Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Verge

Henri Plon (p. 686).

Verge. On donne quelquefois témérairement le nom de verge de Moïse à la baguette divinatoire. Voy. Baguette.

Sans doute aussi le lecteur a entendu parler de la verge foudroyante, avec laquelle les sorciers faisaient tant de prodiges. Pour la faire, il faut acheter un chevreau, le premier jour de la lune, l’orner trois jours après d’une guirlande de verveine, le porter dans un carrefour, l’égorger avec un couteau neuf, le brûler dans un feu de bois blanc, en conservant la peau, aller ensuite chercher une baguette fourchue de noisetier sauvage, qui n’ait jamais porté fruit, ne la toucher ce jour-là que des yeux, et la couper le lendemain matin, positivement au lever du soleil, avec la même lame d’acier qui a servi à égorger la victime, et dont on n’a pas essuyé le sang. Il faut que cette baguette ait dix-neuf pouces et demi de longueur, ancienne mesure du Rhin, qui fait à peu près un demi-mètre. Après qu’on l’a coupée, on l’emporte, on la ferre par les deux extrémités de la fourche avec la lame du couteau ; on l’aimante ; on fait un cercle avec la peau du chevreau qu’on cloue à terre au moyen de quatre clous qui aient servi à la bière d’un enfant mort. On trace avec une pierre ématite un triangle au milieu de la peau ; on se place dans le triangle, puis on fait les conjurations, tenant la baguette à la main, et ayant soin de n’avoir sur soi d’autre métal que de l’or et de l’argent. Alors les esprits paraissent, et on commande… Ainsi le disent du moins les grimoires.