Dictionnaire pratique et historique de la musique/Maîtrise

Maîtrise, n. f. École dans laquelle les enfants de chœur d’une église reçoivent leur éducation musicale. Disséminées sur toute l’étendue du territoire, entretenues par des fondations ou par la libéralité des chapitres ou des fidèles, fonctionnant avec une régularité que les exigences du service liturgique ne laissaient point relâcher, recrutées le plus souvent après concours entre enfants doués des meilleures voix, les M. ont tenu dans l’histoire de la musique française sous l’ancien régime un rôle d’une extrême importance et qui était bien loin de se limiter au domaine religieux : car au sortir de ces écoles, les élèves se trouvaient pourvus du plus solide fonds d’instruction artistique qu’ils développaient ensuite dans une direction de leur choix ; en sorte que la plupart, ou presque tous les grands musiciens du xve au xviiie s. étaient sortis de quelque M. Ces institutions ont eu un certain renouveau, au moins pour les cathédrales, grâce aux subventions officielles, d’environ 1850 à 1880, et ont pu servir ainsi encore la cause de l’art. Les conditions de la vie de l’Église depuis cette époque n’ont pas permis de les maintenir au même rang ; malgré leur titre, les M. actuelles constituent simplement le chœur habituel de l’église à laquelle elles sont attachées. La renommée de quelques M. françaises contemporaines n’a tenu qu’à la valeur des maîtres qui les ont dirigées ou les dirigent encore : ainsi la M. de la cathédrale de Langres, avec les abbés D. et N. Couturier, de 1852 à 1911 ; celle de Saint-Bénigne de Dijon, depuis la direction du chanoine R. Moissenet, (1895), celle de Saint-François-Xavier, lorsque le chanoine Perruchot, puis P. Drees, la dirigeaient, (1900-1916) ; celle de la cathédrale de Monaco, actuellement dirigée par Perruchot. À l’étranger, les M. des cathédrales catholique et anglicane de Westminster et de Saint-Paul de Londres sont justement célèbres, dotées de crédits importants et dirigées par des musiciens de grande valeur ; ces chœurs représentent à peu près seuls, à l’heure actuelle, ce que furent les anciennes M. En Italie, c’est le mouvement créé par le Pape Pie x qui a reporté l’attention vers les M. comprenant des voix d’enfants : ce pontife donna l’exemple en les réintroduisant à la Chapelle Sixtine elle-même, qui, depuis plusieurs siècles, n’utilisait plus, pour les voix hautes, que des sopranistes. Partout ailleurs, l’usage des voix de femmes avait fait perdre aux M. leur véritable caractère. Le titre même de M. est particulier à la France, où l’on emploie aussi, en certaines régions, les termes plus archaïques de Manécanterie et de Psallette ; à l’étranger, le titre de Chapelle est préférablement employé. Mais, depuis quelques années, c’est le vocable très antique de Schola cantorum, le seul liturgique, d’ailleurs, qui recommence à prédominer pour les chœurs d’église. (Voy. ces divers mots.)