Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Adam 2


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ADAM, archidiacre de la chambre patriarcale, et supérieur des religieux de la Chaldée, fut envoyé à Rome au commencement du XVIIe. siècle, par Élie, patriarche nestorien de Babylone. Ce patriarche, ayant fait examiner par ses évêques la profession de foi que le pape Paul V lui avait envoyée, chargea Adam de la présenter à ce pape, avec les changemens qu’ils y avaient faits ; mais il lui donna ordre en même temps d’y corriger ce que le pape y trouverait à redire. C’était une ambassade d’obédience que celle de notre Adam. Ce religieux, étant arrivé à Rome, s’acquitta de sa commission avec le plus de soin qu’il put. Il avait porté avec lui un écrit où il prétendait allier la foi des Orientaux avec celle de l’Église romaine, et faire voir que leurs différens n’étaient qu’une dispute de mots (A). Il avait d’abord montré cet écrit à son patriarche, et puis, par son ordre, à tous les évêques du parti ; et il avait été un an entier à aller de ville en ville pour le faire approuver à ces évêques. Pierre Strozza, secrétaire de Paul V, fut chargé de répondre à cet écrit. La réponse approcha plus de la dureté que de la condescendance : il n’expliqua rien favorablement, et il fallut que le légat du patriarche se soumît, non-seulement aux dogmes, mais aussi aux expressions de Rome. Il signa tout ce qui lui fut proposé de la part du pape ; et, ne se contentant pas d’abjurer toutes les erreurs de sa nation, il fit des livres, et les adressa à ses compatriotes pour leur communiquer les lumières qu’il avait acquises à Rome. Il en partit après un séjour de trois années, et il porta à son patriarche Élie un bref de Paul V qui rejetait tous les moyens d’accommodement que ce patriarche avait proposés, et l’obligeait à condamner tous les termes qui pourraient couvrir l’erreur[a]. Adam fut accompagné de deux jésuites[b], qui eurent ordre de travailler à l’entière réunion de cette secte.

  1. Tiré du chap. X du livre V de la Perpétuité de la Foi défendue. M. Arnaud cite le Traité de Pierre Strozza, de Dogmatibus Chaldæorum.
  2. Nicol. Godignus, de rebus Abassinorum. lib. I, apud Aub. Miræum, de Statu Relig. Christ., pag. 226.

(A) Leurs différens n’étaient qu’une dispute de mots. ] Le sieur de Moni[* 1] dans son Histoire critique du Levant, paraît fort persuadé que le patriarche Élie avait raison de soutenir qu’il n’y a qu’une pure question de nom entre les nestoriens d’aujourd’hui et les catholiques. Le nestorianisme d’aujourd’hui, dit-il[1], n’est qu’une hérésie imaginaire, toute cette diversité de sentimens ne consiste qu’en des équivoques, d’autant que les nestoriens prennent le nom de personne d’une autre façon que ne font les Latins. Pourquoi donc n’aquiesca-t-on pas aux éclaircissemens que le patriarche de Babylone fit donner ? C’est que, pour garder le decorum, et par une fausse délicatesse de point d’honneur, il fallait toujours soutenir que le nestorianisme était une dangereuse hérésie : autrement, il aurait fallu prostituer l’honneur des conciles œcuméniques. C’est ce que le sieur de Moni aurait dit en pays de Liberté ; mais en France il a fallu qu’il se soit servi d’expressions un peu moins développées. Comme les conciles, a-t-il dit[2], ont condamné l’hérésie de Nestorius, il était ce semble nécessaire qu’on fît voir à Rome que le nestorianisme était une véritable hérésie, puisqu’elle avait été condamnée par l’Église dans un concile général. Il ajoute avec les mêmes ménagemens que quelques-uns pourraient inférer des actes mêmes des anciens conciles, que le nestorianisme n’est qu’une hérésie de nom, et que si Nestorius et saint Cyrille se fussent entendus, ils auraient pu concilier leurs opinions[3].

  1. (*) Moni est le pseudonyme de R. Simon.
  1. Moni, Histoire Critique de la Créance et des Coutumes des Nations du Levant, pag. 93.
  2. Moni, Histoire Critique, etc. pag. 93, 94.
  3. Là même, pag. 94.

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