Dictionnaire national et anecdotique par M. De l’Épithète/Section complète - Q

Q.

QUESTION : on cite, on demande, on ajourne la question préalable. On entend par cette expression une question à agiter, à discuter préalablement ou avant la motion ou l’amendement qu’on vient de proposer pour en prouver l’utilité ou les écarter comme inconstitutionnels ; c’est une ruse d’aristogustins qui commence à être usée.

QUART : le quart du revenu, le quart de son revenu, c’est-à-dire le quart de ce qu’on retire chaque année de son avoir, soit en propriété, soit en industrie ou en capitaux, déduction faite des charges réelles. Telle est la contribution patriotique que chaque citoyen est obligé de fournir au trésor de la nation, en conséquence d’un décret de l’assemblée nationale, qui a ordonné cette subvention extraordinaire comme la seule capable de restaurer nos finances & de remplit le déficit. Si le patriotisme de ceux qui ont fait ce décret animoit les contribuables, sans doute, tout seroit restauré, & peu de déclarations seroient parjures. Mais il n’en est pas ainsi. D’abord l’aristocrate ne donnera rien, parce qu’il est aristocrate, & que la subvention des choses est son vœu. L’égoïste, qui n’est point aristocrate, mais qui est pire encore, ne donnera que ce qu’on lui arrachera. Je l’ai entendu parler, il prend le décret pour une plaisanterie, à l’expression de contribution patriotique pour une épigramme. Le capitaliste homme impatriote, & sur lequel il n’y a aucune prise, ne donnera presque rien, & ce rien, l’ame dure le regardera comme une aumône ou une folle dépense. Cependant quelques financiers glorieux donneront, mais déduction faite des charges, dans lesquelles ils feront entrer ce que leur coûtent les indigestions & les filles d’opéra. Le pensionné n’a plus rien à donner. Le commis est sur le pavé. Les gens de robes vivent sur les recouvremens. Quant au rentier & à l’homme aux doubles vingtiemes, ils ne sont point dans le cas de frauder, s’ils ne déclarent pas juste, il y a des pieces justificatives qui redresseront leurs fausses déclarations. Les commerçans, les uns sont sans industries, & les autres assurent que l’état de leurs affaires les empêche de faire aucune déclaration.

L’honnête homme seul au milieu de cette tourbe de non déclarans ou de faux déclarans dira : « voici ma bourse, tel est mon bien, j’ai tant ; vous m’en demandez le quart, je vous l’apporte ; j’en aurois volontiers donné la moitié si elle eût pu ramener la paix & la confiance qui sont encore plus nécessaires à l’état que mon quart ».

Mais l’homme qui agit ainsi étant aux hommes qui agissent autrement comme un est à sept, il arrivera que la contribution patriotique qui auroit dû produire douze cens millions, en donnera à peine trois cents. Oh vérité ! trop amere vérité, que je voudrois me tromper ! combien je bénirai mon erreur !