Dictionnaire historique d’argot /Édition Dentu/1881/S

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SABLE : Estomac. (Halbert.) — Vieux mot, d’où notre verbe sabler : boire.

SABLER : Assommer avec une peau d’anguille bourrée de sable. (Vidocq.)

SABOCHE : Homme qui déplaît. (Halbert.)

SABOT : Voiture, navire. — Triple allusion de forme.

SABOT : Violon. — « Jeune homme ! emparez-vous de ce sabot. » (Dumersan.)

SABOULER : Battre, cogner. — Vieux mot. — « Vous me saboulez la tête avec vos mains pesantes. » (Molière, Comtesse d’Escarbagnas.) — « Je te tanne le casaquin, je te saboule. » (Paillet.)

SABOULER : Crier. (Halbert.) Décrotter. (Vidocq.)

SABOULEUR : Décrotteur. (Vidocq.)

SABOULEUX : Faux épileptique. (Vidocq.)

SABRE : Bâton. (Grandval.)

SABRENOT : Savetier. (Halbert.)

SABRER : Auner. (Id.) De sabre : bâton et par extension aune.

SABREUR, TRAINEUR DE SABRE : Militaire bruyant et fanfaron. — « Vous me faites pitié, tout sabreur que vous êtes. » (P. Borel, 33.)

SABRI : Forêt. (Halbert.) On s’abrite à son ombre. V. Rebâtir.

SABRIEUX : Voleur de bois.

SAC (avoir le) : Avoir de l’argent. Mot à mot : avoir le sac aux écus. — « A-t-elle le sac ? Cela veut dire en langage des halles : A-t-elle de l’argent ? » (G. de Nerval.)

SAC (cracher dans le). V. Raccourcir.

SAC (donner le) : Mettre à la porte.

SAC (homme à) : « Le bailleur de fonds, c’est ce qu’on appelle en argot de théâtre, un homme à sac, sac d’argent bien entendu. » (De Jallais, 1854.) — En avoir plein son sac : Être complètement ivre. — « Laissons-le reposer, il en a plein son sac. » (Chenu.) — Mettre dans son sac : Dévorer un affront sans pouvoir le venger. — « Le montreur de bêtes fut donc obligé de mettre les calottes dans son sac. » (E. Sue.)

SAC-À-PAPIER : « À l’ouvrage, messieurs ! Sac-à-papier ! on ne fait rien ici. » (Balzac.) — Juron exprimant l’ennui d’être dans une situation embrouillée. Sac-à-papiers se disait autrefois de la réunion des pièces d’un procès qui se plaçaient dans un sac de toile.

SACRE : Argent. (Halbert.)

SACRE : Sergent de Ville. (Id.) Acception figurée de sacre qui signifiait jadis oiseau de proie.

SACREBLEU, SACREDIEU, SACRELOTTE, SACRISTIE, SACRÉ NOM, SACRÉ TONNERRE : Jurons chargés d’exprimer indifféremment la colère, la joie, la surprise ou le chagrin. — On a dit ensuite Saprebleu, Saprelotte ; puis, en abrégeant, Crebleu, Crelotte, Prelotte, Pristie, Nom d’un…, etc., etc.

L’idée d’évocation divine fut d’abord contenue dans toutes ces locutions. On prenait Dieu et les choses sacrées à témoin de tel ou tel fait ; Sacré nom d’un petit bonhomme s’adresse à Jésus enfant. Aujourd’hui on prononce ces jurons à propos de tout, sans penser à leur signification primitive fort défigurée, il est vrai, par les abréviations qu’a entraînées le désir de satisfaire à l’habitude, sans avoir l’air de blasphémer.

SACRÉ CHIEN : Eau-de-vie et par extension : feu, flamme artistique ou littéraire. — « Vous nous râperez le gosier avec le trois-six et le sacré-chien dans toute sa pureté. » (Th. Gautier, 33.) — « Les voilà parties chez Caplain où elles demandent un demi-septier de sacré chien. » (Vadé, 1788.) V. Chien.

SACREMENT : Sacrement du mariage — « Oscar m’offrit le sacrement. » (Festeau.)

SACRISTAIN : Amant ou mari de maquerelle. (Vidocq.) V. Marlou.

SACRISTIE : Juron. V. Sacrebleu.

SAFRAN (Accommoder au) : Faire une infidélité conjugale. — Allusion de couleur. — « Je ne suis pas fâché qu’elle ait accommodé au safran ce voltigeur de Louis XIV. » (E. Augier.)

SAINDOMME : tabac. (Rabasse.)

SAINT-GEORGES : Cavalier et tireur d’épée aussi accompli que l’était le chevalier du même nom au xviiie siècle. « Tu passes dans le monde pour un Saint-Georges. » (Ricard.)

SAINT-JEAN (Être de la) : Être bête et crédule. « Oh ! je ne suis pas de la Saint-Jean ! je ne prends pas des crapauds pour des grenouilles. » (P. de Kock.)

SAINT-JEAN (n’être que de la) : Être de qualité inférieure.

SAINT-JEAN (faire le) : Ôter son chapeau pour donner un signal à ses complices. (Colombey.)

SAINT-LAZ (confrérie de) : Monde de la prostitution. — On sait que la prison de Saint-Lazare lui est spécialement affectée. Abréviation. — « De Saint-Laz je connais toute la confrérie. » (L. de Neuville.)

SAINTE N’Y TOUCHE : Jeune fille qui fait la sainte et qui n’a pas l’air d’y toucher, qui se tient avec affectation en dehors de tout ce qui est mondain. « Je serais désolé de ne trouver parmi les jeunes personnes que des saintes n’y touche ou de petites grues. » (E. Villars.)

SAIS (tu) : Locution fréquemment employée et précédant toujours une menace ou un avertissement peu agréable. « Ah ! tu sais, baise cadet… (baise mon c-l). Garçon ! deux litres de vieille ! » (Zola.)

SALADE : Fouet. (Colombey.) Il vous sale.

SALAMALEC : Salutation cérémonieuse. Importation arabe. — Une caricature de Grandville (1830) représente le fusilier Dumanet dans le harem du dey d’Alger, avec cette légende : « Assez de salamaleck comme ça… qu’on m’apporte de suite vingt sultanes, avec le brûle-gueule du dey. »

SALADE : Réponse. — Jeu de mots. Il y a une espèce de salade qu’on nomme raiponce. — « Voilà notre dernier mot. Nous attendrons ta salade. » (Vidocq.)

SALBIN : Serment. (Halbert.)

SALBINER : Prêter serment. (Halbert.)

SALÉ (morceau de) : Enfant nouveau né. (Rabasse.)

SALER : Faire payer trop cher. — Même allusion que dans épicier. — « Les Chamouillez ont paré une de leurs chambres dans l’espoir de la louer à un prix salé. » (E. d’Hervilly.)

SALER : Critiquer, gronder vivement. — Allusion à l’action mordicante du sel. — « N’oubliez pas que vous m’avez promis d’oublier votre douce bonté, et salez-moi bien cet article. » (Geoffroy, Journal des Débats. — Lettre à Mme  de Valory, 10.)

SALIÈRES : Cavités pectorales. (Dhautel.) Mot à mot : cavités aussi prononcées que celles d’une salière. — On dit d’une femme maigre décolletée qu’elle montre ses salières. — « Je me vois refuser un quadrille par la petite G… qui a un million dans chacune de ses salières. » (Vie parisienne, 66.)

SALIN : Jaune. (Halbert.)

SALIR : Vendre un objet volé. (Rabasse.) Forme altérée de Solir.

SALIVERGNE, SALIVERNE : Écuelle, salade. (Vidocq.)

SALLE DE PAPIER : « C’est, en argot théâtral, une salle remplie à l’aide d’entrées de faveur. Allusion aux billets donnés. » (Hostein.)

SALLÉ À LA BANQUE (demander du) : Veut dire demander de l’argent d’avance dans une imprimerie. (Moisand, 41.)

SALONNIER : Critique d’art chargé par un journal, de parler de l’exposition artistique annuelle dite Salon de peinture. « Voici les noms des Salonniers de la Presse Parisienne pour l’exposition de 1876. » (Vie littéraire.)

SALSIFIS : Doigts. — L’allusion n’a pas besoin de s’expliquer. « Je lui serre d’avance et cordialement les salsifis. » (Tam-Tam, 76.)

SANG DE POISSON : Huile. (Vidocq.)

SANGLIER : Prêtre. — Jeu de mots. Le sanglier ou sans-glier est le sans-diable. (V. Glier.) Allusion à la mission divine du prêtre qui est d’enlever les condamnés au démon. V. Hariadan.

SANS CHÂSSES : Aveugle. Mot à mot : sans yeux.

SANS-CŒUR : Usurier. (Vidocq.)

SANS CONDÉ : Clandestinement, sans permission. Condé est un vieux mot du Nord qui a le sens de pièce officielle.

SANS-CULOTTES : Républicain terroriste dont les jambes dédaignaient les culottes courtes. — Après avoir désigné le costume, le nom de sans culottes désigna l’opinion. — « Mais le sans-culotte Jésus n’a pas dit dans son livre. » (Camille Desmoulins, 1790.)

SANS-DOS : Tabouret. (Vidocq.) — Le tabouret est sans dossier.

SANS LE SOU : Pauvre. — « Farnèse fit un mouvement ; elle avait senti le sans le sou. » (Jaime.)

SANTU : Santé. (Grandval.) — Changement de finale.

SAP : Cercueil de sapin. Abréviation. — « Avant d’être mis dans le sap. » (Festeau.)

SAPEMENT : Condamnation. « Au bout d’un an, poissé !… Deuxième sapement. » (Beauvillier.)

SAPER : Condamner. Mot à mot : abattre. V. Copeaux.

SAPERLIPOPETTE : C’est un saprelotte délayé. « Mais saperlipopette ! que ça ne nous amène pas un nouvel Empire ! » (A. Karr, 76.)

SAPIN : Planche. (Halbert), et par extension, cercueil.

SAPIN : Soldat. (Colombey.)

SAPIN : Fiacre. — On lit dans un pamphlet de la révolution de 1789 (l’Apocalypse) : — « M. Desmoulins, l’abbé Noël, MM. de Beaumont et Keralio avaient loué pour toute la soirée un sapin national pour se faire voir dans la promenade. »

SAPIN (sentir le) : Faire pressentir une mort prochaine. — On dit : Voilà une toux qui sent le sapin. — Usité dès 1808. — « Pliée en deux par une toux qui sonnait joliment le sapin. » (Zola.)

SAPREBLEU, SAPRELOTTE : Jurons. — C’est le sacrelotte et le sacrebleu des gens qui ne veulent pas sacrer, par scrupule de conscience. « Jouissons de notre reste, saprelotte ! » (De Goncourt.)

SAPRISTI : Juron. Forme de sacristi due à la même cause que ci-dessus.

SARDINES : Galons de sous-officier. — Allusion de forme et de brillant. — « L’un portait la sardine blanche. » (Nadaud.)

SATISFAIT : Député conservateur, satisfait de l’ordre de choses.

SATOU, SATTE : Bois, bâton, forêt. — Vieux mot. V. Greffier.

SATOUSIER : Menuisier. (Vidocq.)

SAUCE (donner une) : Gronder. (Dhautel.) — On dit de même : bien accommoder quelqu’un.

SAUCÉ : Mouillé jusqu’aux os. (Dhautel.)

SAUTER : Puer. (Halbert.) — Ça saute est un augmentatif de ça danse. Allusion aux vers produits par la décomposition. V. Danser.

SAUTER : Cacher un produit de vol à ses complices. Mot à mot : sauter par-dessus sans le compter.

SAUTER À LA CAPAHUT : Assassiner un complice pour prendre sa part de vol. (Vidocq.) V. Capahuter.

SAUTER DESSUS : Attaquer brusquement.

SAUTER LA BANQUE (faire) : Forcer une banque de jeu à fermer, faute de fonds. — « Qu’y avait-il d’étonnant à voir cet escroc faire quelquefois sauter la banque ? » (Sirven.)

SAUTER LE PAS : Mourir. (Dauthel.) Sauter le pas qui sépare la vie de la mort.

Un étudiant dans sa mansarde
Disposait de sa dernière harde,
Puis après voulait sauter le pas.
(Chansonnier de 1830.)

SAUTERELLE, SAUTEUSE : Puce. (Vidocq.)

SAUTEROLLES, SAUTE-RONDS : Agent de change. (Halbert.) Par métier, il fait sauter les ronds.

SAUTEUR : Intrigant éhonté, mot à mot : homme prêt à sauter en l’honneur de tous les partis. — « Il avait appelé sauteur un plumitif multicolore. » (Marx.) V. Paillasse.

SAUTEUR : Médisant (Rabasse), c’est-à-dire qui vous saute dessus en paroles.

SAUTEUSE : Danseuse de théâtre. — Pris en mauvaise part.

SAUVAGE : Complètement nu. — « Quand on est bâti comme ça, faut-il être chiche de ne pas se fiche en sauvage ! » (Gavarni.)

SAUVAGE (s’habiller en) : « Tu ne sais pas encore que s’habiller en sauvage c’est vendre sa chemise. » (Vidal, la Caserne, 33.)

SAVATE : « La savate, que l’on appelle aujourd’hui chausson, est la boxe française, avec cette différence que la savate se travaille avec les pieds, et la boxe avec les poings. » (Th. Gautier, 45.)

SAVATE : « Correction militaire appliquée par les soldats entre eux pour certains délits non justiciables d’un conseil. Le patient est étendu sur un banc, la chemise retroussée, et chaque soldat de la compagnie lui applique trois coups d’un soulier neuf et bien ferré. » (Vidal et Delmare, la Caserne, 33.)

SAVOIR LIRE : Connaître toutes les ruses. (Vidocq.)

SAVON : Réprimande sévère. On dit de même Laver la tête, pour réprimander quelqu’un.

SAVONNÉ : Blanc. Mot à mot : blanchi. Pivois savonné : Vin blanc. V. Douille, Larton.

SAVOYARD : Rustre. — « C’est donc toi, savoyard ! À genoux, obstiné ! » (Ourliac).

SAVOYARDE : Malle. — Le commissionnaire qui la portait à Paris avant 1848 était ordinairement Savoyard.

SAXE : Porcelaine de vieux saxe. — « Vous avez un tas de bric-à-brac, des saxes. » (Carmouche.)

SCHABRAQUE (Vieille). Vieille prostituée, ayant servi à plus d’un cavalier, comme une vieille schabraque d’uniforme.

SCHENICK : Eau-de-vie. V. Chenique. — « Un verre de chenick scella nos serments. » (Lombard de Langres, 1792.)

SCHNAPPS : Eau-de-vie. — Mot russe. — M. de Fontenay, auteur d’un Voyage agricole en Russie, 1272, dit qu’on n’y distille guère que les grains, surtout le seigle. « Le produit s’appelle snapp et sert à griser une foule de gens, »

SCHOKING : Indécent. — Anglicanisme. — « Je dis culotte et vous ne dites pas shoking. » (A. de Pontmartin, 75.)

SCIE : Tourment, mystification répétée d’autant plus de fois qu’elle paraît agacer l’auditeur. — Allusion à la scie qui revient toujours en grinçant sur elle-même. — « Les femmes c’est la scie pour les domestiques. » (Ricard.) — « Les scies les plus farouches l’avaient trouvé inébranlable. » (Murger.)

SCIER, SCIER LE DOS : Tourmenter. « Laisse-moi, Cadet, tu me scies. » (Rousselliana, 05.)

SCIONNER : Assassiner.

SCIONNEUR : Assassin. V. Escarpe.

SEC (être à) : Être sans argent, n’avoir rien à boire.

SÉCOT : Maigre. — « L’une est grasse, l’autre est sécot. » (Pecquet.)

SECOUER : Traiter rudement en paroles ou en actions. — « Quand la blanchisseuse l’avait secouée, la vieille ne ménageait pas ses expressions. » (Zola.)

SEIGNEUR À MUSIQUE : Assassin. (Halbert.) Jeu de mots. — Il saigne ses victimes.

SEMAINE DES QUATRE JEUDIS (la) : La semaine qui n’arrivera jamais, puisqu’elle n’existe pas. — « C’est comme la robe que vous m’avez promise… Tu l’auras… La semaine des quatre jeudis. » (H. Monnier.) — « Ça, c’est pour la semaine des quatre jeudis, puisque nous n’avons pas bougé du camp. » (Commentaires de Loriot, 69.)

SENAQUI : Pièce d’or. (Colombey.) Anagramme de sequin.

SENT MAUVAIS (ça) : Cela va mal tourner.

SENTIMENTALISME, SENSIBLERIE : Sensibilité inopportune. — « C’est la guerre, la guerre pour tuer, pour vaincre, comme doit être la guerre, sans sentimentalisme ! » (L. Detroyat.)

SENTINELLE : Excrément isolé. V. Factionnaire.

SENTIR : Aimer. (Vidocq.)

SENTIR (ne pas) : Détester. — On dit de même : Je l’ai dans le nez, en parlant de quelqu’un qu’on ne peut sentir.

SENTIR LES COUDES À GAUCHE : Marcher avec ensemble, comme les hommes d’un peloton, en sentant les coudes du voisin afin de se maintenir sur la ligne du guide. Dans une caricature de juillet 1830, Levasseur fait dire à deux combattants : « Que sentiez-vous en voyant tomber vos camarades à côté de vous ? — C’ que j’ sentais !… les coudes à gauche. » — Se dit au figuré de plusieurs personnes qui marchent bien d’accord à leur but.

SÉQUENCE. V. Postillon.

SER : Signal. (Vidocq.) V. Sert.

SER (faire le) : Faire le guet. Mot à mot : Signaler. (Halbert.)

SERGE, SERGO : Sergent de ville. — Changement de finale et abréviation. — « Son caban de sergo ne l’empêchait pas de grelotter. » (Alph. Daudet.)

SERGOLLE : Ceinture. (Halbert). Mot à mot : serregole. — Du vieux mot gole, ouverture de tunique.

SÉRIEUX : Pour les lorettes, un homme sérieux est un homme riche. — Pour les gastronomes, un repas sérieux est un repas bien compris. — Pour les artistes et les lettrés, un homme sérieux est celui qui s’est acquis une valeur personnelle. — Pour les bourgeois, être sérieux, c’est avoir une position dans le monde.

SERIN : Niais. Mot à mot : naïf comme un serin. — « Tu ne sais pas ce que c’est que d’être l’amant d’une femme… Es-tu serin à ton âge ! » (E. Sue.) — « Élodie Charnu, qui ne regarde plus les camarades depuis qu’elle a trouvé un serin de monsieur pour se marier. » (Gavarni.)

SERINER : Divulguer. V. Serinette.

SERINETTE : Enfant ayant plus de mémoire que d’intelligence.

SERINETTE : « On appelle serinette les infâmes qui font contribuer un passant en le menaçant de divulguer (seriner) au public ou même à l’autorité de coupables dépravations. » (Paillet.)

SERINGUE (chanter comme une) : Avoir la voix fausse et discordante. (08, Dhautel.)

SERRANTE : Serrure. (Vidocq.)

SERRÉ : Avare, peu fortuné. — « Il paraît même qu’il est très-serré. » (H. Monnier.)

SERRER : Mettre en prison. — On n’y est pas au large. — « La plus cruelle injure qu’une fille puisse jeter à une autre fille, c’est de l’accuser d’infidélité envers un amant serré. » (Balzac.)

SERRER LA VIS : Étrangler. — « La victime avait été volée, et enfin Moreux était obligé de reconnaître qu’il lui avait « serré la vis un peu trop fort. » (Moniteur, mai 1872.)

SERT : Signe d’entente à l’usage des grecs.

SERVIETTE : Portefeuille. (Halbert.) Il se plie comme une serviette.

SERVIETTE : Canne. (Colombey.)

SERVIR : Prendre, arrêter. — « Frangin et frangine, je pesigue le pivot pour vous bonnir que mezigue viens d’être servi maron à la lègre de Canelle (Caen). » (Vidocq.)

SERVIR DE BELLE : Dénoncer à faux.

SERVIR LE TRÈPE : Faire ranger la foule. V. Curieux.

SÉVÈRE : Digne de réflexions sévères. — « Ah ! je vous raconterai ma vie. Je vous en dirai des sévères, mon bon ami. » (Ricard.)

SÈVRES (passer à) : Ne rien recevoir. (Rabasse.) Jeu de mots sur Sèvres, nom de lieu, et sur le verbe sevrer,

SEZIÈRE, SEZIGUE, SEZINGO, SEZINGUARD : Lui. (Halbert, Colombey.)

SIC ITUR AD ASTRA : C’est ainsi qu’ont passe à l’immortalité, mot à mot aux astres. Ironie. « Après la séance, l’huissier ramasse les croquis et les met de côté. Sic itur ad astra. » (A. Marx, latinisme.)

SIFFLE : Gosier. V. Sifflet.

SIFFLER : Boire. — « Il a sifflé, pour dire : il a bu, parce que les lèvres ont à peu près le même mouvement. » (Le Duchat, 1738.) — « Tiens, vieux chéri, siffle-moi ça, ça va te remettre. » (E. Sue.)

SIFFLET : Gosier. — Comparaison facile à deviner. Vidocq donne aussi sifflet pour voix. — « Qu’en te coupant le sifflet, quelqu’un délivre le royaume. » (La Nouvelle Mazarinade, 1652.)

SIFFLET D’ÉBÈNE : Habit noir. Allusion de forme et de couleur. — « Tous font leur entrée revêtus du classique sifflet d’ébène, lisez habit noir. » (Figaro, 77.)

SIFFLET (se rincer, s’affûter le) : Boire. — « Là, plus d’un buveur venait se rincer le sifflet. » (Colmance.) — « Faut pas ! aller chez Paul Niquet six fois l’jour s’affûter le sifflet. » (P. Durand, 36.)

SIGLE, SIGOLLE : Pièce de vingt francs. « Mets-moi dans un pâté deux ou trois sigolles. » (Lettre de Minder. V. l’Introd.) — Altération de cigale.

SIGUE : Pièce de vingt francs. (Halbert.) — Pièce de cinq francs. (Rabasse.) — Abréviation de cigale. V. ce mot.

Double sigue : Pièce de quarante francs. (Halbert.)

SIMON : La maison où les vidangeurs travaillent est appelée par eux atelier et le propriétaire de cette maison est appelé par eux Simon. (Berthaud.)

SINE QUA NON : La chose indispensable. — Sine qua non possumus s’entend ordinairement de l’argent. — « L’entretien est le sine qua non de l’élégance. » (Balzac.) — Latinisme.

SINGE : Chef d’atelier, patron, maître. (Albert.) — « On ne peut pas bouger, le singe est toujours sur votre dos. » (Zola.)

SINGE (monnaie de) : Grimace. — « Il la payait, comme dit le peuple en son langage énergique, en monnaie de singe. » (Balzac.) V. Roupie.

SINGE : Voyageur juché sur l’impériale d’une voiture.

SINGE : Compositeur d’imprimerie. — « Ainsi nommé à cause du continuel exercice qu’ils font pour attraper les lettres dans les cinquante-deux petites cases où elles sont contenues. » (Balzac.)

SINVE : Dupe. (Halbert.) Simple, crédule. (Rabasse). — Forme de simple. V. Affranchir, Rifle.

SIONNER : Assassiner (Rabasse.) — Abr. de Scionner.

SIROP : Vin. — Il a la couleur du sirop de groseille. V. Pomper.

Avoir un coup de sirop : Être gris. — « Lui avait déjà un joli coup de sirop. » (Zola.)

SIROTER : Boire avec excès. — « Son bonheur était d’aller siroter le vin à dix de la Courtille. » (Ricard.)

SIROTEUR : Buveur. — « Prenez trois étudiants, vous obtenez deux siroteurs. » (Michu.)

SIT NOMEN : Argent. — Les anciens écus frappés à l’effigie des rois (Louis XV et Louis XVI) portaient au revers l’écu fleurdelisé entouré de la devise religieuse : Sit nomen Domini benedictum.

SKATEUR : Skatineur. — « Ils n’avaient qu’une ambition : lui voulait être skateur ; elle voulait être skateuse. » (Figaro, 11 fév. 77.)

SKATINAGE : V. Skating.

SKATINEUR : Patineur. — « Les types de skatineurs sont variés et curieux. » (Figaro, mai 76.)

SKATING : Skatinage, patinage à roulettes. « Le skating est devenu la manie du jour. » (Figaro, 24 avril 76.) « Le skatinage est à la mode. » (Id, mai 76.)

Skating-rink : Établissement de patinage. — « On démolit les maisons pour en faire des skating-rinks. » (Idem.) — Anglican.

SIX : Chandelle de six à la livre. « J’allume ce bout. Tiens ! vous usez des six, Plumet. C’est comme moi. » (Ricard.)

SMALAH : Ménage, réunion de la femme, des enfants et du mobilier. — Le mot vient d’Algérie.

SNOBOYE : Très-bien. V. Chocnoso.

SOC : Socialiste. Abréviation. V. Démoc.

SOCIALE : République sociale. — « M. N… clamait : Vive la sociale ! » (Figaro, 75.)

SOCIÉTÉ D’ADMIRATION MUTUELLE (être de la) : Faire partie d’une association secrète de gens qui se sont engagés à se pousser respectivement dans le monde, en feignant de se témoigner une admiration mutuelle. On a beaucoup parlé d’une société de ce genre à l’armée d’Afrique. Quoi qu’il en soit, c’est un procédé pratiqué en tous temps et en tous pays.

SOCIÉTÉ DU DOIGT DANS L’ŒIL (être de la) : Avoir les illusions de la vanité. V. Doigt. — « La société du doigt dans l’œil devra être reconnue et autorisée comme institution régulière. » (Figaro, 11 fév. 77.)

SŒUR : Maîtresse. — Terme ironique inventé pour railler ceux qui dissimulent leurs liaisons sous des liens de parenté fictifs. — On dit en ce sens : J’ai rencontré X… avec sa sœur.

SŒUR (et ta) : Abréviation de Et ta sœur, est-elle malade ? qui se dit encore, mais moins souvent. Cette interrogation peut se traduire mot à mot ainsi : « Et ta maîtresse, comment va-t-elle ? » — Il va sans dire que c’est une insulte ; elle se lance souvent à Paris, à propos de tout, et les trois quarts de ceux qui la formulent ne se doutent pas de ce qu’elle signifie. — « Sais-tu ce qu’il me répond ? « Et ta sœur ? » — Je l’aurais cogné. » (Monselet.) — Philarète Chasles a révélé que la pudique Allemagne est aussi avancée que nous sous ce rapport. Elle appelle buhl schwester (sœur d’amour) une fille galante. « Quant à et ta sœur ? ajoute-t-il, les Allemands ne disent pas autre chose avec les deux mots : Ja Kuchen. »

SOIFFARD, SOIFFEUR : Grand buveur. — « Ce sacré soiffard se portait comme un charme. » (Zola,)

SOIFFER : Boire outre mesure comme si on avait grand’-soif. — « Là, j’ soiffons chacun nos trois poissons. » (Les Amours de Jeannette, 13.)

SOIGNÉE : Fait à noter soigneusement. — « Oh ! en v’là une soignée. » (La Bédollière.)

SOISSONNÉ : Haricot. — Soissons est la patrie des haricots.

SOLDAT DU PAPE : Mauvais soldat. — En 1738, Le Duchat disait déjà : « Soldats du pape, méchantes troupes. » Machiavel a dit que les compagnies de l’Église sont le déshonneur de la gendarmerie.

SOLEIL (avoir un coup de) : S’enivrer. (Dhautel.) V. Coup.

Piquer un ou son soleil : Rougir.

Recevoir un coup de soleil : Tomber amoureux. — « Mesdemoiselles, nous avons reçu un coup de soleil soigné. » (Villars.)

SOLIR. — Vendre : « J’ai rencontré marcandière qui du pivois solisait. » (Vidocq.)

SOLITAIRE : Spectateur qui, pour payer moins cher sa place, entre au théâtre dans les rangs de la claque. Son nom indique qu’il ne se croit pas obligé de faire chorus avec ses bruyants compagnons. — « Grâce à une pièce de cinquante centimes, j’entrai en qualité de solitaire. » (A. Second.)

SOLLICEUR : Marchand. (Vidocq.) — De Solir.

SOLLICEUR DE LACETS : Gendarme, mot à mot : marchand de menottes.

SOLLICEUR DE ZIF : Escroc vendant sur faux échantillons. (Idem.)

SOLLICEUR À LA POGNE : Marchand ambulant. (Colombey.) — Il lui faut de la pogne pour pousser sa petite voiture.

SOLLISAGE : Vente. (Colombey.) V. Solir.

SOMMEIL (marchand de) : Logeur à la nuit. (Rabasse.)

SONDE : Médecin. (Vidocq.)

SONDER : Espionner, chercher à savoir.

SONDEUR : Commis d’octroi. (Rabasse.) — Il sonde les voitures.

SONDEUR : Espion. (Vidocq.)

SONDEUR : Observateur, chercheur.

SONNETTE : Pièce d’argent. Elle sonne dans la poche. — « J’accours à l’Opéra et les sonnet’s en poche. » (Désaugiers.)

SONNETTE DE BOIS (déménager à la) : Emporter ses effets sans avoir payé sa chambre, en tamponnant la sonnette d’éveil qui signale la sortie d’un hôtel garni, — « Car il était réduit à déménager à la sonnette de bois. » (Chenu.)

SON NIAIRE : Moi, lui, eux. (Rabasse.) C’est à son niaire : c’est à moi, c’est à lui. (Idem.)

SOPHIE (faire sa) : Se donner des airs de sagesse. Jeu de mots sur le nom propre et le mot grec. — « À quoi ça m’aurait avancé de faire ma Sophie ? » (Monselet.)

SORBONNE : Cerveau. — « La sorbonne est la tête de l’homme vivant, son conseil, sa pensée. » (Balzac.) — Date du temps où les décisions de la Sorbonne pesaient d’un grand poids.

SORBONNER : Penser. (Halbert.) Raisonner. (Rabasse.)

SORGE, SORGUE : Soirée, nuit. (Vidocq, Halbert.) — Au moyen âge, on disait sorne. V. Baïte, Sorne.

SORGUER : Passer la nuit. — Content de sorguer sur la dure, va, de la bride (chaîne) je n’ai pas peur. » (Vidocq.)

SORGUEUR : Voleur de nuit.

SORNE : Noir. (Halbert.)

SORT (il me) : Il m’est insupportable.

SORTIR LES PIEDS DEVANT : Être mort. Mot à mot sortir dans un cercueil. — « Le bruit courut que la jolie fille était séquestrée dans un cabinet noir et qu’elle n’en sortirait que les pieds devant. » (About.)

SOTONNADE : Bastonnade. (Rabasse.) Forme altérée de satonnade. V. Satou.

SOUDRILLARD : Libertin. (Vidocq.)

SOUFFLANT : Pistolet. — Allusion à la décharge. V. Bayafe.

SOUFFLÉ : Pris, arrêté par la police.

SOUFFLET (voler au) : Entrer brusquement dans un magasin où une dame solde des objets de luxe, la souffleter en jouant au mari indigné et disparaître avec son porte-monnaie. (Rabasse.)

SOULASSE : Traître, trompeur. (Colombey.)

SOULASSE (grande) : Assassinat. (Idem.) — « Qu’est-ce que vous faites maintenant, père Salambier ? Toujours la grande soulasse, mes enfants. » (Du Boisgobey.)

SOULEVER : Voler.

SOULOGRAPHE : Vieil ivrogne.

SOULOGRAPHIE : Ivrognerie. (Vidocq, 37.) — « Ils feront de la soulographie, et adieu votre typographie, plus de journal ! » (Balzac.)

SOUPÇON : Quantité si minime, qu’on se demande si elle existe. De là le terme de soupçon. — « Rien que de l’eau chaude avec un soupçon de thé et un nuage de lait. » (A. de Musset.)

SOUPE (tremper une) : Battre. Mot à mot : faire avaler une correction. — « Où qu’ tu vas, Polyte ? — Je vas tremper une soupe à ma femme qu’est une feignante qu’a pas travaillé, » fait dire Gavarni à un souteneur allant rouer de coups la malheureuse qui n’a pas trouvé d’argent,

SOUPE AU LAIT : Homme colère. — Le lait bouillant déborde avec rapidité.

SOUPEUR : Viveur, passant les nuits à souper. — « Est-ce que les soupeurs savent jamais ce qu’ils boivent et ce qu’ils mangent ? » (Frémy.)

SOUPEUSE : Fille raccrochant dans les restaurants où on soupe. — « Survint une autre soupeuse… pour lui souffler son adorateur. » (Vassy, 75.)

SOUPLE : Bleu. (Halbert.)

SOURICIÈRE : Piège tendu par la police. — « Tendre une souricière pour le faire pincer par la police. » (E. Sue.)

SOURICIÈRE : Dépôt des prévenus, à la préfecture de police. (Halbert.)

SOURICIÈRE : Giberne d’infanterie d’ancien modèle. « Tout en ayant soin de placer ma giberne ou, comme on dit, ma souricière. » (Vidal, 33.)

SOURICIÈRE : Lieu surveillé par la police. — « C’est une vraie souricière que votre tapis franc. Voilà trois assassins que j’y prends. » (E. Sue.)

SOUS-VENTRIÈRE : Écharpe, ceinture. — Allusion à la pièce de harnachement qui passe sous le ventre du cheval. Le mot vient évidemment d’une caserne de cavalerie.

SOUTADOS : Cigare d’un sou. — Ironie avec finale havanaise. « La fumée du soutados qu’il ne fume pas lui semble moins acre. » (Touchatout.)

SPADE : Épée. — Vieux mot. — Espadon nous est resté.

SPECK : Lard. — Germanisme.

SPEECH : Allocution. — Mot anglais. — « Quelque gars… qui ne sache point faire de speechs. » (Heine.)

SPIRITE : Personne prétendant évoquer des esprits invisibles. — Spiritisme se dit de la croyance aux esprits.

SPORT : Exercices en plein air : course, chasse, canotage, etc., etc. — Mot anglais.

SPORTSMAN : Homme de loisir se consacrant aux exercices du sport. — Mot anglais.

STERLING : Grand, considérable. — Allusion à la valeur relative de la livre anglaise qui était vingt-quatre fois plus forte que la livre française : On parle, des galanteries sterling d’un entreteneur dans un roman de Rutlidge. (Vice et Faiblesse, 1786.) « La dévote a fait une scène, une scène sterling. » (Balzac.)

On dit de même s’ennuyer à vingt-cinq francs par tête.

STICK : Canne-cravache. — Mot anglais.

STOCK : Contingent, assemblage de choses en magasin. — Anglicanisme. — « Il se trouvait encore à juger un stock de 15 à 20 laitiers prévenus d’avoir introduit de l’eau dans leur marchandise. » (Figaro, 75.)

STROC : Setier. V. Demi-stroc.

STUC, STUQ : Part de vol. (Grandval, Halbert.)

STUD-BOOK : Livre des haras. (Paz.) — Terme anglais.

STUQUER : Partager. (Halbert.)

STYLISTE : Écrivain uniquement préoccupé du style, c’est-à-dire de la forme, et non du fond.

SUAGE : Assassinat. V. Suer (faire). — « Nous voulons bien maquiller le suage de ton rochet, mais à la condition de tout connir. Il n’y a que les refroidis qui ne rappliquent nibergue. » (Vidocq.)

SUBLIMER : Travailler pendant la nuit. — « Afin de tromper la surveillance des adjudants (de l’École polytechnique), celui qui sublime place son lit renversé sur quatre tabourets, rabat la couverture par-dessus, et étendu sous cet abri, rumine en paix les problèmes ardus des mathématiques transcendantes. » (La Bédollière.)

SUBLIMER (se) : Se raffiner. — « Les jeunes biches se sont sublimées au contact des anciennes. » (Lynol.)

SUBTIL : Dur. (Halbert.)

SUÇON : « Faire une consommation fanatique de sucres d’orge dits suçons. » (Rolland.) — On les suce très-longtemps.

SUCRE (casser du) : Dénoncer. V. Casser.

SUCRE (c’est du) : C’est bon. — Se prend au figuré.

SUCRE (faire manger du) : Soigner l’entrée d’un acteur, l’applaudir. Cette comparaison canine a pour pendant : appeler Azor.

SUER (faire) : Tuer. Mot à mot : faire suer du sang. V. Chêne.

SUER (faire) : Accabler d’ennui quelqu’un. — « Vous me dites, mignonne, avec l’accent de l’âme : Tais-toi donc ! tu me fais suer. » (Almanach du Hanneton, 67.)

SUER (faire) : Se faire donner sa part d’un vol. (Halbert.) Faire donner de l’argent. (Rabasse.)

SUI : Suivi. — Abréviation. — « Eh ben ! est-y mort ? — Y’en sais rien, j’étais sui, j’ai pas évu le temps d’y demander. » (H. Monnier.)

SUIF : Réprimande. — « On dit donner un suif. »

SUIFFARD, SUIFÉ : Élégant. V. Astiquer. — « Était-il assez suiffard, l’animal !… Du linge blanc et des escarpins un peu chouette. » (Zola.)

SUISSE (faire) : « Le soldat a le point d’honneur de ne jamais manger ou boire seul. Cette loi est tellement sacrée que celui qui passerait pour la violer serait rejeté de la société militaire, et on dirait de lui : Il boit avec son suisse, et le mot est une proscription. » (Vidal, 33.) — « Un soldat français ne doit pas faire suisse, ne boit jamais seul. » (La Bédollière.)

Le premier exemple donne la clef du mot. Le soldat ne peut boire avec son suisse (concierge), puisqu’il n’en a pas, donc il boit seul. Ironie inventée pour rappeler quelque engagé d’opulente famille aux règles de la fraternité.

SUISSESSE : Mélange d’absinthe et d’orgeat. Il est plus doux, plus féminin, que l’absinthe dite suisse.

SUIVEUR : « Le suiveur est très-drôle à observer ou à suivre. Une femme passe devant lui, le suiveur accélère son pas, dépasse sa victime, et se retourne bientôt pour juger de la beauté de l’objet de sa poursuite. » (Roqueplan.)

SUIVEZ-MOI, JEUNE HOMME : « Ce sont ces deux grands rubans flottants au-dessous des cols de manteaux des dames… Une grande couturière de Paris les a appelés ainsi. » (Lespès, 66.)

SUPERLIFICO, SUFERCOQUENTIEL, SUPERCOQUENTIEUX : Merveilleux. Abréviation du mot supercoquelicantieux employé par Rabelais dans le livre III. — « Lorsqu’un épicier étale devant sa boutique un superlicoquentieux morceau de fromage, n’est-ce pas tenter le peuple ? » (Ch. Fourier, 36.)

SURBINE : Surveillance, (Vidocq.) — « On calcule les dépenses que fait le mecque en surbine. » (Stamir.) — Être en surbine : Être en surveillance.

SURBINER : Surveiller. (Rabasse.)

SURET : Vin acide, sur. — « Et j’ lampe au cabaret le suret. » (Charrin.)

SÛRETÉ (la) : Police de sûreté. V. Fil de soie.

SURFINE : Sœur de charité. (Colombey.)

SURGEBER : Condamner en appel. (Vidocq.) Pour surgerber. V. Gerber.

SURIN : Couteau. — De suer, assassiner. V. Chemin.

SURINER : Assassiner. (Rabasse.) Mot à mot : tuer au couteau.

SURINEUR : Donneur de coups de couteau.

SYDONIE : « Les têtes de bois qui servent à monter les coiffures ont un nom. Cela se nomme une Sydonie chez tous les marchands. » (Lespès.)