna sa patrie en même temps que Didon, sa sœur, et vint avec elle fonder Carthage. Après la mort de Didon, elle se retira en Italie pour se soustraire aux poursuites d'Iarbas, roi gétule, et y reçut l'hospitalité d'Énée; mais ayant excité la jalousie de Lavinie, elle se noya de désespoir dans le Numicus.

ANNE (Ste), femme de S. Joachim, et mère de la Ste Vierge. On la fête le 28 juillet.

ANNE COMNÈNE, fille de l'empereur Alexis Comnène, née en 1083, morte en 1148, conspira, après la mort de son père, pour détrôner Jean Comnène, son frère, et mettre en sa place son époux Nicéphore Bryenne. Ayant échoué par la faiblesse de Nicéphore, elle alla vivre dans la retraite et se consacra aux lettres. Elle composa la Vie d'Alexis, son père. Cet ouvrage se trouve dans la Byzantine et a été trad. par le président Cousin, Paris, 1651, in-fol.

ANNE de France, connue sous le nom de Dame de Beaujeu, fille de Louis XI, roi de France, et sœur aînée de Charles VIII, née en 1462, morte en 1522, fut mariée à Pierre II, sire de Beaujeu, duc de Bourbon. Pendant la minorité de Charles VIII, elle gouverna l'État avec autant de prudence que de fermeté. Elle assembla les États généraux en 1484, et eut à combattre les prétentions des grands, qui se révoltèrent ayant à leur tête le duc d'Orléans (roi depuis sous le nom de Louis XII); mais elle livra bataille à ce prince, le fit prisonnier à St-Aubin-du-Cormier, 1488, et le garda 2 ans prisonnier à Bourges.

ANNE de Bretagne, fille et héritière du duc de Bretagne François II, née en 1476, morte en 1514, fut d'abord mariée par procuration à Maximilien d'Autriche; mais cette union ne s'étant pas effectuée, elle épousa Charles VIII, roi de France (1491), et assura ainsi à la France la possession de la Bretagne. Cette princesse, qui joignait les qualités de l'esprit à la beauté, gouverna le royaume pendant l'expédition de Charles VIII en Italie. Après la mort de ce prince, elle épousa Louis XII (1499).

ANNE de Hongrie, fille de Ladislas VI, porta la couronne de Hongrie et de Bohême à son époux, Ferdinand d'Autriche, en 1527. Zapolski, voivode de Transylvanie, étant venu assiéger Vienne, Anne, qui s'y trouvait enfermée, montra beaucoup de courage et de fermeté. Elle mourut à Prague en 1547.

ANNE d'Autriche, reine de France, fille aînée de Philippe III, roi d'Espagne, naquit en 1602, épousa Louis XIII en 1615, et devint mère de Louis XIV en 1638, après 23 ans de mariage. Du vivant de son époux, cette princesse n'eut aucun crédit et fut entièrement sacrifiée à l'ambition jalouse de Richelieu, qui l'impliqua même dans une conspiration et la fit reléguer comme prisonnière au Val-de-Grâce. Devenue régente à la mort de Louis XIII (1643), elle donna toute sa confiance à un étranger, au cardinal Mazarin, et excita par là des mécontentements qui donnèrent naissance aux troubles de la Fronde (1648-53); néanmoins, elle résista et maintint le pouvoir intact. Elle mourut en 1666.

ANNE, reine d'Angleterre, fille de Jacques II et d'Anne Hyde, sa première femme, née en 1664, morte en 1714, fut élevée dans la religion anglicane, et mariée au prince Georges, frère du roi de Danemark. Après la mort de Guillaume III, époux de Marie, sa sœur aînée, les Anglais l'appelèrent au trône en 1702. Les victoires de Marlborough, son général et son favori, firent rejaillir sur son règne une gloire immortelle; néanmoins, elle n'hésita pas à sacrifier ce général au désir de la paix. Elle eut une grande part au traité d'Utrecht (1713), et y fut l'arbitre de l'Europe. Elle essaya en vain d'ouvrir à son frère, Jacques III, le chemin du trône. L'un de ses actes les plus mémorables, c'est d'avoir consommé définitivement l'union de l'Écosse et de l'Angleterre en formant un seul parlement (1707). Sous son règne, la littérature anglaise brilla du plus vif éclat.

ANNE IVANOVNA, impératrice de Russie, fille d'Ivan, frère de Pierre I, née en 1693, morte en 1740, épousa le duc de Courlande, et fut proclamée impératrice en 1730 à la mort de Pierre II, à l'exclusion d'Anna Petrovna, fille aînée de Pierre le Grand. Cette princesse fut subjuguée par Jean de Biren, son favori, et quoiqu'elle fût naturellement humaine, elle laissa commettre par ce ministre de grandes cruautés.

ANNE (Ordre de Ste-), ordre russe, institué d'abord dans le Holstein dès 1735, par le duc Frédéric, en l'honneur de sa femme Anne, fille de Pierre le Grand, ne fut régulièrement établi en Russie qu'à l'avénement de Paul I en 1756. La croix a 4 branches, est rouge, émaillée, et porte au centre l'image de Ste Anne; le ruban est rouge liseré de jaune.

ANNEBAUT (Claude d'), baron de Retz, d'une ancienne famille de Normandie, qui tirait son nom du château d'Annebaut (Eure), fut fait prisonnier avec François I, en 1525, à la bataille de Pavie, reçut le bâton de maréchal en 1538, fut nommé amiral en 1543, puis chargé de l'administration des finances avec le cardinal de Tournon; il mourut en 1552. – Son fils unique, Jacques d'Annebaut, fut tué à la bataille de Dreux, en 1562.

ANNECY, v. de France, ch.-l. du dép. de Hte-Savoie, à 646 k. S. E. de Paris et à 35 k. N. de Chambéry, sur le lac d'Annecy (16 kil. sur 4); 10 500 h. Évêché depuis 1535 (transféré de Genève), réuni à celui de Chambéry en 1801, puis rétabli (1823); collége dit Chappuisien. Anc. résidence des comtes de Génevois. S. François de Sales fut évêque d'Annecy, et ses reliques sont conservées dans la cathédrale. Berthollet, né près de là, y a une statue. – Cette ville, qui suivit le sort de la Savoie, appartint jusqu'en 1860 aux États sardes; elle était le ch-l. d'une prov. qui comptait 270 500 h. Cédée à la France avec le reste de la Savoie.

ANNESE (Gennaro), ancien fourbisseur à Naples, remplaça Masaniello dans le commandement des Napolitains révoltés (1647). Trahissant la confiance de ses compatriotes, il traita avec don Juan d'Autriche, et lui remit les clefs de la ville (1648); il n'en fut pas moins une des premières victimes de la réaction.

ANNIBAL, général carthaginois, fils d'Amilcar, né l'an 247 av. J.-C. Son père lui avait fait jurer dès son enfance une haine implacable aux Romains. Il servit 3 ans en Espagne sous les ordres de son beau-frère Asdrubal, et à la mort de ce général il fut unanimement proclamé général en chef par l'armée carthaginoise, quoiqu'il eût à peine 25 ans. Il ralluma la guerre avec les Romains en prenant et saccageant, au milieu de la paix et contre la foi des traités, la ville de Sagonte, alliée de Rome (219 av. J.-C.) Pensant qu'on ne pouvait vaincre les Romains que dans Rome, il quitta l'Espagne à la tête de 100 000 soldats, traversa les Gaules, franchit le Rhône et les Alpes (218), et envahit l'Italie : il marcha d'abord de succès en succès, et remporta sur 3 consuls les 3 grandes victoires du Tésin, de la Trébie (218), du Trasimène (217). Retardé quelque temps par la sage temporisation de Fabius, il n'en pénétra pas moins jusqu'au fond de la Péninsule, et battit complétement les Romains à la bat. de Cannes (216 ), où il leur tua près de 50 000 h. S'il avait marché droit à Rome après cette victoire, peut-être, a-t-on dit, s'en fût il rendu maître; mais ses délais laissèrent aux Romains le temps de reprendre courage, et ses troupes cantonnées en Campanie s'amollirent dans les délices de Capoue. Marcellus le vainquit deux fois devant Nole. Asdrubal, son frère, qui lui amenait d'Espagne des troupes fraîches, fut battu et tué près du Métaure avant d'avoir effectué sa jonction (207). D'ailleurs, Annibal n'obtenait de Carthage qu'avec peine, et en petite quantité, l'argent et les renforts dont il avait besoin. Cependant il se maintint encore plusieurs années par ses propres forces en Italie, et ne quitta cette contrée que lorsque Scipion eut transporte la guerre en Afrique; il se vit alors forcé de repasser la mer pour aller défendre sa patrie. A peine arrivé, il livra bataille aux Romains dans la plaine de Zama (202) : mais il fut vaincu et forcé de s'exiler. Il se réfugia chez Antiochus, roi de Syrie, à qui il persuada de déclarer la guerre aux Romains, et enfin chez Prusias, roi de Bithynie. Celui-ci ayant promis de le livrer à ses ennemis, Annibal s'empoisonna pour ne pas tomber vivant entre leurs mains (183). Il avait alors 64 ans. Sa Vie a été écrite par Cornélius Népos et par Plutarque.

ANNIBALIEN (Flavius Claudius), neveu de Constantin le Grand, qui le fit roi de Pont, de Cappadoce et d'Arménie, et lui donna sa fille en mariage. A la mort de Constantin, ses soldats, excités par l'empereur Constance son cousin, le massacrèrent (338).

ANNICÉRIS, philosophe de l'école cyrénaïque, disciple d'Aristippe, florissait dans Alexandrie au IVe siècle av. J.-C. Il plaçait le souverain bien dans le plaisir, mais en recommandant la recherche des jouissances intellectuelles et morales. — Un autre Annicéris, ami de Platon, racheta ce philosophe vendu comme esclave par Denys le tyran.

ANNIUS de Viterbe, dont le vrai nom est Jean Nanni, dominicain et maître du sacré-palais, né en 1432, mort en 1532, publia à Rome, en 1498, un recueil. intitulé : Antiquitatum variarum volumina XVII, dans lequel se trouvent des écrits attribués à des auteurs de la plus haute antiquité, tels que Bérose, Manéthon, Mégasthène, Archiloque, Myrsile, Fabius Pictor, Sempronius, Caton, etc. On a beaucoup disputé sur l'authenticité de ces écrits; on convient auj. qu'ils sont fabriqués, mais il paraît qu'Annius en les publiant était de bonne foi, et il fut le premier dupe d'un faussaire.

ANNO-BON, île du golfe de Guinée, a env. 30 kil. de tour et renferme une petite ville de même nom sur la côte E.; 1000 hab., nègres. Découverte en 1471 par les Portugais, le jour de l'an, d'où son nom; cédée en 1778 à l'Espagne.

ANNONAY, ch.-l. de c. (Ardèche), entre la Diaune et la Cance, à 28 k. N. O. de Tournon ; 16 271 h. Papeteries et mégisseries renommées. Patrie de Montgolfier.

ANNONCIADE, nom donné à plusieurs ordres religieux et militaires institués en l'honneur de l'Annonciation. Tels sont : 1° l'ordre de l’Annonciade de Savoie, ordre honorifique, créé en 1362 par Amédée VI, comte de Savoie, sous le nom d’Ordre du Collier, renouvelé en 1518 parle duc Charles III, sous le nom de l’Annonciade et consacré à la Ste Vierge; — 2° les Annonciades, instituées à Bourges (1500) en l'honneur des dix vertus de la Vierge, par Jeanne de Valois, fille de Louis XI; 3° les Annonciades célestes ou Filles Bleues, instituées en 1604 à Gênes, par Marie-victoire Fornaro; elles portaient un manteau bleu : d'ou leur surnom.

ANNONCIATION. On appelle ainsi 1° le message que remplit l'ange Gabriel près de la Vierge pour annoncer qu'elle enfanterait un fils; 2° la fête instituée en mémoire de ce message. Cette fête remonte aux premiers siècles; on la célèbre le 25 mars.

ANNOT, ch.-l. de cant. (B.-Alpes), à 34 kil. N. E. de Castellane; 905 hab. Curieuse grotte aux environs.

ANNULUS, poëte latin moderne. V. ANEAU.

ANONYME (l') de Ravenne. V. RAVENNE.

ANQUETIL (L. Pierre), historien, né à Paris en 1723, mort en 1808; entra de bonne heure chez les Génovéfains, devint directeur du séminaire de Reims, du collége de Senlis, et enfin curé de la Villette près de Paris. Emprisonné pendant la Terreur, il recouvra bientôt la liberté. Il fut nommé membre de l'Institut dès la fondation et attaché au ministère des affaires extérieures. Ses principaux ouvrages sont : Histoire de Reims, 1756; Esprit de la Ligue, 1767 ; Précis de l'histoire universelle (abrégé de l’Histoire universelle des Anglais), 1797 et 1807; Motifs des guerres et des traités de paix sous Louis XIV, XV et XVI, 1798; Histoire de France, 1805, 14 vol. in-12, ouvrage écrit avec clarté, mais froid et ennuyeux et qui se ressent de la vieillesse de l'auteur; c'est cependant celui de ses ouvrages qui est le plus répandu.

ANQUETIL-DUPERRON (Abraham-Hyacinthe), savant orientaliste, frère de l'historien, né à Paris en 1731, mort en 1805, étudia de bonne heure l'hébreu, l'arabe et le persan. Voulant perfectionner ses connaissances sur les lieux mêmes, il s'engagea comme soldat dans un régiment qui partait pour l'Inde (1754). Il ne tarda pas à se faire libérer; mais il resta en Asie, et parvint, en courant les plus grands dangers, à apprendre plusieurs idiomes de cette contrée. De retour en France en 1762, il consacra le reste de sa vie à la publication des précieux matériaux qu'il avait amassés. Il fut nommé en 1763 interprète pour les langues orientales et membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, mais il donna bientôt sa démission, pour s'affranchir de toute obligation. Anquetil vivait très-retiré et de la manière la plus sobre; c'était en outre un homme d'un caractère ferme et indépendant : quoique réduit à la pauvreté, il refusa toute pension. Ses principaux ouvrages sont une Traduction du Zend-Avesta (livre sacré des Parsis), précédée d'un Voyage aux Grandes Indes, Paris, 1771; Législation orientale, 1778; Recherches historiques et géographiques sur l'Inde, 1786; l’Inde en rapport avec l'Europe, 1798. Oupnek'kat, id est, secretum tegendum, traduction lat. d'une version persane abrégée des Védas, avec des notes et explications, 1804. Anquetil l'historien à rédigé une Notice sur sa Vie.

ANSARIEHS, peuple de Syrie, habite dans l'Anti-Liban, entre Antakieh et Nahr-el-Kebir, et paye tribut au pacha de Tripoli. Ils professent un Islamisme mêlé aux anciennes croyances de la Perse et de l'Assyrie.

ANSCHAIRE (S.), l'Apôtre du Nord, né en Picardie en 811, mort à Brême en 864, quitta en 826 l'abbaye de Corbie pour aller prêcher la foi dans le Slesvig, la Suède, le Danemark, le Holstein, et fut nommé évêque de Brême puis archevêque de Hambourg. On l'honore le 3 février.

ANSE, ch.-l. de c. (Rhône), à 6 k. S. de Villefranche, sur l'Azergue, près de la Saône ; 1427 h, Site délicieux. Anc. résidence royale.

ANSE (la GRANDE-), bourg de la Martinique, sur la côte N. de l'île ; 4000 h. Sucreries importantes.

ANSÉATIQUES (Villes). V. HANSE, HANSÉATIQUES.

ANSEAUME, auteur comique, né vers 1720, mort en 1784, d'abord souffleur, puis directeur de l'Opéra-Comique, donna, de 1753 à 1772, au théâtre de la Foire, à l'Opéra-Comique et à la Comédie-Italienne un assez grand nombre de pièces qui eurent du succès, et dont quelques-unes se jouent encore : les Deux chasseurs et la Laitière, 1763 musique de Duni ; le Tableau parlant, 1769, musique de Grétry ; la Clochette, le Peintre amoureux de son modèle, etc.

ANSÉGISE, fils de S. Arnoul, et gendre de Pepin de Landen, fut père de Pepin d'Héristal et jouit d'une grande autorité au VIIe siècle, sous Sigebert et Childéric II. On lui donné quelquefois le titre de duc d'Austrasie. — Abbé de Fontenelle ou St-Vandrille, intendant des bâtiments sous Charlemagne et Louis le Débonnaire, mort en 834, a recueilli en 4 livres les Capitulaires de ces deux princes (souvent imprimés, notamment en 1780, par Chiniac). — Archevêque de Sens en 871, mort en 883, fut chargé par Charles le Chauve de diverses missions auprès du pape, devint primat des Gaules et de la Germanie et sacra rois de France Louis III et Carloman.

ANSELME (S.), célèbre théologien et philosophe du XIe siècle, né en 1033 à Aoste, mort en 1109, fut d'abord abbé du Bec en Normandie, puis archevêque de Cantorbéry en Angleterre. Austère dans ses mœurs, il fit observer rigoureusement le célibat ecclésiastique en Angleterre. Zélé défenseur des prérogatives du clergé et du pape, il lutta constamment contre Guillaume le Roux qui voulait les restreindre. Ce prince le fit sortir d'Angleterre; mais Henri I, son successeur, l'y rappela. — S. Anselme joue un rôle important dans la théologie aussi bien que dans la politique de son temps : on l'a considéré comme un second S. Augustin. Il essaya d'appuyer la religion sur la philosophie, et donna même de nouvelles démonstrations de l'existence de Dieu, qu'il prouvait, comme le fit plus tard Descartes, par l'idée de l'être parfait. Ses œuvres ont été publiées par dom Gerberon, Paris, 1675, 1721; Venise, 1744, 2 vol. in-fol. On y remarque surtout le Monologium, sive Exemplum meditandi de ratione fidei, et le Proslogium seu Fides quærens intellectum, dont M. H. Bouchitté a donné une exposition dans le livre intitulé : Rationalisme chrétien, Paris, 1842, in-8. M. G. Seigneur a traduit ses Prières (1860). On honore ce saint le 21 avril. Sa Vie, écrite par Eadmer, son secrétaire, se trouve dans l'éd. de Gerberon; elle a été écrite de nos jours par Mœlher et par M. Ch. de Rémusat (1852).

ANSELME dit l’Écolâtre, mort en 1117, fut disciple du préc., tint à Laon une école célèbre et compta parmi ses auditeurs Guillaume de Champeaux et Abélard.

ANSELME (Pierre de GUIBOURS, dit le P.), Augustin Déchaussé, né à Paris en 1625, mort en 1694, est connu par une Histoire généalogique de la maison de France et des grands officiers de la couronne, 1674, 2 vol. in-fol.; ouvrage continué par du Fourni et le P. Ange de Ste-Rosalie, qui en donnèrent de 1726 à 1739 l'édition la plus estimée (9 vol. in-fol.). On lui doit encore la Science héraldique, 1674, et le Palais de l'honneur, contenant la généalogie des maisons de France, de Lorraine et de Savoie.

ANSELME (Ant.), prédicateur, né en 1652 à l'Ile-Jourdain, mort en 1737, prêcha de bonne heure avec tant de succès dans le Languedoc qu'on l'y surnomma le petit prophète, vint à Paris, où il ne réussit pas moins en prêchant devant la cour, et fut admis en 1710 à l'Académie des inscriptions. Ses Sermons, publiés en 1721, forment 4 vol. in-8.

ANSES-D'ARLET (les), bourg de la Martinique (Antilles), à 15 kil. S. de Fort-Royal; 1600 h. On y récolte le meilleur café de l'île.

ANSON (George), amiral anglais, né en 1697, mort en 1762. Chargé d'une expédition contre les établissements espagnols dans l'Amérique méridionale (1740-1745), il réussit complètement, et fut comblé à son retour des faveurs de Georges II. Une victoire qu'il remporta en 1747 sur le chef d'escadre français La Jonquière lui valut la pairie et le grade de contre-amiral; enfin, il fut nommé amiral en 1711. La relation de son Voyage autour du monde dans les années 1740-1745 a été publiée à Londres en 1748, et trad. en français dès 1749.

ANSPACH, Onoldinum, v. de Bavière, ch.-l. de la Franconie centr., sur la Rezat, à 40 k. S. O. de Nuremberg; 18 000 h. Joli château, anc. résid. des margraves; gymnase, galerie de tableaux. Fabriques de draps, de cartes, de faïence, etc. Patrie de Stahl et d'Uz. — Elle était autrefois le ch.-l. du margraviat d'Anspach-Bayreuth, principauté qui comptait 300 000 h., et qui avait d'abord appartenu aux bourgeois de Nuremberg. Le dernier margrave, Charles-Frédéric, vendit son État à la Prusse 1791; Napoléon s'en empara et le donna à la Bavière en 1806.

ANSPACH-BAYREUTH (Charles-Frédéric-Alex., margrave d'), né en 1736, mort en 1806, était neveu du grand Frédéric, ayant pour mère Wilhelmine, duchesse de Bayreuth, sœur de ce prince. Marié malgré lui à une princesse de Saxe-Cobourg, il quitta bientôt son épouse et voyagea en Italie en France et en Hollande; de retour à Anspach, il y vécut avec la célèbre comédienne Clairon, qui passa 17 années à sa cour. Il la remplaça dans la suite par lady Craven (V. l'article suivant), qu'il épousa après la mort de sa femme (1790), et avec laquelle il se retira en Angleterre, lorsqu'il eut vendu son margraviat au roi de Prusse Frédéric-Guillaume (1791).

ANSPACH (Élisabeth CRAVEN, margravine d'), née à Spring-Garden en 1750, morte en 1828, était fille du comte de Berkeley. Elle épousa d'abord lord Craven dont elle eut sept enfants. Abandonnée par son époux, elle sollicita le divorce, et quitta l'Angleterre pour voyager. Accueillie avec distinction dans toutes les cours de l'Europe, elle finit par se fixer auprès du margrave d'Anspach, à qui elle avait inspiré la plus vive passion, et qui l'épousa dès qu'elle fut devenue veuve (1790). Elle se retira alors avec son époux en Angleterre dans la terre de Brandebourg-House. Après la mort de ce prince (1806), elle recommença ses voyages : elle mourut à Naples à l'âge de 78 ans. Lady Craven avait fait un poëme dès l'âge de 17 ans; plus tard, elle composa quelques pièces de théâtre (recueillies par Asimond, 1789, 2 vol. in-8). On a encore d'elle un Voyage a Constantinople en passant par la Crimée, Londres,1789, traduit trois fois en français; et des Mémoires fort curieux, qui parurent à Londres en 1825, et furent trad. par J. T. Parisot, 1826, 2 vol. in-8.

ANSPRAND, roi des Lombards en 712, était Bavarois. Après trois mois de règne il fut vaincu par le duc de Turin, Ragimbert, et obligé de fuir en Bavière; mais il remonta bientôt sur son trône. Il eut pour successeur Luitprand, son fils.

ANTÆOPOLIS, auj. Kau-il-Kubara, v. de la H.-Égypte, sur le Nil, r. dr., ainsi nommée en mémoire de la victoire qu'Hercule y remporta sur Antée.

ANTAKIEH, nom d’Antioche chez les Turcs.

ANTALCIDAS, général spartiate, conclut avec Artaxerce-Mnémon, roi de Perse, l'an 387 av. J.-C., une paix ignominieuse : par ce traité, Sparte, dans le but d'asservir la Grèce, achetait l'appui du grand roi en lui soumettant toutes les villes grecques de l'Asie-Mineure. Poursuivi par le mépris général, Antalcidas se réfugia en Perse. Chassé par Artaxerce lui-même, il revint en Grèce et s'y laissa, dit-on, mourir de faim.

ANTANDROS, v. de Mysie, au pied de l'Ida et au fond du golfe d'Adramytte. C'est près de là, dit-on, que Pâris prononça son jugement entre les trois déesses. C'est, selon Virgile, du port d'Antandros que partit Énée après le sac de Troie (Én., III, 6).

ANTAR, poëte et guerrier arabe du VIe siècle, fils d'un chef de tribu et d'une esclave abyssinienne, eut à exécuter les entreprises les plus périlleuses pour obtenir la main de sa cousine Abla, y réussit par son courage, mais périt en 615, assassiné par un ennemi. Ses aventures font le sujet du Roman d'Antar, espèce d'Iliade arabe, dont l'auteur, Aboul-Moyed-Ibn-Essaigh, vivait au XIe siècle, et dont plusieurs morceaux ont été trad. par MM. Perceval, Cardonne, Dugat et Lamartine.

ANTARADUS, v. de Phénicie, en face Aradus, à qui elle servait de port, est auj. Tortose.

ANTARCTIQUE (Océan). V. GLACIALE (Mer).

ANTÉCHRIST, c.-à-d. ennemi du Christ, personnage mystérieux que l'Ancien et le Nouveau Testament annoncent comme devant s'opposer au Messie et comme devant couvrir la terre de crimes et d'impiétés. Son apparition sur la terre doit précéder le 2e avènement du Christ (Daniel, ch. VII et suiv.; S. Jean, Apocalypse, chap. XIII et XIV). On a cru voir l’Antéchrist dans les chefs des principales hérésies.

ANTÉE, Antæus, géant, fils de Neptune et de la Terre, habitait Irasa, dans les sables de la Libye; il arrêtait et massacrait tous les passants, parce qu'il avait fait vœu d'élever un temple à Neptune avec des crânes humains. Hercule le terrassa trois fois, mais en vain : car la Terre, sa mère, ranimait ses forces chaque fois qu'il la touchait. Hercule s'en aperçut, le souleva en l'air, et l'étouffa dans ses bras.

ANTEMNÆ, petite v. du Latium, à 4 k. N. E. de Rome, au confluent de l'Anio et du Tibre. Vaincus dans la guerre qu'ils firent à Romulus, les Antemnates furent transférés à Rome (748 av. J.-C.)

ANTÉNOR, prince troyen, parent de Priam, fut accusé de trahir sa patrie, parce qu'ayant reconnu dans Troie Ulysse déguisé, il ne le dénonça pas, et parce qu'il conseilla d'introduire le cheval de bois. Après la prise de la ville, il s'embarqua avec les siens, vint aborder en Italie sur les côtes des Vénètes, et fonda une ville qui porta d'abord son nom, et qui depuis fut appelée Patavium (Padoue).

ANTEQUERA, Anticaria, v. d'Espagne, à 28 kil. N. O. de Malaga; 20 000 h. Vieux château moresque. Étoffes de soie, tapis, maroquins. Prise sur les Maures en 1410, par Ferdinand, roi de Castille.

ANTÉROS (du grec anti, en retour, et éros, amour), dieu de l'amour réciproque, était frère de Cupidon.

ANTES, peuple slave qui, selon Jornandès, habitait, au VIe siècle, le pays compris entre le Dniester et le Dniéper jusqu'à la mer Noire. Leur nom paraît être synonyme de Wendes ou Vénèdes. Soumis tour à tour aux Goths et aux Huns, ils prirent souvent, après Justinien, du service dans les troupes byzantines. Exterminés par les Avares, les Bulgares et les Hongrois, ils disparaissent au Xe siècle.

ANTHÉDON, pet. v. de Béotie avec un port sur l'Euripe, était habitée par des pêcheurs : la Fable y place Glaucus qui fut transformé en dieu marin.

ANTHÉLA, bourg de Thessalie, près du golfe Maliaque et des Thermopyles, est célèbre par un temple de Cérès et par l'assemblée des Amphictyons, qui s'y tenait tous les ans.

ANTHÉMIUS (Procopius), empereur d'Occident, de 467 à 472 petit-fils d'un Anthémius, qui avait été ministre d'Arcadius, s'était lui-même distingué, avant de régner, par ses victoires sur les Huns et les Goths. Il fut détrôné par Ricimer, son gendre, et eut pour successeur Olybrius.

ANTHÉMIUS, architecte, sculpteur et mathématicien, de Tralles, vivait sous Justinien. Il traça le plan de Ste-Sophie à Constantinople, mais mourut dès 534, avant d'avoir achevé l'édifice. On croit qu'il connut l'usage de la poudre et la force de la vapeur. Il reste de lui quelques fragments.

ANTHESTÉRIES (du grec anthos, fleur), fêtes célébrées à Athènes en l'honneur de Bacchus, avaient lieu dans le mois d’Anthestérion, mois qui correspondait dans l'origine aux mois de mars et d'avril, saison des premières fleurs. Elles duraient trois jours; on y vidait les coupes à l'envi; les maîtres y servaient leurs esclaves.

ANTHOLOGIE, c.-à-d. choix de fleurs, nom donné à divers recueils de poésies détachées, et spécialement à un recueil d'épigrammes grecques qui a subi diverses transformations (V. AGATHIAS, CONSTANTIN-CÉPHALAS, et PLANUDE). Il en a été donné des éditions par J. Lascaris (Florence, 1494, in-4), par Brunck (Strasbourg, 1772-76, 3 vol. in-8), par Jacobs (Leipsick, 1813-17, 3 vol. in-8) et par Dübner, dans la collection grecque-latine de Didot 1865). Hugo Grotius l'a traduite en vers latins (Utrecht, 1795-1822, 5 vol. in-4, avec le texte grec édité par Jér. de Bosch); M. Debèque l'a traduite en français (2 vol. in-12, 1863), et M. Chopin en a mis en vers un Choix (1856). — Il existe aussi une Anthologie latine, recueillie par J. Scaliger et publiée par P. Burmann jeune, 1759-73, 2 vol. in-4.

ANTHONY'S NOSE, c.-à-d. nez d'Antoine, cap des États-Unis, 18 kil. N. de New-York, sur la r. g. de l'Hudson. Une chaîne en fer était tendue de ce cap au fort de Montgomery sur l'autre rive; elle fut rompue par le général anglais Clinton, 1777.

ANTIBES, Antipolis, ch.-l. de c. (Alpes-Marit.), à 23 k. E. S. E. de Grasse; 6829 h. Port sur la Méditerranée, place de guerre, phare du 1er ordre. Fruits exquis : oranges, citrons, olives; très-bonne huile. — Colonie marseillaise, fondée vers 340 av. J.-C. en face (anti) de Nice : d'où son nom. Place d'armes romaine après la prise de Marseille par César. Ruinée par les Arabes. Fortifiée par François I et Henri IV. Assiégée en vain par les Impériaux en 1746. Anc. évêché, réuni (1250) à celui de Grasse. Coll. communal.

ANTICOSTI (île) ou DE L'ASSOMPTION, île de l'océan Atlantique, à l'emb. du St-Laurent; 180 k. sur 60. On y fait la pêche de la morue. Elle est entièrement stérile : on n'y trouve que deux établissements pour le secours des naufragés. Découverte par Cartier en 1534; auj. aux Anglais.

ANTICYRA, primitivement Cyparisse, auj. Aspra-Spitia, v. de Phocide, sur le golfe de Crissa, fameuse par l'ellébore qu'on recueillait aux environs, et auquel on attribuait la vertu de guérir la folie. Détruite par Philippe dans la guerre sacrée. — Une v. de Thessalie, près de l'emb. du Sperchius, et une île de la mer Égée portaient le même nom d'Anticyre et produisaient aussi de l'ellébore.

ANTIFER (cap), ou CAP DE CAUX, cap de France, sur la Manche, à 15 k. O. S. O. de Fécamp (Seine-Inf.).

ANTIGOA, une des Antilles anglaises, à 64 kil. N. de la Guadeloupe; 80 kil. de tour; 40 000 hab. (dont 34 000 nègres); ch.-l., St-Jean. On y trouve peu d'eau; cependant une portion est très-fertile. Découverte par Christophe Colomb en 1493, colonisée par les Anglais en 1632.

ANTIGONE, Antigona, fille d'Œdipe et de Jocaste célèbre par sa piété filiale, servit de guide à son père aveugle et banni, et l'accompagna dans son exil. Après la mort d'Étéocle et de Polynice, frères de cette princesse, Créon défendit expressément d'enterrer le corps de Polynice; malgré cette défense, Antigone revint à Thèbes pour lui rendre les derniers devoirs. Créon la condamna à être enterrée vive, mais elle prévint le supplice en s'étranglant. Sa mort est le sujet de l’Antigone de Sophocle.

ANTIGONE, Antigonus, surnommé le Cyclope, un des capitaines d'Alexandre qui se partagèrent l'empire de ce conquérant après sa mort. Il obtint la Pamphylie, la Lycie et la Haute-Phrygie; mais peu satisfait de ce lot, il entra, avec son fils Démétrius Poliorcète, dans la coalition contre Perdiccas, attaqua et fit périr Eumène, à qui étaient échues la Paphlagonie et la Cappadoce, s'empara de toute l'Asie-Mineure et de la Syrie, battit Ptolémée, Séleucus, Lysimaque et Cassandre qui voulaient s'opposer à son ambition, et prit le titre de roi d'Asie (307 av. J.-C.). Il triompha plusieurs fois des ligues formées contre lui et se préparait à envahir l'Égypte quand il fut vaincu et tué à la bataille d'Ipsus, que lui livrèrent Cassandre Séleucus, Ptolémée et Lysimaque, l'an 301. Il avait alors 84 ans.

ANTIGONE-GONATAS, fils de Démétrius Poliorcète, et petit-fils du préc., natif de Gonni en Thessalie, s'empara de la Macédoine en 278 av. J.-C., et s'en fit proclamer roi. La même année, il défit, dans une bataille sanglante, les Gaulois qui étaient venus faire une irruption en Macédoine. Ayant refusé à Pyrrhus, roi d'Ép, des secours contre les Carthaginois, il fut attaqué et chassé de ses États par ce prince, 274, et n'y rentra qu'après la mort du conquérant, 272. Il s'empara d'Athènes, mais il laissa à cette ville son gouvernement. Il mourut en 242, après un règne de 36 ans.

ANTIGONE DOSON, roi de Macédoine, petit-fils de Démétrius Poliorcète, usurpa le trône en 232 sur Philippe, son neveu, dont il était le tuteur. Il fit la guerre à Cléomène, roi de Sparte, le battit à Sellasie, 222, le força à fuir en Égypte, prit Sparte et y abolit les lois de Lycurgue. Il mourut en 221.

ANTIGONE, roi des Juifs, fils d'Aristobule II, fut pris et emmené à Rome lors de la prise de Jérusalem par Pompée. N'ayant pu obtenir des Romains la couronne de son père, il se fit placer sur le trône par Pacorus, roi des Parthes, l'an 40 av. J.-C. Il en fut chassé trois ans après par Hérode, que soutenait Marc-Antoine. Étant tombé entre les mains de son ennemi, il fut battu de verges et mis à mort. ANTIGONE DE CARYSTE, naturaliste et polygraphe grec du IIIe siècle av. J.-C., avait écrit des Vies d'écrivains célèbres et une Histoire des animaux, qui sont perdues; il reste de lui un Recueil d'histoires merveilleuses, que Beckmann a publié à Leipsick, 1791, in-4.

ANTIGONIA. Plusieurs v. anciennes ont porté ce nom : la plus célèbre était en Syrie sur l'Oronte. Antigone I la fonda; Séleucus la détruisit et en transporta les habitants à Séleucie.

ANTILIBAN (c.-à-d. vis-à-vis du Liban), chaîne orientale du Liban, entre les pachaliks d'Acre et de Damas. La vallée qui la sépare du Liban, longue d'env. 160 k., s'appelait autrefois Cœlé-Syrie, c.-à-d. Syrie creuse; elle est auj. habitée par les Druses.

ANTILLES, archipel de l'Amérique, entre 61° 30' et 87° 20' de long. O., s'étend en ligne courbe entre les deux Amériques, de l'entrée du golfe du Mexique au golfe de Maracaïbo, et se divise en Grandes Antilles et Petites Antilles; celles-ci se subdivisent à leur tour en Antilles du Vent (Insulæ ad ventum, c.-à-d. exposées à l'action directe des vents alisés), et Antilles sous le Vent (Insulæ infra ventum, qui ne reçoivent le vent qu'après les premières) ; on y joint quelquefois les Lucayes. Les Grandes Antilles sont Cuba, Haïti, la Jamaïque et Porto-Rico. Les Petites Antilles du Vent sont St-Thomas St-Jean, les Vierges, Ste-Croix, St-Martin, l'Anguille, St-Barthélemy, St-Eustache, St-Christophe, Nevis, la Barnoude, Antigoa, Monserrat, la Guadeloupe, les Saintes, Marie-Galante, la Désirade, la Dominique, la Martinique, Ste-Lucie, St-Vincent, la Barbade, Grenade et les Grenadilles. Les Petites Antilles sous le Vent sont Tabago, la Trinité, Blanquille, Ste-Marguerite, la Tortue, les Rocs, Bonair, Curaçao, Aruba. Climat brûlant et d'une fertilité extrême; Deux saisons, la sèche et la pluvieuse (celle-ci dure trois mois); ouragans épouvantables, fièvre jaune. Les habitants sont des Européens et des créoles, des nègres (esclaves ou libres), des métis ou gens de couleur (mulâtres, quarterons. etc.); c'est aux Antilles que la distinction des classes d'après la peau est dans toute sa force. — Ces îles furent vues immédiatement après les Lucayes par Christophe Colomb en 1492. Le nom qui leur fut donné vient d'une île imaginaire d’Antilia que l'on disait exister à l'O. des Açores : on crut que c'était cette île que Colomb avait retrouvée.

ANTILLES ANGLAISES : la Jamaïque, Antigoa, St-Christophe, Monserrat, Nevis, la Barboude, l'Anguille, la Dominique, Ste-Lucie, St-Vincent, Grenade et les Grenadilles, la Barbade, Tabago, la Trinité.

ANT. DANOISES : Ste-Croix, St-Thomas, St-Jean.

ANTILLES ESPAGNOLES : Cuba, Porto-Rico, Pinos; et jadis la partie E. de Haïti (environ les deux tiers).

ANTILLES FRANÇAISES : la Guadeloupe, la Martinique, Marie-Galante, la Désirade, la Petite-Terre, les Saintes, partie de St-Martin (et jadis la partie O. de Haïti).

ANTILLES HOLLANDAISES : Curaçao, St-Eustache et partie de St-Martin.

ANTILLES SUÉDOISES : une seule, St-Barthélemy.

ANTILLES (mer des) ou MER DES CARAÏBES, partie de l'Océan Atlantique comprise entre les Antilles et le continent américain, s'étend du canal de Cordova (entre le Honduras et la pointe O. de Cuba) jusqu'au golfe de Paria, et baigne au N. et à l'E. les Antilles, au S. le Vénézuela et le Caracas.

ANTIMAQUE, poëte épique grec du temps des guerres médiques, naquit à Claros et séjourna à Colophon. Ses œuvres, qui eurent beaucoup de réputation, et parmi lesquelles on remarquait un poème de la Thébaïde, sont auj. perdues. On en possède seulement quelques fragments, publiés dans la collection Didot, à la fin d'Hésiode, et séparément par Schellenberg, Hall, 1786, et Stoll, Dillenbourg, 1845.

ANTIN, seigneurie du Bigorre (H.-Pyrénées), appartenant à la famille de Gondrin, fut érigée en marquisat en 1612, puis en duché, 1711.

ANTIN (L. DE PARDAILLAN DE GONDRIN, duc d'), seul fils de M. et Mme de Montespan, né à Paris en 1665, mort en 1736, fut d'abord menin de monseigneur et devint lieutenant général et gouverneur de l'Alsace. Il se fit remarquer à la cour de Louis XIV par son adresse à flatter et à prévenir tous ses désirs. Le roi, qu'il recevait à Petit-Bourg, ayant critiqué une allée d'arbres qui masquait la vue de la rivière, le duc la fit abattre en une nuit. Un massif du bois de Fontainebleau ayant déplu à Louis XIV, il en fit scier tous les arbres pendant la nuit, et le lendemain, à un signal donné, tous les pieds d'arbres tombèrent comme par enchantement sous les yeux du roi. Il a laissé des Mémoires, encore inédits.

ANTINOÉ OU ANTINOOPOLIS, primitivement Besa, auj. Enseneh, v. d’Égypte, entre l'Heptanomide et la Thébaïde, sur le Nil, vis-à-vis d'Hermopolis-la-Grande, fut ainsi nommée en mémoire d'Antinoüs qui y périt, et auquel Adrien y fit élever un temple.

ANTINOMIENS, sectaires. V. AGRICOLA (Jean).

ANTINOÜS, habitant d'Ithaque, un des amants de Pénélope, excita ses compagnons à se défaire de Télémaque, et maltraita Ulysse quand ce prince se présenta, sous l'habit d'un mendiant, à la porte de son palais. Celui-ci le tua à coups de flèches.

ANTINOUS, jeune Bithynien d'une grande beauté, fut l'esclave et le favori de l'empereur Adrien, qu'il accompagna dans ses voyages. Étant en Égypte avec ce prince, il se noya dans le Nil (132 de J.-C.); son maître, inconsolable de cette perte, fit élever un temple en son honneur, donna son nom à plusieurs villes, et multiplia son image par des statues et des médailles, dont quelques-unes subsistent encore.

ANTIOCHE, Antiochia ad Daphnen, l’Antakieh des Turcs, v. de la Turquie d'Asie (Syrie), sur l'Oronte, à 100 kil. O. d'Alep, à 30 kil. de la Méditerranée; 10 000 hab., dont 3000 Chrétiens. Elle occupe à peine la 6e partie de l'anc. enceinte et offre de nombreuses ruines. Antioche comprenait l'antique village de Daphné, ainsi nommé par les Grecs à cause de ses bosquets de lauriers (daphné en grec), et possédait un temple célèbre d'Apollon. — Fondée en 300 av. J.-C. par Antiochus, achevée par Séleucus, qui l'appela Antioche en l'honneur de son père Antiochos, elle fut longtemps la capitale des Séleucides, et devint la 3e v. de l'empire romain; elle compta jusqu'à 700 000 h. On la surnommait la Reine de l'Orient. Conquise par les Romains en 64 av. J.-C., elle tomba successivement au pouvoir des Perses, qui pourtant la rendirent à l'empire byzantin; des Arabes, après la victoire d'Antioche remportée par Omar (638); des Croisés, qui l'érigèrent en principauté au XIe siècle ; des Mamelouks au XIIIe, et fut prise par les Turcs, en 1516. Sa ruine fut hâtée par des tremblements de terre dont le plus terrible eut lieu en 526. Antioche est une des premières villes où ait été prêché le Christianisme : il y fut porté par les Apôtres mêmes. Elle avait un patriarchat, dont l'autorité s'étendait sur toute la Syrie et la Mésopotamie. Il s'y tint plusieurs conciles. Patrie d'Archias, S. Luc, S. Jean Chrysostôme.

ANTIOCHE (Principauté d'), un des quatre États chrétiens fondés pendant la lre croisade (1098), eut pour 1er souverain Boëmond de Tarente (1098-1108), puis fut réunie 8 ans au roy. de Jérusalem par Baudouin II, qui la remit en 1126 à Boëmond II; après la mort de celui-ci, en 1131, elle passa par les femmes dans diverses maisons. Bibars, soudan d'Égypte, s'en empara en 1269, Kélaoun en 1288. Les Turcs la prirent en 1516 et ils la possèdent encore aujourd'hui.

ANTIOCHIA, nom commun à plusieurs v. anciennes, dont les plus célèbres sont : 1° l’Antioche ou Antakieh actuelle; 2° Antiochia ad Cragum, auj. Antiochette, à 140 k. S. de Konieh; 3° Antiochia ad Taurum, auj. Ain-Tab; 4° Antiochia ad Pisidiam, dite aussi Cæsarea, auj. Ak Cheher, sur la frontière de la Pisidie et de la Phrygie; 5° Antiochia Mygdoniæ ou Nisibis, en Mésopotamie, auj. Nisibin; 6° A. Margiana, capit. de la Margiane, sur le Margus. ANTIOCHUS I, surnommé Soter, c.-à-d. Sauveur, roi de Syrie, fils de Séleucus Nicanor, succéda à ce prince 279 ans av. J.-C., et n'eut pas honte de s'allier avec Ptolémée Céraunus, l'assassin de son père. il gagna plusieurs batailles sur les Bithyniens, les Macédoniens et les Galates, mais attaqua sans succès Ptolémée Philadelphe, roi d'Égypte, et Philétère, roi de Pergame, et fut vaincu prés de Sardes par Eumène, successeur de ce dernier prince. Il fut peu après tué dans un combat livré près d'Éphèse, 260 av J.-C. On le nomma Sauveur parce qu'il avait sauvé ses États d'une irruption des Gaulois.

ANTIOCHUS II, surnommé Théos, c.-à-d. Dieu, fils du préc., lui succéda en 260 av. Les Milésiens lui donnèrent le surnom de Dieu parce qu'il les avait délivrés de la tyrannie. Il renouvela la guerre que son père avait faite avec peu de succès contre Ptolémée Philadelphe, roi d'Égypte; mais il fut forcé de demander la paix et consenti à répudier sa femme, Laodice, pour épouser Bérénice, fille du roi d'Égypte. Laodice en conçut un tel ressentiment qu'elle l'empoisonna, 247 av. J.-C.

ANTIOCHUS III, dit le Grand, succéda à son frère Séleucus Céraunus, l'an 222 av. J.-C. Il s'occupa d'abord de faire rentrer dans le devoir plusieurs de ses généraux qui s'étaient déclarés indépendants; puis il ne songea qu'à reconquérir la partie de la Syrie qui avait été enlevée à Séleucus Callinicus par le roi d'Égypte; mais il fut battu par Ptolémée Philopator, près de Raphia (217 av. J.-C.), et obligé de rendre ses conquêtes. Ayant bientôt réparé ses pertes, il recommença la guerre, reprit les provinces de Syrie que conservait le roi d'Égypte, soumit l'Asie-Mineure et la Hte-Asie, et s'avança jusque dans l'Inde. Maître de l'Asie, il passa en Grèce, sous le prétexte de secourir les Étoliens contre les Romains; mais ceux-ci le battirent aux Thermopyles (191), puis à Magnésie (190). Il n'obtint la paix qu'aux conditions les plus onéreuses. Il fut tué peu après dans l'Élymaïde, où il était allé pour piller un temple de Bélus, afin de s'acquitter envers les Romains (186). Il avait reçu à sa cour Annibal, qui contribua de tout son pouvoir à l'armer contre Rome.

ANTIOCHUS IV, surnommé Épiphane ou l’Illustre, et par ironie Épimane ou l’Insensé, fils d'Antiochus le Grand, succéda, en 174 à son frère Séleucus IV, s'empara de la Basse-Égypte, et retint prisonnier Ptolémée Épiphane, roi de ce pays; mais les Romains le forcèrent de renoncer à sa conquête. Les Juifs s'étant révoltés contre lui, parce qu'il voulait les forcer de sacrifier aux idoles, il les traita avec la plus excessive sévérité : il en fit mourir un nombre prodigieux, et entre autres les sept frères Machabées, ainsi que le sage vieillard Éléazar. Matathias et Judas Machabée, s'étant mis à la tête de leurs compatriotes, battirent ses troupes en plusieurs rencontres. Antiochus irrité était en route pour aller les combattre en personne, lorsqu'il mourut en Perse, d'une chute de cheval, 164 av. J.-C.

ANTIOCHUS V, Eupator, fils du préc., lui succéda en 164, à peine âgé de 9 ans. Démétrius Soter, son cousin germain, s'empara de ses États et le mourir après 18 mois d'un règne purement nominal.

ANTIOCHUS VI, Dionysius ou Bacchus; fils de l'usurpateur Alexandre Bala, se disait issu d'Antiochus Théos. Il fut placé sur le trône par Tryphon, qui l'opposa à Démétrius Nicator (143), pour régner à sa place, et le fit mourir un an après.

ANTIOCHUS VII, surnommé Sidetès, c.-à-d. Chasseur, fils de Démétrius Soter, monta sur le trône l'an 139 av. J.-C., chassa l'usurpateur Tryphon, réduisit les Juifs et battit les Parthes; mais fut battu lui-même par Démétrius Nicator, qui s'empara de ses États, 130.

ANTIOCHUS VIII, dit Grypus, c.-à-d. nez aquilin, fils de Démétrius Nicator et de Cléopâtre, monta sur le trône l'an 123 av. J.-C., après, avoir chassé l'usurpateur Zébina; il s'allia avec le roi d'Égypte en épousant sa fille, eut à soutenir une guerre contre son frère Antiochus de Cyzique, fut forcé de lui céder une partie de ses États, en 114, et mourut en 97 av. J.-C.

ANTIOCHUS IX, surnommé Philopator, c.-à-d. qui aime son père, dit, aussi de Cyzique, parce qu'il avait été élevé à Cyzique, frère utérin d'Antiochus Grypus, était fils d'Antiochus Sidétès et de Cléopâtre. Il contraignit son frère à lui céder la Cœlésyrie, 114. A la mort de celui-ci, 97, il régna sur toute la Syrie; mais, 3 ans après, un fils d'Antiochus Grypus, Séleucus VI, lui livra bataille et le réduisit à se tuer.

ANTIOCHUS X, dit Eusèbe, c.-à-d. Pieux, fils d'Antiochus de Cyzique, reprit, l'an 94 av. J.-C., le trône sur Séleucus, fils d Antiochus Grypus, qui avait détrôné son père; mais deux ans après il fut lui-même détrôné par deux autres fils de Grypus. On croit qu'il mourut chez les Parthes, vers l'an 76 av. J.-C.

ANTIOCHUS XI, dit Philadelphe, c.-à-d. ami de son frère, fils d'Antiochus Grypus, prit le titre de roi, ainsi que son frère Philippe, après la mort de Séleucus VI, leur aîné (93); ils vengèrent la mort de ce prince en passant au fil de l'épée les habitants de la ville de Mopsueste, où il avait été brûlé vif. Ils furent peu après vaincus et détrônés par Antiochus X. Antiochus Philadelphe se noya dans sa fuite, 90 av. J.-C.

ANTIOCHUS XII, surnommé Dionysius ou Bacchus, cinquième fils d'Antiochus Grypus, prit la couronne lorsqu'il sut que Démétrius III, son frère, était prisonnier des Parthes, 83, et périt la même année dans une expédition contre les Arabes.

ANTIOCHUS XIII, l'Asiatique, fils d'Antiochus X. avait été élevé au fond de l'Asie, d'où lui vient son surnom, et avait longtemps vécu en simple particulier. Il fut, en 69 av. J.-C., rétabli par Lucullus sur le trône d'où son père avait été renversé par Tigrane. Pompée le dépouilla de ses États et réduisit la Syrie en province romaine (64).

ANTIOCHUS d'Ascalon, philosophe académicien, disciple de Philon, eut pour auditeurs et pour amis Cicéron, Lucullus, Brutus. Il chercha à concilier les doctrines des Académiciens, des Péripatéticiens et des Stoïciens, n'admettant entre eux de dissidence que dans les mots, et fut considéré comme le chef d'une nouvelle Académie, Il mourut en 69 av. J.-C.

ANTIOPE, fille de Nyctée, roi de Thèbes, se laissa séduire par Jupiter métamorphosé, en satyre, et en eut deux fils, Zéthus et Amphion. Pour la punir de sa faute, Lycus, frère de Nyctée, la livra à sa femme Dircé qui l'enferma dans une étroite prison, et lui fit souffrir de cruels tourments ; mais elle parvint à s'échapper et se réfugia auprès de ses fils, qui la vengèrent par la mort de Lycus et Dircé.

ANTIOPE, reine des Amazones, fut vaincue par Hercule, épousa Thésée et donna le jour à Hippolyte.

ANTIOQUIA, prov. de la Nouv.-Grenade; entre celles de Carthagène et de Popayan, a pour ch.-l. Santa-Fé d'Antioquia, à 400 kil. N. O. de Bogota.

ANTIPAPES, personnages qui disputèrent le saint-siége à des papes élus canoniquement. V. les noms de chacun d'eux et la liste des papes.

ANTIPAROS ou OLIAROS, îlot de l'Archipel, vis-à-vis de Paros; 26 kil. de tour. Vin, coton. Célèbre grotte à stalactites.

ANTIPATER, général macédonien, avait été premier ministre de Philippe et fut chargé par Alexandre du gouvernement de la Macédoine et de la Grèce pendant que ce prince faisait ses conquêtes en Asie. Quoiqu'il se fût acquitté de ses fonctions avec le plus grand succès, Olympias, mère d'Alexandre, le fit par ses intrigues dépouiller de son gouvernement ; mais il en reprit possession à la mort du conquérant. Il eut à soutenir une guerre fort vive contre les Grecs qui, à l'instigation de Démosthène, réclamaient la liberté ; vaincu d'abord et assiégé dans Lamia (323), il vainquit les Athéniens, à Cranon (322). Il venait d'être chargé de la régence pendant la minorité des enfants d'Alexandre, lorsqu'il mourut (320). On l'a accusé, mais sans fondement, d'avoir fait empoisonner Alexandre pour se venger de ce qu’il l’avait révoqué de ses fonctions. Il était père de Cassandre, qui gouverna la Macédoine après lui. — Un autre Antipater, fils de Cassandre, et gendre de Lysimaque, régna sur la Macédoine de 298 à 295, conjointement avec son frère Alexandre, et eut de continuels démêlés avec lui.

ANTIPATER ou ANTIPAS, Iduméen de nation, fut le principal ministre d’Hyrcan II, exerça sous ce prince toute l’autorité et prépara l’élévation de son fils Hérode. Il fournit à César des secours dans sa guerre contre Alexandrie et reçut en récompense le titre, de procurateur de la Judée. Il mourut empoisonné en 43 av. J.-C. — Fils d’Hérode. V. HÉRODE ANTIPAS.

ANTIPATRIS, primitivement Caphar Seba, v. de Palestine, au N. O. de Samarie, sur la route de Jérusalem à Césarée, fut ainsi nommée par Hérode en l’honneur d’Antipater, son père.

ANTIPHANE, nom de 4 poètes comiques grecs dont le plus célèbre écrivait à Athènes vers le commencement du IVe siècle av. J.-C. Il avait composé 250 comédies : il n’en reste que peu de fragments.

ANTIPHON, sophiste, né en 479 av. J.-C. à Rhamnonte en Attique, s’établit à Athènes vers 430, et fut le maître de Thucydide, qui le mentionne avec honneur (VIII, 68). Il contribua à l’établissement des Quatre-cents, et fut condamné à mort après la chute de ce gouvernement, 411. Il reste de lui 15 discours (on les trouve dans les collections de Reiske, de Bekker et de Didot) ; quelques-uns ont été trad. par l’abbé Auger, à la suite d’Isocrate.

ANTIPOLIS, auj. Antibes, v. de Gaule, ch.-l. des Deciates, faisait partie de la Province Romaine.

ANTISANA, montagne et volcan des Andes péruviennes, dans la république de l’Équateur, au S. E. de Quito, a 5833m de hauteur.

ANTISTHÈNE, philosophe grec, fondateur de l’école des Cyniques, né à Athènes vers l’an 424 av. J.-C., mort à 72 ans, avait d’abord étudié sous le sophiste Gorgias, et avait enseigné la rhétorique avec succès ; mais ayant un jour entendu Socrate, il ferma son école et se livra tout entier à l’étude de la philosophie. Antisthène professait la morale la plus austère ; il pensait qu’il n’y a de beau que la vertu, de laid que le vice et s’élevait au-dessus des bienséances sociales, qu’il regardait comme de vains préjugés. On l’a accusé d’être vertueux avec ostentation : Socrate disait de lui qu’on voyait son orgueil percer à travers les trous de son manteau. Il composa plusieurs traités de philosophie, mais il ne reste de lui que des fragments et quelques lettres, peut-être apocryphes, publiés par Winckelmann, Zurich, 1841. Richter a composé une dissertation De vita, moribus ac placitis Antisthenis, Iéna, 1724 ; M. Chappuis a écrit en 1854 une thèse sur ce philosophe.

ANTI-TAURUS, c.-à-d. en face du Taurus, chaîne de mont. de l’Asie-Mineure qui joint le Taurus au Caucase, court au N., puis à l’E. en traversant les eyalets de Sivas et de Trébizonde, et porte les noms d’Eutch-Kapolou, Tchicheghi-dagh, Aghi-dagh.

ANTIUM, auj. Anzio, v. et port du Latium, capitale des Volsques ; sur la mer Tyrrhénienne, à 40 kil. S. O. de Rome. Elle fut l’asile de Coriolan exilé. Antium fut prise en 467 av. J.-C. par Quintius Capitolinus : les proues (rostra) de ses navires furent enlevées et portées à Rome pour orner la tribune aux harangues. On voyait à Antium deux temples célèbres, l’un d’Esculape, l’autre de la Fortune ; un peu à l’E. était un temple de Neptune (auj. Nettuno). Caligula et Néron étaient nés à Antium. C’est dans les ruines de cette ville qu’on a trouvé en 1503 l’Apollon du Belvédère.

ANTIVARI, Bar en turc, v. de Turquie (Albanie), à 37 kil. O. de Scutari, avec un port sur l’Adriatique. Château sur un roc très-escarpé. Archevêché grec. Entrepôt de la vallée du Drin.

ANTOINE (Marc-), M. Antonius, orateur romain, grand-père du triumvir, fut consul l’an 99 av. J.-C. et se distingua dans la guerre contre les alliés. S’étant, pendant la guerre civile, déclaré pour Sylla contre Marius, celui-ci donna ordre de le tuer, et fit exposer sa tête sur la tribune aux harangues (87). D’après Cicéron, c’était un des plus grands orateurs de son temps : son éloquence était surtout remarquable par la soudaineté, la souplesse, la verve, l’action ; Jamais il n’écrivit ses discours. Il est, avec Crassus, le principal personnage du dialogue De Oratore.

ANTOINE (Marc-), triumvir, petit-fils du précédent, né l’an 86 av. J.-C., se distingua dès sa jeunesse dans les guerres contre les Juifs et fut nommé tribun du peuple en 50. Il se lia d’abord avec les tribuns Curion et Clodius, puis s’attacha à César, et lui donna le conseil de marcher droit à Rome après le passage du Rubicon. Il commanda l’aile droite de l’armée à Pharsale. César, devenu dictateur (47), le choisit pour maître de la cavalerie. Antoine osa un jour de fête présenter un diadème à César, mais il ne fit, par cette démarche imprudente, que hâter la mort du dictateur. Après le meurtre de César (44), il prononça son oraison funèbre, ameuta le peuple contre ses assassins, les poursuivit vigoureusement, et alla assiéger Décimus Brutus dans Mutina (Modène), l’an 43 av. J.-C. Mais le sénat l’ayant déclaré ennemi de l’État, les consuls Hirtius et Pansa marchèrent contre lui et le défirent. Trop faible pour résister seul, Antoine s’unit avec Lépide et le jeune Octave. Cette association, nommée 2e triumvirat, débuta par d’horribles proscriptions, et remplit l’Italie d’exécutions sanglantes : Antoine exigea la mort de Cicéron, qui l’avait violemment attaqué dans ses Philippiques. L’année suivante, 42, Antoine, suivi d’Octave, défit Brutus et Cassius dans les plaines de Philippes, et anéantit ainsi le parti républicain. Les triumvirs se partagèrent ensuite l’empire romain : dans ce partage Antoine obtint la Grèce et l’Asie. Pour cimenter son union avec Octave, il épousa la sœur de celui-ci, Octavie, aussitôt après la mort de sa première femme, la célèbre Fulvie (V. ce nom) ; mais bientôt, épris des charmes de Cléopâtre, reine d’Égypte, il délaissa Octavie pour elle et livra même à la princesse égyptienne une partie des conquêtes romaines (Phénicie, Célésyrie, Judée, Chypre). Octave saisit cette occasion pour rompre avec Antoine ; les deux rivaux se livrèrent prés d’Actium une bataille navale qui décida du sort du monde (31). Antoine fut vaincu et forcé de fuir avec Cléopâtre. Il se réfugia à Alexandrie ; mais, se voyant près de tomber entre les mains du vainqueur, il se donna la mort (30). Cet homme célèbre possédait les qualités d’un grand guerrier, mais il se livra à tous les excès de l’intempérance et de la débauche. Plutarque a écrit la Vie d’Antoine.

ANTOINE (Lucius), frère du triumvir, s’unit à Fulvie pour attaquer Octave, sans l’aveu de son frère, fut assiégé dans Pérouse, mais fut obligé de se rendre après un long siége, et n’obtint son pardon (41-40 av. J.-C.) qu’en abandonnant les habitants de Pérouse à la vengeance du vainqueur.

ANTOINE (S.), instituteur de la vie monastique, né en 251, dans un village de la Haute-Égypte nommé Coma, d’une famille riche, vendit ses biens, se retira à 20 ans dans la solitude et s’y livra à la vie la plus austère et aux plus dures mortifications. Il s’était d’abord fixé au lieu appelé auj. Fayoum (entre Memphis et Arsinoé) ; il se transporta plus tard dans un endroit plus désert encore, au mont Colzin (près de l’anc. Heroopolis). Une foule de disciples vint se ranger sous sa discipline, et il fonda plusieurs monastères pour les réunir. Deux fois il sortit de sa retraite pour aller à Alexandrie : la 1re en 311, pour soutenir les Chrétiens persécutés par Maximin, et la 2e, en 355, pour défendre la foi contre les Ariens. Respecté des Païens mêmes, honoré des empereurs, il mourut en 356, à l’âge de 105 ans. On rapporte que dans sa solitude il fut pendant vingt ans poursuivi par le démon, qui chercha par tous les moyens à le séduire ; mais il résista à toutes les tentations. La légende, on ne sait pour quel motif, lui donne un porc pour compagnon dans sa solitude. Il reste de lui sept Lettres, une Règle et des Sermons, qu’on trouve dans la Bibliothèque des Pères. S. Athanase a écrit sa Vie (trad. en français par l’abbé Maunoury, 1858). On le fête le 17 janvier.

ANTOINE (S.), dit de Padoue, né à Lisbonne en 1195, mort à Padoue en 1231, se fit religieux de St-François et s’embarqua pour aller en Afrique convertir les infidèles : un coup de vent l’ayant jeté en Italie, il s’y livra à la prédication et à l’enseignement de la théologie. Il brilla surtout par la sainteté de sa vie et fit des miracles. Il a laissé des Sermons et la Concorde morale de la Bible, publiés à Venise 1575, in-fol. On l’honore le 13 juin. L’abbé Guyard a écrit son Histoire, Montauban, 1860.

ANTOINE de Lebrixa, Antonius Nebrissensis, littérateur espagnol, né en 1444 à Lebrixa, mort en 1522, obtint des succès brillants dans l’enseignement aux universités de Salamanque et d’Alcala, et fut un des plus utiles collaborateurs de la Bible polyglotte entreprise sous les auspices du cardinal Ximénès. Il a composé un grand nombre d’ouvrages, tous fort rares, dont les principaux sont : Institutio grammaticæ latinæ (Salamanque, 1481, réimpr. à Paris, 1859), où il développe des vues nouvelles sur l’enseignement de la langue latine ; Grammatica sobre la lengua castellana, 1492, la première grammaire qui ait paru en espagnol ; Lexicon latino-hispanicum et hispanico-latinum, 1492 ; Juris civilis Lexicon, 1506, ouvrage qui restaura l’étude du droit en Espagne. On a aussi de lui Rerum in Hispania gestarum decades (Grenade, 1545) : ce c’est que la traduction d’une vieille chronique espagnole.

ANTOINE DE BOURBON, roi de Navarre, fils de Charles de Bourbon, duc de Vendôme, né en 1518, devint en 1548 roi de Navarre par son mariage avec Jeanne d’Albret, héritière de Navarre, et donna le jour à Henri IV. A la mort du roi François II, il fut nommé lieutenant général du royaume. A la tête de l’armée catholique, il eut à combattre son propre frère, Condé, qui était à la tête des Protestants, soumit Blois, Tours et Rouen, mais fut blessé à mort au siége de cette ville, en 1562. Ce prince avait du courage dans le cœur, mais de la faiblesse dans le caractère : né au sein de la Réforme, il s’attira la haine des Protestants en abandonnant leur culte ; il fut peu regretté des Catholiques eux-mêmes.

ANTOINE, prieur de Crato, (ordre de Malte), était fils naturel de l’infant de Portugal don Louis, duc de Béja, et d’Yolande de Gomez. Fait prisonnier par les Maures à la bataille d’Alcaçar-Quivir, en 1578, il trouva le moyen de s’échapper, revint à Lisbonne, se donna pour le légitime héritier du trône portugais, prétendant que don Louis son père avait épousé secrètement Yolande a mère, et se fit proclamer roi (1580), en même temps que le roi d’Espagne Philippe II envoyait une armée pour soumettre le pays. Il fut complétement battu à Alcantara par le duc d’Albe, général de Philippe II, et se vit forcé de quitter le Portugal. Il erra dans les pays étrangers, faisant de vains efforts pour relever son parti et finit ses jours à Paris en 1595, à 64 ans.

ANTOINE (Clément-Théodore), roi de Saxe, né en 1755, mort en 1836 ; monta sur le trône en 1827, à la mort de son frère Frédéric-Auguste. Son règne, peu fertile en événements politiques, a été consacré tout entier à l’amélioration de l’administration intérieure et au bonheur des Saxons.

ANTOINE (Jacques-Denis), architecte, né à Paris en 1733, mort en 1801. On lui doit, entre autres monuments, l’Hôtel des Monnaies de Paris. Il termina le Palais de Justice, commencé par Desmaisons, en fit l’escalier et la Salle des Pas-Perdus. Il fut admis à l’Institut deux ans seulement avant sa mort.

ANTOINE (Marc-), graveur. V. RAIMONDI.

ANTOINE (Religieux de St-). En 1070, Gaston, gentilhomme dauphinois, ayant fait un pèlerinage à St-Didier, près de la Tour-du-Pin (Isère), où l’on conservait des reliques de S. Antoine, y institua, sous le nom de ce saint, un ordre de religieux pour soigner les malheureux atteints de la maladie appelée alors feu sacré ou feu de S. Antoine. Cet ordre prit un accroissement assez considérable. Incorporé en 1777 dans l’ordre de Malte, il fut aboli en France, ainsi que tous les autres, en 1790.

ANTOMARCHI (C.-F.), médecin, né en Corse, en 1780, mort en 1838, professa l’anatomie à Florence, fut attaché en 1820 au service de Napoléon, prisonnier à Ste-Hélène, l’assista dans ses derniers moments, refusa de signer le procès-verbal d’autopsie dressé par les chirurgiens anglais, et publia après son retour en Europe Les derniers moments de Napoléon, Paris, 1825.

ANTON-GIL, baie de Madagascar, sur la côte E. Climat malsain. Les Français y ont eu un établissement.

ANTONELLI (P., marquis d’), démagogue, né à Arles en 1747, mort en 1817, adopta avec ardeur les principes de la Révolution, fut chargé de préparer la réunion du Comtat à la France, et provoqua en 1794, comme chef du jury révolutionnaire, la condamnation de Marie-Antoinette et des Girondins. Il fut impliqué dans le procès de Babeuf, mais se fit absoudre. Exilé à l’occasion de l’attentat du 3 nivôse (machine infernale), il alla voyager en Italie.

ANTONIN LE PIEUX, Tit. Aurel. Fulvius Antoninus Pius, un des meilleurs empereurs romains, né à Lanuvium l’an 86 de J.-C., fut adopté par Adrien et lui succéda l’an 138. Monté sur le trône, il ne s’occupa que du bien de ses sujets : il rebâtit les villes détruites pendant les dernières guerres, mit un frein à la rapacité des gouverneurs des provinces, et fit cesser les persécutions contre les Chrétiens. Quoiqu’il n’aimât pas la guerre, il combattit avec succès les Maures, les Daces et les Germains (140) ; en Bretagne, il fit élever un mur nouveau au N. de celui d’Adrien. Il mourut, universellement regretté, en 161, après avoir nommé Marc-Aurèle pour son successeur : le sénat fit ériger en son honneur à Rome une colonne qui existe encore (colonne Antonine). Il avait pour femme Faustine, qui le déshonora. On a sous le nom d’Antonin un Itinerarium provinciarum (publ. par G. Torin, chez H. Étienne, 1512 ; par Wesseling, Amst., 1735 ; par Parthey, Berl., 1848), précieux pour la géographie ancienne ; il est probable que cet ouvrage fut seulement rédigé par les ordres de l’empereur.

ANTONIN (Marc-Aurèle-). V. AURÈLE (MARC-).

ANTONIN (S.), archevêque de Florence, né à Florence en 1389, mort en 1459, était dominicain. Il signala son épiscopat par sa charité, et créa la confrérie de St-Martin, destinée à soulager les pauvres honteux. On l’honore le 10 mal.

ANTONINE, femme de Bélisaire, n’est fameuse que par ses débordements. V. BÉLISAIRE.

ANTONINUS LIBERALIS, écrivain grec, que l’on dit avoir vécu vers l’an 150 de J.-C., sous les Antonins, est auteur d’un recueil de métamorphoses. (Transformationum congeries), publié, avec une trad. latine de Xylander, par Th. Muncker ; Amsterdam, 1674, par Verheyk, Leyde, 1774, et par G. A. Koch, Leips., 1832.

ANTONIO (Nicolas), bibliographe espagnol, né à Séville en 1617, mort à Madrid en 1684, était chanoine à Séville, et fut envoyé à Rome comme agent de Philippe IV. On a de lui : Bibliotheca hispana vetus, Rome, 1696, 2 vol. in-fol., réimprimée à Madrid en 1788, 2 vol. in fol., et Bibliotheca hispana nova, Rome, 1692, 2 vol. in-f. ; Madrid, 1788, 2 vol. in-f. Ces deux ouvrages sont estimés et rares.

ANTONIUS (Marcus et Lucius). V. ANTOINE.

ANTONIUS MUSA, médecin d’Auguste, Grec de nation, avait d’abord été affranchi. Ayant guéri l’empereur d’une maladie dangereuse, il fut comblé d’honneurs. Il reste de lui : De Herba botanica, De tuenda valetudine, Venise, 1547.

ANTONIUS PRIMUS, général romain, natif de Toulouse, était lieutenant de Vespasien. Il assura l’empire à ce prince par son activité, et remporta sur les partisans de Vitellius la victoire de Bédriac, 69. Au génie d’un grand général il joignait les talents de l’orateur et du poëte. Supplanté par Mucien dans la faveur de Vespasien, il se retira dans sa ville natale et y mourut en 99, à 75 ans, loin des affaires et cultivant les lettres.

ANTONNE, bourg de la Dordogne, à 13 kil. E. de Périgueux ; 470 hah. Patrie de Lagrange-Chancel.

ANTONY, bourg du dép. de la Seine, à 11 kil. S. de Paris, sur la Bièvre et près de Sceaux ; 1200 hab. Plâtre.

ANTRAIGUES, ch.-l. de cant. (Ardèche), à 26 kil. O. de Privas, sur un massif de lave ; 551 hab.

ANTRAIN, ch.-l. de cant. (Ille-et-Vilaine), sur le Couesnon, à 26 kil. N. O. de Fougères ; 1179 hab.

ANTREMONT. V. ENTREMONT.

ANTRIM, comté de l’Irlande (Ulster), sur la côte orient., entre ceux de Down et de Londonderry, compte 315 000 hab., et a pour villes principales Antrim (2665 hab.), sur le lac Neagh, Belfast, Lisburn, Carrick-fergus, Ballymoney. Sur la côte N., on admire une série de colonnes basaltiques gigantesques, connue sous le nom de Chaussée des Géants.

ANTRUSTIONS (de trust, confiance), nom donné particulièrement à ceux des leudes qui vivaient dans l’intimité du roi. V. LEUDES.

ANTUERPIA, nom latinisé d’ANVERS.

ANUBIS OU ANÉBO, dieu égyptien, était représenté avec le corps d’un homme et la tête d’un chien. Les uns le font frère, les autres fils d’Osiris, et lui donnent Nefté pour mère. Anubis était un dieu des enfers ; il présidait au crépuscule, au passage du jour à la nuit, ainsi qu’au moment qui sépare la vie de la mort. Comme l’Hermès des Grecs, il conduisait les âmes jusqu’à la porte des Enfers.

ANVERS, Antwerpen en flamand, Antuerpia en lat. moderne, v. et port de Belgique, ch.-l. de la prov. d’Anvers, sur la r. dr. de l’Escaut, à 44 kil. N. de Bruxelles ; 96 000 hab. Place forte, vaste port, bel arsenal, magnifiques chantiers de construction. On y remarque l’église Notre-Dame, dont la tour est le plus haut édifice de Belgique, et où se trouve la Descente de croix de Rubens, la bourse, l’hôtel de ville. Athénée, académie de peinture, académie des sciences ; écoles de navigation, de chirurgie, etc. Fabriques de draps, chapeaux, étoffes de soie, de coton ; futaines, siamoises, tapis, ouvrages d’or et d’argent ; savonneries, raffineries, etc. Très-grand commerce (d’entrepôt, de commission) ; armements. Chemins de fer conduisant à Bruxelles et à Gand. Anvers a été le siége principal de l’école flamande de peinture ; patrie des peintres Van-Dyck, Jordaens, Téniers, du graveur Edelinck, du géographe Ortelius et du philologue Gruter ; séjour de Rubens. — Saccagée par les Normands, 836, puis désolée par les pestes, les incendies, les orages, cette v. n’en devint pas moins aux XIIe, XIIIe, et XIVe siècles une des principales places marchandes du globe. Elle fit partie de la Hanse, et eut jusqu’à 200 000 hab. La prospérité croissante d’Amsterdam la fit déchoir ; le traité de Westphalie la ruina en fermant les bouches de l’Escaut, 1648. Elle fut assiégée par le duc de Parme en 1576 et en 1584, prise par les Français en 1746, 1792, 1794 ; défendue contre les alliés par Carnot, 1811 ; prise par les Français pour les Belges en 1832, après un long siége. Il y fut signé en 1609 un traité entre l’Espagne et les Provinces-Unies. Elle fut, sous l’Empire, le ch.-l. du dép. des Deux-Nèthes. Napoléon voulait en faire la rivale de Londres. — La prov. d’Anvers, bornée au N. par le Brabant sept., au S. par le Brabant mérid., compte 296 000 hab. et forme 3 arrond : Anvers, Malines et Turnhout.

ANVILLE (J.-B. BOURGUIGNON d'), célèbre géographe, né a Paris en 1697, mort en 1782, conçut de bonne heure un goût très-vif pour les recherches géographiques, obtint avant l’âge de 22 ans le brevet de premier géographe du roi, entra de bonne heure à l’Académie des inscriptions, et fut nommé adjoint géographe de l’Académie des sciences. Il a fait faire à la géographie de grands pas, par le soin avec lequel il a déterminé la véritable étendue des mesures de longueur dans les différents pays, et par l’exactitude de ses cartes : il vit plus d’une fois confirmer par des observations directes les conjectures qu’il avait faites, principalement sur la géographie de la Grèce, de l’Italie et de 1'Égypte. Il a dressé un très-grand nombre de cartes nouvelles, en les accompagnant de mémoires justificatifs. On estime surtout sa Géographie ancienne abrégée, 3 vol, in-12, 1768 ; ses cartes pour l’Histoire ancienne et l’Histoire romaine de Rollin ; son Traité des mesures anciennes et modernes ; son Traité des états formés en Europe après la chute de l’empire d’Occident, 1771 ; son Atlas de la Chine, de la Tartarie et du Thibet, 1737 ; ses Mémoires sur l’Égypte ancienne et moderne, 1766. M. Demanne se proposait de donner ses OEuvres complètes en 6 vol. in-4 ; deux seulement ont paru chez Levrault, 1820.

ANWEILER, v. de Bavière (Palatinat), sur la Queich, à 10 kil. O. de Landau ; 2600 hab. On voit aux env. les ruines du château de Triefels, où, dit-on, fut enfermé Richard Cœur de Lion (1192).

ANXUR, nom primitif de TERRACINE.

ANYSIS, roi d’Égypte, régnait vers le commencement du VIIIe siècle avant J.-C. Quoiqu’il fût aveugle, les prêtres égyptiens l’avaient élevé sur le trône ; il en fut chassé par Sabacus, roi d’Éthiopie.

ANYTUS, rhéteur d’Athènes, ennemi de Socrate, s’unit à Thrasybule pour renverser les Trente tyrans et se joignit à Mélitus pour accuser le philosophe, qu’il fit condamner à boire la ciguë, 400 ans av. J.-C. L’innocence de Socrate ayant été reconnue, Anytus fut forcé de fuir d’Athènes et se retira à Héraclée dans le Pont, où il fut, dit-on, lapidé.

ANZIN, bourg du dép. du Nord, à 2 k. de Valenciennes ; 4884 hab. Mines de houille, connues dès le XIe siècle, et qui sont les plus riches de la France.

ANZIO ou ANZO, Antium, v. et port de l’État ecclésiastique, à 30 k. S. de Velletri, près du cap Anzio, devant lequel les Vénitiens battirent la flotte génoise en 378. Belles ruines. V. ANTIUM.

AOD OU AHOD, juge d’Israël de 1385 à 1305 av. J.-C., ou, selon l’Art de vérifier les Dates, de 1496 à 1416, délivra les Hébreux de la servitude des Moabites et tua Églon, leur roi.

AONES, anciens habitants de la Béotie, furent dépossédés par les Phéniciens de Cadmus. De leur nom vient le nom d’Aonie donné anciennement à la Béotie, et celui d’Aonides, donné aux Muses ; qui étaient adorées sur les monts Aoniens.

AORNE, c.-à-d. sans oiseaux, marais infect d’Épire (Thesprotie), près des monts Cérauniens : on présume que c’est de ce nom que les Latins on fait Averne. — Fort d’Asie, sur un roc escarpé, situé au S. de la Bactriane et sur les bords de l’Indus, passait pour inexpugnable, et cependant fut pris par Alexandre.

AOSTE, Augusta prætoria ou Augusta Salassiorum, v. du roy. d’Italie (Piémont), ch.-l. de la prov du même nom, dans le val d’Aoste, sur la Doire, rive gauche, au pied des Alpes (600m au-dessus du niveau de la mer), à 79 kil. N. O. de Turin et à l’entrée des deux vallées du Grand et du Petit Saint-Bernard : 7000 h., la plupart goitreux. Évêché. Pat. de S. Anselme. Cette ville fut fondée sous Auguste, par une colonie de Prétoriens. Restes d’amphithéâtres, arc de triomphe, etc. — La prov. d’Aoste, qui a titre de duché, compte 70,000 h.

AOUDE, l’Oude des Anglais, v. de l’Inde, dans le roy. d’Aoude, sur la Gograh, par 26° 48' lat. N. et 79° 44' long E., est célèbre dans les vieilles annales et la mythologie des Hindous, sous le nom d'Ayodhyia, comme capitale de Rama.

AOUDE, royaume de l'Inde septentrionale, entre le Népal ; le Bahar, l'Allahabad, l'Agrah, le Delhi ; 3 700 000 h.; capit., Luknow ou Lacknau. Climat chaud, mais tempéré par les vents ; sol fertile en beaucoup d'endroits, mais mal cultivé. Forêts pleines de tigres, d'éléphants et de rhinocéros. On y trouve le lapis-lazuli. – L'Aoude fut longtemps l'État indigène le plus riche et le plus puissant de l'Inde. Il devint une des provinces de l'empire Mogol. D'abord vassal des Anglais, il a été annexé à leur empire en 1856. Cette annexion a été l'occasion de l'insurrection redoutable qu'ils eurent à réprimer en 1857 et 1858.

AOÜS, auj. Voioussa, riv. d'Épire, coule du S. au N., et tombe dans l'Adriatique, au S. d'Apollonie. Philippe V, roi de Macédoine, fut défait, par les Romains sur les bords de l'Aoüs, 214 et 198 av. J.-C.

AOUST-EN-DIOIS, Augusta Tricastinorum, bourg du dép. de la Drôme à 28 kil. E. S. E. de Die et près de Crest ; 1100 hab. Papeterie, etc. Source minérale. Colonisé par Auguste.

AOÛT (DIX) 1792, journée funeste, dans laquelle le peuple de Paris s'empara des Tuileries et massacra les Suisses, qui en défendaient l'entrée. Louis XVI fut obligé de chercher un asile auprès de l'Assemblée législative, qui le suspendit de ses fonctions et convoqua une Convention nationale.

APACHES, nation indigène du Mexique, habite entre 30° et 34, lat. N., depuis le Rio Colorado de la Californie jusqu'au Rio Colorado du Texas. Elle est sans cesse en guerre avec les Espagnols.

APALACHES (monts). V. ALLEGANY.

APAMÉE, Apamea, nom donné à beaucoup de v. anc. en l'honneur de princesses du nom d’Apamé. On remarque entre autres : 1° une v. d'Assyrie, nommée primitivement Digba, auj. Corna, au confluent du Tigre et de l'Euphrate ; — 2° une v. de Mésopotamie, sur la r. g. de l'Euphrate, vis-à-vis de Zeugma, dont Rom-Kala occupe la place ; — 3° une autre v. de Mésopotamie, dans l'île de Mésène (île du Tigre); — 4° une v. de Syrie, sur l'Oronte, au S. d'Antioche, bâtie par Séleucus Nicator, et nommée auj. Famieh; — 5° Apamea Cibotos, v. de Phrygie, auj. Afioum Karahissar, au confluent du Marsyas et du Méandre : peuplée aux dépens de Célènes par Antiochus Soter, qui lui donna le nom d'Apamé, sa mère, elle devint une des villes les plus commerçantes de l'Asie-Mineure; — 6° une v. de Bithynie, auj. Moudania, non loin de Pruse, prise et colonisée par les Romains en 75 av. J.-C.

APANAGE, d'un mot de la basse latinité, apanare, donner le pain. Dans l'origine, on désignait sous ce nom les possessions territoriales que les hauts seigneurs donnaient à leurs puînés pour les dédommager de ce que leurs aînés seuls devaient succéder au fief principal. Plus tard, ce mot a spécialement désigné les fiefs affectés aux princes du sang, Les apanages royaux ne datent que de la 3e race. Sous les deux premières, les fils du roi mort partageaient entre eux l'héritage de leur père par portions égales. Les apanages étaient presque toujours concédés à charge de retour à la couronne à défaut d'hoirs (héritiers). Jusqu'à Philippe-Auguste, les filles de France reçurent des apanages ; depuis ce règne, elles ne reçurent plus que des dots en argent. En 1790, l'Assemblée constituante abolit les apanages réels et les remplaça par des rentes apanagères. Un sénatus-consulte de 1810 les rétablit, mais ils ne représentèrent plus qu'un revenu assis sur des propriétés territoriales.

APCHÉRON, presqu'île de la Géorgie russe, s'avance dans la mer Caspienne : ch.-l., Bakou. Sol imprégné de gaz sulfureux et inflammable.

APELLE, peintre célèbre de Cos, d'Éphèse ou de Colophon, disciple de Pamphile, florissait vers 332 av. J.-C. Il vécut à la cour d'Alexandre, puis à celle de Ptolémée. Il ne passait pas un seul jour sans travailler : d'où l'adage nulla dies sine linea. Il exposait ses ouvrages en public, et recueillait, caché derrière un rideau, les jugements des curieux. On connaît le trait de ce savetier qui, après avoir critiqué une sandale, voulut juger du reste du tableau ; Apelle l'arrêta en lui disant : « Que le savetier ne s'élève pas au-dessus de la chaussure, ne sutor ultra crepidam. » Alexandre, admirateur des talents d'Apelle, ne permit de faire son portrait qu'à ce peintre seul, et il eut pour lui une telle amitié qu'il lui céda Campaspe, une de ses maîtresses, dont le peintre était devenu éperdument amoureux en faisant son portrait. Les meilleurs tableaux d'Apelle étaient Alexandre tonnant, Vénus endormie et Vénus Anadyomène, œuvre qu'il laissa inachevée, et qu'aucun artiste n'osa terminer. On croit que l’œuvre connue sous le nom de la Noce aldobrandine, dont une copie est au Louvre, a été faite d'après un de ses tableaux.

APELLICON, de Téos, péripatéticien, mort vers 85 av. J.-C., retrouva et restaura les ouvrages d'Aristote et de Théophraste, qui étaient restés longtemps enfouis et oubliés. Il forma à Athènes une riche bibliothèque, que Sylla fit transporter à Rome.

APENNINS (monts), Apenninus (du celtique pen, sommet), longue chaîne le mont. qui traverse l'Italie dans toute sa longueur, se détache des Alpes à Cassino, au N. de Gênes, trace un demi-cercle autour du golfe de Gênes, court à l'E. jusqu'à la Bocchetta, puis se dirige vers le S. E. et va se terminer en Sicile, formant ainsi trois régions principales : 1° l’Apennin septentrional, dans les États sardes, qui finit à la Bocchetta et au mont Cornaro ; 2° l’Apennin central, qui va jusqu'au mont Velino et duquel partent le Sub-Apennin romain et le Sub-Apennin toscan; 3° l’Apennin méridional, qui se bifurque près d'Acerenza, pour courir d'une part dans les terres de Bari et d'Otrante et finir vers le cap Santa-Maria di Leuca, de l'autre dans les Calabres, jusqu'au détroit de Messine. Le Vésuve et tout le terrain volcanique environnant font partie de la région méridionale. Les principaux sommets sont le Monte Cavallo ou Monte Corno, entre les deux Abruzzes ultérieures 2960m; le Monte Amaro, dans l'Apennin méridional, 2840 ; le Monte Vittore, dans le territ. romain, 2480. L'Apennin a longtemps servi de refuge aux vaincus, aux bannis, aux brigands : ceux-ci y ont encore leur repaire.

APENRADE, v. du Slesvig, à 32 k. N. de Flensborg ; 4000 h. Port peu profond et rade peu sûre.

APER (M.), orateur latin du 1er siècle, Gaulois de naissance, mort vers l'an 85 de J.-C., se fixa à Rome, y fit admirer son éloquence et devint successivement questeur, tribun préteur et sénateur. Il est un des principaux interlocuteurs du Dialogue des orateurs, attribué à Quintilien ou à Tacite. Quelques savants croient qu'il en est lui-même l'auteur.

APER (Arrius), préfet du prétoire sous l'empereur Carus, fit périr ce prince ainsi que Numérien, son successeur, et chercha à se faire proclamer empereur ; mais il fut mis à mort par Dioclétien, en 284.

APHRODISIA, APHRODISIAS ou APHRODISIUM, nom de plusieurs v. anciennes consacrées à Vénus (Aphrodite)._ Les principales étaient : l° en Carie, au N. E., près des frontières de la Lydie, patrie du commentateur Alexandre, dit d'Aphrodisie ; — 2° dans la Cilicie Trachéotide, en face Chypre ; — 3° en Phrygie, non loin d’Apamca Cibotos.

APHRODITE, nom grec de vénus.

APHRODITOPOLIS, c.-à-d. ville de Vénus, nom commun à trois villes d’Égypte : 1° dans l'Heptanomide, sur la r. dr. du Nil, au S. de Memphis : c'est auj. Atfieh ; — 2° dans la Thébaïde, sur le Nil, près de Latopolis au N. O. de cette ville : c'est auj. Itfou ; — 3° d'ans la Thébaïde, à quelques kil. au S. O. d’Antæopolis, sur un canal latéral au Nil.

APHTHONIUS, rhéteur grec du IIIe siècle après J.-C., natif d'Antioche, est auteur d'une rhétorique intitulée Progymnasmata, composée d'après Hermogène, et qui a été longtemps en usage dans les écoles (publiée avec trad. latine, Amst., 1665, in-12). On a aussi d’Aphmonius des Fables, publiées avec celles d’Ésope et d’Abstemius, Francfort, 1610, in-8.

APIA TELLUS, c.-à-d. terre d’Apis, nom du Péloponèse, dérivé d’Apis, un de ses plus anciens rois.

APICIUS (M. Gabius), gourmand et gastronome célèbre, vivait à Rome du temps d’Auguste et de Tibère. On dit qu’après avoir dépensé plus de 100 millions de sesterces (env. 20 millions de francs) pour satisfaire sa passion gloutonne, il se donna la mort parce qu’il ne lui restait plus que 10 millions de sesterces (env. 2 millions), somme qui ne lui suffisait plus pour vivre. — On a sous le nom d’un certain Coelius Apicius un traité De re culinaria ou De obsoniis, Londres, 1705, et Anspach, 1800, ouvrage fort ancien, mais qui n’est pas du célèbre Apicius.

APION, grammairien d’Alexandrie, né en Égypte, fut député par les Alexandrins à Caligula pour se plaindre des Juifs. Apion avait composé une Histoire d’Égypte et un livre Sur les Juifs, satire violente que Josèphe a réfutée ; il n’en reste que peu de fragments (dans le Fragm. de la collect. Didot).

APIS, divinité que les Égyptiens adoraient sous la forme d’un bœuf. On reconnaissait le bœuf Apis à divers signes particuliers : il devait être noir par tout le corps et avoir sur le côté droit une marque blanche semblable au croissant de la lune. La durée de son existence était limitée à 25 ans. Au bout de ce temps, les prêtres le noyaient solennellement dans le Nil, puis ils l’embaumaient, lui faisaient des funérailles magnifiques et l’enterraient dans le Serapeum. Ils le pleuraient ensuite, et en cherchaient un autre pour le remplacer. Lorsqu’ils avaient trouvé le nouveau dieu, ils se livraient à la joie et lui rendaient leurs hommages. On pense que c’est Osiris, dieu de l’agriculture, que l’on adorait sous cet emblème : les Égyptiens croyaient qu’Osiris avait pris la forme d’un beauf et avait traîné la charrue lorsque les dieux, battus par Jupiter, se réfugièrent en Égypte, où ils se cachèrent sous diverses formes.

APOCALYPSE, c.-à-d. révélation, du mot grec apokaluptô, découvrir, livre du Nouveau Testament, écrit par S. Jean l’évangéliste vers l’an 95, contient les révélations que Dieu lui fit pendant son exil à Patmos. Cet ouvrage mystérieux, dont l’obscurité est devenue proverbiale, a donné lieu à une foule de commentaires, dont quelques-uns extravagants : on y a vu soit la description des persécutions que l’Église devait souffrir de la part des Juifs et des Gentils ; soit l’annonce de la destruction de Rome (désignée sous le nom de Babylone), et le triomphe de l’Église, régnant sur le monde entier, etc.

APOCRISIAIRE, dignitaire du Bas-Empire. V. ce mot au Dict. des Sciences, des Lettres et des Arts.

APOLLINAIRE, l’Ancien et le Jeune, père et fils, grammairiens et rhéteurs grecs du IVe siècle après J.-C., enseignèrent à Béryte et à Laodicée, et embrassèrent le Christianisme. Quand la lecture des livres païens eut été interdite aux Chrétiens par l’empereur Julien (362), ils composèrent pour les remplacer divers livres élémentaires, en prose et en vers ; il ne nous reste de ces ouvrages que l’Interprétation des Psaumes, en vers grecs, et une tragédie, le Christ souffrant, attribuée à tort à S. Grégoire de Nazianze, Paris, 1552 et 1580, avec trad. latine. Apollinaire le Jeune fut évêque de Laodicée, mais il tomba dans l’hérésie, et fut le chef d’une secte qui soutenait que J.-C., en se faisant homme, n’avait pris que l’âme sensitive de l’homme (psyché) et non l’âme intellectuelle (noûs) ; il fut condamné par les conciles d’Alexandrie, 362, et de Constantinople, 381. Il mourut cette dernière année.

APOLLINE (Ste), vierge et martyre, vivait à Alexandrie et y fut arrêtée en 248, sous le règne de Philippe-l’Arabe, dans une sédition excitée contre les Chrétiens. Elle se jeta d’elle-même dans le bûcher préparé pour son supplice. On la fête le 9 février.

APOLLINOPOLIS magna, auj. Edfou, v. de l’Égypte anc. (Thébaïde), sur le Nil, r. g., à 110 kil. au N. de Syène, Plusieurs beaux temples, dont un surtout, que l’on voit encore presque en entier, le disputait aux plus grands de l’Égypte, mais dont les bas-reliefs, exécutés du temps des Ptolémées, sont de mauvais style.

apollinopolis parva, auj. Kous ou Sytfah, v. d’Égypte (Thébaïde), près du Nil, au N. de la précédente et à quelques k. au S. O. de Coptos.

APOLLO, Juif originaire d’Alexandrie, embrassa le Christianisme vers l’an 54, prêcha à Éphèse et à Corinthe, et s’acquit une telle réputation qu’on opposait son autorité à celle de S. Paul et de S. Pierre.

APOLLODORE, grammairien d’Athènes, qui vivait 150 ans av. J.-C., s’acquit une grande renommée pour l’explication des poètes. De ses nombreux ouvrages il ne reste que sa Bibliothèque mythologique, en 3 livres, contenant l’Histoire des dieux et des héros jusqu’au retour des Héraclides dans le Péloponèse, publiée par Æginus Spoletinus, grec-latin, Rome, 1550, par E. Bekker, Leips., 1854, et réimpr., avec trad. lat., daùs la collection Didot (Hist. græc. fragm.) ; elle a été trad. en français par M. Clavier, Paris, 1805. On croit que cette histoire, qui n’est qu’un abrégé fort sec, n’est pas l’ouvrage même d’Apollodore, et qu’elle n’est que l’extrait d’un traité plus considérable composé par ce savant.

apollodore, architecte de Damas, né vers l’an 61 de J.-C. florissait sous Trajan. Il construisit, par les ordres de ce prince, un pont colossal sur le Danube, et éleva à Rome la colonne Trajane, la basilique Ulpia, ainsi nommée d’un des noms de l’empereur, et plusieurs autres monuments regardés comme des chefs-d’œuvre. Après la mort de Trajan Adrien, qu’il avait offensé par des paroles imprudentes, l’exila, puis le fit mettre à mort, 130, et détruisit plusieurs de ses ouvrages.

APOLLON ou phœbus, dieu du soleil et de la lumière, des arts, des lettres et de la médecine, était fils de Jupiter et de Latone, et frère jumeau de Diane ou la Lune. Il naquit dans l’île de Délos (V. latone). À peine sorti du berceau, il tua de ses flèches le serpent Python, qui, à l’instigation de Junon, avait persécuté sa mère. Dans la suite, irrité de la mort de son fils Esculape, que Jupiter avait foudroyé, il tua les Cyclopes qui forgeaient la foudre. Le maître des dieux, pour le punir, l’exila de la terre. Il y garda quelque temps les troupeaux d’Admète, roi de Phères en Thessalie ; puis se mit au service de Laomédon pour lequel il bâtit, avec Neptune, exilé comme lui, les murs de Troie. Après avoir encore quelque temps erré sur la terre, où Marsyas et Midas (V. ce nom) éprouvèrent les effets de sa colère, il fut rappelé au ciel, et chargé par Jupiter de conduire le char du soleil. Apollon fut épris d’un grand nombre de nymphes et de mortelles. Les plus connues sont Daphné, qui fut insensible à ses vœux et qu’il transforma en laurier ; Cassandre, à laquelle il donna le don de prophétie ; Coronis, dont il eut Esculape ; Clymène, qu’il rendit mère du téméraire Phaéthon. On le représentait sous les traits d’un beau jeune homme, tenant à la main tantôt un arc, tantôt une lyre, la tête ornée d’une chevelue longue et flottante, et ceinte d’une auréole lumineuse. Il dirigeait le chœur des Muses et habitait avec elles sur le sommet du Parnasse, du Pinde ou de l’Hélicon. On en fait aussi un dieu vengeur : ses traits inévitables répandent la peste et la mort ; allusion aux terribles effets produits par l’excessive ardeur du soleil. Apollon avait un grand nombre de temples et d’oracles, dont le plus célèbre est celui de Delphes. On célébrait en son honneur les jeux Pythiques.

APOLLONIE, Apollonia, nom de plusieurs villes grecques où se trouvaient des temples et des oracles d’Apollon. Les principales sont : 1° en Illyrie, près de l’embouch. de l’Aoüs (Philippe V y fut battu par le préteur Lævinus, 214 av. J-C.) : c’est auj. Pollini ; — 2° en Macédoine, au S. O. de Thessalonique : c’est auj. Paléo-Chori ; — 3° en Thrace à l’entrée du golfe formé par le Pont-Euxin ; on la nomma plus tard Sozopolis, d'où son nom moderne de Sizéboli ; — 4° dans la Cyrénaïque, auj. Marza-Souza, sur la mer, à quelques kil. au N. de Cyrène, à laquelle elle servait de port ; — 5° dans l'île de Crète, nommée aussi Eleuthera, patrie du philosophe Diogène d'Apollonie ; — 6° en Bithynie, auj. Aboulioun, à l’O., sur le lac Apolloniates ; — 7° en Palestine, près de Césarée, sur la mer ; on croit que c'est auj. Arzouf ; — 8° en Pisidie, à l’O. d'Antioche de Pisidie. J. Arundel y trouva en 1833 une trad. grecque du Testament d'Auguste.


APOLLONIE (Ste). V. APOLLINE (Ste).


APOLLONIUS de Perge, géomètre grec, né vers 244 av. J.-C., à Perge en Pamphyplie, florissait à Alexandrie sous Ptolémée Philopator, 205, et fut, avec Euclide, Archimède et Diophante, un des créateurs des sciences mathématiques. On a de lui un traité en 8 livres des Sections coniques, dont la meilleure édition est celle de Halley, Oxford, 1710. Apollonius fut commenté chez les anciens par Pappus.

APOLLONIUS de Rhodes, poëte grec, né à Alexandrie ou à Naucratis, vers 276, mort vers 186. Élève de Callimaque, il ne tarda pas à devenir le rival de son maître. Forcé de s'éloigner par la jalousie de Callimaque, il alla se fixer à Rhodes (d'où son surnom), enseigna dans cette ville avec distinction la rhétorique, fut rappelé dans Alexandrie après la mort de Callimaque et fut chargé de la direction de la fameuse bibliothèque. Il avait composé de nombreux ouvrages; il ne nous en reste qu'un poëme sur l’Expédition des Argonautes, en 4 chants, ouvrage qui offre d'assez grandes beautés pour que Virgile n'ait pas dédaigné de lui faire quelques emprunts. Valérius Flaccus en a fait une imitation suivie. Les Argonautiques ont été publiés par H. Étienne, Genève, 1574; Shaw, Oxford, 1777; Brunck, Strasbourg, 1780; Beck, Leips., 1797,avec trad. latine; par A. Wellauer, Leips., 1828, en grec seulement; et par Merkel, Leips., 1854. Ce poëme a été trad. en français par Caussin de Perceval, 1797, in-8. — On connaît aussi sous le nom d'Apollonius de Rhodes un artiste grec, vivant 200 ans av. J.-C., à qui l'on doit le beau groupe connu sous le nom de Taureau Farnèse, représentant Amphion et Zéthus qui attachent Dircé aux cornes d'un taureau sauvage : ce groupe est au musée de Naples.

APOLLONIUS de Tyane, philosophe et thaumaturge, né à Tyane en Cappadoce peu d années après J.-C., embrassa de bonne heure la doctrine de Pythagore, se soumit à toutes les austérités de cette secte, voyagea beaucoup, visita la Cilicie, la Pamphylie, Antioche, Éphèse, Babylone; pénétra jusque dans l'Inde, accompagné de Damis, son disciple, puis se rendit à travers la Grèce en Italie, excitant partout l'admiration sur son passage et faisant des guérisons merveilleuses. Chassé de Rome par Néron, il se lia en Orient avec Vespasien, dont il favorisa l'avénement, puis il établit à Éphèse une école pythagoricienne qui attira de nombreux disciples. On croit qu'il mourut dans cette ville, vers l'an 97, dans un âge très-avancé. Ses contemporains le regardaient comme un homme extraordinaire et lui accordaient le don de prédire l'avenir et de faire des miracles. Quelques païens ne craignirent même pas de le mettre en parallèle avec le Christ. On raconte qu'au moment ou Domitien périt à Rome, Apollonius, qui était alors à Éphèse ou il faisait une leçon publique, s'arrêta tout à coup, et que, s'adressant au meurtrier, il s'écria : « Courage, Stéphanus, tue le tyran. » Damis avait écrit sur son maître des mémoires qui furent remis longtemps après à Philostrate : celui-ci a rédigé, d'après ces matériaux, une Vie d'Apollonius, remplie de fables incroyables. Cette Vie a été trad. en français par Castillon, Berlin, 1174, avec une préface de Frédéric II, et par M. Chassang, 1862. Ch. Blount en a donné une trad. angl. avec notes anti chrétiennes. Legrand d'Aussy a publié une biogr. critique d'Apollonius, 1808. Apollonius avait composé plusieurs écrits : il ne reste de lui qu'une Apologie à Domitien, conservée par Philostrate, et 84 Lettres, publiées par Commelin, 1601.

APOLLONIUS DYSCOLE, c.-à-d. Chagrin, grammairien d'Alexandrie, ainsi surnommé à cause de son humeur morose, florissait sous Adrien et Antonin, et fut père du grammairien Hérodien. Il est, dit-on, le 1er qui ait réduit la grammaire en système. Il nous reste de lui 4 livres De syntaxi seu constructione, publiés avec la trad. latine d'Æmilius Portus ar F. Sylburge, Francfort, 1590, et par Bekker, Leips., 1817; c'est un des meilleurs ouvrages de ce genre que les anciens nous aient transmis. On lui attribue aussi un recueil d’Historiæ commentitiæ, Leyde, 1620; Leips., 1792. M. Egger a publié ce qui reste de lui, avec un Essai sur les théories grammaticales dans l'antiquité, Paris, 1854. — Un autre grammairien du nom d'Apollonius, natif aussi d'Alexandrie, rédigea au 1er siècle un Lexicon homericum, publ. par. Villoison, 1773; et par Bekker, Berlin, 1833.

APOLOGISTES, écrivains chrétiens des premiers siècles qui présentèrent aux païens des Apologies de la religion. V. APOLOGÉTIQUE au Dict. des Sciences.

APONUS, AQUÆ APONI, v. d'Italie, est auj. Abano.

APÔTRES, Apostoli c.-à-d. envoyés, premiers disciples de Jésus, furent chargés de répandre la religion nouvelle sur toute la terre. Ils étaient au nombre de 12, savoir : Pierre, André, frère de Pierre, Jean l'évangéliste, Philippe, Jacques le Majeur, Barthélemy, Thomas, Mathieu, Simon, Thadée ou Jude, Jacques le Mineur, Judas l'Iscariote, qui, après sa trahison, fut remplacé par Mathias. On compte également S. Paul parmi les apôtres : c'est l’apôtre des Gentils. On y joint quelquefois Barnabé.

APPELANTS. On nomme ainsi ceux qui, mécontents de la condamnation prononcée contre un livre du janséniste Quesnel par la bulle Unigenitus (1713), en appelèrent au futur concile.

APPENRODE, vge du Hanovre, à 4 kil. O. d'Ilefeld. Fameuse grotte, dite Kelle (la Cave).

APPENZELL, cant. suisse, inclus dans celui de St-Gall, a 45 k. sur 26 et compte 55 000 h., dont env. 40 000 Réformés. Il est divisé en deux parties indépendantes l'une de l'autre, les Rhodes intérieures, qui ont pour ch.-l. Appenzel, Abbatis cella, 2500 h.; et les Rhodes extérieures, qui ont alternativement pour ch.-l. Trogen et Hérisau. Pays fort montagneux : les cimes principales sont le Sentis, le Geyrenspitz, le Kamor. — Ce canton ne fut admis dans la Confédération suisse qu'en 1513. Il dépendait précédemment de l'abbé de St-Gall.

APPERT (Ch.-Nicolas), inventeur d'un procédé pour la conservation des substances alimentaires, mort en 1840, à Massy (Seine-et-Oise), avait été longtemps confiseur et distillateur à Paris. Il commença ses recherches dès 1796, en fit constater le résultat en 1804 par l'administration de la marine à Brest, et fonda la même année un établissement de conserves qui fut bientôt connu dans le monde entier, et où il fit une rapide fortune. Son procédé, au moyen duquel on réussit à conserver pendant plusieurs années les substances alimentaires, consiste à faire bouillir ces substances au point juste de leur cuisson, puis à les caser bien privées d'air dans un vaisseau de fer-blanc qu'on scelle hermétiquement. On a d'Appert l’Art de conserver les substances animales et végétales, 1810.

APPIEN, Appianus, historien grec, né à Alexandrie au commencement du IIe s. de J.-C., vint de bonne heure à Rome, vécut sous Trajan, Adrien, Antonin, exerça avec distinction la profession d'avocat, fut surintendant des affaires domestiques des empereurs et peut-être gouverneur de l'Égypte. Il avait composé, sous le titre d’Histoire romaine, un grand ouvrage en 34 livres, qui s'étendait depuis la ruine de Troie jusqu'au règne de Trajan; il y racontait séparément l'histoire de chacun des peuples qui ont été en relation avec Rome. Il ne nous en reste qu'un petit nombre de livres entiers (savoir : 3 livres sur les guerres d'Espagne, d'Annibal et de Carthage; un sur celle de Mithridate, un sur celle d'Illyrie, 5 livres sur les guerres civiles de Rome), et des extraits de la plupart des autres. Le tout a été publié par Schweighæuser, Leipsick, 1785, 3 vol. in-8, gr.-lat., et par Dübner, Didot, 1840, gr. in-8; et trad. en fr. par Seyssel, Lyon, 1544, par Odet-Desmares, Paris, 1659. Les cinq livres des guerres civiles (livres XIII-XVII) ont été trad. à part par Combes-Dounous, Paris, 1808, 3 vol. in-8. L'histoire d'Appien jouit d'une grande autorité; elle contient d'ailleurs sur plusieurs époques de l'histoire romaine les seuls renseignements que nous possédions. On peut consulter sur cet auteur les Exercitationes in Appiani historias de Schweighæuser, Strasb., 1781.

APPIENNE (Voie), Via Appia, Via censorina, une des plus belles routes romaines, partait de Rome, passait par Capoue et se terminait à Brindes. Commencée par le censeur Appius Claudius Cæcus vers 311 av. J.-C., continuée par César, elle fut terminée par Auguste. On la surnommait Regina viarum.

APPII FORUM, Borgo-Longo ou San-Donato, v. des Volsques, à 55 k. S. de Rome, sur la voie Appienne.

APPLEBY, bourg d'Angleterre, capit. du Westmoreland, sur l'Eden, à 370 k. N. N. O. de Londres; 1000 h. Anc. château des comtes de Thanet. Grand marché aux grains. École fondée par Élisabeth.

APPROUAGE, rivière de la Guyane française, se jette dans l'Atlantique près d'un bourg de même nom, situé à 75 k. S. E. de Cayenne. Cette rivière roule des paillettes d'or.

APRAXINE (Fœder-Matveïévitch), amiral russe, né en 1671, mort en 1728, fut un des créateurs de la marine russe. Il remporta plusieurs victoires sur les Suédois en Ingrie et en Esthonie, s'empara des îles d'Aland et fut un des principaux instruments de la gloire de Pierre le Grand; un instant disgracié pour déprédations, il rentra bientôt en grâce, et fut élevé aux dignités de sénateur, d'amiral général de Russie et de conseiller privé.

APRAXINE (Étienne-Fœdorovitch, comte), feld-maréchal, petit-fils du préc., combattit d'abord contre les Turcs sous les ordres du maréchal Munich, aida le vice-chancelier Bestouchef à supplanter le comte l'Estocq, favori de l'impératrice Élisabeth, et engagea cette princesse dans la guerre de Sept ans. Nommé commandant en chef, il s'empara de Memel et battit les Prussiens à Gross-Jægerndorf (1757), mais il ne sut point mettre à profit sa victoire. Accusé de trahison pour ce fait, il fut rappelé et mourut pendant qu'on lui faisait son procès, 1760.

APRÈS DE MANNEVILLETTE (J. B.), hydrographe, né au Havre en 1707, mort en 1780, devint capitaine de vaisseau, explora les côtes de l'Inde et de la Chine, et publia, sous le titre de Neptune oriental (1745-1775), d'excellentes cartes de ces parages.

APRIÈS, roi d'Égypte, 595-570 av. J.-C., prit Sidon et Chypre. Après un règne de 26 ans, il fut détrôné et mis à mort par Amasis, un de ses sujets. On le nomme aussi Éphrée ou Hophra.

APS, Alba Helviorum, puis Alba Augusta, vge de l'Ardèche, dans l'anc. Vivarais, à 11 k. N. O. de Viviers; 1438 h. Jadis capit. des Helviens, et siége d'un évêché, transporté à Viviers en 411.

APT, Apta Julia, ch.-l. d'arr. (Vaucluse), sur le Calavon, à 55 k. E. d'Avignon; 4314 hab. Trib. de 1re inst., collége. Faïences, bougies, truffes, confitures. Jadis tapit. des Vulgientes.

APULÉE, Lucius Apuleius, écrivain latin et philosophe platonicien, né à Madaure vers 114 de J.-C., mort en 190, étudia la philosophie à Athènes, puis vint à Rome, où il exerça avec succès la profession d'avocat. De retour dans sa patrie, il rétablit sa fortune, fort réduite par de fréquents voyages, en épousant une riche veuve. Accusé par les parents de cette femme d'avoir employé la magie pour s'en faire aimer, il se justifia en prononçant une éloquente apologie, qui nous a été conservée. On a d'Apulée : la Métamorphose, vulgairement appelée l’Âne d'or, en 11 livres, roman ingénieux, dans lequel se trouve le fameux épisode de Psyché, mis en vers par La Fontaine; son Apologie; les Florides, fragments de ses discours; 3 livres Sur la doctrine et la vie de Platon, un livre Sur le Dieu de Socrate, un Sur le monde; on lui attribue en outre un grand nombre d'autres ouvrages. Possédant également le grec et le latin, il avait traduit plusieurs écrits des philosophes grecs. Son style, souvent enflé, se ressent du pays où il écrivait : il est plein de mots barbares. Ses œuvres ont été publiées ad usum Delphini; Paris 1688; les éditions les plus estimées sont celles d'Oudendorp, Ruhnken et Bosscha, 3 vol. in-4, Leyde, 1786-1823, et de Hildebrand, Leips., 1842, 2 v. in-8. On a donné un grand nombre d'éditions et de traductions spéciales de l’Âne d'or; les traductions françaises les plus récentes sont celles de Bastien, Paris, 1787, et de Maury, 1812. M. Bétolaud a donné une trad. complète d'Apulée, dans la collect. Panckoucke, 1835-38. Il a aussi été trad. dans la coll. Nisard.

APULEIUS SATURNINUS (L.). V. SATURNINUS.

APULIE, vulgairement la Pouille, région de l'Italie, au S. E., le long de l'Adriatique, s'étend au S. et à l'E. du fleuve Frento et au N. du Bradanus, et se divise en 2 parties : l'une italique, au N., comprenant l'Apulie propre, la Daunie, la péninsule du mont Gargane; l'autre grecque, dite aussi Iapygie, au S., et comprenant le pays des Salentins, la Messapie avec les Calabres et la Peucétie. Villes princip.: Apulum-Asculum, Arpi, Herdonea, Salapia, Venusia, Aquilonia, Canusium. — Les Apuliens étaient de race osque. Leur pays fut colonisé par les Arcadiens Œnotrus et Peucétius, puis par Diomède. Il forme auj. la Capitanate et partie des Terres de Bari, d'Otrante et de la Basilicate.

APULUM ASCULUM. V. ASCULUM.

APURE, riv. de Colombie, naît à 80 k. N. O. de Varinas, reçoit le Canaguan, le Sto-Domingo , le Manporro, et se jette dans l'Orénoque. Elle donne son nom à une province de la république de Vénézuela, qui a pour ch.-l. Achagua. Beaucoup de crocodiles.

APURIMAC, riv. du Pérou, prend sa source dans les Andes du Pérou, près d'Arequipa, court au N. E., reçoit le Pachachaca, le Pampas, le Mantaro, le Vilcomayo, le Paucar-Tambo, puis s'unit au Beni avec lequel il forme l'Ucayal, et se joint enfin au Tunguragua pour former l'Amazone ; env. 900 k. de cours.

AQUÆ, c.-à-d. Eaux, nom donné par les Latins à un grand nombre de villes où se trouvaient des sources d'eaux minérales. Les principales sont :

AQUÆ, auj. Acqs ou Ax (Ariége).

A. ALLOBROGUM, auj. Aix-les-Bains (Savoie).

A. AUGUSTÆ OU TARBELLICÆ, auj. Dax (Landes).

A. AURELIÆ, auj. Baden-Baden.

A. BORBONIÆ, auj. Bourbon-l'Archambault.

A. BORVONIS, auj. Bourbonne-les-Bains.

A. CALENTES, auj. Chaudes-Aigues.

A. CALIDÆ, auj. Vichy, et Bath en Angleterre.

A. CONVENARUM, auj. Bagnères de Bigorre.

A. FLAVIÆ, auj. Chaves (Galice).

A. HELVETICÆ OU VERBIGENÆ, auj. Bade (Suisse)

A. MORTUÆ, auj. Aigues-Mortes.

A. NERÆ, auj. Néris.

A. NISINEII, auj. Bourbon-Lancy.

A. PANNONICÆ, auj. Bade (Autriche).

A. SEXTIÆ, auj. Aix (Bouches-du-Rhône).

A. SICCÆ, auj. Sèches (près de Toulouse).

A. SOLIS, auj. Bath.

A. SPARSÆ, auj. Aigueperse.

A. STATIELLÆ, auj. Acqui.

A. TACAPINÆ, auj. El-Hamma de Cabès (Tunis).

A. TARBELLICÆ, la même que AQUÆ AUGUSTÆ.

— Pour les noms qui ne se trouvent pas ici, V. le nom qui suit le mot Aquæ.

AQUAPENDENTE, AQUAVIVA, etc. V. ACQ.....

AQUENSIS VICUS, AQUÆ CONVENARUM, v. d'Aquitaine, auj. Bagnères de Bigorre.

AQUILA, v. du roy. d'Italie, ch.-l. de l'Abruzze ultér. 2e, à 170 k. N. N. O. de Naples, sur l'Aterno; 10 600 h. Évêché. Place forte. Commerce de safran. — Fondée par l'empereur Frédéric II; endommagée par les tremblements de terre de 1703 et 1706; prise par les Français en 1798 et par les Autrichiens en 1815.

AQUILA, natif de Sinope dans le Pont, était architecte et fut chargé par Adrien de rebâtir Jérusalem. Ayant ainsi eu occasion de connaître la religion des Juifs, il l'approfondit sous la direction du rabbin Akiba et ne tarda pas à l'embrasser. Il se fit ensuite chrétien, mais il revint définitivement à la religion juive. Il donna, vers 138, une version grecque de la Bible, qui eut longtemps une grande autorité et qu'on préférait même à celle des Septante. On en trouve des fragments dans les Hexaples d'Origène. — Un autre Aquila, Juif grec de Corinthe, fut converti par S. Paul, qu'il accompagna à Éphèse. Les Grecs l'honorent comme saint le 8 juillet.

AQUILÉE, Aquileia, v. des États autrichiens (roy. d'Illyrie), à 25 k. S. O. de Goritz, à 6 k. S. O. des lagunes de Marano, au fond de l'Adriatique. Petit port. — C'était primitivement la capit. des Carni, peuple de Vénétie. Elle reçut une colonie romaine l'an 180 av. J.-C. et prit son nom d'un vol d'aigle de bon augure. Grande et forte sous l'empire romain, elle compta jusqu'à 130 000 h. et devint la capitale de la Vénétie ; c'était la clef de l'Italie au nord. Maximin fut tué par les siens pendant qu'il assiégeait cette place. Théodose y battit en 388 l'usurpateur Maxime. Attila la détruisit en 452. Elle ne s'est pas relevée depuis et n'a guère auj. que 1600 h. Elle était jadis le siège d'un patriarcat, qui en 1751 a été divisé en 2 archevêchés : Udine et Goritz.

AQUILIUS (Manius), consul en 129 av. J.-C., fut chargé, après la mort de Perpenna, d'achever la guerre contre Aristonic, qui prétendait au trône de Pergame, et amena à Rome ce prince prisonnier.

AQUILIUS NEPOS (Manius), général romain, consul avec Marius, l'an 101 av. J.-C., étouffa la révolte des esclaves en Sicile. Dans la suite, il fut envoyé en Asie pour rétablir les rois de Bithynie et de Cappadoce, que Mithridate avait détrônés. Mais, après quelques succès, il fut pris par ce prince qui le fit promener sur un âne, puis le fit mourir en lui versant dans la bouche de l'or fondu. Aquilius avait été accusé de concussion; il fut défendu par Antoine l'orateur, qui le sauva en découvrant au milieu de sa plaidoirie les cicatrices des blessures que son client avait reçues au service de la patrie.

AQUILONIA, auj. la Cedogna ou Carbonara, v. d'Apulie, au S. E. de Lucérie. Papirius Cursor y battit les Samnites, 293 av. J.-C.

AQUIN, Aquinum en latin, Aquino en italien, vge du roy. de Naples (Terre de Labour), à 4 kil. N. E. de Ponte-Corvo; 800 h. Évêché. — Jadis ville des Herniques; détruite par les Lombards au VIe siècle. Patrie de Juvénal; S. Thomas d'Aquin naquit auprès.

AQUIN (île d'), près d'Haïti (Antilles), par 75° 4' long. O., et 18° 14' lat. N. — Dans Haïti, vis-à-vis de l'île, est un bourg d'Aquin, à 115 k. O. des Cayes.

AQUIN (Louis-Claude d'), célèbre organiste, né à Paris en 1698, mort en 1772, eut un talent tellement précoce que, dès l'âge de 6 ans, Louis XIV voulut le faire jouer devant lui, et qu'à 8 ans il composait d'excellents morceaux. On venait tout exprès des pays étrangers pour l'entendre.

AQUINCUM, v. de Dacie, auj. Bude.

AQUIS GRANUM, nom latin d'AIX-LA-CHAPELLE.

AQUITAINE, Aquitania, c.-à-d. pays des eaux, une des quatre grandes régions de la Gaule, comprenait avant César tout le pays situé entre les Pyrénées au S. le golfe de Gascogne à l'O., la Garonne au N. et à l'E. Peuples principaux : Tarbelli (Béarn), Ausci (Armagnac), Arverni (Auvergne), Bituriges Vivisci (Bordelais), Pictones (Poitou), Lemovices (Limousin), Cadurci (Quercy), Convenæ et Bigerrones (Comminges et Bigorre). Villes : Burdigala, Bordeaux, Aquæ Tarbellicæ (Dax), Cadurci (Cahors), Tolosa (Toulouse), Gergobia, détruite par César. — Crassus, lieutenant de César, soumit la plus grande partie de l'Aquitaine en 57 av. J.-C. César s'en rendit tout à fait maître par la prise de Gergovie (52) et, dans le partage qu'il fit de la Gaule, il étendit les bornes de cette province jusqu'à la Loire au N. et à l'E. Auguste y ajouta le territoire des Bituriges Cubi (Berry et Bourbonnais). Enfin vers 369 ou 381, l'Aquitaine fut partagée en 3 prov.: Aquitaine 1re, ch.-l. Avaricum (Bourges); Aq. 2e, ch.-l. Burdigala; Aq. 3e ou Novempopulanie, ch.-1. Lugdunum Convenarum (St-Bertrand-de-Comminges), puis Ausci (Auch). Les Visigoths devinrent maîtres de l'Aquitaine en 419, sous le règne de Wallia, et firent de Tolosa la capit. de leur empire. En 507, Clovis, vainqueur à Vouillé, enleva l'Aquitaine à Alaric II, roi des Visigoths, et la réunit au roy. des Francs. Dagobert l'en démembra en 628 et l'érigea en royaume en faveur de son frère Caribert. Après la mort de Hildéric, fils de Caribert (631), le roy. d'Aquitaine fut changé en duché et donné par Dagobert à Boggis, 2e fils de Caribert. Eudes, Hunald et Waïfre possédèrent successivement l'Aquitaine à titre de ducs jusqu'en 768, époque où Charlemagne s'empara de cette province. Il en fit un roy. dépendant de la couronne, et le donna en 781 à Louis le Débonnaire, son fils. Celui-ci la céda en 814 à son fils Pepin, qui mourut en 838. Pepin II fut proclamé roi après lui, mais Charles le Chauve lui enleva ses États et se fit couronner roi d'Aquitaine en 848. En 855, il en investit son fils Charles, qui mourut en 867, et fut remplacé par Louis le Bègue. Lorsque celui-ci monta sur le trône de France (877), l'Aquitaine fut de nouveau érigée en duché héréditaire en faveur de Ranulfe I, fils de Bernard, comte de Poitiers ; elle perdit bientôt après son nom d'Aquitaine pour prendre celui de Guyenne, qui paraît n'en être qu'une corruption. Elle se composait alors des fiefs de Gascogne, d'Armagnac, de Fezensac, du Périgord, du Poitou, du comté d'Angoulême et de la Marche. En 1137, le mariage d'Éléonore, fille de Guillaume X, dernier duc de Guyenne et comte de Poitiers, avec Louis VII réunit pour un instant cette prov. à la couronne de France. Mais après le divorce impolitique de ce prince (1152), Éléonore épousa Henri Plantagenet, depuis roi d'Angleterre, et par là la Guyenne passa entre les mains des rois d'Angleterre. Philippe-Auguste la reprit en partie en 1204, par confiscation, sur Jean sans Terre; mais S. Louis crut devoir la restituer aux Anglais (1259). Confisquée sur Édouard III par arrêt du parlement en 1370, elle fut définitivement réunie à la France sous Charles VII, en 1453. V. GUYENNE.

ARA BACCHI, autel de Bacchus, nom latin moderne de BACHARACH. — ARA URIORUM, auj. Gottsberg, v. de la 2e Germanie, où les Ubiens élevèrent un autel à Auguste, était au N. de la v. actuelle de Bonn. D'autres disent que c'est Bonn elle-même.

ARABAT, fort situé sur la côte N. E. de la Crimée, donne son nom à la Flèche d'Arabat, presqu'île longue et étroite qui se relie à la Crimée, en séparant la mer Putride de la mer d'Azov.

ARABIE, Arabia, contrée de l'Asie occid., bornée au N. par la Syrie et l'Algezireh, à l'E. par le golfe Persique, au S. par la mer d'Oman, à l'O. par la mer Rouge. Son étendue est de 2500 k. environ du N. au S. sur 2000 de l'O. à l'E. On la divise vulgairement en trois parties : A. Pétrée, au N. O., A. Déserte, au centre et à l'E., A. Heureuse, au S. O.; mais la division réelle, la seule qui soit connue des indigènes, est celle qui partage l'Arabie en 5 régions, savoir : l’Hedjaz, le long de la côte N. O., qui renferme le grand chérifat de la Mecque, l'Yémen, au S. O., dont les principaux États sont, en allant de l'O. à l'E., l'imamat de Sana, le pays d'Aden, l'Hadramaut et le désert du Marah; l’Oman, au S. E., qui renferme l'imamat de Maskate; le Lahsa (Bahraïn ou Hadjar), à l'E.; et le Barria ou Bahr-Abad, qui comprend le Nedjed, et se compose des vastes déserts situés au centre de l'Arabie. Villes principales : la Mecque, ville sainte, qui est comme la métropole de l'islamisme, Médine, Sana, Djeddah, Aden, Moka, Maskate. On estime la population de toute la péninsule à 12 millions d'individus. L'Arabie n'a que très-peu de mont., excepté au N. O., où l'on trouve le mont Sinaï et le mont Horeb, et au S. O., dans l'Yémen. Dans cette dernière région, coulent le Meïdam et le Chabb, les seuls fleuves de l'Arabie qui aient un cours permanent. Le reste de cette contrée n'offre que d'immenses plaines sablonneuses et désertes, où règne continuellement le souffle ardent du simoun ou vent du désert. Sur les côtes la fertilité est très-grande : on y cultive beaucoup de plantes aromatiques et d'épices, le café Moka, l'aloès, le baume, le coton, le cocotier, le grenadier, le maïs, etc. On trouve en Arabie la plus belle race de chevaux qui existe, des chameaux, des buffles, des moutons a grosse queue, etc.; mais les déserts sont infectés par des animaux féroces et des insectes malfaisants. Les Arabes appartiennent à la famille sémitique; ils sont petits, maigres, basanés. Leur fanatisme a rendu inabordable jusqu'à ces derniers temps l'intérieur de l'Arabie, exploré enfin par M. Palgrave en 1862. Ils sont presque tous nomades, surtout les Bédouins, et sont réunis en tribus qui obéissent à des cheiks ou vieillards. Les anciens Arabes ont cultivé avec le plus grand succès la poésie, la philosophie et les sciences mathématiques et naturelles. Leurs savants les plus célèbres sont Al-Kendi, Al-Farabi, Avicenne, Averroës, algazel. On leur attribue l'invention des chiffres et de l'Algèbre; ils cultivèrent l'alchimie. Presque seuls au moyen âge ils avaient conservé les connaissances de l'antiquité, et c'est en grande partie par eux qu'elles ont été transmises à l'Occident; mais ils ne tardèrent pas à retomber dans leur ignorance première. Dans ce siècle, Méhémet-Ali, en Égypte, et les Français, en Algérie, se sont efforcés d'en tirer les Arabes soumis à leur domination. — Les Arabes, l'un des plus anciens peuples du monde, sont issus d'Abraham, par son fils Ismaël; ils ont presque toujours été indépendants. Sous Trajan, les Romains conquirent une très-faible partie de l'Arabie, celle qui fut depuis appelée Arabie-Pétrée, du nom de Petra, son ch.-l. Au VIIe siècle, Mahomet, fondateur de l'Islamisme, créa l'empire arabe (622), qui grandit rapidement et s'accrut en suivant les progrès de la religion musulmane. Cet empire embrassa successivement l'Arabie entière (624-632), la Syrie (632-638), l'Égypte (638-640), la Perse (636-652), l'Afrique septentrionale (692-708), l'Espagne (710-714). La France même fut un instant menacée par l'invasion arabe (721-739). Mais dès 750 ce vaste empire perdit son unité. Bagdad vit s'élever sur les ruines du califat des Ommiades celui des Abbassides. Peu après, les Aglabites, à Kairwan (800), les Thoulounides (883), puis les Fatimites en Égypte (909), se rendirent indépendants, tandis que les califes de Cordoue, derniers restes des Ommiades, se séparaient entièrement des califes d'Orient. Ce morcellement continua jusqu'au XIIe siècle environ. À cette époque, les maures en Espagne et en Afrique, les Turcs et les Mongols en Orient, avaient enlevé aux Arabes toutes leurs conquêtes. L'Arabie elle-même avait déjà cessé depuis longtemps d'appartenir aux califes; elle redevint alors indépendante. Les Arabes, par la nature de leur vie nomade, résistèrent aux invasions mongoles et tartares, et aux attaques des Turcomans. Au XVIIe et au XVIIIe siècle une grande partie de l'Arabie fut soumise à la domination des Wahabites, tribu arabe, qui avait son berceau dans le Nedjed; mais ce nouvel empire eut peu de durée : il fut détruit, au commencement de ce siècle, par Méhémet-Ali et son fils Ibrahim (1818), et les Wahabites furent refoulés dans leurs premières limites. Auj. l'Hedjaz et la Mecque reconnaissent l'autorité du sultan. Quant au reste de l'Arabie, il est tout à fait indépendant. Quoique la domination des Arabes ait depuis longtemps cessé, leur langue se parle encore dans une grande partie de l'Asie et de l'Afrique, et ils forment dans ces pays une portion notable de la population.

ARABIQUE (golfe). V. ROUGE (mer).

ARACAN, v. de l'Inde transgangétique, jadis capit. du roy. d'Aracan, auj. ch.-l. de la prov. anglaise de ce nom, par 90° 45' long. E., 20° 40' lat. N.; env. 20 000 hab. Grande et jadis fort peuplée, mais réduite à l'état le plus triste pendant la domination birmane (1783). Nombreuses pagodes : c'est dans Aracan que fut prise la fameuse statue colossale de Goutama.

ARACAN, contrée de l'Inde transgangétique, au N. O. de cette presqu'île et de l'empire Birman, s'étend le long de la côte E. du golfe de Bengale, des bords du Nauf jusqu'au cap Negrais, et a pour ch.-l. Aracan. — Jadis royaume indépendant, souvent ravagé par les Mongols et les Pégouans; il fut conquis par les Birmans en 1783, et par les Anglais en 1824. La popul. s'élevait dans le dernier siècle à près de 2 000 000 hab. Mais la guerre contre les Birmans et les émigrations ont réduit ce chiffre à 500 000 env. Une longue chaîne de mont. sépare l'Aracan de l'empire Birman; le pays est arrosé par le fleuve Aracan, qui se jette dans le golfe de Bengale, au S. de la ville de même nom. Climat brûlant, insalubre. Riz, bois de construction. On y rencontre de l'or et de l'argent.

ARACAN (archipel d'), dans le golfe de Bengale, à l'E., sur les côtes de la prov. d'Aracan. Ses 2 îles les plus remarquables sont Ramri et Tchedoba; on y trouve des volcans qui vomissent de la vase.

ARACATI, v. et port du Brésil (prov. de Céara), à l'emb. du Jaguaribe; 9000 h. C'est la ville la plus commerçante de la province. Fondée en 1723.

ARACHNÉ (c.-à-d. Araignée), jeune femme de Colophon, qui, selon la Fable, travaillait avec tant de perfection à la broderie qu'elle ne craignit point de proposer un défi à Minerve : elle l'emporta; mais la déesse, irritée de cette défaite, frappa de sa navette Arachné à la tête; celle-ci se pendit de désespoir, et fut changée en araignée.

ARACHOSIE, prov. de l'empire perse, au N. E. de la Gédrosie et à l'O. de l'Inde, était arrosée par l’Arachotus, et avait pour ch.-l. Arachosia, appelée primitivement Cophe, dont on attribuait la fondation à Sémiramis. Cette prov. fait auj. partie du roy. de Caboul sous le nom de Seistan.

ARAD, nom commun à 2 villes de Hongrie qu'on distingue en Vieil-Arad et Nouv. Arad, et qui donnent leur nom à un comitat situé à l'O. de la Transylvanie; elles sont sur le Maros, presque en face l'une de l'autre, la 1re sur la r. dr., la 2e sur la r. g., à 40 kil. N. de Temeswar. Le comitat compte 230 000 h.

ARADUS, Arek, île de la côte de Phénicie, à 150 k. N. N. E. de Sidon, était jointe au continent par un pont et avait une ville de même nom (auj. Ruad). — Vis-à-vis de l'île d'Aradus était la ville d'Antaradus, bâtie sur le continent.

ARAFAT, mont. d'Arabie, à 24 k. S. E. de la Mecque. But de pèlerinage chez les Mahométans.

ARAGO (François), illustre savant français, né en 1786 à Estagel (Pyrénées-Or.), mort à Paris en 1853, était fils d'un employé de la Monnaie de Perpignan, originaire d'Espagne. Il entra dès l'âge de 17 ans à l'École polytechnique, devint, en sortant, secrétaire du Bureau des Longitudes, fut adjoint à M. Biot pour vérifier la mesure du globe (1806), se vit, pendant qu'il exécutait ce travail, arrêté comme espion par les Espagnols, et ne put rentrer en France qu'après avoir couru de grands dangers; fut, à son retour, admis à l'Académie des sciences et nommé professeur à l'École polytechnique, quoiqu'il n'eût encore que 23 ans (1809) ; devint successivement directeur de l'Observatoire et du Bureau des Longitudes, membre du conseil supérieur de l'École polytechnique, enfin secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences (1830). Élu en 1831 député des Pyrénées-Orientales, il se signala par une opposition aussi vive que constante, attaquant surtout le système des études classiques, le régime électoral, et demandant instamment la réforme ; il acquit ainsi une telle popularité qu’en 1848 il fut porté par acclamation au gouvernement provisoire. Il s’honora en luttant contre la faction qui voulait arborer le drapeau rouge, en se prononçant contre les prédications subversives des utopistes, et se mit, pendant les funestes journées de juin, à la tête des troupes pour marcher contre les barricades ; mais il ne tarda pas à se retirer avec découragement de la scène politique. Arago a rendu de grands services à la science, surtout à la physique et à l’astronomie. Il adopta et fit triompher la théorie de l’ondulation de la lumière, en détruisant par des faits celle de l’émission ; découvrit la polarisation colorée, inventa un ingénieux polariscope et divers instruments qui donnèrent plus de précision aux observations astronomiques ; compléta les travaux d’Œrsted et d’Ampère sur les rapports du magnétisme et de l’électricité, et découvrit, en 1824, le magnétisme par rotation, découverte pour laquelle la Société royale de Londres lui décerna la médaille de Copley. Arago possédait à un rare degré le talent d’exposer la science avec clarté et de la mettre à la portée du plus grand nombre ; la foule se pressait pour l’écouter à l’Observatoire où il faisait un cours populaire d’astronomie. Ce savant n’a point laissé de grand monument ; mais on lui doit une foule d’écrits précieux, disséminés pour la plupart dans les Mémoires de l’Institut, dans l’Annuaire du Bureau des Longitudes, qu’il enrichit d’excellentes notices, ou dans les Annales de physique et de chimie, qu’il avait fondées avec Gay-Lussac. M. J. A. Barral a réuni ses Œuvres complètes en 17 vol. in-8 (1856-60) : elles se composent d’un traité d’Astronomie populaire, de Notices et Mémoires scientifiques, de Notices biographiques, de Rapports et de Mélanges. M. Ch. Combes a prononcé son Éloge à l’Institut en 1854. M. Audiganne a publié : Fr. Arago, son génie et ses influences, 1857.

Deux frères de Fr. Arago, Jacques Arago (né en 1790, mort en 1855) et Étienne Arago (né en 1803), se sont fait connaître comme écrivains. Le premier a publié, quoique devenu aveugle, des récits de voyages, des nouvelles, des romans, pleins d’intérêt ; le deuxième a donné de spirituels vaudevilles.

ARAGON, grande prov. d’Espagne, une des 12 capitaineries générales du roy., est située entre celles de Vieille-Castille et de Navarre à l’O., de Catalogne à l’E., de Nouvelle-Castille au S., et touche à la France par sa frontière sept. ; Saragosse en est la capitale. On la divise en 3 prov. : celles de Saragosse, de Huesca et de Téruel. Étendue, 320 k. sur 200 ; 850 000 h. On y trouve des mont. au N. et à l’E., des plaines sablonneuses et arides au centre, et de nombreuses rivières : l’Èbre, le Gallego, le Xalon, le Guadalaviar et l’Aragon, qui donne son nom au pays. – L’Aragon n’est qu’une partie de la Tarraconaise des Romains, et répond en partie à la Celtibérie des anciens. Il passa en 470 de la domination des Romains sous celle des Goths, fut conquis par les Maures en 714, leur fut repris par les rois de Navarre, et forma un comté qui resta sous leur dépendance jusqu’en 1035. À cette époque, la mort du roi de Navarre Sanche III occasionna un partage entre ses 4 fils : le comté d’Aragon échut à Ramire, l’un d’eux, et fut érigé en royaume. Le roy. d’Aragon était alors fort resserré ; il s’agrandit par des conquêtes successives de 1096 à 1137, s’augmenta du comté de Barcelone par l’avénement de la dynastie barcelonaise, 1137, acquit Montpellier, 1804, les îles Baléares, 1229-1233, les trois quarts du roy. de Valence, 1238, fit en 1282 l’acquisition de la Sicile, qu’il perdit en 1294 ; acquit la Sardaigne en 1326, mais céda Montpellier à la France, 1349 ; réunit définitivement la Sicile, 1409 ; y joignit la couronne de Naples, 1435, et finit par s’unir à la Castille pour former la monarchie d’Espagne. Cette union, préparée par le mariage de Ferdinand héritier d’Aragon, avec Isabelle, héritière de Castille, 1469, avancée par l’avénement de Ferdinand au trône d’Aragon, 1479, remise en question par la mort d’Isabelle, 1504, fut consommée par l’avénement de Charles-Quint, 1516, petit-fils et héritier de Ferdinand et d’Isabelle. Depuis ce temps, les couronnes d’Aragon et de Castille sont restées unies. En 1516, la couronne d’Aragon comprenait : 1o en Espagne et en France, l’Aragon, la Catalogne, la Haute-Navarre, le Roussillon, la roy. de Valence, celui de Murcie ; 2o hors de la Péninsule, les Baléares, la Sardaigne et les Deux-Siciles. L’Aragon, célèbre par son esprit d’indépendance, conserva, sous les diverses dominations, ses priviléges ou fueros. Le pays se gouvernait lui-même par ses cortès.

Les rois d’Aragon se sont succédé comme suit :

1o Dynastie de Navarre. Alphonse III, 1285
Ramire I, 1035 Jayme II, 1291
Sanche-Ramire I, 1063 Alphonse IV, 1327
Pèdre I, 1094 Pèdre IV, 1336
Alphonse I, 1104 Juan I, 1387
Ramire II, 1134 Martin, 1395
2o Dynastie de Barcelone. 8o Dynastie de Castille.
Raymond, 1137 Ferdinand I, 1412
Alphonse II, 1162 Alphonse V, 1416
Pèdre II, 1196 Juan II, 1458
Jayme I, 1213 Ferdinand II, 1479
Pèdre III, 1276 Charles-Quint, roi de toute l’Espagne, 1516

ARAGON, riv. d’Espagne, naît sur le versant S. des Pyrénées, coule à l’O., puis au S., arrose Jaca, Sanguesa, et tombe dans l’Èbre en face d’Alfaro, après avoir traversé l’Aragon, auquel elle donne son nom, et une partie de la Navarre. Cours, 150 kil.

ARAGUAY, riv. du Brésil, sort de la Serra Seiada, reçoit par la droite le Claro Diamantino, le Vermelho de Goyaz, le Crixas ; par la gauche, le Rio das Mortes, le Farto, l’Aquiqui, et se jette dans le Tocantins, vers le milieu du cours de ce fleuve, après avoir formé la grande île Ste-Anne. Cours total, 1500 kil.

ARAL (mer d'), grand lac de l’Asie centrale, dans le Turkestan, entre 54°-59° long. E., 42°-46° lat. N., a 450 kil. de long, 240 de large, et reçoit le Syr-Daria (Iaxarte), l’Oudjani et l’Amou-Daria (Oxus). Ses bords méridionaux sont habités par les Arales. Eau peu salée ; côtes basses. – Les anciens ignoraient probablement l’existence de la mer d’Aral, et comme ils faisaient de l’Amou-Daria un tributaire de la mer Caspienne, on a prétendu que de leur temps les deux mers n’en faisaient qu’une. Suivant plusieurs modernes, la mer d’Aral serait ce que les anc. nommaient le lac Chorasmias (lac de Khovaresm).

ARAM, nom donné dans la Genèse à la Syrie, s’étendait aussi à la Mésopotamie, à la Chaldée, à l’Assyrie et à l’Elam ; il dérivait d’Aram, cinquième fils de Sem, dont les descendants peuplèrent la Syrie et la Mésopotamie. On appelait Araméens les habitants de ce pays. On homme encore auj. langues araméennes le syriaque et le chaldéen, langues parlées dans l’ancien pays d’Aram.

ARAM (Eugène), savant anglais, né à Ramsgill, au comté d’York, était fils d’un jardinier et vint s’établir à Londres en 1734. Il travaillait à la composition d’un dictionnaire comparé des langues celtique, anglaise, latine, grecque et hébraïque, et jouissait de l’estime générale, lorsqu’il fut arrêté en 1758, et convaincu d’avoir, quatorze ans auparavant, assassiné Daniel Clark, cordonnier : il fut condamné et exécuté à York en 1759. La jalousie lui avait fait commettre ce crime. E. Aram est le sujet et le titre d’un des romans de Bulwer.

ARAMÉENS. V. ARAM.

ARAMITZ, ch.-l. de canton (B.-Pyrénées), à 15 k. S. O. d’Oloron ; 516 h. Froment, maïs.

ARAMON, ch.-l. de canton (Gard), sur le Rhône, à 27 kil. N. E. de Nîmes ; 2393 hab. Oliviers. ARAN (Val d'), une des plus hautes vallées d'Espagne, dans les Pyrénées, versant N., sur la frontière des dép. de la Garonne et de l'Ariége, forme un district de la prov. de Lérida, qui a pour ch.-l. Viella. La Noguera et la Garonne y prennent naissance à 50 pas l'une de l'autre. Les habitants sont presque tous pâtres, bûcherons ou contrebandiers. — Le val d'Aran appartenait jadis aux Convenæ ou Garumni, peuple de la Gaule. Il fit ensuite partie du comté de Comminges, et passa à l'Espagne en 1192.

ARANDA (don ABARCA DE BOLEA, comte d'), homme d'État espagnol, né en 1719, mort en 1798, fut ambassadeur de Charles III près d'Auguste III, roi de Pologne, devint en 1766 président du conseil de Castille, puis ambassadeur en France, et fut nommé en 1792 premier ministre, mais il fut bientôt remplacé par Godoï. Ministre libéral, il avait fait bannir les Jésuites (1767) et limité le pouvoir de l'inquisition.

ARANJUEZ, v. d'Espagne (Tolède) sur le Tage, r. g., à 44 kil. S. de Madrid; 9000 hab. Superbe maison royale, séjour de la cour depuis Pâques jusqu'à la fin de juin; beaux palais des Infants et de Médina-Céli. Chemin de fer conduisant à Madrid. — Un traité d'alliance y fut conclu en 1772 entre la France et l'Espagne contre l'Angleterre. Il y éclata en 1808 une insurrection contre le prince de la Paix, Manuel Godoï, par suite de laquelle Charles IV se vit forcé d'abdiquer en faveur de son fils Ferdinand.

ARANYOS, riv. de Transylvanie, sort du mont Kalymiasza, passe à Thorda, Aranyos-Cyères, et se jette à St-Marton dans le Maros; cours 140 kil. Elle roule des paillettes d'or (arany en hongrois).

ARAPILES, bourg et mont. d'Espagne près de Salamanque, a donné son nom à une bataille plus connue sous le nom de bataille de Salamanque.

ARAR, ARARIS, riv. de Gaule, est auj. la Saône.

ARARAT, auj. Macis ou Agri Dagh, célèbre mont. d'Arménie, à 65 kil. S. O. d'Érivan, par 42° 15' long. E., 39° 30' lat. N., est la plus haute mont. de cette contrée; on lui donne 5248m; son sommet est couvert de neiges éternelles. C'est sur cette mont., selon la Genèse (ch. VIII, v. 4), que s'arrêta l'arche de Noé.

ARAS, Araxes, riv. d'Asie, sort du mont Teckdagh, en Arménie, à 35 kil. S. E. d'Erzeroum, court au N. E., fertilise l'Érivan et le Chirvan, et tombe dans le Kour, r. dr., près de Djabat, après un cours de 680 kil. L'Aras était surtout remarquable par son impétuosité, ce qui a fait dire à Virgile : Pontem indignatus Araxes (Én., VIII, 728). Néanmoins, on le traverse aujourd'hui sur trois ponts de pierre.

ARATOR, poëte latin chrétien, né en Ligurie vers l'an 490, mort en 556, était sous-diacre à Rome, et devint secrétaire et intendant des finances d'Athalarie, roi des Goths. Il a mis les Actes des Apôtres en vers. Ses poésies se trouvent dans la Biblioth. des Pères, Paris, 1575; elles ont été publiées à part par Arntzénius, Zutphen, 1769, et Hubner, Leips., 1850.

ARATUS, général de la ligue Achéenne, né à Sicyone vers l'an 272 av. J.-C., fut élevé à Argos, rentra dans sa patrie en chassant le tyran Nicoclès, fit entrer Sicyone dans la Ligue Achéenne et en fut nommé chef, quoique fort jeune encore. Il rendit l'indépendance à Corinthe (243), en chassa Antigone, roi de Macédoine, fit entrer dans la Ligue presque toute la Grèce centrale, mais ne put surmonter l'opposition des Étoliens et des Lacédémoniens, et fut même battu par Cléomène, roi de Sparte. Il fit alors une alliance imprudente avec Antigone, puis avec le successeur de ce prince, Philippe V : ce dernier, après s'être servi de lui pour écraser les Étoliens, le fit empoisonner (213). Aratus avait composé une Histoire de la Ligue Achéenne qui ne nous est pas parvenue. Plutarque a écrit sa Vie.

ARATUS, poëte et astronome grec, né à Soles en Cilicie, vers 270 av. J.-C., contemporain de Théocrite, vécut à la cour d'Antigone Gonatas, roi de Macédoine. Il a composé sur l'astronomie un poëme intitulé les Phénomènes et les Pronostics, que Cicéron, Germanicus et Avienus ont traduit en vers latins, et qui a été commenté par Hipparque, Ératosthène et Théon. Les meilleures éditions de ce poëme sont celles de Th. Buhle, Leipsick, 1793-1801, et d'A. Kœchly, dans les Bucolici didactici de la collect. Didot, 1846. Hugo Grotius a réuni, sous le titre de Syntagma Arateorum (Leyde, 1600), les traductions latines d'Aratus faites par les anciens. Pingré a donné une trad. française de ce poëte à la suite des Astronomiques de Manilius, 1786, 2 vol. in-8.

ARAUCANIE, contrée de l'Amérique méridionale, entre les Andes et l'Océan, au S. du Chili, s'étend de 36° 44' à 39° 50' lat. S. Les Araucans, la principale nation indigène de la famille chilienne, se distinguent par leur civilisation assez avancée et leur haine implacable pour les Espagnols. De 1555 à 1773, ils ont fait à plusieurs reprises une rude guerre à ce peuple, et souvent ils ont été les agresseurs. Les Jésuites avaient tenté leur conversion, mais en 1720 une révolte générale mit ces tentatives à néant. Par un traité avec l'Espagne en 1773, ils obtinrent d'avoir un résident à Santiago. Les Araucans forment encore auj. une confédération composée de quatre États, qui ont des chefs héréditaires : ils ont une constitution analogue au gouvernement féodal. Ils élèvent des troupeaux de bœufs et de vigognes. La guerre des Espagnols contre les Araucans, au XVIe siècle, est le sujet du poème épique de l’Araucana, d'Alonzo de Ercilla.

ARAURIS, riv. de Gaule, est auj. l’Hérault.

ARAUSIO, ville de Gaule, est auj. Orange.

ARAXE, nom anc. de deux riv., dont l'une dans l'Arménie, est auj. Aras (V. ce nom); et dont l'autre est dans la Perse : celle-ci passait à Persépolis et se jetait dans le Médus, affluent du golfe Persique.

ARBACE, gouverneur des Mèdes sous Sardanapale, roi d'Assyrie, conspira contre ce prince efféminé avec le Chaldéen Bélésis, gouverneur de Babylone, partagea ses États avec les principaux conjurés, et obtint le roy. des Mèdes, vers l'an 759 av. J.-C. Il établit sa résidence à Ecbatane et régna 28 ans.

ARBE, Arba, île des États autrichiens, sur la côte de Dalmatie, par 12° 31' long. E., 44° 47' lat. N. (80 kil. carr.); env. 5000 h.; ch.-l. Arbe. Évêché.

ARBÈLES, Arbela, auj. Erbil, v. d'Assyrie, à l'E. de Ninive, près du Lycus, a donné son nom à la victoire qu'Alexandre remporta aux environs sur Darius, dans la plaine de Gaugamèle (331 av. J.-C.) : Darius, obligé de fuir, fut bientôt tué par Bessus.

ARBOGASTE, comte gaulois, général des armées de Valentinien II, défit et tua Victor, fils de l'usurpateur Maxime (388). Nommé préfet du prétoire, il voulut exercer seul toute l'autorité, mais alors Valentinien le dépouilla de ses charges. Il se vengea en faisant périr ce prince, proclama empereur un certain Eugène et chercha à mettre les Païens dans son parti, en relevant les autels des faux dieux; mais il fut poursuivi par Théodose, vaincu près d'Aquilée, et réduit à se donner la mort (394). M. Viennet en a fait le héros de sa tragédie d’Arbogaste, 1841.

ARBOIS, ch.-l. de cant. (Jura), sur la Cuisante, arr. et à 10 k. de Poligny, à 40 k. N. E. de Lons-le-Saulnier; 5541 h. Tribunal, collége. Vins estimés, notamment le vin dit de gelée. Patrie de Pichegru.

ARBORÉE, anc. prov. de Sardaigne, la même que celle qu'on nomme auj. Oristano.

ARBRESLE (l'), ch.-l. de canton (Rhône), au confl. de la Brevanne et de la Tardine, à 17 kil. N. O. de Lyon; 2221 hab. Anc. château.

ARBRISSEL, plus exactement ALBRESEC, village de l'anc. Bretagne, près de Rennes, célèbre par la naissance de Robert d'Arbrissel, fondateur de Fontevrault.

ARBROATH, jadis ABERBROTHWICK, ville d’Écosse (Forfar), à 84 k. N. N. E. d’Édimbourg, près de l'emb. du Brothwick; 12 000 h. Port petit, mais bon; magnifique phare de Bell-Rock, sur un rocher au milieu de la mer. Ruines d'une abbaye fondée en 1170 et où se tint le parlement de 1320, célèbre par les remontrances qu'adressèrent les barons d’Écosse au pape. ARBUTHNOT (Jean), savant médecin et homme de lettres, né en 1670 à Arbuthnot, près de Montrose en Écosse, mort en 1735, vint de bonne heure à Londres, fut nommé médecin de la reine Anne, se lia avec les beaux-esprits de son temps, particulièrement avec Swift et Pope, et brilla parmi eux au premier rang. Il a laissé beaucoup d'ouvrages, soit scientifiques, soit d'agrément, qui lui ont fait une grande réputation. On distingue, parmi les premiers, son Essai sur l'utilité des mathématiques, 1700; ses Tables des monnaies, poids et mesures des anciens, 1705 et 1727 (trad. en latin par Kœnig, Utrecht, 1756), et son Essai sur les aliments, 1732 (traduit en français, 1841); parmi les seconds, les Mémoires de Martinus Scriblerus, espèce de satire faite en commun avec Pope contre le mauvais goût de l'époque; le Procès sans fin, ou Histoire de John Bull (c.-à-d. du peuple anglais), plaisante satire qui parut sous le nom de Swift et qui fut traduite en français par l'abbé Velly, 1753; l’Art de mentir en politique, etc. On a publié à Glascow, en 1751, ses Miscellaneous works.

ARC, nom commun à deux petites rivières de France : l'une prend sa source en Savoie et se jette dans l'Isère à 8 kil. N. O. d'Aiguebelle, après un cours de 115 k.; l'autre naît aux environs de Trets (B.-du-Rhône), passe à un kil. d'Aix et se jette dans l'étang de Berre, après un cours de 50 kil.

ARC-EN-BARROIS, ch.-l. de cant. (H.-Marne), sur l'Aujon, à 20 kil. S. O. de Chaumont; 1101 hab.

ARCACHON, vge du dép. de la Gironde, sur le bord S. du bassin qui prend son nom, à 56 k. O. S. O. de Bordeaux et à 4 k. N. de la Teste. Chemin de fer; bains de mer; villas d'hiver recommandées aux poitrines faibles à cause de la douceur du climat et des exhalaisons résineuses que répandent les forêts de pins. — Le bassin d'A., formé par le golfe de Gascogne, a env. 70 k. de tour. Séparé de la mer par une seule passe fort étroite, il offre un bon port de refuge. Pêche, parcs d'huîtres.

ARCADES (Acad. des). V. ACADÉMIE et CRESCIMBENI.

ARCADIA, Cyparissa, petit port de Morée, à 70 k. S. O. de Tripolitza, sur un golfe de même nom; env. 4000 h. Siége d'un évêque métropolitain.

ARCADIE, Arcadia, une des anc. divisions du Péloponèse, au centre de la presqu'île. Elle comprenait une quinzaine de petites communes ou républiques : Phénée, Cynèthe, Psophis, Telphusse, Hérée, Aliphères, Phigalie, Orchomène, Mantinée, Tégée, Cliter, Caphyes. Pendant longtemps l'Arcadie n'eut pas de gouvernement central; plus tard, on comprit l'utilité d'un centre, et c'est alors que fut bâtie Mégalopolis, capit. de toute l'Arcadie (370 av. J.-C.). On trouve en Arcadie beaucoup de montagnes notamment le Lycée et Ménale; c'est là qu'est la source de presque tous les cours d'eau du Péloponèse. Climat froid, gras pâturages; mœurs antiques et simples; race pélasgique, presque sans mélange de Doriens. L'Arcadie est célèbre dans les temps mythologiques par ses traditions sur Arcas et Lycaon, par le culte de Pan et de Mercure, et par la vie pastorale; elle n'est pas moins renommée par la bravoure et les dispositions musicales de ses habitants. — Ce pays fut d'abord gouverné par des rois : l'un d'eux, Aristocrate II, ayant trahi les Messéniens, dont il était l'allié, la royauté fut abolie, 671 av. J.-C. L'Arcadie entra dans la Ligue Achéenne, à laquelle elle donna l'un de ses plus grands généraux, Philopémen; elle suivit, après la prise de Corinthe (146), le sort du reste de la Grèce, et, lors de la division de l'empire romain, fit partie de l'empire d'Orient. Elle fut détachée de l'empire grec, avec la Morée, par les Vénitiens en 1204, et fut conquise en 1470 par les Turcs, qui l'ont conservée jusqu'à l'insurrection de 1822. Elle est aujourd'hui une des nomarchies du nouvel État de Grèce, et a pour chef-lieu Tripolitza; env. 130 000 h.

Le nom d’Arcadie fut donné sous les derniers empereurs à l'Heptanomide, en l'honneur d'Arcadius, alors régnant. V. ÉGYPTE.

ARCADIUS, le 1er empereur d'Orient, fils aîné de Théodose la Grand, lui succéda en Orient en 395, à peine âgé de 18 ans, tandis que son frère Honorius montait sur le trône d'Occident. Prince faible, il se laissa gouverner par Rufin, préfet du prétoire, par Eutrope, son grand chambellan, et par Eudoxie, son épouse. Il ne put arrêter les progrès des Barbares, protégea les Ariens, persécuta et fit exiler S. Jean-Chrysostôme, et mourut détesté, en 408, à 31 ans.

ARCAS, fils de Jupiter et de Callisto, régna sur la Pélasgie, qui prit de lui le nom d’Arcadie. Selon la Fable, étant à la chasse, il rencontra sa mère qui avait été changée en ourse; il allait la percer de ses traits lorsque Jupiter, pour éviter ce parricide, le changea lui même en ours, et, les transporta tous deux dans le ciel, où ils forment les constellations de la Grande et de la Petite Ourse.

ARCATE, l’Arcot des Anglais, v. de l'Inde anglaise (Madras), ch.-l. d'un district la 110 kil. S. O. de Madras, sur le Salar; 40 000 hab., presque tous Musulmans. Ville grande et belle; anc. citadelle, auj. démolie. — Fondée par Aureng-Zeyb, cette ville fut d'abord le ch.-l. du Karnatic. Prise par les Français en 1750; par les Anglais en 1760; Haïder-Ali la leur enleva en 1780; elle est depuis 1801 retombée entre les mains des Anglais.

ARCÉSILAS, Arcesilaus, philosophe grec, né à Pitane en Éolie, vers 316 av. J.-C., mort en 241, fut disciple de Polémon. Après de longs voyages en Grèce et en Perse, il vint se fixer à Athènes et y fonda la 2e Académie, école qui combattait les Stoïciens, et dont le dogme distinctif est l’acatalepsie, espèce de scepticisme qui consiste à nier que l'on puisse rien percevoir de certain par les sens.

ARCHANGEL. V. ARKHANGEL.

ARCHE D'ALLIANCE, coffre qui renfermait les tables de la loi que Dieu donna à Moïse; on le gardait précieusement dans le temple de Jérusalem.

ARCHE DE NOÉ. V. NOÉ.

ARCHÉLAIS, Erekli, v. de Cappadoce, près de l'Halys, au S. O. de Tyane. Macrin y fut tué en 218 par ordre d'Héliogabale.

ARCHÉLAUS, philosophe grec, natif de Milet, disciple d'Anaxagore et l'un des maîtres de Socrate, florissait vers 460 av. J.-C. Il vint se fixer à Athènes et y enseigna la, philosophie des Ioniens : on le surnomma le Physicien, parce qu'il s'occupait surtout de la nature (physis). En physique, il soupçonna la rondeur de la terre; en morale, il niait la différence essentielle du bien et du mal, et disait que rien n'est juste ou injuste que par l'effet de la coutume.

ARCHÉLAUS, roi de Macédoine, usurpa le trône vers 429 av. J.-C., après avoir fait périr les enfants, légitimes de Perdiccas, son prédécesseur, dont il n'était que le fils naturel. Malgré ces crimes, Archélaüs fut un grand roi. Il fit fleurir son royaume, protégea les lettres et les arts, et appela les savants à sa cour encore sauvage et barbare : Euripide y passa une partie de sa vie. Ce prince fut assassiné à la chasse, 405 av. J.-C.

ARCHÉLAUS, général de Mithridate, disputa la Grèce aux Romains, et fut battu à Chéronée et à Orchomène par Sylla, 87 ans av. J.-C. Devenu suspect à Mithridate après ces défaites, il se retira à Rome, où il mourut. — Son fils servit dans les troupes romaines et reçut de Pompée la souveraineté de Comane dans le Pont. Ayant ensuite obtenu la main de Bérénice, fille de Ptolémée-Aulète et reine d'Égypte, il se fit, à la faveur de cette alliance, reconnaître roi d'Égypte, et se révolta, contre les Romains, 57 ans av. J.-C.; mais 6 mois après il fut tué dans un combat contre Gabinius. — Néanmoins, son fils, nommé aussi Archélaüs, fut fait roi de Cappadoce par Antoine et se fit maintenir par Auguste; mais ayant déplu à Tibère, il fut jeté dans les prisons de Rome où il mourut l'an 17 de J.-C.

ARCHÉLAUS, roi de Judée, fils d'Hérode le Grand, lui succéda dans une partie de ses États, l'an 3 de J.-C. Ayant, à son avènement au trône, fait périr 3000 de ses sujets, Auguste irrité le relégua à Vienne en Gaule, où il mourut l'an 6 de J.-C.

ARCHÉMORE, fils de Lycurgue, roi de Némée, et d'Eurydice, était à la mamelle lorsque les princes de l'armée d'Adraste, qui traversaient la forêt de Némée, prièrent sa nourrice Hypsipyle de leur indiquer une source. Celle-ci déposa l'enfant sur une touffe d'ache, et les conduisit à une fontaine voisine; mais, en son absence, un serpent piqua l'enfant, qui mourut aussitôt. En mémoire de cet accident, on institua les jeux Néméens, qui se célébraient tous les trois ans. Les vainqueurs prenaient le deuil, et se couronnaient d’ache.

ARCHENHOLZ (J. Guill. d'), capitaine prussien et historien estimé, né à Dantzick en 1742, mort en 1812, servit sous Frédéric II pendant la guerre de Sept ans, rentra dans la vie privée après la paix de Hubertsbourg, et publia successivement : l'Angleterre et l'Italie, Leipsick, 1787, trad. dans presque toutes les langues; les Annales de l'Angleterre depuis 1788, en 20 vol., qui parurent de 1789 à 1798; l’Histoire de la guerre de Sept ans, 1793; l’Histoire de la reine Élisabeth, 1798, celle de Gustave Wasa, 1801; la Minerve, journal politique, 1792-1812; cette feuille a servi de modèle à la Minerve française.

ARCHIAC, ch.-l. de cant. (Charente-Infér.), à 14 kil. N. E. de Jonzac; 1673 hab. Eaux-de-vie.

ARCHIAS, commandant de Thèbes pour les Spartiates. Ayant reçu au milieu d'un festin une lettre qui l'instruisait du complot de Pélopidas, il en différa la lecture, en disant : « A demain les affaires sérieuses. » Mais il fut égorgé la nuit même par les conjurés, 278 av. J.-C.

ARCHIAS, poëte grec, né vers 120 av. J.-C. à Antioche, se lia en Asie avec Lucullus qui lui fit conférer le titre de citoyen romain, et vint se fixer à Rome. Son titre de citoyen lui ayant été contesté, Cicéron plaida pour lui et obtint gain de cause : c'est à cette occasion que fut prononcé le beau discours Pro Archia. Ce poète avait chanté la Guerre des Cimbres et le Consulat de Cicéron. Il ne reste sous son nom que quelques épigrammes (dans les Analecta de Brunck).

ARCHIDAMUS I, roi de Sparte, 469-427 av. J.-C., de la famille des Proclides, soumit les Ilotes qui s'étaient révoltés; ravagea l'Attique, pendant la guerre du Péloponèse, assiégea Athènes et s'empara de Platée. — ARCHIDAMUS II, roi de Sparte, 361-338 av. J.-C., fils d'Agésilas, soutint les Phocidiens contre les Thébains dans la Guerre sacrée, passa en Italie pour secourir les Tarentins contre leurs voisins, et y périt en combattant. — ARCHIDAMUS III, roi de Sparte, 296-261, fut défait en vue de Sparte par Démétrius, fils d'Antigone, l'an 293 av. J.-C.

ARCHIDUC, titre particulier à la maison d'Autriche, et qui auj. est porté par tous les princes et princesses qui lui appartiennent. Anciennement il n'était porté que par le chef de cette maison, qui ne possédait point encore les couronnes royales de Hongrie et de Bohême et la couronne impériale d'Allemagne. Ce titre date de 1156, mais ne fut héréditaire qu'après la promulgation de la bulle d'Or (1336); il ne fut reconnu par les électeurs qu'en 1453. Il y eut aussi des archiducs en Austrasie (sous Dagobert), en Lorraine et dans le Brabant.

ARCHILOQUE, Archilochus, poëte ionien, né à Paros vers l'an 700 av. J.-C., mort vers 635, suivit d'abord la carrière des armes, mais la quitta après avoir fui dans un combat. Il composa des satires, des odes, des épigrammes, des élégies, des fables, perfectionna le vers ïambique et inventa le mètre qui fut appelé de lui Archilochien (V. le Dictionnaire des Sciences, des Lettres et des Arts). Il fit l'usage le plus terrible de son talent satirique : Lycambe (père de Néobulé), qui lui avait promis sa fille en mariage, ayant retiré sa promesse, il déchira tellement le père et la fille dans ses satires, que tous deux se pendirent de désespoir. Archiloque périt assassiné par ses ennemis, ou, selon une autre version, dans un combat contre les Naxiens. Aussi licencieux dans ses poésies que méchant, il fut banni de plusieurs villes de la Grèce; à Sparte on défendit de lire ses écrits. Cependant il était tellement estimé pour son talent poétique qu'on le regardait presque comme l'égal d'Homère. Il obtint le prix aux jeux Olympiques pour son Hymne à Hercule. Il ne reste de lui que quelques fragments, qui se trouvent dans les Analecta de Brunck, et qui ont été publiés à part par M. Huschke, Altenbourg, 1803, et par 3. G. Liebel, Vienne, 1812.

ARCHIMANDRITE, du grec arché, chef, et mandra, cloître. C'est chez les Grecs le supérieur d'un monastère de premier ordre; il remplit les fonctions de nos abbés. Ce nom a été aussi donné dans l’Église latine au supérieur de plusieurs couvents : on dit encore auj. l’archimandrite de Messine.

ARCHIMÈDE, célèbre géomètre grec, né à Syracuse vers 287 av. J.-C., mort en 212, sortait d'une famille alliée à celle du roi Hiéron. Jeune encore, il se rendit à Alexandrie pour y entendre Euclide, et commença dès lors à se signaler par ses découvertes. Il trouva le moyen de dessécher les marais de l’Égypte et raffermit les terres voisines du Nil par des digues inébranlables. De retour à Syracuse, il consacra ses talents à la défense de sa patrie, assiégée par Marcellus, et prolongea trois ans sa résistance (215-212) : tantôt il élevait les vaisseaux ennemis dans les airs à l'aide de ses constructions mécaniques, et les laissait ensuite retomber sur les rochers ou ils se brisaient; tantôt il les incendiait, dit-on, avec des miroirs ardents. Enfin pourtant, les Romains pénétrèrent par surprise dans la ville. Archimède, tout occupé de la solution d'un problème, tarda trop à suivre un soldat qui venait pour le prendre; celui-ci, sans vouloir attendre, le tua aussitôt (212). Marcellus, qui aurait voulu l'épargner, lui éleva un tombeau. Archimède a fait avancer également la partie spéculative et la partie pratique de la science. Dans la théorie, on lui doit d'excellents traités : De la sphère et du cylindre, Des sphéroïdes et des conoïdes, De la mesure du cercle, Des spirales, Sur les centres de gravité des lignes et des plans, Sur l'équilibre des corps plongés dans un fluide (hydrostatique); dans la pratique, on lui attribue l'invention des moufles et de la poulie mobile, de la vis sans fin et de la vis creuse qui porte encore le nom de vis d'Archimède, et qu'il employa à dessécher les marais du Nil; il avait aussi fabriqué une sphère qui représentait les mouvements célestes. Archimède avait une telle foi dans la puissance du levier qu'il disait : « Donnez-moi un point d'appui, et je soulèverai le monde.» Il était enthousiaste de la science : on raconte qu'ayant trouvé, pendant qu'il était au bain, la solution d'un problème d'aréométrie, il sortit du bain tout nu et courut par la ville en criant : « Je l'ai trouvé ! » L'édition la plus complète des OEuvres d'Archimède est celle que J. Torelli a donnée à Oxford, 1793, in-fol., avec les commentaires d'Eutocius, et une trad. latine. Elles ont été trad. en français par Peyrard, 1807, in-4,, et 1808, 2 vol. in-8, revues par Delambre.

ARCHINTO (le comte Charles), seigneur milanais, 1669-1732, fonda en 1702 à Milan une académie qui embrassait dans ses travaux les sciences et les beaux-arts, et forma quelques années après la Société palatine, association de riches seigneurs amis des lettres, qui se réunissaient dans son palais et qui firent imprimer à leurs frais plusieurs ouvrages importants (V. ARGELLATI). Il fut fait grand d'Espagne et chevalier de la Toison d'Or.

ARCHIPEL (du grec archipelagos, mer principale), mare Ægeum des anciens, partie orientale de la Méditerranée, entre la Grèce à l'O. et l'Anatolie à l'E., communique avec la mer de Marmara par le détroit des Dardanelles : l'île de Candie forme comme sa limite au S. Cette mer est remarquable par le grand nombre d'îles et de presqu'îles qui la remplissent. Parmi les îles il faut distinguer : 1° deux grands groupes, les Cyclades à l'O. et les Sporades à l'E; 2° les îles isolées, qui sont, les unes européennes : Salamine, Eubée (Nègrepont), Samothrace (Semendraki); les autres asiatiques : Lemnos (Stalimène), Samos, Lesbos (Mételin), Chios (Scio), Rhodes, etc. La plupart des îles de l'Archipel furent enlevées à l'empire grec au commencement du XIIIe siècle par Marc Sanudo, général vénitien, qui fut fait duc de l'Archipel (V. SANUDO); puis elles passèrent sous la domination ottomane. Les Cyclades, les Sporades et les îles isolées situées sur les côtes de la Grèce, sont actuellement à l'État de la Grèce. — Par analogie, on a donné le nom d’archipel à toute mer parsemée d'îles et même à tout ensemble d'îles groupées ensemble.

ARCHIPEL DANGEREUX. V. MER MAUVAISE.

ARCHONTES (du grec arkhôn, qui commande), premiers magistrats de la république d'Athènes, étaient au nombre de 9. Le 1er, nommé archonte éponyme, parce qu'il donnait son nom à l'année, était surtout chargé de l'administration civile. Le 2e, l’archonte-roi, présidait aux affaires de la religion. Le 3e, le polémarque, commandait les armées. Les 6 autres, appelés thesmothètes ou législateurs, étaient chargés de la promulgation et de l'exécution des lois. Les archontes étaient nommés par l'assemblée du peuple et entraient dans l'Aréopage à l'expiration de leur charge. — L'archontat fut institué vers l'an 1132 av. J.-C., après la mort de Codrus, dernier roi d'Athènes. Il n'y eut d'abord qu'un seul archonte; il était perpétuel et tiré de la famille de Codrus. L'an 754 av. J.-C., on borna la durée de ces fonctions à 10 ans; l'an 684, l'archontat devint annuel et le nombre des archontes fut porté à neuf. Cette dignité fut abolie en 308 av. J.-C., lorsque Athènes tomba au pouvoir de Démétrius Poliorcète, ou du moins elle ne se conserva plus que de nom.

ARCHYTAS, philosophe pythagoricien, né à Tarente vers l'an 440 av. J.-C., mort vers 360, fut à la fois mathématicien, astronome, homme d'État, général; il fut élu six fois chef de la république par les Tarentins, et battit en plusieurs rencontres les ennemis de sa patrie. Platon le connut pendant son voyage en Italie et entretint un commerce de lettres avec lui. Il mourut dans un naufrage sur les côtes de l'Apulie : Horace rappelle cette mort dans une de ses Odes (I, 28). Archytas avait écrit sur les mathématiques, la musique, l'astronomie, la cosmogonie, la morale la politique; il ne reste de ses ouvrages que de très-courts fragments (recueillis par Meiners, Histoire des sciences chez les Grecs, III, ch. V; par Orelli, dans les Opusc. Græcorum, et publ. séparément par Hartenstein, Leips. 1833). On a sous son nom un traité de la Nature des universaux, publié par J. Camerarius, Leips., 1564, et dont l'authenticité est fort douteuse. On lui attribue plusieurs inventions, entre autres celles de la vis de la poulie; il avait, dit-on, construit une colombe volante. On doit à M. Egger une savante thèse latine : De Archyta, Paris, 1833.

ARCIS-SUR-AUBE, ch.-l. d'arr. du dép. de l'Aube, sur la r. g. de l'Aube, à 28 k. N. de Troyes; 2719 h. Vieux château. Bonneterie, filature de coton, etc. Patrie de Danton. Arcis a été le théâtre d'un sanglant combat livré par Napoléon le 1er mars 1814 aux Austro-Russes : une partie de la ville fut brûlée.

ARCOLE, v. de Vénétie, sur l'Alpone, affluent de l'Adige, à 28 kil. S. E. de Vérone. Les 15 et 17 nov. 1796, Bonaparte et Augereau, après avoir traversé le pont d'Arcole à travers la mitraille, y battirent les Autrichiens. — Le nom d'Arcole a aussi été donné à un village d'Algérie (Oran), sur la route d'Oran à Mostaganem.

ARÇON (LEMICHAUD d'), ingénieur, né en 1733 à Pontarlier, mort en 1800, perfectionna les méthodes de levé, fut attaché à l'armée du maréchal de Broghe, 1780, et chercha les moyens d'enlever Gibraltar aux Anglais. Il inventa à cet effet des batteries flottantes, insubmersibles et incombustibles, dont on fit l'essai en 1782 ; mais n'ayant pas été bien secondé, il n'obtint pas le succès espéré. On a de lui plusieurs ouvrages fort estimés sur l'art militaire : Réflexions d'un ingénieur, 1773; Conseil de guerre privé sur l'événement de Gibraltar en 1782, 1785; Considérations sur les fortifications, 1795.

ARCONVILLE (Mme THIROUX d'). V. THIROUX.

ARCOS, Arcobriga, nom commun à plusieurs villes de Portugal et d'Espagne. La seule importante est Arcos de la Frontera, à 59 k. S. de Séville, sur le Guadalète : 12 000 h. Anc. duché.

ARCOS (R. Ponce de LÉON, duc d'), vice-roi de Naples pour l'Espagne, provoqua, en 1647, par ses exactions et son insolence, l'insurrection de Masanielle. Il réussit à la réprimer, mais il n'en tomba pas moins en disgrâce et fut remplacé.

ARCOT, v. de l'Inde. V. ARCATE.

ARCTIQUE (Océan). V. GLACIALE (mer).

ARCUEIL, bourg du dép. de la Seine, canton de Villejuif, près de la Bièvre, à 6 k. S. de Paris; 2122 h. Bel aqueduc construit de 1613 à 1624 sous Marie de Médicis, pour amener à Paris les eaux de Rungis; restes d'un aqueduc romain, qui remonte à Julien. Station de chemin de fer. Carrières de plâtre et de moellons. Au commencement de ce siècle, Berthollet réunissait à Arcueil une société de savants qui publièrent les Mémoires de la Société d'Arcueil.

ARCY-SUR-CURE, vge du dép. de l'Yonne, à 6 k. de Vermanton, sur la Cure; 1500 h. Belles grottes à stalactites et à stalagmites.

ARDACHÈS ou ARTAXERCE, roi de Perse, le dernier des Arsacides. V. ARSACIDES. — Ce nom a aussi été porté par plusieurs rois d'Arménie.

ARDAGH, v. d'Irlande (Leinster), à 11 k. S. E. de Longford, ch.-l. de baronnie, eut un évêché jusqu'en 1741. S. Patrick y avait fondé une abbaye.

ARDEBIL, v. de Perse (Aderbaïdjan), sur le Balouc-Tchaï, à 164 k. E. de Tauris; 3500 h. Citadelle construite par des officiers français. Mausolée du cheik Séfy, tige des Sofis de Perse. Prise en 1827 par les Turcs.

ARDECH, v. d'Arménie, est l'anc. Artaxate.

ARDÈCHE, riv. de France, naît dans les Cévennes, à 15 k. de Langogne, traverse le dép. qui porte son nom, et tombe dans le Rhône par la r. dr., à 2 k. au N. du Pont-St-Esprit; cours, 110 k.

ARDÈCHE (dép. de l'), situé le long du. Rhône, qui le limite à l'E., entre ceux de la Loire au N. et du Gard au S.; 5500 k. carr.; 388 529 h.; ch.-l. Privas. Il est formé du Vivarais et d'une partie du Bas-Languedoc. Ce dép. contient d'assez hautes mont. (Mézenc, Gerbier de Joncs, etc,), plusieurs volcans éteints, des rivières affluents du Rhône, entre autres l'Ardèche, qui lui donne son nom. Houille, marbre, grès, etc.; olives, figues, truffes, bons vins, vers à soie, bestiaux; papeteries renommées, chamoiseries, bougies, soie, etc. — Ce dép. a 3 arr. (L'Argentière, Privas, Tournon), 31 cant. et 339 comm.; il fait partie de la 8e division militaire, dépend du diocèse de Viviers et de la cour impér. de Nîmes.

ARDECHYR-BABEGAN, roi de Perse, fondateur de la dynastie des Sassanides, est plus connu sous le nom d'Artaxerce. V. ARTAXERCE.

ARDÉE, Ardea, v. du Latium, capit. des Rutules, à 8 k. de la mer, et.à 30 k. S. E. de Rome. Résidence de Turnus. C'est pendant le siége d'Ardée par Tarquin le Superbe qu'arriva l'aventure de Lucrèce. Cette ville reçut une colonie romaine l'an 442 av. J.-C.

ARDENNES (c.-à-d. forêt en celtique), Arduenna sylva, vaste forêt qui couvre en partie le Hainaut, le Luxembourg, le grand-duché du Bas-Rhin et le N. de la Champagne, et qui se lie au S. avec l'Argonne. La Semoy, la Lesse, l'Ourthe et la Sure y ont leur source. – Beaucoup plus vaste sous les Romains, elle couvrait une partie de la 2e Germanie, limitant le territoire des Condrusi. Auj. elle n’occupe plus en France qu’env. 156 000 hectares. On y trouve des tourbières et de riches ardoisières.

ARDENNES (dép. des), dép.-frontière, situé au N. E. entre ceux de l’Aisne, de la Marne, de la Meuse et la Belgique ; 5069 k. carr. ; 329 111 h. ; ch.-l. Mézières. Il est formé du nord de la Champagne et des principautés de Sedan, Carignan et Monzon. La partie sept. est couverte par la forêt des Ardennes, qui lui donne son nom. Fer, marbre, ardoises, terre à four, argile blanche, sable pour verre blanc. Moutons vantés pour la laine et la chair, chèvres cachemires, bons chevaux, gibier abondant ; usines pour fer, quincaillerie, clouterie ; draps châles, lainages divers ; verreries, faïenceries, marbreries, tanneries, etc. – Ce dép. a 5 arrond. (Mézières, Réthel, Rocroy, Sedan, Vouziers), 31 cant., 478 comm. ; il dépend de la 4e div. militaire, du diocèse de Reims et de la cour imp. de Metz.

ARDES, ch.-l. de cant. (Puy-de-Dôme), sur la Couze, à 20 k. S. O. d’Issoire ; 1266 h. Laves et basalte. Moutons, laine.

ARDJICH, Ardiscus, riv. de Valachie, sort du mont Vistaman, coule du N. O. au S. E., arrose la ville d’Ardjich, et se jette dans le Danube après un cours de 270 k. — La v. d’Ardjich, à 133 k. N. O. de Bucharest, sur l’Ardjich, était autrefois la résidence des princes valaques.

ARDJICH, Arsissa, v. de Turquie d’Asie, pachalik du Van, sur le bord sept. du lac Van, dit aussi lac d’Ardjich, et au pied de l’Ararat.

ARDJICH-DAGH, Argœus mons, mont. de la Turquie d’Asie, dans la Caramanie, à 12 k. S. de Kaisarieh, est une portion de l’Anti-Taurus ; environ 4000 m.

ARDOIN, marquis d’Yvrée, fut élu en 1002 roi d’Italie, après la mort d’Othon III ; mais il fut vaincu et dépouillé de ses États par Henri II, roi de Germanie, qui se fit couronner à Pavie en 1004. Il essaya de remonter sur son trône après le départ des Allemands ; mais Henri ayant fait une seconde invasion, il déposa la couronne, et se fit religieux dans une abbaye du Piémont, où il mourut en 1015.

ARDRES, ch.-l. de cant. (Pas-de-Calais), à 16 k. S. E. de Calais, à l’extrémité du canal d’Ardres ; 2000 h. Place de guerre, démantelée en 1850. Canal de 5 k. de long qui communique avec celui de St-Omer. Il y fut signé en 1546 un traité entre Charles-Quint et Henri VIII. Ardres fut prise par les Espagnols en 1596, et rendue en 1598, à la paix de Vervins. C’est entre Ardres et Guines que se tint en 1520 le Camp du Drap d’Or. V. ce mot.

ARDUENNA SYLVA, auj. les Ardennes.

ARDWICK, faubourg de Manchester.

ARDYES, peuple de la Gaule, dans les Alpes Penninæ, habitait vers les sources du Rhône. Son nom se retrouve dans Ardon, village du Valais, à 10 k. de Martinach.

ARDYS ou ARDYSUS, roi de Lydie. V. LYDIE.

AREBO ou ARBON, v. de la Nigritie maritime (Benin), sur le Rio-Formoso, à 50 k. de son emb. Jadis centre d’un grand commerce d’esclaves.

ARÉCOMIQUES (Volces), Volcæ Arecomici, peuple de la Gaule (Narbonnaise 1re), entre les Tectosages au S. O. et les Helvii au N., occupait les dép. du Gard, de l’Hérault et de l’Aude ; ch.-l., Nemausus (auj. Nîmes).

AREGENUS, nom primitif de Baiocasses. C’est auj. Bayeux, ou plutôt, selon Walckenaer, Argentan.

ARÉGISE I, fondateur du duché de Bénévent, 591-641, reçut l’investiture d’Agilulphe, roi des Lombards et conquit Crotone sur les Grecs en 596.

ARÉGISE II, duc de Bénévent de 758 à 787, refusa de se soumettre à Charlemagne, et prit le titre de prince indépendant ; après 13 ans de lutte, il fut obligé de se reconnaître feudataire du roi d’Italie.

ARELATE, ARELAS, noms latins d’ARLES.

AREMBERG, bourg et château des États prussiens, dans la prov. du Bas-Rhin, sur l’Ahr, à 50 k. N. O. de Coblentz, entre Cologne et Juliers, était jadis la résidence des comtes et ducs d’Aremberg ; il n’y a guère auj. que 300 h. — La terre d’Aremberg était d’abord un comté ou burgraviat. Elle passa en 1298 dans la maison des comtes de La Mark. En 1547, ce comté échut par mariage à Jean de Barbançon, de la maison de Ligne ; élevé au rang de principauté en 1576, il prit place parmi les États germaniques. En 1644, il fut érigé en duché, en faveur d’Albert, prince de Ligne et duc d’Aerschoot, et continua jusqu’en 1801 à être fief immédiat de l’Empire : à cette époque, il fut médiatisé. En 1815, la plus grande partie du duché passa sous la souveraineté du roi de Hanovre, et le reste fut, avec le bourg d’Aremberg, donné à la Prusse. Le duché d’Aremberg compte env. 90 000 h.

AREMBERG (Léopold-Phil. DE LIGNE, duc d’), général au service de l’Autriche, né à Mons en 1690, mort en 1754, obtint fort jeune le gouvernement du Hainaut, fit les campagnes de Hongrie sous le prince Eugène, et combattit à Belgrade en 1717. Nommé feld-maréchal en 1737, il fit la guerre en Flandre et se trouva en 1743 à Dettingen, où il fut blessé. Protecteur éclairé des sciences et des lettres, il accueillit J. B. Rousseau pendant son exil, et entretint une correspondance avec Voltaire.

AREMBERG (Aug.-Marie-Raymond, prince d’), connu sous le nom de comte de La Marck, né à Bruxelles en 1753, mort en 1833, prit du service en France et fit, en qualité de colonel, la campagne d’Amérique (1780-82). Député par la Flandre française en 1789 aux États généraux, il se lia étroitement avec Mirabeau et se montra favorable aux idées nouvelles ; puis il se réconcilia avec la cour et servit d’intermédiaire pour attirer le grand orateur dans le parti de la reine. Mirabeau le fit son exécuteur testamentaire et mourut entre ses bras. En 1793, il se retira en Autriche, et y devint général. Il a laissé d’intéressants Mémoires sur Mirabeau (publiés en 1854).

ARÉNA (Joseph), né en Corse, vers 1770, d’une famille ennemie de celle des Bonaparte, avait servi avec distinction dans la gendarmerie, lorsqu’il fut élu en 1797 député de la Corse au Corps législatif. Après le 18 brumaire il entra dans une conspiration contre le premier consul Bonaparte. Arrêté à l’Opéra au moment où le complot allait être exécuté, il fut mis à mort le 31 janvier 1801. — Son frère, Barthélemy Aréna, député de la Corse à l’Assemblée législative, puis au conseil des Cinq-Cents, tenta, dit-on, de poignarder Bonaparte au 18 brumaire, au moment où ce général chassait les représentants de la salle des séances. Compris sur une liste de déportés, il échappa par la fuite et m. à Livourne en 1829. Il a constamment nié le fait qu’on lui impute.

ARENSBERG, v. des États prussiens (Westphalie), à 68 k. S. E. de Munster ; 4000 h. Ch.-l. d’un gouvt de même nom. — Ce gouvt se compose du duché de Westphalie, du comté de la Marck avec Dortmund, de la ville de Lippstadt, de la principauté de Siegen et des baronnies de Wittgenstein et Hohenlimbourg. Popul., 400 000 h.

ARENSBOURG, ch.-l. de l’île d’Œsel (Livonie), sur la côte S. ; 1600 hab. Port peu profond.

ARÉOPAGE, tribunal d’Athènes, chargé du jugement des affaires criminelles, et ainsi nommé parce que, primitivement, il tenait ses séances dans un lieu appelé colline de Mars (en grec Areos pagos). Il fut institué, disait-on, pour vider le différend entre Minerve et Neptune ou pour juger Oreste, meurtrier de sa mère. Il fut reconstitué en 594 av. J.-C. par Solon. Les archontes sortant de charge en faisaient partie. L’Aréopage siégeait la nuit : on n’y permettait aucun artifice oratoire pour émouvoir ou attendrir les juges. Aussi l’Aréopage jouit-il longtemps d’une grande réputation d’impartialité ; mais il la perdit au temps de Périclès, époque de la corruption générale d’Athènes.

AREQUIPA, v. du Pérou, ch.-l. de dép., à 310 k. S. O. de Cuzco et à 2500m au-dessus de la mer; 35 000 h. Évêché, séminaire, collège. Ville grande et belle, commerçante, industrieuse. Fondée par Pizarro en 1536. Manuf. d'étoffes de laine et de coton, de tissus d'or et d'argent; taille de pierres précieuses. Aux environs, se trouvent le Guagua Putina et l'Uvinas, volcans qui font partie de la chaîne des Andes, et dont les éruptions au XVIe siècle ont presque enseveli Arequipa. Riches mines d'argent. – Le dép. d'A., dans la partie O. du Pérou, est baigné à l'O. par le Grand Océan, et a pour villes principales, outre Arequipa, Chuquibamba, Camana, Tacna Moquehua, Arica.

ARÈS, nom grec du dieu MARS.

ARÉTÉE, célèbre médecin grec, né à Cappadoce, vivait, selon les uns, du temps de Néron, ou un peu plus tard, selon d'autres. On a de lui un ouvrage en 8 livres, intitulé : De morborum diuturnorum et acutorum causis, signis et curatione, dans lequel on trouve un talent d'observation digne d'Hippocrate. Ce médecin est le premier qui ait fait usage des cantharides comme vésicants. Les meilleures éditions d'Arétée sont celles de Vigan, Oxford, 1723; de Boërhaave, Leyde, 1731, de Kühn, Leips., 1828; d'Ermerins, gr.-lat., Utrecht, 1847; et de Daremberg, avec trad. franç., Par., 1851.

ARÉTHUSE, nymphe d'Élide, se baignant un jour dans l'Aiphée, inspira de l'amour au dieu de ce fleuve. Pour échapper à sa poursuite, elle implora le secours de Diane, qui la changea en fontaine. L'Alphée mêla aussitôt ses eaux à celles d'Aréthuse, qui disparurent et vinrent jaillir à Ortygie, île voisine de Syracuse, où elles formèrent une fontaine d'eau douce, bien qu'entourée des eaux salées de la mer.

ARÉTIN (Pierre l'), fameux par ses poésies mordantes et licencieuses, né en 1492, à Arezzo, était fils naturel d'un gentilhomme de cette ville. Chassé de son pays pour un sonnet contre les indulgences, il se réfugia à Pérouse, où il exerça le métier de relieur, puis il vint à Rome, où il fut employé par les papes Léon X et Clément VII; mais il se fit encore chasser de cette ville pour des sonnets obscènes; il trouva un asile à Milan auprès de Jean de Médicis. A la mort de ce seigneur (1537), il alla se fixer à Venise, où il vécut du produit de sa plume. Il n'épargnait point dans ses écrits satiriques les princes et les grands, ce qui le fit surnommer le Fléau des Princes; la plupart, pour éviter les traits de sa satire, lui faisaient des présents considérables; quelques-uns, cependant, ne le payèrent qu'avec le bâton. Impudent et vénal, il se mettait aux gages du plus offrant : c'est ainsi qu'après avoir chanté François I, il négligea ce prince pour Charles-Quint qui le paya plus largement. Indifférent sur les moyens de s'enrichir, il écrivait à la fois des livres obscènes et des ouvrages de piété. On dit que, trompé par sa feinte dévotion, Jules III fut sur le point de le faire cardinal. Plein de vanité, il s'appelait lui-même le divin Arétin. Il mourut à Venise, d'un fou rire, en 1557. Il avait été lié avec les hommes les plus distingués de son siècle, avec Michel-Ange, le Titien, et Jules Romain, qui fit des figures pour quelques-unes de ses poésies. Il a laissé un grand nombre d'écrits en vers et en prose, les uns badins, les autres sérieux; ils consistent dans des Dialogues, des Sonnets, des Stances, des Capitoli, des Comédies, et dans des ouvrages de piété; parmi ces derniers, on remarque sa Paraphrase des sept psaumes de la Pénitence (Venise, 1534), et le traité de l'Humanité du Fils de Dieu (Venise, 1535) : ces deux ouvrages ont été traduits en français par Jean de Vauzelles.

Le nom d’Arétin a été porté en Italie par plusieurs autres personnages célèbres, également natifs d’Arezzo, Guy, inventeur de la gamme; Bernard Accolti, poëte célèbre; François Accolti, jurisconsulte; Léonard Bruni, historien (V. ces noms); et, en Allemagne, par une famille noble d'Ingolstadt en Bavière, dont deux membres surtout sont connus : Joseph, baron d'Arétin, 1769-1822, diplomate et amateur éclairé des arts, qui forma un des plus riches cabinets d'estampes et rédigea un Magasin des arts du dessin, Munich, 1791; et son frère, le baron Grégoire d'A., 1773-1824, historien et publiciste, auteur d'une Mnémonique, qu'il publia en 1810.

AREVALO (Sanctus d'), évêque d'Oviédo, né en 1404 près de Ségovie, mort à Rome en 1470, gouverneur du château St-Ange, remplit diverses missions sous Jean II, roi de Castille. Il est moins connu par son Historia hispanica que par son Speculum vitæ humanæ, Rome, 1468, traduit en franç. par Forget, 1482.

AREZZO, Arretium, v. de Toscane, à 80 k. S. E. de Florence, dans la riche plaine de la Chiana; 10 000 h. Évêché. Citadelle. Collége Leopoldo, fondé en 1820. Magnifique portique sur la place du Marché. Cathédrale gothique. Ruines d'un amphithéâtre. Patrie de Mécène, Pétrarque, Vasari, Guy d'Arezzo, Pierre l'Arétin, Léonard Bruni, des Accolti, etc.; Michel-Ange naquit dans le voisinage.

ARGAND (Aimé), physicien et chimiste, né à Genève en 1755, mort en 1803, inventa en 1782 les lampes à double courant d'air, auxquelles Quinquet, pharmacien de Paris, a laissé son nom. C'est lui qui substitua aux mèches pleines, qui donnaient beaucoup de fumée et peu de lumière, des mèches en forme de cylindre creux : Quinquet eut seulement l'idée de les entourer de cheminées en verre.

ARGÉE (MONT), Argæus mons, auj. l’Ardjich-Dagh, un des points culminants de l'Asie-Mineure, à 13 k. S. de Césarée de Cappadoce; env. 4000m.

ARGELÈS, ch.-l. d'arr. (H.-Pyrénées), sur le Gave d'Azun, à 2 kil. de sa jonction avec le Gave de Lourdes, et à 33 k. S. O. de Tarbes, dans un vallon qui porte aussi le nom d'Argelès; 1664 h.

ARGELÈS-SUR-MER, ch.-l. de c. (Pyr.-Or.) , à 19 k. S. E. de Perpignan; 1924 h. Corderies, liége.

ARGELLATI (Philippe), savant italien, né à Bologne en 1685, mort en 1755, travailla avec Muratori à la publication des Sciptores rerum italicarum, qu'il fit imprimer, ainsi que plusieurs autres grands ouvrages, à Milan, aux frais de la Société Palatine (V. ARCHINTO). On lui doit encore Bibliotheca scriptorum mediolanensium, Milan, 1745; Biblioteca dei Volgarizzatori italiani, ouvrage posthume, Milan, 1767, etc. — Son fils, François A., a publié des traités de philosophie, de jurisprudence, d'histoire, et un Décaméron, Bologne, 1751, imité de Boccace, mais d'un genre plus sérieux.

ARGENS (l'), Argenteus, petite riv. de France (Var), prend sa source au pied de la mont. de Seillon, à 6 kil. de St-Maximin, arrose Vidauban, le Muy, Roquebrune, et tombe dans le golfe de Fréjus après un cours de 100 kil. — Domaine voisin de Castellane (B.-Alpes), érigé en marquisat en 1722 pour le père du célèbre écrivain de ce nom.

ARGENS (J. B. BOYER, marquis d'), né en 1704 à Aix en Provence, fils d'un procureur général, suivit la carrière des armes et eut une jeunesse fort licencieuse, ce qui le fit déshériter par son père. Blessé devant Philipsbourg (1734), il quitta le service et se retira en Hollande, où il vécut du produit de sa plume. Il attira l'attention du roi de Prusse par ses attaques contre la religion révélée : ce prince l'appela à sa cour, en fit son chambellan avec 6000 fr. de traitement, et le nomma directeur général de l'Académie. Après avoir vécu 25 ans dans l'intimité de Frédéric II, d'Argens vint passer ses dernières années dans sa famille, à Aix, et y mourut en 1771. Il avait une instruction vaste et variée, mais il fut un des ennemis les plus acharnés du Christianisme. Ses principaux écrits sont : Mémoires secrets de la République des Lettres, Berlin, 1744 et 1765; Lettres Juives, La Haye, 1754; Lettres Chinoises, 1755; Lettres cabalistiques, 1769; Philosophie du bon sens, 1768; des traductions d’Ocellus Lucanus, du Timée, et du Discours de Julien contre les Chrétiens. Il a donné aussi des romans et laissé des Mémoires, publ. en 1807 avec une Notice, 1 vol. in-8. Sa Correspondance avec Frédéric II a paru en 1799.

ARGENSOLA, nom de deux frères qui se sont distingués en Espagne dans les lettres. Leonardo, né en 1565, à Barbastro (Aragon), mort en 1613, venait d'être nommé historiographe d'Aragon, lorsqu'il fut emmené à Naples par le comte de Lemos, vice-roi, avec le titre de secrétaire d'État. Il n'en trouva pas moins le loisir de composer des poésies lyriques et des tragédies dont Cervantes faisait grand cas. — Son frère Barthélemy, 1566-1631, lui succéda dans le titre d'historiographe, continua les Annales d'Aragon de G. Zurita, et publia lui-même en 1609 une Histoire de la conquête des Moluques. Il cultiva aussi la poésie avec succès.

ARGENSON (VOYER d'). Cette famille qui a produit plusieurs hommes d'État, tire son nom d'une terre voisine de Chinon en Touraine. Elle possédait plus anciennement encore la seigneurie de Paulmy (arr. de Loches), dont les aînés prenaient le nom.

ARGENSON (René VOYER, seigneur d'), 1596-1651, d'abord conseiller au parlement de Paris, ensuite intendant d'armée pendant le siège de La Rochelle, intendant de justice à l'armée du Dauphiné, surintendant du Poitou, ambassadeur, etc., fut chargé par Richelieu et Mazarin de diverses missions diplomatiques, notamment de la réunion de la Catalogne (1641). Il avait reçu la prêtrise peu de jours avant sa mort. Il mourut à Venise, où il dirigeait son fils aîné, ambassadeur près de cette république.

ARGENSON (René, comte d'), fils du préc., 1624-1700, seconda son père dans tous ses travaux; fut ambassadeur à Venise de 1651 à 1656, remplit avec succès diverses autres missions, mais déplut au roi par la sévérité de ses principes, et se retira dès 1670.

ARGENSON (Marc-René d'), fils du préc., 1652-1721, né à Venise et filleul de la République, fut nommé en 1697 lieutenant général de police, en 1715 président du conseil de l'intérieur, en 1718 garde des sceaux et président du conseil des finances. Il s'opposa fortement au système de Law, prévoyant les désastres qu'il devait amener; mais ayant reconnu l'inutilité de ses efforts, il donna sa démission, 1720. Ce ministre créa la police politique, comme La Reynie avait créé la police civile : c'est lui qui introduisit l'usage des lettres de cachet. Marc-René d'Argenson était membre titulaire de l'Académie française et membre honoraire de l'Académie des sciences.

ARGENSON (René Louis, marquis d'), fils aîné du précéd., 1694-1757, fut conseiller d'État, 1720, intendant du Hainaut et du Cambrésis, puis ministre des affaires étrangères, 1744-1747. C'est le dernier ministre qui ait persévéré dans le système anti-autrichien. Il avait beaucoup de savoir, de noblesse d'âme, de fermeté et de philanthropie. On l'accusait d'être trop favorable aux philosophes : il avait été élevé au collége Louis-le-Grand avec Voltaire, dont il resta l'ami. On a de lui des Considérations sur le gouvernement de la France, 1764 et 1784, et des Essais, dans le goût de Montaigne, Amsterdam, 1785, réimprimés sous le titre de Loisirs d'un ministre d'État, Liège, 1787, 2 vol. in-8. Il a laissé des Mémoires qui n'ont été publiés qu'en 1825, et de nouveau, d'après les manuscrits autographes, en 1857-1863, avec son Journal inédit, par le marquis Ch. d'Argenson, un de ses descendants, 5 vol. in-16. Il eut pour fils le marquis de Paulmy, ambassadeur. V. ci-après, ANT.-RENÉ D'ARGENSON.

ARGENSON (Marc-Pierre, comte d'), 1696-1764, frère du préc., remplaça, en 1720, comme lieutenant général de police, Marc-Réné d'Argenson, son père; mais il perdit bientôt cette place à cause de son opposition au système de Law. Cependant le Régent lui donna un poste élevé dans sa maison privée. Il fut le collaborateur du chancelier d'Aguesseau pour ses célèbres ordonnances. Il rentra aux affaires en 1737 comme directeur de la librairie, et reçut en 1743 le portefeuille de la guerre, pendant que son frère tenait celui des affaires étrangères : les succès de 1744 et 1745 furent regardés comme étant en partie son ouvrage; c'est lui qui fit créer l'École militaire (1751). En 1757, Mme de Pompadour réussit à le faire disgracier; il se retira dans sa terre des Ormes. Il était membre de l'Académie française et de celle des inscriptions. Il s'était toujours montré favorable aux gens de lettres et même aux philosophes. Les premiers volumes de l’Encyclopédie lui furent dédiés, 1751. — Son fils Marc-René, marquis d'Argenson, 1722-82, lieutenant général, commandant en Saintonge, assainit les marais de Rochefort. Il avait épousé une fille du maréchal de Mailly.

ARGENSON (Antoine-René d'), dit le marquis de Paulmy, fils de René-Louis, ministre des affaires étrangères, né en 1722, mort en 1787, fut conseiller au parlement dès l'âge de 20 ans, puis commissaire général des guerres; jouit d'une grande influence pendant le ministère de son oncle et de son père (V. René-Louis et Marc-Pierre d'ARGENSON); fut ambassadeur en Suisse, puis secrétaire général au département de la guerre, et obtint ce dernier porte-feuille en 1757; il le perdit au bout d'un an, mais remplit encore deux ambassades, l'une en Pologne (1762), l'autre à Venise (1766-70). Il était de l'Académie française, et membre honoraire de celles des sciences et des inscriptions. C'est lui qui donna le plan de la Bibliothèque universelle des romans, 40 vol., 1775-78; il publia lui-même les Mélanges tirés d'une grande bibliothèque, 65 vol. in-8. Sa superbe bibliothèque, achetée en 1781 par le comte d'Artois, forme auj. la Bibliothèque de l'Arsenal.

ARGENSON (Marc-René-Marie d'), petit-fils du comte Marc-Pierre, 1771-1842, avait été dans sa jeunesse aide de camp de La Fayette, et fut toute sa vie son ami politique. Préfet des Deux-Nèthes sous l'Empire, il donna sa démission en 1813 pour ne pas s'associer à des actes arbitraires. Député sous la Restauration, il combattit la réaction royaliste, et dénonça le massacre des Protestants dans le Midi. Administrateur, manufacturier, orateur, il se fit partout remarquer par ses sentiments philanthropiques et par ses maximes populaires; il réclama constamment les mesures les plus favorables aux classes pauvres et laborieuses. Retiré, à la fin de sa vie, dans sa terre des Ormes, près de Tours, il s'y occupa surtout d'agriculture. Le recueil de ses Discours a paru en 1846, 2 vol. in-8, avec une Notice sur sa vie.

ARGENT, ch.-l. de cant. (Cher), sur la Sauldre, à 40 kil. N. O. de Sancerre; 765 hab.

ARGENTAL (Ch. Augustin FERRIOL, comte d'), conseiller au parlement de Paris, né en 1700, mort en 1788, fut l'un des plus fervents admirateurs de Voltaire, et entretint avec lui une correspondance suivie. Il était neveu de Mme de Tencin, et est, selon quelques-uns, le véritable auteur du Comte de Comminges, qui parut sous le nom de cette dame.

ARGENTAN, ch.-l. d'arr. (Orne), sur l'Orne, à 44 kil. N. O. d'Alençon; 5006 hab. Fabrique de dentelles dites point d'Argentan et point d'Alençon. Trib., collége. Mézeray naquit près d'Argentan (à Ry). — Aux environs est le haras du Pin.

ARGENTARO (mont), Orbelus, haute mont. qui fait partie du Balkan, entre la Servie et l'anc. Macédoine, tire son nom du talc transparent dont elle est composée et qui a l'apparence de l'argent.

ARGENTAT, ch.-l. de cant. (Corrèze), à 28 kil. S. E. de Tulle, sur la Dordogne; 2220 hab. Pont suspendu. Vins liquoreux.

ARGENTEUIL, ch. 1. de cant. (Seine-et-Oise), sur la r. dr. de la Seine, à 20 kil. N. E. de Versailles et à 12 kil. N. de Paris; 5465 hab. Beau pont. Station de chemin de fer. Petit vin, figues. — C'est au prieuré d'Argenteuil qu'avait été élevée Héloïse; c'est là qu'elle se retira en 1120, avant d'aller au Paraclet; on voit encore des ruines de ce couvent.

ARGENTIÈRE (l'), ch.-l. d'arr. (Ardèche), à 33 k S. O. de Privas; 2755 hab. Plomb argentifère. ARGENTIÈRE (l'), jadis Urgon, ch.-l. de c. (H.-Alpes), dans une vallée des Alpes, à 15 kil. S. O. de Briançon; 1268 hab. Plomb argentifère.

ARGENTIÈRE (col de l'), passage des Alpes maritimes, aux confins du dép. des H.-Alpes, et sur la route de Mont-Dauphin et de Barcelonette à Coni, a 2031m de hauteur.

ARGENTIÈRE (île de l') ou KIMOLO, Cimolos, île de l'Archipel, près de Milo. Jadis volcanique; stérile, presque inhabitée (200 familles); eaux thermales anc. mines d'argent non exploitées, et terre dite cimolée, célèbre chez les anc. pour blanchir le linge.

ARGENTINE (République). V. PLATA (RIO DE LA-).

ARGENTOMAGUS, v. de Gaule (Aquitaine 1re), chez les Bituriges Cubi, auj. Argenton-sur-Creuse.

ARGENTON, Argentomagus, ch.-l. de cant. (Indre), sur la Creuse, à 29 kil. S. O. de Châteauroux; 4672 hab. Antiquités, restes d'un château fort, où mourut Commines. Terre à poterie fine.

ARGENTON, ch.-l. de cant. (Deux-Sèvres), à 18 kil. N. E. de Bressuire, près de la Bressuire; 909 hab. Presque détruit pendant les guerres de la Vendée.

ARGENTORATUM, v. de Gaule, capit. des Tribocci, auj. Strasbourg. Julien y battit les Germains en 357.

ARGENTRÉ, ch.-l. de cant. (Mayenne), à 10 kil. E. de Laval; 651 hab. — Ch.-l. de c. (Ille-et-Vilaine), à 8 kil. S. E. de Vitré; 450 hab. Marbre noir.

ARGENTRÉ (Bertrand d'), historien, né à Vitré en 1519, mort en 1590, fut sénéchal de Rennes et cultiva la jurisprudence et l'histoire. On a de lui des Commentaires sur la coutume de Bretagne, écrits en latin et fort estimés, et une Histoire de Bretagne, qui fait autorité.

ARGENTUARIA, v. de Gaule, chez les Rauraci, est auj. Colmar ou selon d'autres Artzheim ou Horbourg sur l'Ill, près de Colmar. Gratien y battit les Germains en 378.

ARGHOUN, un des noms du fleuve AMOUR.

ARGHOUN, fils d'Houlagou, fut proclamé empereur par les Mongols à la mort d'Ahmed, en 1281, et résida à Tauris. Il se laissa toujours gouverner par ses favoris, surtout par Bouça et par Saad-ed-Daulah, médecin juif; celui-ci ayant été assassiné par les grands, Arghoun en mourut de douleur (1290).

ARGIE, fille d'Adraste et femme de Polynice, est célèbre par la tendresse qu'elle portait à son époux. Après la défaite des Sept chefs qui périrent devant Thèbes, elle alla avec Antigone, sa belle-sœur, rendre à Polynice les derniers devoirs, et fut, comme elle, mise à mort par ordre de Créon.

ARGINUSES, îles de la mer Égée, entre Lesbos et la côte de l'Asie-Mineure, près d'Ephèse. Les Athéniens, commandés par Conon, y défirent la flotte des Spartiates en 406 av. J.-C.

ARGOLIDE, Argolis, région du Péloponèse, au S. de la Corinthie et de la Sicyonie, à l'E. de l'Arcadie, au N. de la Laconie, s'étendait le long de la mer Égée, et comprenait, outre l’État d'Argos, la Trézénie, l'Épidaurie, l'Hermionie. Ville princip. : Argos, Mycènes, Tirynthe, Nauplie, Trézène, Hermione, Épidaure. — Peuplée par les Pélasges, l'Argolide appartint dès le XXe siècle av. J.-C. aux Inachides (1986-1572). Danaüs, fils de Bélus, Égyptien, les en chassa et leur substitua la dynastie des Bélides. Après la mort d'Abas (1498), l'Argolide fut partagée entre ses fils : Acrisius, l'un d'eux, régna à Argos; il eut pour successeurs Persée, Sthénélus et Eurysthée, l'oncle d'Hercule. Les Pélopides y régnèrent ensuite au détriment d'Hercule et de ses descendants; Agamemnon, petit-fils de Pélops et fils d'Atrée, possédait Argos au temps de la guerre de Troie (1280). Quand les Héraclides furent rentrés dans le Péloponèse (1190), Argos échut à Téménus. En 820, après la mort d'Eratus, la royauté fut abolie et remplacée par l'oligarchie. Depuis le VIe siècle av. J.-C., cette contrée fut longtemps soumise aux Spartiates. L'an 233 av. J.-C., l'Argolide se réunit à la Ligue Achéenne; elle succomba avec elle en 146 av. J.-C. Elle a depuis obéi successivement aux Romains, aux empereurs grecs, aux princes croisés, aux Vénitiens, aux Turcs, et n'a recouvré son indépendance qu'en 1825. Elle forme auj., avec la Corinthie, une prov. du roy. de Grèce, qui compte 110 000 hab. et a pour capit. Nauplie et pour villes principales, Argos, Corinthe, Castri, Poros.

ARGONAUTES, héros grecs qui, sous la conduite de Jason, allèrent en Colchide conquérir la Toison d'or. Ils étaient montés sur le navire Argo, ainsi appelé parce qu'il fut construit à Argos ou par Argus, prince argien. On n'est pas d'accord sur leur nombre; l'opinion la plus commune le porte à cinquante. Les plus célèbres après Jason furent Hercule, qui se sépara de ses compagnons en route, Orphée, Tiphys, pilote du vaisseau, Esculape, Lyncée, Castor et Pollux, Calaïs et Zéthès, Tydée, Nestor. Partis d'Iolcos en Thessalie, ils arrivèrent à travers mille dangers et après mille retards en Colchide, s'emparèrent de la toison avec le secours de Médée, fille du roi de ce pays, et revinrent en Grèce, selon les uns, par le Danube et la Méditerranée, ou, selon d'autres, après avoir navigué sur le Volga, la mer Baltique, l'Océan, le détroit de Gadès et la Méditerranée. On a sur cette expédition deux poëmes célèbres, l'un d'Apollonius de Rhodes, en grec, l'autre de Valérius Flaccus, en latin. Plusieurs mythologues n'ont voulu voir dans le voyage des Argonautes qu'une pure fiction ou bien un emblème de la marche des corps célestes; cependant il est à présumer que ce voyage a eu réellement lieu, et qu'il avait pour but l'exploitation des mines d'or que renferme le Caucase, ou la colonisation des riches contrées situées au N. E. de l'Asie-Mineure. On place l'expédition au XIVe siècle av. J.-C., vers 1330.

ARGONNE, partie de la Champagne et de la Lorraine, occupait 75 k. de long, depuis Sedan (Ardennes) jusqu'à Ste-Menehould (Marne), sur les deux rives de l'Aisne. On y trouve beaucoup de forêts et des montagnes qui offrent plusieurs passages fort difficiles; ce qui a fait surnommer l'Argonne les Thermopyles de la France. On a donné le nom de campagne de 1'Argonne à celle de 1792 : elle fut signalée par la victoire de Valmy, que remporta Dumouriez et qui sauva la France de l'invasion étrangère.

ARGONNE (dom Bonaventure d'), né à Paris en 1634, fut d'abord avocat, puis se fit Chartreux à Gaillon, et mourut en 1704. On a de lui plusieurs ouvrages estimés : De la lecture des PP. de l'Église; Éducation, maximes et réflexions de Moncade, et de curieux Mélanges d'histoire et de littérature, publ. par Vigneul de Marville, avec un Discours sur le sel dans les ouvrages d'esprit.

ARGOS, Argos et Argi chez les anciens. v. de, l'anc. Grèce et du roy. actuel de Grèce, capit. de l'Argolide, sur l'Inachus (Planitza), à 9 k. N. O. de Nauplie, était célèbre autrefois par ses chevaux et par un beau temple de Junon. C'est auj. une ville de 6000 âmes. Ruines nombreuses; citadelle dont les assises sont de construction cyclopéenne, amphithéâtre, long passage souterrain taillé dans le roc et communiquant avec la citadelle, vestiges de temple, etc. — Argos, la plus anc. ville de la Grèce avec Sicyone, eut pour fondateur Inachus; elle fut la capit. du roy. d'Argos de 1986 à 820 av. J.-C., et ensuite d'une république qui ne joue qu'un rôle secondaire dans l'histoire (V. ARGOLIDE). Les Romains s'en emparèrent l'an 146 av. J.-C. Lors, du partage de l'empire grec par les Latins au XIIIe siècle, Argos reconnut pour maître Geoffroy II de Villehardoin, qui la donna en fief au duc d'Athènes, vers 1230. Elle fut prise d'assaut en 1397, par Bajazet, qui réduisit en esclavage 30 000 de ses habitants, et les remplaça par des Tartares. Reprise par les Vénitiens en 1686, elle leur fut enlevée en 1715 par les Turcs, et resta au pouvoir de ces derniers jusqu'en 1825, époque où la Grèce recouvra son indépendance.

ARGOS AMPHILOCHIUM, Filoki, v. de l'Acarnanie sept., sur le golfe d’Ambracie, fut fondée par Amphiloque, fils d’Amphiaraüs.

ARGOS HIPPIUM, v. d’Apulie. V. ARPI.

ARGOSTOLI, ch.-l. de l’île Céphalonie, avec un port ; 5000 h. Évêché. Bon vin muscat.

ARGOVIE, Aargau, un des cantons de la Suisse, entre ceux de Zurich, Zug, Lucerne, Soleure, Berne et Bâle ; 53 k. sur 35 ; 199 850 h., tous Allemands, dont 107 000 Protestants et 1600 Juifs ; ch.-l. Aarau. Des chaînons du Jura en occupent la partie N. O. Il est arrosé par l’Aar, la Reuss, la Limmat. Vins, céréales ; soieries et étoffes de coton. — L’Argovie n’a le titre de canton que depuis 1798 : jusque-là, ce pays était en partie sujet de Berne, en partie des 8 anc. cantons. La Basse-Argovie, avec le comté de Baden, le Kellerampt et le Frickthal, a formé le canton actuel. La constitution qui le régit date de 1831.

ARGUEIL, ch.-l. de cant. (Seine-Inf.), à 25 kil. S. de Neuchatel, près de la r. g. de l’Andelle ; 408 h.

ARGUELLES (Augustin), orateur espagnol, né en 1776 à Ribadesella (Asturies), d’une famille noble, mais pauvre, mort en 1844, avait rempli avec succès diverses missions en Portugal et en Angleterre lorsque commença le soulèvement de l’Espagne contre les Français. Réfugié à Cadix avec les autorités supérieures, il contribua à y organiser une représentation nationale, fut élu député des Asturies et membre du comité chargé de rédiger une constitution, fit, à ce sujet, en 1810, le rapport d’où sortit la célèbre constitution de 1812 ; fut proscrit comme libéral en 1814 et condamné par le roi Ferdinand à 10 ans de galères au préside de Ceuta ; ne recouvra la liberté qu’à la révolution de 1820, et fut alors nommé ministre de l’intérieur, puis président des Cortès. Il déploya au pouvoir autant de modération que de désintéressement, mais n’en fut pas moins forcé de s’exiler lors de la réaction de 1823, et ne put revoir sa patrie qu’en 1834. Nommé en 1840 tuteur de la reine, il conserva ces hautes fonctions jusqu’à la majorité de la princesse : il se montra constamment l’adversaire de la reine mère Christine. Tout le monde rendait hommage à sa probité et à sa capacité. Son éloquence l’avait fait surnommer, avec quelque exagération, le divin.

ARGUIN (île d’), dans l’Océan Atlantique, par 18° 67’ long. O., 20° 37’ lat. N., au S. E. du cap Blanc ; 6 k. de tour. Abord dangereux : récifs sur lesquels périt la Méduse en 1816. L’île est habitée par des Musulmans. — On y a placé l’anc. Cerné. Elle fut découverte par les Portugais en 1452.

ARGUS, descendant d’Inachus et 4e roi d’Argos, 1866-1846 av. J.-C., succéda au roi Apis, massacré par les Telchines de Sicyone, et vengea sa mort. Il eut pour femme Évadné, et fut père de Criasus et de Phorbas qui régnèrent après lui.

ARGUS, surnommé Panoptès (c.-à-d. qui voit tout), prince argien, petit-fils du préc., avait, suivant la Fable, cent yeux, dont cinquante étaient ouverts, pendant que le sommeil fermait les cinquante autres. Junon lui confia la garde d’Io, qu’elle venait de changer en vache ; mais Mercure endormit le gardien au son de sa flûte, et lui coupa la tête. Junon transporta les yeux d’Argus sur la queue du paon, ou le métamorphosa en cet oiseau. La fable d’Argus peut être un symbole de la vigilance.

ARGYLE, comté d’Écosse, entre ceux d’Inverness, Perth, Dumbarton, la baie de la Clyde, la mer d’Irlande et l’Atlantique ; 101 400 h. ; ch.-l. Inverary. Ce comté est en grande partie composé d’îles (Islay, Mull, Coll, Jura, Colonsay, Icolmkill, etc.) Plomb, cuivre, fer, beau marbre, houille, ardoises.

ARGYLE (Archibald, comte d’), seigneur écossais de la famille des Campbell, était ami de Cromwell et, comme lui, de la secte des Indépendants. Il prit part à la condamnation de Charles I, et fut décapité après la Restauration, en 1661. — Son fils, Archibald II, conspira, avec les Covenantaires, contre Jacques II, dans la 1re année de son règne, se réfugia dans la Frise, d’où il tenta sans succès une invasion en Écosse, fut pris à Dumbarton et exécuté en 1685. — Le fils de celui-ci fut fait duc après la révolution de 1688, combattit les Jacobites, se distingua en Flandre sous Marlborough, et fut gouverneur de Minorque et de Gibraltar.

ARGYRASPIDES, c.-à-d. boucliers d’argent, corps de fantassins d’élite, chargés de la garde d’Alexandre le Grand. Après la mort du conquérant, il s’attachèrent à sa famille et à Eumène qui la défendait ; cependant ils abandonnèrent ce général en 315 av. J.-C. et le livrèrent à Antigone. Celui-ci les dispersa dans la Haute-Asie.

ARGYRIPPE, v. d’Apulie. V. ARPI.

ARGYROPULO (Jean), savant grec, né à Constantinople, vint dès 1434 à Padoue, et y professa la philosophie, fut appelé en 1456 à Florence par Côme de Médicis, enseigna le grec au fils et au neveu de ce seigneur, ainsi qu’au célèbre Politien, se rendit à Rome en 1480, et y professa la philosophie d’Aristote. Il a laissé des traductions latines de la Physique, de la Morale et de plusieurs autres ouvrages de ce philosophe, publ. à Rome, 1652, in-fol.

ARIANE, Ariadne, fille de Minos et de Pasiphaé, conçut de l’amour pour Thésée qui était venu en Crète pour combattre le Minotaure, et le tira du labyrinthe, en lui donnant un peloton de fil qui lui permit de retrouver son chemin. Thésée, en sortant de Crète, l’emmena avec lui ; mais il l’abandonna bientôt dans l’île de Naxos. Bacchus eut pitié d’elle, l’épousa, et lui fit don d’une couronne de diamants qui, à sa mort, fut changée en constellation. L’aventure d’Ariane a été chantée par Ovide et par Catulle (Noces de Thétis et Pélée) et mise sur la scène par Th. Corneille.

ARIANE, princesse grecque, fille de Léon I, épousa Zénon, qui monta sur le trône en 474. Dégoûtée des excès et des cruautés de son époux, elle le fit, dit-on, enterrer pendant qu’il était ivre, et épousa Anastase qu’elle plaça sur le trône. Elle mourut en 515.

ARIANE, contrée de l’Asie. V. ASIE.

ARIANISME, hérésie d’Arius. V. ARIUS.

ARIANO, Equotuticus? v. du roy. de Naples (Principauté ultérieure), ch.-l. de district, à 32 k. N. E. d’Avellino ; 12 000 h. Évêché.

ARIARATHE. Ce nom fut porté par 10 princes qui régnèrent en Cappadoce de l’an 370 à l’an 92 av. J.-C., et dont les règnes n’offrent guère qu’une suite de crimes et d’assassinats. Les derniers s’allièrent avec les Romains, qui finirent par réduire leurs États en province romaine. V. CAPPADOCE.

ARIAS (le P.), écrivain ascétique, né à Séville en 1533, mort en 1605, enseigna la théologie, puis se consacra au service des prisonniers. On a de lui des OEuvres spirituelles, estimées de S. François de Sales et trad. par le P. Belon, Lyon, 1740.

ARIAS MONTANUS, né en 1527 près de Séville, mort en 1598, possédait les langues grecque, latine et orientales. Il parut avec distinction au concile de Trente, puis alla s’enfermer dans le cloître d’Aracena en Andalousie. Philippe II l’en tira, et le chargea d’une édition de la Bible polyglotte, qui fut imprimée à Anvers, 1569-72, 8 vol. in-fol., augmentée de Paraphrases chaldaïques, et de 9 livres d’Antiquités juives. Il refusa un évêché, et se contenta du titre de chapelain du roi.

ARIBERT ou CARIBERT II, fils de Clotaire II, et frère de Dagobert I, eut le roy. d’Aquitaine, et se fit couronner à Toulouse en 628, mais mourut en 630, ne laissant qu’un fils, qui le suivit bientôt.

ARIBERT I, roi des Lombards, succéda en 653 à Rodoald, abolit l’Arianisme, 660, et mourut en 661, après avoir partagé son roy. entre ses deux fils Pertharite et Gondebert. — ARIBERT II, roi des Lombards en 701, était fils de Ragimbert, duc de Turin, qui avait usurpé la couronne. Il mit à mort Luitpert, que son père avait dépouillé, et Rotharis, son allié, et fut détrôné par Ansprand en 712. ARICA, v. et port du Pérou (Arequipa), ch.-l. d’une prov. de même nom, à 280 k. S. S. E. d’Arequipa ; 30 000 h. Port très-commerçant. — La prov. est entre l’Océan et la Bolivie. Territoire fertile.

ARICH (EL), Rhinocolura des anciens, fort de la B. Égypte, à 260 k. N. E. du Caire. Pris par les Français en 1799 ; en 1800 ils y signèrent la capitulation par laquelle l’Égypte dut être évacuée.

ARICIE, princesse athénienne, de la famille des Pallantides, qui avaient été détrônés par Thésée, était aimée d’Hippolyte, qui l’épousa lorsque Esculape l’eut ressuscité. Elle laissa son nom, selon la Fable, à une petite ville et à une forêt du Latium où elle s’était cachée avec Hippolyte. V. l’art. suiv.

ARICIE, Aricia, auj. la Riccia, v. du Latium, à 15 k. au S. de Rome, la 1re qu’on trouvait sur la voie Appienne. Aux environs étaient un bois célèbre et un temple de Diane Aricine ; le prêtre de ce temple, dit roi d’Aricie, était toujours un esclave fugitif ; tout esclave fugitif qui le tuait le remplaçait jusqu’à ce qu’il subît à son tour le même sort. La tradition donnait Hippolyte comme fondateur du temple et du culte d’Aricie. C’est dans la forêt d’Aricie qu’Égérie apparaissait à Numa.

ARIE, Aria, prov. de l’ancien empire perse, bornée au N. par la Bactriane, au S. par la Drangiane, à l’E. par la Paropamisie, à l’O. par la Parthie. Ch.-l. Aria, auj. Hérat. Elle correspond au Séistan actuel et à la partie orientale du Khoraçan. — On étend quelquefois le nom d’Arie ou d’Ariane à toute la contrée comprise entre la Perse et l’Inde, et alors elle comprend, outre l’Arie propre, les 2 Carmanies, la Gédrosie, l’Arachosie, la Drangiane, la Paropamisie, etc. Les Ariens ou Aryas, un des peuples les plus anciens de l’Asie, paraissent être la souche des habitants actuels de l’Inde et de la Perse : de leur idiome sont sorties les langues indo-européennes.

ARIÉGE (l'), Aurigera, riv. de France, prend sa source au pic de Framiquet dans les Pyrénées, coule du S. au N., traverse le dép. de son nom, arrose Ax, Foix, Pamiers, Cintegabelle, où elle devient navigable, et tombe dans la Garonne, r. dr., à Pinsaguel, à 8 k. S. de Toulouse, après un cours de 140 k. Elle roule un peu d’or, d’où son nom d’Aurigera, et par corruption celui d’Ariége.

ARIÈGE (dép. de l'), sur la frontière d’Espagne, entre la Hte-Garonne à l’O., les Pyrénées-Orient. à l’E. et les Pyrénées au S. ; 5690 k. carr. ; 251 850 h. ; ch.-l. Foix. Il est formé du comté de Foix, du Couserans, d’un fragment du Languedoc. Montagnes stériles et grandes forêts au S. ; lacs poissonneux ; un peu d’or dans l’Ariége et le Salat. Fer, marbres, ardises, albâtre, plâtre, grès à paver, etc. Forges à la catalane, martinets ; gros draps, bonneterie, étoffes de coton, de laine ; tanneries, faïenceries, verreries ; liége, résine, jayet ouvré, ouvrages de corne, de buis, vins communs. — Ce dép. forme 3 arr. (Foix, Pamiers, St-Girons) ; 20 cant. et 336 comm. Il appartient à la 11e division militaire, est dans le diocèse de Pamiers et dans le ressort de la cour imp. de Toulouse.

ARIEL, idole des Moabites, tire son nom de la v. d’Ar, capit. des Moabites, la même que Rabbath-Moab. On en a fait le nom d’un mauvais ange.

ARIENS, hérétiques. V. ARIUS.

ARIENS, habitants de l’Arie. V. ARIE.

ARIGISE, duc de Bénévent. V. ARÉGISE.

ARIMANE, Ahriman, principe du mal chez les anciens Perses, était opposé à Oromaze (Ormuzd), principe du bien, et était représenté par les ténèbres.

ARIMASPES, peuple imaginaire de l’Asie, qu’on place sur les côtes S. E. de la mer Caspienne. Les Grecs en faisaient des Cyclopes disputant aux griffons l’or du fleuve Arimaspius.

ARIMATHIE, auj. Rama, v. de Palestine (Dan), à 40 k. O. N. O. de Jérusalem. Patrie du disciple Joseph, qui ensevelit le corps de J.-C.

ARIMINUM, v. d’Italie (Ombrie) ; auj. Rimini.

ARINTHOD, ch.-l. de cant. (Jura), à 33 k. S. de Lons-le-Saulnier ; 1029 h. Bâti sur les ruines d’un temple gaulois dédié à Mars (Arès). Mulets.

ARIOBARZANE, rois de Cappadoce. V. ce mot :

ARION, poète et musicien grec, né à Méthymne, dans l’île de Lesbos, florissait vers l’an 620 av. J.-C. Il vécut longtemps à la cour de Périandre, tyran de Corinthe, et fit avec ce prince un voyage en Italie, où il amassa de grandes richesses. À son retour, ses compagnons de voyage résolurent de le tuer, afin de se partager ses dépouilles ; mais Arion, connaissant leurs desseins, leur demanda la permission de toucher une dernière fois de la lyre, puis il s’élança dans les flots : un dauphin, que sa mélodie avait attiré près du vaisseau, le reçut aussitôt et le porta au cap Ténare en Laconie. Le dauphin qui avait sauvé le poëte fut rangé parmi les constellations. On regarde Arion comme l’inventeur du dithyrambe. On a sous son nom un Hymne à Neptune, conservé par Élien (il se trouve dans les Analecta de Brunck).

ARIOSTE (Ludovico ARIOSTO, dit l'), célèbre poëte italien, né en 1474, à Reggio (Modène), était fils de Nicole Arioste, gouverneur de Reggio. Il annonça dès sa première enfance des talents poétiques, et fut de bonne heure apprécié par les ducs de Ferrare, qui le fixèrent à leur cour et l’admirent dans leur intimité ; il passa sa vie auprès d’eux, partageant son temps entre la poésie et les affaires. En 1512, il fut député par le duc Alphonse auprès du pape Jules II ; en 1521, il fut chargé d’étouffer des troubles qui s’étaient élevés dans une province infestée de brigands. On raconte qu’il tomba entre leurs mains, mais qu’en apprenant le nom du poëte, ces brigands le laissèrent partir en le comblant de marques d’honneur. Arioste employa dix années à composer l’ouvrage qui l’a immortalisé, le Roland furieux (Orlando furioso), poëme qui forme le pendant du Roland amoureux de Boïardo. Il y raconte les exploits des paladins, la folie de Roland pendant la guerre de Charlemagne contre les Sarrasins, les amours et le mariage de Roger et Bradamante ; mêlant avec un art inimitable le plaisant et le sérieux, le gracieux et le terrible, et faisant marcher de front une foule d’actions diverses auxquelles il sait également intéresser. Sa versification est riche, harmonieuse, élégante et cependant pleine d’abandon. Ses compatriotes, dans leur admiration, l’ont surnommé le divin. Il publia son poème pour la 1re fois en 1516, en 40 chants ; il ne cessa depuis de le retoucher, et il en donna en 1532 une édition fort perfectionnée et augmentée de six chants, ce qui en fit comme un nouvel ouvrage. Il mourut peu après, en 1533, d’une maladie de vessie. Ce poëte joignait aux talents de l’esprit les avantagea de la figure et de la taille, un caractère doux et affectueux ; il eut toujours pour sa mère le plus tendre attachement. L’Arioste a laissé, outre son grand poème, des satires, des rimes ou poésies diverses, quelques comédies et des vers latins. Ses OEuvres complètes ont été publiées à Venise, 1766, par J. A. Barotti, en 6 vol. in-12. On a retrouvé depuis et publié à Florence, en 1846, un poème inédit de l’Arioste, intitulé : Rinaldo ardito. Il a été fait un grand nombre d’éditions du Roland furieux ; les plus estimées, après les éditions données par l’auteur même à Ferrare en 1516 et 1532, sont celles de Franceschi, Venise, 1584 et 1603, accompagnée d’arguments et de notes ; de Baskerville, Birmingham, 1772 ; de Molini, Paris, 1788 ; de Bodoni à Parme et de Mussi à Milan, 1$12. Le Roland a été traduit en français par J. B. Mirabaud, 1741 ; d’Ussieux, 1775 ; Tressan, 1780 ; Panckoucke et Framery, 1787, avec le texte en regard (traduction fidèle, mais servile), et plus récemment par A. Mazuy, avec une Vie de l’Arioste et des éclaircissements, 1839 ; par A. Delatour, 1842 ; par V. Philipon de la Madeleine, 1844 ; Creuzé de Lasser, Duvau de Chavagne et Desserteaux l’ont mis en vers. La Vie de l’Arioste a été écrite par J. B. Pigna et par Garofalo.

ARIOVISTE, roi des Suèves, appelé en Gaule par les Séquanes contre les Éduens, battit ceux-ci à Amagetobria, 63 ans av. J.-C., mais bientôt il opprima ses propres alliés. Il voulut s'opposer aux conquêtes de César, mais il fut complétement défait par ce général près de Vesontio, en 58 av. J.-C. Selon une tradition, il se retira sur le mont Taunus.

ARIPERT, roi des Lombards. V. ARIBERT.

ARISTAGORAS, un des auteurs du soulèvement de l'Ionie contre les Perses, était, en 504 av. J.-C., gouverneur de Milet en l'absence d'Histiée, son parent. Il se révolta contre Darius, alla chercher des secours en Grèce et fut accueilli à Athènes, mais il succomba en Ionie devant des forces supérieures, et s'enfuit vers la Thrace, où il fut tué, en 498.

ARISTARQUE, astronome et mathématicien grec, natif de Samos, était disciple du péripatéticien Straton et florissait vers 280 av. J.-C. Il est un des premiers qui ait soupçonné que la terre tourne sur son axe et autour du soleil; il fut accusé, pour cette opinion, de troubler le repos des dieux. On a de lui un Traité de la grandeur et de l'éloignement du soleil et de la lune, publié par Wallis, Oxford, 1688, grec-latin, et par Fortia d'Urban, Paris, 1810, puis traduit en français par le même, 1823.

ARISTARQUE, critique et grammairien célèbre, né dans la Samothrace, vers 180 av. J.-C., disciple d'Aristophane de Byzance, vint de bonne heure à Alexandrie, fut chargé de l'éducation des fils de Ptolémée Philométor, et mourut dans l'île de Chypre à 72 ans. Aristarque s'est rendu célèbre par ses travaux sur Homère : il soumit l’Iliade et l’Odyssée à la critique la plus rigoureuse, et en donna une édition nouvelle qui jouit d'un grand crédit chez les anciens; cependant on l'accuse d'avoir arbitrairement changé ou rejeté un bon nombre de vers. Il avait également travaillé sur Archiloque, Pindare, Aratus et plusieurs autres poëtes. Aristarque était un censeur sévère, mais d'un goût sûr : son nom est resté comme le type du critique. Villoison a donné dans son édition de l’Iliade ce qui nous reste des corrections d'Aristarque sur Homère.

ARISTÉE, Aristœus, berger célèbre, fils d'Apollon et de la nymphe Cyrène, fille du fleuve Pénée, apprit aux hommes l'art de soigner les troupeaux, de faire cailler le lait et d'élever les abeilles. Il épousa Autonoé, princesse de Thèbes, de laquelle il eut Actéon. Désespéré de la mort de son fils, qui périt à la chasse, déchiré par ses chiens, il quitta la Grèce, passa à Cos, de là en Sardaigne, puis en Thrace, où Bacchus l'initia aux mystères des orgies, et fixa enfin son séjour sur le mont Hémus; mais il en fut enlevé et disparut tout à coup. Virgile fait de lui, dans ses Géorgiques (IVe livre), l'amant d'Eurydice, dont il causa involontairement la mort en la poursuivant, et il le montre faisant sortir des flancs d'un taureau immolé d'innombrables essaims d'abeilles. On l'honorait comme un dieu, surtout en Sicile.

ARISTÉE, Aristeas, officier de Ptolémée Philadelphe. Selon une tradition douteuse, il fut chargé d'aller en Judée pour y chercher les livres saints, ramena avec lui 70 savants pour les traduire, et fit faire à son retour la version dite des Septante. On a sous le nom d'Aristée une Histoire de la traduction des Septante, qui paraît apocryphe, mais qui n'en est pas moins fort ancienne. Elle a été imprimée à Bâle, 1561, et à Oxford, 1692, grec-latin.

ARISTÉNÈTE, écrivain grec, né à Nicée vers l'an 300 après J.-C., est auteur d'un roman en forme de lettres, dans lequel on trouve des détails curieux sur les mœurs de son temps. Il périt, dit-on, dans le tremblement de terre qui renversa Nicomédie en 358. Il était contemporain et ami de Libanius. Les Lettres d'Aristénète ont été publiées à Anvers, 1566, par Sambucus; à Utrecht, grec-latin, avec notes de Pauw, 1737; et à Paris, 1823, par M. Boissonade, édit. préférable à toutes les autres. Elles ont été traduites ou imitées en français, par Cyre-Foucault, 1597; Lesage, 1695; Moreau, 1752; F. Nogaret, 1797.

ARISTIDE, Aristides, Athénien célèbre par ses vertus civiles et militaires, eut une grande part à l'administration de la république, et reçut du peuple le surnom de Juste. Il est un de ceux qui commandaient à la bataille de Marathon, 490 av. J.-C. Thémistocle, son rival, jaloux de son crédit, le fit bannir par l'ostracisme, 483 : ses légers concitoyens étaient las de l'entendre nommer le juste. Rappelé lors de l'invasion de Xerxès, il seconda généreusement Thémistocle et contribua aux succès de Salamine et de Platée. Estimé de tous pour sa douceur, sa modération et son désintéressement, il réussit à faire déférer aux Athéniens la suprématie, et fut chargé d'administrer le trésor commun de toute la Grèce. Il mourut dans un âge avancé (469), et si pauvre que l'État fut obligé de pourvoir à ses funérailles et de doter ses filles. Plutarque et Cornélius ont écrit sa Vie.

ARISTIDE (S.), philosophe athénien, se convertit au Christianisme, et présenta à Adrien, l'an 125, une Apologie pour les Chrétiens, que nous n'avons plus. On le fête le 31 août.

ARISTIDE (Ælius), orateur grec, né à Bithynie vers l'an 129 de J.-C., reçut à Athènes les leçons d'Hérode Atticus, et alla se fixer à Smyrne où il enseigna la rhétorique avec un grand éclat. Smyrne ayant été renversée par un tremblement de terre l'an 178, il détermina par son éloquence l'empereur Marc-Aurèle à la rebâtir. Il reste de lui 54 Discours et quelques autres écrits, qui font bien connaître l'état moral de la société au temps des Antonins. Samuel Jebb en a donné une édit. gr.-lat., Oxford, 1722, 2 vol. in-4, avec notes; G. Dindorff en a publié en 1829, à Leipsick, une nouv. édition qui renferme quelques morceaux récemment découverts. On le trouve aussi dans la Collection Didot.

ARISTIDE (Quintilien), auteur grec qui paraît avoir vécu au IIe siècle de J.-C., a laissé un traité sur la Musique, inséré par Meibomius dans sa collection des Auctores septem antiquæ musicæ, Amst., 1652, in-4.

ARISTION, sophiste d'Athènes, fit déclarer cette ville en faveur de Mithridate contre les Romains, et y exerça un instant le souverain pouvoir. Sylla, s'étant rendu maître d'Athènes, le mit à mort, 87 av. J.-C.

ARISTIPPE, philosophe grec de la secte cyrénaïque, né à. Cyrène vers 435 av. J.-C., d'une famille riche, vint à Athènes étudier sous Socrate, et fonda lui-même une école dans laquelle il dénatura la morale de son maître. Il proposait pour but unique de la vie la recherche du plaisir, ἡδονή, d'où le nom d’hédonisme donné à son système; toutefois il proscrivait les excès et voulait que l'homme possédât la volupté sans se laisser posséder par elle. Il mit cette doctrine en pratique, et passa ses plus belles années à la cour de Denys le Tyran dans la mollesse et les délices. Aristippe avait la repartie fine et l'esprit brillant; l'on cite de lui beaucoup d'heureuses saillies. On lui reprochait un jour de s'être jeté aux pieds de Denys pour obtenir une faveur : « Est-ce ma faute, répondit-il, s'il a les oreilles aux pieds? » Il eut une fille nommée Arété, et un petit-fils nommé aussi Aristippe, qui enseignèrent sa philosophie. On a sous son nom 4 Lettres (dans les Epistolæ Socraticorum d'Allatius), qui sont apocryphes. Wieland a mis ce philosophe en scène dans un roman historique intitulé : Aristippe et ses contemporains.

ARISTOBULE I, surnommé Philhellène, c.-à-d, Ami des Grecs, prince juif, succéda à son père Jean Hyrcan comme grand prêtre l'an 107 av. J.-C., prit le titre de roi, soumit une partie de l'Iturée, et mit à mort sur de faux soupçons son frère Antigone, à qui il devait cette conquête. Son règne ne dura qu'un an.

ARISTOBULE II, fils d'Alexandre Jannée, détrôna son frère Hyrcan II, et devint roi de Judée l'an 70 av. J.-C. Assiégé par Arétas, prince arabe, il fut délivré par les Romains qu'il avait appelés à son secours, mais il ne tarda pas à se brouiller avec eux. Assiégé dans Jérusalem par Pompée, il fut pris après une longue résistance (63), et envoyé captif à Rome. Il parvint à s'enfuir en 57, essaya de soulever de nouveau la Judée, mais fut vaincu, pris une seconde fois et mourut en prison (45).

ARISTOBULE, Juif grec, qui vivait à Alexandrie sous Ptolémée Philométor (vers 150 av. J.-C.), composa une Exégèse des livres de Moïse, ois il soutenait que les philosophes grecs avaient connu ces livres et y avaient souvent puisé.

ARISTOCLÈS, péripatéticien du IIe siècle de J.-C., né à Messine, fut le précepteur de Septime-Sévère et forma Alexandre d'Aphrodisie. Il composa une Histoire des philosophes et de leurs opinions, dans laquelle il combattait le scepticisme d'Ænésidème. Eusèbe en a conservé quelques fragments dans sa Préparation évangélique.

ARISTOCRATE, nom de deux rois d'Arcadie : le 1er régna l'an 720 av. J.-C.; le 2e vers 680. Celui-ci trahit les Messéniens, ses alliés, dans une guerre contre les Lacédémoniens : le peuple indigné le lapida et abolit la royauté, vers 671 av. J.-C.

ARISTOCRATES (du mot grec aristocrateia, gouvernement des meilleurs ou des plus puissants). Par cette dénomination, qui au propre ne veut dire que partisan d'un gouvernement aristocratique, on désigna dans la Révolution française, non-seulement les anciens nobles investis de priviléges exorbitants, mais tous ceux qui se montraient opposés aux doctrines révolutionnaires. Ce seul nom était un titre de proscription : un décret du 27 mars 1793 mettait les Aristocrates hors la loi.

ARISTOCRATIE, forme particulière de gouvernement. V. ce mot au Dictionnaire des Sciences.

ARISTODÈME, un des Héraclides qui, à la tête des Doriens, vinrent conquérir le Péloponèse, régna à Sparte de 1190 à 1186, et fut père de deux jumeaux, Proclès et Eurysthène, chefs de deux branches qui après lui régnèrent conjointement à Sparte.

ARISTODÈME, roi de Messénie, soutint de 744 à 724 la guerre la plus opiniâtre contre les Spartiates, les battit à Ithome (724) et prit leur roi Théopompe. On raconte que, sur la foi d'un oracle, il sacrifia sa propre fille pour obtenir des dieux le succès de la guerre, et qu'ensuite, pour obéir à un nouvel oracle ou cédant à son désespoir, il se perça de son épée.

ARISTOGITON, Athénien qui, avec son ami Harmodius, projeta de délivrer Athènes de la tyrannie d'Hippias et d'Hipparque. Harmodius fut tué après s'être défait d'Hipparque. On se saisit d'Aristogiton, et on le mit à la question pour lui faire déclarer ses complices : il nomma tous les amis du tyran, qui furent aussitôt mis à mort. Interrogé s'il n'en restait pas d'autres, il répondit à Hippias : « Il n'y a plus que toi qui mérites la mort. » Le tyran le fit aussitôt conduire au supplice. Après l'expulsion d'Hippias (509), une statue et des fêtes publiques consacrèrent la mémoire de ces deux citoyens.

ARISTOMÈNE, roi et général des Messéniens vers 684 av. J.-C., souleva ses compatriotes contre les Lacédémoniens, et excita la 2e guerre de Messénie. Deux fois il fut fait prisonnier, et chaque fois il s'échappa de la manière la plus merveilleuse. Il remporta de grands avantages et soutint dans Ira un siège de 11 ans (682-671 av. J.-C.), mais ne put empêcher l'asservissement de sa patrie. Vaincu, il se retira en Arcadie avec une partie des Messéniens, tandis que les autres allaient en Sicile.

ARISTONIC, fils naturel d'Eumène II, roi de Pergame, voulut enlever aux Romains le roy. de Pergame qu'Attale III leur avait légué, 132 av. J.-C. Accueilli avec transport par la nation, il remporta d'abord d'assez grands avantages; mais enfin il fut vaincu par Perpenna et amené à Rome par le consul Aquilins; on le fit étrangler en prison (129).

ARISTOPHANE, célèbre poëte comique, né vers l'an 450 av. J.-C., à Athènes, selon les uns, dans l'île de Rhodes ou d'Égine, selon d'autres, mort vers 380, commença à se faire connaître l'an 427, et fit représenter sur le théâtre d'Athènes un grand nombre de comédies dans lesquelles il attaquait sans ménagement les hommes d'État, les philosophes, les poëtes, le peuple d'Athènes et les dieux eux-mêmes. Il porta si loin la licence que l'on fut obligé, vers l'an 388, de rendre une loi qui défendait de représenter et de nommer sur la scène aucun personnage vivant; ce qui mit fin à l’ancienne comédie. Ceux qu'Aristophane poursuivit avec le plus de violence furent Socrate, contre lequel il fit la comédie des Nuées (vers l'an 424); Cléon, qu'il attaqua dans les Chevaliers; Euripide, qu'il fit figurer dans les Acharniens, les Femmes à la fête de Cérès et les Grenouilles. De 54 pièces qu'avait composées, Aristophane, il n'en reste que 11 : ce sont, dans l'ordre de leur date : les Acharniens, les Chevaliers, les Nuées, les Guêpes (imitées par Racine dans les Plaideurs), la Paix, les Oiseaux, les Femmes à la fête de Cérès, Lysistrate, les Grenouilles, les Harangueuses, Plutus. Les allusions, les personnalités, les jeux de mots dont elles sont remplies, les rendent fort difficiles à entendre; en outre, on est souvent choqué de la grossièreté des plaisanteries et de la bizarrerie des idées; mais on ne trouve nulle part plus de sel et de causticité; le style en est d'ailleurs d'une élégance toute attique. Les meilleures éditions d'Aristophane sont celles de Kuster, grec-latin, Amst., 1710, in-fol.; de Brunck, Strasbourg, 1781, 3 vol. in-8; d'Invernitz, avec commentaires de Beck, Leips., 1794-1826, 13 vol.; de G. Dindorf, avec les Scholies, dans la collect. Didot, Paris, 1839 et 1840. Les comédies d'Aristophane ont été trad. en français, dans le Théâtre des Grecs, par Brottier (vol. X à XIII), et séparément par Poinsinet de Sivry, 1784, par M. Artaud, 1830, et par M. Poyard, 1860. M. Fallex et M. Bernot ont mis en vers le Plutus et quelques morceaux des autres pièces. M. Arnould a donné une savante thèse Sur la Comédie d'Aristophane, Paris, 1842.

ARISTOPHANE de Byzance, grammairien grec, vint à Alexandrie vers 198 av. J.-C., et y fut nommé chef de la grande bibliothèque. Il eut pour disciple le célèbre critique Aristarque. On lui attribue l'invention des accents, la ponctuation et le Canon (catalogue raisonné) des Auteurs classiques grecs. Ce qui reste de lui a été publié par Nanck, Halle, 1848, in-8.

ARISTOTE, Aristoteles, surnommé le Prince des philosophes, fondateur de la secte des Péripatéticiens, né à Stagyre en Macédoine, l'an 384 av. J.-C., eut pour père Nicomaque, médecin distingué, ami d'Amyntas III, roi de Macédoine. Il vint vers l'an 368 à Athènes, y suivit pendant 20 ans les leçons de Platon, et commença dès lors à se faire connaître par ses écrits. Après la mort de son maître (348), il quitta Athènes, blessé, dit-on, de n'avoir pas été désigné pour lui succéder, et se retira d'abord en Mysie, auprès d'Hermias, souverain d'Atarné, dont il épousa la sœur Pythias, puis à Mitylène dans l'île de Lesbos. Là, il reçut de Philippe (343) une lettre par laquelle ce prince le priait de se charger de l'éducation de son fils Alexandre, lui disant qu'il se félicitait moins de ce qu'il lui était né un fils que de ce que ce fils était né du temps d'Aristote. Après avoir passé plusieurs années à la cour de Macédoine, il suivit, à ce que l'on croit, son élève dans ses premières expéditions en Asie, mettant à profit, pour les progrès de l'histoire naturelle, les trésors et les conquêtes du roi; puis il vint se fixer à Athènes vers l'an 331, et y fonda, dans une promenade voisine de la ville et nommée Lycée, une école nouvelle, qui prit le nom de Lycée; on la nomme aussi école péripatéticienne (du mot grec péripatos, promenade). A la mort d'Alexandre (323), Aristote, resté en butte à la calomnie de ses envieux et aux attaques des ennemis du roi de Macédoine, se vit accusé d'impiété : il sortit d'Athènes sans attendre le jugement, voulant, disait-il, épargner un nouveau crime aux Athéniens, déjà coupables de la condamnation de Socrate. Il alla s'établir à Chalcis en Eubée, où il mourut peu après, en 322, âgé de 62 ans. — Aristote est le génie le plus vaste (de l'antiquité; il a embrassé toutes les sciences connues de son temps et en a même créé plusieurs. Ses écrits, qui forment une sorte d'encyclopédie, posèrent pendant un grand nombre de siècles la borne du savoir humain, et jouirent d'une autorité absolue. La plupart nous sont arrivés, mais quelques-uns mutilés ou altérés. Les principaux sont : l’Organon, composé de différents traités de logique, et ainsi nommé parce que la logique est l'organe ou instrument de toute science; la Rhétorique, la Poétique, deux traités d’Éthique ou de Morale, la Politique, l’Économique, l’Histoire des Animaux, les Parties des Animaux, la Physique, les traités du Ciel, de la Génération et de la Corruption, des Météores, du Monde (regardé comme apocryphe), les Problèmes, le traité de l’Âme, la Métaphysique ou Philosophie première, en 12 livres. Il a aussi laissé quelques poésies. Le mérite d'Aristote en philosophie fut de donner à la science une base plus solide que n'avaient fait ses prédécesseurs, et d'accorder davantage à l'expérience, mais sans méconnaître le rôle de la raison. Il rejeta la doctrine de l'idéal, qu'avait professée Platon, et concentra toute réalité dans les objets individuels. La philosophie est pour lui la science des choses par leurs causes. Selon lui, les points de vue sous lesquels les objets doivent être envisagés, quand on veut les connaître et les expliquer, se réduisent aux suivants : ce dont une chose est composée, sa nature intime ou son essence, sa cause, et le but ou la fin vers laquelle elle tend; d'où la distinction de quatre principes, la matière, la forme, la cause efficiente et la cause finale. En Psychologie, il essaye de classer les facultés de l'âme, et considère l'âme elle-même comme la puissance cachée qui donne la vie et produit l'organisation (il la nomme entéléchie). En Logique, il passe en revue les différentes formes du raisonnement déductif ou syllogisme et en donne un code complet. En Théodicée, il fonde la démonstration de l'existence divine sur la continuité du mouvement, et présente Dieu comme la fin ou le but du monde, comme le centre vers lequel tout tend, auquel tout aspire. Dans l'Art, il ramène le beau à l'imitation de la nature; en Morale, la vertu à l'équilibre entre les passions et au milieu entre les excès; en politique, il assigne pour fin à la société l'utilité. Ses travaux sur l’Histoire naturelle et ses recherches sur l'anatomie comparée sont remarquables par l'exactitude des faits et la profondeur des vues : de l'aveu de Cuvier, ils n'ont pas été surpassés. Les autres parties de sa doctrine sont loin d'être à l'abri de la critique : souvent il eut la prétention mal fondée de tout déduire par le raisonnement d'un petit nombre de principes hasardés et négligea ou méconnut la véritable induction; une partie de sa Logique et de sa Métaphysique roule sur de vaines subtilités; dans sa Théodicée, il ne laisse pas de place à la Providence; dans sa Psychologie, il n'attribue l'immortalité qu'à l’intellect, faculté supérieure et propre à l'homme; dans sa Politique, il approuve l'esclavage; dans sa Physique, où il ramène tout à quatre qualités primordiales, le sec et l’humide, le chaud et le froid, il se borne trop souvent à des explications purement verbales, et par là il a longtemps nui aux progrès de la science. — Les œuvres d'Aristote ne furent rassemblées et publiées dans l'antiquité même que fort tard. Enfouies, dit-on, ou cachées pendant près de deux siècles (V. NÉLÉE DE SCEPSIS), ce n'est que vers le temps de Sylla qu'elles furent réunies par Apellicon de Téos et revisées par Andronicus de Rhodes. Dans les temps modernes, on ne connut pendant longtemps en Occident que 1’Organon; c'est aux Arabes et aux Grecs émigrés de Constantinople qu'on dut la connaissance et la propagation en Europe de ses autres ouvrages. La l° édition complète des écrits d'Aristote fut publiée à Venise par Alde Manuce (1495-98, in-fol.); parmi les éditions postérieures, les plus estimées sont celles : de Sylburge, Francfort, 1585-86, toute grecque; de Guillaume Duval, Paris, 1619 et 1654, in-fol., grec-latin; de Bekker et Brandis, grec-latin, avec un choix de commentaires, publiée au nom de l'Académie de Berlin, Berlin, 1830-1836, 4 vol. in-4, et celle de la Collection Didot, 1848-60. On a en outre donné une foule d'éditions spéciales des ouvrages détachés. La plupart ont été traduits en français; les principales de ces traductions sont : celle de la Morale et de la Politique, par Thurot, Paris, 1823, 2 vol. in-8; de la Rhétorique, par Cassandre, Paris, 1675, par Ch. E. Gros, 1822, et par Bonafous, 1856; de la Poétique, par Dacier, Paris, 1692, par Le Batteur (dans les Quatre Poétiques), 1771, et par M. Egger, 1849; de l’Histoire des animaux, par Camus, 1783; du Traité du monde, par Le Batteux (dans son Traité des causes premières); de la Logique, par Ph. Canaye, sieur de Fresnes, 1589, in-fol.; de la Métaphysique, par MM. Pierron et Zévort, 1841, 2 vol. in-8. M. Barth. St-Hilaire a entrepris une trad. complète d'Aristote, dont une grande partie a déjà paru (Politique, 1837 et 1848; Logique, 1839-44; Traité de l'âme, 1846; Opuscules, 1847; Morale, 1856; Poétique, 1858; Physique et Météorologie, 1863; Traité de la production et de la destruction, 1866, etc.). Parmi les commentateurs d'Ar., nous nommerons, chez les anciens, Ammonius, Alexandre d'Aphrodisie, Themisthius, Simplicius, Olympiodore, Jean Philopon, Boëce; au moyen âge, Alkendi, Averroës, Avicenne, Avenpace, Albert le Grand, S. Thomas. La vie d'Aristote a été écrite chez les anciens par Diogène de Laërte et par Ammonius. On a publié sur, pour et contre sa doctrine une foule d'écrits : Launoy a donné un essai De varia Aristotelis fortuna, 1672, M. A. Jourdain de savantes Recherches sur les trad. latines d'Aristote, 1819, et M. Ravaisson un Essai sur sa Métaphysique, 1837-46, M. Waddington Kastus De la Psychologie d'Aristote, 1848.

ARISTOXÈNE, philosophe et musicien grec, né à Tarente vers 350 av. J.-C., était disciple d'Aristote. Il avait, selon Suidas, composé 453 ouvrages. Il ne reste de lui que des Éléments harmoniques, en 3 livres, publiés par Meibomius, Amst., 1652. et un Fragment sur le Rhythme, trouvé et publié à Venise par Morelli, 1785. Aristoxène n'admettait pour juge en musique que l'oreille et rejetait les calculs mathématiques des Pythagoriciens. G. L. Mahne a écrit : De Aristoxeno, Amst., 1793, et M. Ch. Ruelle : Étude sur Aristoxène, 1857.

ARIUS, fameux hérésiarque, né vers l'an 270 dans la Cyrénaïque, ou, selon d'autres, à Alexandrie, fut ordonné prêtre dans un âge avancé, s'établit à Alexandrie et commença en 312 à y enseigner une doctrine nouvelle, qui se répandit rapidement : il combattait la Trinité, niait la consubstantialité du Verbe avec le Père et par suite sa divinité même, et soutenait que J.-C. est une simple créature tirée du néant, très-inférieure au Père. Il fut successivement combattu par S. Alexandre et par S. Athanase, évêques d'Alexandrie, condamné par plusieurs conciles, notamment par le concile de Nicée en 325, anathématisé et exilé pendant plusieurs années. Mais soutenu par Eusèbe, évêque de Nicomédie, homme de son parti, il se fit absoudre par quelques conciliabules et parvint même à égarer Constantin qui le rappela d'exil. Son retour à Alexandrie ayant excité des troubles, il se retira à Constantinople; il allait, malgré l'opposition de S. Alexandre, devenu patriarche de cette ville, entrer en triomphe dans l'église, lorsqu'il mourut subitement d'une violente colique, l'an 336. Ses partisans prétendirent qu'il avait été empoisonné; ses adversaires virent dans cette mort extraordinaire une punition de Dieu. — Après la mort d'Arius, son hérésie fit de grands progrès : elle fut ouvertement protégée par l'empereur Constance et par plusieurs de ses successeurs ; elle fut même approuvée par plusieurs conciliabules, et pendant longtemps elle compta de très-nombreux partisans. L’empereur Théodose parvint à 1'étouffer presque entièrement dans ses États, mais elle fut embrassée par la plupart des peuples barbares qui avaient envahi l’empire romain, à l’exception des Francs et elle subsista pendant plusieurs siècles chez les Goths, les Vandales, les Bourguignons et les Lombards. Elle s’éteignit vers l’an 660, par l’abjuration d’Aribert I, dernier roi arien des Lombards cependant on en retrouve des traces chez les Vaudois et les Albigeois. Depuis la Réformation, l’Arianisme s’est reproduit, mais sous de nouvelles formes, principalement sous celle du Socinianisme, et a eu pour principaux défenseurs Servet, Socin, Capiton, Cellarius, etc. L’Hist. de l’Arianisme a été écrite par le P. Maimbourg.

ARIZONA, district des États-Unis, cédé en 1853 par le Mexique et réuni au territoire du Nouv.-Mexique, est borné à l’O. par le Colorado, qui le sépare de la Californie, au S. par les États mexicains, à l’E. par le Texas.

ARJUZANX, ch.-l. de c. (Landes), à 35 k. N. O. de Mont-de-Marsan ; 758 h. Vins estimés. Station.

ARKANSAS, fleuve des États-Unis, sort des monts Rocheux, coule au S. O., arrose l’État d’Arkansas, sépare les États-Unis du Mexique, et tombe dans le Mississipi, après un cours de 3500 kil. environ. Il a pour affluents le Canadien à droite, le Vert-de-Gris, le Neocho, le Petit Illinois à gauche.

ARKANSAS, un des États-Unis de l’Amérique du Nord, borné au N. par l’État de Missouri, à l’E. par le Mississipi, au S. par la Louisiane et le Texas, à l’O. par le Mexique ; 940 k. sur 390 ; 435 450 h., dont 111 000 esclaves ; ch.-l. Little-Rock. Plusieurs riv. : Mississipi, Arkansas, Riv. Rouge, Riv. Blanche, St-François ; plusieurs chemins de fer. Tabac, coton, mais, riz, vin. — L’Arkansas, primitivement habité par une peuplade indigène de ce nom, forma un territoire dès 1819, mais ne devint État qu’en 1836. Il se sépara de l’Union en 1861.

ARKHANGEL, v. de Russie, ch.-l. du gouvt de même nom, sur la mer Blanche, près de l’emb. de la Dwina, et à 800 k. N. E. de St-Pétersbourg, 20 000 hab. Elle doit son nom à S. Michel l’archange, son patron. Beau port, mais qui n’est libre de glaces que quatre mois de l’année. Bâtie en bois, sauf quelques monuments. Archevêché russe, séminaire ; chantiers de marine ; école de navigation ; pêche de la baleine ; commerce considérable. Fondée en 1582, Arkhangel était la seule place maritime commerçante de la Russie avant la fondation de St-Pétersbourg. — Le gouvt d’Arkhangel est situé entre la mer Glaciale et la mer Blanche au N., le gouvt de Tobolsk. à l’E., ceux de Vologda et d’Olonetz au S., et la Laponie à l’O. ; 1 550 k. sur 780. Pop. 270 000 hab., Russes, Samoïèdes et Lapons. Il est en partie situé sous le cercle polaire et comprend la Nouvelle-Zemble et plusieurs autres îles de la mer Glaciale. L’été y est court et pluvieux. Pelleteries.

ARKHANGEL (NOUVEL-), fort établi par les Russes sur la côte N. O. de l’Amérique sept., dans l’île et sur le détroit de Sitka, par 137° 36′ long. O., 57° 3′ lat. N., est le ch.-l. de leurs possessions et leur principal comptoir dans ces parages.

ARKONA, extrémité N. E. de l’île de Rugen ; pays célèbre par le culte du dieu Svantovit. Phare.

ARKOPOLIS, ch.-l. de l’Arkansas. V. LITTLE ROCK.

ARKWRIGHT (Richard), mécanicien anglais, né en 1732 à Preston (Lancaster), d’une famille pauvre, mort en 1792, fut jusqu’à l’âge de 36 ans simple barbier. Doué d’un génie naturel pour la mécanique, il réussit, après des difficultés sans nombre, à exécuter une machine à filer le coton d’une perfection admirable, prit en 1771 un brevet d’invention, établit une fabrique à Cromfort (Derby) et fit bientôt une immense fortune. Honoré de tous, il devint en 1786 grand shérif du comté de Derby et fut fait chevalier. L’invention d’Arkwright a opéré une révolution dans la fabrication du coton ; en réduisant presqu’à rien la main-d’œuvre, elle a permis à l’Angleterre de baisser prodigieusement le prix de ses marchandises.

ARLANC, ch.-l. de cant. (Puy-de-Dôme), à 17 k. S. d’Ambert ; 2077 h. Eau ferrugineuse froide.

ARLBERG, chaîne secondaire des Alpes, part du Monte d’Oro, sépare les bassins du Rhin et du Danube et traverse le Tyrol.

ARLEQUIN, personnage comique de la comédie italienne, dont on croit retrouver le type dans les Atellanes. Ce nom fut d’abord donné à un comédien (italien du temps de Henri III, qui était l’un des familiers de la maison du Harlay, ce qui le fit surnommer Harlequino. On connaît spécialement sous le nom d’Arlequin quelques acteurs qui excellaient dans ce rôle, entre autres Dominique et Carlin.

ARLES, Arelas et Arelate, appelée par les Massiliens Theline, v. de France (Bouches-du-Rhône), ch.-l. d’arr., sur le Rhône, à 691 k. de Paris ; 25 543 hab. Petit port, pont de bateaux, canal ; beaucoup de monuments antiques (théâtre, amphithéâtre, obélisque, aqueduc, temples, arc de triomphe) ; c’est dans cette ville que fut trouvée, en 1651, la Vénus d’Arles, auj. au Louvre. Collége, bibliothèque ; école de navig. Anc. archevêché, auj. réuni à celui d’Aix. Chapellerie, filature de soie, huiles, saucissons renommés ; entrepôt de sel. Les Arlésiennes sont célèbres pour leur beauté et la richesse de leur costume. — Arles fut fondée au moins 2000 ans avant notre ère ; son nom, en langue celtique, Ar-lait, veut dire près des eaux. Colonisée au temps de Marius, Arles rivalisa bientôt avec Marseille : on la surnommait la Rome gauloise. Elle servit pendant un temps de résidence à Constantin et prit de là le nom de Constantina. En 412, après la prise de Trêves par les Francs, Arles devint la métropole de toutes les Gaules. Sous les Mérovingiens elle était capitale du comté de Provence ou comté d’Arles. En 879, elle devint sous Boson capit. du roy. de Bourgogne cisjurane ; en 933, Rodolphe Welf, déjà roi de la Bourgogne transjurane, ayant réuni les deux Bourgognes, fit d’Arles la capitale de ses États, qui prirent alors le nom de Royaume d’Arles. Ce roy., qui dura peu, fut légué en 1032 par Rodolphe III, à l’empereur Conrad II. Érigée en république au XIIe siècle, Arles se soumit en 1251 à Charles d’Anjou, comte de Provence ; elle a suivi depuis les destinées de la Provence. Plusieurs conciles ont été tenus à Arles ; le 1er et le plus célèbre, convoqué en 314 par Constantin, condamna les Donatistes.

ARLES-SUR-TECH, Arulæ, ch.-l. de cant. (Pyr.-Orientales), au pied du Canigou et à 10 kil. S. O. de Ceret ; 1734 hab. Plomb, eaux minérales.

ARLEUX, ch.-l., de cant. (Nord), à 10 kil. S. de Douay ; 1490 h. Château fort, pris par les Français en 1645. Patrie de Merlin (dit de Douay).

ARLINCOURT (Victor, vicomte d'), romancier, né en 1789, au château de Mérantris, près de Versailles, mort en 1856, était fils d’un fermier général qui fut une des victimes de la Révolution. Auditeur au Conseil d’État sous l’Empire ; il se rallia en 1814 aux Bourbons, et fut nommé aussitôt par Louis XVIII maître des requêtes. Jouissant d’une belle fortune, il quitta les affaires après les Cent-Jours pour se livrer aux lettres. Il publia en 1818 un poème épique, Charlemagne ou la Caroléide, où l’on blâma un plan étrange et une versification bizarre ; ce poëme ayant eu peu de succès, il se réduisit au roman. Il donna en 1821 le Solitaire, dont le sujet était emprunté au moyen âge et qui, malgré l’exagération du sentiment, malgré un style ampoulé et des inversions forcées, eut une vogue prodigieuse parce qu’on y trouvait de l’imagination et de l’intérêt. Cette œuvre fut suivie de quelques autres romans où l’on rencontre les mêmes qualités et les mêmes défauts : l’Étrangère, le Renégat, Ipsiboé. Après 1830, le vicomte d’Arlincourt attaqua le nouveau gouvernement dans des romans allégoriques qui furent peu lus. Cet écrivain, qui avait joui d’une si grande vogue, eut la douleur de se voir, avant de mourir, presque entièrement oublié.

ARLINGTON (Henri BENNET, comte d'), ministre d'État et pair d'Angleterre, né en 1618, mort en 1685, se distingua d'abord par son dévouement à la cause de Charles I, combattit dans l'armée royale et émigra sous le Protectorat. Rentré en Angleterre avec Charles II, il fit en 1670 partie du ministère célèbre connu sous le nom de Cabal (V. ce mot). Il fut ensuite élevé à la dignité de lord chambellan.

ARLON, Orolaunum, ch.-l. du Luxembourg belge, à 20 k. O. de Luxembourg; 5600 h. Aux env., forêts; forges; grand commerce de fer. On y a souvent trouvé des médailles, des statues, etc. – Érigé en marquisat en 1103, et réuni au comté de Luxembourg en 1214; possédé par la France de 1684 à 1697. Victoires des Français sur les Impériaux en 1793 et 1794.

ARMADA. Ce nom, qui veut dite en espagnol flotte de vaisseaux de guerre, a été spécialement appliqué à la flotte redoutable que Philippe II équipa en 1588 contre Élisabeth, reine d'Angleterre, et qu'il nomma orgueilleusement l’invincible armada. Cette flotte, composée de 135 vaisseaux, fut détruite en peu de jours : d'abord dispersée par la tempête, elle fut ensuite battue par la flotte anglaise, que commandait l'amiral Drake.

ARMAGH, Regia, v. d'Irlande (Ulster), ch.-l. du comté d'Armagh, à 110 k. N. O. de Dublin; 13 000 hab. Archevêché qui a la primatie de toute l'Irlande ; riche bibliothèque, observatoire. – Armagh fondée, dit-on, par S. Patrick en 450, a été capit. de l'Irlande au moyen âge; elle avait alors une université très fréquentée. Souvent pillée dans les guerres avec les Danois et les Anglais, elle fut incendiée par sir Phelim O'Neil en 1642. Sa décadence date de la Réforme. – Le comté, situé entre ceux de Tyrone, Monaghan, Louth, Down, a 53 kil. sur 31 et 250 000 hab. Sol fertile.

ARMAGNAC, anc. pays de France, compris dans la prov. de Gascogne, était borné au N. par le Condomois, l'Agénois, le Quercy; au S. par le Bigorre, le Comminges, le Conserans; à l'E. par le Languedoc, à l'O. par le Béarn, le Marsan, le Gabaret, et avait pour v. princip. Lectoure, Nogaro et Auch. La Save, la Gimone, le Gers, la Baïze arrosent ce pays. Il forme auj. le dép. du Gers et une partie de ceux Lot-et-Garonne, Tarn-et-Garonne, H.-Garonne. — Compris jadis dans l'Aquitaine, puis dans le duché de Gascogne qui appartenait à une maison mérovingienne issue de Caribert, enfin, dans le comté de Fezensac, l'Armagnac devint un comté particulier en 960 et eut pour premiers comtes Bernard le Louche, Géraud Trancaléon, Bernard II. Ce dernier posséda un instant tout le duché de Gascogne (1040-1052). Géraud III, son petit-fils, réunit à l'Armagnac le comté de Fezensac (vers 1140). En 1163 on détacha pour un cadet un apanage dit comté de Fezensaguet. La branche aînée s'étant éteinte dans les mâles (1245), Géraud V, fils du premier comte de Fezansaguet, devint comte d'Armagnac (1256); mais à sa mort (1285), les deux comtés furent de nouveau séparés. Jean I (1319-1373) et ses successeurs joignirent à l'Armagnac les comtés de Rhodez et de Carlat, les vicomtés de Lomagne et d'Auvillars, le Comminges, le Charolais (qu'aliéna Jean III en 1390). Jean III eut pour successeur son frère Bernard VII, chef de la faction des Armagnacs (V. ci-après). En 1473 périt le célèbre Jean V, adversaire acharné de Louis XI. Ce prince déclara, en 1481, l'Armagnac réuni à la couronne. Cependant le roi Charles VIII le rendit à Charles I frère de Jean V. À ce Charles I succédèrent le duc Charles d'Alençon, puis Henri d'Albret (tous deux époux de Marguerite, sœur de François I), ensuite Jeanne d'Albret, et enfin Henri IV, qui réunit définitivement ce comté à la couronne de France par son avènement (1589). En 1645, Louis XIV donna le titre de comte d'Armagnac à H. de Lorraine, comte d'Harcourt, dont la postérité le porta jusqu'à la Révolution.

ARMAGNAC (Bernard VII, comte d'), chef de la faction dite des Armagnacs, fut mis en possession de son comté en 1391 par la mort de son frère Jean III (V. ci-dessus). Dans les querelles des maisons de Bourgogne et d'Orléans, qui désolèrent la France pendant la démence de Charles VI, il embrassa le parti du duc d'Orléans, dont le fils, Charles d'Orléans, était son gendre, et devint bientôt l'âme de cette faction. Après l'assassinat du duc d'Orléans par le duc de Bourgogne, 1407, il se mit à la tête des partisans de la victime, combattit la faction de Bourgogne, finit, après des succès divers, par entrer dans Paris à la tête d'une armée, 1413, se fit nommer par la reine Isabeau connétable, puis premier ministre, et s'empara de toute l'autorité, 1415. Mais il ne tarda pas à se rendre odieux par ses exactions et sa tyrannie, et rompit avec la reine, qui alla chercher un asile à la cour de Bourgogne, 1418. Les mécontents ayant réussi à introduire les Bourguignons dans Paris, toute la ville se souleva contre le comte d'A. et il se vit contraint de se cacher; mais il fut découvert dans sa retraite, et massacré avec un grand nombre des siens par la populace furieuse.

ARMAGNAC (Jean V, comte d'), petit-fils du préc., fut accusé sous Charles VII d'avoir entretenu des intelligences avec les Anglais, et condamné par le parlement au bannissement et à la perte de ses biens, 1460. Louis XI, à son avénement, le rappela et lui rendit ses biens, 1461; mais il ne paya ce prince que d'ingratitude : il entra dans la Ligue du Bien public, embrassa le parti du duc de Guyenne, frère du roi et son ennemi acharné, et livra les côtes de France aux Anglais et aux Aragonais. Condamné de nouveau, il résista les armes à la main et s'enferma dans Lectoure, où il soutint un long siége contre le cardinal Joffrédy. Celui-ci lui proposa de traiter; mais pendant qu'on négociait, les troupes royales entrèrent dans la place par trahison, et le comte d'Armagnac fut assassiné, 1473. Ce seigneur avait conçu un amour incestueux pour sa sœur Isabelle : il l'épousa publiquement malgré les foudres du Vatican, et en eut plusieurs enfants. – Son frère, Charles d'Armagnac, condamné avec lui, resta 14 ans à la Bastille et n'en sortit que sous Charles VIII, qui lui rendit l'Armagnac.

ARMAGNAC (Jacques d'), duc de Nemours, petit-fils du connétable Bernard d'Armagnac, mais issu d'un fils cadet, fut dans sa jeunesse comblé de bienfaits par Louis XI, qui lui fit épouser une de ses cousines, l'investit du duché de Nemours et lui confia des commandements importants. Loin de se montrer reconnaissant, Jacques d'Armagnac se rangea parmi les ennemis du roi, et accéda à la Ligue du Bien public. Il obtint deux fois son pardon; mais ayant pris part à de nouvelles intrigues, il fut assiégé et pris dans Carlat, et amené à la Bastille, où le roi irrité le fit enfermer dans une cage de fer. Condamné par le parlement, il fut mis à mort en 1477, à peine âgé de 40 ans. Ses fils, encore en bas âge, furent, dit-on, forcés d'assister à son supplice, et placés sous l'échafaud pour recevoir sur leur tête le sang de leur père; mais cet acte odieux est fortement contesté.

ARMAGNAC (Louis d'), duc de Nemours, troisième fils du précédent, n'avait que 5 ans lors du supplice de son père. Il fut détenu à la Bastille jusqu'à la mort de Louis XI. Charles VIII le mit en liberté et lui rendit une partie de ses biens; il accompagna ce prince dans son expédition en Italie et s'y distingua. Louis XII le nomma vice-roi de Naples : mais il éprouva plusieurs échecs, et périt à Cérignole en combattant les Espagnols, 1503. Avec lui s'éteignit cette branche de la maison d'Armagnac.

ARMAGNACS (faction des), opposée à celle des Bourguignons. V. ARMAGNAC (Bernard VII, comte d').

ARMANÇON, riv. de France, naît au S. de Pouilly (Côte-d'Or), baigne Semur, Nuyts, Ancy-le-Franc, Tonnerre, St-Florentin, Brinon-l'Archevêque, et se perd dans l’Yonne, à La Roche, à 18 k. N. d’Auxerre, après un cours de 200 kil., dont 120 flottables.

ARMAND. Les poëtes du xviie siècle désignent souvent par ce prénom le cardinal de Richelieu.

ARMATOLES, milice grecque de la Thessalie, instituée au commencement du xvie siècle par Sélim I, dans le but de s’opposer aux incursions des montagnards connus sous le nom de Klephtes (brigands). Lors de l’insurrection grecque, en 1821, les Armatoles s'unirent aux Klephtes contre les Turcs, et servirent puissamment la cause de l'indépendance : Botzaris est un de leurs chefs les plus illustres.

ARMÉNIE, Armenia, contrée de l’Asie occident., située entre l’Iméréthie et la Géorgie au N., le Kurdistan et l’Aderbidjan à l’E., l’Algézireh au S., l’Anatolie à l’O. Ses limites ont du reste très-souvent changé. - Elle peut se partager en Arménie turque et en Arménie russe : la 1re comprend les pachaliks d’Erzeroum, de Kars et de Van, à l’O. et au S.; la 2e se compose de l’Érivan à l’E., qui formait autrefois l’Arménie persane, et du pachalik d’Akhaltsiké au N., qui naguère était aux Turcs. V. princ.: Erzeroum, Kars, Van, Ani, Erivan, Nakhchivan, etc. L’Arménie est traversée par des chaînes de montagnes qui unissent le Caucase et le Taurus ; la plus connue est le mont Ararat. L’Euphrate, le Tigre, l’Aras (Araxe) et le Kour (Cyrus) prennent leur source dans cette contrée ; on y trouve un grand lac, le lac de Van. Le climat de l’Arménie est très-varié ; les montagnes sont couvertes de neiges éternelles, mais les vallées sont de la plus grande fertilité (on a même voulu y placer le paradis terrestre). Les montagnes renferment de riches mines d’or, d’argent, de cuivre, de fer et de plomb ; des carrières de marbre et de jaspe. Les Arméniens sont d'un caractère souple, poli, insinuant, mais peu sûr ; ils sont très-adonnés au commerce. On les trouve répandus dans toute l’Asie, surtout dans l’Arabie et la Turquie ; et en Europe, dans la Grèce et à Venise. Ils ont une langue à part, l’une des plus anciennes du monde, qui appartient à la famille des langues ariennes. Ils possèdent une littérature assez riche, dont Moïse de Khorène est la principale gloire. Les Arméniens sont Chrétiens depuis le ive siècle : ils furent convertis par S. Grégoire l’Illuminateur, évêque de Césarée. Le plus grand nombre forme une église particulière, l'église arménienne, qui, suivant l’hérésie d’Eutychès, n’admet en J.-C. qu'une seule nature, et qui ne reconnaît point la suprématie du pape ; ils ont un patriarche qui réside à Etchmiazme, près du mont Ararat.

Arménie ancienne. Elle se divisait en Grande Arménie (Armenia Major), et Petite Arménie (Armenia Minor). La Grande Arménie était située entre l’Euphrate à l’O., le Tigre au S., l’Assyrie et l’Atropatène à l’E., et l’Ibérie au N. Elle comprenait un grand nombre de provinces, dont les principales sont nommées : 1e Acilisène, Sacasène, Basilisène, Catarzène, Phasiane, Colthène (entre l’Euphrate et l’Aras); 2e Sophène, Arzanène, Chorzène, Bagraydanène, Cordyène, Cotée, Moxoène, Caranitide (entre l’Euphrate et le Tigre); 3e Orbalisène, Otène, et le pays des Obareni, Taochi, Scythini, Sanni (entre l’Araxe et l’Ibérie). Artaxata, auj, Ardech, était la capit. de tout le pays. — La Petite Arménie était située à l’O. du Haut-Euphrate, entre la Colchide, la Cappadoce et la Comagène. Lorsqu’elle eut été réduite en province romaine, elle fut divisée en 5 préfectures : Mélitène, Cataonie, Muriane, Laviane et Rhavène. Plus tard on la partagea en Arménie 1re, ch.-l. Satala et Arménie 2e, ch.-l. Simbra. Le nom de Petite Arménie fut aussi donné au roy. d’Arménie fondé par les Grecs en 179.

Histoire. L’histoire de l’Arménie remonte jusqu’à Noé. Ce fut d’abord un État indépendant, gouverné par des rois, dont le 1er fut Haïg, issu de Noé, qui régnait vers 2107 av. J.-C. Aram, un des successeurs d’Haïg, s’illustra par ses conquêtes : c’est de lui que les Arméniens tirent leur nom. Soumis par Sémiramis, les rois d’Arménie reconnurent la suprématie de l’Assyrie, puis celle de la Perse. En 328 av. J.-C., sous le règne de Vahé, le dernier des Haïganiens, l’Arménie fut conquise par les Macédoniens ; elle passa depuis sous la domination des Séleucides. Elle secoua le joug l’an 189 av. J.-C., et forma dès lors deux royaumes distincts : la Grande et la Petite Arménie. Cette dernière, après avoir eu longtemps des rois particuliers, fut réduite en province romaine vers l’an 75 de J.-C. Quant à la Grande Arménie, elle jouit de quelque éclat sous les règnes d’Artaxias, fondateur d’Artaxate (189-159), et de Tigrane, l’allié de Mithridate (95), qui résista énergiquement aux Romains, mais qui fut forcé en 64 av. J.-C. de reconnaître leur autorité. Pendant les deux premiers siècles de l’empire romain, l’Arménie fut régie par une branche de la dynastie des Arsacides, qui régnaient déjà sur les Parthes, et fut un éternel sujet de guerres entre les Parthes et les Romains. De 232 à 386 après J.-C., les Sassanides, rois perses, régnèrent sur l’Arménie privée de ses rois. En 387, Théodose le Grand la partagea avec les Perses ; mais Bahram III, roi sassanide, réunit toute l’Arménie à son empire (398). Néanmoins la dynastie des Arsacides subsistait encore ; elle ne s’éteignit qu'en 428, en la personne d’Ardachès, qui fut déposé. L'Arménie retomba alors entièrement sous le joug des Perses. Après la chute des Sassanides (652), l’Arménie fut longtemps en proie à d’horribles convulsions ; elle retrouva un peu de repos sous la dynastie de Pagratides (855-1079). Les Grecs s’emparèrent en 1079 de la Petite Arménie ; puis, y ajoutant la Cilicie, ils en firent un roy. dont Anazarbe fut la capitale. Ils en furent expulsés en 1182 par Rupen, prince de la famille des Pagratides. Ce prince fit, ainsi que ses successeurs, de nombreuses alliances avec les Croisés établis en Syrie. En 1320, la dynastie des Rupéniens fut remplacée par des princes issus de Lusignan, roi de Chypre. Cette dernière dynastie fut renversée en 1373 par les Mongols, et dès lors l’Arménie cessa d’avoir une existence indépendante. Elle passa successivement sous le joug des Turcs seldjoucides et sous celui des Turcs ottomans. Les Persans enlevèrent ensuite aux Turcs une partie de leurs conquêtes et furent eux-mêmes dans ces derniers temps remplacés par les Russes, qui partagent auj. avec la Turquie la possession de l’Arménie.

ARMENTIÈRES, ch.-l. de cant. (Nord), sur la Lys, à 18 kil. N. O. de Lille, sur la frontière ; 8795 hab. Fortifications détruites. Collége, hospice d'aliénés, haras. Genièvre, linge de table ; construction de bateaux, etc. Commerce de grains, vin, eau-de-vie, tabac, fer, etc.

ARMIDE, personnage tout imaginaire de la Jérusalem délivrée du Tasse. C’était une enchanteresse, type de la beauté jointe à la séduction. Longtemps elle retint dans ses jardins enchantés Renaud, le plus brave des Croisés ; elle se livra au plus violent désespoir quand, pour obéir à la voix de l’honneur, le héros s’arracha de ses bras. Gluck et Rossini ont traité ce sujet dans deux opéras célèbres.

ARMINIENS ou remontrants, secte de la religion réformée. V. arminius (Jacques).

ARMINIUS ou hermann, fameux général des Chérusques, tailla en pièces les légions de Varus dans les défilés de Teutbourg (Teutoburgiensis saltus), l’an 9 de J.-C., se soutint longtemps avec avantage contre les forces romaines, commandées par Germanicus, et les contraignit enfin à abandonner la Germanie. Dans la suite, ayant aspiré au titre de roi, il fut empoisonné par un de ses compatriotes (19). Il n’avait que 37 ans. Arminius avait été élevé à Rome et avait longtemps joui de la confiance d’Auguste et de Varus lui-même. Après sa mort, les Germains en firent, dit-on, un dieu sous le nom d’Irminsul.

arminius (Jacques) ou harmensen, théologien protestant, né à Oude-Water en 1560, mort en 1600, fut ministre à Amsterdam (1588), et professa la théologie à Leyde (1603). Il combattit la doctrine des Supralapsaires, nia la prédestination, enseignée par Calvin, admit la doctrine du pardon pour tous les repentants, et s’efforça de réunir toutes les communions chrétiennes. Ses sectateurs, qui sont encore très-nombreux en Hollande, sont nommés Arminiens ; on les appelle aussi Remontrants, parce qu’ils exposèrent leur doctrine dans un mémoire intitulé Remontrances, qu’ils adressèrent en 1610 aux États de Hollande. Arminius eut à soutenir à Leyde des contestations fort vives, surtout avec Gomarus, zélé Calviniste, dont les partisans sont appelés Gomaristes. — Exclus en 1618 par le synode de Dordrecht de la communauté synodale, les Arminiens jouissent depuis 1630 d’une complète tolérance. Les écrits d’Arminius ont été publiés à Francfort, 1631, in-4. Ses Epistolæ ont paru en 1684, Amst., in-4. G. Brandt a donné sa Vie, Leyde, 1724.

ARMORIQUE, Armorica (des mots celtiques ar mor, la mer), nom donné aux côtes de la Gaule le long de la Manche et de l’Océan, de l’embouchure de la Seine à celle de la Loire, comprenant toute la Bretagne actuelle. Le nom d’Armorique paraît même avoir été quelquefois étendu à toute la partie occidentale des côtes de la Gaule, le long de l’Océan Atlantique. - Les cités armoricaines se soulevèrent contre les Romains en 408 et formèrent dès lors une puissante confédération.

ARMSTRONG (Jean), médecin et poëte écossais, né en 1709 à Castleton, près d’Édimbourg, mort en 1779, fut nommé en 1746 médecin de l’hôpital militaire de Buckingham, et en 1760 médecin de l’armée d’Allemagne. Il a laissé quelques écrits sur la médecine, mais il est surtout connu comme littérateur. On lui doit un Essai pour abréger l’étude de la Médecine (1735), satire ingénieuse dirigée contre les empiriques ; l’Économie de l’amour (1737), poëme auquel on reproche quelques peintures licencieuses ; l’Art de conserver la santé (1744), poème didactique estimé, trad. en 1817 par M. Monne ; le Jour (1760), poëme descriptif, et des Essais divers, publiés sous le nom de Lancelot Temple.

ARNAC-POMPADOUR, vge du dép. de la Corrèze, à 30 kil. N. O. de Brives ; 1386 hab. Haras. Ancien marquisat. Aux env., ancien château bâti en 1026 ; donné par Louis XV à Mme d’Étioles, qui prit de là le nom de marquise de Pompadour.

ARNAUD, nom de plusieurs troubadours des XIIe et XIIIe s. Le plus connu est Daniel Arnaud de Riberac, dit le Ménestrel, mort vers 1189, loué par Dante et Pétrarque comme grand maître d’amour et comme le premier poète de la langue romane. Il a laissé des poèmes érotiques (manuscrits à la Bibliothèque impériale) ; il créa la sestine, strophe de 6 vers.

ARNAUD de Brescia, célèbre hérétique du XIIe s., né en 1100, vint jeune en France où il suivit les leçons d’Abélard, puis retourna en Italie et prit l’habit monastique. Il prétendit réformer le clergé et faire revivre la primitive église ; il soutenait que les ecclésiastiques ne peuvent posséder de biens temporels sans être damnés. Il se fit un grand nombre de partisans et excita des troubles dans plusieurs villes, où le peuple, à son instigation, prit les armes contre les ecclésiastiques. Condamné par le pape Innocent II et par le concile de Latran en 1139, il se retira quelque temps en Suisse ; mais en 1144, voyant croître son parti, il vint à Rome, d’où il chassa successivement les papes Lucius II et Eugène III. Alliant la réforme politique à la réforme religieuse, il rétablit la république et forma un sénat. Il resta maître de Rome pendant 10 ans ; mais au bout de ce temps le pape Adrien IV réussit à y rentrer. Arnaud se réfugia en Toscane ; mais ayant été pris par l’empereur Frédéric Barberousse qu’Adrien avait appelé à son secours, il fut livré au préfet de Rome qui le fit décapiter ou selon d’autres brûler vif au château St-Ange, 1155.

ARNAUD de Villeneuve, savant du XIIIe siècle, né en 1238 à Villeneuve en Languedoc ou en Catalogne, se distingua à la fois par ses profondes connaissances en médecine, en chimie, en astrologie et en théologie. Il voyagea en France, en Italie et en Espagne pour s’instruire, et séjourna longtemps à Paris et à Montpellier, exerçant la médecine. Se piquant aussi d’être théologien, il se fit condamner par l’Université de Paris pour avoir soutenu plusieurs propositions hérétiques. Il se réfugia en Sicile auprès de Frédéric d’Aragon. Le pape Clément V, étant tombé malade, l’appela auprès de lui pour le soigner ; mais il périt dans la traversée de Naples à Avignon, en 1314. Arnaud de Villeneuve a surtout fait avancer la chimie : il découvrit les acides nommés depuis sulfurique, muriatique et nitrique, et sut, dit-on, le premier extraire l’alcool et l’essence de térébenthine. Malgré ses lumières, il s’adonna à l’astrologie et voulut prédire la fin du monde. Ses œuvres ont été publiées à Lyon, en 1504 et en 1520, avec une Vie de l’auteur.

ARNAUD AMALRIC, inquisiteur. V. ARNAUD.

ARNAUD-BACULARD (Fr. Thomas-Marie DE BACULARD, connu sous le nom d’), littérateur médiocre, né à Paris en 1718, d’une famille noble du comtat Venaissin, mort en 1805, fit des vers dès l’âge de 9 ans : il avait déjà composé trois tragédies à 17 ans. Voltaire remarqua ses essais, le soutint de ses conseils et même de sa bourse ; le roi de Prusse Frédéric le choisit pour son correspondant, puis l’appela à Berlin, mais Arnaud n’y resta qu’un an. Il fut nommé vers 1751 conseiller de la légation française à Dresde, puis il revint se fixer à Paris où il se livra tout entier à la composition de ses écrits. Il adopta un genre lugubre et sombre qui eut faveur pendant quelque temps. Malgré le succès de ses œuvres, il ne s’enrichit pas et finit même dans sa vieillesse par tomber dans une profonde misère. Ses principales productions sont : les Épreuves du sentiment, 1772-81 ; les Délassements de l’homme sensible, 1783-93 ; les Loisirs utiles, 1793 ; l’Histoire de M. et Mme Labédoyère. Parmi ses pièces de théâtre, la plus connue est le comte de Comminges, drame fort noir, représenté en 1790. Il a aussi composé des poésies, oubliées aujourd’hui. Presque tous ses écrits sont d’une prolixité fatigante.

ARNAULD (Antoine), avocat du XVIe siècle, issu d’une noble et ancienne famille d’Auvergne, né à Paris en 1560, mort en 1619, se fit recevoir avocat au parlement de Paris, et honora sa profession par son éloquence et sa probité. Henri IV voulut l’entendre, et le nomma avocat général et conseiller d’État. Il prononça en 1594 un plaidoyer, devenu fameux, en faveur de l’Université contre les Jésuites (imprimé à Paris et à Lyon, 1594-95), et rédigea, en 1602, un Mémoire au roi pour empêcher le rappel de cette compagnie (imprimé en 1602 et 1610, in-8). Il a composé aussi un assez grand nombre de pamphlets politiques. Ant. Arnauld eut 22 enfants, dont plusieurs se sont illustrés. Il restaura le monastère de Port-Royal-des-Champs, dont sa fille, la mère Angélique, fut supérieure.

ARNAULD d’Andilly (Robert), fils aîné du précédent, né à Paris en 1589, mort en 1674, parut de bonne heure à la cour et n’y fit usage de son crédit que pour rendre service. A l’âge de 55 ans, il quitta le monde pour se retirer à Port-Royal, où il se livra aux lettres et au jardinage. Il a composé un grand nombre d’ouvrages de piété et a donné des traductions estimées des Confessions de S. Augustin, 1649 ; des Vies des PP. du désert, 1653 ; de l’Histoire des Juifs de Josèphe, 1667-68 ; des Œuvres de Ste Thérèse, 1670. Il a laissé des Mémoires sur sa vie, publiés en 1734 (et dans la collection de Mémoires de Petitot, 1824), ainsi qu’un Journal, qui n’a paru qu’en 1857. Il fut père de Simon Arnauld, marquis de Pomponne, ministre sous Louis XIV.

ARNAULD (Antoine), célèbre théologien, frère du précéd. et le 20e des enfants d’Ant. Arnauld, né à Paris en 1612, se fit recevoir docteur en théologie en 1641, et fut attiré au Jansénisme par St-Cyran. Il commença à se faire connaître par le traité De la fréquente communion, 1643, ouvrage dicté sans doute par une piété ardente, mais rempli d'exagération; il s'engagea bientôt dans les querelles sur la grâce, prit parti pour Jansénius, publia deux Apologies de cet évêque, 1644 et 1645, et écrivit à ce sujet plusieurs pamphlets qui le firent censurer par la Sorbonne et exclure de la faculté de théologie, 1656. Alors il alla s'enfermer à Port-Royal : il y resta douze ans; c'est dans cette retraite qu'il composa, soit seul, soit avec Nicole, Lancelot, Pascal, ses amis, ces ouvrages de théologie, de logique, de métaphysique, de grammaire, de géométrie, qui firent la réputation de la société dont il était l'âme. De retour à Paris en 1668, lors de la paix de Clément IX, il résolut, afin d'éviter de nouvelles disgrâces, de tourner ses armes contre les Calvinistes, et publia avec Nicole, le célèbre traité de la Perpétuité de la foi; mais l'attachement qu'il gardait au Jansénisme le rendant suspect, Louis XIV donna l'ordre de l'arrêter. Il fut quelque temps obligé de se cacher à Paris; puis il se réfugia à Bruxelles, où il continua à combattre les Protestants, et où il eut de vifs démêlés avec le ministre Jurieu. En 1683, il s'engagea dans une nouvelle lutte, et attaqua la doctrine du P. Malebranche sur la grâce et sur la vision en Dieu. Il mourut en 1694, dans les bras du P. Quesnel. Les Jansénistes, dont il était le plus ferme appui, l'ont surnommé le grand Arnauld. Il est à regretter qu'une ardeur trop vive pour la dispute ait consumé les efforts d'un homme qui aurait pu si bien servir la religion et la science. A la fin de sa vie et pendant son exil, Nicole lui exprimait le désir de se reposer de leurs luttes perpétuelles : « Vous reposer! lui dit-il, eh! n'avez-vous pas pour vous reposer l'éternité entière? » Arnauld a prodigieusement écrit; les divers ouvrages qu'il a publiés ne forment pas moins de 135 vol. On les a réunis en 48 tomes in-8, Lausanne, 1775-83, avec une Vie de l'auteur. Les principaux de ses ouvrages, outre ceux que nous avons déjà cités, sont : la Grammaire générale et raisonnée, faite avec Lancelot, 1660; l’Art de penser, fait avec Nicole, 1662, ouvrages destinés aux écoles de Port-Royal; plusieurs volumes de la Morale pratique des Jésuites, 1669-1694, 8 vol. in 12; Réflexions sur l'éloquence des prédicateurs, 1695; Objections sur les Méditations de Descartes; Des vraies et des fausses idées (contre le système de Malebranche), 1683. On a aussi de lui une Instruction sur la Grâce, ouvrage posthume (1700), qui fut mis à l’Index.

ARNAULD (Angélique), dite la Mère Angélique le Ste-Madeleine, fille de l'avocat et sœur du théologien, 1591-1661, fut abbesse de Port-Royal à 14 ans, se fit de bonne heure remarquer par la force de son caractère, rétablit l'esprit sévère de l'institut de S. Bernard, et dirigea à la fois le monastère des Champs et celui de Paris. Elle laissa une grande réputation de savoir et de piété; mais, dirigée par St-Cyran, elle épousa avec chaleur la cause du Jansénisme. Ses Lettres ont été publiées à Utrecht, 1712. – Elle eut pour coadjutrice la Mère Agnès, sa sœur, 1593-1671, qui eut à subir de dures persécutions pour son attachement au Jansénisme, et à qui l'on doit : l’Image de la religieuse parfaite, 1665, et les Constitutions de Port-Royal. M. P. Faugère a publié un recueil fort intéressant de ses Lettres, 1858. — Leur nièce, la Mère Angélique de St-Jean (1624-1684), a laissé quelques écrits, publiés par D. Clémencet en 1760, et a eu part à la rédaction du Nécrologe de Port-Royal.

ARNAULD DE POMPONNE. V. POMPONNE.

ARNAULT (Ant. Vincent), né à Paris en 1766, mort en 1834, se fit connaître au commencement de la Révolution par des tragédies républicaines, Marius à Minturnes, 1791, Lucrèce, 1792, qui eurent un grand succès, mais il n'en fut pas moins forcé d'émigrer pendant la Terreur. Il s'attacha de bonne heure à Bonaparte, accompagna en Égypte, fut chargé par lui du gouvernement des îles Ioniennes, puis devint conseiller de l'Université. Élu pendant les Cent-Jours membre de la chambre des représentants, il fut exilé par les Bourbons (1816), et ne put rentrer en France qu'en 1819. Admis à l'Institut dès 1799, il en fut exclu à la Restauration à cause de son attachement à l'Empereur, y rentra en 1829 à la faveur d'une nouvelle élection, et devint, en 1833, secrétaire perpétuel de l'Académie française. Ses Œuvres ont été publiés en 8 vol. in-8, Paris, 1824-1827. Outre Marius et Lucrèce, on y remarque Cincinnatus, 1795; les Vénitiens, 1799; le Roi et le laboureur, 1802; enfin, Germanicus, tragédie jouée en 1817 pendant son exil et qui donna lieu à quelques troubles; des poésies diverses, et des fables fort estimées. On a encore de lui une Vie de Napoléon, 1822, et les Souvenirs d'un sexagénaire, 1833. — Son fils (Lucien Émile), 1787-1863, est auteur de plusieurs tragédies : Pertinax, Régulus, Pierre de Portugal, Le dernier jour de Tibère, etc.

ARNAUTES, d'un mot qui signifie vaillant dans la langue du pays, peuple belliqueux qui habite dans les montagnes de l'Albanie et dans la partie de l'Illyrie située au S. de Drino et de Scutari. Ils se donnent à eux-mêmes le nom de Skypétars. Ils servent à recruter la milice des Turcs. -

ARNAY-LE-DUC, ch.-l. de cant. (Côte-d'Or) sur l'Arroux, à 33 N. O. de Beaune; 2274 h. Collége. Coligny y battit en 1570 les Catholiques commandés par le maréchal de Cossé.

ARND (J.), théologien, né à Ballenstadt (Anhalt) en 1555, mort en 1621, ministre de la religion réformée à Quedlinbourg, à Brunswick, à Celle, a composé des écrits pleins d'une piété douce et mystique, qui lui ont valu le surnom de Fénelon de la Réforme. Le plus célèbre est le Vrai Christianisme (en allemand), 1609, trad. en franç. par Beauval.

ARNDT (Ern. Maurice), poëte allemand, né en 1769 à Schoritz (île de Rugen), mort en 1860, fut professeur d'histoire à l'Université de Greifswald (1806), puis à celle de Bonn (1818), et composa plusieurs ouvrages d'histoire estimés; mais il s'est surtout fait connaître par des poésies nationales qui contribuèrent en 1812 à soulever l'Allemagne contre l'influence française et qui furent accueillies avec enthousiasme. Ces poésies, parmi lesquelles on remarque le Chant funèbre de Seckendorf, les Chants guerriers de Blucher, la Patrie de l'Allemand, ont été rassemblés, de 1813 à 1815, sous le titre de Chants de guerre. Persécuté après 1814 comme libéral, il fut destitué et exilé. En 1848' il fut élu député des prov. rhénanes à l'Assemblée nationale de Francfort, mais il y joua un rôle peu important. Il fit paraître en 1855 àBerlin un dernier recueil sous le titre de Poésies spiritualistes.

ARNE (Thomas-Aug.), compositeur anglais, né à Londres en 1708, mort en 1778, fit, pour le théâtre de Drury-Lane, la musique de plusieurs opéras célèbres : la Rosamonde d'Addison, l’Alfred de Thompson et Mallet etc. Il est l'auteur de plusieurs oratorios et du fameux chant national Rule, Britannia (Règne, Angleterre). Son genre est un mélange des styles anglais, écossais et italien.

ARNE MAGNUSSEN, savant islandais, 1663-1730, devint, après avoir fait de nombreux voyages, professeur et bibliothécaire de l'Université de Copenhague. Il a laissé une Chronique des Danois, Leips., 1696. Il avait amassé d'immenses matériaux, pour l'histoire de l'Islande, lorsqu'ils furent détruits par un incendie (1728). Il légua 1800 mss. à l'Université de Copenhague.

ARNHEIM, Arnoldi villa, v. des Pays-Bas, capit. de la Gueldre, sur le Rhin, r. dr., à 75 k. S. E. d'Amsterdam; 10 000 hab. Place forte, dont les fortifications sont dues à Cohorn; pont de bateaux, belle cathédrale, ancien palais des ducs de Gueldre. Fabriques de papier; commerce de transit entre l'Allemagne et la Hollande. Ville autrefois anséatique; prise par Louis XIV en 1672.

ARNHEIM (Terre d'). V. AUSTRALIE.

ARNHEIM ou ARNIM, famille allemande, originaire de Hollande, remonte en Allemagne au Xe siècle. Elle a fourni plusieurs hommes remarquables, entre autres le général J. G. d'Arnheim, né en 1581 dans l'Uckermarck (Brandebourg), mort en 1641. Il joua un rôle équivoque dans la guerre de Trente ans : il servit d'abord la Suède, puis la Pologne, passa en 1626 sous les ordres de Wallenstein, puis, en 1631, prit le commandement des troupes de l'électeur de Saxe et battit les Impériaux en plusieurs rencontres. Il s'était retiré dans ses terres après la paix de Prague, lorsque les Suédois l'enlevèrent en 1637, et le conduisirent à Stockholm comme coupable de trahison envers Gustave-Adolphe; mais il réussit à s'évader. Il venait de reprendre un commandement dans les troupes impériales lorsqu'il mourut. Quoique protestant zélé en apparence, Arnheim passa toujours pour un jésuite déguisé. Les Catholiques l'avaient surnommé, à cause de sa tempérance, le Capucin luthérien.

ARNIM (L. ACHIM d'), romancier de Berlin, 1781-1831, s'exerça comme Hoffmann dans le genre fantastique et se plut dans les peintures sombres et effrayantes. On a de lui le Cor merveilleux (Heidelb., 1806), recueil de chants populaires, le Jardin d'hiver, 1819, recueil de nouvelles, la Comtesse Dolorès, 1800, Isabelle d'Égypte, 1811, tableau de la vie des Bohémiens, et quelques drames. Ses OEuvres, publiées à Berlin de 1839 à 1844, forment 12 vol.

ARNO, Arnus, riv. de Toscane, sort du mont Falterona, passe à Florence et à Pise, reçoit l'Elsa, et se jette dans la Méditerranée après un cours de 250 k. Cette riv., faible en été, devient en hiver un torrent dont les débordements font souvent de grands ravages. Navigation difficile vers l'embouchure. — Sous l'Empire, l'Arno donna son nom à un dép. qui avait pour ch.-l. Florence.

ARNOBE, Arnobius, apologiste latin de la religion chrétienne, né vers le milieu du IIIe siècle, à Sicca en Numidie, enseignait d'abord les lettres et la philosophie païenne. Il se convertit vers l'an 300, et écrivit comme gage de sa nouvelle foi un Traité contre les Gentils (Disputationum adverses gentes libri VII), publié à Rome, 1542, à Leyde, 1651, avec un comment. de Saumaise, et à Leipsick avec notes, par J. C. Orellius, 1816-1817, 2 vol. in-8. Il eut pour disciple Lattante. — Un autre Arnobe, qui vivait au Ve siècle, à Marseille ou au monastère de Lérins, a laissé un Commentaire sur les Psaumes.

ARNOLD (Ben.), général américain, né vers 1745, dans le Connecticut, mort en 1801, servit d'abord avec distinction la cause de l'indépendance, et fut nommé commandant de Philadelphie en 1778, puis chargé de la défense de West-Point, poste important, près de New-York. Humilié d'une condamnation qu'il avait cependant méritée, il trahit son parti, et tenta de livrer la place au général anglais Clinton (1780); mais il fut découvert à temps. Il se sauva auprès des Anglais, et porta les armes contre sa patrie.

ARNOLD Melchthal, Winkelrield. V. MELCHTHAL, etc.

ARNOLFO DI LAPO, nom de deux architectes italiens du XIIIe siècle, père et fils, dont les ouvrages marquent le passage du style gothique au retour vers le goût de l'antique. Le fils, à la fois architecte et sculpteur, 1232-1300, est bien supérieur au père. C'est lui qui fit construire la cathédrale de Florence (Sta-Maria-del-Fiore), qui fut achevée par Brunelleschi.

ARNON, torrent de Palestine, sort des monts Galaad et se perd dans la mer Morte; 80 k. de course.

ARNON, riv. de France, prend sa source dans le dép. de la Creuse, arrose ceux de l'Allier et du Cher, passe à Cullan, Lignières, Charost et tombe dans le Cher, au-dessous de Vierzon, après un cours d'env. 130 k.

ARNOUL (S.), père d'Anségise et aïeul de Pépin d'Héristal, né vers 580, mort en 640, occupa plusieurs emplois à la cour de Théodebert II, roi d'Austrasie, embrassa l'état ecclésiastique après la mort de sa femme, fut élevé à l'évêché de Metz en 614, et se retira au monastère de St-Mort dans les Vosges. On le fête le 16 août.

ARNOUL de Carinthie, empereur d'Allemagne, de la race de Charlemagne, était fils naturel de Carloman, roi de Bavière, et petit-fils de Louis le Germanique, et fut d'abord duc de Carinthie. Après la déposition de Charles le Gros, il fut élu roi de Germanie à la diète de Tribur (888) ; il se fit ensuite reconnaître à Pavie comme roi d'Italie, puis se rendit à Rome, où le pape Formose le couronna empereur (896). Il combattit les Normands et les Moraves et mourut en 899; on le crut empoisonné. Il eut pour successeur son fils Louis IV, dit l’Enfant, le dernier des Carlovingiens en Germanie.

ARNOUL, le Mauvais, fils de Luitpold, fut élu duc de Bavière à la mort de l'emp. Louis IV, et régna en Bavière de 912 à 937. A la mort de Louis l'Enfant, il disputa, mais sans succès, à Conrad le trône de Germanie. Son fils aîné ne put conserver son héritage. — Son 2e fils, nommé aussi Arnoul, fut comte palatin du Rhin, et devint la tige de la maison de Wittelsbach, qui rentra en possession du duché de Bavière en 1180.

ARNOULD (Sophie), actrice de l'Opéra, née à Paris vers 1740, morte en 1803, débuta en 1757, et se retira en 1778. Elle se distinguait par une expression vraie et une voix touchante. Elle acquit une grande célébrité par ses bons mots, dont A. Deville a fait un recueil Intitulé Arnoldiana, 1813.

ARNTZENIUS (Jean), né à Wesel en 1702, mort en 1759, fut professeur d'histoire et d'éloquence à l'athénée de Nimègue (1728), et occupa en 1742 la chaire de Burmann à Franeker. On a de lui des éditions d’Aurelius Victor (Amsterdam, 1733), du Panégyrique de Trajan, par Pline (1738), de celui de Pacatus (1753), et quelques ouvrages originaux, entre autres un curieux traité De Luna habitabili, 1726. — Son frère Othon A., professeur de belles-lettres à Utrecht, à Gouda, à Amsterdam, a publié les Distiques de Caton (1735 et 1754), et de savantes dissertations De Miltiario aureo, De Mercurio, etc. — J. Henri A., fils du 1er Jean, a donné Sedulius, 1761; Arator, 1769, et les Panegyrici veteres, Utrecht, 1790.

ARNULF ou ARNULPHE. V. ARNOUL.

ARNUS, riv. d'Italie, est auj. l'Arno.

AROLSEN, v. de la Principauté de Waldeck, sur l'Aar, à 17 k. N. de Waldeck.; 2400 h. Résidence du prince. Musée riche en médailles et manuscrits.

ARONA, ville et port des États sardes, sur le lac Majeur, à 18 k. S. de Palanza; 4000 h. Chantier de construction. Patrie de S. Charles Borromée : on voit, sur une éminence auprès de la ville, la statue colossale du saint, en bronze, érigée en 1697.

AROUDJ, dit Barberousse. V. BARBEROUSSE.

AROUN-AL-RASCHID. V. HAROUN.

ARPAD, khan ou chef des Hongrois à la fin du IXe siècle vint avec sa nation, chassée des bords du Volga, s'établir sur les bords de la Theiss, et combattit les Moraves comme allié de l'empereur Arnoul (vers 895). Sous le faible fils de ce prince, Louis l'Enfant, il s'empara, en 911, de la Pannonie, que les Hongrois ont depuis gardée. — Arpad a donné son nom à la dynastie des Arpades, qui conserva le trône de Hongrie jusqu'à la mort d'André III (1301).

ARPAJON, nommé jadis Châtres, ch.-l. de cent. (Seine-et-Oise), à 24 k. O. de Corbeil, et 32 k. S de Paris; 1829 h. Cette v. est située dans une belle vallée, au confluent de l'Orge et de la Remarde.

ARPHAXAD, fils de Sem, vint au monde deux ans après le déluge et fut père de Salé, qui lui-même fut père d'Héber. - Roi de Médie cité dans le livre de Judith. On le croit le même que Phraorte, fils et successeur de Déjocés.

ARPI, en grec Argos Hippium ou Argyrippe, v. d'Apulie, près de la Daunie, avait été bâtie, dit-on, par Daunus ou par Diomède. Elle était près de la v. actuelle de Foggia.

ARPINO, Arpinum, v. du roy. d'Italie (Terre de Labour), à 13 k. S. de Sora; 10 800 h. Arpinum appartint aux Volsques, puis aux Samnites, enfin aux Romains (302 av. J.-C.). Patrie de Marius, de Cicéron, et du peintre Joseppin.

ARQUES, Archiæ, bourg de France (Seine-Inf.), au confl. de l'Arques et de la Béthune à 6 k. S. E. de Dieppe; 950 h. Jadis fortifié. Célèbre par la victoire qu'Henri IV y remporta sur le duc de Mayenne le 13 septembre 1589. — La riv. d'Arques coule du S. au N. O., arrose Grand-Torcy, Arques, et se jette dans la mer à Dieppe; cours : 50 k.

ARRABO, riv. de Pannonie, est auj. le Raab.

ARRAN, Brandinos, île d'Écosse, à l'embouch. de la Clyde, forme avec l'île de Bute le comté de Bute, qui compte à peine 7000 h., et a pour ch.-l. Brodick. Jaspe, agates , cristal de roche connu sous le nom de diamant d'Arian. Ossian passa, dit-on, dans ce lieu les dernières années de sa vie. — On trouve sur les côtes occid. de l'Irlande deux groupes d'îles nommées, aussi Arran, l'un au N., en face du comté de Donegal, l'autre au S., vis-à-vis de Galway.

ARRAN (J. HAMILTON, comte d'), régent d'Écosse, était en 1543, à la mort du roi Jacques V, le plus proche héritier de la couronne après Marie Stuart encore mineure, et reçut la régence du royaume. Il refusa de livrer la jeune reine aux Anglais; du reste, il administra avec faiblesse et pusillanimité, se laissa dominer par tous les partis, favorisant chacun d'eux tour à tour : il abjura la Réforme, fit une guerre impolitique à l'Angleterre, et commit plusieurs fautes qui le forcèrent à se démettre en 1551. Il céda le pouvoir à la reine douairière, Marie de Lorraine, sœur des Guise; ceux-ci, en récompense, lui firent conférer par le roi de France le titre de duc de Châtellerault, avec une pension de 12 000 livres. Il mourut en France, en 1576. Ce prince est l'aïeul maternel du spirituel Hamilton.

ARRAN (Jacques STUART, comte d') capitaine des gardes et favori de Jacques VI, fut chargé de la tutelle du jeune Hamilton comte d'Arran (fils du précédent), dont il reçut les titres dans la suite. Il se fit l'instrument du comte de Lennox, favori du roi, accusa le comte de Morton, ci-devant régent d'Écosse, de complicité dans le meurtre de H. Darnley, et le fit livrer au bourreau (1581), devint lieutenant du royaume, et jouit quelque temps d'un pouvoir sans bornes; mais il se rendit tellement odieux que les nobles s'armèrent pour forcer le roi à l'écarter (1585). Il alla vivre dans la retraite, et fut tué peu après par un parent de Morton.

ARRAS, Atrebates, Nemetacum et Nemetocenna, ch.-l. du dép. du Pas-de-Calais, sur la Scarpe; capit. de l'anc. Artois, à 174 k. N. de Paris (191 k. par la route d'Amiens); 25 905 hab. Évêché (dont S. Waast fut le 1er titulaire) place forte. Trib. de 1re inst. et de commerce, collége. Cathédrale grande, hardie; bel hôtel de ville, place magnifique; citadelle construite par Vauban en 1670 ; biblioth. de 34 000 volum. Industrie : dentelles, bonneterie; construction de machines; sucre de betterave ; distilleries; grand commerce de graines grasses et d'huiles de colza. Patrie de Lécluse, de Damiens, des deux frères Robespierre, de Joseph Lebon. — Cette v. était la capitale des Atrebates. Elle fut ruinée par les Vandales, 407; par les Normands, 880; assiégée en 1414 par Charles VI et occupée par Louis XI en 1477 ; elle retourna volontairement à la domination de Maximilien d'Autriche en 1492. Prise de nouveau par les français en 1640, elle fut définitivement cédée à la France en 1659. V. ARTOIS et l'art. suivant.

ARRAS (traité d'), conclu le 21 sept. 1435, entre Charles VII et Philippe le Bon, fils de Jean sans Peur. Il mit fin à la guerre des Armagnacs et des Bourguignons, et les réunit contre les Anglais : le roi cédait au duc de Bourgogne les comtés d'Auxerre et de Mâcon, ainsi que les villes de la Somme. — Deux traités moins connus furent aussi signés à Arras, l'un en 1414, sous Charles VI, pour réconcilier les Armagnacs et les Bourguignons; l'autre en 1482, entre Louis XI et Maximilien : l'archiduc devait donner sa fille au Dauphin.

ARREAU, ch.-l. de cant. (H. Pyrénées), au confluent de la Neste et du Lourons à 32 k. S. E. de Bagnères; 1230 h.

ARRÉE (monts), petite chaîne de montagnes de la Bretagne (Finistère), se dirige de l'E. à 1'0., partageant le dép. en 2 parties, et se termine près de Brest. Ces monts n'ont guère plus de 340m de haut.

ARRETIUM, v. d'Étrurie, auj. Arezzo.

ARRHIDÉE (Philippe), fils naturel de Philippe, et frère d'Alexandre, était dans un état d'imbécillité causé, dit-on, par un poison que lui aurait donné la reine Olympias, dans la crainte qu'il ne fût préféré à son fils Alexandre. Il fut néanmoins proclamé roi de Macédoine à la mort du conquérant, conjointement avec un fils de ce prince, l'an 323 av. J.-C.; mais il n'eut que l'ombre de la royauté : Perdiccas avait seul la puissance. Il fut mis à mort par Olympias au bout de 7 ans. Ce prince avait épousé Eurydice.

ARRIE, dame romaine célèbre par son courage. Son mari, Cæcina Pætus, ayant conspiré contre l'empereur Claude, fut condamné à la peine capitale. Arrie, pour le décider à se donner la mort, s'enfonça un poignard dans le sein; puis elle le lui présenta en lui disant : « Tiens, cela ne fait point de mal. » Pætus l'imita aussitôt. — Sa fille, nommée aussi Arrie, ne voulant point survivre à Thraséas Pætus, son mari, condamné à mort par Néron, se fit ouvrir les veines; mais Thraséas la pria instamment de lui survivre pour ses enfants.

ARRIEN, Flavius Arrianus, historien grec, né vers l'an 105 de J.-C., à Nicomédie en Bithynie, fut, comme Xénophon qu'il avait pris pour modèle, philosophe, homme d'État et guerrier. Il étudia la philosophie sous Épictète, puis porta les armes avec distinction sous Adrien, qui lui donna le titre de citoyen romain et lui confia le gouvernement de la Cappadoce, 134. Il repoussa les Alains, et fut, en récompense de ses services, nommé consul. Nous avons de lui l’Expédition d'Alexandre, ouvrage remarquable par l'impartialité, l'exactitude et le discernement de l'auteur; les Indiques, un Périple du Pont-Euxin, une Instruction sur l'ordre de bataille contre les Alains, un Traité de tactique, un Traité de chasse; le Manuel d'Épictète, avec des Dissertations, où il reproduit fidèlement les doctrines de son maître. Il avait composé plusieurs autres écrits, non moins précieux, qui sont perdus. Ses OEuvres ont été réunies par Borheck, Lemgow, 1792-1811, 3 vol. in-8. L’Expédition d'Alexandre a été publiée à part par Bonav. Vulcanius, Paris, 1575; par Schmieder, Leipsick, 1798, par Ellendt, Kœnigsb., 1832, et reproduite dans la collection Didot, 1846; elle a été trad. en français par Perrot-d'Ablancourt, 1646, et par Chaussard, 1802, 3 vol. in-8, avec commentaire et cartes. (Pour le Manuel, V. ÉPICTÈTE.)

ARRIGHI DE CASANOVA (Jean-Toussaint), duc de Padoue, né en Corse en 1778, mort en 1853, d'une famille alliée à celle des Bonaparte, s'engagea fort jeune, fut nommé capitaine à 20 ans sur le champ de bataille de Salahieh en Égypte (1798), et chef d'escadron à 22 ans, après la bataille de Marengo, se distingua également aux batailles d'Austerlitz, de Friedland; fut fait colonel à 24 ans, général de brigade à 29, général de division à 31, après la bataille d'Essling (1809) et fut en même temps créé duc de Padoue. Chargé, en 1812, de la défense des côtes depuis l'Elbe jusqu'à la Somme, il organisa 67 cohortes de garde nationale, avec lesquelles il repoussa les attaques des Anglais. Il joua un rôle important à la bataille de Leipsick (1813), défendit pied à pied, pendant la campagne de France, le sol de la patrie, depuis Chalons jusqu'à Paris ; fut proscrit en 1815, ne put rentrer en France qu'en 1820, et fut depuis laissé en disponibilité. Élu en 1849 représentant de la Corse à l'Assemblée nationale, il fut nommé en 1852 sénateur et gouverneur des Invalides.

ARROUX, riv. de France, naît dans la Côte-d'Or, à 6 kil. N. E. d'Arnay-le-Duc, arrose Gueugon, Autun, etc., et se perd dans la Loire à Digoin, après un cours de 100 kil.

ARROWSMITH (Aaron), géographe, né à Londres en 1750, mort en 1823, se fit un nom par son habileté à dresser les cartes et fut nommé hydrographe du roi. On estime surtout le Nouvel Atlas général qu'il publia en 1817, et ses Mappemondes d'après la projection de Mercator.

ARS-EN-RÉ, ch.-l. de c. (Charente-Inf.), dans l'île de Ré, à 33 kil. N. O. de La Rochelle ; 2348 h. Salines, Petit port, cabotage.

ARS-SUR-MOSELLE, bourg du dép. de la Moselle, à 9 kil. S. O. de Metz. 5862 h. Station, vins estimés, hauts fourneaux, fers, cartons.

ARSACE, fondateur de l'empire des Parthes, et chef des Arsacides, était d'abord simple soldat dans l'armée d'Antiochus II, roi de Syrie. Il profita de l'affaiblissement de ce prince pour affranchir sa patrie, 255 av. J.-C., s'empara de la Parthie et de l'Hyrcanie, prit le titre de roi, et fit d'Hécatompyles sa capitale. Il périt en 254. — Son frère, Arsace II (254-216), continua ses conquêtes, battit et prit Séleucus Callinicus. — Arsace VI conquit une partie de la Bactriane, fit la guerre à Démétrios Nicator, le prit en 138 av. J.-C., mais le traita généreusement et lui donna même la main de sa fille. Il mourut en 135.

ARSACE, frère d'Artaban IV, roi des Parthes, régna en Arménie à partir de l'an 218 de J.-C., et fut la tige des Arsacides d'Arménie. V. ci-après.

ARSACIDES, dynastie des rois Parthes, fondée en 255 av. J.-C. par Arsace I, conserva le trône jusqu'à l'an 226 de notre ère, et fut remplacée par celle des Sassanides. Le dernier Arsacide qui ait régné sur les Parthes est Artaban IV, qui fut vaincu par Artaxerce, fils de Sassan. Cette dynastie se conserva longtemps encore sur le trône d'Arménie, où elle était montée en 218 ; Ardachès, dernier Arsacide d'Arménie, fut déposé en 428 par les Sassanides. St-Martin a laissé une Histoire des Arsacides.

ARSAMOSATE, auj. Sirmat, v. forte de l'anc. Arménie, ch.-l. de la Sophène, sur l'Arsanias, près de son embouchure dans l'Euphrate.

ARSENARIA, v. de Mauritanie, est auj. Arzew.

ARSENARIUM PROMONTORIUM, auj. le cap Vert.

ARSÈNE (S.), diacre de l’Église romaine, fut choisi par Théodose pour être précepteur de son fils Arcadius. Ne pouvant vaincre le caractère opiniâtre de son élève, et dégoûté de la cour, il se retira dans le désert de Scété, en Égypte : il y donna l'exemple des vertus monastiques. Il mourut en 445, à 95 ans. On le fête le 19 juillet.

ARSÈS, le plus jeune des fils d'Artaxerce Ochus, roi de Perse, fut, après la mort de ce prince (338 av. J.-C.), placé sur le trône par les intrigues de l'eunuque Bagoas, qui espérait régner en son nom. Bagoas, frustré dans son espoir, le fit périr, et mit sur le trône Darius (336).

ARSILLE, Julia Zilis, v. et port du Maroc, sur l'Atlantique, à 44 kil. S. O. de Tanger ; 1000 h. Château fort. Ville importante sous les Romains. Prise en 1471 par Alphonse V ; bombardée en 1860 par les Espagnols.

ARSINOÉ, princesse égyptienne, fille de Ptolémée I, épousa vers l'an 300 av. J.-C. Lysimaque, roi de Thrace, fut, après la mort de ce prince, assiégée dans Cassandria par Ptolémée Céraunus, qui la contraignit à l'épouser, mais qui bientôt égorgea les enfants qu'elle avait eus de son premier mari et la relégua en Samothrace (290). Ptolémée Philadelphe, son frère, qui l'aimait, la recueillit et l'épousa. — ARSINOÉ, fille de Ptolémée Évergète et sœur de Ptolémée Philopator, épousa ce prince, l'accompagna à la bataille de Raphia (217 av. J.-C.), et contribua même à la victoire ; mais elle n'en fut pas moins mise à mort par ce roi cruel, en 207. — ARSINOÉ, fille de Ptolémée Aulète et sœur de la célèbre Cléopâtre. César, nommé tuteur des enfants de Ptolémée, donna l’Égypte à Cléopâtre et l'île de Chypre à Arsinoé ; mais celle-ci ayant essayé de ravir le trône à sa sœur, les Romains prirent la défense de Cléopâtre, et Arsinoé, faite prisonnière, orna à Rome le triomphe de César. Plus tard Antoine la fit mourir pour complaire à Cléopâtre.

ARSINOÉ, nom commun à plusieurs v. anciennes, ainsi appelées en l'honneur de quelqu'une des princesses d’Égypte de ce nom. Les plus importantes sont : 1° Arsinoé ou Cleopatris, auj. Suez, sur l'isthme de ce nom, près de la mer Rouge ; 2° Arsinoé ou Crocodilopolis, v. de l'Heptanomide, près du lac Mœris ; 3° Arsinoé ou Teuchira, dans la Cyrénaïque, au N. O., sur la côte ; 4° une v. de Cilicie, auj. Softa-Kalessi, entre Anemurium et Celenderis. - Trois v. de l'île de Chypre, dont une est à 30 kil. N. de Paphos, ont aussi porté ce nom.

ARSISSA PALUS, auj. lac de Van, lac d'Arménie, avec une ville de même nom, auj. Ardjich, sur la rive N. du lac.

ARSLAN. Ce mot, qui signifie lion, a été porté par plusieurs princes turcs, dont le plus célèbre est le sultan de Perse Alp-Arslan. V. ce nom.

ART, bourg de Suisse (Schwitz), entre le Righi et le Rossberg, sur le lac de Zug, à 13 kil. S. de Zug, 2000 hab. (Catholiques). Vallée pittoresque. Bassin immense creusé dans un bloc de granit.

ARTA, Ambracia, v. de Turquie d'Europe (Albanie), à 55 kil. S. de Janina, sur une riv. du même nom (l'ancien Aréthon) qui se jette dans le golfe de l'Arta (golfe d' Ambracie) ; 8000 h. Évêché grec; consulat français. — Le golfe d'A. sépare la Turquie de la Grèce.

ARTABAN, fils d'Hystaspe et frère de Darius I, s'opposa, mais inutilement, à l'expédition de ce prince contre les Scythes, et à celle de Xerxès contre la Grèce. Après la mort de Darius, les deux fils du roi, Xerxès et Artabazane, s'en remirent à lui pour savoir qui des deux occuperait le trône : il décida en faveur du premier.

ARTABAN, Hyrcanien, capitaine des gardes de Xerxès, assassina ce prince, et imputa ce crime au fils aîné du roi, qu'il fit condamner comme meurtrier. Artaxerce, frère de ce dernier, allait aussi devenir sa victime ; mais ayant découvert le piége il tua lui-même Artaban. Ce scélérat avait occupé le trône quelques mois (472 av. J.-C.).

ARTABAN I, roi des Parthes de 216 à 196 av. J.-C., repoussa Antiochus III, le força à faire alliance avec lui, et l'aida dans une expédition contre la Bactriane. — ARTABAN II, roi de 127 à 124, périt dans une bataille contre les Scythes. — ARTABAN III, monta sur le trône vers l'an 18 de J.-C., en détrônant Vononès avec l'appui de Germanicus, mais indisposa les Romains et fut remplacé par Tiridate (36), qu'il sut bientôt renverser du trône. Il mourut l'an 44. — ARTABAN IV, monta sur le trône l'an 216 de J.-C., soutint la guerre contre Caracalla et Macrin, et força ce dernier à acheter la paix. Il fut lui-même battu et détrôné par Artaxerce, l'an 226 de J.-C. Avec lui finit l'empire des Parthes. Quant à l'Artaban qui a donné lieu au dicton : fier comme Artaban, c'est un héros purement imaginaire du roman de Cléopâtre de La Calprenède.

ARTABAZE, général perse, satrape d'Ionie, se révolta contre Artaxerce Ochus, 356 av. J.-C., puis rentra en grâce, et fut un des principaux généraux de Darius Codoman. Il resta fidèle à ce malheureux prince jusqu'à la mort : Alexandre le nomma satrape de la Bactriane. Ce seigneur maria ses trois filles à trois généraux d'Alexandre.

ARTABAZE, roi d'Arménie, fils et successeur de Tigrane le Grand, causa par ses perfides conseils le désastre de Crassus à Carrhes (53 av. J.-C.); trahit également Antoine, mais fut fait prisonnier et mis à mort, 30 av. J.-C.

ARTABRUM PROMONTORIUM, auj. cap Finistère, cap situé au N. O. de l'Hispanie, chez les Callaïci.

ARTAGNAN, seigneurie du Bigorre (H.-Pyrénées), à 4 kil. N. de Tarbes, était possédée par la maison de Montesquiou et donnait son nom à une branche de cette maison, V. MONTESQUIOU et MONTLUC.

ARTAPHERNE, frère de Darius I, était gouverneur de Sardes en 506 av. J.-C. et dénonça la conspiration d'Histiée de Milet. — Son fils, du même nom, dirigea avec Datis le Mède la 2e expédition contre les Grecs, et fut battu à Marathon, 490.

ARTAUD (Antoine), archéologue, 1767-1838, auteur d'une Notice des antiquités et des tableaux du musée de Lyon, et de recherches sur les Mosaïques.

ARTAUD DE MONTOR (le chevalier), érudit français, né à Paris en 1712, mort en 1849, émigra et combattit dans l'armée de Condé, rentra en 1798, suivit la carrière diplomatique et fut longtemps chargé d'affaires à Rome et à Florence. On lui doit plusieurs ouvrages estimés sur l'histoire, l'art et la littérature en Italie : Considérations sur la peinture en Italie avant Raphaël, 1808; Voyage dans les catacombes de Rome, 1810; Machiavel, son génie et ses erreurs, 1833; l’Italie, 1834 (dans l’Univers de F. Didot); Histoire du pape Pie VII, 1836; — de Léon XII, — de Pie VIII, une Histoire des souverains pontifes romains (8 vol. in-8, 1848-49), une trad. de Dante, 1811 et 1828, et une Histoire de ce poëte, 1841.

ARTAUD (Nic.-L.-Marie), membre de l'Université, né à Paris en 1794, m. en 1861; élève de l'École normale, professeur dans divers colléges royaux; fut suspendu en 1824 pour avoir écrit dans des journaux d'opposition; devint en 1830 inspecteur d'Acad., puis inspect. génral, et mourut vice-recteur de l'Acad. de Paris. On lui doit des traductions estimées de Sophocle, d’Euripide, d’Aristophane et des Fragments pour servir à l'hist. de la com. ant. (posth. 1863, in-8).

ARTAXATE, Artaxata, auj. Ardech, anc. capit. de l'Arménie, dans l'Otène, sur l'Araxe, fut bâtie par le roi d'Arménie Artaxias, d'après le conseil d'Annibal, l'an 187 av. J.-C., ce qui lui a fait donner le surnom de Carthage d'Arménie. Détruite par Corbulon, elle fut rebâtie par Tiridate qui lui donna le nom de Neronia en l'honneur de Néron; abandonnée au IIIe siècle, relevée à diverses reprises, elle n'est, depuis 798, qu'un bourg peu considérable.

ARTAXERCE I, dit Longue-Main, roi de Perse, 471-424 avant J.-C., était fils de Xerxès, et commença son règne par l'exécution d'Artaban, l'assassin de ce prince. Il fit la guerre aux Bactriens, gouverna avec justice et modération, accueillit Thémistocle exilé, et reconquit l'Égypte que les Athéniens avaient excitée à la révolte. On le surnomma Longue-Main parce qu'il avait une main plus longue que l'autre. On croit qu'il est l'Assuérus de la Bible.

ARTAXERCE II, dit Mnémon, à cause de sa mémoire extraordinaire, fils de Darius II, et petit-fils du précédent, régna de 404 à 362 av. J.-C. Son règne est célèbre par la révolte du jeune Cyrus, son frère, qu'il battit dans les plaines de Cunaxa (401), par la retraite des 10 000 Grecs qui suivaient Cyrus et que ramena Xénophon, et par le traité qu' il imposa aux Spartiates en 387 et qui est connu sous le nom de Traité d'Antalcidas. Plutarque a écrit sa Vie.

ARTAXERCE III, surnommé Ochus, c.-à-d. bâtard, fils du préc., se fraya le chemin du trône en faisant assassiner ses frères aînés (362 ans av. J.-C.), et signala son règne par la mort de 80 de ses proches. Il réprima la révolte d'Artabaze (356), soumit l'Égypte qui s'était déclarée indépendante (349), détruisit Sidon et ravagea la Syrie. Détesté pour sa cruauté, il fut empoisonné par l'eunuque Bagoas, 338.

ARTAXERCE ou ARDÉCHYR-BABEGAN, fils de Sassan, fut le fondateur du 2e empire des Perses et de la dynastie des Sassanides. Il avait d'abord servi comme simple soldat dans les troupes d'Artaban IV, dernier roi des Parthes. A la tête de quelques hommes déterminés, il souleva la Perside, marcha contre Artaban, mit son armée en déroute, et le tua lui-même, 226 après J.-C. Il éleva, sur les débris de l'empire des Parthes, ce 2e empire perse qui fut si fatal aux Romains. Maître de la Médie, de la Perse et de la Parthiène, il envahit l'empire; mais il fut battu par Alexandre-Sévère ; il allait recommencer la guerre quand il mourut, l'an 238.

ARTAXIAS, général d'Antiochus le Grand, se rendit maître de l'Arménie , dont il était gouverneur, et en forma un État indépendant, 189 av. J.-C. Il donna asile à Annibal,, et bâtit par ses conseils Artaxate, dont il fit sa capitale. Il régna jusqu'en 159.

ARTÉDI (Pierre), médecin et naturaliste suédois, ami de Linné, né en 1705, a laissé une Ichthyologie estimée, imprimée en latin à Leyde, 1738, par les soins de Linné, et à Greiswalde, 1788-1792. Il mourut à 30 ans, en se noyant dans un des canaux d'Amsterdam.

ARTÉMIDORE, géographe grec, auteur d'un Périple estimé des anciens, mais dont il ne reste que des fragments (dans les Geographi d'Hudson, Oxford, 1698), vivait 100 av. J.-C. — ARTÉMIDORE, natif d'Éphèse et contemporain d'Antonin, est auteur d'un Traité des Songes (Oneirocriticon), publié avec trad. latine, Paris, 1603, et Leipsick, 1805, et trad. en français par A. Dumoulin, Rouen, 1664, sous le titre de Jugements astronomiques des Songes.

ARTEMIS, nom grec de Diane.

ARTÉMISE I, reine d'Halicarnasse, accompagna Xerxès dans son expédition contre les Grecs, 480 av. J.-C., et se signala à Salamine par sa valeur; ce qui fit dire que dans cette affaire les hommes s'étaient conduits comme des femmes et les femmes comme des hommes. On raconte que par suite d'un amour méprisé elle fit le saut de Leucade. — ARTÉMISE II, reine d'Halicarnasse, épousa Mausole, son frère, et se rendit célèbre par son amour pour ce prince : l'ayant perdu de bonne heure, elle lui fit élever, l'an 355 av. J.-C., un magnifique tombeau; d'où cette espèce de monument a pris le nom de mausolée. V. MAUSOLE.

ARTEMISIUM PROMONTORIUM, cap de l'île d'Eubée, vers le N. était consacré à Diane. La flotte de Xerxès y fut en partie détruite l'an 480 av. J.-C. par la tempête et par les coups des Grecs.

ARTENAY, ch.-l. de cant. (Loiret), à 20 kil. N. d'Orléans ' 870 hab. Station. Coutellerie..

ARTÉNICE. V. MONTAUSIER (Mme de).

ARTEPHIUS, philosophe hermétique vivait vers 1130, et prétendait avoir vécu plus de 1000 ans. Il est auteur de plusieurs ouvrages sur l'alchimie, entre autres, d'un Traité sur la pierre philosophale, trad. en français par P. Arnauld, et imprimé avec ceux de Synésius et de Flamel, 1612. On y trouve des contes absurdes.

ARTEVELD (Jacques), capitaine de la corporation des brasseurs de Gand, né de famille noble. Il fit révolter ses concitoyens contre le comte de Flandre, Louis de Nevers (1336), força ce seigneur à quitter ses États, fut pendant quelque temps maître absolu en Flandre, et s'unit à l'Angleterre contre la France, qui soutenait le comte. Se voyant près d'être réduit, il voulut donner la souveraineté de la Flandre au prince de Galles, fils d'Édouard III, au préjudice du comte de Flandre; mais il échoua dans ce projet et fut massacré à Gand par le peuple même, en 1345. — Philippe Arteveld, son fils choisi pour chef par les Gantois révoltés en 1382, chassa de Bruges Louis de Mâle, comte de Flandre, et vengea la mort de son père. Mais le comte appela les Français à son secours, et Philippe fut taillé en pièces avec les siens par Charles VI, à Rosebecque (1382).

ARTHEZ, ch.-l. de cant. (B.-Pyrénées), à 11 kil. E. d'Orthez; 530 hab. Forges.

ARTHUR ou ARTUS, roi de la Grande-Bretagne au VIe siècle, fameux dans les romans de la Table-Ronde. La vie de ce personnage est tellement mêlée de fables que son existence même est problématique. Selon les traditions, il était fils naturel d'Uther, pendragon ou chef des Bretons; il réussit avec l'aide de l'enchanteur Merlin, qui lui donna une épée magique, à se faire reconnaître pour chef vers 516, vainquit les Anglo-Saxons, les Pictes, les Écossais, soumit l'Irlande, se signala par mille exploits sur le continent même, épousa la belle Ginevra ou Geneviève sa parente; rétablit le Christianisme; institua l'ordre si célèbre des Chevaliers de la Table-Ronde, où brillaient Perceval, Lancelot, Gauriel, Tristan, ses compagnons d'armes, et périt sur un champ de bataille vers 542, après un règne glorieux. L'histoire d'Arthur est racontée dans le roman de Brut, de R. Wace, ouvrage imprimé dès 1485, réimprimé à Londres en 1858, par Wright, 3 v. in-8. Ce roi a en outre fourni le sujet de plusieurs romans fort anciens, dont les principaux sont : Les vertueux faits et gestes de plusieurs nobles et vaillants chevaliers qui furent au temps du roi Artus, Rouen, 1488; Le petit Artus ou le preux et vaillant chevalier Artus de Bretagne, Paris, 1493. Voy. sur ce personnage l’Hist. des Anglo-Saxons de Turner et l’Hist. des Fictions de Dunlop.

ARTHUR, duc de Bretagne, fils posthume de Geoffroy, 3e fils du roi d'Angleterre Henri II, et de Constance, héritière de Bretagne, naquit en 1187, et fut reconnu en naissant duc de Bretagne. Il devait monter sur le trône d'Angleterre à la mort de Richard I, son oncle (1199); mais Jean sans Terre, frère de Richard, le dépouilla de ses États, l'enferma dans une tour à Rouen et l'y fit tuer ou noyer, ou même, selon quelques-uns, le tua de sa propre main, en 1203. V. JEAN SANS TERRE.

ARTIBONITE, riv. d'Haïti, sort du mont Cibao, passe à Banica, Mirebalais, et tombe dans la mer par la côte O. Elle donne son nom à un dép. qui a pour ch.-l. les Gonaïves.

ARTILLERIE (grand maître de l'). V. ce mot au Dictionnaire des Sciences, des Lettres et des Arts.

ARTOIS, à peu près le pays des Atrebates, anc. prov. et grand gouvt de France, borné au N. par la Flandre Française, à l'E. par le Hainaut et le Cambrésis, à l'O. par le Boulonnais, au S. par la Picardie, avait pour capit. Arras, et pour v. princ. Bapaume, Avesnes, Hesdin, St-Pol, Aubigny, Lens, Béthune, Lilliers, Aire, St-Orner. L'Artois forme auj. la plus grande partie du dép. du Pas-de-Calais. — Compris par les Romains dans la 2e Belgique, ce pays fut conquis au Ve siècle par les Francs et donné en 863 par Charles le Chauve à Judith, sa fille, qui épousa Baudouin Bras de Fer, comte de Flandre. Après avoir été longtemps possédé par les comtes de Flandre, sous la suzeraineté de la France, il fut réuni à la couronne par Philippe-Auguste en 1180, et donné en 1237, avec titre de comté, par S. Louis à Robert, son frère puîné. A Robert I, succéda Robert II (1250-1302), après lequel trois femmes, Mahaud, Jeanne I et Jeanne II, portèrent le comté dans trois maisons différentes, dont la dernière était celle des ducs Capétiens de Bourgogne. A l'extinction de ceux-ci, Marguerite I, sœur de Jeanne II et fille de Jeanne I, le transmit à Louis de Mâle (1382), et la fille de Louis de Mâle le fit entrer, en même temps que les comtés de Flandre et de Nevers, dans la maison des ducs Capétiens-Valois de Bourgogne (1384); enfin, après la mort de Charles le Téméraire (1477), Marie de Bourgogne le fit passer à la maison d'Autriche par son mariage avec Maximilien. Conquis par la France dès 1640, il lui fut assuré par les traités des Pyrénées (1659) et de Nimègue (1678). Le titre de comte d'Artois fut donné par Louis XV à un de ses petits-fils, Charles-Philippe, depuis roi sous le nom de Charles X.

ARTUS, ARTUR. V. ARTHUR.

ARUDY, ch.-l. de cant. (B.-Pyrénées), à 18 k. S .E. d'Oloron, près du gave d'Ossau; 1605 h. Marbre.

ARULA, riv. d'Helvétie, auj. l’Aar.

ARUNDEL, Aruntina, v. d'Angleterre (Sussex), à 13 kil. E. de Chichester, sur l'Arun; 2600 hab. Beau château, appartenant auj. aux ducs de Norfolk. Commerce de bois et de tan. Ville jadis forte; prise par le roi Henri I sur Montgomery, comte d'Arundel.

ARUNDEL (Th. HOWARD, comte d'), maréchal d'Angleterre sous Jacques I et Charles I, né vers 1580, fut forcé par la guerre civile de s'exiler en 1642, et alla se fixer à Padoue, où il mourut en 1646. Ami zélé et éclairé des beaux-arts, il dirigea, avec Inigo Jones, les embellissements de Westminster, et s'appliqua un des premiers à former des collections de monuments antiques : il envoya à cet effet dans le Levant Guillaume Petty, qui découvrit dans l'île de Paros les célèbres marbres connus sous le nom de Chronique de Paros ou Marbres d'Arundel, et les apporta en Angleterre en 1627. Ces monuments précieux renfermaient les principaux événements de l'histoire de la Grèce depuis 1582 (fondation d'Athènes) jusqu'en 264 av. J.-C.; malheureusement la fin y manque, depuis l'année 364. Jean Selden les a publiés en 1629, in-4, avec trad. latine et commentaire; Prideaux en 1676, in-fol.; Maittaire, en 1732, in-fol.; Chandler, en 1763, in-fol.; et Ch. Muller, en 1841, dans les Fragm. hist. de la collection Didot. On appelle encore ces précieux débris Marbres d'Oxford, parce que le petit-fils du comte d'Arundel en fit don à l'Université d'Oxford. La Chronique de Paros a été trad. en français par Lenglet-Dufresnoy dans ses Tablettes chronologiques.

ARUNS, frère de Tarquin le Superbe, épousa Tullie, fille du roi Servius Tullius. Sa femme, impatiente de régner, le fit mourir (536 av. J.-C.), parce qu'il ne voulait pas s'associer à ses coupables projets, et épousa Tarquin. V. TARQUIN LE SUPERBE.

ARUNS, fils de Tarquin le Superbe, fut chassé de Rome avec toute sa famille. S'étant rencontré dans un combat avec Brutus, ils se précipitèrent l'un sur l'autre avec tant de fureur qu'ils se tuèrent mutuellement (509 av. J.-C.).

ARUSPICES (de ara, autel, et inspicio, j'examine). C'étaient, chez les Romains, des ministres de la religion chargés de chercher des présages dans les mouvements de la victime avant le sacrifice, et dans l'inspection de ses entrailles après qu'elle avait été immolée. Ce genre de divination avait été enseigné aux Romains par les Étrusques. Les aruspices formaient un collège qui avait été institué par Romulus. Dès le temps de Cicéron, la science des Aruspices était tombée dans le plus grand discrédit, ainsi que celle des augures.

ARVA, comitat de Hongrie, entre ceux de Liptau, de Thurocz et de Trentsin, a 50 kil. sur 44, et env. 100 000 hab. Il tire son nom du bourg et de la riv. d'Arva, qui l'arrose, et a pour ch.-l. Also-Kubin.

ARVALES (FRÈRES), collége de Flamines de Cérès, institué par Romulus pour offrir des sacrifices en faveur des biens de la terre, se composait de 12 membres, dont les premiers furent les fils d'Acca Laurentia, nourrice de Romulus : d'où leur nom de Frères. Ils célébraient la fête de Cérès tous les ans, à la pleine lune de mai, en faisant le tour des champs, arva, d'où le nom d’Ambarvalies donné à la fête. Ils avaient rang de pontifes majeurs, revêtaient la toge prétexte, et portaient sur la tête une couronne d'épis nouée de bandelettes blanches. On a trouvé à Rome en 1778, dans une fouille, des tables de marbre sur lesquelles était gravé un chant que l'on attribue aux Frères arvales. On en peut lire le texte dans les Reliquiæ vet. latini sermonis d'Egger.

ARVE, riv. de Savoie, naît au col de Balme, traverse le val de Chamouni et tombe dans le Rhône près de Genève, après un cours très-rapide de 100 kil.

ARVERNI, un des peuples les plus puissants de la Gaule, occupait à peu près l'Auvergne moderne. Ils faisaient partie de l'Aquitaine et eurent pour capit. d'abord Gergovie, qui fut détruite par César, puis Nemosus (Clermont-Ferrand). Ils étaient gouvernés par des rois, parmi lesquels on connaît Bituit, qui secourut les Allobroges contre les Romains, et Vercingétorix, le dernier défenseur de l'indépendance gauloise.

ARVIEUX (Laurent, chevalier d'), né à Marseille en 1635, mort en 1702, voyagea en Syrie, en Palestine, en Arabie, étudia les langues et l'histoire des peuples du Levant, fut nommé envoyé extraordinaire à Constantinople, puis à Tunis, où il délivra 380 esclaves français, fut consul à Alger, à Alep, fit partout respecter la France et s'efforça de propager la religion catholique. Le P. Labat a publié en 1735 ses Mémoires, 6 vol. in-12. Laroque a donné la Relation d'un voyage (fait par d'Arvieux) vers le grand émyr, chef des Arabes du désert, avec son Traité des mœurs et coutumes des Arabes, 1717, in-12.

ARVII, peuple de la Gaule (Lyonnaise 3e), voisin des Aulerci, occupait la partie E. du Maine (dép. de la Sarthe), et avait pour ch.-l. Vagoritum (Argentan).

ARYAS, ou ARIENS. V. ARIE.

ARZAC, ch.-l. de cant. (B.-Pyrénées), à 28 kil. N. E. d'Orthez; 738 hab. Bétail.

ARZANO, ch.-l. de cant. (Finistère), à 4 kil. N. E. de Quimperlé; 185 hab.

ARZEW, Arsenaria ou plutôt Portus Magnus, v. et port d'Algérie, à 37 kil. N. E. d'Oran; env. 1000 h. Grand commerce de grains; salines. Ruines de monuments anciens.

ARZOUF, jadis Asor, puis Apollonia. V. ASOR.

ASA, roi de Juda de 944 à 904 av. J.-C., fils et successeur d'Abiam, proscrivit le culte des idoles, repoussa les Madianites et les Éthiopiens qui avaient envahi la Judée, et battit Baasa, roi d'Israël, avec le secours de Ben-Adab, roi de Syrie.

ASAN, Bulgare, se mit, avec son frère Pierre à la tête de ses compatriotes et secoua le joug des empereurs grecs, vers 1186; il régna conjointement avec Pierre, et s'établit à Widdin. Il périt assassiné vers 1195. — Son fils, Jean Asan, régna de 1215 à 1242. — Un autre Asan, son arrière-petit-fils, fit avec succès la guerre à Baudoin II, empereur latin de Constantinople; mais, dégoûté du trône il abdiqua et se retira, vers 1280, à Constantinople, où il vécut en simple particulier. Cette famille est connue dans l'histoire sous le nom de dynastie des Asanides.

ASAPH, Lévite et chantre inspiré, du temps de David, est regardé comme l'auteur de plusieurs des psaumes communément attribués au saint roi (50, 73-83), mais plusieurs critiques pensent qu'il ne fit que les mettre en musique. On attribue aussi ces psaumes à quelqu'un de ses descendants, parce qu'ils mentionnent des faits postérieurs à David.

ASAPH (S.), moine breton, vivait vers l'an 500, dans le pays de Galles. Il fut abbé du couvent de Llan-Elvy, qui prit de lui le nom de St-Asaph (V. SAINT-ASAPH). On l'honore le 1er mai.

ASBEN, région du Sahara, entre le royaume de Fezzan et celui de Cachena, est habitée par des Touariks et a pour ch.-l. Aghadès. Pays peu connu.

ASBERG, bourg de Wurtemberg (Neckar), près de Ludwigsburg, dominé par une montagne où s'élève la forteresse d'Hohen-Asberg, prison d'État.

ASCAGNE, Ascanius, nommé aussi Iulus, fils d'Énée et de Créuse, fut emmené par son père en Italie, et lui succéda sur le trône de Lavinium. Il régna 38 ans. V. ALBE.

ASCALON, auj. Askoulan, v. de Syrie (Damas), à 60 k. S O. de Jaffa. C'était une colonie de Tyr et une des princip. v. des Philistins; elle appartint ensuite aux Juifs. Embellie par Hérode, elle devint la 2e ville du pays pour la grandeur; on y remarquait le temple de Dercéto. Les Croisés battirent les Musulmans sous ses murs en 1099 et en 1176. Saladin la reprit en 1187 et la rasa. C'est d'Ascalon que vient le nom de l'échalotte (cæpe ascalonicum).

ASCANIA, petite contrée de la Bithynie, vers l'O., près de la pointe du Cianus sinus (golfe de Moudania), contient l’Ascanius lacus, voisin de Nicée.

ASCANIENNE (maison), une des plus anc. familles allemandes, souche de la famille d'Anhalt, tire son nom du château d'Ascanie, dans le comté d'Aschersleben. Elle régna dans la principauté d'Anhalt au XIe siècle, et donna ensuite des souverains au Brandebourg (1143-1320) et à la Saxe. Les ducs ascaniens de Saxe formèrent deux branches, celle de Saxe-Wittemberg qui s'éteignit en 1422, et celle de Saxe-Lauenbourg qui finit en 1689.

ASCENSION (l'), fête mobile, instituée en mémoire du jour où J.-C. s'éleva au ciel en présence de ses disciples, sur le mont des Oliviers, près de Béthanie. On la célèbre le jeudi, 40 jours après Pâques et 10 jours avant la Pentecôte.

ASCENSION (île de l'), petite île de l'Océan Atlantique, à 1550 kil. S. O. du cap des Palmes en Afrique, et à 1200 kil. N. O. de Ste-Hélène, par 16° 19' long. O. 7° 57' lat. S. : elle a 8 kil. sur 13. Aspect affreux, sol stérile et volcanique. Elle est inhabitée; néanmoins les Anglais y ont un poste. Découverte par l'Espagnol Jean de Nova en 1501, puis vue en 1508 par Tristan d'Acunha, le jour de l’Ascension.

ASCHAFFENBOURG, v. de Bavière (B.-Franconie), sur la r. dr. du Mein, à 20 k. N. O. de Wurtzbourg; 7500 hab. Château royal, gymnase, école forestière.

ASCHAM (Roger), savant anglais, né en 1515, dans le Yorkshire, mort en 1568, d'abord élève puis professeur de grec à l'Université de Cambridge, fut instituteur d'Élisabeth, fille de Henri VIII, et secrétaire latin d'Édouard, de la reine Marie et d'Élisabeth. Il était renommé pour l'élégance de son style latin. On a de lui des Épîtres et des Poésies latines remarquables. Son principal ouvrage est le Maître d'école (the Schoolmaster). Ses œuvres ont été recueillies en 1769, in-4, avec des notes de J. Bennet et une Vie de l'Auteur par Johnson; ses écrits anglais ont été réimprimés à Londres en 1815.

ASCHERSLEBEN, v. murée des États prussiens (Saxe), à 22 kil. S. E. de Quedlinbourg; 8850 hab. Jadis ch.-l. de comté. V. ASCANIENNE (famille) et BALLENSTADT.

ASCIBURGIUS MONS, mont de Germanie, répond à ce qu'on nomme auj. Riesengebirge.

ASCLÉPIADE, poëte lyrique grec fort ancien, que l'on croit contemporain d'Atcée et de Sapho (VIe siècle av. J.-C.), est l'inventeur d'un vers qui porte encore son nom, et qui se compose d'un spondée, de deux choriambes et d'un ïambe.

Ex. : Crescentem sequitur cura pecuniam.

ASCLÉPIADE, médecin grec, natif de Pruse en Bithynie, s'établit à Rome au IIe siècle avant notre ère, y obtint de très-grands succès, et y mourut vers 90 ans av. J.-C. Il simplifia la médecine, recommanda l'eau fraîche et la diète et se proposa de guérir sûrement, promptement et agréablement. Il eut pour disciple Thémison, chef des Méthodistes. Il reste de lui quelques fragments cités dans Aétius; ils ont été publiés à part à Weimar, 1798, par Grumpert, et à Leipsick, par Weltz, 1841.

ASCLÉPIADES, nom donné en Grèce à diverses familles vouées à l'exercice de la médecine et qui prétendaient descendre du dieu Esculape (Asclepius), par son fils Podalire. Il y avait des Asclépiades à Épidaure, à Rhodes, à Cnide, à Cos. Hippocrate appartenait à une de ces familles. Le médecin de Pruse connu sous le nom d’Asclépiade n'avait sans doute pris ce nom qu'en souvenir de cette famille.

ASCLEPIUS, ASCLEPIOS, nom grec d'ESCULAPE.

ASCLEPIUS de Tralles, philosophe éclectique du vie siècle après J.-C., disciple d'Ammonius, fils d'Hermias, chercha à concilier la doctrine de Platon avec celle d'Aristote. Il a composé des Commentaires sur la Métaphysique d'Aristote qui sont restés longtemps manuscrits, mais dont Brandis a publié une partie dans ses Scolies d'Aristote.

ASCOLI PICENO, Asculum Picenum, v. forte du roy. d'Italie, ch.-l. de province, à 135 kil. N. E. de Rome, sur le Tronto, avec un petit port; 12 500 h. Évêché. — La prov., située entre celles de Camerino, de Fermo et l'Adriatique, a 196 000 hab.

ASCOLI DI SATRIANO, Asculum Apulum, v. du roy. d'Italie (Capitanate), au centre de la prov.; 5300 h. Renversée par un tremblement de terre en 1400.

ASCONIUS PEDIANUS (Q.), grammairien latin, né à Padoue, vivait dans le 1er siècle. Il enseigna l'éloquence à Rome, fut ami de Virgile et maître de Tite-Live et de Quintilien, et mourut sous Néron, à 85 ans. Il reste de lui des commentaires sur les Verrines et sur quelques autres discours de Cicéron, dont le manuscrit fut découvert en 1416 à St-Gall; ils se trouvent dans les princip. éd. de Cicéron, et ont été imprimés à part, Venise, 1477 ; Leyde, 1644.

ASCRA, vge de la Béotie, au S., au pied de l'Hélicon et près de Thespies. Patrie d'Hésiode.

ASCULUM, v. du Picenum. V. ASCOLI.

ASCULUM APULUM, auj. Ascoli di Satriano, v. d'Apulie, où les Romains livrèrent à Pyrrhus une bataille indécise, l'an 279 av. J.-C.

ASDRUBAL, général carthaginois, gendre d'Amilcar, commanda en Espagne après la mort de ce général, 228 av. J.-C., étendit ses conquêtes jusqu'à l'Èbre et bâtit Carthage nova (Carthagène). Il fut tué par un esclave gaulois dont il avait fait mourir le maître (220).

ASDRUBAL, dit Barca, fils d'Amilcar et frère d'Annibal, commanda en Espagne (218), y éprouva d'abord des revers, puis, aidé par Massinissa, roi des Numides, vainquit les deux Scipions (212), et vint rejoindre son frère en Italie avec de puissants renforts; mais il fut arrêté dans sa marche, battu et tué près du Métaure par les consuls Claudius Nero et Livius Salinator (207). Les vainqueurs coupèrent sa tête et la jetèrent dans le camp d'Annibal.

ASDRUBAL, fils de Giscon, remplaça Asdrubal Barca en Espagne, puis se retira en Afrique, où il s'allia avec Syphax, roi de Numidie, en lui faisant épouser sa fille, Sophonisbe. Il fut battu par Scipion en 203, ainsi que son allié.

ASDRUBAL, soutint un long siège dans Carthage contre Scipion Émilien : s'étant retranché dans un temple d'Esculape, il s'y défendit longtemps; mais quand il se vit sans espoir, il s'évada et alla se rendre à Scipion. Sa femme, indignée de sa trahison, égorgea ses enfants à ses yeux, puis se précipita dans les flammes (146 av. J.-C.).

ASELLI (Gaspard), anatomiste, né à Crémone vers 1580, fut professeur d'anatomie à l'Université de Pavie, et mourut en 1626. On lui doit l'importante découverte des vaisseaux lactés et chylifères : il la fit en 1622, en disséquant un chien pendant le travail de la digestion; les vaisseaux lactés, remplis de chyle en ce moment, appelèrent son attention par leur blancheur. On a imprimé après sa mort : Dissertatio de venis lacteis, Milan, 1627, in-4.

ASER, l'un des 12 fils de Jacob, donna son nom à une tribu dont le territoire était borné à l'O. par la Méditerranée, au N. par la Phénicie , à l'E. par la tribu de Nephtali, et au S. par celle de Zabulon.

ABER, v. de Palestine, entre Scythopolis et Sichem, était située non dans la tribu d'Aser, mais dans celle de Manassé.

ASES, race divine dans la mythologie scandinave, formait la cour d'Odin et habitait Asgard, v. bâtie au centre du monde. Les plus connus des Ases sont : Thor, Balder, Freir, Braga, Heimdall, Loke, et les déesses Frigga, Géfion, Freia. Les Ases paraissent n'être qu'une nation conquérante qui, sortie d'Asie, se serait répandue dans le N. de l'Europe.

ASFELD, ch. de cent. (Ardennes), sur l'Aisne, à 20 kil. S. O. de Réthel; 1150 hab. On l'appelait jadis Écry. Les Normands y furent battus en 883.

ASFELD (Franç., baron d'), général suédois au service de France, né en 1667, mort en 1743, était fils d'un ambassadeur de Suède. Il contribua à la vict. d'Almanza, à la prise de Tortose et d'Alicante, soumit Majorque à Philippe V, 1715, remplaça en Allemagne Berwick, emporté par un boulet devant Philipsbourg. Maréchal de France en 1734, il fut l'émule et le successeur de Vauban : il excellait dans l'attaque et la défense des places.

ASHANTEES. V. ACHANTIS.

ASHAVERUS. V. JUIF-ERRANT.

ASHBURTON, v. d'Angleterre (Devon), à 32 kil. S. O. d'Exeter; 4500 hab. Étain, cuivre, ardoises.

ASHBY-DE-LA-ZOUCH, v. d'Angleterre (Leicester), à 21 k. N. O. de Leicester; 4000 h. Elle est traversée par un canal qui unit les canaux de Coventry et de Leicester. Château où fut enfermée Marie-Stuart.

ASHLEY COOPER. V. SHAFTESBURY.

ASHMOLE (Élie), antiquaire anglais, né à Lichfield en 1617, m. en 1692, servit quelque temps dans l'armée de Charles I, quitta le service pour se livrer à l'étude, s'occupa d'abord d'alchimie, et publia en 1650 et 1652 quelques traités sur cette science chimérique, puis se livra à des recherches historiques, et publia en 1672 les Institutions, lois et cérémonies de l'ordre de la Jarretière, ouvrage estimé, qui lui fit donner par Charles II la place de héraut d'armes à Windsor. Il avait réuni un grand nombre de curiosités et d'antiquités qu'il légua à l'Université d'Oxford; on les déposa dans le cabinet qui prit de lui le nom de Muséum Ashmoléen.

ASHTON-UNDER-LYNE, v. d'Angleterre (Lancastre), à 10 kil. E. de Manchester, sur un canal qui conduit à cette v.; env. 50 000 hab. Houille, grandes manufactures de coton.

ASIAGO, ville de Vénétie (Vicence), à 28 kil. N. de Vicence, sur une mont.; 12 750 hab. Chapeaux de paille d'Italie. Jadis ch.-l. de la république des Sept-Communes, d'origine teutonique.

ASIE, Asia, la plus grande des cinq parties du monde, à l'E. de l'Europe, s'étend de 5° à 75° lat. N., et de 25° long. E. à 175° long. O. Elle a env. 9700 kil. du N. au S., 12 800 de l'E. à l'O., et compte plus de 600 000 000 d'hab. On la divise en neuf régions naturelles : au N., Russie d'Asie ou Sibérie; à l'O., Turquie d'Asie, Arabie; au S., région persique (Perse, Caboul, Hérat, Beloutchistan); Inde en deçà et au delà du Gange; à l'E., Empire chinois, empire birman, royaumes de Siam et d'Annam, Japon; au centre, Turkestan et Tartarie. Mers principales : au N., l'Océan Glacial arctique; à l'E., l'Océan Pacifique; au S., la mer des Indes; à l'O.. la mer Rouge, la Méditerranée, la mer Noire. On y trouve aussi deux mers intérieures, les mers Caspienne et d'Aral, et plusieurs grands lacs, le Baïkal, le Palkati, le Dzaïsang, etc. Les principaux détroits sont, du N. E. au S. O., ceux de Behring, de Corée, de Malacca, d'Ormuz et de Bab-el-Mandeb. Caps : ceux de Sévérovostochnoï, le plus au N.; de Tamdjong-Bourou, à la pointe sud de la presqu'île de Malacca; de Comorin, au S. de l'Inde; de Rasalgate, au S. E. de l'Arabie, etc. Iles princ. : la Nouv. Zemble au N.; les Aleutiennes au N. E., les Kouriles, les îles du Japon, Formose, Hainan à l'E.; îles de la Sonde, Philippines; Nicobar, Ceylan, les Maldives et les Laquedives, au S., Chypre, Rhodes, Samos, Chio, Mételin, dans la Méditerranée, etc. Presqu'îles : Asie-Mineure ou Anatolie, à l'O.; Arabie, Inde à l'O. du Gange et Inde à l'E. du Gange, et Malacca, au S.; Kamtchatka et Corée, à l'E. On distingue en Asie neuf grandes chaînes de mont. : les Altaï, le Kouen-Lun, le Thian-Chan , les mont. du Japon, l'Himalaya, les Ghattes, le Taurus, les monts d'Arménie, le Caucase, l'Oural. C'est dans l'Himalaya que sont les plus hautes cimes connues (près de 9000m). L'Asie est arrosée par un grand nombre de grands fleuves dont quelques-uns ont jusqu'à 3500 kil. de cours; les princip. sont : au S. O. , l'Euphrate, le Tigre, qui se jettent dans le golfe persique; au S., le Sindh ou Indus, le Gange, le Brahmapoutra et l'Iraouaddy, qui se jettent dans la mer des Indes ; à l'E., le Kiang, l'Hoang-ho, l'Amour, dans le Grand Océan; au N., la Léna, le Iénissei, l'Obi, dans la mer Glaciale; au centre, l'Oural, le Kour, dans la mer Caspienne; le Sir-Daria, dans la mer d'Aral. L'Asie centrale renferme beaucoup de steppes et de déserts : tels sont les steppes des Kirghiz, d'Ichim, de Barabra, le désert de Kobi, le désert central, ceux de Kharism, de Mékran, d'Adjmir et d'Arabie. Le climat et le sol varient comme les latitudes et les hauteurs. La partie méridionale est d'une richesse extraordinaire. L'Asie fournit les plus beaux diamants connus, des pierres précieuses, de l'or et de l'argent; les autres métaux s'y trouvent également en abondance. Les plantes indigènes les plus remarquables sont : l'arbre à thé, le cotonnier, le caféier, l'indigotier, le manguier, le camphrier, le cannellier, le mûrier, le poivrier, le muscadier, le giroflier, le sandal, la canne à sucre, le cerisier, originaire du Pont, le pêcher et l'oranger qui nous viennent l'un de la Perse, l'autre de l'Inde ou de la Chine. Presque toutes les plantes aromatiques et les épices sont asiatiques. C'est aussi à l'Asie (à l'Arabie), que semblent avoir appartenu primitivement le cheval, le chameau, le dromadaire ; on y trouve le chevreuil à musc, la chèvre du Thibet; l'hermine, le rhinocéros unicorne , le tigre, etc. On compte en Asie trois races humaines princip. : la caucasienne, la mongole et la malaise, auxquelles il faut joindre la sibérique. On y parle une infinité de langues : l'arabe moderne, le turc, l'hindoustan, le chinois, le mandchou, le japonais etc.; on y cultive aussi plusieurs langues mortes,'le zend, le sanscrit et l'arabe ancien. Six religions différentes y dominent : le Christianisme, le Mahométisme, le Sabéisme, le Châmanisme, le Brahmisme et le Bouddhisme. – On reconnaît l'Asie pour le berceau du genre humain : la Chine, l'Inde, la Chaldée, se disputent l'honneur d'avoir été la première contrée civilisée. On trouve en effet la plupart des arts en Asie de temps immémorial : l'acier, la pourpre, la porcelaine, l'art de faire des tapis, l'imprimerie, la boussole, y sont connus depuis des siècles; mais ces arts y sont restés stationnaires. C'est là aussi que se sont formés les plus grands empires connus, ceux d'Assyrie, de Babylone, de Perse, l'empire d'Alexandre, ceux des Arabes, des Tartares Mongols; mais la plupart de ces puissances colossales se sont écroulées aussi vite qu'elles s'étaient élevées. – Longtemps les Grecs ne connurent de cette grande contrée que l'Asie-Mineure, la Colchide, la Syrie; les relations des Grecs avec les Perses et les conquêtes d'Alexandre étendirent ces connaissances. Au IXe siècle se multiplièrent les pèlerinages au tombeau du Christ; à la fin du XIe commencèrent les croisades; aux XIIIe et XIVe siècles eurent lieu les voyages de Marco Paolo, Rubruquis, Duplan de Carpin, etc. Au XVe siècle, Vasco de Gama arriva dans l'Inde en doublant le cap de Bonne-Espérance (1497), et bientôt après on connut la Chine, le Japon, ainsi que les îles qui les avoisinent. Mais ce n'est que dans ces derniers temps que toutes ces contrées, surtout l'Asie centrale ont été vraiment explorées.

ASIE ANCIENNE. Les bornes de l'Asie connue des anciens étaient à l'O. le Tanaïs (Don), le Palus Mœotis (mer d'Azof), le Pont-Euxin (mer Noire), la mer Égée (Archipel); au S. le golfe Arabique et la mer Érythrée (mer d'Oman). Ils connaissaient la mer Caspienne et le lac Chorasmias (mer d'Aral); à l'E. et au N., ils n'avaient guère pénétré plus loin que l'Inde et la Scythie (Tartarie). Le pays des Sères ou Sinæ (Chine) n'était connu que de nom. Les princip. montagnes connues étaient le Caucase, le Taurus, les chaînes du Liban, L'Ararat, le Paropamisus, le Zagros et l'Imaüs; les principaux fleuves : l'Euphrate, le Tigre, le Jourdain, l'Hydaspe, l'Indus, le Gange, l'Oxus et l'Araxe. On distinguait généralement dans l'Asie 12 grandes régions : l'Asie-Mineure, l'Arménie, la Parthie, la Mésopotamie, la Babylonie ou Chaldée, l'Assyrie, la Syrie, la Colchide, l'Arabie, la Perse, l'Inde, la Scythie ou Sarmatie. — L'Asie romaine ne s'étendait guère au delà de l'Asie-Mineure; elle forma d'abord 11 prov. et porta le nom d'Asie proconsulaire. Plus tard elle s'accrut de la Syrie et de quelques portions de l'Arménie et de l'Arabie; sous Constantin et ses successeurs, elle forma trois diocèses : diocèse d'Asie, subdivisé en Hellespont (Mysie), Lydie, Carie, 2 Phrygies, Lycaonie, Pisidie, Pamphylie; diocèse de Pont, subdivisé en Bithynie, Honorie, Paphlagonie, 2 Ponts, 2 Cappadoces, 2 Arménïes 2 Galaties; et diocèse d'Orient, subdivisé en 2 Cilicies, Osroène, 3 Syries, 2 Phénicies, 3 Palestines, 2 Arabies.

ASIE-MINEURE, Asia Minor, auj. Anatolie, nom donné par les Romains à la presqu'île la plus occidentale de l'Asie, pour la distinguer du continent, qui s'appelait Asie-Majeure, Asia Major. Elle était bornée à l'E. par l'Arménie et la Syrie; au N. par la mer Noire; à l'O. par la mer Égée, et au S. par la Méditerranée. L'Asie-Mineure est traversée par plusieurs chaînes de mont. détachées du Taurus et du Caucase; elle est arrosée par le Méandre, l'Hermus, le Sangarius, l'Halys, et l'Iris. On y distinguait 11 contrées princip. : à l'O., la Mysie, la Lydie, la Carie, la Lycie; au N., la Bithynie, la Paphlagonie, le Pont; au S., la Pamphylie, la Pisidie et la Cilicie; au centre, la Phrygie et la Cappadoce. Tout le rivage occidental était occupé par les colonies grecques : les Éoliens au N., les Ioniens au centre, en Lydie, les Doriens au S., y avaient fondé des villes qui le disputaient, pour la richesse, la civilisation et la puissance, à celles de la Grèce : telles étaient Éphèse, Phocée, Milet, Smyrne, Halicarnasse, Lampsaque et Cnide. Les autres v. importantes étaient : dans la Mysie et la Bithynie, Troie, Pergame, Pruse Cyzique, Amasie, Sinope, Nicée, Nicomédie, Chalcédoine; dans la Phrygie, Ancyre, Apamée et Laodicée; dans la Cappadoce, Césarée, Sébaste; dans les prov. du S., Stratonice, Telmesse, Tarse et Séleucie. Les îles principales qui en dépendaient sont celles de Lesbos, Chios, Cos, Samos, Rhodes, sur la côte occidentale, Cypre au S.; toutes ces îles furent occupées et colonisées par les Grecs. — L'Asie-Mineure a été connue de toute antiquité. Elle a vu fleurir les empires de Troie (du XVe au XIIe siècle av. J.-C.) et de Lydie (du Xe au VIe), les colonies grecques d'Ionie, d'Éolie et de Doride, puis les roy. de Bithynie, de Paphlagonie, de Pont et de Cappadoce, qui, après avoir été longtemps indépendants, furent tous réunis à l'empire du roi de Perse (548 av. J.-C.). Sous la domination persane, l'Asie-Mineure forma quelquefois une seule satrapie et comme une espèce d'apanage, notamment sous Artaxerce-Mnémon (404-401), qui la donna à son frère Cyrus le Jeune. Conquise par Alexandre, elle échut après sa mort à Antigone; et après la mort de ce dernier, elle passa sous le joug des Séleucides; néanmoins, il s'y forma bientôt plusieurs roy. indépendants : Pont, Cappadoce, Bithynie, Pergame, Galatie, Paphlagonie, etc. Ces roy. subsistèrent jusqu'à la conquête de l'Asie-Mineure par les Romains, qui y pénétrèrent pour la première fois l'an 189 av. J.-C., et ne la soumirent tout entière qu'au Ier siècle de notre ère. Au IVe siècle, lors du partage de l'empire, l'Asie-Mineure, comprise dans l'empire d'Orient, forma le diocèse d'Asie et la plus grande partie des diocèses de Pont et d'Orient (V. ASIE ANCIENNE). Les califes en conquirent une partie au VIIe siècle; les Turcs Seldjoucides s'y établirent au XIe et y fondèrent l'empire de Roum ou d'Iconium (Komeh), ne laissant aux empereurs grecs qu'un tiers du pays. Après 1204, l'Asie grecque forma les deux empires de Nicée et de Trébizonde. A la chute des Seldjoucides, 10 petites principautés s'établirent sur leurs débris. Enfin de 1381 à 1387, Amurat I, fils d'Othman, soumit toute l'Asie-Mineure, qui depuis ce temps appartient aux Turcs. — M. de Tchihatcheff a donné une Descript. phys. de l'Asie mineure, 4 vol. in-8, 1866.

ASILE, SALLES D'ASILE. V. le Dict. des Sciences.

ASINARA, Herculis insula, petite île près de la côte N. O. de la Sardaigne, a 28 kil. de long sur 8 de large. Déserte auj., mais peuplée au temps des Romains et jusqu'aux guerres de Pise et de Gênes.

ASINARUS, auj. le Noto, petite riv. de Sicile, au S. E., tombait dans la mer Ionienne près d'Hélore. Les Athéniens y perdirent, l'an 413 av. J.-C., une bataille qui fit échouer leur expédition de Sicile : Nicias, leur général, y fut pris par Gylippe, général des Syracusains.

ASINIUS POLLIO (C.). V. POLLIO.

ASIONGABER, Bérénice, anc. v. d'Arabie (Hedjaz), dans l'Idumée, sur le golfe d'Ælana. C'est un des points d'où partaient les flottes de Salomon qui se rendaient à Ophir.

ASMODÉE, nom donné par les rabbins au démon dont parle l'Écriture dans l'histoire de Tobie (ch. VI), démon qui obsédait Sara, fille de Raguel, et fit périr ses sept premiers maris. Les rabbins le nomment le prince des démons et en racontent des choses merveilleuses. Ils le regardent comme le feu de l'amour impur.

ASMONÉENS, nom donné à la famille des Machabées, à cause du bourg d'Asmon (tribu de Siméon), d'où l'on suppose qu'ils étaient originaires.

ASNIÈRES, joli vge du dép. de la Seine, arr. de St-Denis, à 6 kil. N. O. de Paris, sur la r. g, de la Seine; 3213 h. Il est traversé par le chemin de fer de Paris à St-Germain. On y élevait jadis des ânes, d'où son nom. Les rois de France y eurent au XIIIe siècle une résidence. Auj., rendez-vous de plaisir.

ASOPUS, Asopo, riv. de Béotie sortait du Cithéron, traversait le territoire de Platée, et tombait dans la mer d'Eubée vis-à-vis d'Érétrie.

ASOR, nom de plusieurs lieux de l'anc. Palestine, dont le plus connu est un bourg voisin de Damas, nommé auj. Arzouf, sur la Méditerranée, à 13 kil. N. de Jaffa. Pris par Baudouin I en 1105, et par les Turcs en 1265. Richard y battit Saladin en 1191.

ASPA ou ASPADANA, auj. Ispahan, v. de Perse, (Parétacène), était fort petite au temps d'Alexandre.

ASPAR, général et patrice de l'empire d'Orient, Alain ou Goth de naissance, fut envoyé en Italie par Valentinien contre le rebelle Jean, qu'il réduisit (435). Six ans après il fut battu par Genséric, roi des Vandales. Après la mort de l'empereur Marcien (457), Aspar mit la couronne sur la tête de Léon le Thrace, et obligea ce prince à donner le titre de césar à son fils Ardaburius; n'étant pas encore satisfait il conspira contre la vie de l'empereur; mais celui-ci en fut instruit, et le fit mettre à mort avec son fils (471).

ASPASIE, femme célèbre par sa beauté et son esprit, naquit à Milet et vint se fixer à Athènes où elle enseigna l'éloquence. Sa maison fut bientôt le rendez-vous des hommes les plus distingués de la Grèce : il s'y tenait des conférences où se traitaient les plus hautes questions de philosophie, de politique et de littérature. Socrate, Périclès, Alcibiade, y étaient des plus assidus. Périclès conçut pour elle une si vive passion qu'il répudia sa femme pour l'épouser. Aspasie prit sur cet homme d'État la plus grande influence, et eut ainsi beaucoup de part aux affaires de la Grèce : on prétend que c'est elle qui suscita les guerres de Samos, de Mégare et du Péloponèse. Les ennemis de Périclès accusèrent Aspasie d'impiété; son époux la défendit avec chaleur devant l'Aréopage, et fut réduit pour la sauver à répandre des larmes devant ses juges. Après la mort de Périclès, elle s'attacha à un jeune homme inconnu, Lysiclès, et eut encore assez de crédit pour le faire élever aux premières dignités. Amie de tout ce qui était noble et beau, Aspasie contribua de tout son pouvoir à inspirer aux Athéniens le goût des arts; on lui attribue en grande partie l'éloquence de Périclès. C'est à tort qu'on a quelquefois rangé au nombre des courtisanes cette femme vraiment supérieure. — Cyrus le Jeune donna le nom d'Aspasie à sa maîtresse Myrto, femme d'une grande beauté, qui, après Cyrus, fut encore aimée d'Artaxerce.

ASPE, vallée de France, dép. des B.-Pyrénées, s'étend du mont Aspe, sur la frontière d'Espagne, jusque près d'Oloron, dans une longueur de 40 kil. du S. au N. Elle est traversée par le Gave d'Aspe.

ASPENDUS, v. de Carie, près de l'Eurymédon, à quelques kil. de la mer. C'est auj. Minougat.

ASPERN, bourg d'Autriche. V. GROSS-ASPERN.

ASPET, ch.-l. de cant. (H.-Garonne), à 15 kil. S. E. de St-Gaudens; 715 hab. Fabriques de clous, de peignes en buis. Émigration annuelle de chaudronniers et rémouleurs pour l'Espagne.

ASPHALTITE (lac). V. MORTE (mer).

ASPINWALL, v. et port de l'Amérique centrale (Nouv.-Grenade), au fond du golfe de Mexique, à 60 kil. à l'E. de Panama, avec laquelle elle communique depuis 1855 par un chemin de fer qui traverse l'isthme ; env. 5000 hab. Fondée en 1850 par un négociant américain qui lui donna son nom.

ASPIS ou CLYPEA, auj. Aklib, v. de l'Afrique anc. (Byzacène), au S. E. de Carthage, sur une colline, avait été fondée par Agathocle et était ainsi nommée des mots aspis et clypeus, l'un grec, l'autre latin, qui signifient tous deux bouclier, parce que la colline sur laquelle elle était située avait la forme d'un bouclier.

ASPRES-LES-VEYNES, ch.-l. de cant. (H.-Alpes), à 30 kil. S. O. de Gap; 710 hab.

ASPRIÈRES, ch.-l. de cant. (Aveyron), à 26 kil. N. E. de Villefranche; 852 hab. Zinc sulfuré.

ASPROPOTAMOS, Acheloüs, riv. de la Turquie d'Europe et de la Grèce, sort du mont Kodjaka, à l'E. de Janina, coule au S., et tombe dans la mer Ionienne au-dessous de Trigardon; cours, 220 kil.

ASSAM, Asangæ, contrée de l'Inde transgangétique, dans l'intérieur des terres, entre le Boutan au N., le Bengale à l'O., l'empire Birman au S. et la Chine à l'E. s'étend de 88° 20' à 93° 27' long. E., et de 27° à 29° lat. N.; elle a 750 kil. sur 160, et env. 1 000 000 d'hab. Capit., Djorhât. Autres v. importantes : Rangpour, la plus peuplée du roy.; Ghergong, anc. capit., auj. en ruines. L'Assam est une grande vallée entourée de hautes mont. boisées, et traversée de l'E. à l'O. par le Brahmapoutra. Climat peu salubre, grandes pluies, inondations. Sol fertile, poivre, gingembre, riz, noix d'arec. Soie, coton musc, argent, cuivre, plomb, or en paillettes dans les riv.; éléphants. Les habitants, d'origine hindoue, professent le Brahmisme. — Longtemps indépendant, ce pays fut envahi, mais sans résultat, par Aureng-Zeb; plus tard il devint tributaire des Birmans, qui en 1826 le cédèrent aux Anglais.

ASSARACUS, 2e fils de Tros, roi de Troie, fut aïeul d'Anchise, père d'Énée.

ASSAR-HADDON, roi de Ninive (707-667 av. J.-C.), succéda à son père Sennachérib. Il s'empara de Babylone, où il établit le siége de son empire, en 680, puis envahit la Syrie, fit prisonnier, en 673, Manassès, roi de Juda, et envoya une colonie assyrienne à Samarie : c'est là l'origine des Samaritains.

ASSAS (Nicolas, chevalier d'), capitaine au régiment d'Auvergne, né au Vigan, périt victime d'un dévouement sublime, dans la nuit du 15 octobre 1760, à Klostercamp, en Westphalie. En faisant une reconnaissance, il rencontra une colonne ennemie qui s'avançait en silence pour surprendre les Français. On le menace de l'égorger s'il dit un mot; d'Assas n'hésite pas, il s'écrie : « A moi, Auvergne! ce sont les ennemis; » et il meurt percé de coups. Une statue lui a été érigée au Vigan en 1830.

ASSASSINS, sectaires ismaéliens, fameux au temps des croisades, s'établirent en 1090, sous la conduite d'Haçan-ben-Sabath-Homaïri, dans les mont. de la Perse septentr., où ils formèrent une espèce d'ordre religieux et militaire. Leur nom, dont la forme véritable est Haschischins, vient de haschich, nom arabe d'une boisson enivrante, à l'aide de laquelle leur chef, qu'on appelait le Vieux de la Montagne (V. HAÇAN), les jetait dans un délire, pendant lequel ils s'imaginaient trouver un avant-goût des félicités éternelles. Ce chef élevait des jeunes gens dans un dévouement si absolu à ses volontés, qu'ils allaient sans crainte exécuter ses arrêts de mort contre les rois et les princes ses ennemis. Les Assassins prirent un accroissement rapide; ils s'emparèrent d'un grand nombre de forteresses et formèrent plusieurs établissements, dont deux principaux : l'un au N. de la Perse, où leur ch-l. était la forteresse d'Alamout; l'autre en Syrie, dans les mont. de l'Anti-Liban, où ils possédaient la forteresse de Masyat, entre Antioche et Damas. Les meurtres que commirent ces fanatiques rendirent quelque temps redoutable la puissance de leur chef; mais en 1256, la grande invasion mongole, conduite par Houlagou, mit fin à leur existence en Perse. Ceux de Syrie furent exterminés quelques années après, par Bibars, soudan d'Égypte. La puissance des Assassins avait duré env. 180 ans. Leurs chefs les plus célèbres, après Haçan sont Kia-Buzurgomid, Ala-Eddyn ou Aladin, et Rockneddin. C'est d'eux qu'est venu le nom d’assassin donné depuis à de lâches meurtriers. Parmi leurs victimes les plus remarquables on cite un calife de Bagdad, un calife du Caire, et Conrad, marquis de Montferrat. M. J. de Hammer a donné l’Histoire des Assassins, 1818 (trad. en franç. en 1833).

ASSELYN (J.), peintre flamand, né à Anvers en 1610, mort en 1660, vint se fixer à Amsterdam après avoir visité Rome, et peignit des batailles, des marines et des paysages, prenant Claude Lorrain pour modèle dans le paysage, et imitant le Bamboche dans les batailles ou les morceaux d'histoire. Sa couleur est claire et transparente, sa touche libre et ferme, sa lumière chaude. Le musée du Louvre possède quatre de ses meilleures toiles.

ASSEMANI (Joseph-Simon), savant orientaliste, né en 1687, mort en 1768, était un Syrien maronite. Il fut préfet de la bibliothèque du Vatican, et publia entre autres ouvrages précieux : Bibliotheca orientalis Clementino-Vaticana, Rome, 1719-1728, 4 vol. in-fol., et les OEuvres de S. Éphrem, grec, syriaque et latin, R., 6 v. in-fol., 1732-46. — Son neveu et successeur à la bibl. du Vatican, Évode Assemani, a donné le Catalogue des manuscrits orientaux de la Bibliothèque Médicéo-Laurentine, Florence, 1742, 2 vol. in-fol. — Simon Assemani, de la même famille, né en Syrie en 1752, mort à Padoue en 1821, a donné un Catalogue des manuscrits orientaux de la bibliothèque du comte de Nani, Padoue, 1787-92, et un Essai sur les Arabes avant Mahomet, 1787.

ASSEMBLÉE DES NOTABLES, nom jadis donné en France à des réunions que les rois convoquaient dans des circonstances difficiles et où figuraient, avec les princes du sang, les principaux de la noblesse, de la magistrature et du clergé. Les membres en étaient nommés par le roi lui-même. Elles n'étaient que consultatives et donnaient moins d'ombrage à la royauté que les États généraux. Les notables furent assemblés pour la première fois par Charles V en 1369. Ils furent depuis convoqués à Tours en 1470, à Cognac en 1526, à Fontainebleau en 1560, à St-Germain en 1561, à Moulins en 1566, à Rouen en 1596, à Paris en 1626, à Versailles en 1787 et 1788. Ces deux dernières assemblées sont les plus connues; elles eurent lieu, la 1re, du 22 février 1787 au 25 mai de la même année; l'autre, du 6 novembre 1788 au 12 décembre suivant. Louis XVI convoqua la 1re pour combler le déficit en obtenant des subsides de la partie de la nation qui avait été jusque-là exempte de tout impôt : les notables consentirent l'impôt territorial, l'impôt du timbre et la suppression des corvées; mais le parlement refusa d'enregistrer ces mesures, prétextant qu'aux États généraux seuls appartenait le droit de les établir. La cour, après avoir tenté quelques actes de violence contre le parlement, et en avoir reconnu l'inefficacité, se résolut à convoquer des États généraux. — Ce fut pour traiter quelques questions préliminaires sur l'organisation de ces États que le roi convoqua la 2e Assemblée des notables. Il s'agissait de savoir quel y serait le rôle du tiers état, s'il obtiendrait une représentation égale en nombre à celle des deux premiers ordres, la noblesse et le clergé; si on délibérerait par tête ou par ordre, et si le tiers état n'aurait qu'une seule voix contre les deux voix de la noblesse et du clergé. L'Assemblée des notables se déclara contre le doublement du tiers ; mais la cour, cédant à l'opinion publique, décida le contraire.

ASSEMBLÉE NATIONALE ou CONSTITUANTE, assemblée célèbre, ouverte à Versailles le 5 mai 1789, sous le nom d'États généraux, devait se composer de 291 députés du clergé, 270 de la noblesse et 584 du tiers état. La noblesse et le clergé ayant refusé de siéger avec le tiers état, les députés de cet ordre se constituèrent d'eux-mêmes en assemblée délibérante, et prirent le nom d’Assemblée nationale (17 juin). Louis XVI tenta d'abord de la dissoudre et fit fermer la salle où elle se réunissait à Versailles; mais les députés, s'étant rendus le 20 juin au Jeu de paume (V. ce mot), jurèrent de ne se séparer qu'après avoir donné une constitution à la France d'où le nom d’Assemblée constituante; et le roi, désespérant de vaincre leur résistance, invita les deux autres ordres à se joindre à eux (27 juin). Voici les principaux actes de cette célèbre assemblée : 4 août 1789, abolition de tous les priviléges féodaux; 23 et 24, décret proclamant la liberté des opinions religieuses et la liberté de la presse; 12 octobre, translation de l'Assemblée nationale à Paris; 2 novembre, déclaration que les biens du clergé sont mis à la disposition de l'État comme biens nationaux; 17 décembre, création d'un papier-monnaie sous le nom d’assignats; 15 janvier 1790, division du royaume en 83 départements; 17 mars, décret pour la vente des biens nationaux jusqu'à concurrence de 400 millions; 19 juin, suppression de tous les titres de noblesse; 27 novembre, décret relatif à la prestation de serment de tout ecclésiastique fonctionnaire public; 5 juin 1791, décret qui ôte au roi le droit de faire grâce; 15 juillet, déclaration que le roi, qui avait tenté de fuir, sera suspendu de ses fonctions jusqu'à ce qu'on lui ait présenté l'acte constitutionnel; 30 juillet, abolition des ordres de chevalerie. Le 3 septembre 1791, la constitution est terminée, et, le 13, le roi l'accepte. Cette constitution, élaborée et discutée pendant les années 1789, 1790 et 1791, déterminait le pouvoir du roi et le pouvoir de la nation. Elle créait une assemblée législative, qui seule faisait les lois, et elle accordait seulement au roi, sous le nom de veto, le droit d'en suspendre temporairement l'exécution. L'Assemblée constituante se sépara le 30 septembre 1791, et fut immédiatement remplacée par l'Assemblée législative. Les personnages qui eurent le plus d'influence dans cette assemblée sont Mirabeau, Barnave, Cazalès, Maury Duport, Lafayette, les Lameth, etc. — On a aussi donné le nom d’Assemblée constituante à l'Assemblée de 1848 : ouverte le 4 mai, elle termina ses travaux le 4 novembre, et proclama le 12 du même mois la nouvelle constitution; elle établissait une république démocratique, avec un président élu pour 4 ans, et une assemblée unique de 750 membres, élus, ainsi qua le président, par le suffrage universel.

ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE. D'après la constitution donnée par l'Assemblée nationale, le pouvoir législatif était délégué à une assemblée élue par le peuple, composée de 745 membres; aucun des membres de la précédente législature ne pouvait en faire partie. Cette assemblée prit le nom d’Assemblée législative. Elle se réunit le 1er octobre 1791, lendemain du jour où se sépara l'Assemblée nationale, et siégea jusqu'au 21 septembre 1792. Cette assemblée décida, entre autres mesures : 8 novembre 1791, que les émigrés seraient déclarés coupables de conspiration, poursuivis comme tels, et punis de mort s'ils ne rentraient avant le 1er janvier 1792; 20 avril 1792, que la guerre était déclarée à l'empereur François II; 26 mai, que les ecclésiastiques qui refuseraient de se soumettre à la constitution civile du clergé seraient déportés; 11 juillet, que la patrie était en danger, et que dès lors les séances seraient permanentes, que toutes les municipalités et tous les conseils de district et de département siégeraient sans interruption, que toutes les gardes nationales seraient mises en mouvement; 10 août, que le roi était suspendu de ses fonctions, et qu'une nouvelle assemblée serait convoquée, sous le nom de Convention nationale. Les partis de la Montagne et de la Gironde (V. ces mots) se formèrent dans l'Assemblée législative.

ASSEN, v. du roy. de Hollande, ch.-l. de la prov. de Drenthe, sur le Horn-Diep, qu'un canal met eh communication avec le Zuyderzée, à 120 kil. N. E. d'Amsterdam; 3000 hab.

ASSENS, v. et port du Danemark, dans l'île de Fionie, à 33 kil. S. O. d'Odensée, sur le Belt; 2000 h. Christian III y battit ses sujets insurgés, 1535.

ASSER, célèbre rabbin, né à Babylone l'an 353 de J.-C., mort en 427, fut dès l'âge de 14 ans président de l'Académie de Sora sur l'Euphrate et compta un grand nombre de disciples. Il est l'auteur du Talmud de Babylone, qu'on doit distinguer du Talmud de Jérusalem. C'est une compilation qui contient, avec l'histoire, les traditions sur la loi et la religion juive. Le Talmud d'Asser a été imprimé à Amsterdam en 1744, avec commentaires, en 12 vol. in-fol.

ASSER, moine de St-David (Pté de Galles), né vers 850, mort en 910, devint évêque de St-David, fut invité par Alfred le Grand à se rendre à sa cour, et vécut dans l'intimité de ce prince; qui le combla de présents. Il a laissé d'intéressants mémoires, publiés en 1574 par Parker sous le titre de Vie d'Alfred, à la suite de l'histoire de Walsingham, et à part en 1722 par F. Wise. On lui attribue les Annales britannicæ, publiées par le docteur Gale.

ASSIDÉENS, secte juive. V. CHASIDIM.

ASSIENTE, ASSIGNATS. V. ces mots dans notre Dictionnaire universel des Sciences.

ASSINIBOINE, riv. de l'Amérique du N. (Nouv.-Bretagne), a sa source par 105° long. O., 52° 15' lat. N.; court au S. E., reçoit le Calling, le Meuse, la Rivière-Rouge, et tombe dans le lac Ouinipeg, après un cours très-sinueux de 700 kil. — Ses bords sont habités par les Assiniboins, peuplade guerrière de la famille des Sioux-Osages, ennemis acharnés des Dakotas. Ils font le commerce de fourrures.

ASSINIE, riv. et contrée de Guinée, entre la côte d'Or et la côte des Dents, au S. O. des Achantis et à l'E. du cap des Trois-Pointes. Comptoir français.

ASSISE, Assisi en italien, Asisium chez les Latins, v. du territoire romain, à 19 kil. S. E. de Pérouse, sur une mont.; 5000 hab. Évêché. Patrie de S. François d'Assise, dont on conserve le corps; dans la cathédrale, et du poëte Métastase.

ASSISES (d’assidere, s'asseoir). On appelait ainsi au moyen âge des assemblées périodiques de justice ainsi que les ordonnances faites dans ces assemblées (V. notre Dictionnaire univ. des Sciences). On connaît sous le nom d’Assises de Jérusalem un recueil de règlements généraux rédigés en 1099 par Godefroi de Bouillon, roi de Jérusalem, de concert avec les principaux seigneurs croisés, réunis en assises. Ces ordonnances, destinées à régir l'État chrétien de Palestine, furent anéanties en même temps que la domination des Croisés. Cependant, plusieurs de leurs dispositions furent introduites dans le roy. de Chypre par Guy de Lusignan (1192), puis dans l'empire latin de Constantinople (1204), et dans plusieurs autres parties de la Grèce. La bibliothèque de Venise en possède un exemplaire manuscrit. M. Beugnot a publié de 1841 à 1844 (dans le recueil des Historiens des Croisades) ce qui nous reste de ces Assises.

ASSOMPTION (fête de l'), fête instituée en l'honneur de l'élévation de la Ste Vierge au ciel. On la célèbre le 15 août. Cette fête était établis dès le Ve siècle; mais le vœu de Louis XIII ajouta beaucoup en France à sa solennité.

ASSOMPTION, capit. du Paraguay, sur la r. g. du Paraguay, par 25° 17' lat. S., et 60° long. O., à 1000 kil. N. E. de Buénos-Ayres; env. 15 000 hab. Résidence du dictateur; évêché. Peaux, tabac, maté. Fondée en 1535.

ASSOMPTION (île de l'), une des îles Mariannes, par 143° 34' long. E., 19° 45' lat. N.; a 17 kil. de tour. Volcan au centre. Arbres à pain, cocotiers, etc. — Ile de l'Océan Atlantique. V. ANTICOSTI.

ASSOMPTION (Notre-Dame de l'). V. CÉARA.

ASSOS, v. d'Éolie, dans l'anc. Mysie, sur le golfe d'Adramyttium, près du vge actuel de Beiram-Kalessi. Colonie grecque, patrie de Cléanthe le stoïcien. Ruines très-remarquables : restes de temples; théâtre conservé presque entier.

ASSOUAN, Syène, île et v. de la H.-Égypte, sur la r. dr. du Nil, à 97 kil. S. d'Edfou, par 30° 35' long. E., 24° 5' lat. N. Elle est très-voisine du tropique : aussi, le jour du solstice, l'ombre y est-elle presque nulle; autrefois même, l'image du soleil s'y peignait tout entière au fond d'un puits. C'est là que se trouve la 1re cataracte du Nil. Belles ruines. — Les Français y défirent les Mamelouks le 16 mai 1799.

ASSOUCY (Ch. COYPEAU d'), poëte burlesque, surnommé le Singe de Scarron, né à Paris en 1604, mort en 1679, mena une vie désordonnée, s'échappa dès son enfance de la maison paternelle, se fit empirique, puis joueur de luth, fut, en cette qualité, attaché quelque temps à la cour de Savoie et à celle de Louis XIII, et amusa par ses facéties l'enfance de Louis XIV; puis se remit à voyager et se fit jeter, en Italie, dans les cachots de l'inquisition, pour une satire contre un prélat romain. De retour en France, il fut encore mis en prison, pour mauvaises mœurs. D'Assoucy a traduit en vers burlesques les Métamorphoses d'Ovide, sous le titre d’Ovide en belle humeur, ainsi que le Ravissement de Proserpine de Claudien, et a composé un grand nombre d'autres poésies, entre autres le récit de ses propres Aventures (réimprimé en 1858, à Paris, par C.Dombey). Ce poëte, eut quelque vogue en son temps, comme le prouve ce vers de Boileau :

Et, jusqu'à d'Assoucy, tout trouva des lecteurs.

ASSOUR. V. ACHOUR.

ASSUAY, dép. de la rép. de l'Équateur, au S. E. de l'État, et à l'E. des Andes, se div. en 3 prov.: Cuença, Loja, Jaen, et a pour ch.-l. Cuença. Arbre à quinquina. Magnifiques ruines de constructions péruviennes.

ASSUÉRUS, roi de Perse, qui, selon la Bible, épousa la Juive Esther et rendit, à sa prière, un édit favorable aux Juifs. On croit que c'est Artaxerce-Longuemain, ou, selon d'autres Darius I.

ASSUR, 2e fils de Sem, contemporain de Nemrod. Chassé par celui-ci des plaines de Sennaar, il s'établit à l'E. du Tigre, y fonda le roy. d'Assyrie, et bâtit Ninive. On place son règne vers 2640 av. J.-C.

ASSYE, ou ASSAYE, vge de l'Indoustan (Bérar), à 40 kil. N. de Djalnah. Arthur Wellesley (depuis lord Wellington) y battit, en 1803, avec 8000 hommes, 60 000 Mahrattes.

ASSYRIE, Assyria, le Kourdistan actuel, vaste contrée de l'Asie anc., à l'E. du Tigre, bornée au N. par l'Arménie, à l'O. par la Mésopotamie, à l'E. par la Médie, au S. par la Babylonie, était arrosée par le tigre, l'Arbis, le Gorgus et le Zabus, et avait pour capit. Ninive, et pour villes principales Gangamèle, Arbèles, Artémite. On étend quelquefois le nom d'Assyrie à la réunion de l'Assyrie proprement dite, de la Babylonie et de la Mésopotamie. — Assur, fils de Sem, fonda Ninive vers 2640 av. J.-C., dans le même temps que Nemrod jetait les fondements de Babylone, et donna son nom à l'Assyrie. On ne sait rien de certain sur l'histoire de cette contrée jusqu'à Bélus, qui, en 1993 av. J.-C., chassa les Arabes, alors maîtres du pays, et créa le 1er empire d'Assyrie, en réunissant le roy. de Babylone à celui de Ninive. Ninus, fils de Bélus (1968-1916), vainqueur de l'Arménie et de la Médie, soumit tous les peuples de l'Asie septentr. jusqu'à la Bactriane et au pays des Saces. Sémiramis, sa veuve, étendit l'empire des Assyriens jusqu'à l'Indus, et remplit Babylone des monuments les plus magnifiques (1916-1874). Elle eut pour fils et pour successeur Ninyas, après lequel on ne trouve sur l'histoire d'Assyrie que des traditions incertaines, d'immenses lacunes et de longues séries de rois inconnus. Le dernier, Sardanapale, n'est fameux que par sa mollesse : il fut détrôné par ses sujets en 759 av. J.-C. — Des débris du premier empire d'Assyrie se formèrent les royaumes particuliers de Médie, de Babylone et de Ninive. Ce dernier, fondé par Phul, appelé aussi Sardanapale II, est connu sous le nom de 2e empire d'Assyrie. Téglath-Phalasar, fils de Phul (742) et Salmanasar (724) soumirent les rois de Juda et d'Israël; Sennachérib (712) ravagea l'Égypte, assiégea Jérusalem et triompha des Babyloniens, mais il mourut assassiné (707). Assarhaddon, fils de Sennachérib, s'empara de Babylone (680); mais sous ses successeurs Saosduchéus (Nabuchodonosor) et Chinaladan (Sarac), l'empire d'Assyrie s'affaiblit considérablement. Enfin, en 625, Nabopolassar, roi de Babylone, renversa Sarac et détruisit le 2e empire d'Assyrie, en le réunissant à celui de Babylone. Depuis lors, l'Assyrie passa, avec la Babylonie, sous la domination de Cyrus (538) ; devenue dès lors province de la Perse, elle subit toutes les vicissitudes de cet empire. — Les principales divinités des Assyriens, qui ne sont guère connues que de nom, étaient Adramélech, Anamélech, Dagon, Dercéto. Les arts, surtout l'architecture et la sculpture, avaient atteint chez eux un haut degré de perfection, comme le prouvent les découvertes récentes faites par MM. Botta, Layard et Place à Khorsabad et autres lieux. Ces découvertes, jointes à la lecture et à l'interprétation des inscriptions en caractères cunéiformes, ont aussi jeté un nouveau jour sur l'histoire de l'Assyrie (V. l’Hist. des Assyriens d'après les monuments, de G. Kruger, Leips., 1855, et les Écritures cunéiformes, de J. Ménant, 1864).

ASSYZ-RAS, pointe de terre qui de la côte de Nubie s'avance dans la mer Rouge, par 36° long. E., 18° 24' lat. N. On croit que c'est là qu'était la Ptolémaïs Thérôn de Ptolémée.

AST (G. Ant. Fréd.), érudit, né en 1778 à Gotha, mort en 1841, professa la littérature classique à Munich. Élève de Schelling, il publia quelques écrits estimés sur l’esthétique, la philosophie et l’histoire de la philosophie. On lui doit une édition de Platon, avec trad. latine et commentaire, 11 vol. in-8, 1819-32, et un Lexicon platonicum, 1834-39, en allemand, la Vie et les écrits de Platon (1816). Ast est souvent téméraire dans sa critique : il rejette, comme apocryphes, le 1er Alcibiade, le Ménon et les Lois.

ASTA ou ASTA POMPEIA, v. de la Gaule Cisalpine (Ligurie), est auj. Asti.

ASTA REGIA, Xerès de la Frontera? v. d'Hispanie, dans l'île Tartesse, sur un bras (auj. desséché) du Bœtis, était une colonie romaine.

ASTABÈNE, portion de l'empire perse (Hyrcanie), au S. E. de la mer Caspienne, correspond à peu près au Daghestan, et avait pour habitants les Dahæ.

ASTABORAS, fleuve d'Éthiopie, affluent du Nil. est auj. l’Atbarah ou Tacazzé. V. ATBARAH.

ASTACUS, auj. Korfa, v. de Bithynie, sur la Propontide (mer de Marmara), près et à l'O. de Nicomédie, donnait son nom à l’Astacenus sinus (golfe d’Isnikmid). Détruite par Lysimaque.

ASTAFFORT, ch.-l. de cant. (Lot-et-Garonne), sur la r. dr. au Gers, à 20 kil. S. d'Agen; 1312 h.

ASTAPA, Estepa la Vieja, v. de la Bétique, sur les confins des Bastuli Pœni. Ses habitants, assiégés par les Romains dans la 2e guerre punique, se brûlèrent eux-mêmes plutôt que de se rendre.

ASTAPUS, fleuve d'Éthiopie, auj. le Bahr-el-Azrek, bras oriental du Nil.

ASTARAC (comté d'), partie de l'anc. Armagnac, auj. dans le dép. du Gers, comprenait Mirande, Roquelaure et Pavie.

ASTAROTH. On connaît sous ce nom deux v. de Palestine, toutes deux dans la demi-tribu de Manassé à l'E. du Jourdain : l'une était la capit. d'Og, roi de Basan, et l'autre la patrie de Job.

ASTAROTH, divinité phénicienne. V. ASTARTÉ.

ASTARTÉ, divinité des Phéniciens et des Syriens, parait être la personnification du ciel, et de l'armée des étoiles. Les Grecs l'ont identifiée avec leur Vénus céleste ou Uranie. Elle est nommée dans la Bible Astaroth.

ASTER, habile archer d'Amphipolis. Pour se venger de Philippe, roi de Macédoine, qui avait refusé ses services, il lui perça l’œil droit, au siége de Méthone, avec une flèche sur laquelle étaient, dit-on, des mots : « A l’œil droit de Philippe. » En réponse, le roi fit jeter dans la place une flèche avec ces mots : « Si la ville est prise, Aster sera pendu. » Et il le fut en effet.

ASTERABAD (c.-à-d. ville de l'Étoile), v. de Perse (Mazanderan), sur le Gourgan, près de son embouchure dans la mer Caspienne; 12 000 hab. On croit que c'est l'anc. Tambrax ou Thambraces, capit. de l'Hyrcanie. Ravagée par Tamerlan elle n'est plus qu'un grand village, qui sert de résidence au khan des Kadjars. Garance excellente, qui donne aux étoffes de Perse leur belle couleur rouge. Manufactures de soie et de coton.

ASTÈRE (S.), Asterius, évêque métropolitain d'Amasie, dans le Pont, fut élevé à ce siége à la fin du IVe siècle. Il se montra fort zélé pour la pureté de la foi et fut vénéré dans tout l'Orient. On a de lui des Sermons, publiés par Combefis, grec-latin, 1648, et trad. en français par Bellegarde, 1691. – Évêque de Pétra en 360, est honoré le 10 juin.

ASTI, Asta Colonia et Asta Pompeia, v. forte du Piémont, chef-lieu d'une prov. de même nom, au confluent du Tanaro et du Belbo, à 40 kil. S. E. de Turin,. 21 000 hab. Évêché. Vins muscats renommés, étoffes de soie. Patrie d'Alfieri. — Ville très-forte sous les Romains; république au moyen âge, elle tomba au pouvoir des ducs de Milan, et forma un duché qui fut donné en dot à Valentine Visconti quand elle épousa le duc d'Orléans, frère de Charles VI; ce duché resta entre les mains de princes français jusqu'en 1529, et fut alors cédé à Charles-Quint, qui le donna à la Savoie.

ASTIGIS, v. de Bétique, auj. Ecija. V. ce nom.

ASTOLPHE, roi des Lombards (749-756), conquit en 752 l'exarchat de Ravenne; il allait s'emparer des terres de 'l'Église, lorsque le pape Étienne II implora le secours de Pépin, roi de France, qui passa en Italie, défit Astolphe, reprit Ravenne et en fit don au pape. Il eut pour successeur Didier.

ASTOR (J. J.), négociant américain, Allemand de naissance, né en 1753, mort en 1848, était sans fortune lorsqu'il se rendit aux États-Unis en 1784, s'enrichit promptement par le trafic des fourrures, forma en 1809 la Compagnie américaine des pelleteries, et établit en 1811, sur la r. g. de la Colombia, le comptoir d'Astoria. Il fonda par testament la bibliothèque publique de New-York (Astor library).

ASTORGA, Asturica Augusta, v. d'Espagne (Léon), à 40 kil. S. O. de Léon; 4000 hab. Évêché, Près de là est le lac de Sanabria, au milieu duquel s'élève le vieux château des comtes de Benavente. Prise par les Français en 1810; reprise en 1812.

ASTORIA, v. et port de l'Orégon, sur la riv. de Columbia, près de son embouchure, eut pour origine le comptoir fondé par Astor. V. ce nom.

ASTRAKHAN, v. et port de la Russie d'Europe, ch.-l. du gouvt d'Astrakhan, dans une île du Volga, à 50 kil. de l'embouchure de ce fleuve dans la mer Caspienne, et à 1880 kil. S. E. de Pétersbourg ; 50 000 hab. Archevêché grec et arménien; nombreuses églises. C'est le port le plus fréquenté de la mer Caspienne; il sert d'entrepôt au commerce de la Russie avec la Boukharie, la Perse et l'Inde : il a 3 bazars, destinés à 3 classes de marchands, les Russes, les Hindous, les Asiatiques non Hindous; mais la v. est irrégulière et mal bâtie. — Jadis capit. du khanat d'Astrakhan, elle fut prise par les Russes en 1554; elle fut en vain assiégée par les Turcs en 1569. — Le gouvt est situé entre ceux de Saratov, d'Orenbourg, du Caucase, la mer Caspienne et le steppe des Kirghiz ; 313 000 hab., en grande partie nomades. Plusieurs grandes riv. (Volga, Oural, Gachoumi, les deux Ouzens). Tabac, maïs, riz, vin, cuirs, fourrures fines dites Astrakhan. On y élève beaucoup de bétail.

ASTRÉE, Astræa, déesse de la justice, habitait la terre dans l'âge d'or; mais les crimes des hommes dans les âges d'airain et de fer la forcèrent à fuir et elle remonta au ciel, où elle forme le signe de la Vierge. Quelques mythologues lui donnent pour mère Thémis, avec laquelle d'autres la confondent.

ASTRONOME (L'), nom sous lequel on désigne un écrivain inconnu, du IXe siècle, auteur d'une Vie de Louis le Débonnaire, en latin, qui jouit d'une grande autorité et qui a été trad. par le président Cousin (Histoire de l'empire d'Occident). Son nom lui vient des connaissances qu'il possédait en astronomie.

ASTRUC (J.), médecin français, né en 1684 à Sauves, près d'Alais, mort à. Paris en 1766, étudia à Montpellier, et devint successivement professeur de médecine à Toulouse (1710), à Montpellier, au collége de France, et à la faculté de Paris. Le roi de Pologne l'attira près de lui en le nommant son premier médecin (1729) ; mais il ne resta qu'un an à cette cour, et revint dès 1730 à Paris, où Louis XV le choisit pour médecin consultant. Astruc avait adopté le système mécanique de Boerhaave. Ses princip. œuvres sont : Mémoires sur la peste de Provence, 1722-25 ; De morbis venereis, 1736 et 1740; Traité des Tumeurs, 1759; des Maladies des femmes, 1761-1765. Il s'occupait aussi avec goût de métaphysique : il a publié en ce genre des dissertations De Sensatione, 1720; De Imaginatione, 1723; Sur l'immortalité, l'immatérialité et la liberté de l'âme, 1755. On a aussi de lui des Conjectures sur la Genèse.

ASTURA, Astura, v. du territoire romain, à 60 kil. S. de Rome, à l'embouchure de l'Astura. Cicéron y avait une villa : c'est près de là qu'il fut tué. Le jeune Conradin, battu à Tagliacozzo, fut pris à Astura (1268).

ASTURES, peuple de l'Hispanie, entre les Callaici et les Cantabri) habitait les Asturies et la partie N. du roy. de Léon et avait pour ch.-l. Asturica Augusta. Il fut soumis le dernier par les Romains.

ASTURICA AUGUSTA, v. d'Hispanie, auj. Astorga.

ASTURIES, contrée d'Espagne, dont on a formé l'intendance d'Oviédo, avait pour bornes au N. la mer, au S. le roy. de Léon, à l'E. la Vieille-Castille, à 1'O. la Galice; 500 000 hab. Ch.-l. Oviédo. Beaucoup de mont. et de vallées; climat frais et sain. Céréales, maïs, grande quantité de cidre; fer, cuivre, houille etc.; sur les côtes, ambre et corail. On y élève beaucoup de mulets. On distinguait jadis l'Asturie d'Oviédo et l'Asturie de Santillana, ainsi nommées de leurs chefs-lieux. — Les Asturies sont le berceau de la monarchie espagnole : c'est dans les mont. des Asturies que se réfugièrent les Goths en 712 et 713, et que Pélage, proclamé roi à Cavadonga (718), remporta la victoire de la Déva en 719. Froila, 3e successeur de Pélage, fonda en 761 Oviédo, où fut établi dès lors le siége de la monarchie des Asturies, connue depuis sous le nom de roy. d'Oviédo. V. ce nom. – Le fils aîné des rois d'Espagne porte depuis 1388 le titre de prince des Asturies.

ASTYAGE, dernier roi des Mèdes, fils de Cyaxare, régna de 595 à 560 av. J.-C., eut pour fille Mandane qui épousa Cambyse, roi des Perses, et fut, selon Hérodote, détrôné par Cyrus, son petit-fils. Selon Xénophon, ce n'est qu'après la mort de Cyaxare II, fils et successeur d'Astyage, que Cyrus monta sur le trône de Médie.

ASTYANAX, fils d'Hector et d'Andromaque, fut, après la prise de Troie, précipité par Ulysse du haut des murs de la ville, parce que Calchas avait prédit aux Grecs qu'il leur serait plus funeste que son père. — Selon une autre tradition, il fut sauvé et suivit sa mère en Épire.

ASTYDAMIE, épouse d'Acaste, roi d'Iolcos, conçut un amour coupable pour Pélée; dédaignée par lui, elle l'accusa d'avoir voulu lui faire violence, afin de le faire périr. Mais Pélée échappa à la mort, et se vengea par le supplice d'Acaste et d'Astydamie.


ASTYPALÉE, auj. Stampalia, île de l'Archipel,des Cyclades, au S. E. du groupe.

ATABALIBA ou ATAHUALPA, dernier roi du Pérou, de la famille des Incas, régnait à Quito et venait d'enlever à son frère Huascar le roy. de Cuzco, quand arrivèrent les Espagnols. Attiré à une conférence par Pizarre, il fut chargé de chaînes par ce général, contre la foi du serment, puis étranglé par ses ordres, l'an 1533.

ATABEK, c.-à-d. père du prince, nom que prirent chez les Turcs, dans les XIe et XIe siècles, plusieurs émirs qui, chargés du gouvt des prov. de l'Iran par les sultans seldjoucides, avaient usurpé le pouvoir suprême, mais n'osaient prendre le titre de sultan. Ils formèrent 4 dynasties princip. : 1° les atabeks de l'Irak, qui eurent pour fondateur Omad'Eddin-Zenghi, que les Croisés appelaient Sanguin; ses successeurs régnèrent de 1127 à 1218; 2° les atabeks du Farsistan, qui possédèrent la Perse de 1148 à 1264 et furent chassés par Houlagou; 3° les atabeks de l'Aderbaïdjan, de 1169 à 1225; 4° les atabeks du Laristan, dont le dernier, Rokneddin, mourut en 1339.

ATACINI, peuple de la Gaule (Narbonnaise 1re), entre les Sardones et les Volcæ Arecomici, ainsi nommés de l’Atax (Aude), qui baignait leur pays, occupaient une portion du dép. de l'Aude, aux env. d'Aleth, et avaient pour capit. Atacinus vicus (Aussière), vge situé près du ruisseau d'Ausson, à 12 kil. de Narbonne. Patrie d'un des Varrons.

ATAHUALPA, le dernier Inca. V. ATABALIBA.

ATAÏDE (don Louis d'), vice-roi des Indes pour le Portugal de 1568 à 1612, est le dernier héros portugais en Asie. Attaqué de toutes parts par les rois indiens confédérés, et assiégé dans Goa même, il repoussa toutes les attaques et remporta sur des armées formidables plusieurs victoires signalées. Non moins habile administrateur, il rétablit l'ordre partout. Il n'en fut pas moins disgracié; mais tout déclina aussitôt. Sébastien fut obligé de recourir à lui de nouveau; mais il mourut à Goa, peu après son retour, en 1580.

ATALANTE, fille de Schœnée, roi de Scyros, est célèbre dans la Fable par son agilité. Pour éluder les instances des princes qui demandaient sa main, elle leur promit d'épouser celui qui la vaincrait à la course, mais à condition que ceux qu'elle dépasserait recevraient la mort. Plusieurs avaient déjà péri lorsqu'Hippoméne entra dans la lice, et obtint par la ruser le prix proposé, en jetant devant Atalante des pommes d'or qu'elle ramassa dans sa course, ce qui la retarda. — Une autre Atalante, célèbre chasseresse, prit part à la chasse du sanglier Calydon, porta le premier coup au terrible animal, et reçut la hure du sanglier des mains de Méléagre, son amant.

ATALANTI, ville de Grèce. V. TALANTI.

ATARBÉCHIS ou APHRODITOPOLIS, v. de Basse Égypte, à 9 kil. S. de Byblos, sur un bras du Nil qui tombait dans le lacus Buticus, et qui recevait le nom de branche Atarbéchique. ATAULPHE, beau-frère d’Alaric, roi des Visigolhs, lui succéda en 412. Il avait sous le règne précédent puissamment contribué à la prise de Rome, et avait emmené captive Placidie, fille de l’empereur Théodose, et sœur de l’empereur Honorius. Il épousa cette princesse et se fit céder par Honorius la Gaule et l’Espagne. Il fut assassiné en 415 à Barcelone par un de ses officiers, à l’instant où il allait achever la conquête de l’Espagne.

ATAX, riv. de la Gaule narbonnaise, auj. l’Aude.

ATBARAH ou TACCAZÉ, l’Astaboras des anciens, fleuve d’Abyssinie, un des princip. affluents du Nil, traverse le Tigré, le pays des Changallas, la Haute Nubie ; reçoit à droite l’Aregua et le Mareb, et tombe dans le Nil par la droite. Il forme, avec ce fleuve, ce que les anciens appelaient l’île de Méroé.

ATÉ (mot grec qui signifie malheur), divinité malfaisante, fille de Jupiter. Chassée du ciel par son père, elle parcourut sans cesse la terre, se plaisant à semer la discorde et à faire naître toute sorte de maux. Elle est suivie des Prières, filles boiteuses de Jupiter, qui s’efforcent de réparer les maux qu’elle a faits (Homère, Iliade, XIX, 91).

ATELLA, auj. Averse ou San-Arpino, v. de Campanie, à 15 kil. E. de Capoue, a donné son nom aux rames osques, dits Atellanes. Ces pièces avaient quelque rapport avec les pièces satyriques des Grecs, mais on n’y voyait point figurer de satyres. Importées à Rome en 391 av. J.-C., les Atellanes disparurent, dit-on, lors de l’introduction des pièces régulières. Cependant, on les revit encore longtemps comme intermèdes ; on croit même qu’elles ont donné naissance aux types si connus de la comédie italienne. On doit à M. Munk une savante dissertation De Atellanis, Leips., 1840.

ATÉNOLPHE, duc de Bénévent, était d’abord prince de Capoue ; il conquit en 900 le duché de Bénévent sur Radelgise II, qu’il chassa de ses États. À sa mort (910), ses deux fils, Landolphe et Aténolphe II, régnèrent conjointement et reconnurent la suzeraineté des empereurs d’Orient.

ATERGATA ou ATERGATIS, déesse syrienne, adorée surtout par les Ascalonites, avait le visage et la tête d’une femme et le reste du corps d’un poisson.

ATERNUM, auj. Pescara, v. de l’Italie anc., chez les Prætulii, sur l’Adriatique, à l’emb. de l’Aternus.

ATH, v. de Belgique (Hainaut), sur la Dender, à 24 kil. N. O. de Mons ; 8000 hab. Nombreuses manufactures. — Ath faisait partie du Hainaut autrichien. Elle fut prise en 1667 et en 1697 par les armées de Louis XIV ; elle fut rendue aux Impériaux par le traité de Ryswick. Les Hollandais s’en emparèrent en 1716, et Louis XV en 1745. La France la perdit en 1814.

ATHALARIC, roi des Ostrogoths, petit-fils de Théodoric, fut, quoique mineur, reconnu pour roi à la mort de ce prince, et porta la couronne huit ans (526-534) ; sa mère Amalasonte régna sous son nom.

ATHALIE, reine fameuse par ses crimes, fille d’Achab, roi d’Israël, et de Jézabel, épousa Joram, roi de Juda, et en eut Ochosias. Après avoir perdu son époux et son fils, qui périt assassiné par Jéhu, elle ordonna de massacrer tout ce qui restait de la race de David, afin de s’assurer le trône, 876 av. J.-C. ; mais Joas, le plus jeune des fils d’Ochosias, ayant échappé au massacre, le grand prêtre Joad le conserva dans le temple et il le proclama roi six ans après, devant les Prêtres et les Lévites ; Athalie, que le tumulte avait attirée, fut massacrée par le peuple, 870. Cette reine impie avait établi à Jérusalem le culte de Baal. Tout le monde connaît le chef-d’œuvre qu’a inspiré à Racine sa mort tragique.

ATHAMANIE, contrée de l’Épire mérid., sur le versant N. du Pinde, aux confins de l’Acarnanie.

ATHAMAS, roi d’Orchomène en Béotie, épousa en premières noces Néphélé ou Thémisto, qui le rendit père de Phryxus et de Hellé ; puis en secondes noces Ino, fille de Cadmus, dont il eut Léarque et Mélicerte. La seconde épouse, jalouse des enfants du premier lit, décida Athamas à les immoler aux dieux pour faire cesser une famine qui désolait la Béotie. Ce père barbare allait en effet les massacrer, quand Jupiter leur envoya un bélier à toison d’or, sur lequel ils s’échappèrent. Athamas fut puni de sa cruauté par la perte de la raison ; dans sa démence, il prit les enfants d’Ino pour des lionceaux, et les écrasa contre une muraille. Revenu de son égarement, et honteux de ce nouveau crime, il s’exila dans un canton de l’Épire, qui prit de lui le nom d’Athamanie.

ATHANAGILDE, roi des Visigoths d’Espagne, 554-567, fit de Tolède sa capitale, maria sa 1re fille, Galsuinte, à Chilpéric, roi de Soissons ; et la 2e, Brunehaut, à Sigebert roi d’Austrasie.

ATHANASE (S.), l’un des Pères de l’église grecque, né à Alexandrie vers l’an 296, brilla dès 325 au concile de Nicée et devint patriarche d’Alexandrie en 326. Il s’opposa constamment et avec force aux innovations d’Arius : ce qui l’exposa aux persécutions des sectateurs de l’hérésiarque. Déposé par le conciliabule de Tyr (335), il fut rétabli par les conciles de Rome et de Sardique (347). Alternativement exilé et rappelé par Constantin, Constance, Julien, Jovien, il finit par triompher, et termina glorieusement ses jours à Alexandrie en 373. Il reste de lui des Commentaires sur la Bible, et un grand nombre d’autres ouvrages, écrits la plupart contre les Ariens : on remarque surtout son Apologie à l’empereur Constance. Ses OEuvres ont été publiées par Montfaucon, grec-latin, Paris, 1698, 3 vol. in-fol. On l’honore le 2 mai.

ATHELSTAN, roi des Anglo-Saxons de 925 à 941, se distingua par son courage et ses vertus. Il vainquit en 938, à Brunanbur (Chester), les Danois, Constantin, roi d’Écosse, les princes de Galles et de Cornouailles, qui s’étaient ligués contre lui. Délivré de ses ennemis, il fit régner la justice et ne s’occupa que du bonheur de ses peuples. Ses trois sœurs furent mariées, l’une à l’empereur Othon I, l’autre à Charles le Simple, roi de France, et la 3e à Hugues le Grand.

ATHÉNAGORAS, philosophe platonicien du IIIe siècle, natif d’Athènes, se fit chrétien, s’établit à Alexandrie et adressa une Apologie pour les Chrétiens à Marc-Aurèle et à son fils Commode. On a aussi de lui un Traité sur la Résurrection. Les meilleures édit. de ses ouvrages sont celles d’Oxford, 1706, de Leipsick, 1774, de Th. Otto, léna, 1857. Ils se trouvent aussi dans la Bibliothèque des Pères. Ils ont été trad. par Arnaud Duferrier, 1577 ; le Traité de la Résurrection a été trad. séparément par P. L. Renier, 17 53. — On a faussement mis sous son nom un roman grec Du vrai et parfait amour, trad. par Fumée de Genille en 1599.

ATHÉNAIS ou EUDOXIE. V. EUDOXIE.

ATHÉNÉE, Athenæeus, écrivain grec, de Naucratis en Égypte, vécut sous Marc-Aurèle et ses successeurs jusqu’à Alexandre-Sévère, et enseigna avec succès la rhétorique et la grammaire. On a de lui un ouvrage rempli de renseignements curieux, intitulé Deipnosophistæ, ou le Banquet des Sophistes (c.-à-d. des Savants), en 15 livres. Malheureusement il nous manque les deux premiers, une partie du 3e et la plus grande partie du dernier. Les édit. les plus estimées sont celles de Casaubon, avec trad. lat. de Dalechamp et notes, Lyon, 1597-1600, in-fol ; celle de Schweighæuser, Strasbourg, 1801-1807, 14 vol. in-8, et celle de Dindorf, Leipsick, 1827, 3 vol. in-8 (contenant le grec seul). Athénée a été trad. en français par l’abbé de Maroiles, Paris, 1680, et par Lefebvre de Villebrune, 1789-1791, 5 vol in-8. M. Ad. Hubert a donné des Morceaux choisis du Banquet des Savants, Paris, 1828, 1 vol. in-8, gr.-franç.

ATHÉNÉE, édifice dédié à Minerve (Athéné) et consacré à des réunions littéraires ou à des lectures publiques. Voyez ce nom au Dictionnaire des Sciences, des Lettres et des Arts.

ATHÈNES, Athenæ, v. de l’Attique, la plus célèbre de l’anc. Grèce, auj. capit. du roy. de Grèce, par 21° 25′ long. E., 37° 58′ lat. N., à 8 k. de la mer ; 30 000 h. Athènes était beaucoup plus grande autrefois : elle a pu compter jusqu'à 80 000 hab. Elle avait 3 ports : Phalère, Munychie, le Pirée, dit depuis Porto-Leone, 13 portes, 7 quartiers principaux : l'Acropole ou quartier de la citadelle, l'Aréopage l'Académie, le Céramique, le Prytanée, le Lycée, le Théâtre. On y admirait une foule de monuments, parmi lesquels il faut remarquer l'Aréopage, le Prytanée, l'Odéon, le Pécile, l'Académie, le Lycée, tous détruits, et le Parthénon, la tour octogone ou temple des Vents, le temple de Jupiter Olympien, le temple de Thésée, le temple de la Victoire, la porte d'Adrien, le théâtre de Bacchus, celui d'Hérode Atticus, l'Erechtheum, dont les ruines sont encore debout. Des fouilles récentes ont fait découvrir le Pnyx, ou place des assemblées populaires. Tous ces monuments étaient ornés, les uns des chefs-d’œuvre de la sculpture et de la peinture, les autres d'inscriptions; aussi les ruines dont le sol est couvert ont-elles fourni une riche mine d'antiquités. Dans l'enceinte de l'Acropole était la fontaine de Pan, récemment retrouvée. Deux longs murs joignaient le Pirée à la ville. L'amour des Athéniens pour les beaux-arts et la littérature est assez connu : il suffit de rappeler les noms de Platon, Phidias, Eschyle, Sophocle, Euripide, Aristophane, Thucydide, Xénophon, Démosthène, Eschine. — Athènes fut fondée, dit-on, vers 1643 av. J.-C. par une colonie égyptienne que conduisait Cécrops; elle devint bientôt le centre de l'Attique, qui jusque-là était divisée en bourgades indépendantes : son nom vint de celui d’Athêné, Minerve, à laquelle elle était consacrée. On lui donne pour rois, après Cécrops I, Cranaüs, Amphictyon, Erichthonius, Pandion I, Erechthée, Cécrops II, Pandion II, Égée, Thésée, Ménesthée, Démophoon, Oxynthès, Aphidas, Thymète, Mélanthe, Codrus, qui se dévoua l'an 1132 av. J.-C. A cette période monarchique succède la période aristocratique qui se subdivise en 3 époques : 1° les archontes perpétuels, de 1132 à 754. 2° les archontes décennaux, jusqu'en 684; 3° enfin les archontes annuels et le gouvt tyrannique ou des Pisistratides (560-510). Après la chute d'Hippias et avec les lois de Clisthène commence la période de la démocratie pure, qui va jusqu'à la réduction de la Grèce en prov. romaine, 146 av. J.-C. La puissance exécutive était partagée entre les 9 archontes : la nomination de ces magistrats et de tous les fonctionnaires importants, le droit de paix et de guerre, le pouvoir de faire les lois, appartenaient aux assemblées populaires; le droit de suffrage était universel; tout citoyen pouvait siéger à son tour comme juge. Les habitants étaient divisés en trois classes : citoyens, habitants non citoyens, mais libres; esclaves. — Les faits principaux de l'histoire d'Athènes et de l'Attique, après la fondation de la ville, l'abolition de la royauté et l'établissement de l'archontat en 1132, sont : la législation de Dracon, 624; celle de Solon, 594; la tyrannie de Pisistrate, 560; l'expulsion d'Hippias, 510; les trois guerres médiques, 492-449, à la suite desquelles Athènes devient la première puissance de la Grèce; l'administration de Périclès, 461-429; la guerre du Péloponèse, 431-404. A la fin de cette guerre, Athènes est prise par les Lacédémoniens et la suprématie passe à Sparte. Le retour triomphal de Thrasybule, 403, fait cesser la domination lacédémonienne et Athènes se relève pendant la lutte de Sparte avec Thèbes (378-362). Néanmoins, elle fait de vains efforts pour reconquérir le premier rang; après avoir résisté quelque temps à Philippe, elle finit par succomber et être assujettie à la Macédoine malgré l'éloquence de Démosthène, 338. Son histoire offre encore quelques alternatives d'indépendance et d'asservissement pendant le partage de l'empire d'Alexandre et sous les rois de Macédoine, 323-168 : un moment libre à la mort d'Alexandre, elle tombe en 296 sous le joug de Démétrius Poliorcète et est prise en 287 par Antigone Gonatas; délivrée par Aratus (229), elle est assiégée en 200 par Philippe III, puis se soumet aux Romains, avec le reste de la Grèce, en 146. Ayant voulu secouer le joug lors de la guerre de Mithridate, elle fut assiégée, prise et ruinée par Sylla, 87 avant J.-C. Anéantie dès lors comme puissance, Athènes demeura longtemps encore l'asile des sciences et des lettres. La philosophie et l'éloquence surtout y eurent de dignes représentants et de célèbres écoles : Alexandrie seule lui disputa cette gloire. L'histoire d'Athènes disparaît dans celle des empires romain et grec jusqu'en 1205. A cette époque, par suite de la conquête de Constantinople par les Latins, elle forma avec Thèbes, une seigneurie, puis un duché vassal de la principauté d'Achaïe qui appartint successivement aux seigneurs de La Roche et aux Brienne. En 1312, peu après le meurtre de Roger de Flor, leur chef, les Catalans l'enlevèrent à Gautier de Brienne; en 1326, ils se soumirent au roi de Sicile, Frédéric II. Vers 1370, Renier Acciajuoli, de Florence, conquit ce duché à l'aide des Vénitiens et d'Amurat I, mais en 1456 Mahomet II le dépouilla de ses possessions. Depuis ce temps Athènes resta aux Turcs jusqu'à l'insurrection de 1821. Horriblement dévastée pendant la guerre de l'indépendance (1821-27), elle s'est peu à peu relevée de ses ruines. Elle est depuis 1834 la capitale du royaume. Une université y a été créée en 1837, et un musée d'antiquités en 1860. La France y entretient une école destinée à former de jeunes érudits. — Martin Leake (Londres, 1841), Forchhammer (Riel, 1841) et Phocion Roque (1869) ont donné la Topographie d'Athènes.

Plusieurs villes et plusieurs comtés des États-Unis, dans les États de Géorgie, Ohio, Alabama, New-York, Maine, Pensylvanie, ont reçu le nom d'Athènes. La v. la plus importante de ce nom est celle de Géorgie, à 135 k. N. O. d'Augusta; env. 3000 h. Chemin de fer. Collége Franklin, fondé en 1784 c'est l'université de la Géorgie. — Édimbourg et Weimar, villes éminemment littéraires, ont été surnommées l'une l’Athènes du Nord, l'autre l’Athènes de l'Allemagne.

ATHÉNION, esclave de Cilicie, se mit à la tête des esclaves révoltés en Sicile, l'an 105 av. J.-C., soutint 4 ans la guerre contre les Romains, et fut battu et tué par le consul Aquilius, 101 av. J.-C.

ATHÉNODON, stoïcien, né près de Tarse, fut le précepteur d'Octave, resta près de lui comme son conseiller et son ami, et se retira après sa mort dans sa ville natale, où il mourut à 82 ans. Il avait composé de nombreux écrits sur la philosophie et l'histoire : il rien reste que quelques fragments (dans le t. III des Historicorum græc. Fragmenta de Didot).

ATHÉSIS, fleuve de Gaule Cisalpine, auj. l’Adige.

ATHIS, ch.-l. de cant. (Orne) à 29 k. N. de Domfront; 776 hab. Fabriques de draps.

ATHIS MONS, joli vge du dép. de Seine-et-Oise, à 14 k. N. O. de Corbeil; station du chemin d'Orléans.

ATHLÈTES. V. ce mot au Dict. univ. des Sciences.

ATHLONE, v. et port d'Irlande (comté de Westmeath), à 40 k. S. O. de Mullingar; 15 000 h. Eaux minérales. — Prise par les Orangistes en 1691.

ATHOR, déesse égyptienne, femme ou sœur de Fta (dieu du feu et de la lumière), fait partie de la trinité de l'Égypte et préside à la mer. — On la confond quelquefois avec la Vénus des Grecs.

ATHOS, auj. Hagion oros (montagne sainte), mont. de la Roumélie, à l'extrémité S. E. de la presqu'île de Salonique, entre les golfes de Contessa et de Monte-Santo; elle a 115 k. de circonférence à la base; 2060m d'élévation. On y trouve de nombreux couvents (dits laures) qui possèdent des bibliothèques riches en manuscrits. Les anciens croyaient l'Athos une des montagnes les plus élevées de la terre. Xerxès y fit percer un canal. L'architecte Dinocrate proposa, par flatterie, de tailler cette montagne de manière à lui donner la figure d'Alexandre.

ATHRIBIS, auj. Atrib, v. d'Égypte, dans le petit Delta, sur la r. dr. du bras du Nil nommé Athribitique. Ce bras séparait le grand Delta d'avec le petit, et tombait dans la Méditerranée sous Tamiathis par la bouche Phatmétique. ATINA, v. du roy. de Naples (Terre de Labour), à 17 k. S. E. de Sora; 6200 h. Autrefois siége d'un évêché, supprimé par Eugène III. Cette ville est très-ancienne; elle appartenait aux Volsques.

ATLANTES, peuple que les anciens plaçaient dans la partie sept. de l'Afrique, dans les mont. de l'Atlas, s'étendait indéfiniment vers le S. et l'O. Selon Diodore, ils étaient arrivés à un assez haut degré de puissance et de civilisation mais ils furent vaincus et exterminés par les Troglodytes.

ATLANTIDE, île ou vaste continent qui, selon des traditions antiques conservées par Platon (dans le Timée et le Critias), était situé dans l'Océan Atlantique, en face des Colonnes-d'Hercule. Ses habitants avaient conquis une grande partie de l'Afrique et de l'Europe occid., lorsque leur pays fut anéanti par des tremblements de terre suivis d'un déluge. On a cru voir dans les îles Canaries les débris de l'Atlantide. Quelques-uns ont voulu la retrouver dans le continent américain (V. BAILLY, Lettres sur l'Atlantide, 1779). Au reste l'Atlantide n'est très-probablement qu'une île imaginaire.

ATLANTIDES, filles d'Atlas. V. ATLAS.

ATLANTIQUE (Océan), portion de l'Océan qui s'étend entre l'Europe et l'Afrique à l'E., l'Amérique à l'O. Ce nom ne fut d'abord donné par les anciens qu'à la partie de l'Océan qui baigne l'extrémité occidentale des monts Atlas. Dans sa longueur, cette mer va d'un pôle à l'autre; sa largeur varie de 3500 à 6700 k. On peut la diviser en 3 régions : 1° Océan Atlantique boréal, 2° Océan Atlantique austral, 3° Océan Atlantique équinoxial (ce dernier entre les tropiques). On y distingue deux grands courants : le courant équinoxial, qui se dirige de l'E. à l'O., depuis le Sénégal jusqu'à l'Yucatan; et le Gulf-Stream, qui se dirige vers le N. O. (V. GULF-STREAM). Elle forme à l'E. les golfes de Guinée, de Gascogne, la Manche, la mer du Nord, la mer d'Irlande; à l'O., la mer du Mexique, la mer des Antilles et la mer d'Hudson.

ATLAS, roi de Mauritanie, fils de Japet et de Clymène, fut, selon la Fable, transformé en montagne pour avoir pris parti pour les Titans contre Jupiter, ou pour avoir refusé l'hospitalité à Persée, et fut obligé de porter le ciel sur ses épaules. Cette fable vient, selon les uns, de ce que le roi Atlas était savant en astronomie; selon d'autres, de ce que les anciens regardaient le mont Atlas, situé dans les États de ce prince, comme la plus haute montagne du globe, et croyaient qu'il touchait au ciel. On lui donne pour filles les Hespérides, les Hyades, les Pléiades, dites toutes Atlantides.

ATLAS, célèbre chaîne de montagnes d'Afrique, au N. O., comprend toutes les hauteurs des États barbaresques. La ligne principale court du cap Noun, sur l'Atlantique, jusqu'à la grande Syrte dans la Méditerranée, traversant ainsi le Maroc, l'Algérie, les États de Tunis et de Tripoli. On divise l'Atlas en deux grandes branches : le grand Atlas, le plus méridional et le plus voisin du désert (il s'étend du cap Noun à la grande Syrte); le petit Atlas, plus au N. et plus rapproché de la Méditerranée. Ces deux chaînes sont presque parallèles, et sont unies entre elles par plusieurs chaînons transversaux, dont les plus connus sont le Jurjura à l'E. d'Alger, et les monts Errifs entre Fez et Maroc. L'Atlas offre plusieurs passages ou portes dont les plus célèbres sont, à l'O. le Bebaouan qui conduit à Tarodant dans l'État de Maroc; à l'E. le Biban ou Porte-de-Fer, défilé étroit et dangereux, qui conduit d'Alger à Constantine à travers le Jurjura. Les sommets les plus élevés de l'Atlas se trouvent dans l'empire de Maroc; ils ne dépassent pas 4000m. Viennent ensuite les montagnes de l'Algérie, savoir : l'Ouaranseris, 2800m; le Jurjura et le Felizia, env. 2400. — L'Atlas était fort connu des anciens; ils le regardaient comme la montagne la plus élevée de la terre, ce qui leur fit imaginer qu'Atlas portait le ciel sur ses épaules. C'est sous Vespasien seulement que les Romains franchirent l'Atlas.

ATLAS MAJOR, nom latin du cap Bajador.

ATLAS MINOR, nom anc. du cap Cantin.

ATOMISTES. V. LEUCIPPE, DÉMOCRITE, ÉPICURE,

ATOSSA, fille de Cyrus, épousa successivement son frère Cambyse, le mage Smerdis, et enfin Darius, fils d'Hystaspe, dont elle eut Xerxès et Artabazane, et qu'elle excita à envahir la Grèce. On la croit la même que la Wasthi de la Bible.

ATRATO, riv. de Nouv.-Grenade, sort des mont. de Choco, coule au N. et tombe dans la mer des Antilles, au golfe de Darien, après un cours de 360 k. Elle roule un sable aurifère. On a proposé d'établir au moyen de ce fleuve une communication entre l'Atlantique et l'Océan Pacifique en l'unissant par un canal au Rio-San-Juan, affluent du Pacifique.

ATREBATES, peuple de la Belgique 2e, entre les Morini, les Nervii, les Ambiani, les Veromandui, occupait une partie du dép. actuel du Pas-de-Calais, et avait poux ch.-l. Nemetacum, auj. Arras.

ATRÉE, fils de Pélops et aïeul d'Agamemnon et de Ménélas, régna sur Argos et Mycènes (de 1307 à 1280 av. J.-C.). Thyeste, son frère, ayant séduit Érope, son épouse, Atrée le chassa de sa cour, et pour se venger de lui, il tua les deux enfants qui étaient nés de ce commerce criminel et les lui fit servir dans un festin. Dans la suite, Atrée succomba lui-même sous les coups d'Égisthe, fils de Thyeste. Ces événements tragiques mit été plusieurs fois mis sur la scène, notamment par Sophocle (dont la tragédie est perdue), par Sénèque et Crébillon.

ATRI, Adria, v. du territ. napolitain (Abruzze ultér.), à 28 k. S. E. de Téramo, sur un mont escarpé; 5500.h. Évêché, duché. — Fondée ou agrandie au IIe siècle par Adrien, qu'on y fait naître; possédée successivement par les Goths, les Normands et les rois de Naples.

ATRIDES, nom, donné aux descendants d'Atrée, spécialement à ses deux petits-fils, Agamemnon et Ménélas.

ATROPATÈNE, auj. l'Aderbaïdjan, prov. de l'ancien empire perse, dans la Médie sept., reçut son nom. d'Atropatus, lieutenant d'Alexandre le Grand, qui s'y rendit indépendant; ville princip., Gazeca (Tauris).

ATROPOS, une des Parques. V. PARQUES.

ATTALE I, roi de Pergame, 241-198 av. J.-C., succéda à Eumène et agrandit son royaume aux dépens des rois de Syrie. Lors de la guerre de Philippe III, roi de Macédoine, contre les Romains, il embrassa le parti de ceux ci, et resta toujours leur fidèle allié. Attale aimait les lettres : il fonda la célèbre bibliothèque de Pergame. — II, Philadelphe, fils du préc., monta sur le trône après Eumène son frère aîné, régna de 157 à 137 av. J.-C., repoussa Prusias, qui menaçait ses États, rétablit Ariarathe sur le trône de Cappadoce, et bâtit Attalie, Philadelphie, et quelques autres villes. Dans sa vieillesse, il se livra entièrement aux plaisirs de la table, et abandonna les affaires à Philopœmen, un de ses favoris. Il mourut à 82 ans, empoisonné par Attale Philométor, son neveu. — III, Philométor, monta sur le trône par un crime, 137 av. J.-C., et se souilla de meurtres et de cruautés. Il eut cependant des succès, et repoussa Nicomède, roi de Bithynie. Mais il renonça bientôt aux affaires pour se livrer à son goût pour l'agriculture et le jardinage. Poursuivi au milieu de ses occupations frivoles par le remords de ses crimes, il perdit la raison, s'enferma dans son palais, ne revêtant plus que des habits de deuil, et mourut misérablement après cinq ans de règne. N'ayant pas d'enfants, il légua son royaume au peuple romain. — Les richesses attaliques étaient devenues proverbiales.

ATTALE (FLAVIUS), sénateur romain, préfet de Rome sous Honorius. Alaric, maître de Rome, le fit élire empereur pour l'opposer à Honorius, 409; mais le roi barbare ne tarda pas à le dépouiller de la pourpre. Attale tomba en 414 entre les mains d'Honorius, qui lui fit couper les doigts et l'envoya mourir à Lipari.

ATTALIE, auj. Satalieh, v. d'Asie-Mineure, bâtie par Attale II, sur la côte de Pamphylie.

ATTANCOURT, vge de France (H.-Marne), sur la Blaise, à 4 k. de Vassy; 400 h. Eaux ferrugineuses. Usines importantes.

ATTAR, poète persan. V. FÉRYD.

ATTERBOM (Daniel), littérateur suédois, né en 1790 à Asko (Gothie orientale), mort en 1855 à Stockholm, fonda en 1807 la Société de l'Aurore, qui se proposait d'affranchir la littérature suédoise de l'influence française; publia dans ce but de 1810 à 1813 une revue littéraire, le Phosporos, et devint le chef d'une école qu'on appela de là l’école phosporite. Professeur à l'Université d'Upsal, il y enseigna successivement l'histoire, la philosophie l'esthétique. Il est surtout connu par un recueil de romances, les Fleurs, et par ses poëmes de l'Ile du bonheur, des Bardes et Scaldes suédois : ce dernier est son chef-d’œuvre.

ATTERBURY (Francis), évêque de Rochester, né à Middleton en 1662. En 1687, il écrivit une violente Apologie pour Martin Luther, contre les Catholiques romains. Il fut chapelain du roi Guillaume, puis de la reine Anne, et devint évêque de Rochester en 1713; mais, s'étant déclaré pour le prétendant, il fut enfermé dans la tour de Londres en 1722, et condamné par la cour des pairs à l'exil. Il se retira en France, et mourut à Paris en 1732. Il a laissé des Sermons et d'autres ouvrages estimés. Il était lié avec les hommes les plus distingués de l'Angleterre, particulièrement avec Pope.

ATTICHY, ch.-1. de cant. (Oise), à 20 kil. N. E. de Compiègne; 700 hab. Sources minérales.

ATTICUS (T. POMPONIUS), chevalier romain, célèbre par sa liaison avec Cicéron, né en 110, mort 33 av. J.-C., fut élevé avec Cicéron et resta son ami pendant toute sa vie. Témoin, dès sa jeunesse, des guerres civiles de Marius et de Sylla, il s'éloigna de Rome afin de ne prendre aucune part aux troubles publics, et alla se fixer à Athènes, où il se livra tout entier à l'étude. Il parvint à parler si purement le grec qu'il mérita le surnom d'Atticus, sous lequel il est principalement connu. Il ne revint à Rome que quand le calme y fut rétabli. Il refusa toujours les emplois publics et resta constamment lié avec les hommes les plus éminents, quoiqu'ils fussent divisés entre eux, tels que Sylla et Cinna, Pompée et César, Antoine et Cicéron, Brutus et Octave. Il eut pour gendre Agrippa, et donna sa sœur à Quintus, frère de Cicéron. Il jouissait d'une grande fortune et d'un grand crédit, et il n'en usa que pour faire réparer les injustices et pour secourir les victimes des guerres civiles. Il se laissa mourir de faim pour se soustraire aux douleurs d'une maladie aiguë. Atticus avait composé des Annales qui ne nous sont pas parvenues; on trouve dans la correspondance de Cicéron de nombreuses lettres qui lui sont adressées, mais aucune de lui. Cornélius Népos a écrit sa Vie.

ATTICUS (HÉRODE), célèbre rhéteur grec, né à Marathon vers l'an 104 de J.-C., mort en 180, était fils de Jules Atticus, Athénien qui s'était enrichi tout d'un coup par la découverte d'un immense trésor. Il enseigna avec éclat dans Athènes, et obtint une telle réputation qu'Antonin le choisit pour être précepteur de Marc-Aurèle et de L. Vérus, ses deux fils adoptifs. Il fut fait consul l'an 143, et chargé du gouvernement d'une partie de l'Asie et de la Grèce. Il embellit Athènes de monuments magnifiques, notamment d'un Odéon, dont il reste de belles ruines, adossées à l'Acropole. Hérode Atticus excellait surtout dans l'improvisation. Il avait composé un grand nombre de discours, qui ne nous dont pas parvenus; on trouve une déclamation sous son nom dans les recueils d’Orateurs grecs. Fierillo a donné: H. Attici quæ supersunt, Leips., 1801; Vidal Lablache, Vie d'Hérode Atticus, 1872.

ATTIGNY, Attiniacum, ch.-1. de cant. (Ardennes), à 19 k. N. O. de Vouziers, sur la r. g. de l'Aisne; 1440 h. Fabrique de biscuits dits de Reims. Une des résidences des Mérovingiens de Neustrie. Witikind y reçut le baptême en 786. Il s'y tint plusieurs conciles, entre autres celui dans lequel Louis le Débonnaire fit pénitence publique (822).

ATTILA, chef ou roi des Huns, surnommé le Fléau de Dieu, commença à régner en 432, conjointement avec son frère Bléda, dont il se défit au bout de dix ans; se mit en 441 à la tête des Huns qui étaient venus s'établir dans la Pannonie, commença par ravager l'empire d'Orient, rendit Théodose le Jeune tributaire, puis traversa la Germanie, entra dans les Gaules en 451, à la tête d'une armée de 500 000 hommes, pénétra jusqu'à Orléans et jusqu'à Paris, que sauva sainte Geneviève, mais fut repoussé par les troupes réunies d'Aétius, général romain, de Mérovée, roi des Francs, et de Théodoric, roi des Goths; peu de temps après, ces mêmes chefs lui livrèrent, dans les champs catalauniens (à 16 k. N. E. de Châlons en Champagne), une bataille sanglante, où il perdit plus du quart de son armée. Il passa avec le reste en Italie, 452, ruina Aquilée et plusieurs villes, et marcha sur Rome. Mais le pape saint Léon, étant allé au-devant de lui, l'arrêta tout à coup par son éloquence et sa majesté. Après avoir exigé un tribut de l'empereur Valentinien III, Attila consentit à ne pas pousser plus loin ses conquêtes, et retourna en Pannonie. Il méditait de nouvelles conquêtes lorsqu'il mourut en 453, à la suite d'une orgie. Ce barbare se complaisait dans la destruction et disait que l'herbe ne pouvait croître où son cheval avait passé. Sa Vie a été écrite par Olaüs, archevêque d'Upsal, et par Am. Thierry, 1855. Sous le nom d’Etsel, il est le héros de Niebelungen. Corneille a fait une tragédie d’Attila, peu digne de lui.

ATTIQUE, Attica (du grec acté, rivage), contrée orientale de la Grèce, entre la mer Égée, la Mégaride et la Béotie, est terminée au S. E. par une pointe qu'on nomme cap Sunium. Athènes en était la capitale. L'Attique avait beaucoup de montagnes : l'Hymette, renommé pour son miel, le Pentélique, pour ses marbres; on y trouvait des mines d'or (au mont Laurium). La côte S. O. offrait de beaux ports (V. ATHÈNES). Climat chaud, sec; peu de grains, mais beaucoup d'oliviers; figues excellentes. – L'Attique, ainsi nommée d’Acté, rivage, fut d'abord peuplée de Pélasges; elle prit le nom d'Ionie quand les Ioniens s'y furent établis. Avant Cécrops, on ne la distinguait guère de la Béotie, et ces deux pays ensemble constituaient l'Ogygie. Auj. elle forme avec la Béotie une nomarchie ou province du roy. de Grèce et a, comme dans l'antiquité, Athènes pour capitale; on y compte environ 100 000 h.

ATTIUS, poëte dramatique. V. ACCIUS.

ATTOK, Taxila, v. de la confédération des Sikhs (Afghanistan), sur le Sindh, qui a dans cet endroit 260m de large, à 310 k. E. de Kaboul. Château fort bâti par Akbar, 1581. C'est sur ce point qu'Alexandre, Timour et Nadir passèrent l’Indus.

ATTUARII. V. CHASSUARII.

ATURES, v. d'Aquitaine, auj. Aire.

ATURUS, riv. de Gaule auj. l’Adour.

ATWOOD (Georges), physicien anglais, né vers 1745, mort en 1807, professa la physique à l'Université de Cambridge. Il a laissé un Traité sur le mouvement rectiligne et la rotation des corps, 1784, un Cours sur les principes de la physique, 1784, et des Recherches sur la théorie du mouvement des balanciers des horloges, etc., dans les Transactions philosophiques. Il est l'auteur de l'ingénieuse machine qui porte son nom et dont on se sert pour rendre sensibles aux yeux les lois de la chute des corps.

ATYADES, rois de Lydie. V. ATYS ATYS, jeune et beau Phrygien, fut aimé de Cybèle, qui lui confia le soin de son culte, mais en lui faisant jurer de garder la chasteté. Atys ayant violé son vœu, la déesse, pour le punir, lui inspira une telle fureur qu'il se mutila lui-même. Il en mourut, mais Cybèle, affligée de sa perte, lui rendit la vie. Quinault a composé un opéra d’Atys.

ATYS, roi de Lydie, au XVIe siècle av. J.-C., fut le chef de la dynastie des Atyades, qui régna de 1579 à 1292, et fut remplacée par celle des Héraclides.

ATYS, fils de Crésus, roi de Lydie, était muet, mais recouvra la parole par un suprême effort en voyant, dans une bataille, un soldat prêt à percer son père, et s'écria : « Soldat, ne frappe point Crésus ; » ce qui sauva le roi.

AUBAGNE, Albania, ch.-l. de cant. (Bouches-du-Rhône), à 35 k. E. de Marseille ; 4008 h. Excellents vins de liqueur. L'abbé Barthélemy naquit près de là.

AUBAINE (droit d'), droit en vertu duquel le souverain recueillait la succession de tout étranger (aubain, alibi natus) qui venait à mourir dans ses États sans avoir été naturalisé. Ce droit barbare, qui a régné sur presque toute l'Europe, a été aboli en France en 1790 par l'Assemblée nationale.

AUBE, Alba, riv. de France, naît près de Praslay (H.-Marne), arrose Auberive, La Ferté-sur-Aube, Clairvaux, Bar-sur-Aube, Brienne, Lesmont, Arcis, et grossit la Seine à Conflans-sur-Aube, après un cours de 200 k.

Petite riv. du dép. des Ardennes, s'unit au Ton à Aubenton et tombe avec lui dans l'Oise.

AUBE (dép. de l'), entre ceux de la Marne au N., de la Côte-d'Or et de l'Yonne au S., de Seine-et-Marne à l'O., de la Haute-Marne àl'E.: 6050 k. carrés ; 262 785 h. ; ch.-l. Troyes. Il est formé de la Champagne propre et d'une petite partie de la Bourgogne. Sol plat, sauf au N. et à l'O.; presque stérile dans la partie N., qui ne se compose guère que de craie et qui forme ce qu'on appelait vulgairement la Champagne Pouilleuse; très-fertile au S. Forêts assez vastes. Vins ordinaires et vins de Champagne, chanvre, navette. Bétail, moutons, volailles. Pierres de taille, grès à paver, marbre lumachelle, etc. Industrie : bonneterie, tricots, draps communs, cordes de boyau, papeteries, chamoiseries. Commerce en vins, bois de chauffage. — Ce dép. a 5 arr. (Arcis-sur-Aube, Bar-sur-Aube, Bar-sur-Seine, Nogent-sur-Seine, Troyes), 26 cantons et 446 comm.; il appartient à la 1re division militaire, dépend de la cour impér. de Paris et a un évêché à Troyes.

AUBENAS, Albinatium, ch.-l. de cant. (Ardèche), sur l'Ardèche, à 31 k. S. O. de Privas ; 4921 h. Collége. Vers à soie, truffes, marrons et vins.

AUBENTON, ch.-l. de c. (Aisne), à 25 kil. E. de Vervins, près du confluent de l’Aube et du Ton; 1200 h.

AUBERIVE, ch.-l. de cant. (H.-Marne), sur l'Aube, près de sa source, à 30 kil. S. O. de Langres ; 323 h. Forges. Anc. abbaye.

AUBERT (l'abbé), fabuliste et critique, né à Paris en 1731, mort en 1814, se fit connaître dès 1756 par un recueil de fables qui eut un grand succès. Voltaire disait des Fables intitulées, le Merle, le Patriarche et les Fourmis : « C'est du sublime écrit avec naïveté. » Il rédigea, depuis 1752 jusqu'en 1772, la partie critique et littéraire des Petites-Affiches, et fit longtemps la fortune de ce journal ; il travailla ensuite au Journal des Beaux-Arts et dirigea depuis 1774 la Gazette de France. En 1773, on créa pour lui, au collége de France, une chaire de littérature française, qu'il occupa jusqu'en 1784. L'abbé Aubert publia en 1774, en 2 vol. in-8, une édition de ses Fables, fort augmentée, et accompagnée d’OEuvres diverses ; on y remarque des Contes moraux en vers.

AUBERVILLIERS, vge du dép. de la Seine à 7 kil. N. de Paris ; 8096 hab. On voyait dans l'église une image de la Vierge à laquelle on attribuait la vertu de faire des miracles, ce qui lui valut le nom de Notre-Dame des Vertus. Fort, construit en 1842

AUBERY (Antoine), écrivain savant et laborieux, né en 1616 à Paris, mort en 1695, a composé : Histoire des Cardinaux, 1642 ; Histoire de Richelieu, 1660, qu'il fit suivre de Mémoires sur le cardinal ; Histoire de Mazarin, 1695. Il avait publié en 1667 un traité Des justes prétentions du roi de France sur l'Empire, qui excita des réclamations de la part des princes d'Allemagne ; pour les apaiser, on mit un instant l'auteur à la Bastille.

AUBERY DE MAURIER (Benjamin), ambassadeur de France en Hollande, puis en Angleterre sous Élisabeth, mort en 1626, a laissé une Instruction sur l'art de négocier. — Son fils, Louis A., mort en 1687, l'accompagna dans les ambassades et fut en faveur près d'Anne d'Autriche. On a de lui : Relation de l'exécution de Cabrières, Paris, 1645, et des Mémoires sur l'histoire de Hollande, 1680, et sur Hambourg, le Holstein, la Suède, la Pologne, 1748 (posthumes).

AUBESPINE (Claude de L'), baron de Châteauneuf, d'une famille noble de Bourgogne, habile diplomate, fut chargé de plusieurs négociations sous Henri II et ses successeurs, fut un des plénipotentiaires de France au traité de Cateau-Cambrésis, et attacha son nom à l'assemblée de Fontainebleau où fut rendu un édit de tolérance pour les Réformés (1560), ainsi qu'à la reddition de Bourges (1562). Il mourut en 1567. — Charles de L'AUBESPINE, marquis de Châteauneuf, remplit diverses ambassades, fut fait garde des sceaux par Richelieu en 1630, et servit la vengeance du cardinal en votant la mort des maréchaux de Marillac et de Montmorency. Néanmoins, Richelieu lui ôta les sceaux en 1633, et le fit jeter dans une prison où il resta jusqu'à la mort de Louis XIII. Anne d'Autriche lui rendit les sceaux ; mais deux ans après elle l'exila, ce qui le fit entrer dans le parti de la Fronde. Il se réconcilia ensuite avec la cour. Il mourut en 1653.

AUBETERRE, ch.-l. de cant. (Charente), non loin de la Dronne, à 52 kil. S. E. de Barbezieux ; 634 h.

AUBETTE, petite riv. du dép. de la Seine-Inf., se jette dans la Seine à Rouen, après un cours de 13 kil. Ses eaux sont excellentes pour la teinture.

AUBIGNAC (François HÉDELIN, abbé d'), né à Paris en 1604, mort à Nemours en 1672, fut choisi par le cardinal de Richelieu pour être précepteur du duc de Fronsac, son neveu, et fut peu après pourvu de l'abbaye d'Aubignac, dont il conserva le nom. Il se livra à la littérature, et fut en relation avec les plus beaux esprits de son temps. On a de lui la Pratique du Théâtre, 1657, souvent réimprimée, sorte de commentaire de la Poétique d'Aristote où il maintient les trois unités ; des romans et quelques pièces de théâtre, entre autres une tragédie en prose, Zénobie, qui fut représentée sans succès. Il est surtout connu par ses querelles avec Corneille, dont il attaqua les tragédies, et avec Ménage, contre lequel il publia Térence justifié. Il soutint un des premiers qu’Homère est un personnage chimérique, et que les poëmes qu'on lui attribue ne sont qu'un recueil de morceaux détachés. Ses Conjectures académiques sur l'Iliade n'ont paru qu'en 1715.

AUBIGNÉ (Théodore Agrippa d'), un des favoris de Henri IV, né en 1552 au château de St-Maury, près de Pons eu Saintonge, mort en 1630, était zélé calviniste. Il étudia à Genève sous Théodore de Bèze et se lia de bonne heure avec le jeune roi de Navarre, qui le prit d'abord pour écuyer et le nomma dans la suite maréchal de camp, gouverneur d'Oléron et de Maillezais, et vice-amiral de Guyenne et de Bretagne. Il est un de ceux qui contribuèrent le plus par leur valeur à placer Henri IV sur le trône ; mais il n'en fut pas fort généreusement récompensé. Il avait une franchise et une causticité qui convenaient peu à un courtisan, et il conserva pour le Calvinisme un attachement qui semblait condamner la conversion de son maître. Écarté de la cour après la mort de Henri IV, il composa dans sa retraite plusieurs écrits, dont le principal est une Histoire universelle depuis 1550 jusqu'en 1601 (Maillé, 1616-20 et 1626, 3 vol. in-fol.), ouvrage où il parle avec beaucoup de hardiesse. Cette histoire ayant été condamnée par le parlement, d’Aubigné se retira à Genève (1620) : c’est là qu’il mourut. On a de lui, outre l’Histoire universelle, des mémoires sur sa propre vie sous le titre d’Histoire secrète de Théodore-Agrippa d’Aubigné, par lui-même, les Aventures du baron de Fœnesté, 1617, et la Confession catholique du sieur de Sancy (dans le journal de l’Étoile), satires mordantes contre plusieurs personnages de son temps. Il avait aussi fait des vers dans sa jeunesse et avait composé les Tragiques, poëme satirique en 7 chants, sur les malheurs de la France, dans lequel on trouve une singulière vigueur. On cite de d’Aubigné un trait semblable à celui de Régulus : fait prisonnier par St-Luc pendant la guerre civile (1585), il obtint sur parole d’aller passer quelques jours à La Rochelle ; dans l’intervalle, il apprit que Catherine de Médicis avait donné l’ordre de sa mort ; il n’en revint nu moins au jour dit. M. Lalanne a édité ses Mémoires et ses Tragiques (1854), M. Mérimée son Baron de Fœneste (1855), M. Réaume ses Œuvres complètes, 5 vol. in-8o (1873 et suiv.). Il a été l’objet d’études biographiques et critiques de la part de MM. Sayous, Sainte-Beuve, Géruzez, Feugère, etc. — Son 2e fils, Constant d’Aubigné, abjura le protestantisme : c’est le père de Mme de Maintenon. — Un de ses descendants, M. Merle d’Aubigné (1794-1872), a écrit l’Histoire de la Réformation au temps de Calvin.

AUBIGNY, ch.-l. de cant. (Cher), à 55 kil. N. de Bourges, sur la Nère ; 2515 hab. Truites renommées. Toile, fils, cire, cuir, laine, dite de Sologne, draps communs.

AUBIGNY, ch.-l. de cant. (Pas-de-Calais), à 15 kil. E. de St-Pol ; 605 hab. Fabriques de calicots.

AUBIGNY (Rob. Stewart d’), maréchal de France, d’origine écossaise, servit sous Charles VIII et Louis XII, par qui il fut fait connétable du roy. des Deux-Siciles, eut la plus grande part à la victoire de Seminara, 1495, au siége de Gènes, 1507, aux batailles de Marignan et de Pavie. Il mourut en 1544.

AUBIN, ch.-l. de cant. (Aveyron), à 33 kil. N. E. de Villefranche ; 3011 hab. Chemin de fer. Riches mines de houille, usines métallurgiques ; près de là, belle usine de Decazeville. — V. ST —AUBIN.

AUBLET (J. B.), né en 1720 à Salon, mort en 1778, fut envoyé en 1752 à l’Ile-de-France pour y établir une pharmacie et un jardin botanique, séjourna plusieurs années dans la Guyane et publia à son retour les Plantes de la Guyane, Paris, 1775, où il décrit env. 800 plantes, dont la moitié sont nouvelles.

AUBONNE, jolie petite v. de Suisse (Vaud), sur une riv. de même nom, à 17 kil. S. O. de Lausanne ; 1700 hab. Vins blancs estimés. Tombeau de Duquesne.

AUBRIET, peintre d’histoire naturelle, né en 1651 à Châlons, mort à Paris en 1743, accompagna Tournefort dans le Levant, fit les dessins de ses Éléments de botanique et les figures de son Voyage. A son retour, il succéda à J. Joubert comme peintre au Jardin du Roi, et continua la collection de dessins de plantes sur vélin commencée par Nic. Robert.

AUBRIOT (Hugues), intendant des finances et prévôt de Paris sous Charles V, né à Dijon, décora Paris de plusieurs monuments, fit construire le pont au Change, le pont St-Michel, et fit bâtir, entre autres édifices, la Bastille (1369). Il fut lui-même enfermé un des premiers dans cette prison comme suspect d’hérésie. Il en fut tiré en 1381 par les Maillotins, qui voulurent le mettre à leur tête ; mais il refusa ce dangereux honneur. Il mourut en 1382. Sa statue orne la façade de l’hôtel de ville de Paris.

AUBRY (François), conventionnel, né à Paris en 1750, servit d’abord dans l’artillerie, fut député à la Convention par le dép. du Gard, en 1792 ; devint, après la chute de Robespierre, membre du Comité de salut public, à la place de Carnot, et dirigea en cette qualité les opérations militaires, mais il les compromit par son impéritie : il destitua le général Bonaparte. Le 18 fructidor an V (4 septembre 1797), il fut déporté à Cayenne par le Directoire ; il parvint à s’échapper et mourut en Angleterre en 1802.

AUBRY DE MONTDIDIER, chevalier français, fut assassiné près de Montargis, par un de ses compagnons d’armes, Richard de Macaire. Ce crime, resté quelque temps inconnu, ne fut découvert que par suite des poursuites opiniâtres du chien de la victime, qui s’était attaché aux pas du meurtrier. Le roi ordonna le combat en champ clos entre Macaire et le chien (le combat eut lieu à Paris, dans l’île Louviers) l’assassin succomba. On place ce fait merveilleux en 1371, sous Charles V ; mais, s’il n’est pas de pure invention, il est bien antérieur : car il est mentionné dès le siècle précédent par Albéric des Trois-Fontaines.

AUBURN, v. de l’État de New-York, à 500 kil. N. O. de New-York ; 10 000 h. Pénitencier fondé en 1816, où l’on applique le travail en commun et en silence. — Joli village d’Irlande (Westmeath), à 16 kil. d’Athlone. Chanté par Goldsmith.

AUBUSSON, Albutio, ch.-l. d’arr. (Creuse), sur la Creuse, à 35 k. S. E. de Guéret ; 5493 hab. Collage. Ancien château, où fut enfermé Zizim. Manu-facture de tapis, fabrique de gros draps, etc.

AUBUSSON (Pierre d’), grand maître de l’ordre de St-Jean de Jérusalem, surnommé le Bouclier de l’Église, né dans la Marche en 1423, mort en 1503. se mit d’abord au service de l’empereur Sigismond et se signala en Hongrie contre les Turcs ; il accompagna ensuite Charles VII au siège de Montereau. Reçu chevalier à Rhodes, il fut élu grand maître en 1476 ; il fit aussitôt bâtir plusieurs forts pour la sûreté de l’île, menacée par les Turcs, et soutint dans Rhodes, en 1480 ce fameux siège auquel Mahomet II employa 100 000 hommes, et que les Ottomans furent obligés de lever après une perte considérable. En récompense de ses services il fut fait cardinal par Innocent VIII, quoiqu’il ne fut pas prêtre. A la fin de sa vie, il devait commander une nouvelle croisade contre les Turcs ; mais l’entreprise ne s’exécuta pas.

AUBUSSON (Fr.) de La Feuillade. V. LA FEUILLADE.

AUCH, Elimberris, Ausci ou Auscii, Augusta Ausciorum, ch.-l. du dép. du Gers, près du Gers, à 60 kil. O. de Toulouse, à 683 k. S. S. O. de Paris (679 par Toulouse) ; 11 899 h. Archevêché, trib. de commerce ; lycée. Cathédrale à beaux vitraux. Vins, eaux-de-vie dites d’Armagnac, etc. — Jadis ch.-l. des Ausci et de toute la Novempopulanie ou Aquitaine 3e, puis de l’Armagnac. Patrie du duc de Roquelaure et de l’amiral Villaret-Joyeuse.

AUCHY-EN-BRAIE, vge du dép. de l’Oise, à 9 k. S. O. de Songeons. Bataille entre Guillaume le Conquérant et Robert son fils, en 1077.

AUCKLAND (W.-Eden, lord,), homme d’État anglais (1744-1814), s’attacha à la politique de Pitt, devint dès l’âge de 28 ans sous-secrétaire d’État, accompagna en 1780 lord Carlisle en Irlande comme premier secrétaire d’État, se montra favorable aux libertés de ce pays, remplit en France, en Espagne, en Hollande, d’importantes missions, signa en 1786 un traité de commerce avec la France, contribua avec Blackstone à la réforme des lois pénales et à l’amélioration du régime des prisons, et publia à ce sujet un ouvrage estimé, sous le titre de Principes des lois pénales. Lord Auckland se montra un des plus violents antagonistes de la Révolution française. — Un membre de la même famille, Georges Auckland, mort en 1849, avait été premier lord de l’amirauté. C’est en son honneur que les Anglais ont donné le nom d’Auckland à un groupe d’îles situé au S. O. de la Nouv.-Zélande, par 164° long. E. et 51° lat. S. ; et à une v. de la Nouv.-Zélande, située dans l’île septentrionale, au fond du golfe de Chouraki et sur le port de Waïtemata ; ch.-l. des établissements anglais dans la contrée, et siége d’un évêque anglican ; fondée depuis peu et déjà florissante AUCUN, ch.-l. de cant. (H.-Pyrénées), à 8 kil. S. O. d'Argelès; 436 hab. Plomb, cuivre, zinc.

AUDE, Atax, riv. de France, naît près de Mont-Louis (Pyrénées-Orient.), court au N., puis à l'E., baigne Quillan, Aleth, Limoux, Carcassonne, forme la limite des dép. de l'Hérault et de l'Aude, et se jette dans la Méditerranée, après un cours de 215 k., par les étangs de Sijean et de Vendres.

AUDE (dép. de l'), borné au N. par celui de l'Hérault, au S. par celui des Pyrénées orient., à l'O. par celui de l'Ariège, à l'E. par la Méditerranée; 283 606 hab. ; 6317 kil. carr. ; ch.-l. Carcassonne. Il est formé du diocèse de Narbonne, du Rasès, du Carcassez, du Lauraguais, toutes portions de l'anc. grand-gouvt de Languedoc. Montagnes au S.; fer, houille, marbre, plâtre, manganèse, jayet, cobalt, ardoises; grains, fruits; miel, moutons à laine fine; forges à la catalane; vins excellents; eaux-de-vie, esprits, etc. Le canal du Midi traverse ce dép. — Il a 4 arr. (Carcassonne, Castelnaudary, Limoux, Narbonne), 31 cant., 434 communes, dépend de la 11e div. militaire, de la cour imp. de Montpellier, et du diocèse de Carcassonne.

AUDEBERT (J. B.), naturaliste né à Rochefort en 1759, mort à Paris en 1800, a donné : l’Histoire naturelle des singes, des makis, etc., Paris, 1800, in-fol.; l’Histoire des colibris, des oiseaux-mouches, etc., 1802, in-fol. Il est à la fois l'auteur du texte, des dessins et des gravures. Il porta une perfection inconnue jusqu'à lui dans la gravure des figures coloriées et réussit le premier à imprimer l'or.

AUDENARDE. V. OUDENARDE.

AUDENGE, ch.-l. de cant. (Gironde), à 39 kil. S. O. de Bordeaux, près du bassin d'Arcachon et au milieu de marais salants; 747 hab.

AUDEUX, ch.-l. de cant. (Doubs), à 10 kil. O. de Besançon; 145 hab. Source minérale d'eau salée.

AUDGELAH, Augila, oasis située sur la route de l'oasis de Syouah au Fezzan, et gouvernée par un bey qui dépend de celui de Tripoli, a pour ch.-l. Audgelah, par 20° 10' long. E. 29° 28' lat. N.

AUDIERNE, bourg du dép. du Finistère, à 33 kil. O. de Quimper, sur la baie d'Audierne; 1500 hab. Petit port, école de navigation.

AUDIGUIER (Vital d'), né vers 1565, assassiné à la suite d'une querelle de jeu en 1624, suivit successivement les carrières de la magistrature, des armes et des lettres. Il a trad. de l'espagnol les Nouvelles de Cervantès, les Travaux de Persilès et de Sigismonde, du même; et a composé les Amours de Lysandre et de Caliste, les Amours d'Aristandre et de Cléonice, et Le vrai et ancien usage des duels, 1617, ouvr. cité avec éloge par Bayle.

AUDIN (J. V. M.), écrivain, né à Lyon en 1790, mort en 1851, avait été longtemps libraire à Paris. Après s'être essayé dans la critique et la politique, il se consacra à l'histoire religieuse et écrivit du point de vue catholique plusieurs monographies qui lui ont fait un nom : Histoire de la St-Barthélemy, 1826; Histoire de la vie, des écrits et de la doctrine de Luther, 1839; Histoire de Calvin, 1841; — de Léon X, 1844; — de Henri VIII, 1850 (réunies sous le titre d’Études sur la Réforme, 9 vol. in-8). Tous ses ouvrages sont rédigés sur des pièces originales, mais déparés quelquefois par l'affectation d'un style romantique. C'est à Audin qu'on doit la plupart des Guides connus sous le pseudonyme de Richard.

AUDIN-ROUVIÈRE (Joseph-Marie), médecin, né en 1764 à Carpentras, mort à Paris en 1832, publia en 1794 la Médecine sans médecin, ouvrage qui devint populaire et obtint un grand nombre d'éditions. Il amassa en outre une grande fortune en vendant, sous le nom de grains de vie ou grains de santé, un remède secret qu'il donnait comme un remède universel et qui n'est que le toni-purgatif de Frank.

AUDINCOURT, ch.-l. de c. (Doubs), sur le Doubs, à 5 kil. S. E. de Montbéliard; 2513 hab. Église protestante. Haut fourneau forges, fonderie de canons.

AUDINOT (Nic. Médard), acteur et auteur dramatique, né à Nancy en 1741, mort à Paris, en 1801, joua d'abord au Théâtre-Italien. Il éleva en 1769, à la foire St-Germain, un petit théâtre de marionnettes, dont chaque figure imitait un acteur de la Comédie-Italienne. Ses comédiens de bois attirèrent la foule, et bientôt Audinot put fonder la salle de l’Ambigu-Comique, où il substitua des enfants à ses marionnettes. En 1772, il fit représenter de grandes pantomimes, qui firent sa fortune. Il a composé le Tonnelier, opéra-comique représenté avec succès.

AUDITEUR DE LA ROTE. V. ROTE.

AUDOENUS, nom latin de s. OUEN.

AUDOUIN (Pierre), habile graveur de Paris, 1768-1822, grava d'après le Corrége, Raphaël, Lesueur, etc. Il s'était déjà fait connaître par de beaux morceaux, parmi lesquels on remarque le Christ au tombeau, la Vierge dite la Belle Jardinière, la Charité, lorsqu'il fut choisi, au retour des Bourbons, pour graver les portraits des princes de la Famille royale, ainsi que ceux des principaux personnages de l'époque (Alexandre, Wellington, Marmont, etc.), ce qui lui valut le titre de graveur du roi.

AUDOUIN (Victor), naturaliste, né en 1797, à Paris, mort en 1841, se fit recevoir médecin, fut nommé en 1823 sous-bibliothécaire de l'Institut, créa en 1824 les Annales des Sciences naturelles, suppléa, dès 1825, au Muséum, Lamark et Latreille, obtint, à la mort de ce dernier, la chaire d'entomologie; parcourut, de 1826 à 1829, avec M. Milne Edwards, les côtes de Normandie et de Bretagne, et publia en 1832 le fruit de ses observations sous le titre d’Histoire naturelle du littoral de la France. Il avait été admis en 1838 à l'Académie des sciences (section d'économie rurale). On remarque ses mémoires sur les Crustacés (1828), sur la Muscardine, maladie du ver à soie (1836), et sur la Pyrale de la vigne (1837). Il rédigeait au moment de sa mort l’Histoire des insectes nuisibles à la vigne, qui a été terminée par Milne Edwards. V. Audouin est un des fondateurs de la Société entomologique.

AUDRAN, nom d'une famille de Lyon qui, dans le XVIIe siècle, a produit plusieurs artistes très-estimés. Le plus célèbre est Girard Audran, né à Lyon en 1640, mort à Paris en 1703, un des meilleurs graveurs d'histoire. Il employa plusieurs années à se former dans l'art du dessin, étudia d'abord sous son père, A. Claude, professeur de gravure à l'Académie de Lyon, puis sous Lebrun dont il resta l'ami, et alla se perfectionner à Rome. Colbert le fixa à Paris en lui donnant une pension, et utilisa ses talents. Il grava, entre autres tableaux : les Batailles d'Alexandre de Lebrun, l’Enlèvement de la Vérité et plusieurs autres œuvres de Poussin, le Martyre de S. Laurent de Lesueur. On a aussi de lui un Recueil des proportions du corps humain.

AUDRUICX, ch.-l. de cant. (Pas-de-Calais), à 27 k. N. O. de St-Omer; 1067 hab. Pris successivement par les Anglais, les Français et les Impériaux, ce bourg fut cédé définitivement à la France en 1678.

AUDUBON (J. J.), le premier ornithologiste du Nouveau-Monde, né en 1780 à la Nouv.-Orléans, de parents aisés, d'origine bretonne et protestante, mort en 1851, conçut, dès l’âge le plus tendre, une vive passion pour l'histoire naturelle, vint à Paris à 15 ans, et y apprit le dessin sous la peintre David, parcourut l'Amérique, à partir de 1810, menant la vie errante du chasseur, observant la nature avec amour et la reproduisant dans ses dessins et ses descriptions avec un talent supérieur, alla passer plusieurs années en Angleterre pour y publier le résultat de ses travaux, et y fit paraître, de 1830 à 1839, les Oiseaux d'Amérique (the Birds of America, Londres, 4 vol. in-fol. ail.), ouvrage également remarquable par l'exactitude des détails et par la beauté de l'exécution, puis la Biographie ornithologique (Édimbourg, 1831-39, 5 vol. in-8). De retour dans sa patrie, il entreprit, avec le concours du docteur Bachman, la description des Quadrupèdes d'Amérique, qui parut en 1850, à New-York, peu de mois avant sa mort. H. E. Bazin a traduit une partie de l'œuvre d'Audubon sous le titre de Scènes de la nature aux États-Unis, Paris, 1857.

AUDUN-LE-ROMAN, ch.-l. de c. (M.-et-Moselle), à 19 kil. N. O. de Thionville; 300 h. Manuf. d'armes.

AUERSTÆDT, v. des États prussiens (Saxe), à 22 kil. N. d'Iéna; 500 hab. Victoire de Davoust sur les Prussiens, 14 octobre 1806 (le même jour que celle d'Iéna) : elle lui valut le titre de duc d’Auerstæsdt.

AUFIDUS, auj. l’Ofanto, riv. de Daunie, tributaire de l'Adriatique. A l'embouchure de cette riv. était la v. d’Aufidenum, auj. Torre d'Ofanto.

AUGE ou VALLÉE D'AUGE, petit pays de l'ancienne B.-Normandie, arrosé par la Touque, renfermait Pont-l'Évêque, Touques, Dives, Beaumont-en-Auge. Il fait partie des dép. actuels du Calvados et de l'Orne. Jadis ce n'était qu'une forêt dite Saltus Algiæ, d'où le nom de Saut-d'Auge que porte encore un village de ce pays. La vallée d'Auge est célèbre par sa fertilité et ses riches herbages.

AUGER (Edmond), Jésuite, né en 1515 à Alleman, près de Troyes, mort en 1591. Fils d'un pauvre laboureur, il alla à Rome, n'ayant d'autre ressource que de mendier, entra chez les Jésuites de cette ville comme garçon de cuisine, et fut admis dans l'ordre par S. Ignace lui-même. De retour en France, il se distingua par son zèle pour la prédication et convertit un grand nombre de Protestants du midi. Tombé entre les mains du baron des Adrets, chef des Protestants, il allait être mis à mort quand son éloquence le sauva. Henri III le choisit pour son confesseur; il est le premier Jésuite qui ait rempli cette fonction délicate. Les Ligueurs l'éloignèrent de la personne du roi; il se retira en Italie et mourut à Côme. Il a laissé quelques ouvrages de piété.

AUGER (Athanase), dit l’abbé Auger, savant helléniste, né à Paris en 1734, mort en 1792, fut professeur d'éloquence au collège de Rouen, grand vicaire de l'évêque de Lescar et membre de l'Académie des inscriptions. Il a trad. Démosthène et Eschine, 1777-78, 5 vol. in-8; Isocrate, 1781, 3 vol. in-8; Lysias, 1783, 1 vol. in-8; S. Jean Chrysostôme, 1785, 4 vol. in-8; S. Basile, 1788, in-8. On a publié en 1794 ses œuvres posthumes; elles contiennent une trad. des Discours de Cicéron, et la Constitution des Romains, ouvrage qui l'avait occupé 30 ans.

AUGER (L. Simon), littérateur, né à Paris en 1772, se fit connaître par des Éloges qui furent couronnés, travailla successivement à la rédaction de la Décade philosophique, du Journal de l'Empire, du Journal général de France et du Mercure, donna un grand nombre d'éditions de nos classiques, avec notices et commentaires ; fut nommé censeur sous la Restauration; entra en 1816 à l'Académie française, et en devint secrétaire perpétuel. Il termina sa vie de la manière la plus imprévue, par un déplorable suicide, en 1829. Son travail le plus estimé est son Commentaire sur Molière, 1819-27, 9 vol. in-8. Il a laissé des Mélanges, où l'on remarque ses Éloges de Corneille et de Boileau.

AUGEREAU (P. F. Ch.), duc de Castiglione, maréchal de France, né à Paris en 1757, mort en 1816, était fils d'un maçon et d'une fruitière. Il s'engagea de bonne heure, se distingua en Vendée et aux Pyrénées, et fut dès 1794 nommé général de division. Envoyé en Italie (1796), il fit des prodiges de valeur au pont de Lodi, à Castiglione, où, avec un faible corps de troupes, il arrêta pendant deux jours une armée nombreuse; à Arcole, où il s'élança sur le pont, à la suite de Bonaparte, un drapeau à la main, et rappela ainsi la victoire. Investi du commandement de Paris, il fut au 18 fructidor (4 septembre 1797) chargé par le Directoire d'envahir le Corps législatif et d'arrêter les députés proscrits. En 1799, il fut député au conseil des Cinq-Cents et devint secrétaire de cette assemblée. Néanmoins, il ne s'opposa pas au coup d'État du 18 brumaire; il fut en récompense chargé par le premier consul du commandement de l'armée de Hollande. En 1804, il accepta de l'empereur le titre de maréchal, et fut fait duc de Castiglione, en souvenir d'un de ses principaux exploits. Il commanda encore avec distinction sur le Rhin et en Prusse, et eut une grande part aux victoires d'Iéna (1806) et d'Eylau (1807). Il fut moins heureux en Catalogne, et ne fut chargé que d'un rôle secondaire pendant l'expédition de Russie; cependant il se signala par son courage à la bataille de Leipsick. Mis en 1814 à la tête de l'armée de l'Est, réunie à Lyon, il ne put s'opposer à l'entrée des alliés : Napoléon l'accusa d'avoir trahi sa confiance. Il fut en effet un des premiers à se détacher de l'empereur et à reconnaître les Bourbons; au retour de l'île d'Elbe, il se prononça d'abord contre Napoléon, puis il lui offrit ses services, qui furent repoussés. Il alla mourir dans sa terre de La Houssaye. Augereau était un soldat intrépide, mais il n'avait pas les qualités du général en chef, ni le caractère d'un homme d'État. En outre, on l'accuse d'avoir souillé ses victoires par ses déprédations.

AUGIAS, roi d'Élide, possédait de vastes étables qui contenaient 3000 bœufs, et qui n'avaient point nettoyées depuis 30 ans. Il proposa à Hercule de les nettoyer, sous promesse de lui donner le dixième de son troupeau. Le héros y réussit en détournant le fleuve qui arrosait Élis et le faisant passer à travers les étables; mais le perfide roi lui refusa le prix convenu. Hercule indigné pilla Élis, tua Augias, et donna ses États à Phylée, fils de ce prince.

AUGILA (oasis d'). V. AUDGELAH.

AUGSBOURG, Augusta Vindelicorum, v. de Bavière, ch.-l. du cercle de Souabe-et-Neubourg, au confluent du Lech et de la Wertach, à 60 kil. N. O. de Munich; 40 000 hab. dont 16 000 Protestants. Elle est divisée en 3 parties : haute, moyenne et basse ville. Évêché. Cathédrale, hôtel de ville, Ludwigsplatz; marché aux vins, etc. Orfévrerie célèbre, nombreuses filatures de coton (qui occupent près de 7000 ouvriers); futaines, toiles, glaces, papiers, etc. Grand commerce de librairie, d'expédition et de transit avec l'Italie, la Suisse, Vienne, Lyon, Francfort. C'est aussi une des premières places de l'Europe pour la banque. Station importante de chemin de fer. Patrie de Peutinger, de Brucker, etc. — Nommée d'abord Damasia, elle reçut, l'an 13 av. J.-C., une colonie romaine sous Auguste, d'où son nom d’Augusta. Elle appartint successivement aux princes francs et aux ducs de Souabe (XIIe siècle). Reconnue ville libre de l'Empire en 1276, elle conserva ce titre jusqu'en 1806, époque à laquelle elle fut médiatisée et donnée à la Bavière. L'évêché était aussi État d'Empire. Augsbourg est célèbre dans l'histoire par la diète qui s'y tint en 1530, et où fut présentée la Confession d'Augsbourg (formule de foi luthérienne rédigée par Mélanchthon); par l’alliance d'Augsbourg (entre François I et les princes luthériens contre Charles-Quint, en 1534); par l’intérim d'Augsbourg (espèce de compromis entre les deux partis, présenté par Charles-Quint à la diète de 1548); par la paix d'Augsbourg, paix de religion, entre les Catholiques et les Luthériens signée par Charles-Quint en 1555 : elle accordait la liberté de conscience, mais imposait aux prélats qui embrasseraient le Luthéranisme l'obligation de résigner leurs bénéfices; par la ligue d'Augsbourg, qui fut formée en 1686, entre les deux lignes de la maison d'Autriche, la Suède, la Saxe, la Bavière, les cercles de Souabe et de Franconie, etc., dans le but d'arrêter les empiétements de Louis XIV : ce fut le début de la guerre que termina la paix de Ryswick. — L'évêché d'AUGSBOURG, État d'Empire, faisait partie du cercle de Souabe et comprenait, outre Augsbourg, Dillingen et Füssen. L'évêque résidait depuis le XVIe siècle à Dillingen.

AUGST, nom de 2 vges de Suisse, situés en face l'un de l'autre, sus l'Ergolz, à son confluent avec le Rhin, à 11 kil. S. E. de Bâle : l'un Kaiser-Augst, sur la r. dr., dans le cant. d'Argovie. l'autre, Basel-Augst, sur la r. g., cant. de Bâle. Ils occupent l'emplacement d’Augusta Rauracorum, ville des Helvétiens, fondée vers l'an 30 av. J.-C. par Munatius Plancus, ét détruite en 450 par Attila.

AUGURES, ministres de la religion chez les Romains, chargés de prendre les auspices, prédisaient l'avenir d'après le vol, le chant et l'appétit des oiseaux. Ils formaient un collége sacerdotal qui jouit longtemps d'une grande autorité. Aucune entreprise ne se faisait sans qu'on les eût consultés. Les patriciens s'étaient longtemps réservé l’Augurat; mais en l'an 300 av. J.-C., ils furent contraints d'y admettre par moitié les plébéiens consulaires ou triomphateurs.

AUGUSTA, nom donné à beaucoup de villes anc. en l'honneur de l'empereur Auguste ou de quelqu'un de ses successeurs. Les principales sont :

AUGUSTA, v. de Sicile, auj. Agosta. – A., ville de la Gaule Transalpine, auj. Nyons (Drôme). – A. ASTURICA, v. d'Hispanie, auj. Astorga. – A. AUSCORUM, v. d'Aquitaine, auj. Auch. – A. CÆSAREA, v. d'Hispanie, auj. Saragosse. - A. EMERITA, v. de Lusitanie, auj. Merida. - A. FIRMA ou ASTIGIS, v. d'Hispanie, auj. Ecija. – A. NEMETUM, v. de la Germanie 1re, auj. Spire. – A. PRÆTORIA, v. de la Gaule Cisalpine, auj. Aoste. – A. RAURACORUM, v. des Helvétiens, auj. Augst. – A. SUESSIONUM, v. de l'anc. Belgique, auj. Soissons. – A. TAURINORUM, v. de la Gaule Cisalpine, auj. Turin. – A. TREVIRORUM, v. de Germanie, auj. Trèves. – A. TRICASTINORUM, v. de la Viennaise, auj. Aoust-en-Diois (Drôme). – A. TRINOBANTUM, v. de la Bretagne anc. , auj. Londres. – A. VAGIENNORUM, v. de la Gaule Cisalpine, auj. Citta di Bene ou Saluces. – A. VANGIONUM, v. de Germanie, auj. Worms. – A. VEROMANDUORUM, v. de la Belgique 2e, auj. St-Quentin ou Vermand. – A. VINDELICORUM, v. de Germanie, auj. Augsbourg.

AUGUSTA. Ce nom est aussi porté par plusieurs villes des États-Unis. Les principales sont : 1° la capit. de l’État du Maine, sur le Kennebek; 10 000 hab.; chemin de fer; – 2° une v. de la Géorgie, capit. du comté de Richmond, à 155 kil. N. O. de Savannah, sur la Savannah, qui a en cet endroit 500m de large; elle compte 12 000 hab. Grand commerce de coton et tabac.

AUGUSTAMNICA, partie orientale de la Basse-Égypte, entre le petit Delta à l'O. et l'Arabie proprement dite à l'E., ainsi nommée au IVe siècle en l'honneur des empereurs romains.

AUGUSTE, en grec Sébaste, titre honorifique qui fut décerné pour la 1re fois à Octave par le sénat l'an 28 av. J.-C., et que prirent depuis tous les empereurs romains. Sous Dioclétien, on établit une distinction entre le titre d'Auguste et celui de César: le 1er désignait l'empereur régnant, le 2e l'héritier présomptif de la couronne. Le titre d’Auguste a été repris par les empereurs d'Allemagne depuis Othon II; Ils l'amplifièrent même en prenant le titre de semper Augustus, perpetuus Augustus.

AUGUSTE, C. Julius Cæsar Octavianus Augustus, connu d'abord sous le nom d'Octave, premier empereur romain, était fils du sénateur C. Octavius et petit-neveu de César, par sa mère. Il naquit à Rome l'an 63 av. J.-C., perdit son père de bonne heure, et fut adopté par son oncle. Il n'avait que 18 ans quand César fut assassiné; il étudiait alors en Grèce. Il accourut aussitôt à Rome pour recueillir l'héritage de son père adoptif (44); força, malgré sa jeunesse, Antoine à lui restituer une partie de ses biens qu'il avait détournée, et marcha contre lui à Modène avec les consuls Hirtius et Pansa. Bientôt, cependant, s'apercevant qu'on voulait les perdre l'un par l'autre, il se réconcilia avec Antoine, et, s'unissant à Lépidus, ils formèrent un célèbre triumvirat (43 av. J.-C.). Ils commencèrent par proscrire impitoyablement tous leurs ennemis (Octave abandonna même Cicéron à la vengeance d'Antoine); puis ils marchèrent contre les restes du parti républicain, et défirent à Philippes Brutus et Cassius qui étaient à la tête de ce parti (42). Maîtres de l'empire après cette victoire, Octave et Antoine éloignèrent le faible Lépidus, et se partagèrent les provinces. Octave se réserva tout l'Occident. Après plusieurs ruptures et après plusieurs raccommodements passagers, dont le dernier eut pour gage le mariage d'Octavie; sœur d'Octave, avec Antoine, les deux rivaux se firent enfin la guerre ouvertement, et Octave remporta sur Antoine une victoire décisive près d'Actium (31). Il fit ensuite voile vers l'Égypte, où le général vaincu s'était réfugié avec Cléopâtre, prit Alexandrie, força son ennemi à se donner la mort, et réduisit le pays en province romaine. De retour à Rome (29 av. J.-C.), il reçut les titres de prince du sénat, d’empereur (imperator), enfin d’auguste, se fit donner successivement le pouvoir pro-consulaire, l'autorité tribunitienne, le consulat à vie, et rétablit ainsi sous un autre nom le gouvernement monarchique. Du reste, il ne se servit de son pouvoir que pour faire des lois sages et pacifier tout l'empire : après s'être fait rendre par les Parthes les aigles enlevées à Crassus, avoir soumis une partie de l'Arabie et avoir reculé jusqu'à l'Elbe la frontière romaine, il ferma le temple de Janus (1 av. J.-C.). On dit que, dégoûté de la puissance, il eut un instant le projet d'abdiquer, et qu'il consulta sur ce point Agrippa et Mécène, mais qu'il en fut détourné par les conseils de ce dernier. Il mourut à Nole l'an 14 de J.-C., âgé de 76 ans. Ce prince fut cruel tant qu'il eut besoin de l'être, mais il donna l'exemple de la douceur et de la clémence dès qu'il fut sur le trône. On connaît sa générosité envers Cinna, qui conspirait contre lui (c'est le sujet d'une des plus belles tragédies de Corneille). Il favorisa les lettres, attira à sa cour Virgile, Horace, Pollion, Tite-Live, et admit dans son intimité le poète Ovide (qui cependant finit par encourir sa disgrâce). On lui reproche d'avoir été peu brave de sa personne; il ne dut le plus souvent ses succès qu'aux talents de ses généraux, surtout à ceux d'Agrippa dont, en reconnaissance, il adopta les enfants. Malheureux en famille, il perdit ses enfants d'adoption et fut déshonoré par sa fille Julie. Il laissa, quoiqu'à regret, le trône à Tibère, fils de Livie, sa seconde femme. Auguste avait composé quelques écrits et des mémoires, dont il ne reste que peu de fragments. Le Monument d'Ancyre (V. ce mot) renferme son testament. On peut consulter sur ce règne Suétone, Dion Cassius et l’Examen critique des historiens d'Auguste de M. Egger.

AUGUSTE I, le Pieux, électeur de Saxe; frère de Maurice, régna de 1553 à 1586, fit dresser en 1580 la formule de concorde pour réunir les Luthériens qui commençaient à se diviser, et s'opposa, dans la diète d'Augsbourg, à la réception du calendrier grégorien. – AUGUSTE II (Frédéric), électeur de Saxe et ensuite roi de Pologne, né à Dresde en 1670, mort en 1733, devint électeur en 1695 par la mort de son frère aîné, se distingua dans les guerres de l'Empire contre les Français et contre lez Turcs, se fit élire roi de Pologne à la mort de J. Sobiesky (1697), s'allia avec Pierre le Grand contre Charles XII fut battu par ce prince, et déposé en 1704 par la diète de Varsovie, qui élut en sa place Stanislas Leczinski. Il réussit au bout de peu de temps à chasser son rival, mais de nouveaux succès du roi de Suède le forcèrent à résigner la couronne (1706). Après la défaite de Charles XII à Pultawa (1709), il fut rappelé en Pologne, et cette fois il resta définitivement en possession du trône. – AUGUSTE III (Frédéric), électeur de Saxe et roi de Pologne, fils du préc., né en 1696, mort en 1763, fut, à la mort de son père, en 1733, élu roi de Pologne par une partie de la nation, et ne fut universellement reconnu qu'en 1736. Il s'allia avec l'Autriche contre Frédéric II, roi de Prusse, qui deux fois lui enleva la Saxe (1746 et 1756); son duché ne lui fut rendu qu'à la paix d'Hubertsbourg (1763). Il résidait plus à Dresde qu'à Varsovie et s'occupait peu des affaires; il mourut également méprisé des Polonais et des Saxons.

AUGUSTE III (Frédéric-), I comme roi, d'abord électeur, puis roi de Saxe, succéda en 1763 à son père, Frédéric-Christian, refusa en 1791 le trône de Pologne qui lui était offert et resta neutre autant qu'il le put pendant les guerres de la Révolution. Napoléon érigea son duché en royaume (1806), et augmenta ses États du grand-duché de Varsovie (1807). Il fut un des plus fidèles alliés de l'Empereur dans ses guerres contre la Prusse et la Russie. Pour le punir de sa fidélité, les alliés le traitèrent en 1813 comme prisonnier de guerre et lui enlevèrent en 1815 le duché de Varsovie, ainsi qu'une partie de ses États héréditaires; ce fut à grand'peine qu'il put conserver son trône. Il mourut en 1827, regretté de ses sujets.

AUGUSTE IV (Frédéric-), II comme roi, neveu du préc., né en 1797, mort en 1854, succéda en 1836 à son oncle Antoine. Associé depuis plusieurs années au gouvernement, il avait eu la plus grande part à la constitution libérale de 1831. Il eut un règne paisible, conjura l'orage en 1848 par quelques concessions nouvelles et put se livrer à loisir à ses goûts studieux : il aimait surtout la botanique. Il eut pour successeur son frère le prince Jean, auj. régnant.

AUGUSTE DE BRUNSWICK. V. BRUNSWICK.

AUGUSTE (HISTOIRE), recueil des vies des empereurs romains qui régnèrent depuis Adrien jusqu'à Dioclétien (117-284). Ce recueil est attribué aux six auteurs suivants : Ælianus Spartianus, Julius Capitolinus, Vulcatius Gallicanus, Ælius Lampridius, Trebellius Pollio et Flavius Vopiscus. Les meilleures éditions de l’Histoire Auguste sont celle de Saumaise avec notes de Casaubon, Paris, 1620, in-fol., et l'édit. Variorum, Leyde, 1671, 2 vol. in-8. L’Histoire Auguste a été traduite par Moulines, Paris, 1806, et par plusieurs auteurs dans la Bibliothèque latine-française de Panckoucke et dans la collect. Nisard.

AUGUSTENBOURG, bourg du Slesvig-Holstein, dans l'île d'Als, à 31 kil. S. E. d'Apenrade; 500 hab. Château construit vers 1651, et qui a donné son nom aux ducs d'Augustenbourg, branche de la maison de Holstein. C'est à cette maison qu'appartenait le prince Christian d'Augustenbourg, né en 1768, qui fut nommé en 1809 prince royal de Suède par Charles XIII et par les États; mais à peine ce prince venait-il d'arriver en Suède, qu'il mourut presque subitement. On le prétendit empoisonné.

AUGUSTIN (S.), Aurelius Augustinus, le plus grand des Pères de l'église latine, né en 354 à Tagaste en Numidie, avait un père païen et une mère chrétienne, Ste Monique. Il eut une jeunesse fort dissipée, et partagea longtemps les erreurs des Manichéens. Il professa la rhétorique à Tagaste, à Carthage et enfin à Milan. Dans cette dernière ville il eut occasion de connaître S. Ambroise qui, réunissant ses efforts à ceux de la mère d'Augustin, réussit à le convertir. Il se fit baptiser à l'âge de 32 ans, quitta son école, et retourna à Tagaste, où il distribua ses biens aux pauvres, et se consacra au jeûne et à la prière. Quelque temps après, en 391, il fut ordonné prêtre, malgré sa résistance, par Valère, évêque d'Hippone (Bone), et il devint lui-même, en 395, évêque de cette ville. Il vécut en commun avec les clercs de son église, qu'il préparait au saint ministère, et forma ainsi les premiers séminaires. Il combattit, soit par ses discours, soit par ses écrits, les Donatistes, les Manichéens et les Pélagiens, instruisit son peuple par ses prédications, soulagea les pauvres et maintint la discipline dans plusieurs conciles. Il mourut à Hippone durant le siége de cette ville par les Vandales, en 430. On le fête le 28 août. Ses principaux ouvrages sont : la Cité de Dieu, son chef-d’œuvre; les Traités sur la grâce et le libre arbitre, qui l'ont fait surnommer le Docteur de la grâce; les Soliloques, où il traite de Dieu et de l'âme, ses Rétractations, où il juge les écrits et les opinions de sa jeunesse; ses Confessions, où il fait l'histoire de ses erreurs et de sa conversion miraculeuse. On a en outre de lui un grand nombre d'écrits contre les hérétiques de son temps, divers Traités sur l’Écriture; un Commentaire sur les Psaumes, 363 Sermons, 270 Lettres, etc. Quelques sermons inédits, trouvés à Florence et au mont Cassin, ont été publiés en 1842 par M. l'abbé Caillau. A. Maï a en outre retrouvé quelques autres écrits (publiés dans la Nova Bibi. Patrum, 1852-53). S. Augustin se fit remarquer par sa vaste science et par son éloquence autant que par sa piété : comme écrivain, il brille surtout par l'imagination et la verve, mais on lui reproche de l'affectation, l'abus des antithèses, de la subtilité et une certaine barbarie de style, défauts qui sont ceux de sa nation et de son siècle. En philosophie, il met le Platonisme au-dessus de toutes les autres doctrines et lui fait de fréquents emprunts. La meilleure édition de ses œuvres est celle des Bénédictins, 10 vol. in-fol., Paris, 1679 et ann. suiv.; réimprimée à Anvers, 1700-1703, avec Appendix, et à Paris, 11 vol. grand in-8, par les frères Gaume, 1835-40. La plupart de ses ouvrages ont été traduits; nous citerons : la Cité de Dieu, par Lambert, 1675 et 1736 (avec notes de l'abbé Goujet), et par M. E. Saisset, 1856; les Confessions, par Arnaud d'Andilly, 1649; Ph. Dubois, 1686; dom Martin, 1741; St-Victor et Moreau, 1840; par M. Janet, 1859; l'abbé Gabriel, 1863 ; les Lettres, Sermons et Traités moraux, par Ph. Dubois, et plus récemment par M. Poujoulat (1858). Sa Vie a été écrite par Posidius, par Tillemont, par M. Poujoulat (1846) et par M. Bindemann (1855). Ses écrits ont été analysés dans la Biblioth. des auteurs ecclésiastiques, de Dupin; dans l'Hist. générale des écrivains sacrés, de dom Ceillier; ils ont été appréciés dans l'Éloquence chrétienne au IVe siècle, de M. Villemain; dans la Philosophie de S. Augustin, de M. Nourrisson, et dans la Psychologie de S. Augustin, de M. Ferraz. Les restes de S. Augustin sont conservés à Bone et à Pavie.

AUGUSTIN (S.), l'apôtre de l'Angleterre et le premier archevêque de Cantorbéry, était un moine bénédictin. Il fut en 596 envoyé de Rome en Angleterre par le pape Grégoire le Grand pour y prêcher le Christianisme; convertit le roi Éthelbert, ainsi qu'une partie de ses sujets, fonda 12 évêchés, qui furent placés sous son autorité, fixa son siège à Cantorbéry, et mourut vers 610. On l'honore le 26 mai.

AUGUSTIN (Ant.), érudit et jurisconsulte espagnol, né à Saragosse en 1516, mort en 1586, fut évêque de Lérida, puis archevêque de Tarragone (1574), et fut nommé auditeur de la Rote par Paul III. Il a laissé un grand nombre d'ouvrages sur le droit romain et le droit ecclésiastique, dont le principal est Dialogi de emendatione Gratiani, 1581, réimprimé par Baluze, 1672; des Dialogues sur les médailles, et divers autres ouvrages sur l'histoire et les antiquités. Ses seuls ouvrages de droit forment 10 vol. in-fol., Lucques, 1765-74.

AUGUSTINES, religieuses qui suivent la règle que donna S. Augustin à un monastère fondé par sa sœur à Hippone. Elles se vouent à la garde des malades et au service des hôpitaux et portent une robe noire serrée par une ceinture de cuir. L'Hôtel-Dieu de Paris est desservi par des Augustines. Leurs principaux couvents sont : les sœurs de la Vierge, à Venise; de Ste-Marthe à Rome; les Augustines déchaussées d'Espagne et de Portugal; les sœurs de la Récollection et de St-Thomas de Villeneuve, etc.

AUGUSTINS, ordre de religieux mendiants qui font remonter leur origine à une société d'ermites ou de clercs réguliers fondée par S. Augustin, mais qui, dans la réalité, parurent pour la 1re fois au XIIe s. Ils furent réunis en un seul corps en 1256, par le pape Alexandre IV, qui leur donna Lanfranc pour général. C'est de cet ordre que sortit Martin Luther. Les Augustins se vouaient surtout à la prédication, rivalisant avec les Dominicains. Ils portaient dans l'origine un vêtement gris comme les Franciscains; ils prirent dans la suite un vêtement noir ou blanc, à larges manches, attaché autour du corps par une ceinture de cuir. En 1574, la réforme de Thomas de Jésus, Portugais, donna naissance aux Augustins déchaussés qui marchaient pieds nus, et qui se répandirent bientôt en France et en Italie. Avant 1789, il y avait à Paris trois célèbres couvents d’Augustins : les Grands-Augustins, établis dès 1259, et qui ne relevaient que de Rome (leur couvent situé sur l’emplacement de la rue Dauphine actuelle et du marché de la Vallée, servit souvent aux assemblées du clergé et du parlement) ; les Petits-Augustins, dont le couvent, bâti en 1606 par Marguerite de Valois, est devenu l’hôpital de la Charité ; les Augustins déchaussée, appelés aussi Petits-Pères, à cause de la petite taille des PP. Fr. Remet et Matthieu de St-François, qui bâtirent ce couvent, en 1629, près de la place des Victoires (rue des Vieux-Augustins).

AUGUSTOBONA, dite aussi Tricasses, v. de Gaule, dans la Lyonnaise 4e, auj. Troyes (Aube).

AUGUSTODUNUM, dite aussi Bibracte, v. de Gaule, dans la Lyonnaise 1re, est auj. Autun.

AUGUSTOMAGUS, autrement dit Silvanectes, v. de Gaule, dans la Belgique 2e, auj. Senlis (Oise).

AUGUSTONEMETUM, v. de l’Aquitaine 1re, auj. Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).

AUGUSTORITUM, dite aussi Lemovices, v. de l’Aquitaine lre, auj. Limoges (Haute-Vienne).

AUGUSTOWO, v. de Pologne, à 217 kil. N. E. de Varsovie, sur la Netta ; 11 000 hab. Fondée par le roi de Pologne Sigismond-Auguste, en 1560. Elle est située dans le gouvt qui prend son nom, mais qui a pour ch.-l. Suwalki et qui compte 560 000 hab.

AUGUSTULE, Romulus Momyllus Augustus, surnommé par dérision Augustulus, dernier empereur romain d’Occident, était fils d’Oreste, général des armées romaines dans les Gaules. Il fut placé sur le trône par son père en 475 et proclamé à Ravenne : mais il fut renversé dès l’année suivante par Odoacre, roi des Hérules, qui l’exila en Campanie en lui laissant un revenu de 6000 livres d’or.

AUHAUSEN, vge de Bavière (moyenne Franconie), sur la Wœrnitz, à 6 kil. d’Œttingen ; 4900 hab. Anc. couvent de Bénédictins. Les Protestants y conclurent en 1608 l’Union évangélique.

AULERQUES, Aulerci, peuple de la Gaule, entre la Loire et la r. g. de la Seine, se subdivisait en 4 peuplades : Aulerci Brannovices, dans la Lyonnaise 1re, le long de la Loire (l’ancien Briennais) ; Aulerci Cenomani, dans la Lyonnaise 3e, à l’E. (à peu près le Maine orient.) ; Aulerci Diablintes, entre les Redones à l’O. et les Aulerci Cenomani à l’E. (à peu près le Maine occid.) ; Aulerci Eburovices, dans la Lyonnaise 2e, entre les Veliocasses à l’E. et les Lexovii à l’O. (le ci-devant dioc. d’Évreux). Ils avaient pour chefs-lieux : Ariolica (Aurilly), Suindinum ou Cenomani (le Mans), Nœodunum ou Diablintes (Jubleins), Mediolanum ou Eburovices (Évreux).

AULIS, aujourd’hui Microvathi, v. de l’ancienne Béotie, sur la côte orientale, vis-à-vis de Chalcis en Eubée, fut le rendez-vous général de la flotte des Grecs lors de l’expédition de Troie. C’est là que la Fable place le sacrifice d’Iphigénie, immolée par son père pour obtenir des dieux un vent favorable.

AULNAY, AULNE, AULNOY, V. AUNAY, AUNE, etc.

AULPS, Alpes, Alpium urbs, ch.-l. de c. (Var), sur la Braque, à 26 k. N. O. de Draguignan ; 2647 h.

AULT, ch.-l. de c. (Somme), à 35 kil. O. d’Abbeville ; 1372 hab. Petit port sur la Manche. Pêche.

AULU-GELLE, Aulius Gellius, ou selon quelques-uns Agellius, grammairien latin, florissait à Rome vers l’an 130, sous le règne d’Adrien et de ses deux successeurs. Il voyagea en Grèce et à son retour obtint un emploi de centumvir. On a de lui un ouvrage en 20 livres, qu’il a intitulé Nuits attiques, parce qu’il l’avait composé à Athènes pendant les soirées d’hiver. C’est un recueil où l’on trouve, avec de précieux renseignements sur l’antiquité, beaucoup de fragments d’auteurs anciens perdus, des discussions critiques et grammaticales, remarquables par la justesse ; le style, quelquefois obscur, offre à la fois des néologismes et des archaïsmes. Malheureusement, cet ouvrage ne nous est pas parvenu dans son intégrité ; le VIIIe livre manque tout entier ; il n’en reste que les titres de chapitres. Parmi les nombreuses édit. d’Aulu-Gelle, il faut distinguer celles publiées à Leyde par J. de Vogel, 1644 ; à Paris, en 1681, ad usum Delphini ; celle de Deux-Ponts, 1784, et celle donnée à Gœttingue, 1824, par A. Lion. Il a été trad. par l’abbé de Verteuil, Paris, 1776, par Verger, 1820, et par M. Jacquinet, 1843, dans la collection Nisard.

AUMALE, auparavant Albemarle, v. de France (Seine-Inf.), ch.-l. de c., à 22 kil. E. de Neufchâtel ; 1927 hab. Collége. Henri IV y fut blessé dans un combat livré aux Espagnols en 1592. — Albemarle fut érigée en comté en 1070 par Guillaume le Conquérant en faveur d’Eudes de Champagne ; mais en 1194, Philippe-Auguste s’empara de ce comté sur les Anglais et le donna à Simon de Dammartin. Le titre de comte d’Albemarle ne fut plus dès lors que nominal en Angleterre ; en France, le comté subsista, et son nom d’Albemarle se changea par corruption en celui d’Aumale. Jeanne, fille de Simon de Dammartin, porta ce comté dans la maison de Castille, qui le conserva jusqu’en 1342. Il passa par mariage dans celle d’Harcourt, d’où il fut transmis, en 1471, à René II de Lorraine, par son mariage avec Jeanne d’Harcourt. Sous Claude II, petit-fils de René II, ce comté fut érigé en duché-pairie, 1547. Anne de Lorraine, petite-fille de Claude II, épousa, en 1618, Henri de Savoie, duc de Nemours, et porta le duché d’Aumale dans la maison de Savoie, où il resta jusqu’en 1675. Il fut alors acheté par Louis XIV pour le duc du Maine, prince légitimé. Enfin, par le mariage d’une petite-fille de ce prince avec le duc d’Orléans (1769), il entra dans la maison d’Orléans. Auj. le titre de duc d’Aumale est encore porté par le 4e fils du roi Louis-Philippe.

AUMALE, v. de l’Algérie (prov. d’Alger), sur le versant N. du Djebel-Dira à 128 kil. S. E. d’Alger, à 85 S. de Dellys ; 2000 hab. Poste militaire établi en 1845, au lieu appelé précédemment Sour-Ghozlan, et ainsi nommé en l’honneur du duc d’Aumale, fils de Louis-Philippe. Il est protégé par le fort de Hamza.

AUMALE (Claude I DE LORRAINE, comte d'), 5e fils de René II, duc de Lorraine, qui avait acquis en 1471 le comté d’Aumale par son mariage avec l’héritière de cette maison, Marie d’Harcourt, fut fait duc de Guise par François I, et devint ainsi le chef de la célèbre maison de Guise. — AUMALE (Claude II, duc d'), 3e fils du préc., jouit de la faveur de Henri II, qui, à son avénement (1547), érigea en duché son comté d’Aumale et le nomma gouverneur de la Bourgogne. Il s’illustra à la défense de Metz, assiégée par Charles-Quint, et aux batailles de Dreux, de St-Denis et de Moncontour ; il fut l’un des ardents promoteurs de la St-Barthélemy. Il périt au siége de La Rochelle (1572). — AUMALE (Charles, duc d'), fils du préc., un des héros de la Ligue, né en 1556, fut nommé par les Seize gouverneur de Paris (1589), fut défait près de Senlis, et perdit, avec le duc de Mayenne, les batailles d’Arques et d’Ivry contre Henri IV. Cependant, il força le roi de lever le siége de Paris. Ayant, après l’avènement de ce prince, livré quelques places de la Picardie aux Espagnols, il fut condamné à mort par le parlement et exécuté en effigie (1595) ; il se réfugia en pays étranger et mourut à Bruxelles en 1631. — Son frère Claude dit le chevalier d’Aumale, périt à 28 ans, en combattant contre Henri IV, à St-Denis, en 1591. C’est par une fiction toute poétique que Voltaire, dans le Xe chant de la Henriade, le fait périr au siége de Paris.

AUMONT, ch.-l. de cant. (Lozère), à 26 kil. N. de Marvejols ; 655 hab. Sol granitique et basaltique.

AUMONT (sires, puis ducs d'), famille noble et ancienne qui, pendant un grand nombre d’années, a été en possession de la charge de premier gentilhomme de la chambre du roi. Les personnages les plus connus de cette famille sont : Jean d’Aumont, dit le Franc Gaulois, maréchal de France, né en 1522, qui se distingua sous Henri III et Henri IV, et périt d’un coup de mousqueton (1595), à Camper près de Rennes, en combattant le duc de Mercœur, l’un des chefs des Ligueurs ; — Antoine, petit-fils du préc., maréchal de France, né en 1601, mort en 1669, qui se distingua à Réthel ; — Louis-Marie de Rochebaron, duc d’Aumont, né en 1632, mort en 1704, un des plus zélés serviteurs de Louis XIV : il se distingua dans la campagne de Flandre ; il contribua beaucoup aux progrès de la science des médailles et fut membre de l’Académie des inscriptions ; — Alexandre, connu par son dévouement à Louis XVI : ce dernier favorisa l’évasion du roi ; — L. Céleste, gentilhomme de la chambre sous Louis XVIII, qui fit en 1815, pendant les Cent-Jours, une descente en Normandie et s’empara de Bayeux et de Caen.

AUNAY, ch.-l. de cant. (Char.-Inf.), à 18 kil. E. N. E. de St-Jean-d’Angely ; 1350 h. Église fort ancienne.

AUNAY-SUR-ODON, ch.-l. de cant. (Calvados), à 30 kil. N. E. de Vire ; 1055 hab. On y nourrit beaucoup de moutons. Nombreuses filatures.

AUNAY (Philippe et Pierre GAUTIER d'), noms de deux frères, gentilshommes normands, qui furent tous deux au nombre des amants de Marguerite de Bourgogne et que Philippe le Bel fit mettre à mort (1314).

AUNE ou AULNE, riv. de France, naît dans le dép. des Côtes-du-Nord, coule d’abord au N., puis à l’O., passe à Châteauneuf et à Châteaulin, et tombe dans la rade de Brest à Landevenec. Cours, 135 kil.

AUNEAU, ch.-l. de cant. (Eure-et-Loir), à 22 kil. E. de Chartres, sur l’Aunay ; 1239 hab. Guise le Balafré y battit les Allemands en 1587.

AUNEUIL, ch.-l. de cant. (Oise), à 12 kil. S. O. de Beauvais ; 533 hab. Patrie du peintre Lebrun.

AUNIS, Alunitium en latin moderne, petite prov. de l’anc. France, au S. du Poitou, sur l’Atlantique, forme aujourd’hui les arrondissements de Rochefort et de La Rochelle et une partie de celui de Marennes, dans le département de la Charente-Inférieure ; capit., La Rochelle. Aunis formait autrefois un des grands gouvernements de France. — Ce pays, habité, ainsi que la Saintonge, par les Santones, fut compris par les Romains dans l’Aquitaine 2e, appartint successivement aux Visigoths, aux Francs (507), dépendit longtemps du Poitou, fut occupé en 1130 par le duc d’Aquitaine, porté en dot par Éléonore de Guyenne à Louis VII, puis, après divorce de cette princesse, à Henri II, roi d’Angleterre ; fut enlevé aux Anglais par Louis VIII en 1224, leur fut restitué en 1360 par Jean II, mais secoua leur joug en 1371 pour se donner au roi de France Charles V. La Réforme s’y introduisit dès le temps de François I et y devint très-puissante : l’Aunis fut le dernier rempart de la résistance du parti, qui ne succomba qu’avec La Rochelle. V. ce nom.

AUNOY (M. Cath. Jumelle DE BERNEVILLE, comtesse d'), femme de lettres, née vers 1650, morte en 1705, a écrit dans un style facile et léger des Mémoires historiques (de 1672 à 1679), des Romans et des Contes. On lit encore aujourd’hui ses Contes des fées, Paris 1782, et ses Aventures d’Hippolyte, comte de Douglas. Dans ses grands ouvrages, Mme d’Aunoy a imité Mme Lafayette, mais sans l’égaler.

AURANITIDE, auj. le Hauran, partie de la Palestine, à l’E. de la demi-tribu orient. de Manassé, tirait nom du mont ou de la ville d’Auran, et avait pour ch.-l. Bostra. V. IDUMÉENS.

AURAS, AURASIUS, chaîne de l’Atlas. V. AURÈS.

AURAT (d'), savant du XVIe siècle. V. DORAT.

AURAY, ch.-l. de cant. (Morbihan), à 28 kil. S. E. de Lorient, sur la riv. d’Auray, au fond d’une baie ; 3795 h. Aux env., est la célèbre chapelle de Ste-Anne d’Auray, but de pèlerinage pour les Bretons. — Cette v. est connue dès le XIe s. En 1364 il y fut livré, entre Jean de Montfort et Charles de Blois, une bataille qui mit fin à la guerre de la succession de Bretagne : Duguesclin y fut fait prisonnier, et Charles de Blois y perdit la vie.

AURE, petite riv. qui limite les dép. de l’Eure et d’Eure-et-Loir, passe à Verneuil et à Nonancourt et se jette dans l’Eure. — On appelle Pays d’Aure une vallée de l’anc. Armagnac, dans l’arr. actuel de Bagnères, qui avait jadis titre de vicomté.

AURELE (MARC-), M. Ælius Aurelius Verus Antoninus, dit le Philosophe, empereur, né à Rome l’an 121 de J.-C., d’une famille illustre, fut élevé sous les yeux de son aïeul Annius Verus, personnage consulaire. Adrien l’avait nommé préfet de Rome, quoique fort jeune en imposant à son successeur désigné, Antonin, la condition de l’adopter : Marc-Aurèle succéda en effet à Antonin (161). Les commencements de son règne furent marqués par de grands malheurs : un débordement du Tibre et du Pô, une famine, une peste, une révolte en Bretagne, une invasion des Cattes et des Quades en Germanie, des Parthes en Asie. Il fit soumettre les Bretons par ses lieutenants, envoya son frère adoptif, Lucius Verus, contre les Parthes, prévint le retour des disettes par l’établissement de greniers publics, et, après le retour de Verus, marcha avec lui contre les Quades et les Marcomans (169). Verus mourut pendant l’expédition ; mais Marc-Aurèle remporta sur les Barbares une suite de victoires qui ne furent interrompues que par la nouvelle de la révolte d’Avidius Cassius, gouverneur de Syrie. Marc-Aurèle était en marche pour combattre les rebelles, lorsqu’on lui apporta la tête de leur chef. Il visita les prov. d’Orient et les pacifia par sa clémence. De retour à Rome, il y reçut les honneurs du triomphe (177), et ses exploits furent consacrés par une magnifique colonne de bronze qui existe encore (colonne Antonine). L’année suivante, il repartit pour la Germanie, qui s’était révoltée de nouveau, et remporta une victoire signalée sur les Barbares ; mais affaibli par l’âge, les fatigues de la guerre et la maladie, il mourut peu après, à Sirmium (180), laissant l’empire à son fils Commode. On reproche à Marc-Aurèle d’avoir toléré les désordres de l’impératrice Faustine et d’avoir laissé persécuter les Chrétiens. Du reste, par sa modération, son équité, sa valeur, il a représenté en quelque sorte la philosophie assise sur le trône, et a justifié ce mot de Platon, que les peuples ne seraient heureux que quand les philosophes seraient rois. Il avait montré de bonne heure une vive prédilection pour le Stoïcisme, et on possède de lui 12 livres de Pensées ou réflexions morales, sous ce titre : A moi-même, où il résume pour son propre usage les nobles doctrines de cette école. Les Pensées de Marc-Aurèle, écrites en grec, ont été imprimées pour la 1re fois par Xylander, avec trad. lat. (Zurich, 1558) ; et depuis, avec les notes de Gataker et de Stanhope, à Londres, 1707 ; elles ont été trad. en franç. par Dacier, 1691, par J. P. Joly, 1770, et par Pierron, 1843. En 1819, Angelo Maï a publié une partie considérable de la correspondance de Marc-Aurèle et de Fronton, découverte dans la bibliothèque du Vatican. Thomas a écrit un bel Éloge de cet empereur. On doit à Noël Desvergers un Essai et à E. de Suckau une Étude biographique et philosophique sur Marc-Aurèle, 1856.

AURÈLE (S.), archevêque de Carthage de 388 à 423, ami de S. Augustin, combattit comme lui les Donatistes et les Pélagiens. On l’honore le 20 juillet.

AURELIA CIVITAS AQUENSIS, auj. Bade-Baden.

AURELIANI, peuple de la Gaule (Lyonnaise 4e), entre les Carnutes et les Senones, avaient pour cap. Genabum, nommée depuis Aureliani (Orléans). Leur territoire répond à peu près au ci-devant Orléanais.

AURÉLIEN, Lucius Domitius Aurelianus, empereur romain, né en 212, dans le territoire de Sirmium en Pannonie, était fils d’un paysan. Après avoir passé par tous les grades de la milice, il fut élevé au consulat par Valérien (258) et parvint à l'empire en 270, après la mort de Claude II, qui l'avait désigné. Il défit les Goths, les Sarmates, les Marcomans et les Vandales, vainquit la célèbre Zénobie, reine de Palmyre (273), ainsi que l'usurpateur Tetricus, qui depuis plusieurs années était maître des Gaules (274), et reçut à son retour un triomphe magnifique. Resté tranquille possesseur de l'empire, il embellit Rome, réduisit les impôts, fit d'utiles réformes et de sages lois somptuaires. Il marchait contre les Perses lorsque Mnesthée, l'un de ses affranchis, le fit assassiner en 275, pour échapper à une peine qu'il avait encourue. On a reproché à ce prince trop de sévérité : sur la fin de son règne, il persécuta cruellement les Chrétiens. Vopiscus a écrit sa Vie.

AURELIUS VICTOR (Sextus), historien latin du IVe siècle, né en Afrique, vivait sous Julien et ses successeurs. Il fut gouverneur de la Pannonie, préfet de Rome et consul en 369. On a sous son nom : Origo gentis romanæ, attribué par quelques-uns à Asconius Pedianus; De viris illustribus urbis Romæ, attribué aussi à Pline le Jeune, à Cornélius Népos, à Æmilius Probus; De Cæsaribus (d'Auguste à Julien) : c'est le plus authentique de ses écrits; De vita et moribus imperatorum, abrégé du précédent. Ces ouvrages ont été publiés à Paris, 1681, cum notis variorum; à Amsterdam, 1733, par Arntzenius. Ils ont été trad. par M. Dubois dans la collection Panckoucke; le De viris avait été traduit séparément par Savin dès 1776.

AURENG-ABAD, c.-à-d. Ville du Trône, v. de l'Inde, ch.-l. de la prov. de son nom et jadis de tout le Decan, à 290 kil. E. N. E. de Bombay, par 13° 13' long. E., 19° 54' lat. N.; env. 60 000 h. Grande, mais à moitié ruinée et déserte. Grand bazar de plus de 2 kil. de long. — C'était jadis un simple village, dit Gourkah; la ville fut créée en quelque sorte par Aureng-Zeyb, qui l'orna de plusieurs monuments, lui donna son nom et y mourut (1707) — La province d'Aureng-Abad, est bornée par les prov. de Kandeych, Goudjerate, Berar, Bedjapour, Beyder, Haïder-Abad : et compte env. 6 000 000 d'hab., presque tous Mahrattes. Elle est traversée par la chaîne des Ghattes et par la riv. Godavéry. Longtemps partagée entre les États du Nizam et la présidence de Bombay, cette prov. appartient tout entière auj. aux Anglais.

AURENG-ZEYB, un des plus grands empereurs du Mogol, né en 1619, mort en 1707, descendait d'Akbar. Il usurpa le trône en emprisonnant son père et faisant périr ses deux frères, et se fit couronner à Delhy en 1659. Il gouverna avec une grande sagesse, et agrandit beaucoup ses États par les conquêtes qu'il fit du Thibet, du Decan et des riches roy. de Golconde et de Visapour. Il eut de longues guerres avec les Mahrattes, dont il triompha. Ce prince unissait à de grands talents politiques et militaires une profonde hypocrisie et un caractère sanguinaire : il mit à mort plusieurs de ses enfants qui s'étaient révoltés contre lui. Néanmoins, il établit dans son vaste empire une sage administration, assura à ses sujets une exacte justice, sévit contre la corruption, et fit fleurir le commerce et l'agriculture. Il fonda la ville d'Aureng-Abad.

AUREOLUS (Manius Acilius), général romain, né en Dacie, servit d'abord sous les empereurs Valérien et Gallien, prit la pourpre en 267, fut battu par Gallien, ensuite par Claude II, et périt dans une bataille sous les murs de Milan (268).

AURÈS (mont), Aurasius mons, chaîne de mont. de l'Algérie (Constantine), se détache du grand Atlas à 150 kil. S. de Constantine dans le pays de Zab, et se prolonge à l'E. dans l'État de Tunis.

AURICH, v. du Hanovre, ch.-l. de la prov. de son nom (l'anc. Ostfrise), à 200 kil. N. O. de Hanovre; 4510 hab. Siège de l'assemblée des États. Cour d'appel, gymnase. — La prov. qui s'étend sur la mer du Nord, compte 168 000 hab.

AURIGERA, riv. de la Gaule, auj. l’Ariége.

AURIGNAC, ch.-l. de cant. (H.-Garonne), à 20 kil. N. E. de St-Gaudens; 1197 hab. Cuirs, laines.

AURIGNY, Riduna en latin, l’Alderne des Anglais, îlot de la Manche, vis-à-vis du cap de la Hogue, à 10 kil. O. des côtes de la France (Manche), a 16 kil de tour; il appartient aux Anglais, et relève de Jersey; 3000 hab. Ch.-l. Ste-Anne-d'Aurigny, petite place de guerre très-fortifiée qui a 200 maisons.

AURILLAC, Aureliacum, ch.-l. du dép. du Cantal, sur la Jordanne, à 555 kil. S. S. E. de Paris, 574 par chemin de fer; 8667 hab. Trib. de 1re instance et de commerce. Rues mal percées, mais propres; et nettoyées par des eaux courantes. Chaudronnerie, orfévrerie, tanneries, dentelles. Patrie du pape Sylvestre II (Gerbert) à qui une statue a été élevée en 1851; de Piganiol de La Force, de Carrier. —— La ville se forma aux VIIIe et IXe siècles autour d'un monastère fondé par S. Géraud.

AURIOL, Auriolum, bourg des Bouch.-du-Rhône, à 27 kil. E. N. E. de Marseille, cant. de Roquevaire; 2700 hab. Exploit. de houille et d'albâtre; fabriq. de carreaux à paver. Ruines d'un château du XIe siècle.

AURON, nom de 2 petites riv. du dép, du Cher, qui se jettent toutes deux dans le Cher, l'une par la r. g., l'autre par la r. dr., à Bourges.

AURORE, divinité chargée d'ouvrir au char du Soleil les portes du ciel, était fille du Titan Hypérion et de la Terre. Éprise d'un jeune mortel, le beau Tithon, elle l'enleva au ciel et l'épousa. Elle aima aussi Céphale et Orion. On la représente couverte d'un voile et assise dans un char de vermeil que traînent quatre chevaux blancs. Les poëtes lui donnent des doigts de rose; ses larmes forment la rosée.

AUROS, ch.-l. de cant. (Gironde), à 8 kil. N. E. de Bazas; 233 hab. Ancien château seigneurial qui appartenait à la maison de Foix.

AURUNCI, peuple d'Italie, le même que les Ausones.

AUSCI, peuple de l'Aquitaine (Novempopulanie), habitait au S. des Élusates (dans le dép. du Gers), et avait pour ch.-l. Ausci ou Elimberis, auj. Auch.

AUSETANI, peuple de la Tarraconaise, à l'E. des Ilergètes, avait pour capit. Ausa, auj. Vic d'Osona.

AUSONE, Decimus Magnus Ausonius, poëte latin, né en 309 à Burdigala (Bordeaux), mort vers 394, était fils d'un sénateur. Il professa la rhétorique dans sa ville natale, fut chargé de l'éducation du jeune Gratien, depuis empereur, et fut élevé aux plus hautes dignités : après avec été questeur, gouverneur de l'Italie, de l'Afrique et des Gaules, consul (379), et enfin proconsul d'Asie, il se retira dans une terre près de sa ville natale : c'est là qu'il composa la plupart de ses ouvrages. On a de lui des épigrammes, des idylles, des églogues et des épîtres. Ses morceaux les plus estimés sont les Parentales, les Roses, la Moselle et le Crucifiement de l'Amour. On trouve dans ses poésies assez d'élégance, et d'esprit, mais de l'affectation, de la monotonie et bien des puérilités. Ses œuvres ont été publiées à Bordeaux, 1580, avec les notes de Vinet; à Paris, cum notis variorum, 1730, par l'abbé Souchay; et dans les Poetæ latini minores de Wernsdorff. Elles ont été traduites en français par Jaubert, 1769, et par Corpet, 1843 (dans la collection Panckoucke). On doit à M. Demogeot des Études sur Ausone, 1837.

AUSONES, peuple d'Italie, de la famille opique ou osque, habitait le long de la mer Tyrrhénienne, de la côte à l'Apennin, entre le Liris et le Vulturne, depuis le pays des Volsques jusqu'à Nole. Leur pays se nommait Ausonie; souvent cette dénomination est étendue à toute l'Italie. Leur principale place était Suessa, auj. Sezza.

AUSONIE, pays des Ausones. V. ci-dessus.

AUSPICE, présage tiré de l'observation des oiseaux. Les auspices se prenaient, à Rome, par un membre du collége augural (V. AUGURES), à l'armée, par le général, assisté d'un simple serviteur ou d'un soldat. Les oiseaux consultés étaient l'aigle, le vautour, la buse, l'orfraie, le corbeau, la corneille, le hibou. Ils donnaient d'heureux présages lorsqu'ils volaient haut, droit devant eux, en déployant largement leurs ailes et de mauvais s'ils volaient près de terre. – On donnait aussi le nom d’Auspices aux augures mêmes.

AUSTERLITZ, v. des États autrichiens (Moravie), sur la Littawa, à 16 kil. S. E. de Brünn; 2000 hab. Château et jardins superbes. Cette ville est devenue célèbre par l'éclatante victoire qu'y remporta Napoléon, le 2 décembre 1805, sur les armées réunies de l'Autriche et de la Russie, commandées par les empereurs François et Alexandre en personne; ce qui fit appeler cette bataille Bataille des Trois-Empereurs. Le résultat de la victoire fut la paix de Presbourg, signée le 26 décembre suivant.

AUSTIN, v. des États-Unis, capit. du Texas, sur la r. g. du Rio Colorado, à 250 kil. de son embouch. et au centre de l'État; env. 5000 hab. Le siège du gouvernement y a été établi en 1844. Elle porte le nom du colonel Austin, qui la fonda en 1823.

AUSTRALIE, dite aussi Nouv.-Hollande et Continent austral, grande terre de l'Océanie, s'étend au S. E. de l'Asie, de 11° à 39° lat. S. et de 111° à 152° long. E. Elle est séparée de la Papouasie au N. par le détroit de Torrès, de la Diéménie au S. par le détroit de Bass. Elle a env. 4500 kil. de l'O. à l'E. et 2500 du N. au S. : son étendue peut être évaluée aux quatre cinquièmes de l'Europe. L'intérieur est presque totalement inconnu : les côtes seules en ont été explorées; elles sont découpées d'un grand nombre de baies et de havres, bordées de récifs formés de coraux et d’îlots arides pour la plupart. La côte orientale, désignée sous le nom de Nouv.-Galles méridionale, est la plus fréquentée; on y trouve le port Jackson ou Sydney, Botany-Bay, la baie Jervis, le port Macquarie, etc.; la côte méridionale a été divisée en Terres de Nuyts, de Flinders, de Freycinet, de Grant; on y voit la prov. de Victoria, ch.-l. Melbourne, le port Philipp, celui de Western dans l'île des Kangourous; sur la côte occidentale, l'on remarque les Terres de Leeuvin, Edels, Endracht et la colonie de Swan-River (riv. du Cygne). Au N. s'étend l'immense golfe de Carpentarie, qui baigne les terres de Witt et d'Arnheim. Plusieurs grandes rivières : au S. et à l'E., le Murray, le Darling, l'Hawkesbury, le Macquarie, le Lachlan; au N. O., la Victoria, etc. Le climat est extrêmement varié : dans le nord les chaleurs sont brûlantes et continuelles; dans la partie moyenne le climat est plus tempéré; au sud la température offre les mêmes alternatives de chaud et de froid que dans les contrées européennes. Les montagnes de la Nouv.-Galles du Sud ont pour base un granit à gros grains et le feldspath; on y trouve peu de pierres calcaires, mais de l'alun, de la houille, beaucoup de fer, et de très-riches gisements d'or. L'Australie a une flore à part : cette contrée a enrichi le règne végétal d'un nombre infini d'espèces nouvelles. Il en est de même du règne animal; on y remarque surtout le kangourou, l'ornithorhynque, le lézard à manteau, les pélicans, les cygnes noirs, les cacatouès, les pies-grièches, les épimaques, les traquets, etc. Les indigènes appartiennent à la race mélanésienne; ils se distinguent par leur laideur, et vivent dans un abrutissement presque complet; la teinte de leur peau est jaunâtre plutôt que noire; ils ont les cheveux floconneux, les bras longs, les jambes grêles, le nez large et épaté, la bouche d'une grandeur démesurée; ils n'ont pour ainsi dire aucune notion de la Divinité, bien que soumis à des croyances superstitieuses; ils n'obéissent à aucune loi, et vivent dans l'état le plus misérable; les efforts des missionnaires et des colons pour les civiliser n'ont jusqu'à présent obtenu aucun résultat. — Les Hollandais découvrirent les premiers en 1605 les côtes de ce vaste pays; ils lui donnèrent d'abord le nom de Terre Australe. En 1616, Dick Hartighs, Hollandais, découvrit les côtes occidentales, et en 1627 Pieter Nuyts explora presque toute la côte mêrid. Abel Tasman, envoyé par la Compagnie hollandaise des Indes orientales, visita la côte sept, en 1642, et explora plusieurs parties inconnues de la côte occid. en 1644. Il donna à cette contrée le nom de Nouv.-Hollande. Le capitaine Dampier, en 1688 et 1699, Cook en 1770, achevèrent de visiter les diverses côtes de cette île immense; mais ce dernier ne put déterminer si la Nouv.-Galles du Sud touchait à la Tasmanie; ce fut un chirurgien de marine, Bass, qui résolut ce problème; il donna son nom au détroit. Depuis (1791-1827), le capitaine Furneaux, Vancouver, Entrecasteaux, Baudin et Flinders, le cap. King, Freycinet et DUmont-d'Urville, firent de nouvelles reconnaissances sur les côtes de cette terre. Les Anglais formèrent en 1788 les premiers établissements dans l'Australie; ils y déportèrent d'abord leurs criminels (V. BOTANY-BAY). En 1840, on cessa d'y envoyer les convicts; en même temps, la colonie reçut une administration représentative. En 1851, de riches mines d'or y furent découvertes, ce qui accrut subitement la population. — La partie colonisée est auj. divisée en 4 prov. : Nouv-Galles du Sud, ch.-l., Sydney ; Victoria ou Australie heureuse, ch.-l., Melbourne; Australie du S., ch.-l., Adélaïde ; Australie occid., ch.-l., Perth. M. Tennison Woods a donné une Hist. des explorations de l'Australie, 1865.

AUSTRASIE (roy. d'), Osterrych, c.-à-d. Roy. de l'Est, roy. des Francs orientaux qui subsista du VIe au VIIIe s. On l'oppose à la Neustrie, qui formait la partie occid. des États francs. Il se composait de l'anc. roy. de Metz (Lorraine) et de petites parties de la Champagne, de l'anc. roy. de Thuringe (Franconie), du duché d'Alémannie (Bade, Alsace, Wurtemberg), du duché de Bavière et de la Frise, mais ses limites varièrent avec l'étendue des conquêtes des Francs orientaux. — Le roy. d'Austrasie naquit du partage des possessions de Clovis entre ses quatre fils (511), et échut à Thierry; Metz fut la capit. et la résidence de ce prince (511-534), ainsi que de huit rois, ses successeurs : Théodebert I (534-548), Théodebald (548-555), Sigebert I (561-575), Childebert II (575596), Théodebert II (596-612), Thierry II (612-638), Sigebert II (638-656), et Childéric II (656-673). Pendant cet espace de temps l'Austrasie fut deux fois réunie à la couronne de France : sous Clotaire I, de 555 à 561, et sous Clotaire II et Dagobert, de 612 à 638. Après la mort de Dagobert II (679). l'Austrasie, un instant réunie à la couronne de Thierry III par le maire du palais Ébroin, se révolta et prit pour gouverneur Pépin d'Héristal. Charles Martel, qui lui succéda (714), défendit l'Austrasie contre Rainfroi, maire de Dagobert III, roi de Neustrie, et devint même en 721, sous Thierry IV, qui n'était roi que de nom, maître de tout l'empire des Francs. A la mort de Charles Martel, l'Austrasie fut le partage de Carloman, frère de Pépin le Bref. Mais ce prince, s'étant fait moine, céda son domaine à son frère, qui fut élu roi des Francs en 752 et réunit sur sa tête les deux couronnes. A dater de ce moment le nom d'Austrasie disparaît de l'histoire.

AUSTRÈGUES, arbitres institués en Allemagne pour régler certains différends politiques. V. ce mot dans notre Dictionnaire univ. des Sciences.

AUSTREMOINE (S.), apôtre de l'Auvergne, fut, à ce qu'on croit, envoyé de Rome dans ce pays vers 250, en devint le 1er évêque et fut, dit-on, enterré à Issoire. On l'honore le 1er novembre.

AUTARIATES, peuple de la Dalmatie, vers le N., avait pour place principale Salone.

AUTERIVE, ch.-l. de cant. (H.-Garonne), sur l'Ariége, à 20 kil. S. E. de Muret; 2305 hab. Draps.

AUTEUIL, joli vge du dép. de la Seine, à l'O. de Paris, est depuis 1860 englobé dans la capitale. Chemin de fer, nombreuses villas. Molière, Boileau, La Fontaine, d'Aguesseau, Helvétius, Condorcet, Cabanis, Rumford habitèrent Auteuil.

AUTHARIS, roi des Lombards, 584-591, soumit l’Istrie, fit des courses jusqu’aux portes de Ravenne et de Rome, et défit Childebert II, roi d’Austrasie, qui était venu en Italie au secours de l’empereur Maurice. On lui reproche quelques actes de cruauté. Autharis était un arien zélé.

AUTHIE, riv. de France, sépare les dép. de la Somme et du Pas-de-Calais, baigne Doullens, Auxy, Broye, Nampont, où elle devient navigable, et tombe dans la Manche après un cours de 88 kil.

AUTHION, riv. qui sort de l’étang de Rué (Indre-et-Loire), arrose Bourgueil, puis coule parallèlement à la Loire en suivant l’ancien lit de cette rivière, et s’y unit à St-Aubin (Maine-et-Loire), après 97 kil. de cours.

AUTHON, ch.-l. de cant. (Eure-et-Loir), à 18 kil. S. E. de Nogent le Rotrou ; 928 hab. Étamines.

AUTHON (Jehan d'), vieil historien, né vers 1466, mort en 1527, appartenait à l’ordre des Augustins. Louis XII le nomma son chroniqueur, le pourvut de bons bénéfices et l’emmena avec lui dans tous ses voyages. On a de lui les Annales du roi Louis XII de 1499 à 1508, publiées partiellement en 1620, et en entier par le Bibliophile Jacob Paris, 1834.

AUTISSIODURUM, nom latin d’Auxerre.

AUTOCHTHONES. V. ABORIGÈNES.

AUTO-DA-FÉ, c.-à-d. acte de foi. C’est ainsi que les Espagnols appelaient l’exécution solennelle des sentences de l’inquisition contre les hérétiques condamnés au bûcher ou à la torture. La cour assistait à ces affreux spectacles que le peuple recherchait avec avidité. Ils ne cessèrent qu’au XVIIIe siècle.

AUTOLYCUS, aïeul maternel d’Ulysse, était un habile voleur ; ce qui fit dire qu’il était fils de Mercure. Sa fille Anticlée eut, disait-on, commerce avec Sisyphe, qui la rendit mère d’Ulysse.

AUTOLYCUS, savant grec, né à Pitane en Éolie, vers 360 av. J.-C., a laissé deux traités : De Sphæra quæ movetur ; De ortu et occasu siderum, publiés en grec par Conrad Dasypodius, Strasbourg, 1572 ; traduits en latin par J. Auria, Rome, 1587, et en français par Forcadel, Paris, 1572.

AUTOMÉDON, habile écuyer, conduisait le char d’Achille et de Pyrrhus (Iliade, IX). Son nom a de-puis désigné tout habile conducteur de char.

AUTREY, ch.-l. de c. (H.-Saône) à 10 kil. N. O. de Gray ; 1108 hab. Forges, hauts fourneaux.

'AUTRICHE' (OEstreich). Ce nom désigne : 1o l’empire d’Autriche ; 2o  l’Autriche propre.

1o  EMPIRE D’AUTRICHE ou ÉTATS AUTRICHIENS, un des grands États de l’Europe, est borné au N. par la Prusse et le roy. de Saxe, à l’E. par la Russie et la Moldavie, au S. par la mer Adriatique et la Turquie, à l’O. par la Bavière, la Suisse et les États sardes, dont il est séparé par le Mincio et le lac de Garda. Il a env. 1250 kil, de l’E. à l’O. et 540 du N. au S., et compte env. 35 000 000 d’hab. Capit., Vienne. L’empire d’Autriche comprend un grand nombre de pays de nature très-diverse qu’on peut partager en 4 groupes, savoir : 1o  Pays allemands, l’Autriche propre, les duchés de Saltzbourg, de Styrie, de Carinthie, de Carniole, le Frioul, le littoral allemand dans le territoire de Trieste, le comté du Tyrol avec le Vorarlberg, le roy. de Bohême, le margraviat de Moravie, la Silésie autrichienne ; 2o  Pays hongrois : le roy. de Hongrie, la Transylvanie, la Slavonie, la Croatie ; 3o  Pays polonais, qui se composent de la Gallicie, avec Cracovie, de la Ludomirie et de la Bukowine. D’après la dernière organisation (1867), la monarchie autrich. se divise en 2 part. administrées séparément sous un même prince et sous un ministère commun.

1o  Pays cis-leithans (en deçà de la Leitha) :

Province de Basse-Autriche, chef-lieu. Vienne.
Haute-Autriche Linz.
Salzbourg Salzbourg.
Styrie Gratz.
Carinthie Klagenfurt.
Carniole Laibach.
Istrie Trieste.
Province de Tyrol et Voralberg Inspruck.
Bohême Prague.
Moravie Brünn.
Silésie Troppau.
Galicie Lemberg.
Bukowine Czernowitz.
Dalmatie… Zara.

2o  Pays trans-leithans (au delà de la Leitha) :

Le royaume de Hongrie, cap… Pesth.
La Croatie et l’Esclavonie, cap. Agram.
La Transylvanie, capit. Klausenbourg.
Bannat et voïvodie Serbe, chef-l. Temesvar.
Les confins militaires, chef-lieu. Carlstadt.

Presque toute l’Autriche est hérissée de montagnes : les princ. chaînes sont, au N. les monts Erz et Sudètes, à l’E. les monts Krapacks, au S. O. plusieurs branches des Alpes, au centre les monts de Bohême et de Moravie. L’Elbe, l’Oder, la Vistule, le Dniester, naissent dans les États autrichiens ; le Danube a la plus grande partie de son cours ; le Pô et l’Adige baignent les possessions autrichiennes en Italie. L’Autriche est presque tout entière continentale ; elle n’a de côtes que celles de l’Adriatique. Le long du rivage oriental de cette mer s’offrent une multitude d’îles, Veglia, Cherso, Osero, etc. On trouve dans les États autrichiens plusieurs lacs : dans l’archiduché d’Autriche l’Atter ; en Hongrie, ceux de Balaton et de Neusiedel. L’industrie est très-développée ; elle consiste surtout en draps, tissus de coton, soieries, fer, acier, ébénisterie ; on estime les glaces de Venise et de Neuhaus, les verreries de Bohême, les violons de Crémone, les pianos, les pendules et les porcelaines de Vienne, le rosolio de Zara et de Trieste, etc. Venise, Trieste, Fiume, Raguse, Zara, Spalatro, sont les princ. places maritimes. Dans l’intérieur, les princ. places sont : Vienne, Prague, Perth, Grætz, Lemberg, Carlstad, Œdenbourg, etc. L’Autriche a beaucoup de belles routes, plusieurs chemins de fer et plus de 300 canaux. Son armée en temps de paix est de 500 000 hommes ; en temps de guerre, elle peut s’élever à 700 000 hommes. L’Autriche, longtemps le premier État de l’Allemagne, en a été exclue par la Prusse en 1866. Elle est gouv. par un empereur ; longtemps monarchie absolue, elle a reçu en 1861 une constitution, puis une nouvelle, qui réorganise toutes les parties de l’emp., en décembre 1867. Le pouvoir impérial est héréditaire ; il se transmet de mâle en mâle ; en cas d’extinction des mâles, les femmes peuvent succéder au trône : témoin Marie-Thérèse, qui a fondé la maison auj. régnante. — La religion dominante est la R. catholique : elle compte 25 millions d’adhérents. Après elle vient la religion grecque (6 millions), dont les nombreux prosélytes habitent la Transylvanie la Slavonie, la Croatie et la Hongrie mérid. On trouve beaucoup de Calvinistes en Hongrie, et de Luthériens dans les prov. allemandes et la Gallicie ; on trouve encore en divers endroits des Sociniens ou Unitaires et des Mennonites ; ces différentes Confessions donnent un chiffre de près de 4 millions. Enfin, on peut compter 750 000 Juifs, répandus surtout en Hongrie et en Moravie. L’Autriche possède plusieurs universités (à Vienne à Prague, à Pesth, à Lemberg, à Ollmültz, à Grætz, à Inspruck), ainsi qu’un grand nombre d’académies, de lycées et d’établissements pour les hautes sciences : Académie noble de Marie-Thérèse, Institut polytechnique, Académie Joséphine médico-chirurgicale, Académie orientale de Vienne, Académie des mineurs, à Schemnitz, collège Johannæum, à Grætz, etc.

2o  AUTRICHE PROPRE, ou ARCHIDUCHÉ D’AUTRICHE, portion des États autrichiens, bornée au N. par le Moravie et la Bohème, à 1'O. par le Tyrol et la Bavière, au S. par la Styrie et la Carinthie, à l’E. par la Hongrie ; 3900 kil. car. ; 2 280 000 hab. Ch.-l., Vienne. Le Danube la traverse. Elle est coupée par l’Ens en 2 parties, dites Pays au-dessous de l’Ens ou Basse-Autriche, ch.-l., Vienne ; et Pays au-dessous de l'Ens ou Haute-Autriche, ch.-l., Linz. L'une et l'autre est subdivisée en capitaineries de cercles, dont le nombre a varié. L'archiduché d'Autriche se composait avant 1801 de 4 portions : 1° B.-Autriche (divisée en pays au-dessus de l'Ens et pays au-dessous de l'Ens) ; 2° Hte-Autriche (Styrie, Carinthie, Carniole, Frioul autrichien, littoral allemand) ; 3° Autriche intérieure (comté de Tyrol) ; 4° Autriche antérieure (Brisgau autrichien, Souabe autrichienne et divers petits pays). On y substitua depuis une division en 9 cercles

Gouvt de Hte-Autriche. Chefs-lieux.
1° Mühl, Linz.
2° Inn, Ried.
3° Haussruck, Wels.
4° Pralin, Steyer.
5° Saltzbourg, Saltzbourg
Gouvt de Basse-Autriche.
6° Manhartsberg supérieur, Krems.
7° Manhartsberg inf., Korneuburg.
8° Wienerwald sup., St-Polten.
9° Wienerwald inf., Traiskirchen.

Il faut y joindre le capitanat de Vienne, ch.-l., Vienne.

Histoire. L'Autriche propre faisait originairement partie des prov. romaines appelées Norique et Pannonie supérieure. Elle fut réunie à l'empire romain sous Tibère, vers l'an 33 de J.-C. A partir du Ve siècle, elle fut tour à tour envahie par les Huns, les Ostrogoths, les Boiens les Vandales, les Longobards, et enfin partagée entre les Bavarois et les Avares, jusqu'à 1'époque où Charlemagne en chassa les Avares, 799, et la joignit à ses États sous le nom d’Austria ou de Marche orientale. En 928, Henri l'Oiseleur, voulant opposer une barrière aux incursions des Hongrois, érigea l'Autriche en margraviat. En 982, Othon II en investit Léopold de Babenberg (ou Bamberg), dont les descendants possédèrent d'abord cette province sous le titre de margraves ou de marquis (980), et prirent ensuite le titre de ducs, à partir de l'an 1156. Après l'extinction de cette famille (1246), l'Autriche passa entre les mains de l'emp. Frédéric II, puis dans celles d'Ottocar, roi de Bohême (1251), et après lui dans celles de Rodolphe de Habsbourg, emp. d'Allemagne. Ce dernier donna l'Autriche à son fils Albert (1282), dont les descendants l'ont conservée d'abord sous le titre de ducs, et, à partir de 1453, sous celui d'archiducs. La maison de Habsbourg ou d'Autriche qui, depuis Rodolphe, avait déjà fourni plusieurs empereurs à l'Allemagne, vit cette dignité devenir héréditaire chez elle à partir de l'avénement d'Albert II, en 1438. À cette époque, l'Autriche s'était déjà agrandie de la Styrie (1186), de la Carniole et des domaines héréditaires de Rodolphe de Habsbourg, savoir : l'Alsace, la Souabe et la Suisse (1282); mais, en 1307, la Suisse s'était rendue indépendante. Le mariage de Maximilien avec Marie de Bourgogne (1477) donna à la maison d'Autriche les Pays-Bas et une grande partie de la Bourgogne; l'avénement de Charles-Quint y joignit l'Espagne avec ses immenses possessions dans les deux mondes. Par le partage de 1521 entre Charles-Quint et l'archiduc Ferdinand, son frère, les Pays-Bas et le cercle de Bourgogne échurent à la branche espagnole d'Autriche; Ferdinand conserva l'archiduché d'Autriche et toutes ses dépendances, auxquelles il joignit la Bohême et la Hongrie, puis la Moravie, la Silésie et la Lusace. Le traité de Westphalie (1648) enleva cette dernière prov., ainsi que l'Alsace, à l'Autriche, qui répara cette perte par l'acquisition de la Transylvanie et de la Croatie. Par les traités d'Utrecht (1713) et de Rastadt (1714), l'Autriche reçut comme héritage de Charles II, roi d'Espagne, le cercle de Bourgogne, le duché de Mantoue, le royaume de Naples et la Sardaigne; en 1714, elle échangea ce dernier royaume contre la Sicile. Après 1735, elle rendit les Deux-Siciles à l'infant don Carlos et reçut en échange Parme, Plaisance et Guastalla. Ces fatales acquisitions, dues pour la plupart à des alliances ont donné lieu au distique suivant :

Bella gerant alii; tu, felix Austria, nube :
Nam quæ Mars aliis, dat tibi regna Venus.

En 1740, la branche masculine de la maison d'Autriche s'étant éteinte, ses États héréditaires échurent à Marie-Thérèse, fille du dernier empereur, dont le mari, François de Lorraine, fut, après de longs démêlés, reconnu empereur en 1745, sous le nom de François I, et devint le chef de la nouvelle maison d’Autriche-Lorraine. L'Autriche eut depuis à soutenir contre la Prusse la guerre de Sept ans, qui lui fit perdre la Silésie (1756-63) ;' elle se dédommagea, lors du partage de la Pologne (1772 et 1795), en se faisant adjuger la Gallicie et la Lodomirie, auxquelles elle a joint depuis le territoire de Cracovie. En 1791, elle entra, par le traité de Pilnitz, dans la coalition contre la France, ce qui attira sur elle les plus grandes calamités : après avoir vu sa capitale occupée par les Français, l'empereur François II fut contraint de renoncer au titre d'empereur d'Allemagne, et de se borner à ses États héréditaires, avec le titre d’empereur d'Autriche. Les guerres de la Révolution et de l'Empire avaient enlevé à l'Autriche une grande partie de ses possessions en Allemagne et toute l'Italie; mais les événements de 1815 les lui rendirent, à l'exception du cercle de Bourgogne, dont la perte fut compensée par les provinces de Lombardie et de Vénétie en Italie. En 1848, éclata à Vienne une violente insurrection ; en même temps la Hongrie et les provinces italiennes s'insurgèrent, mais l'Italie fut promptement soumise, malgré l'appui du roi de Piémont, qui perdit la bataille décisive de Novare (mai 1849), et la Hongrie fut après une longue résistance réduite avec l'aide de la Russie (1849) : une constitution lui est octroyée en 1861, puis une nouvelle en 1865, qui établit une diète et un ministère hongrois, et calme les esprits. En 1859, l'empereur, menacé dans ses possessions italiennes par les États sardes, les envahit; repoussé par les Piémontais et les Français, notamment à Magenta et à Solferino, il signe le traité de Villafranca, et cède la Lombardie. En 1866, il soutient contre la Prusse et l'Italie, une guerre où il bat les Italiens à Custozza (24 juin), mais est vaincu par la Prusse à Sadowa (3 juillet), est obligé de céder la Vénétie, et au traité de Prague (23 août), voit l'Autriche exclue de l'Allemagne, reconstituée sans sa participation.

Empereurs d'Autriche :
François I, 1806-1835
Ferdinand I, 1835, abdique en 1848
François-Joseph I, 1848

AUTRICUM, Chartres, v. de Gaule, capit. des Carnutes, tirait son nom de l’Autura (Eure) qui l'arrosait.

AUTUN, Bibracte, puis Augustodunum, ch.-l. d'arr. (Saône-et-Loire), près de l'Arroux, à 106 k. N. O. de Mâcon ; 11 897 h. Évêché, trib. de 1re inst. et de comm., collége. Belle cathédrale, dédiée à S. Celse, église St-Martin, où est le tombeau de Brunehaut; champ de Mars. Ruines romaines, arc de triomphe, etc. — Fondée par les Phocéens, cette ville devint, sous le nom de Bibracte, la capitale des Éduens, et l'une des villes les plus importantes de la Gaule (avec un chef électif, dit vergobret, un sénat des Druides et une école druidique où l'on venait de très-loin). Elle fut également très-importante sous les Romains, qui la nommèrent Augustodunum en l'honneur d'Auguste : elle contenait une fameuse école de rhétorique. Prise par Sacrovir en l'an 21, elle fut le foyer de la révolte de ce Gaulois (qui se tua aux environs). Au IIIe siècle, elle fut assiégée pendant sept mois, prise et détruite par Tétricus; rebâtie dans le siècle suivant par Constantin; elle fut saccagée par les Sarrasins en 731; par les Normands en 888. Elle fut depuis le Xe siècle le ch.-1. d'un comté dépendant du duché de Bourgogne. Patrie du président Jeannin.

AUTUN (Jehan d'). V. AUTHON. AUTURA, riv. de Gaule, auj. l’Eure.

AUVERGNE, Arverni, anc. prov. de France, entre le Bourbonnais, le Forez, le Vélay, le Limousin, le Quercy et la Marche, avait pour capit. Clermont-Ferrand. L'Auvergne forme auj. les dép. du Puy-de-Dôme et du Cantal et l'arr. de Brioude dans celui de la H.-Loire. Elle se divisait en B.-Auvergne, au N., ch.-l. Clermont; v. princ. : Riom, Aigueperse, Volvic, Brioude, Évaux, Chambon, Billom, Cusset, Issoire, La Chaise-Dieu, Langeac; et H.-Auvergne, au S., ch.-l. St-Flour; autres villes : Chaudes-Aigues, Murat, Mauriac, Aurillac, Montsalvy. La B.-Auvergne, qu'on appelait aussi Limagne, est célèbre par sa fertilité. L'Auvergne est arrosée par l'Allier et la Dordogne. Son sol offre partout des traces volcaniques; les nombreuses mont. qui la couvrent sont presque toutes des volcans éteints. Les monts d'Auvergne se rattachent aux Cévennes par le mont Margeride; ils peuvent se partager en quatre groupes : le Plomb du Cantal, le Cézallier, le mont Dore, et le Puy-de-Dôme. L'Auvergne a produit un assez grand nombre d'hommes remarquables : Grégoire de Tours, Gerbert, L'Hôpital, le chancelier Duprat, Anne Dubourg, Blaise Pascal, Domat, le gén. Desaix, Delille, Thomas, etc. — Les Arverni, qui ont donné leur nom à l'Auvergne, furent un des peuples les plus puissants de la Gaule Transalpine et les rivaux redoutables des Éduens avant la conquête des Romains. C'est de l'Arvernie que sortit Vercingétorix, le plus opiniâtre adversaire de César, et dont la soumission entraîna celle de la Gaule entière; la capitale du pays était la célèbre Gergovie. Sous les Romains, l'Arvernie fut longtemps florissante, et les lettres y furent cultivées avec succès. En 475, les Visigoths s'en emparèrent; Clovis l'enleva à ces derniers en 507. Sous les rois de la 1re race, l'Auvergne devint un comté dépendant de l'Aquitaine. Au VIIIe siècle, l'histoire fait mention d'un comte d'Auvergne, nommé Blandin, qui soutint le duc Waïfre contre Pepin le Bref. Après lui diverses maisons occupèrent successivement ce comté. En 979, il devint héréditaire dans celle des vicomtes d'Auvergne, vassaux des ducs d'Aquitaine, et passa, avec l'Aquitaine, sous la domination des Anglais. En 1155 il fut divisé en deux parties : comté d'Auvergne (appartenant à la branche cadette de la maison), et Dauphiné d'Auvergne (à la branche aînée). Le comté fut confisqué par Philippe-Auguste sur le comte Guy II, qui s'était révolté; mais peu d'années après il fut rendu à son fils Guillaume XI. Le Dauphiné (qui comprenait une partie de la Limagne et la moitié de la ville de Clermont) passa par mariage, en 1428, à la maison de Montpensier, branche de la maison de Bourbon. A la fin du XIIIe s., le comté d'Auvergne échut par mariage à l'anc. famille de La Tour, dite dès lors de La Tour-d'Auvergne. En 1524, la comtesse Anne légua ce comté à Catherine de Médicis, et celle-ci le transporta en 1589 à Charles d'Angoulême, fils naturel de Charles IX, qui se le vit enlever en 1606 par Marguerite de Valois, fille de Catherine; il fut enfin cédé par cette dernière à Louis XIII encore dauphin, qui le réunit à la couronne en montant sur le trône (1610). Il forma dès lors un des 32 grands gouvernements de France.

AUVIGNY (J. DU CASTRE d'), militaire et écrivain, né dans le Hainaut en 1712, servit avec distinction dans les chevau-légers et fut tué au combat de Dettingen en 1743. On a de lui : Mémoires de Mme de Barnevelt; Amusements historiques; Histoire de Paris (jusqu'en 1730) ; Vies des hommes illustres de la France (continuées par l'abbé Pérau et par Turpin), 1739-57, 27 vol. in-12. Il travaillait en commun avec l'abbé Desfontaines.

AUVILLAR, ch.-l. de cant. (Tarn-et-Garonne), sur la r. g. de la Garonne, à 16 kil. S. O. de Moissac; 1597 hab. Faïence.

AUXERRE, Altisiodurum, Autisiodurum, ch.-l. du dép. de l'Yonne, sur l'Yonne, à 169 kil. S. E. de Paris, 175 par chemin de fer; 15 081 hab. Cathédrale gothique (St-Étienne), église St-Germain; collége, bibliothèque, hospice, pénitencier; belles promenades. Grand Commerce de vins. — Cette ville formait jadis, chez les Senones, un district indépendant. Elle fut ravagée par Attila au IVe siècle, et prise par Clovis au Ve. Sous les rois de la 1re race, elle fut gouvernée par des comtes, qui se rendirent héréditaires au Xe siècle (V. ci-après). Auxerre avait avant 1789 un évêché dont Amyot fut titulaire. S. Germain l'Auxerrois, l'historien Lebeuf, Ste-Palaye, J. B. Fourier, naquirent dans cette ville.

AUXERRE (comté d'). Ce comté, dont l'origine remonte au Xe siècle, appartenait en 1036 à Renaud, comte de Nevers. A la mort de ce dernier (1040), Robert, duc de Bourgogne, s'empara des comtés d'Auxerre et de Nevers; mais il en fut dépouillé par Guillaume, fils de Renaud, qui les transmit à ses descendants. Au XIIe siècle Gui, frère de Guillaume IV, devint le chef d'une branche collatérale; il acquit le comté de Tonnerre, et eut de fréquents démêlés avec l'évêque et la commune d'Auxerre. Il mourut en 1176, laissant un jeune fils, dont la mort prématurée (1181) mit fin à la ligne masculine des comtes d'Auxerre. Après avoir été portés par divers mariages dans quatre maisons différentes, les trois comtés d'Auxerre, Tonnerre et Nevers furent de nouveau réunis en 1338 par Guillaume le Grand; mais en 1370, Jean IV de Challon, son arrière-petit-fils, vendit le comté d'Auxerre au roi de France Charles V, qui le réunit à la couronne. Il en fut encore détaché en 1435 par le traité d'Arras, qui en assurait la possession au duc de Bourgogne; mais en 1477, après la mort de Charles le Téméraire, Louis XI le réunit définitivement au domaine royal.

AUXERROIS, un des 4 comtés annexés au grand duché de Bourgogne, comprenait, outre Auxerre et son territoire, Seignelay, Coulange, Vermanton.

AUXOIS, Alesiensis pagus, anc. pays de France, faisant partie du duché de Bourgogne était divisé en bailliage principal de Semur et bailliages particuliers d'Avallon, d'Arnay-le-Duc et de Saulieu. Il doit son nom à l'anc. Alesia, qui s'y trouvait comprise. Il formait un comté qui fut réuni au duché de Bourgogne en 1082. Il forme auj. les arr. d'Avallon (Yonne) et de Semur (Côte-d'Or).

AUXONNE, ch.-l. de cant. (Côte-d'Or), sur la Saône (r. g.), à 31 kil. S. E. de Dijon; 3048 hab. Place forte de 4e classe : direction d'artillerie, arsenal de construction, fonderie et magasins à poudre, Collége. Pont-levis remarquable; château construite par Louis XII. — Capit. d'un anc. comté, réuni en 1237 au duché de Bourgogne. Cédée à Charles-Quint par le traité de Madrid (1526), Auxonne refusa de passer sous la domination étrangère et par sa belle résistance obligea les Espagnols à se retirer.

AUXUMUM, v. de l'Éthiopie, est auj. Axum.

AUXY-LE-CHATEAU, ch.-l. de cant. (Pas-de-Calais), sur l'Authie, à 30 kil. S. O. de St-Pol; 2461 h.

AUZANCE, ch.-l. de cant. (Creuse), à 26 kil. N. E. d'Aubusson, près du Cher; 1006 hab.

AUZON, ch.-l. de cant. (H.-Loire), à 13 kil. N. de Brioude, sur l'Allier; 881 hab. Houille; source minérale froide.

AUZOUT (Adrien), mathématicien, né à Rouen vers 1630, mort en 1691, était membre de l'Académie des sciences. Il inventa en 1667 le micromètre à fil mobile, qui sert aux astronomes pour mesurer le diamètre apparent des petits objets, et publia un traité sur cet instrument, Paris, 1667, in-4. On a encore de lui des Lettres sur les grandes lunettes.

AVA, contrée de l'Indo-Chine, sur la côte Est du golfe de Bengale, formait jadis un royaume indépendant, et est aujourd'hui une des provinces de l'empire Birman. V. BIRMAN.

AVA ou RATNA-POURA, capitale de la province d'Ava et jadis de tout l'empire Birman, sur l'Iraouaddy, qu'on nomme aussi Ava, à 26 kilomètre au Sud Ouest d'Amarapoura, par 93° 32' long. E., 21° 51' lat. N. Sa population, qui s'élevait jadis à 30 000 habitants, est bien diminué depuis que cette ville n'est plus capitale. La ville est mal bâtie; cependant elle offre de loin un aspect imposant. On y voit plusieurs beaux édifices, entre autres le palais du monarque, achevé en 1824.

AVAILLES, ch.-l. de c. (Vienne), sur la Vienne, r. g., à 36 kil. E. de Civray; 867 hab. Eaux minérales.

AVALITES, peuple éthiopien, au N. O. de l'Azanie, habitait la côte orient. d'Afrique, près du détroit de Bab-el-Mandeb, et avait un port célèbre, Avalites emporium, auj. Zeilah.

AVALLON, Aballo, ch.-1. d'arr. (Yonne), sur le Cousin, à 53 kil. S. E. d'Auxerre; 4692 hab. Jolie ville, s'élevant sur un rocher de granit, à l'entrée d'une riante vallée. Tribunal de 1e inst., collége. Grand commerce de bois de chauffage, merrains, cuirs, vins estimés. — Ancien comté, enlevé en 1433 par Charles VII au duc de Bourgogne.

AVALOS (Ferdinand-François d'), marquis de Pessaire, l'un des plus grands capitaines de Charles-Quint, né en 1490, d'une illustre maison du roy. de Naples et d'origine castillane, avait épousé fort jeune Vittoria Colonna, célèbre par sa beauté, sa vertu et son esprit. Fait prisonnier à la bataille de Ravenne (1512), il composa dans sa prison un Dialogue de l'amour, qu'il dédia à son épouse. Dès qu'il eut recouvré sa liberté, le marquis d'Avalos reprit les armes contre la France, et eut beaucoup de part au recouvrement du Milanais par l'Espagne : il défit Bayard à Rebec et contribua puissamment à la victoire de Pavie (1552), après laquelle il fut nommé généralissime. Il mourut à Milan la même année.

AVALOS (Alph. d'), marquis du Guast, neveu du préc., lui succéda dans le commandement des armées de Charles-Quint; secourut l'Autriche, en 1532, contre Soliman et suivit l'empereur dans toutes ses expéditions, notamment à Tunis. Nommé gouverneur du Milanais, il fit lever, en 1543, le siége de Nice à Barberousse et au comte d'Enghien, qui le défit à son tour à Cérisole (1544). Il mourut en 1546.

AVARAY (Ant. BÉSIADE, comte, puis duc d'), né en 1759, issu d'une anc. famille du Béarn, connue dès le XIIIe siècle, s'attacha au comte de Provence (Louis XVIII), lui procura les moyens de sortir de France en 1791, fut son compagnon fidèle dans l'exil et son principal agent. Il mourut en 1811, dans l'île de Madère, où il était allé pour rétablir sa santé.

AVARES ou ABARES, peuple barbare, originaire de la Tartarie, de la famille des Huns, était établi dans les environs de l'Altaï, lorsqu'il fut attaqué et chassé de son territoire par une invasion des Chinois en 552. Ceux qui échappèrent se dirigèrent vers l'Europe, franchirent le Volga et le Don en 557, et vinrent bientôt après s'établir sur les bords du Danube. Ils firent la guerre aux empereurs grecs, et leur enlevèrent la Dacie et la Pannonie (582), d'où ils se répandirent dans la Germanie au N. du Danube, et jusque dans l'Italie. Leur puissance reçut un premier échec en 626, sous les murs de Constantinople : leur chef Baïan, allié de Chosroès, y fut vaincu par l'empereur Héraclius. Ils furent entièrement subjugués par Charlemagne de 791 à 799, et se convertirent alors au Christianisme. Les Avares étaient de haute taille ; ils étaient belliqueux en même temps que rusés et perfides. Ils campaient sous des tentes mobiles, et n'eurent jamais d'autres villes que leurs camps immenses qui, disposés en forme de cercles concentriques, prenaient de là le nom de rings ou anneaux. Leur chef s'appelait khan ou khagan. — Les limites de l'empire des Avares ont beaucoup varié. Au temps de sa plus grande extension (590-630), il embrassait les immenses solitudes au N. du Danube depuis la Lusace jusqu'au delà du Don; à la fin du VIIe siècle, il est resserré au N. et à l'O. par les Lèkhes, les Vendes et les Tchèques (auj. Pologne, Silésie, Brandebourg, Bohême) ; à l'E. par les Khazars qui habitaient entre le Boug et le Dnieper. Après sa destruction, en 799, Charlemagne n'en conserva que la partie occidentale, située entre la Theiss et l'Inn, et en fit sous le nom d'Avarie une marche de l'empire des Francs. Le reste fut occupé par les Madgyars ou Hongrois. Des Avares occupent encore auj. une partie de la Circassie, sur le versant septentrional du Caucase, entre l'Aksaï et le mont Cherdagh. Ils forment environ 12 000 familles, obéissant à un kan particulier; ils vivent de chasse et de rapine. Ils sont vassaux e la Russie, dont ils ont formellement reconnu l'autorité en 1859.

AVARICUM, v. de Gaule, est auj. Bourges.

AVARIS, v. de l'anc. Égypte, la même que Tanis.

AVATAR, nom donné aux incarnations de Vichnou.

AVATCHA ou PETROPAVLOVSK, bourg fortifié et port de la Russie d'Asie (Irkoutsk), sur la côte E. du Kamtchatka, dont elle est le lieu principal, près de l'emb. de la riv. d'Avatcha et sur la baie du même nom, par 156° 28' long. E., 53° 11' lat. N. Cette baie est le seul endroit de Kamtchatka où puissent aborder les vaisseaux. Le fort fut bombardé par une escadre anglo-française en 1855.

AVAUX (Claude DE MESMES, comte d'). V. MESMES.

AVEIN ou AWENNE, vge de Belgique (prov. de Luxembourg), à 2 kil. N. O. de St-Hubert. Les maréchaux de Châtillon et de Brézé y battirent les Espagnols en 1635. — Il ne faut pas confondre ce lieu avec Avennes, prov. de Liége, à 12 kil. N. O. de Huy.

AVEIRO, v. de Portugal (Beira), à l'emb. de la Vouga dans l'Atlantique, à 55 kil. N. O. de Coïmbre; 4500 hab. Évêché.

AVEIRO (D. Jos. MASCARENHAS, duc d'), seigneur portugais, fut tout-puissant sous Jean V. Ayant perdu faveur à l'avénement de Joseph I, il ourdit une conspiration contre ce prince et le nouveau ministre, le marquis de Pombal (1758); mais le complot fut découvert, et il fut brûlé vif (1759).

AVÉIS I, sultan de Bagdad, fils de Hassan Bourzuk, de la dynastie des Ilkhaniens, branche des Gengiskanides, régna de 1356 à 1375, conquit l'Aderbaidjan, prit Mossoul, Mardyn, etc. — AVÉIS II, fils du préc., se fit proclamer sultan en 1381, après avoir fait périr son frère Hussein, et se rendit tellement odieux par ses cruautés que le peuple appela à son secours Tamerlan, qui le détrôna vers 1390. Cependant, Avéis parvint à remonter sur le trône en 1402 et s'y maintint jusqu'en 1410. En lui finit la race des Ilkhaniens.

AVELLA VECCHIA, Abella, v. du roy. de Naples (Terre de Labour), à 8 kil. N. E. de Nola; 5000 h. C'est de cette v. que les avelines ont pris leur nom.

AVELLANEDA (Alp. Fern. de), écrivain espagnol, donna en 1614 une suite au célèbre roman de Cervantès, sous le titre de la Segunda parte del ingenioso hidalgo D. Quixote de la Mancha. Cette suite, bien inférieure à l'original, détermina Cervantès à terminer lui-même son roman.

AVELLINO, Abellinum, v. du roy. de Naples, ch.-l. de la Principauté ultérieure, au pied du mont Vergine, à 40 kil. E. de Naples; 15 000 hab. Évêché, collége. Belle place avec un obélisque.

AVENAY, bourg du dép. de la Marne, à 23 kil, S. de Reims; 1100 hab. Station. Vins de Champagne. Anc. abbaye de femmes de l'ordre de St-Benoît.

AVENCHES, Aventicum, v. de Suisse (Vaud), à 13 kil. N. O. de Fribourg; 1600 hab. Anc. capit. des Tigurini, ravagée par Attila, rebâtie par les Bourguignons. Ruines antiques.

AVENIO, v. de Gaule (Cavares), est auj. Avignon.

AVENPACE, dont le vrai nom est IBN-BADJIH, philosophe arabe, né à Cordoue vers 1100, eut pour maître Avenzoar, et mourut vers 1138, à Fez. Il composa des ouvrages de mathématiques, de métaphysique et de morale fort estimés des Arabes et souvent cités avec éloge par Averroès et Tophaïl. Il professait une philosophie mystique qui le fit accuser d'hérésie par ses coreligionnaires.

AVENT, du latin adventus, arrivée. On appela d'abord ainsi la naissance même de J.-C. Auj. on donne ce nom aux 4 semaines qui précèdent la fête de Noël ou la venue de J.-C. L’Avent commence aujourd’hui le 1er dimanche qui suit le 26 novembre. Autrefois il commençait à la St-Martin d’hiver (qui a lieu le 11 novembre).

AVENTICUM, auj. Avenches. V. ce nom.

AVENTIN (mont), auj. Monte di Santa-Sabina, une des sept collines sur lesquelles Rome était bâtie, et de toutes la plus méridionale, était située entre le Tibre, le mont Cœlius et le mont Palatin. Elle fut réunie à la ville par Ancus Martius. Sur l’Aventin se voyaient, entre autres monuments, le temple de la Liberté et un temple de Diane. Le peuple mécontent des patriciens s’y retira plusieurs fois, notamment en 493 et 449. V. MONT SACRÉ.

AVENTIN (Jean THURMAIER, plus connu sous le nom d'), écrivain bavarois, né à Abensberg (Aventinum) vers 1476, mort en 1534, fut chargé en 1512 d’élever les fils du duc de Bavière, et composa par ordre de ce prince, sous le titre d’Annales Boiorum (Munich, 1554, et Leipsick, 1710, in-fol.), une histoire de la Bavière, classique pour ce pays. On a aussi de lui une Grammaire latine (en latin).

AVENTURIERS, nom donné à ces milices qui, au moyen âge, vendaient leurs services au plus offrant, et se composaient d’un ramas de gens sans aveu, dont le plus grand nombre sortait d’Italie. Suivant les temps et les lieux, ils servaient à pied, en cavalerie légère, en lances garnies ou en troupes régulières. On les voit figurer en France depuis Louis le Jeune jusqu’à Charles V vers 1370, époque de la création des premiers régiments français. V. CONDOTTIERI et COMPAGNIES (Grandes).

AVENZOAR, médecin arabe, juif de religion, né à Pénaflor vers 1070, mort en 1161, obtint de grands succès par son habileté en médecine, fut néanmoins chassé de son pays par les intrigues des envieux, trouva un protecteur dans Yousef-ben-Tachfin, prince de Maroc, et eut pour disciple le célèbre Averroès. Il a laissé un traité de médecine, qui a été trad. en latin sous ce titre : Rectificatio medicationis et regiminis, Venise, 1490 ; Lyon, 1531 ; et deux traités des Fièvres, trad. en lat. à Venise, 1578, ouvrages dans lesquels on trouve encore à profiter aujourd’hui.

AVERNE, Averno ou Tripergola, lac de la Campanie, à 16 kil. O. de Naples, au fond du golfe de Baia. Il a la forme d’un puits fort profond. Il s’en exhalait des vapeurs méphitiques, ce qui le fit regarder chez les anciens comme l’entrée des Enfers. Les marais insalubres qui l’environnaient ont été depuis convertis en vignobles. Le lac d’Averne, récemment assaini et uni à la mer par un canal, forme auj. un magnifique port de guerre (1860).

AVERROÈS, dont le vrai nom est Ibn-Rochd, philosophe arabe, né à Cordoue vers 1120, mort à Maroc en 1198, ou selon d’autres en 1206, commenta en entier les œuvres d’Aristote : aussi le nommait-on le Commentateur. Il cultiva la médecine, qu’il avait étudiée sous Avenzoar, et fut médecin de la cour de Maroc ; mais il s’attacha plutôt à la théorie qu’à la pratique. Il eut en religion des sentiments très-hardis, et fut quelque temps inquiété pour ce motif. Dans sa philosophie, il allia aux doctrines d’Aristote celles des Alexandrins sur l’émanation, et enseigna qu’il existe une intelligence universelle à laquelle tous les hommes participent, que cette intelligence est immortelle, mais que les âmes particulières sont périssables. On a d’Averroès des Commentaires sur Aristote, publiés en latin, Venise, 1595, in-fol. ; un recueil d’écrits sur la médecine, connu sous le titre de Collyget, corruption du mot arabe kullyyat (c.-à-d. le livre de tous), Venise, 1482 ; des Commentaires sur les canons d’Avicenne, Venise, 1484 ; la Destruction de la Destruction des philosophes d’Algazel, etc. Longtemps on ne connut Aristote en Europe que par des trad. latines faites sur la trad. arabe d’Averroès ; ses commentaires jouissaient d’une autorité presque égale à celle du maître. Sa doctrine, combattue par S. Thomas, fut condamnée en 1240 par l’Université de Paris, et en 1512 par le concile de Latran. Averroès ne s’accordait pas toujours dans ses commentaires avec Alexandre d’Aphrodisie, ce qui divisa toute l’école en deux sectes, celle des Averroïstes et celle des Alexandristes. On doit à M. Renan de savantes recherches sur Averroès et l’Averroïsme, 1852 et 1860.

AVERSA, Atella ? v. de l’Italie mérid. (Terre de Labour), à 15 kil. N. de Naples ; 16 000 hab. Évêché, hospice d’enfants trouvés et d’aliénés. Ce fut la première possession des Aventuriers normands en Italie : Rainolf fut comte d’Aversa dès 1030. Le comté d’Averse (fief d’empire) devint en 1061 principauté de Capoue et fief du St-Siége. C’est dans Aversa que fut étranglé André de Hongrie, époux de Jeanne, reine de Naples (1345).

AVES (îles), ainsi nommées de la multitude d’oiseaux, aves, qu’on y trouve, îles de la mer des Antilles, par 69° 15' long. O., 11° 50' lat. S., sont fort petites (la principale a 6 kil. de long) et ne sont habitées que par quelques pêcheurs hollandais. Guano.

AVESNES, Avenæ, ch.-l. d’arrond. (Nord), sur 1'Helpe-Majeure, à 100 kil. S. E. de Lille ; 2825 hab. Place forte, trib. de 1re inst., collége. Cathédrale dont la tour a 100m de haut et renferme un beau carillon. — Cette ville, bâtie au XIe s., appartint successivement aux comtes de Hainaut, de Hollande, de Zélande. Prise par Louis XI, puis par les Espagnols, 1559 ; cédée à la France, 1659, et fortifiée par Vauban ; prise par les Russes, en 1814 ; presque détruite en 1815 par l’explosion d’une poudrière, rebâtie en moins d’un an.

AVESNES LE COMTE, ch.-l. de cant. (Pas-de-Calais), sur l’Hèpre, à 22 kil. S. E. de St-Pol ; 1427 hab.

AVEYRON, Vermine, riv. de France, naît prés de Séverac, baigne Rodez, Villefranche, Najac, St-Antonin, Bruniquel, et se perd dans le Tarn, près de Meauzac, après un cours de 225 kil., dirigé généralement vers le S. O.

AVEYRON (dép. de l'), borné au N. par le dép. du Cantal, au S. par ceux du Gard., de l’Hérault, du Tarn, à l’E. par ceux du Gard et de la Lozère, à l’O. par ceux du Tarn, de Tarn-et-Garonne et du Lot ; 8 821 k. carr. ; 396 025 hab. ; ch.-l. Rodez. Il est formé de l’anc. Rouergue. Hautes montagnes. Fer, plomb soufre, alun, antimoine, houille, marbre, grès, plâtre. Grains, truffes, pâturages, fromages (de Roquefort et autres), moutons, vers à soie. Commerce de laine, bestiaux, sulfate de fer, alumine, etc. Eaux minérales (à Cransac). — Le dép. contient 5 arr. (Espalion, Rhodez, Ste-Affrique, Villefranche, Milhau), 42 c., 282 communes ; il dépend de la 8e div. milit., de la cour impér. de Montpellier et du diocèse de Rodez.

AVIANUS, poëte latin. V. AVIENUS.

AVICEBRON, auteur de deux traités mystiques, intitulés : Source de le vie et Source de la sagesse, souvent cités par les scolastiques. On l’a longtemps pris pour un philosophe arabe, mais M. Munk a récemment démontré qu’il n’était autre qu’Ibn-Gebirol, savant juif espagnol du XIe siècle, mort à Malaga en 1070. M. Munk a traduit en français la Source de la vie, 1857, in-8.

AVICENNE, dont le vrai nom est Abou-Ibn-Sina, célèbre philosophe et médecin arabe, né près de Chiraz en Perse vers l’an 980, étudia à Bokhara, embrassa toutes les sciences, et s’adonna surtout à la médecine. Il jouit d’une telle réputation, que plusieurs princes de l’Asie l’appelèrent à leur cour : le roi de Perse l’employa à la fois comme vizir et comme médecin. Il cultiva aussi avec succès la philosophie, et fut un des premiers à étudier et à faire connaître Aristote. Il composa d’après ce philosophe des traités de logique et de métaphysique, où il se montre souvent penseur original. Après avoir mené une vie fort agitée et pleine de vicissitudes, il mourut à Hamadan, en 1037, épuisé à la fois par l’excès du travail et de la débauche. Avicenne est à la fois l’Hippocrate et l’Aristote des Arabes : pendant plusieurs siècles, ses Canons ont été la base de l'enseignement en Europe aussi bien qu'en Asie. On lui doit l'usage de la casse, de la rhubarbe, du tamarin, du myrobalan, etc. Les œuvres d'Avicenne ont été publiées en arabe, à Rome, en 1593, in-fol. On a trad. en latin et publié ses Canons ou Préceptes de médecine, tirés en grande partie de Galien, Venise, 1483, 1564 et 1608 ; ses Œuvres philosophiques, Venise, 1495 ; sa Métaphysique ou philosophie première, Venise, 1495. Vattier avait trad. tous ses ouvrages en français ; il n'en a paru que la Logique, Paris, 1658, in-8.

AVIDIUS CASSIUS. V. cassius.

AVIENUS (Rufus Festus), versificateur latin, qui vivait à la fin du ive siècle, sous Théodose, a trad. en vers les Phénomènes d'Aratus, le Periegesis de Denys, et a composé un poème géographique, Ora maritima, dont il reste un fragment. Ses OEuvres ont été publiées à Madrid, par Mellian, 1634, in-4, et insérées dans les Poetæ minores, de Wernsdorf ; elles ont été trad. en franç. par MM. Despois et Saviot, 1843 (dans la collection Panckoucke). – On le confond à tort avec AVIANUS (Flav.), qui a mis en distiques latins 42 des fables d'Ésope. Ce dernier a été trad. par M. J. Chenu, 1843 (dans la collect. Panckoucke). Les uns le placent au iie siècle de J.-C., les autres au ve.

AVIGLIANA, vulg. Veillane en français, v. du Piémont, à 24 kil. O. de Turin ; 2280 hab. Les Français y vainquirent les Piémontais en 1630.

AVIGNON, Avenio, ch.-l. du dép de Vaucluse, sur la r. g. du Rhône, à 687 kil. S. E. de Paris, 742 par chemin de fer; 36 081 hab. Archevêché, trib. de 1re inst. et de commerce, lycée, athénée, bibliothèque, musée. On remarque les quais, les remparts, la cathédrale (N.-D.-des-Doms), l'anc. château des papes, l'anc. succursale des Invalides, l'hôtel et la statue de Crillon, le tombeau de Laure, le chemin de fer, le pont en pierre de Bénezet, construit en 1178, auj. ruiné, le nouveau pont, en fer. Grand commerce de soie, vins, eaux-de-vie, huiles etc. Centre de la fabrication de la garance, qui y fut introduite par Althen (V. ce nom). - Avenio, fondée par les Phocéens de Marseille vers 539 av. J.-C., fut longtemps la capit. des Cavares. Sous les Romains, elle fit partie de la Gaule Narbonnaise, puis de la 2e Viennaise. Gondebaud, roi des Bourguignons, s'en empara au ve siècle et s'y défendit contre Clovis. Depuis, elle devint la proie des Goths, et enfin des Francs sous Thierry, roi d'Austrasie, 612. En 730 et 737, les Sarrasins s'en emparèrent, mais ils en furent chassés par Charles-Martel. Après le partage de l'empire de Charlemagne, Avignon fut comprise dans le roy. d'Arles ou de Bourgogne et possédée en commun par les comtes de Provence et de Forcalquier, puis par ceux de Toulouse et de Provence. Sous la suzeraineté de ces comtes, elle s'érigea en une espèce de république ; mais, lors de la guerre des Albigeois, la ville ayant pris parti pour Raymond, comte de Toulouse, elle fut assiégée et prise par le roi Louis VIII (1226). En 1251, elle fut forcée de se soumettre aux deux frères de S. Louis, Alphonse de Poitiers et Charles d'Anjou, héritiers par les femmes des comtés de Toulouse et de Provence, qui la possédèrent par moitié. Après la mort d'Alphonse, 1271, Philippe le Hardi hérita de sa part d'Avignon, et il la transmit en 1285 à son fils Philippe le Bel. Celui-ci la céda en 1290 à Charles d'Anjou, qui dès lors resta seul propriétaire de toute la ville. En 1309, sous le pape Clément V, Avignon devint la résidence des papes, déjà possesseurs du comtat Venaissin ; elle fut vendue en 1348 à Clément VI par Jeanne, reine de Naples et comtesse de Provence. Lorsque Grégoire XI reporta le siège de la papauté à Rome, en 1377, la v. d'Avignon fut administrée par un légat ; les papes revinrent l'habiter pendant le grand schisme (1379-1411). Elle fut sacré en 490, eut part à la conversion de Clovis resta soumise au St-Siége jusqu'à l'an 1791, où elle fut réunie à la France en même temps que le comtat Venaissin. Cette réunion fut confirmée en 1797 par le traité de Tolentino. Pendant la Révolution et en 1815, Avignon fut le théâtre de déplorables excès : le maréchal Brune y fut assassiné. Résidence de la belle Laure ; patrie de Crillon, Folard, J. Vernet.

AVIGNON (comtat d'). V. VENAISSIN (comtat).

AVIGNONET, bourg de la H.-Garonne, à 7 kil. S. E. de Villefranche ; 1087 hab. Station. Plusieurs inquisiteurs y furent massacrés en 1242, ce qui faillit renouveler la croisade contre les Albigeois.

AVILA, Abula, v. d'Espagne, ch.-l. d'une intendance de même nom, sur l'Adaja, à 88 kil. N. O. de Madrid ; 4000 hab. Évêché, anc. université, supprimée en 1811. Patrie de Ste Thérèse. Henri IV, roi de Castille. fut déposé par les nobles à Avila en 1465. Il s'y forma en 1520 une ligue contre Charles-Quint (V. PADILLA). – L'intendance est entre celles de Ségovie, Valladolid, Salamanque, Tolède ; 132 000 h.

AVILA (don Louis d'), né à Placentia vers 1500, fut ambassadeur de Charles V près des papes Paul IV et Pie IV, fut chargé de presser les opérations du concile de Trente, accompagna l'empereur en Allemagne dans la guerre de 1546 contre les Protestants, et écrivit la relation de cette guerre pendant les années 1546 et 1547. Cette histoire, qui est fort estimée, a été trad. en latin et a paru en français, Paris , 1672.

Gil. Gonzalès d’avila, historiographe, né en 1559 à Avila, mort en 1658 à 99 ans, a publié : Théâtre des choses grandes de Madrid ; Théâtre des églises d'Espagne ; Théâtre des Indes ; Histoire des antiquités de Salamanque, etc.

Jean d’avila, né près de Tolède, vers 1502, mort en 1569, se livra à la prédication, et professa la théologie avec tant de succès qu'il fut surnommé l’Apôtre de l'Andalousie et le Professeur par excellence. Ses OEuvres morales et spirituelles ont été publiées, avec sa Vie, à Madrid en 1557, 9 vol. in-4.

AVIS ou aviz, ville du Portugal (Alentéjo), sur l'Avis, à 53 kil. S. O. de Portalègre ; 1650 hab. Jadis ch.-l. des Chevaliers de l'ordre militaire d'Avis. – Cet ordre fut fondé en 1146 à Coïmbre par de simples particuliers, puis organisé en 1162 par Alphonse I, qui, après la prise d'Évora (1166), chargea les chevaliers de la défense de cette place, et leur céda en 1181 la ville d'Avis. De là les noms de Nouvelle-Milice, d’ordre d'Évora, d’ordre d'Avis, successivement portés par ces chevaliers. Dans les cérémonies, les chevaliers portaient un grand manteau blanc ; sur le côté gauche ils avaient une croix verte fleurdelisée, au bas de laquelle étaient deux oiseaux (allusion à leur nom d’Avis). – Cet ordre obtint de grands avantages sur les Maures d'Espagne, et contribua puissamment à leur expulsion. Il eut de longs démêlés avec l'ordre d'Alcantara et fut réuni en 1213 à celui de Calatrava. – La 2e dynastie des rois de Portugal (1385-1580) porte le nom de dynastie ou race d'Avis, à cause de Jean I, chef de cette dynastie, qui était grand maître de l'ordre d'Avis avant son avènement. Jean rendit à l'ordre son indépendance.

AVIT (S.). V. AVITUS (Sextus Alcimus).

AVITUS (Flavius), empereur romain. était né chez les Arverni, au commencement du ve siècle. Il jouissait d'une grande réputation pour avoir aidé à repousser les Huns et fut nommé par Théodoric préfet des Gaules. A la mort de Maxime, il se fit proclamer empereur à Toulouse (455) ; mais il fut au bout de quatre mois déposé par le patrice Ricimer : battu près de Plaisance, il ne conserva la vie qu'en embrassant l'état ecclésiastique. On le fit évêque de Plaisance. Ne se croyant pas encore en sûreté, il voulut retourner dans l'Auvergne, mais il mourut dans le voyage (456). Sidoine Apollinaire était son gendre; il a raconté son histoire.

AVITUS (Sextus Alcimus Ecditius), dit S. Avit, archevêque de Vienne en Dauphiné, neveu du préc., fut sacré en 490, eut part à la conversion de Clovis et à celle de Sigismond, roi des Bourguignons, et rendit de grands services à la religion et aux lettres. Il était lui-même poète : on a de lui cinq petits poëmes sur des sujets sacrés : la Création, la Chute et la Punition d’Adam, le Déluge universel, le Passage de la mer Rouge, et une Épître sur la chasteté. Il mourut en 525. On l’honore le 4 fév. Ses OEuvres ont été publiées par le P. Sirmond, Paris, 1643, in-4 . – Un autre S. Avit, abbé de Micy, près Orléans, qui vivait aussi sous Clovis, est fêté le 17 juin.

AVIZE, ch.-l. de cant. (Marne), à 10 kil. S. E. d’Épernay, près du chemin de fer de l’Est ; 1673 h. Commerce de vins de Champagne ; caves magnifiques.

AVLONE, Aulon chez les Grecs, v. de Turquie (Albanie), sur le golfe d’Avlone (dans la mer Adriatique), à 142 kil. N. O. de Janina ; 6000 hab. Évêché grec. Marécages, air malsain.

AVOGADORS, magistrature vénitienne, consistait en une sorte de tribunal composé de trois membres, nommés par le grand conseil sur la présentation du Sénat, et chargés de maintenir l’observation des lois. Ils pouvaient opposer leur veto pendant un mois et un jour aux résolutions du grand conseil et du Sénat quand elles leur paraissaient illégales. On fait remonter leur institution au xiie ou même au ixe siècle. Après l’établissement du Conseil des Dix, créé au xve siècle, leur autorité diminua beaucoup.

AVOGRADO (le comte Louis), gentilhomme de Brescia, souleva en 1512 ses compatriotes contre les Français qui s’étaient rendus maîtres de la place, et conspira pour la livrer aux Vénitiens. Gaston de Foix, averti à temps, réduisit les insurgés ; Avogrado fut pris et écartelé. Cet événement a fourni à De Belloy le sujet de sa tragédie de Gaston et Bayard.

AVOLA, Aula, v. de Sicile, à 6 kil. N. E. de Noto, sur la Méditerranée ; 7000 hab. Culture de la canne à sucre, vins et fruits excellents. Route souterraine d’env. 200m, formée par les eaux du Cassibili.

AVON, bourg de Seine-et-Marne, à 2 kil. N. E. de Fontainebleau ; 1 331 hab. Église très-anc., où est le tombeau de Monaldeschi ; petit séminaire.

AVON, riv. d’Angleterre, au S., passe à Salisbury, et tombe dans la Manche à Christ-Church. – Deux autres riv. de ce nom, le B.-Avon et le Ht-Avon, coulent, l’une entre les comtés de Glocester et de Wilts, passant par Chippenham, Bradford, Bath, Bristol, pour se jeter à 10 kil. N. O, de là dans la Saverne ; l’autre à Warwick, Stratford, Evesham, Tewksbury, où elle grossit aussi la Saverne.

AVOUÉ, du latin advocatus, appelé au secours. On nommait ainsi dans l’origine ceux qui défendaient en justice les droits des églises. Ils ne furent d’abord que de simples officiers de justice ; mais dans la suite les seigneurs les plus puissants se glorifièrent de ce titre : Robert, duc de Béthune, était avoué de l’évêché d’Arras ; Pepin et Charlemagne portèrent le nom d’avoués de l’église de Rome. Ces avoués étaient dépositaires et défenseurs du Gonfalon de l’église. - Pour les officiers ministériels qui portent auj. ce nom. V. notre Dictionnaire univ. des Sciences.

AVOYE (Ste). V. HEDWIGE.

AVOYER, vogt en allem., nom que portait originairement tout magistrat impérial qui exerçait dans une ville les droits du souverain, désigne auj. le premier magistrat de quelques cantons ou de quelques villes en Suisse. Lorsque la Suisse devint prov. de l’Empire, les empereurs y envoyèrent des avoyers, qui exerçaient en leur nom le droit de glaive. Les vexations de ces officiers ayant causé le soulèvement de la Suisse, les avoyers impériaux furent chassés, mais le nom resta, et les avoyers devinrent des chefs élus. Ce mot paraît dérivé d’advocatus.

AVRANCHES, Ingena, puis Abrincatui, ch.-l. d’arr. (Manche), sur la r. g . de la Sée et non loin de la mer, à 56 kil. S. O. de St-Lô ; 8026 hab. Ancien évêché, qui eut Huet pour titulaire. Trib. de 1re inst., collége, bibliothèque. Restes de l’anc. cathédrale. Dentelles, blondes, fil blanc ; bougies, cidre, grains. Place forte au moyen âge : prise sur Jean sans Terre et rasée en 1203, elle fut fortifiée de nouveau par S. Louis ; reprise par les Anglais et gardée par eux jusqu’en 1450.

AVRIGNY (Hyacinthe robillard d’), jésuite et historien, né à Caen en 1675, mort en 1719, a rédigé des Mémoires chronologiques pour servir à l’histoire ecclésiastique depuis 1600 jusqu’en 1716, Paris, 1720, 4 vol. in-12, et des Mémoires sur l’histoire universelle de l’Europe au xviiie siècle, 1757, 5 vol.

AVRILLON (J. B. Élie), prédicateur né à Paris en 1652, m. en 1729, était minime. Il se distingua par ses sermons et par des ouvrages de piété d’un style attachant et plein d’onction : Traité de l’amour de Dieu, Méditations sur la communion, etc.

AVRON (plateau d’), hauteur à l’E. de Paris, entre Villemomble, Neuilly-sous-Bois, Montreuil et Rosny, dont on essaya de faire une des défenses de Paris pendant le siège de 1870-71.

AX, Aquæ Consorranorum, ch.-l. de c. (Ariége), sur la riv. dr. de l’Ariége, à 40 kil. S. E. de Foix ; 1269 hab. Eaux minérales : 32 sources thermales sulfureuses, réparties sur trois points, Teix, l’Hôpital, Couloubret. Patrie du médecin P. Roussel.

AXAT, ch.-l. de cant. (Aude), arrond. et à 38 k. S. de Limoux ; 564 hab. Forges, aciers.

AXEL, homme d’État danois. V. ABSALON.

AXIACES, auj. le Bog ou le Téligol, riv. de Sarmatie, tributaire du Pont-Euxin.

AXIÉROS, AXIOCERSE. V. cabires.

AXIM, comptoir hollandais (précédemment aux Portugais), dans la Guinée, sur la côte d’Or, dans le pays des Achantis, à 44 kil. E. d’Apollonia.

AXIUS, riv. de Macédoine, auj. le Vardari.

AXONA, riv. de Gaule, auj. l’Aisne.

AXOUM, Auxumum et Axum, v. d’Abyssinie, anc. capit. du roy. de Tigré, à 187 kil. de la mer Rouge et 620 kil. E. de Sennaar, n’a plus auj. que 600 maisons. Belle église, bâtie en 1657, et où se conserve l’histoire authentique de l’Abyssinie, dite Chronique d’Axoum, dont Bruce a rapporté un exemplaire en Europe. – Cette ville, très-ancienne, eut des rois grecs dès le ive siècle av. J.-C. Elle était le centre du commerce de l’ivoire au temps de Strabon. Très-florissante encore aux ive, ve et vie siècles, elle fut la capit. d’un royaume chrétien qui étendit sa domination sur une partie de l’Arabie et même reçut un tribut des empereurs byzantins. Superbes ruines, parmi lesquelles Salt découvrit en 1810 la célèbre Inscription d’Axum, en grec.

AY, bourg du dép. de la Marne, ch.-l. de cant., à 27 kil. S. de Reims ; 3194 hab. Vins de Champagne mousseux très-renommés.

AYACUCHO (la paz d’), v. du Pérou, ch.-l. du dép. d’Ayacucho, est plus connue sous le nom d’Huamanga (V. huamanga). En 1824, le général Sucre l’emporta sur les troupes espagnoles, au bourg d’Ayacucho, voisin de cette ville, une victoire qui assura l’indépendance du Pérou. Les généraux vaincus s’engagèrent à ne plus porter les armes : cette capitulation peu honorable leur valut le sobriquet d’Ayacuchos. – Le dép. d’A., sur le revers oriental des Andes, borné par ceux de Junin au N., de Cuzco au S., compte env. 132 000 h. Il renferme le lac Titicaca et les pics d’Illimani et de Sorata.

AYALA (P. lopez d’), ministre et général espagnol, né en 1332, dans le roy. de Murcie, mort en 1407, servit sous 4 rois de Castille, Pierre le Cruel, Henri de Transtamare, Jean I et Henri III, se distingua dans les conseils comme à l’armée, fut ambassadeur d’Henri de Transtamare près de Charles V, roi de France puis grand chambellan et chancelier sous Jean I. Il cultiva les lettres, traduisit en espagnol plusieurs auteurs latins, entre autres Tite Live (Salamanque, 1497), et rédigea une Chronique des rois de Castille (Madrid, 1779), où il ne cache pas la vérité. On a encore de lui un recueil de vers intitulé : El Rimado de Palacio, et un Hymne national, devenu populaire.

AYALA (Perez de), historien espagnol, était secrétaire de Philippe II, qui le nomma conservateur des archives de Simancas. Ses descendants ont depuis gardé ce poste jusqu’à ce jour.

AYAT, vge du Puy-de-Dôme, à 30 kil. N. O. de Riom ; 600 hab. Patrie de Desaix.

AYBAR, v. d’Espagne (Navarre), à 30 kil. S. E. de Pampelune, sur l’Aragon. Garcia, roi de Navarre, y fut vaincu par les Maures en 885. Jean, roi de Castille, y vainquit don Carlos, son fils, en 1452.

AYEN, ch.-l. de cant. (Corrèze), à 18 kil. N. O. de Brives ; 508 hab. Cuivre, argent mêlé d’antimoine et de plomb. Ancien comté, érigé en duché en 1737 pour Louis de Noailles.

AYLESBURY, v. d’Angleterre (Buckingham), à 16 kil. S. de Buckingham et 45 kil. N. O. de Londres, dans une vallée fertile ; 5000 hab. Titre d’un comté appartenant à la famille Bruce.

AYLESFORD (comté de Kent). V. AILSFORD.

AYMAR DE MONTEIL. V. ADHÉMAR.

AYMAR-VERNAY (Jacques), paysan de St-Véran en Dauphiné, qui vivait à la fin du xviie siècle, prétendait posséder la faculté de découvrir, à l’aide d’une baguette de coudrier, dite baguette divinatoire, qui tournait entre ses doigts, non-seulement les eaux souterraines et les métaux, mais même les malfaiteurs ; il eut quelques succès, et déjà les savants se disputaient sur les vertus de sa baguette, quand le prince H. de Bourbon-Condé, l’ayant soumis à des épreuves régulières, découvrit qu’il n’était qu’un imposteur.

AYMON (le duc), prince des Ardennes, Saxon d’origine, obtint de Charlemagne le gouv. du pays dont Alby était la capit., avec le titre de duc de Dordogne, et fut père des quatre preux que nos romanciers ont célébrés sous le nom des quatre fils Aymon. Ils avaient pour nom Renaud, Guichard, Alard et Richardet ; ils possédaient en commun, selon la légende, un seul cheval, devenu célèbre sous le nom de Bayard. La forêt des Ardennes et le château de Montauban furent les théâtres de leurs exploits. On dit que l’aîné, Renaud de Montauban, qui a été immortalisé par l’Arioste dans le Roland furieux, après s’être illustré par ses exploits guerriers, se fit moine : Froissard raconte leur histoire dans sa Chronique (tom. III, ch. xviii). Il existe sous le nom d’Histoire des quatre fils Aymon un roman qu’on attribue à Huon de Villeneuve, trouvère du xiiie s., et dont M. Brès a publ. une édit., Paris, 1829, in-32.

AYMON (Jean), curé du Dauphiné, embrassa le Calvinisme, se réfugia en Suisse, puis en Hollande, où il se maria, et fit paraître à La Haye plusieurs écrits hostiles au St-Siége : Métamorphoses de l’Église romaine, 1700 ; Tableau de la cour de Rome, 1707 ; Des synodes des Églises réformées de France, 1710. Il a aussi publié à La Haye, en 1708, sous le titre de Monuments authentiques de la religion grecque, les actes d’un concile tenu à Jérusalem en 1672, dont il avait soustrait les originaux à la Bibliothèque du roi.

AYOUBITES, c.-à-d. descendants d’Ayoub, dynastie turque qui régna sur l’Égypte et la Syrie, fut fondée en 1171 par Saladin, fils d’Ayoub, qui renversa les califes fatimites ; elle fut renversée à son tour par les Mamelouks-Baharites en 1254. Plusieurs princes de cette dynastie fondèrent des États indépendants à Alep, Hama, Damas et dans l’Yémen.

AYR, Erigena, v. et port d’Écosse, ch.-l. d’un comté de même nom, à 108 kil. S. O. d’Édimbourg ; 8 500 hab. — Le comté d’Ayr, entre ceux de Renfrew, Lanark, Dumfries, Calloway, la mer d’Irlande et le golfe de la Clyde, a 90 kil. sur 42, et 164 000 hab. Agriculture florissante ; beaucoup de bestiaux. Industrie métallurgique et autres.

AYRAUT (Pierre), Petrus Ærodius, jurisconsulte, né à Angers en 1536, mort en 1601, fut d’abord avocat au parlement de Paris, puis lieutenant criminel d’Angers. Il a laissé des Plaidoyers, Paris, 1598, et des ouvrages de jurisprudence, dont le plus estimé est : De l’ordre et instruction judiciaire chez les Grecs et les Romains, 1591. Un de ses fils s’étant fait jésuite sans son consentement, il composa à cette occasion un célèbre Traité de la puissance paternelle. Ménage était le petit-fils d’Ayraut.

AYRER, anc. poète dramatique allemand, vivait à la fin du xvie siècle à Nuremberg, où il était notaire et procureur. On a réuni ses ouvrages à Nuremberg, 1618, in-fol. Ses pièces offrent une gaieté vive, mais souvent grossière.

AZAËL, ange révolté, que Dieu, selon les rabbins, fit chasser du ciel par l’archange Raphaël.

AZAEL, roi de Syrie. V. HAZAEL.

AZAIS (P. Hyac.), né en 1766 à Sorrèze, mort en 1845, à Paris, était fils d’un maître de musique. Il fut successivt organiste, professeur d’histoire au prytanée de St-Cyr, puis inspecteur de la librairie à Nancy, mais il perdit cet emploi en 1815. Il avait publié en 1808 : Des Compensations dans les destinées humaines, ouvrage qui fit grand bruit : il y prétendait que le bien et le mal se balancent partout dans cette vie. Bientôt, il voulut expliquer la nature entière par un système analogue, et ramena tous les phénomènes à l’action de deux forces qui s’équilibrent en se compensant, l’expansion et la compression. Il écrivit dans ce but : Système universel, 1810-1812, Avignon, 8 vol. in-8 ; Cours de philosophie générale, Paris, 1823-1828, 8 vol. in-8. Il exposait en même temps ses idées dans des cours publics fort suivis. Son système, fruit d’une imagination dupe d’elle-même, offre une confusion perpétuelle du physique et du moral, du sens propre et du sens métaphorique.

AZANIA, contrée de l’Afrique anc., est auj. la Côte d’Ajan.

AZARA (don Jos. Nicolas, chevalier d'), diplomate espagnol, né en 1731, mort en 1804, dans l’Aragon, fut longtemps ambassadeur à Rome, où il exerça une grande influence et où il protégea de tout son pouvoir les savants et les artistes ; il était particulièrement lié avec le cardinal de Bernis et le peintre Mengs. Chargé de l’ambassade de France en 1798, il fut disgracié en 1803. Il a traduit en espagnol la Vie de Cicéron de Middleton, Madrid 1790, et a publié les écrits de Mengs avec une Vie de ce peintre. — On doit à un de ses frères, don Félix d’Azara, d’intéressants Voyages dans l’Amérique méridionale, publiés par Walckenaër, Paris, 1809, 4 vol. in-8.

AZARIAS ou osias, roi de Juda (803-752 av. J.-C.), défit les Philistins, vainquit les Arabes et les Ammonites, fit abattre les murs de Geth, de Jamnie et d’Azoth. Ayant voulu s’attribuer les fonctions du sacerdoce, il fut subitement frappé de la lèpre.

AZAY, bourg du dép. d’Indre-et-Loire, sur le Cher, à 15 kil. S. E. de Tours ; 1000 h. Vins. Philippe-Auguste y signa en 1189 un traité avec Henri II d’Angleterre.

AZAY-LE-RIDEAU, ch.-l. de cant. (Indre-et-Loire), sur l’Indre, à 22 kil. S. O. de Tours, à 24 k. N. E. de Chinon ; 1127 habitants. Beau château.

AZILLAH, v. du Maroc, la même qu’Arsille.

AZINCOURT, vge du Pas-de-Calais, à 13 kil. N. O. de St-Pol ; env. 500 hab. Les Français y furent taillés en pièces, sous Charles VI, par Henri V, roi d’Angleterre, le 25 octobre 1415.

AZNAR, comte de Vasconie (Gascogne), descendant d’Hunald, d’Aquitaine, fut chargé en 824 par Pepin, roi d’Aquitaine, de réduire la Navarre, réussit dans cette entreprise, mais garda pour lui sa conquête et prit en 831 le titre de comte de Navarre, que ses descendants changèrent en celui de roi : il fut ainsi la tige des rois de Navarre. Mort en 837.

AZON, savant jurisconsulte du xiie siècle, mort vers 1200, enseigna le droit à Montpellier, puis à Bologne, peu après Irnérius ; composa plusieurs savants ouvrages réunis sous le titre de Summa Azonis, et une Glose sur le Digeste et le Code (Spire, 1482), qui jouit longtemps d’une grande autorité.

AZOTH, v. des Philistins, sur la Méditerranée, à l’O. de Jérusalem, au N. d’Ascalon. C’est là qu’on adorait l’idole de Dagon.

AZOV ou azof, v. de Russie (Iékatérisnoslav), sur le Don, à 32 kil. de son embouchure, et à 1750 kil. S. E. de Pétersbourg. Mauvaises fortifications; port ensablé. A peine 60 maisons et 1200 hab. Fondée au XIIe siècle, par les Génois, à l’O. de l’ancienne ville de Tanaïs, sous le nom de Tana, prise par Tamerlan en 1392, par les Turcs en 1471, par les Russes en 1696, rendue aux Turcs en 1711, démantelée à la paix de Belgrade, 1739 ; cédée à la Russie en 1774.

AZOV (Mer d’), en latin Palus Mæotis, golfe de la mer Noire, à laquelle elle est unie par le détroit d’Iénikaleh, et dont elle forme l’extrémité septentrionale prend son nom de la ville d’Azov, située prés de la côte. Elle a 340 kil. de long sur 240 de large et reçoit les eaux du Don et du Kouban. La partie la plus orientale est marécageuse, ce qui lui a valu le nom de Mer putride.

AZTÈQUES, peuple indigène du Mexique. Ils fondèrent en 1325 Tenochtitlan (Mexico), s’allièrent aux Toltèques et avec leur secours étendirent leurs conquêtes jusqu’au golfe de Mexique et à l’Atlantique. Ils atteignirent leur plus grande puissance aux XVe et XVIe siècles, et ils étaient dans toute leur prospérité lors de l’arrivée des Espagnols, sous le règne des deux Montezuma. Ils adoraient Taotl, dieu suprême, invisible, et Huitzilopochtli, protecteur spécial de leur nation ; ils sacrifiaient à ce dernier des victimes humaines.

AZUN (val d’), jolie vallée des Htes-Pyrénées débouche à l’O. du val d’Argelèe, à 4 kil. S. O. d’Argelès. On l’a surnommée l’Éden des Pyrénées.

AZYMES (c.-à-d. sans levain), pains que les Israélites font cuire la veille de Pâques, en mémoire de ce que leurs ancêtres, au moment de quitter l’Égypte, firent un repas avec du pain sans levain. On appelle ce jour la fête des Azymes. — On donne aussi le nom de pains azymes aux pains dont on se sert dans l’Église catholique pour la consécration de l’Eucharistie : l’église grecque emploie du pain levé