Dictionnaire pratique et historique de la musique/Mélisme
Mélisme, n. m. Groupe de notes de passage faisant partie obligée de la mélodie. On applique particulièrement ce nom aux dessins liés et souples qui ornent de façon si riche et si délicate un grand nombre de pièces de chant grégorien ainsi que d’œuvres des anciennes écoles, et qui, trop développés pour pouvoir se réduire en formules et s’exprimer par signes abréviatifs, inaugurent l’art fécond de la grande variation mélodique. Les répons alleluiatiques et les graduels en offrent, dans le répertoire liturgique, les spécimens les plus frappants :
Les pièces polyphoniques des anciens
contrepointistes,
s’en inspirent
directement.
(Voy. aussi Jubilus
et Vocalise.)
Pendant l’âge d’or de l’opéra italien, la part des M. dans le chant dramatique s’élargit jusqu’à l’abus ; mais ce qui n’est, pour les virtuoses, qu’une occasion de faire briller la beauté de leur organe et la perfection de leur technique vocale, devient parfois, pour le compositeur, un puissant moyen d’expression.
Mais c’est dans la musique instrumentale, surtout, que se maintiennent constamment et librement les traditions lointaines, sans cesse à nouveau vivifiées, de la mélodie mélismatique. Chez Bach, chez Beethoven, chez César Franck, leur chaîne se continue.
Entre les notes radicales se glissent
et s’enroulent les courbes sonores qui
en achèvent le sens et la beauté. Notes
de passage, M., variations, la définition
absolue en reste malaisée, et d’ailleurs,
superflue. Leur amalgame est si fondu,
leur cohésion si parfaite, qu’on voit
donner, dans la langue anglaise, le
nom même de M. à « toute espèce d’air
ou de mélodie qui ne consiste pas en
une pure déclamation ». (Voy. Mélodie,
Ornement, Variation, Vocalise.)