Dictionnaire historique d’argot /Édition Dentu/1881/Supplément, S

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SABACHE : Simple. (A. Pierre.) — Pour Saboche.

SABLE (être sur le) : Être en disponibilité. Jargon des souteneurs. Allusion à leur nom de poisson. (Rigaud.)

SABLENAUT : Cordonnier. (Michel.) — Pour sabrenot (page 323).

SABLON : Cassonade. (Id.) — Elle ressemble à du sable.

SABOCHE : Mauvais ouvrier. — SABOCHER : Travailler trop vite. (Delvau.) Dérivés de sabot.

SABORD (jeter un coup de) : Vérifier l’ouvrage. Jargon d’ouvriers. (Rigaud.) — Mot à mot : jeter un coup d’œil. Un sabord est un œil pour le navire.

SABOT : Objet démodé, vieux, hors de service (Rigaud) ; mauvais violon, mauvais billard, homme aimant à dormir. (Delvau.)

SABOT : Mauvais ouvrier. — « Combien gagne-t-il ? — Huit sous l’heure. ! — Un sabot, quoi ! » (Huysmans, 79.) — Allusion au sabot avec lequel on marche moins bien qu’avec le soulier.

SABOURIN : Maladroit. — « Il n’y a que des sabourins dans son échoppe. » (Le Sublime, 72.) — Doit venir de sabrer. V. sabreur.

SABRE (coup de) : Grande bouche. (Rigaud.) — Allusion à la largeur d’une blessure de coup de sabre.

SABRENAS : Gâcheur, mauvais ouvrier. (Michel.)

SABRENOT : Savetier. Allusion à leur sabre ou tranchet. (Halbert.)

SABREUR : Ouvrier travaillant vite et mal. (Rigaud.) — Du verbe sabrer qui veut dire mot à mot : travailler à coups de sabre, c’est-à-dire à coups pressés sans ordre.

SAC PLEIN (avoir le) : Être ivre. (Delvau.)

SAC À OS : Maigre. (Rigaud.) — Le sac est ici la peau.

SAC AU LARD : Chemise. (Delvau.) — Le lard désigne ici le corps humain.

SACQUER : Renvoyer, mot à mot : donner son sac à quelqu’un. — « T’es toujours noceur, tu te seras fait sacquer. » (Le Sublime.)

SACRISTIE : Lieu d’aisances. Jargon de voleur. (Rigaud.)

SAFFRE : Gourmand. (Michel.) — Vieux mot.

SAFRAN (aller au) : Dissiper son bien. (Delvau.)

SAIGNEMENT DE NEZ : Interrogatoire. — Faire saigner du nez : interroger. (Rigaud.)

SAINT-DOME : Tabac. — Abrév. de Saint-Domingue ; patrie du tabac, dit M. Rigaud, C’est une variante de saindomme (p. 324). Le manque absolu d’exemples anciens met dans le doute sur la forme vraie et l’origine de cette expression.

SAINT JEAN : Outillage d’un compositeur. — Prendre son saint Jean : quitter l’atelier. (Boutmy.)

SAINT LUNDI (faire la) : Ne pas travailler le premier jour de la semaine. Ironie à l’adresse des jours fériés par l’Église.

SAINT PÈRE : Tabac à fumer. Argot des marbriers de cimetière. (Delvau.) — D’après M. Rigaud il serait passé dans le jargon des ouvriers.

SAINTE TOUCHE : Jour de la paye. (Boutmy.) — Ironie voltairienne.

SALADE : Pêle-mêle. (Michel.) — Allusion au pêle-mêle de la salade.

SALADE : Fouet. (Id.) — Il vous sale (cuit).

SALADIER : Vin sucré. — Récipient pris pour le contenu — « Il ne sortait pas du saladier, ça vous retapait un homme. » (Le Sublime, 72.)

SALE : Gris. (Halbert.) — Ce qui est gris paraît sale.

SALÉ : Travail payé d’avance à un compositeur ou à un metteur en pages d’imprimerie qui ne touchera rien à la banque. Cet exemple donne peut-être la clef de l’étymologie : « On dit que le salé fait boire parce qu’il n’encourage pas à travailler. » (Boutmy.) — Salé semble avoir un sens plus ironique dans cet exemple : « Tout ça ce n’est pas du salé. En voilà de la turbine, ! On se casse les ongles sur ce papier-là ! » (Huysmans, 79.)

* SALÉ (morceau de) : Petit enfant. — Il est blanc et rose comme un morceau de petit salé (lard).

SALLE À MANGER : Bouche. (Delvau.) — Les aliments y sont servis en effet.

SALLE DE DANSE : Derrière. (Rigaud.) — Allusion à faire danser : battre.

SALUER : Baisser la tête sous le feu des projectiles. (D. Lacroix.)

SANCHO-PANÇA : Juge de paix. (Michel.) — Don Quichotte est-il aussi connu dans le monde argotique ?

SANG DE POISSON : Huile. (Id.) — Allusion à l’huile de poisson.

SANS BEURRE : Chiffonnier de premier ordre. (Id.)

SANS BOUT : Cerceau. (Id.) — Un cercle n’a pas de bout.

SANS CAMELOTE : Escroc solliceur de zif. (Id.) V. Solliceur, p. 333.

SANS CHAGRIN : Voleur. (Vidocq.)

SAOULLE : Terme de mépris employé particulièrement en prison. (Halbert.)

SAPEUR : Cigare presque entier. (Rigaud.) — Il marche à la tête des autres, pour les ramasseurs de bouts de cigare,

SAPIN : Plancher. — Il est en sapin.

SAPIN DES CORNANTS : Terre. Mot à mot : plancher des vaches. (Michel.)

SAPINIÈRE : Fosse commune. (Rigaud.) — Jeu de mots sur sapin (arbre) et sapin (cercueil). V. p. 326.

SAQUÉ (être) : Être riche, avoir le sac (Boutmy.) — Voyez aussi sacquer.

SARDINE : Doigt. (Rigaud.) — Allusion de forme.

SARRASIN : Ouvrier travaillant quand les autres font grève. Mot à mot : infidèle. (Delvau.)

SATON : Matériel de saltimbanque.

SAUCE PIQUANTE (accommoder à la) : Persiffler, battre. (Delvau.) — On dit aussi mettre à la sauce piquante.

SAUCE TOMATE : Menstrues. (Rigaud.)

SAUCISSE : Fille publique. (Id.)

SAUMON : Personne riche décédée. (Id.) — Jargon de croque-mort.

* SAUTER (puer) : Peut être une abrév. de sauter au nez qui se dit familièrement. Cela saute au nez : cela est infect.

SAUTER : Voler. (Halbert.) — Mot à mot : faire sauter. Même image que dans évanouir, filer, etc.

* SAUTEROLLE : Abrév. de sauterondolles.

SAUTE-RONDOLLES : Banquier. (Halbert.) — Mot à mot : voleur de sous (ronds).

SAUTEUSE : Puce. (Halbert.)

SAUTU : Santé. (Id.) — Pour santu.

SAVATE : Ouvrage mal fait (Delvau), homme inhabile. (Rigaud.) — Traîner la savate : Être misérable. (Id.) — Mot à mot : n’avoir pas de quoi s’acheter des chaussures.

SCARABOMBE : Étonnement. Scarabomber : Étonner. (Id.)

SCHAKO : Tête. — « Est-ce que vous vous fichez dans le schako que vous allez nous embêter plus longtemps. » (Durandeau, 78.)

SCHLOFFER : Dormir. — De l’allemand schlafen : dormir. — « J’ai filé, je suis allé schloffer un brin. » (Zola.)

SCHPIL, SCHPILE : Bien exécuté. — Schpiler : réussir un ouvrage. (Rigaud.) — Semble venir de l’allemand spiegel : modèle.

SCHTARD : Prison. (Id.) — Forme altérée de jettard, page 212.

SCIER DU BOIS : Jouer du violon. — Scieur de bois : violoniste. (Delvau.) — Comparaison de l’archet à la scie.

SEC : Mort. (Rigaud,)

SÈCHE : Cigarette. V. cramer.

SÈCHE : Mort. (Rigaud.) — Le squelette qui la personnifie n’est pas gras.

SÈCHE (piquer une) : Avoir une mauvaise note. Argot des écoles.

SÉCHÉ (être) : Avoir échoué à l’examen. (Rigaud.) — Du terme piquer une sèche.

SÉCHÉ (être) : Être dégrisé. (Delvau.) — Mot à mot : n’être plus mouillé (gris).

SÉCHER LE LYCÉE : Ne point aller au lycée. (Rigaud.)

SÉCHER UN DEVOIR : Ne pas faire de devoir. Argot des écoles.

SÉCHOIR : Cimetière. (Rigaud.) — C’est le séjour des secs et la sèche est là sur son terrain. V. ces deux mots ci-dessus.

SECOUSSE (prendre sa) : Mourir. (Michel.) — Allusion à la dernière convulsion de l’agonie. Mot du xviiie siècle.

SEIZE-MAYEUX : Fonctionnaire du ministère du 16 mai 1877. (Rigaud.) — Jeu de mots ironique des journaux républicains sur mai et mayeux (bossu). — La finale eux est un péjoratif politique employé par tous les partis. On a commencé par dire partageux, communeux (à l’imitation des paysans) ; puis est venu bonaparteux.

SEIZIÈME : Seizième de litre. — « Un patriarche qui l’exorcisait derrière les bocaux d’alcool, en faveur de trois seizièmes (d’eau-de-vie) de cent sept ans. » (Intermédiaire, 10 juill. 70.)

SEMER : Se débarrasser, terrasser. (Delvau.) — Mot à mot : éparpiller, répandre sur le chemin, sur la place.

SÉMINAIRE : Bagne. (Rigaud.) — Le même nom est donné dans les campagnes aux cages des poulets à l’engrais.

SEMPER : Tabac. (Id.) Voyez saint père.

SÉNAT : « Depuis longtemps, les travailleurs appellent sénats les boutiques des marchands de vins où ils se réunissent par spécialités. » (Le Sublime, 72.)

SÉNATEUR : Bourgeois bien mis. (Rigaud.)

SERGENT D’HIVER : Soldat de première classe. (Id.) — Allusion ironique à ses galons de laine. La laine tient chaud l’hiver.

SERIN : Gendarme. — Allusion au jaune des buffleteries. (Delvau.)

SERINGUE À RALLONGES : Télescope. (Rigaud.) — Allusion à sa forme et à ses tubes s’allongeant à volonté,

SERPENT : Sergent dans les lycées. — Déformation du mot et allusion au galon serpentant sur la manche.

SERPENT (faire un) : Les écoliers se mettent les uns derrière les autres et courent dans toute la cour en suivant toujours leur chef de file ; ils forment ainsi les anneaux d’un immense serpent. Le serpent est surtout usité en hiver pour se réchauffer. — Argot des écoles.

SERPENT : Crachat. (Michel.)

SERPENTIN : Matelas. (Id.)

SERPETTE : Jambe courte. (Rigaud.)

SERPILLIÈRE : Robe, soutane. (Halbert.) — Vieux mot qui veut dire aujourd’hui toile, mais qui, au xiiie siècle, voulait dire robe.

SERREBOIS : Sergent. — Il fait serrer les rangs. — Allusion à un écrou que les menuisiers appellent de leur côté sergent. (D. Lacroix.)

SERRER LE BRANCARD : Serrer la main. (Rigaud.) — Allusion à l’aspect fourchu de la main qui étreint.

SERRER LES FESSES : Avoir peur. (Id.) — Celui qui foire (a peur) serre les fesses à tout moment sur le chemin de la garde-robe.

SEUL HOMME (faire le) : — Pour faire le seul homme, les écoliers se tiennent un par un très serrés l’un derrière l’autre. C’est toujours un prétexte à désordre. Argot des écoles.

SIANTE : Chaise. (Halbert.) — Du verbe seoir.

SIFFLER AU DISQUE : Demander de l’argent. — Allusion au mécanicien du chemin de fer sifflant au disque pour demander l’ouverture de la voie. De plus, la monnaie est ronde comme le disque. — « Il avait beau siffler au disque… Rien ! » (Le Sublime, 72.)

SILENCE : Huissier. (Michel.) — C’est le pendant moderne de paix-là !

SINQUI : Cela. (Halbert.) — Doit être un mot de nos patois de l’Ouest.

SINVINERIE : Niaiserie. (Michel.) — De sinve (p. 331).

SITRIN : Noir. (Id.)

SITRON : Aigre. (Id.) — Le citron est acide.

SIVE : Poule. (Id.)

SIX ET TROIS FONT NEUF : Boiteux. (Rigaud.) — Même genre d’allusion que pour cinq et trois. Voir ce mot.

* SŒUR (et ta) : M. Rigaud voit une allusion dans ce couplet d’une chanson populaire chantée sur un air de valse de la Fille du régiment :

Et ta sœur est-elle heureuse,
A-t-elle z’évu beaucoup d’enfants ;
Fait-elle toujours la gueuse,
Pour la somme de trois francs ?

Cette origine paraît vraisemblable. Il n’y manque que la date de la chanson.

SŒURS BLANCHES : Dents. (Michel.)

SŒUR DE CHARITÉ : Voleuse se présentant sous prétexte de bonnes œuvres. (Vidocq.)

SOLLICEUR DE LOFFITUDE : Homme de lettres. (Michel.) — Mot à mot : marchand de sottises. — Solliceur de pognon : Banquier.

SOMBRE (la) : Préfecture de police. (Rigaud.) — Pour les malfaiteurs, l’ancien bâtiment était très sombre, à tous les points de vue.

SONNER (se la) : Bien dîner. (Id.)

SONNER : « Le magistrat demanda ce que voulait dire le mot sonné. — « Ah ! répondit-il sans s’émouvoir, je vas vous dire, monsieur le juge. Chez nous, là-haut à la Villette, on dit comme ça quand on a pris un homme couché par terre par les oreilles et qu’on lui a tapé le derrière de la tête contre les pavés jusqu’à ce qu’il soit achevé ! » (Petit journal, oct. 78.)

SORGUE : Rue. (Halbert.)

SORLOT : Soulier. (Rigaud.)

SORTE : Mystification, scie (v. ce mot) dans le langage des ouvriers imprimeurs. « Conter une sorte, c’est narrer une histoire impossible… Il y a aussi des sortes en action. » (Boutmy, 78.)

SORTI (être) : Être distrait. (Rigaud.) — Quand on est sorti, on n’y est pas (on n’est pas à la question).

SOUCHE (fumer une) : Être enterré. (Id.) — Mot à mot : fumer la terre, faire pousser les souches des arbres qu’on y plante.

SOUDEUR : Commis d’octroi. (Halbert.) — Pour sondeur.

SOUFFLER MAL : Avoir de mauvaises intentions, (Rigaud.) — Jeu de mots sur avoir mauvais air.

SOUFFLER SON COPEAU : Travailler. (Delvau.) — Allusion au sifflement du rabot de menuisier.

SOUFRANTE : Allumette. — Elle est soufrée. (D, Lacroix.)

SOULOTTEUR : Ivrogne. — « C’était peut-être un mauvais sujet, un soulotteur prompt aux disputes. » (Huysmans, 79.)

SOUPAPE (serrer la) : Chercher à étrangler. (Rigaud.) — Mot à mot : mettre obstacle à la respiration.

SOUPAPES (faire cracher ses) : S’enivrer. — Terme de mécanicien. Comparaison de l’ivrogne à une machine bien chauffée. C’est par les soupapes que s’échappe le trop-plein de vapeur. — « Si ses soupapes ont craché le dimanche, le lundi il a mal aux cheveux. » (Le Sublime, 72.)

SOUPE DE TA TRANCHE (j’ai) : Tu m’ennuies. Argot de soldat. (Rigaud.) — Mot à mot : j’en ai mangé assez pour aujourd’hui. Le souper est le dernier repas.

SOUPENTE : Ventre. Jeu de mots sur soupente, grenier et soupe. Le ventre est un grenier à soupe.

SOUPESER (se faire) : Se faire réprimander. (Rigaud.)

SOUQUER : Rudoyer. Argot maritime. (Michel.)

SOUS LE LIT (être) : Se tromper. (Rigaud.) — Quand on est sous le lit, on n’y voit goutte.

SOUS-MERDE : Moins que rien, homme ou chose. (Id.) — Mot à mot : inférieur à une merde.

SOUS-OFF : Sous-officier. — Abréviation. — « L’ancien sous-off ne fera pas mal de lire le réquisitoire de l’officier. » (Savard, 76.)

SOUSSOUILLE : Souillon. — Redoublement de la première syllabe. — « Il ne pourrait aimer qu’une fille honnête, et non une de ces soussouilles. » (Huysmans, 79.)

SOUTENANTE : Canne. (Michel.) — Elle sert de soutien.

SOUTIRER AU CARAMEL : Soutirer de l’argent en employant la douceur. (Delvau.) — Le caramel est une douceur.

SPECTRE DE BANCO : Joueur ruiné. (Rigaud.) — Jeu de mots sur le Banco de Macbeth et du baccarat.

* SPORT, Sportsman : « Le terme de sports s’applique à tous les exercices, à toutes les occupations qui n’ont pas pour objet le commerce et le gain… Les jeux de mots, les railleries, les boutades à l’anglaise s’appellent aussi des « sports ». On voit que nous avons adopté ce terme de « sports » dans le sens le plus restreint possible, puisqu’il n’a chez nous qu’une seule acception. » (J. Amero.)

SQUARE : En Angleterre, square signifie : place publique carrée, qu’il y ait du gazon, des fleurs et des arbres, ou qu’il n’y en ait pas. Si la place affecte une forme géométrique autre que le carré ou le rectangle : ronde, elle est appelée circus ; fait-elle la demi-lune, elle reçoit le nom de crescent (croissant). Il semblerait plus logique d’appeler nos plantations jardin ou parterre au lieu de square. (J. Amero.)

STAFER : Dire. (Halbert.)

STOP : Anglicanisme employé par ceux qui ne veulent pas dire halte ! en français. On dit stoper pour faire halte.

STORES : Paupières. V. Pivoiner, Maillard (fermer).

STRON : Sentier. (Halbert.) — Doit être une erreur d’impression pour stroc : setier.

STYLE : Argent. Argot d’armée d’Afrique. (Rigaud.)

STYLÉ : Bien mis. (Id.) — On dit aussi il est dans le style pour il est élégant. Le chemin fait dans le peuple par ce terme artistique a été rapide. Les ouvriers peintres, sculpteurs et modeleurs ont dû le propager d’abord, en entendant dire d’une œuvre de beau caractère qu’elle avait du style.

* SUAGE : Chauffage, assassinat. (Michel.)

SUAGEUR : Chauffeur, assassin. (Id.)

SUBLIMER (se) : Tomber dans l’avilissement. (Rigaud.) Terme ironique à l’adresse des ivrognes arrivés au sublime de la soulographie. — On dit : c’est un sublimé.

SUBLIME : « On ne dit plus en parlant d’un travailleur paresseux, violent et ivrogne c’est un mauvais ouvrier, on dit c’est un sublime. » (Le Sublime, 72.) — « Deux vrais sublimes, anciennes grosses culottes. » (Id.) — On y voit une acception ironique de la chanson populaire de Tisserand, mais sublimé, d’où vient sublime, me paraît plus ancien, V. ci-dessus :

Le gai travail est la sainte prière
Qui plaît à Dieu, ce sublime ouvrier.

SUCE-LARBIN : Bureau de placement. (Michel.) — On y exploite souvent les domestiques.

SUCER LA POMME, SUCER LE TROGNON : Embrasser. (Delvau.) — La pomme est ici la joue. Trognon est un diminutif de trogne : figure.

SUCRE (un) : Très bon.

SUCRE (manger du) : Être applaudi. Jargon de théâtre. (Michel.) — Souvent le sucre est fourni par ceux qui paraissent le recevoir. On se rappelle la réponse d’une cantatrice bien connue à un ami qui lui disait : « Qu’a donc X… contre vous ? Son feuilleton de lundi était tout aigre. » — « Oh ! c’est que j’avais oublié de le sucrer dimanche. »

SUER : Tuer. (Halbert.) — Pour faire suer, p. 336.

SUIF : Grèce, assemblage de grecs. — Jeu de mots. Le suif est plein de graisse.

* SUIFFARD : Grec. Même équivoque que pour suif. V. Bédouin.

SUPIN : Soldat. (Michel.)

* SURFINE : Même sens que sœur de charité.

SURGEBEMENT : Arrêt définitif en cassation. (Id.) — Mot à mot : sur-jugement. V. Gerber.

SUR SEIZE ! : Attention ! (Rigaud.)

SYMBOLE : Crédit. — Allusion au Credo ou symbole des apôtres. De credo à crédit il n’y a pas loin. (Boutmy.)