Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Acindynus 1


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ACINDYNUS (Grégoire), moine grec du XIVe. siècle. Il se joignit à Barlaam, qui, depuis son entrée dans l’église grecque, avait pris à tâche de confondre les hésycastes qui s’étaient fort multipliés parmi les religieux du mont Athos. Les hesycastes étaient des dévots contemplatifs dont le nom fait assez connaître que dès ce temps-là il y avait des quiétistes dans le monde. Ils croyaient voir dans le fort de leurs oraisons une lumière semblable à celle qui parut sur Jésus-Christ lors de la transfiguration à la montagne de Thabor, et ils disaient que cette lumière était incréée, quoiqu’elle fût très-distincte de l’essence de Dieu[a]. Acindynus, secondant l’impétuosité de Barlaam, écrivit contre les illusions de ces fanatiques, et fut un des tenans contre eux dans un concile de Constantinople. Mais il eut le malheur de rencontrer des antagonistes qui avaient plus de crédit que lui ni que Barlaam, et qui leur firent essuyer bien des censures et bien des condamnations en divers conciles. Le mauvais succès qu’il avait eu à celui de Constantinople, environ l’an 1337, ne l’empêcha point d’accuser publiquement d’hérésie les fauteurs de Grégoire Palamas. C’est pourquoi il se vit cité par le patriarche de Constantinople, l’an 1341. Il se trouva au concile, et fut condamné à se taire, sous peine d’excommunication. Six ans après on le poussa encore plus vivement, parce que Jean Cantacuzène, qui était devenu empereur, aimait Palamas. Les censures et les excommunications qui tombèrent à diverses fois sur la tête d’Acindynus, le réduisirent enfin à une vie plus tranquille et tout-à-fait obscure. Jacques Gretser, jésuite allemand, publia à Ingolstad, en l’année 1616, les deux livres d’Acindynus, De essentiâ et operatione Dei. Léon d’Allazzi a publié un poëme[b] et quelques fragmens de ce même auteur[c], qui, ayant eu la destinée de passer pour hérétique assez long-temps (A), a trouvé enfin des juges plus éclairés et plus équitables (B).

  1. Voyez les auteurs cités par le père Maimbourg, Histoire du Schisme des Grecs, liv. V, pag. 149, 150. Edit. de Hol..
  2. Græc. Orthod. tom. I, à pag. 756, ad 770.
  3. In lib. II, cap. XVI, de Consensu, etc. apud Appendic. Cave, Hist. Liter. Script. Eccles. pag. 34. Consultez cet Appendix, touchant cet article-ci.

(A) De passer pour hérétique assez long-temps. ] Comme dans la chaleur de la dispute on ne songe qu’à presser son adversaire, on ne s’éblouit que trop souvent à un tel point, qu’on ne s’aperçoit pas que l’on passe d’une extrémité à l’autre, ou qu’au moins on pousse ses raisons si loin, qu’elles prouvent trop. Je ne doute point que Barlaam et Acindynus n’aient par là donné prise à leur adversaire Palamas, et qu’étant orthodoxes dans le fond, ils n’aient quelquefois raisonné en hérétiques. Pratéolus n’a pas manqué de les placer dans son catalogue ; mais il est impossible de rien comprendre dans l’arrêt de leur condamnation, tel qu’il le rapporte. Ce qu’il y a de moins obscur dans son livre, à l’égard de Barlaam et d’Acindynus, est que le concile qui fut convoqué pour les condamner fut célébré en présence du bienheureux et trés-célèbre empereur Michel Andronic Paléologue, et de Jean son fils, sous Henri VII, empereur d’Allemagne, et le pape Jean XXII, environ l’an 1313 de Jésus-Christ [1]. Tout cela fourmille de fautes, car, 1°. dans le siècle[2] dont il s’agit ici il n’y a point d’autre empereur de Constantinople qui puisse être traité de bienheureux par un catholique romain que Michel Paléologue. Il se réunit avec le saint siége, et il mourut dans cette union. Or il ne se nomme pas Michel Andronic ; il n’eut point de fils nommé Jean, et il mourut l’an 1283. En second lieu, l’empereur dont le fils se nomme Jean ne se nomme qu’Andronic Paléologue, ne commença de régner qu’en 1328, et n’eut point pour contemporains Henri VII et Jean XXII. Enfin, il est faux qu’Acindynus ait été condamné environ l’an 1313. Le père Gaultier n’oublie point dans ses tables chronologiques Barlaam et Acindynus : il les loge au quartier des hérétiques, et cela sur le témoignage de Pratéolus.

(B) A trouvé enfin des juges plus équitables. ] Voyez les auteurs cités par M. Moréri : je veux dire Pontanus sur Cantacuzène, et les Annales de M. de Sponde. Voyez aussi celles de Bzovius, le père Gretser[3], le père Maimbourg[4], et les auteurs qu’il cite dans l’ouvrage indiqué à la marge.

  1. Prateoli Elench. Hæret. pag. 86, edit. Colon. ann. 1605, in-4.
  2. On prend ici ce mot en général pour l’espace de cent années, à les commencer où l’on veut.
  3. Gretseri Notæ in Cantacuzenum, et in editione Acindyni.
  4. Maimbourg, Hist. du Schisme des Grecs, liv. V.

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