Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Dissertation sur l’Hippomanes


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DISSERTATION
SUR
L’HIPPOMANES [* 1].
I. Deux sortes d’Hippomanes. Servius et Pline mal cités.

L’hippomanes signifie principalement deux choses : 1°. une certaine liqueur qui coule des parties naturelles d’une jument chaude ; 2°. une excrescence de chair que les poulains nouveau-nés ont sur le front ; elle est noire, ronde et de la grandeur d’une figue sèche. On prétend que ces deux sortes d’hippomanes ont une vertu singulière dans les philtres, et dans telles autres compositions destinées à des maléfices ; et que la dernière espèce est de telle nature, qu’une cavale n’a pas plus tôt mis bas son poulain, qu’elle lui mange ce morceau de chair, et que sans cela elle ne le voudrait pas nourrir. On ajoute que si elle donne le temps à quelqu’un d’emporter cet hippomanes, la seule odeur la fait devenir furieuse. Prouvons, mais sans entassement de passages, que, si cela n’est pas vrai, on le trouve du moins dans les auteurs les plus authentiques. Écoutons Virgile,

Hinc demùm, hippomanes vero quod nomine dicunt
Pastores, lentum distillat ab inguine virus.
Hippomanes, quod sæpè malæ legere novercæ,
Miscueruntque herbas et non innoxia verba [a].

Je n’ajoute point à l’autorité de Virgile celle de son commentateur Servius, cité pour cela par Fungérus, dans son Lexicon philologique, par Calepin, par Décimator, etc. ; car je ne vois pas que Servius fasse autre chose qu’expliquer le sens du poëte : mais pour celle d’Aristote, je n’ai garde de l’oublier. Il dit donc qu’on appelle hippomanes, une certaine chose qui sort ex pudendis equæ similis genituræ, sed multò magis tenuis quàm semen maris [b]. Écoutons maintenant Pline, qui parle ainsi en un endroit : Equarum virus à coïtu in lychnis accensum Anaxilaüs prodidit equinorum capitum visus repræsentare monstrificè : similiter ex asinis. Nam hippomanes tantas in veneficio vires habet, ut affusum æris mixturæ in effigiem equæ olympiæ admotos mares equos ad rabiem coïtûs agat [c]. Voilà qui regarde la première signification ; et voici qui regarde la seconde : Et sanè equis amoris innasci veneficium, hippomanes appellatum, in fronte, caricæ magnitudine, colore nigro : quod statìm edito partu devorat fœta, aut partum ad ubera non admittit. Si quis præreptum habeat, olfactu in rabiem id genus agitur [d]. Aristote avait déjà dit la même chose [e] ; Virgile en avait dit un mot en parlant des sortiléges à quoi la malheureuse Didon eut recours dans son désespoir.

Quaritur et nascentis equi de fronte revulsus
Et matri præreptus amor [f].

Il est aisé de voir, au reste, que Calepin a mal cité ces deux passages de Pline, pour prouver que l’hippomanes est une petite caroncule sur le front d’un poulain nouveau-né ; car on n’en parle en ce sens qu’au chapitre XLII du VIIIe. livre. D’ailleurs Calepin [g] a cité le livre XVIIIe. au lieu du XXVIIIe., et a mis cariæ au lieu de caricæ ; et il prête à Servius cinq ou six paroles, qui ne se trouvent point dans le Commentaire de ce grammairien ; et qui signifient que l’hippomanes descendant dans les entrailles d’un homme le met en fureur, quod in humana viscera descendens hominem in furorem agat. Le Dictionnaire de Décimator attribue la même pensée à Servius. Celui de Martinius rapporte le passage du VIIIe. livre de Pline en assez mauvais état. On y voit equi pour equis, fœtus pour fœta ; (ce qui ne fait aucun sens) ; et une virgule au lieu d’un point entre admittit et si quis. Voyez le Pline du père Hardouin [h]. En général on peut dire que ceux qui composent des dictionnaires prennent plus à tâche de compiler de nouvelles choses que de corriger les fautes des précédens.

II. D’une plante nommée hippomanes par Théocrite.

Ce n’est pas sans raison que j’ai dit, que l’hippomanes signifiait principalement deux choses ; car il y en a une troisième espèce, qui n’est pas à beaucoup près aussi notable que les autres, vu qu’on ne la trouve que dans un passage de Théocrite : encore faut-il livrer combat, pour l’y trouver, à l’un des plus savans hommes du XVIIe. siècle (A). Ce passage porte que l’hippomanes est une plante dans Arcadie, qui met en fureur les poulines et les jumens [i]. M. de Saumaise ne veut point entendre parler de cette plante. Il soutient que Théocrite n’a point dit φυτόν mais χυτὸν, et qu’il a entendu par χυτὸν la cavale de bronze qui était auprès du temple de Jupiter olympien, laquelle excitait dans les chevaux les émotions de l’amour, tout de même que si elle eût été vivante ; vertu qui lui était communiquée par l’hippomanes qu’on avait mêlé avec du cuivre en la fondant. Nous avons déjà rapporté un endroit de Pline où il est fait mention de cela ; mais il vaut mieux consulter Pausanias, qui nous en donnera un plus grand détail ; et comme ce qu’il en a dit est la clef de presque toute la critique que nous avons à donner dans cet article, il est à propos de mettre ici le passage tout entier.

III. Cheval d’airain qui donnait de l’amour.

Voici donc comme parle Pausanias [j] : Phormis sortant de Ménale, sa patrie, passa en Sicile, et se signala dans plusieurs expéditions sous Gélon, fils de Dinomènes, et sous Hiéron, frère de Gélon. C’est pourquoi, ayant fait une grande fortune, il consacra des dons, non-seulement à Jupiter olympien, mais aussi à Apollon de Delphes. Ceux qu’il consacra à Jupiter sont deux chevaux et deux cochers ; car chaque cheval a son cocher auprès de lui. Denys d’Argos fit l’un, et Simon d’Égine fit l’autre. On grava sur le côté du premier cheval une inscription, de laquelle le commencement est en prose, et à peu près de cette teneur : Phormis Arcadien, de Ménale, et présentement de Syracuse, l’a consacré. Ceux d’Élée disent que par l’artifice d’un magicien on versa de l’hippomanes dans la fonte de ce cheval, afin qu’il fournît un spectacle surprenant. Il est et plus petit et moins beau que plusieurs autres chevaux qui sont dans l’Altis [k], et il a la queue coupée, ce qui le rend encore plus laid : cependant il donne de l’amour aux chevaux, non-seulement au printemps, mais aussi toute l’année ; car ils rompent leur licou, ou s’échappent des mains de ceux qui les tiennent, et s’élancent sur cette statue avec beaucoup plus de fureur [l] que s’il s’agissait de couvrir la plus belle cavale d’un haras. Il est vrai que leurs pieds glissent ; mais ils ne cessent de faire retentir leurs hennissemens, et de recommencer leurs saillies furieuses, qu’après avoir été arrachés de cet airain à grands coups de fouet et à vive force.

IV. Servius censuré par Saumaise.

M. de Saumaise [m] a fait un fort long discours, pour montrer que Théocrite a parlé de cette statue, et non d’une plante qui s’appelât hippomanes. Examinons un peu ses raisons : on ne saurait ne pas profiter à la suite de ce grand homme. Il est vrai qu’il n’aime pas les routes les plus naturelles et les plus simples, et qu’il trouve plus d’agrément à se faire jour par le milieu des broussailles ; mais on peut apprendre quelquefois beaucoup plus de choses en courant après lui à travers champs, qu’en allant droit à la vérité sous d’autres guides. Il censure très-justement Servius, pour avoir dit que Virgile a prétendu que la plante hippomanes avait été ainsi nommée abusivement [n] : la raison de Servius est que Virgile, parlant d’un autre hippomanes, observe qu’il était proprement ainsi nommé,

.... Vero quod nomine dicunt.


Cette raison ne vaut rien ; car le poëte ne s’est exprimé de la sorte, que parce qu’il voyait dans le nom même la propriété de la chose : or si cette propriété convenait à plusieurs sujets, à la plante de Théocrite, à la matière qui sortait d’une jument, etc., le même nom leur pouvait être donné dans le sens propre. M. de Saumaise conjecture avec beaucoup de vraisemblance, que Servius a pris Hésiode pour Théocrite, lorsqu’il a dit, sur le IIIe. livre des Géorgiques, qu’Hésiode fait mention d’une herbe nommée hippomanes, qui met en fureur les chevaux ; car ayant eu occasion de parler de la même chose sur le IVe. livre de l’Énéide, il n’allègue que Théocrite. S’il avait connu deux poëtes qui eussent parlé de cette plante, il les eût sans doute nommés tous deux, ou au premier endroit ou au second. Il ne l’a point fait : il faut donc croire qu’il n’avait que Théocrite pour témoin. Il ne laisse pas d’être cause qu’encore aujourd’hui le Dictionnaire de Décimator, et le Thesaurus Fabri, citent Hésiode et Théocrite pour l’herbe hippomanes.

V. Servius et Philargyrus mal censurés par Saumaise.

Servius et Philargyrus paraissent avoir plus de raison lorsqu’ils disent : celui-là, que cette herbe rendait furieux les chevaux qui en mangeaient ; celui-ci, qu’elle donnait aux cavales une chaleur d’amour excessive. M. de Saumaise prétend qu’ils n’y entendent rien, et que Théocrite n’a voulu dire sinon que les chevaux étaient épris d’une passion violente de jouir de l’hippomanes : de sorte que si ce poëte eût parlé d’une herbe, il faudrait entendre que les chevaux auraient été transportés d’un désir furieux d’en manger. C’est ainsi qu’il explique la phrase grecque μαίνεσθαι ἐπὶ τινί [o]. Tout ce qu’il lui plaira ; mais il me semble que l’explication de ces deux anciens grammairiens n’est pas mauvaise. La préposition ἐπὶ a tant de significations, qu’il serait bien étrange qu’elle n’eût pas quelquefois celle que nous donnons à la préposition sur dans ces phrases ; il enragea, il s’emporta, il devint furieux sur cela. Ce sont toutes phrases où sur ne désigne point l’objet de la passion, mais ce qui la cause.

Je ne nie point que Philargyrus ne fasse dire à Théocrite ce qu’il n’a pas dit précisément, savoir que l’herbe hippomanes excite dans les cavales qui en mangent une ardente lubricité ; mais il est fort vraisemblable que c’est ce que Théocrite a entendu. Il ne faut pour s’en convaincre que considérer le vœu qu’il fait, que l’objet de son amour, saisi d’une manière semblable à celle de ces cavales, vienne chez lui ; et ce que les naturalistes observent de la chaleur excessive de ces animaux. Aristote dit [p] qu’il n’y a point de femelles qui égalent celles-là en lubricité ; et que pour exprimer la lubricité des autres femelles excessivement amoureuses, on lui donnait le nom qui marquait celle des cavales. Élien observe la même chose au chapitre XI du IVe. livre de l’Histoire des Animaux. D’autres remarquent qu’elles vont chercher le mâle au travers des montagnes et des rivières [q] :

Scilicet ante omnes furor est insignis squarum
..............................
Illas ducit amor trans Gargara transque sonantem
Ascanium : superant monies et flumina tranant [r].

Enfin Horace, prédisant à une maîtresse qui avait fait la renchérie durant ses beaux jours, qu’on lui rendrait la pareille avec le temps, lui marque qu’elle sentirait alors la même rage qui transporte les cavales.

Cùm tibi flagrans amor, et libido

Quæ solet matres furiare equorum,
Sæviet circa jecur ulcerosum [s].


Recueillons de là, en passant, que la poésie galante n’était pas sous Auguste, comme aujourd’hui, ennemie de toutes idées grossières ; mais souvenons-nous principalement de conclure des autorités qu’on vient de voir, que Servius et Philargyrus ont assez bien entendu le passage de Théocrite, pour n’avoir pas mérité que M. de Saumaise les censurât. Ïl était beaucoup plus naturel de l’entendre de la passion amoureuse excitée par l’herbe hippomanes, que de l’envie de manger de cette herbe. Et n’importe qu’il n’y ait que Théocrite qui ait parlé d’une telle plante [t] ; car il a pu se fonder sur quelque vieille tradition qui a été démentie par les siècles suivans. Au fond, il ne serait pas fort surprenant qu’il y eût une herbe qui produisît cet effet. Celle que les Italiens nomment Sferra-Cavallo, parce qu’on prétend que les chevaux qui mettent le pied dessus se déferrent tout aussitôt [u], me paraîtrait d’une vertu plus miraculeuse. Pline fait mention d’une herbe par le moyen de laquelle le pivert fait sauter un coin fiché dans un arbre [v]. Il en paraît douter dans un autre livre [w].

VI. Réfutation du sentiment de Saumaise.

Examinons de plus près le sentiment de Saumaise, nous verrons mieux que le changement de φντὸν en χυτὸν n’est pas bien imaginé. C’est une métamorphose pour laquelle il faut supposer, 1°. que Théocrite a cru que le temple de Jupiter olympien n’était pas dans l’Élide, mais dans l’Arcadie ; ou qu’ayant su qu’il n’était pas dans l’Arcadie, il l’a dit néanmoins, tant à cause du voisinage de ces deux provinces, qu’à cause que Phormis, qui consacra la jument de bronze, était d’Arcadie. Cette première supposition est toute pleine de duretés ; car à qui persuadera-t-on que la solennité des jeux olympiques ait pu permettre à un bel-esprit d’être en doute si elle se célébrait dans une province de Grèce, ou dans une autre ? Tous les Grecs étaient à cet égard bons géographes jusqu’à la dernière précision ; de sorte qu’il n’entrera jamais dans un esprit attentif, que Théocrite ait pu errer là-dessus, ou oser dérober à ceux d’Élide en faveur de ceux d’Arcadie, et cela sur deux mauvaises raisons, le temple de Jupiter olympien, l’une des sept merveilles du monde. Mais voici d’autres suppositions non moins dures que la première. Il faut supposer, en second lieu, que, ne s’agissant que de l’amour des chevaux, Théocrite ne s’est servi que du genre féminin, πᾶσαι καὶ πώλοι, et toutes les poulines, καὶ θοαὶ ἳπποι, et toutes les cavales [x]. Quel remède à cela ? Une jument de bronze est l’objet aimé : son hippomanes n’anime que les chevaux, comme Pausanias le remarque ; néanmoins Théocrite n’aura parlé que de l’ardeur des poulines et des cavales ? Voici le remède : le dialecte dorique employait l’article féminin pour désigner un cheval, de même que le dialecte commun employait l’article masculin pour désigner une cavale. Je le veux ; mais comme Pausanias, le passage même que M. de Saumaise cite en preuve de la remarque touchant le dialecte commun, se sert de l’article masculin pour des chevaux, et du féminin pour des cavales, il faut croire que ceux qui se servaient du dialecte dorique appliquaient à chaque sexe son article en certaines occasions : et il serait facile de prouver qu’il y a point d’auteur grec qui ait fait cheval féminin, comme les Français en usent à l’égard de perdrix ; ou masculin, comme ils usent à l’égard de lièvre. Or si on ne montre point un pareil usage dans le dialecte dorique, la réponse de M. de Saumaise n’est qu’une illusion. Il faut supposer, outre cela, que l’hippomanes de la jument de bronze étendait sa vertu extrêmement loin, puisque les chevaux, dont M. de Saumaise veut que Théocrite fasse mention, couraient en furie par les montagnes, et s’allaient unir à leur aimant superatis montibus. On ne trouve point cette idée dans le narré de Pausanias, et l’on en trouve une toute contraire dans ces paroles de Pline : mares Admotos ad rabiem coïtûs agit.

M. de Saumaise, se sentant embarrassé de ces montagnes de Théocrite, les a voulu métamorphoser en quelque autre chose dont il se pût mieux accommoder ; et il a prétendu qu’il fallait lire ἐν ὤρᾳ, au printemps, et non pas ἀν ὤρεα, par les montagnes ; mais par malheur rien ne peut s’accorder plus mal que cette critique avec le texte de Pausanias, où l’on voit expressément que, sans nulle distinction de saisons, les chevaux brûlaient d’amour pour la statue, quelque jour de l’année que ce fût [y]. Enfin M. de Saumaise n’a pas raison de supposer que la statue imprégnée de la vertu de l’hippomanes fût une cavale. Je sais bien que Pline l’a dit avant lui : mais Pausanias, qui s’était fait une étude principale d’examiner tous les monumens de la Grèce, et qui est un auteur incomparablement plus exact que Pline, ne laisse aucun lieu de douter que cette statue ne fût un cheval ; puisqu’il se sert toujours de l’article masculin pour en parler, et qu’il emploie le féminin dans le même lieu pour désigner une jument de haras [z].

VII. Réflexion sur le narré de Pausanias.

Je n’examinerai point si l’on doit croire ce que Pausanias rapporte de la vertu, en quelque façon talismanique, de cette statue. Je dirai néanmoins que les chevaux, dont la fureur en fait d’amour est extrême, pourraient bien s’échauffer auprès du bronze sans l’aide d’aucun philtre. Supposons qu’ils aient une âme, ne pourront-ils pas se figurer qu’une statue est l’animal qu’elle représente, ou qu’à tout le moins c’est une belle statue ? Au premier cas, pourquoi ne leur arriverait-il point, mutatis mutandis, ce qui arriva à ces oiseaux qui béquetèrent la peinture d’une vigne ? Un cheval peint par Apelles fit bien hennir des chevaux vivans [aa]. Au second cas, pourquoi seraient-ils incapables de la faiblesse où plusieurs hommes sont tombés, d’aimer lascivement une statue [ab] ? Je conviens qu’on peut objecter entre plusieurs autres choses, que les yeux ne sont pas les seuls guides en amour à l’égard des bêtes [ac], comme fort souvent à l’égard des hommes, et que l’odorat est le principal véhicule de cette passion dans la machine des animaux ; d’où il s’ensuit qu’une statue manque à leur égard des principaux ressorts de l’amour. Mais la question est si l’adresse du statuaire ne pourrait pas suppléer à ce défaut par l’imitation des attitudes d’une cavale excessivement passionnée, et si l’on peut révoquer en doute ce que les poëtes grecs ont tant chanté, et Ausone après eux, touchant la vache d’airain de Myron (B). Tite-Live, plus croyable lui seul que cent poëtes, rapporte qu’à Syracuse un taureau accomplit l’œuvre de la chair sur la statue d’une vache. Vaccam æneam Syracusis, ab agresti tauro qui pecore aberâsset, initam ac semine aspersam [ad]. On en dit autant de quelques autres animaux. Myronis æream buculam taurus inscenderet, caniculam, columbam, anatem coloribus expressas mares congeneres insilirent [ae]. Il ne faut pas dissimuler que Tite-Live rapporte ce fait comme un des prodiges de cette année-là, et qu’en matière de prodiges il n’est pas fort sûr de s’en rapporter à lui. Si l’on veut avec les cartésiens que les bêtes soient des automates, on ne laissera pas de comprendre qu’une naïve imitation des attitudes pourra faire bien du fracas.

VIII. Fautes de Cardan sur ce même fait.

Cardan [af], qui ne doute point du fait rapporté par Pausanias, et qui en donne même des raisons naturelles le mieux qu’il peut, n’a point pris là le mâle pour la femelle ; il a si bien reconnu que Pausanias parle de la statue d’un cheval, que c’est une des objections qu’il tâcha de soudre : mais, au reste, il ne paraît pas qu’il ait bien examiné le passage de cet historien ; car il lui fait dire que ce cheval de bronze était à Héraclée d’Élide, province du Péloponnèse [ag], dans un lieu nommé Quialten. Grande complication de bévues ; car, 1°. Héraclée est bien le nom d’une infinité de villes [ah], mais non pas le nom d’une province [ai] ; 2°. Du moins est-il sûr qu’il n’y a point eu de province qui portât ce nom dans tout le Péloponnèse ; 3°. il y avait bien dans l’Élide une ville, ou un bourg de ce nom-là [aj] ; mais ce n’était point un lieu qui contînt des pièces du trésor d’Olympie ; 4°. enfin ce Quialten est une absurdité monstrueuse. Voici, ce me semble, comment Héraclée et Quialten se sont fourrés là. Pausanias, venant de parler de quelques dons que la ville d’Héraclée, sur le Pont-Euxin, colonie des Mégariens, avait consacrés, observe que vis-à-vis de ceux-là il y en avait d’autres consacrés par Phormis, etc., et que les deux chevaux dont ce Phormis fit présent à Jupiter étaient dans l’Altis, c’est à dire dans le lucus ou dans le bocage qui était une dépendance du temple.

IX. Fautes de Jean-Baptiste Porta, et de Boaistuau, et du Commentaire sur du Bartas.

J’ai vu dans une traduction française de la Magie naturelle, de Jean-Baptiste Porta [ak], un assez long chapitre sur l’hippomanes, que je ne trouve point dans mon édition latine [al]. La narration de Pausanias est assez fidèlement rapportée, à deux faussetés près ; l’une qu’Arcas, Olympien, mêla de l’hippomanes avec l’airain de la statue ; l’autre qu’il fit une jument. On veut qu’Élien rapporte la même histoire, mais on se trompe. Jean Wier [am] n’a évité que la première de ces trois fautes : il a dit que Phormis d’Arcadie fit l’épreuve de l’hippomanes dans Olympie, novit vim Olympiæ Phormis Arcas. Notez que la Magie naturelle de Baptiste Porta, imprimée en latin à Francfort, 1607, est divisée en XX livres. Quelques éditions précédentes, sur lesquelles la version française que je cite a été faite, n’en contiennent que quatre. Le latin de cet auteur ne dit point qu’Arcas, olympien, mêla de l’hippomanes, etc. ; mais que Phormis, arcadien, reconnut la vertu de l’hippomanes à Olympie, tantam in eo vim novit Olympiæ Phormis Arcas. Je crois que Cardan a été cause de l’erreur où est tombé un certain Pierre Boaistuau, surnommé Launai, natif de Bretagne (car c’est ainsi qu’il aimait à faire connaître ses titres), fort loué par la Croix du Maine. Qui ne sera espouvanté, dit-il [an], de ce que Pausanias, historien grec, recite avoir esté fabriqué en Heraclée, province de Peloponnese, par un certain artisan, lequel composa un cheval d’airain ayant la queue coupée, et difforme, au reste par toutes les autres parties du corps parfait, auquel neanmoins les autres chevaux s’efforçoient joindre et coupler d’une telle ardeur et affection qu’ils se rompoient la corne du pied montans et remontans par plusieurs fois sur lui d’autant qu’ils glissoient pour l’airain de quoi il estoit composé. Et pour quelques coups qu’on leur pust donner, on ne les pouvoit chasser ; mais ils hennissoient comme s’ils eussent trouvé une jument en chaleur. Du Bartas a voulu parler de la même merveille quand il a dit [ao] ;

Cette jument d’airain sur qui les estalons
Lançaient étant en rut leurs fragiles talons.


Mais Simon Goulart, son commentateur, s’est imaginé mal à propos qu’il s’agissait-là du chef-d’œuvre de Myron, qui fit dit-il, une jument ou vache d’airain si approchante du naturel, que les chevaux couraient contre pour la saillir. S’il se fût souvenu du passage de Pausanias, ou plutôt de celui de Pline, et s’il eût bien considéré que les épigrammes dont il parle au même lieu ne nous permettent pas de douter si Myron fit une vache ou une cavale, il ne serait pas tombé dans cette petite erreur. Voyez ci-dessus la remarque (B).

X. S’il y a une quatrième sorte d’hippomanes.

Outre les trois espèces d’hippomanes dont j’ai fait mention, il y a des gens qui en reconnaissent une quatrième. Ils se fondent sur l’autorité d’Aristote ; car ils prétendent qu’il a reconnu deux sortes d’hippomanes dans les jumens, l’une qui coule avant que le cheval les ait approchées ; l’autre qui coule lorsque par les premiers congrès elles ont un peu apaisé leur faim. M. de Saumaise, qui trouve dans Aristote cette distinction [ap], a été cause que j’ai lu attentivement les paroles de ce philosophe [aq] ; mais je ne l’y ai pas trouvée, quoique j’aie vu deux fois en très-peu de lignes la répétition de la remarque qui concerne l’hippomanes. Cette répétition ne doit point faire songer à deux choses différentes ; car bien qu’Aristote soit concis, il est pourtant vrai qu’il considère comme à deux reprises les symptômes des cavales qui sont en chaleur : et la raison pourquoi il en parle à deux reprises, est qu’il explique en particulier les accidens de celles qui s’éventaient, s’il m’est permis de parler ainsi, quæ ἐξανεμοῦσθαι, eventari dicebantur. Il fait entendre que cela n’arrivait point aux jumens qui étaient à portée du mâle : il le fait, dis-je, entendre lorsqu’il dit qu’à cause de cet accident les Créteins laissent ensemble les cavales et les étalons ; et après avoir parlé des courses que font, ou vers le septentrion, ou vers le midi, celles à qui cet accident arrive, il parle en général des signes à quoi l’on connaît que les cavales sont en chaleur : et comme il avait parlé de l’hippomanes par rapport à celles qui ne font que courir, il en parle aussi par rapport à toutes les cavales en général (C). Je ne vois pas là de quoi multiplier les espèces ; mais quand même l’on consentirait à leur multiplication [ar], M. de Saumaise ne laisserait pas de s’être trompé, prétendant que la distinction d’Aristote regarde la non-jouissance de quelques jumens, et la jouissance de quelques autres bien au-deçà de satiété ; et que celles qui se mettaient à l’évent étaient dans le dernier cas. Ce n’est nullement la doctrine d’Aristote : au contraire, l’on doit inférer de son discours qu’elles souffraient une abstinence totale, puisque outre la réflexion qu’il fait sur la conduite des Créteins, il dit en propres termes qu’elles s’écartaient de la troupe, et ne se laissaient approcher que quand elles étaient lasses, ou qu’elles arrivaient auprès de la mer [as], et qu’alors elles jetaient l’hippomanes. Ὅταν δὲ τοῦτο πάθωσι, θέουσιν ἐκ τῶν ἄλλων ἵππων... ὅταν δὲ ἐμπέσῃ τὸ πάθος οὐδένα ἐῶσι πλησιάζειν, ἕως ἂν ἢ ἀπείπωσι διὰ τὸν πόνον ὴ πρὸς ϑάλατταν ἔλθωσι· τότε δὲ ἐκϐάλλουσί τι. etc. Cùm verò in affectæ fuerint, currunt relictâ societate... nec appropinquare quemquam patiuntur donec vel defatigatæ desistant, vel ad mare deveniant ; tum aliquid emittunt, etc. [at].

XI. Remarques sur Hofman et sur Furetière.

M. Hofman [au] a parlé de l’hippomanes suivant les idées de M. de Saumaise, tant sur le passage de Théocrite que sur celui d’Aristote ; il n’y a donc qu’à le renvoyer à ce qui a été dit ci-dessus. Il me permettra de lui dire que, s’il consulte bien Pausanias, il ne le citera point de Arcad. [av], et qu’il n’y trouvera pas que Phormis ait dédié une cavale dans Olympie ; car cet auteur dit formellement, à la fin du Ve. livre, que Phormis consacra deux chevaux et deux cochers. Quant à M. Furetiere, je ne lui reprocherai pas des fautes considérables. Je trouve seulement qu’il a un peu manqué d’exactitude en ne citant Pline que pour l’hippomanes du front des poulains. Cela fait venir naturellement cette pensée trompeuse, que Pline ne parle point d’aucun autre hippomanes. J’aurais voulu aussi qu’il eût cité Aristote, dont l’autorité est à bon droit plus grande que celle de Pline. À l’égard de l’autre sorte d’hippomanes, il ne devait point citer Servius, mais Virgile, dont Servius ne fait là que les paroles, sans dire si le fait est vrai, ou s’il est faux. Le Dictionnaire de César de Rochefort, ni le Lexicon Medicum de Castellus, augmenté copieusement par Brunon, ne disent rien de l’hippomanes.

XI. Ce qu’il faut croire de l’hippomanes.

Je ne veux pas finir cet article sans remarquer ce qu’Aristote a si judicieusement prononcé sur la caroncule du front du poulain. Il a dit [aw] qu’on dit qu’elle y est, mais que la mère l’emporte en léchant, et qu’il faut croire que ce qu’on conte de sa vertu sont des fables forgées par des femmes et par des enchanteurs. Néanmoins on a parlé de cette vertu dans tous les siècles, et il est facile de voir que ce qui a persuadé, au commencement, qu’on se pouvait servir de cela comme d’un philtre, est qu’on disait que si la cavale n’avalait pas ce morceau, elle ne nourrissait point son petit. Un ancien poëte, cité par Apulée, faisant l’énumération des philtres, appelle celui-ci hinnientium dulcedines, ce qui se rapporte merveilleusement au matri præreptus amor, que j’ai cité de Virgile. Mais comme les philtres inspiraient plutôt de la fureur que de l’amour, de là est venu que l’hippomanes a été considéré comme une drogue funeste. Juvénal débite que Césonie l’ayant employée envers son mari Caligula, fut cause de la fureur enragée qui lui fit commettre tant de crimes :

Et furere incipias, ut avunculus ille Neronis
Cui totam tremuli frontem Cæsonia pulli
Infudit.
Ardebunt cuncta et fractâ compage ruebant
Non aliter quàm si fecisset Juno maritum
Insanum.
..............................
Hæc poscit ferrum atque ignas, hæc potio torquet
Hæc lacerat mixtos equitum cum sanguine patres,
Tanti partus equæ, tanti una venefica constat [ax].


On n’est point encore revenu de cette superstition, car nous voyons dans un roman assez nouveau [ay], qui est une fidèle et agréable copie de la conduite de bien des personnes ; nous y voyons, dis-je, quelques dames de Paris passer une nuit à faire des sentinelles ridicules autour d’une jument, pour prendre je ne sais quoi qu’on leur avait fait accroire que le poulain apportait au front en naissant, et pour l’apprêter avec certaines cérémonies ; ce qui, à leur compte, devenait un philtre merveilleux et inévitable. Ce philtre devait être donné subtilement à des soldats, et à leur capitaine même, s’il en eût été besoin ; et aussitôt ce capitaine et ces soldats devaient courir les rues, et venir offrir de faire tout ce qu’on souhaiterait qu’ils fissent. Les tours et les portes semblaient, s’il faut ainsi dire, devoir tomber aussitôt d’elles-mêmes, pour rendre la liberté à qui les dames eussent voulu. Si l’on consulte le Journal des physiciens d’Allemagne[az], on se convaincra pleinement que les poulains naissent avec l’hippomanes sur le front ; car on y verra la figure et la description anatomique d’un de ces hippomanes, qui avait été apporté tout chaud à un médecin nommé Raygérus. Il avait souhaité souvent d’en voir qui fussent en cet état, en ayant déjà vu quelques-uns de secs ; et il éprouva que la mère nourrit à l’accoutumé le poulain, à qui l’on avait ôté cette partie ; de sorte que si d’un côté il vient au secours des anciens, il les décrédite beaucoup de l’autre. Son hippomanes est plus grand qu’Aristote et Pline ne le représentent.

  1. * Dans le Projet et Fragmens d’un Dictionnaire critique, cet article venait à son ordre alphabétique et commençait ainsi :

    « Jusqu’ici nous n’avons donné que des articles personnels, en voici un réel : j’entends par articles réels ceux qui n’appartiennent ni à des personnes, ni à des lieux, ni par conséquent aux dictionnaires historiques et géographiques.

    » L’hippomanes signifie, etc. »

    Je n’ai pas cru devoir relever toutes les variantes : qu’importe en effet celles qui ne sont que quelque correction de style : par exemple, dans le nombre VI ci-après, pag. 194, on lit aujourd’hui : Une jument de bronze est l’objet aimé ; Bayle avait dit dans son Projet : L’objet de l’amour est une jument de bronze ; dans le Projet de 1692 le nombre VII commençait ainsi : Ce serait sortir des bornes que je me dois prescrire dans cet essai, que d’examiner si l’on doit croire, etc. On ne me reprochera pas, je l’espère, d’avoir laissé de côté de semblables variantes. Si c’est avoir failli, j’avoue l’avoir fait volontairement et de propos délibéré.

  1. Virgil., Georgic., lib. III, vers. 280. Tibulle, eleg. IV, lib. II, parle ainsi :

    Et quod ubi indomitis gregibus Venus afflat amores
    Hippomanes cupidæ stillat ab inguine equæ.

  2. Ἐκρεῖ αὐταῖς ἐκ τοῦ αἰδοίου ὅμοιον γονῇ, λεπτότερον δὲ πολὺ ἢ τὸ τοῦ ἄῤῥε νος καὶ καλοῦσι τοῦτο τινὲς ἱππομανές. Humorem emittunt suis genitalibus similem genituræ, sed multò tenuiorem quàm mares, quem hippomanes nonnulli appelant. Aristot., Hist. Anim., lib. VI, cap. XVIII, p. m. 668. Voyez ci-dessus, num. X.
  3. Plin., lib. XXVIII, cap. XI, sub fin.
  4. Idem, lib. VIII, cap. XLII.
  5. Arist., Hist. Animal., lib. VII, cap. XXII.
  6. Virg., Æn., lib. IV, vers. 515.
  7. L’édition dont je me sers est celle de Lyon, 1681.
  8. Au IIe. volume, pag. 272.
  9. Ἱππομανὲς ϕυτόν ἐςι παρ᾽ Ἀρκάσι, τῷ δ᾽ ἑπὶ πᾶσαι
    Καὶ πῶλοι μαίνονται ἀν᾽ ὤρεα καὶ θοαὶ ἵπποι.

    Hippomanes planta est apud Arcades quâ concitati omnes
    Et equulei insaniunt in montibus et celeres equæ.
    Theocrit., in Pharmaceut., p. m. 15.
    (Idyl. 2, v. 48.)

  10. Pausan., lib. V, sub. fin.
  11. C’était le nom d’une des dépendances du temple de Jupiter. Voyez Pausanias, p. m. 156, et ci-dessous num. VIII.
  12. Πολλῷ δή τι ἐμμανέςερον. Romulus Amasæus traduit nihil herclè minùs furenter, ce qui affaiblit le sens.
  13. Salmas., Exercit. Plinian., pag. 939 et seq.
  14. Philargyrus, autre ancien commentateur de Virgile, est aussi enveloppé dans cette censure, puisqu’il a insinué la même pensée que Servius.
  15. Μαίνεσθαι ἐπὶ τινί non dicitur qui alicujus rei gustu vel haustu ad insaniam adigitur, sed qui rei ejus cujus cupiens est quocunque modo potiundæ ardore insanit. Salmas., Exercitat. Plinian., pag. 939.
  16. Τῶν δὲ θηλειῶν ὁρμητικῶς ἔχουσι πρὸς τὸν συνδυασμὸν, μάλιςα μὲν ἵππος. Incenduntur libidine ex fœminis equæ potissimùm. Arist., Hist. Animal., lib. VI, cap. XVIII.
  17. In furias agiantur equæ, spacioque remota
    Per loca dividuos amne sequuntur equos.
    Ovid., lib. II, v. 487, de Arte Am.

  18. Virgil., Georgic., lib. III, vers. 266.
  19. Horat., Od. XXV, lib. I.
  20. Voyez la rem. (A).
  21. Voyez Matthiole, sur Dioscoride, liv. III, chap. CXXXV.
  22. Plin., lib. X, cap. XVIII.
  23. Idem, lib. XXV, cap. II.
  24. Je ne traduis point θοαὶ, qui veut dire légères à la course ; cette épithète n’est point là une de celles que la langue française doit retenir dans une version.
  25. Ἀνὰ πᾶσαν ἐπ᾽ αὐτὸν ὀργῶσιν ἡμέραν.
  26. Ἐπιπηδῶσιν αὐτῷ πολλῷ δή τι ἐμμανέςερον ἢ ἐπὶ τὴν καλλίστην ἕππον ζῶσάν τε καὶ κθάδα ἀναϐαίνεσθαι. Id est juxta versionem Romuli Amasæi, Illum invadunt nihil herclè minùs furenter quàm si viventem pulcherrimam equam gregalem inituri adorirentur.
  27. Pline, libro XXXV, cap. X. Valère Maxime, lib. VIII, cap. XII, dit que c’était une cavale : quo excusabilior est error equi, qui visâ picturâ equæ hinnitum edere coactus est.
  28. Plusieurs modernes en ont fait le recueil, entre autres Balthasar Boniface, Hist. Ludicr., lib. XIV, cap. XIII.
  29. Voyez le passage de Lancelot de Pérouse, dans la rem. (B).
  30. T. Livius, lib. XLI.
  31. Balth. Bonifacius, Histor. Ludier., lib. XIV, cap. XIII. Voyez Athénée, cité dans la rem. (B).
  32. De Subtilit., lib. XVIII.
  33. In Heracleâ Elidis Peloponnesi provinciâ equum æneum fuisse narrat in loco cui nomen erat Quialten.
  34. Voyez Salmas. in Flor., lib. I, cap. XVIII.
  35. On ne prétend pas nier qu’il n’y ait eu quelques petites île de ce nom.
  36. Strabon, Pausanias et Étienne de Byzance en font mention, mais non pas Emmius, dans sa Græcia Antiqua, ni Ortelius, ni Lloyd, ni Hofman, ni Baudrand, dans leurs Dictionnaires.
  37. Imprimée à Rouen, 1626, in-12. Le chapitre qui traite de l’hippomanes est le XXVIIe du liv. II. Il se trouve parmi les Secrets de Weckher, comme venant de Baptiste Porta.
  38. De Francfort, 1607, in. 8°.
  39. De Lamiis, cap. XXXVIII.
  40. Traité de l’Excellence de l’Homme, imprimé à la fin du Théâtre du Monde, par le même auteur.
  41. Sixième jour de la première semaine, vers 826.
  42. Differentiam itaque constituit Aristoteles inter hoc ἱππομανὲς quod equæ tum ejiciunt ubi semel salitæ fuerint, est que simile καπρὶα, et illud Ἱππομανὲς quod illis defluit ab inguine eo tempore quo maris cupiditate ardescunt nec dum admiserune. Salmas., Exercit. Plin., pag. 941.
  43. Arist., Histor. Animal., lib. VI, cap. XVIII.
  44. Le père Hardouin, in Plin., tom. II, pag. 211, en reconnaît deux espèces.
  45. L’édition de Genève, 1605, et celle de Paris, 1629, mettent marem au lieu de mare.
  46. Arist., Histor. Animal., lib. VI, cap. XVIII.
  47. Vol. III, pag. 162 ; et vol. IV, pag. 495.
  48. Le livre de l’Arcadie est le VIIIe. Celui où il est parlé de Phormis est le Ve., et le premier des deux où l’auteur traite de l’Élide.
  49. Τὸ δὲ ἱππομανὲς καλούμενον ἐπιϕύεται μὲν, ὥσπερ λέγεται, τοῖς πωλοῖς, αἱ δὲ ἵπποι περιλείχουσαι καὶ καθαίρουσαι περιτρώγουσιν αὐτό. τὰ δὲ ἐπιμυθευόμενα πέπλαςαι μᾶλλον ὑπὸ τῶν γυναικῶν καὶ τῶν περὶ τὰς ἐπῳδάς. Quod hippomanes vocant, haret quidem fronti nascentis pulli, ut narratur, sed equæ perlambentes abstergentesque id abrodunt : quæ autem de hoc fabulantur, figmenta muliercularum et professorum carminis incantamentorum esse credendum potiùs est. Arist., Histor. Animal., lib. VIII, cap. XXIV, p. 699, 700.
  50. Juv., sat. VI, v. 614.
  51. Aventures de Henriette-Sylvie de Molière, part. III, pag. 50, édition de Hollande, 1674.
  52. Annus octavus, impressus 1678, pag. 94 et seq.

(A) On ne trouve la troisième espèce d’hippomanes que dans Théocrite ; encore faut-il livrer combat… à l’un des plus savans hommes du XVIe. siècle. ] Je n’ignore pas qu’on trouve dans Dioscoride une herbe nommée ἀπόκυνος, et κυνοκάμϐη, et ἰππομανές ; et dans Théophraste un hippomanes fait de l’herbe tithymale, excellente et fort cultivée à Tégée, ville d’Arcadie[1]. Mais comme M. de Saumaise[2] prétend qu’il n’y a que des chicaneurs, semblables à celui qui s’était caché sous le masque de Cercoétius (c’était le père Pétau), qui puissent se prévaloir de l’autorité de Dioscoride, puisque ce serait nous donner pour de véritables écrits de Dioscoride les additions bâtardes qu’on y a fourrées, je crois qu’on doit laisser à part la déposition de ce témoin. Pour Théophraste il n’est pe sûr qu’il faille lire ἱππομανὲς dans l’endroit que j’ai cité ; M. de Saumaise[3] en corrige la leçon, et y substitue ὁ ὀπὸς μόνος, prétendant que l’auteur a voulu dire qu’on ne tire du tithymale que le suc. Ainsi ces témoignages ne sont que matière de procès. Il n’en faut pas dire autant de celui de Théocrite ; puisque outre les raisons par lesquelles j’ai détruit le χυτὸς de M. de Saumaise, on ne peut nier que dès le temps du grammairien Servius il n’y eût ϕυτὸν dans le texte de ce poëte. On ne peut rien dire de positif sur l’herbe dont il a parlé : ainsi Aloïsius Anguillara, Cratévas, Dodonéus, et Wecker, qui la prennent pour la stramonia[4] dite des Arabes, nux methel, et des Français pomme du Pérou, ne nous donnent pas de conjectures plus certaines que Roderic à Castro[5], qui l’a prise pour la fougère, ou que Gaspar à Reies, qui l’a prise pour l’herbe flavia[6].

(B) Touchant la vache d’airain de Myron. ] Myron, natif d’Éleuthère dans la Béotie, fit une vache d’airain qui fournit un beau champ aux poëtes. Il y a dans l’Anthologie[7] près de XL épigrammes sur ce sujet. Ausone en a fait onze sur la même matière, qui sont assez bien tournées. En voici une :

Bucula sum cælo genitoris facta Myronis
Ærea : nec factam me puto, sed genitam.
Sic me taurus init : sic proxima bucula mugit,
Sic vitulus sitiens ubera nostra petit.
Miraris, quòd fallo gregem ? gregis ipse magister
Inter pascentes me numerare solet[8].


M. Ménage a exercé sa muse grecque sur cette vache, avec un succès que le père Hardouin a jugé supérieur à celui de tous les autres. Voyez son commentaire sur le XXXVIe. livre de Pline [9], où il dit que Tzetzès a parlé de la même vache dans l’Histoire CXCIV de la VIIIe. chiliade. Voyez aussi l’Anti-Baillet [10] où l’on cite une épigramme grecque d’André Lascaris [* 1]. Notez que dom Lancelot de Pérouse met au rang des fables tout ce que les anciens disent de l’amour des bêtes pour des peintures. De gli animali, dit-il [11], porte l’istessa opinione, perche questi non si risentono al coito solamente per la vista, ma per lo moto, per l’odore, e per la voce, niuna delle quali tre cose ha la pittura. Farfalloneggi quanto vuele, Plinio, Valerio, e chi chi sia. J’ai dit, dans l’article Zeuxis, qu’il s’est trompé sur d’autres choses de même nature qu’il a niées : il peut lui être arrivé la même chose sur celles-ci. Quoi qu’il en soit, je citerai athénée : Τῇ τε γὰρ περὶ τὴν Πυρήνην χαλκῇ βοὶ βοῦς ἐπανέϐη, καὶ γεγραμμένῃ κυνὶ καὶ περιςερᾷ καὶ χηνὶ, τῇ μὲν κύων, τῇ δὲ περιςερᾷ, τῇ δὲ χὴν προσῆλθον καὶ ἐπεπήδησαν. ϕανέντων δὲ πᾶσι τούτοις ἀδυνάτων ἀπέςησαν. Circa Pyrenæos montes in æneam vaccam bos tanquàm initurus conscendit : pictis verò cani, columbæ, anseri, fœminis mares ejus generis sese cùm adjunxissent, et insiluissent, destiterunt, quoniam id fieri non posse cognoscerent [12]. Il n’y a peut-être rien de plus malin ni de plus ingénieux dans le Cento Virgilianus de Lélio Capilupi, contre les moines, que l’application qu’il fuit de l’un des vers de Virgile, que je citerai ci-dessous. Voici un morceau de ce centon :

O fortunatos nimium, sua si bona norint !
Non absunt illis saltus, armentque læta.
Cælati argenti sunt, auri multa talenta,
Sacra, deum, sanctique patres ; et chara sororum
Pectora mœrentum tenebris et carcere cæco
Centum ærei claudunt vectes ; et sæpè sine ullis
Conjugiis vento gravidæ, mirabile dictu
Relligione sacræ, non hæc sine numine divûm
Jam nova progenies cœlo demittitur alto.
Credo equidem, nec vana fides, genus esse Deorum.

(C) Il en parle aussi par rapport à toutes les cavales en général. ] Ce qui me fait expliquer ainsi ce passage d’Aristote, est qu’autrement il me paraîtrait contradictoire. On en jugera par ce précis. On y voit que la chaleur des cavales s’appelle envie enragée de jouir du mâle, ἱππομανεῖν : qu’on dit aussi qu’en ce temps-là elles s’éventent ἐξανεμοῦσθαι : que quand elles sont en cet état elles s’éloignent des autres cavales et des chevaux ; qu’elles courent, non vers l’orient ou vers l’occident, mais vers le nord ou vers le midi ; qu’elles ne se laissent approcher de qui que ce soit, sinon quand la fatigue les fait arrêter, ou bien quand elles sont arrivées auprès de la mer : qu’alors elles jettent quelque chose qu’on nomme hippomanes ; que les cavales dans la saison de l’accouplement se rassemblent ; qu’elles aiment la compagnie plus qu’auparavant ; qu’elles remuent plus souvent la queue ; que leur hennissement change ; qu’elles jettent l’hippomanes. Elles pissent aussi, dit Aristote, plus souvent, et jouent entre celles quand elles sont en chaleur. Je suis fâché de n’avoir pas assez de pénétration pour voir beaucoup de netteté et d’exactitude dans ces paroles : mais quoi qu’il en soit, si l’ἐξανεμοῦσθαι n’est point différent de l’ἱππομανεῖv, comme l’espèce diffère du genre, il s’ensuivra qu’Aristote nous aura appris que les cavales qui sont en chaleur fuient toute compagnie, et que néanmoins elle s’attroupent avec plus de plaisir qu’auparavant. Or comme ce serait une ridicule contradiction, il faut conclure qu’Aristote n’a entendu par ἐξανεμοῦσθαι qu’une certaine espèce de chaleur ; ou si l’on veut qu’il y ait là quelque chose de commun à toutes les jumens, il faudra dire que c’était un état qui précédait la maturité de la passion, et ce qu’Aristote nomme un peu après ὥραν τῆς ὀχείς, tempus coïtûs. Mais voilà qui ruine de fond en comble le système de M. de Saumaise, je veux dire cette explication qui lui plaît tant, et qu’il fait revenir encore plus d’une fois dans une autre page, après avoir censuré avec raison le grand homme qui avait cru que l’ἐξανεμοῦσθαι d’Aristote se devait entendre de ces cavales qui devenaient pleines par l’opération du vent. Il est certain qu’Aristote ne parle point de cela, et qu’il n’y aurait rien à dire contre M. de Saumaise, s’il s’était contenté d’assurer que ce mot signifie se rafraîchir par le moyen du vent que l’on hume à bouche béante ; le mal est dans ce qu’il ajoute à cette interprétation. ἐξανεμοῦσθαι, dit-il [13], est eventilari et vento excepto hiante ore refrigerari, quod equæ faciunt ubi ad satietatem initæ non fuerint. Ex eo quidem interdùm et concipere autores tradidêre, idque in Hispaniâ tantùm. Non tamen ἐξανεμοῦσθαι significat ex vento concipere. Loquitur Aristoteles de iis equabus quæ admiserint sed non satis, nec meminit eo loco conceptionis ullius quæ ex vento fiat. Notez que M. de Saumaise se trompe en assurant qu’on n’a dit cela que des cavales d’Espagne : on l’a dit aussi de celles de Cappadoce [14].

Ne quittons point cette matière sans observer qu’il y a beaucoup d’apparence qu’Aristote a coupé en deux ce qu’on lui avait conté touchant l’ardeur des cavales amoureuses. Il en a rejeté ce qui lui en paraissait incroyable, et a gardé le reste. Mais il eût peut-être bien fait de rejeter toutes ces courses vagabondes, qui ne tendaient jamais que d’un pôle à l’autre ; de les rejeter, dis-je, aussi bien que ces conceptions qui n’étaient produites que par les vents [15]. Virgile, revêtu qu’il était des priviléges de la faculté poétique, n’a voulu rien ôter de la tradition ; il a supposé que les cavales cherchent les vents, et qu’elles les trouvent doués de la vertu prolifique. Voici comme il en parle :

Continuòque avidis ubi subdita flamma medullis
Vere magis (quia vere calor redit ossibus) illæ
Ore omnes versæ in Zephyrum stant rupibus altis,
Exceptantque leves auras : et sæpè sine ullis
Conjugiis vento gravidæ (mirabile dictu)
Saxa per et scopulos et depressas convalles
Diffugiunt, non, Eure, tuos neque solis ad ortus
In Borean, Caurumque aut undè nigerrimus Auster
Nascitur et pluvio contristat frigore cœlum [16].

On peut recueillir de ce récit, que c’était le vent d’occident qui rendait pleines ces cavales, et qu’elles se tenaient en repos sur quelque hauteur pour le recevoir, en lui présentant croupe ou la bouche (car c’est un point qui n’a pu encore être vidé par les critiques, y ayant des raisons de part et d’autre), après quoi elles couraient comme des furieuses ou du nord au sud, ou du sud au nord. On pardonne ces fictions aux poëtes, mais on ne saurait pardonner [17] à Varron, à Pline, à Solin, à Columella, et à quelques autres, d’avoir débité, comme un fait certain, qu’en Portugal les cavales font des poulains qui n’ont point d’autre père que le vent. L’historien Trogus Pompée s’est fort moqué de cela [18]. André Résendius, savant Portugais, rapporte [19] qu’on n’en a nulle preuve dans son pays. François Fernand de Cordoue [20] a réfuté le même conte par saisons, par autorités et par expérience.

Cela fait voir que saint Augustin n’a pas bien choisi tous les exemples qu’il a opposés à l’incrédulité qu’il remarquait dans les païens, par rapport aux mystères de l’évangile ; car entre autres choses dont il dit [21] qu’on ne doutait pas, et dont on ne pouvait rendre nulle raison, il leur parle des cavales que le vent rendait fécondes. Ce n’est point un fait dont les païens demeurassent généralement d’accord. Nous le voyons sifflé dans Justin, avec l’approbation de Léonard Cocq [22]. Eustathius, évêque de Thessalonique [23], le traite de fable, et tout le monde aujourd’hui s’en moque [24]. Avec tout cela on en donnerait mieux la raison dans la nouvelle hypothèse que tous les animaux sortent d’un œuf, que de la course que ces cavales affectaient d’un pôle à l’autre. Si Aristote, qui ne paraît point douter de ce fait, y avait voulu exercer ses principes de physique, il y aurait trouvé plus de besogne que M. Descartes n’en a trouvé dans la direction de l’aimant. M. Descartes lui-même aurait bien pu y demeurer court, faute d’une canelure des parties insensibles, telle qu’il la faudrait pour expliquer la vertu des vents méridionaux et septentrionaux, sur les cavales qui avaient humé le vent d’occident. Quoi qu’il en soit, je ne pense point que ceux qui gouvernent aujourd’hui les haras pussent fournir à Aristote des mémoires confirmatifs de ceux qu’il a publiés. Qui croirait, par exemple, qu’il y ait eu à Oponte [25] un étalon qui pouvait remplir son devoir à l’âge de quarante ans, quoiqu’il eût besoin de secours afin de lever ses pieds[26]. Pline a fort bien copié ce passage d’Aristote quand il a dit ; Opunte et ad quadraginta durâsse aïunt adjutum modò in attollendâ priore parte corporis[27]. Mais Solin s’y est comporté en très-malhabile copiste ; car voici ses paroles : Notatum etiam advertimus Opuntem nomine equum ad gregariam venerem durâsse in annos quadraginta [28]. Ce cheval appartenait à un habitant d’Oponte, et Solin a cru que le nom de cette ville était celui du cheval. M. de Saumaise[29] ne lui a pas laissé passer cette bévue. L’omission du besoin d’être soulevé par les pieds de devant, qui était la principale rareté du fait, ne méritait guère moins d’être relevée[* 2].

Ce que j’ai dit de saint Augustin convient aussi à Origène[30] et à Lactance, qui ont tâché de persuader la virginité immaculée de la mère de Jésus-Christ, par les exemples de conceptions sans l’aide du mâle, débités dans le paganisme. Quòd si animalia quædam vento aut aurâ concipere solere omnibus notum est, cur quisquam mirum pulet cùm spiritu Dei cui facile est quidquid velit, gravatam esse Virginem dicimus[31] ? Les pères faisaient flèche de tout bois, et ex omni ligno Mercurium. S’ils avaient seulement allégué cela ad hominem, on ne pourrait pas s’en plaindre ; mais ils l’affirment comme un fait constant. Je ne sais s’ils citent ce que conte Pomponius Méla, de certaines femmes sauvages de l’Éthiopie, qui devenaient mères sans le concours d’aucun homme. Super eos grandis littoris flexus grandem insulam includit, in quâ tantùm feminas esse narrant, toto corpore hirsutas, et sine coïtu marium suâ sponte fæcundas : adeò asperis efferisque moribus, ut quædam contineri ne reluctentur vix vinculis possint. Hoc Hanno retulit, et quia detracta occisis coria pertulerat, fides habita est[32]. Vous voyez qu’on cite Hannon : mais on le falsifie ; car il n’a point dit que les femmes de cette île fussent sans hommes : Non rectè Hannoni, adfingit, insulam hanc habitari à feminis solis, et quidem suâ sponte fæcundis, cùm Hanno contrarium dicat : utriusque enim sexus homines in eâ insulâ fuisse scribit, quamvis multò plures feminas[33].

  1. * C’est ici que se terminait cette remarque dans le Projet, etc., publié en 1692.
  2. * C’est ici que dans le Projet de 1692 finissait cette remarque.
  1. C’est ainsi peut-être qu’il faut traduire le grec de Théophraste, liv. IX, Hist. Plant., cap. XV. Καὶ τὸ τνθύμαλλον ἐξ τοῦ τὸ ἱππομανὲς, ἄριςον δὲ τὸ περὶ Τεγέαν, καὶ έκεῖ μάλιςα σπουδάζεται. M. de Saumaise, Exercit. Plinian., pag. 941, rapporte ἄριςον, etc. à ἱππομανὲς.
  2. Idem, pag. 94.
  3. Exercit. Plinian. in Solinum, pag. 941.
  4. Au rapport du médecin Jacques Ferrand, pag. 226 du Traité de la Maladie d’Amour. Je range ces quatre médecins comme lui, bien que je sache que Cratevas est plus ancien de plusieurs siècles que les autres.
  5. Medic. Polit., lib. IV, cap. II.
  6. In Carapo Elysio jucundar. Quæst. XXIX.
  7. Lib. IV, cap. VII.
  8. Auson., Epigram. LVIII.
  9. Tom. V, pag. 113, et non pag. 213, comme on le marque dans l’Anti-Baillet, part. II, art. CXVIII.
  10. IIe. part. art. CXXXII.
  11. Secondo Lancelotti da Perugia, abbate Olivetano, accademico Insensato, Affidato, e Humorista, l’Hoggidì, ovvero il Mondo non peggiore nè più calamitoso del passato, part. II, Disinganno XV, pag. 309.
  12. Athen., lib. XIII, pag. 605.
  13. Salmas., Exercitat. Plin., pag. 943.
  14. Voyez saint August., de Civitate Dei, lib. XXI, cap. V.
  15. Plusieurs auteurs, comme Fr. Modius, nov. antiq. Lect., epistolâ LXXIV, Dausqueius, in Silium Italicum, lib. III, pag. m. 134, imputent faussement à Aristote d’avoir parlé de ces conceptions.
  16. Virg. Georg., lib. III, vers. 271.
  17. Voyez Jo. à Wower., de Polymath., c. XI.
  18. Justin., lib. XLIV, cap. III.
  19. Antiq. Lusitanicar. lib. I.
  20. Didascal. multipl., cap XLVIII.
  21. De Civitat. Dei, lib. XXI, cap. V. Voyez le dernier paragraphe de cette remarque.
  22. Dans ses Notes sur saint Augustin, de Civit. Dei, lib. XXI, cap. V.
  23. In Iliad., lib. XX, vers. 225.
  24. Harduin. in Plin., tom. II, pag. 212. Notez que quelques-uns le croient, comme Louis Carrion, Observat., lib. I, cap. XVII, et lib. II, cap. IV.
  25. Ville des Locres Epicnémidiens.
  26. Arist., Hist. Anim., lib. VI, cap. XXII.
  27. Plin., lib. VIII, cap. XLII.
  28. Solin., cap. XLV.
  29. Exercit. Plin., pag. 936.
  30. In libris adversùs Celsum.
  31. Lactant., divin. Institut., lib. IV, cap. XII, pag. m. 246, 247.
  32. Pomp. Mela., lib. III, cap. IX.
  33. Isaacus Vossius, in Pompon. Melam, ibid. Gaspar à Reïes, quem vide in Elys. jucund. Quæst. Campo, Quæst. XLI, num. 13 et seq. ignorait l’erreur de Méla.

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