Dictionnaire historique d’argot /Édition Dentu/1881/Supplément, O

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* OCCASE (d’) : Se dit de tout ce qui n’est pas vrai comme de tout ce qui n’est pas neuf. Un objet d’occasion est inférieur de qualité.

OCHE : Oreille. (Colombey.)

ŒIL D’OCCASE : Lorgnon. (Id.) V. Occase (d’).

ŒIL DE BŒUF : Pièce de cinq francs. (Id.) — Allusion de rondeur.

ŒIL QUI DIT MERDE À L’AUTRE : Œil qui louche. (Rigaud.) — Les deux yeux du louche semblent vouloir marcher l’un contre l’autre.

OFFICIER : Garçon d’office. (Id.)

OFFICIER DE TANGO, — DE TOPO : Tricheur. (Delvau.) — Jeu de mot sur topo : carte géographique.

OIGNONS (chaîne d’) : Dix de jeu de cartes. (Rigaud.) — Allusion aux chapelets d’oignons.

OIGNONS (peler des) : Gronder. (Id.) — Peler des oignons fait pleurer.

OISEAU : Auge de maçon. (Id.) — Elle se perche sur l’épaule.

OISEAU (faire l’) : Jouer l’ignorance. (Michel.)

OISEAU DE CAGE : Prisonnier. (Id.)

OLIVIER DE SAVETIER : Navet. (Id.) — M. Rigaud donne avec plus de vraisemblance olive de savetier. Facétie du genre de celle qui fait appeler une oie alouette de savetier. La suite en est interminable.

OLIVES D’EAU (changer les) : Uriner. (Delvau.) — M. Rigaud donne changer l’eau des olives. — Allusion testiculaire, mais non scientifique.

OMNIBUS : Verre contenant un demi-setier, résidu des liquides répandus sur le comptoir du marchand de vin, garçon de café supplémentaire. (Delvau.)

OMNIBUS (attendre l’) : Attendre qu’on verse à boire. (Rigaud.)

OMNIBUSARD : Faux misérable exploitant la pitié publique dans les omnibus. (Id.)

OMNICROCHE : Omnibus. (Id.) — Allusion aux accidents entre voitures.

ON PAVE : Exclamation signifiant qu’on n’ose passer dans la rue d’un créancier. (Boutmy.) — Allusion aux rues dépavées qu’on évite d’ordinaire.

ONCLE DU PRÊT : Mont-de-piété. — Variante de tante. (Rigaud.)

ORANGER DE SAVETIER : Basilic (Id.), réséda. (Delvau.)

ORANGES SUR L’ÉTAGÈRE : Belle gorge. (Rigaud.)

ORDINAIRES : Menstrues. (Delvau.) — Allusion de périodicité.

ORDRE MORAL : Nom donné au parti conservateur à la suite d’un discours politique (1874 à 1878). Il est employé exclusivement et ironiquement par les journaux démocratiques.

ORGUE : Homme. (Colombey.) — Mon orgue, ton orgue, son orgue : moi, toi, lui. (Rigaud.) — Cette double acception m’induit à penser que manger sur l’orgue (dénoncer) veut dire à mot : manger sur l’homme.

ORPHELIN : Bout de cigare. (Id.)

ORPHELINE DE LACENAIRE : « Prostituée du boulevard. Jargon de gens de lettres. » (Rigaud.)

OSANORE : Dent. (Id.) — Allusion aux réclames faites il y a une quarantaine d’années par un dentiste, inventeur des dents dites osanores.

OSEILLE (avoir mangé de l’) : Être de mauvaise humeur. (Id.) — Allusion à l’aigreur de l’oseille.

OSSELET : Dent. (Delvau.)

OTAGE : Ecclésiastique. — Allusion aux otages fusillés en 1871. (Rigaud.)

OTOLONDRER : Ennuyer. (Id.)

OUATER : Peindre trop flou. (Delvau.) — Ce qui est ouaté est mou.

* OURS : Oie. Jargon des ouvriers. (Rigaud.) — Si c’était le jargon des archéologues, je dirais que c’est par allusion à la rue aux Ours, qui était jadis la rue aux Oues (oies) ; mais les ouvriers ne remontent pas si haut.

* OURS : Bavardage ennuyeux, compagnon gêneur. — Poser un ours : Ennuyer par son bavardage. (Boutmy.)

OUVRAGE : Partie liquide des excréments d’une fosse d’aisance. (Delvau.)