Dictionnaire pratique et historique de la musique/Nocturne

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Nocturne, n. m. 1. Ce nom s’applique d’abord, dans l’office religieux, aux trois parties des Matines, nommées aussi Ténèbres pendant la semaine sainte, et pour lesquelles Palestrina, Ingegneri et Victoria ont composé leurs immortels Répons (voy. ces divers mots). || 2. Au xviiie s., le notturno s’entendait, dans un sens analogue à la sérénade, d’un morceau instrumental exécuté en plein air, de nuit, dans un jardin ou sous les fenêtres d’une personne que l’on voulait fêter ou honorer. Ce titre a été donné à des compositions de Michel Haydn (1772) et de Mozart (1776) pour petit orchestre. Ces ouvrages, comprenant une série de petits morceaux séparés les uns des autres, étaient destinés à des exécutions en plein air, de nuit. Il n’y a aucun rapport de forme entre le notturno pour petit orchestre, de l’époque classique, et les N. modernes. Dans le xixe s. le même titre fut donné à deux voix, d’un caractère analogue à celui de la romance, tels les N. de Mme Gail, tout au début du siècle, ceux de Blangini. Le charmant duetto pour 2 voix de femmes, dans Béatrice et Bénédict, de Berlioz (1856), rentre dans le style du N. En même temps, le pianiste irlandais John Field (1782-1837) et le Polonais Chopin (à partir de 1834) fixèrent la forme du N. pour piano, qui est un morceau de mouvement lent et d’expression pathétique ou sentimentale avec ornements mélodiques, sur le plan très simple du da capo, souvent avec une accélération de mouvement dans la partie centrale. Les deux N. pour orchestre, de Debussy, Nuages et Fêtes, datent de 1900.