Dictionnaire historique d’argot /Édition Dentu/1881/R

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RABAT : Manteau. — Allusion au grand collet des manteaux anciens qui se rabattait à volonté sur la tête ou les épaules.

RABATEUX DE SORGUE : Voleur de nuit. Mot à mot : chasseur, rabatteur de nuit. (Grandval.)

RABIAGE : Rente. (Halbert.)

RABIBOCHER : Raccommoder. — « N’en parlons plus ! Il faut que je me rabiboche avec vous. » (E. Sue.)

RABIOT : Restant de soupe laissée au fond de la gamelle, temps passé par le soldat à son corps, après sa libération.

RABOIN : Diable. (Vidocq.) V. Abadis.

RABOTEUX : Voleur de nuit. (Halbert.) — Pour rabateux.

RABOULER : Revenir. V. Abouler.

RACCORDER : Remémorer, prévenir. — Forme de recorder. — « Tu m’as bonni avant de décarrer que je te raccorde par une lazagne. » (Rabasse.)

RACCOURCIR : Guillotiner. — La perte de la tête raccourcit. — Mot de création révolutionnaire ainsi que les synonymes ci-joints, tous recueillis dans le Père Duchêne, 1793 : « 1° La louve autrichienne va enfin être raccourcie… 2° Jusqu’à ce qu’ils aient tous craché dans le sac… 3° Pour faire mettre promptement la tête à la fenêtre à la louve autrichienne… 4° Ses bons avis à la Convention pour qu’elle fasse promptement jouer le général Moustache à la main-chaude… 5° Qu’il fasse promptement passer sous le rasoir national le traître Bailly. »

Le Rasoir national est le fatal couperet. — Cracher dans le sac montre la tête coupée sautant avec un jet de sang dans le sac de son. — Mettre la tête à la fenêtre, jouer à la main-chaude font allusion à l’attitude du supplicié, mettant la tête à la lunette, à genoux, mains liées derrière le dos, attendant le coup comme à la main-chaude.

RACLÉE : Rossée. — Elle racle la peau. — « Ça lui procura de leur part quelques bonnes raclées. » (L. Desnoyers.)

RACLETTE : Ronde de police. — Elle racle les gens sans aveu sur son passage. (V. Balai.) — Se dit aussi de la police en général.

RACONTAR : Racontage. — Anglicanisme. — « La bonhomie de ses racontars honnêtes et modérés. » (P. Véron.) — « Dans une loge d’hommes, les racontars de clubs vont leur train. » (Vie parisienne, 67.)

RADE, RADEAU : Comptoir, tiroir. — Genre incertain. Vient de radis. — « La rade est le comptoir du marchand de vin. » (A. Monnier.)

Faire le rade : Voler au comptoir. — « Dix-huit ans, je faisais le rade et la condition. » (Beauvillier.)

RADICRER : Remoudre. (Halbert.) — Onomatopée.

RADICREUR : Rémouleur. (Idem.)

RADIN : Gousset. (Colombey.)

RADIN, RADIS : Argent monnayé. — « Le radin, c’est l’argent du comptoir, on dit n’avoir pas un radis pour n’avoir pas un sou. » (A. Monnier.) — Voler au radin, c’est voler le tiroir d’un comptoir en l’absence du patron. Quand on se sert d’un enfant, cela s’appelle voler au radin, au pégriot. Il y a toujours un compère, faux acheteur, qui fait le guet.

Faire un radin : Voler l’argent du comptoir.

RAFFALE : Misère. (Vidocq.) Mot à mot : tourmente, mauvaise fortune. — Être dans la raffale : Être dans la misère. (Rabasse.) Nous vient sans doute de la marine.

RAFFALÉ : Misérable. — « Tous les hommes sont des raffalés, des pingres. » (Lynol.)

RAFFURER : Regagner. V. Affurer.

RAFIAU : Bâtiment léger. — « J’ vas joliment gréer notre rafiau, tu verras. » (Phys. du matelot.)

RAFILER : Donner. V. Manquesse. — Forme de refiler.

RA-FLA : Notes rudimentaires de la batterie du tambour. — « Le tambour-major bat la mesure des ra et des fla. » (M. Saint-Hilaire.)

RAFRAÎCHIR D’UN COUP DE SABRE (se) : Se battre. — Allusion à la sensation du froid qu’on éprouve en sentant la lame pénétrer dans les chairs. — « Tu caponnes… D’un coup de sabre avec moi t’as peur de te rafraîchir. » (Rienzi, 26.)

RAGOT : Conte absurde. — « La Bourse particulièrement se laisse influencer par des ragots qui ne mériteraient pas cinq centimes de baisse. » (Le Temps, 67.)

RAGOÛTER : Éveiller les soupçons. (Rabasse.) C’est-à-dire : exciter le désir de la police.

RAIDE : Difficile à croire ou à supporter. — « Des choses qu’on ne saurait répéter devant vous, mademoiselle… — C’est donc bien raide, répliqua l’ingénue. » (Figaro, juin 72.) — « Un gros volume, sept francs. C’est raide. » (Al. Dumas fils.)

RAIDE, RUDE : Eau-de-vie. — Elle gratte le gosier. — « Comme dit le proverbe, un peu de raide fait grand bien. » (Bardas.)

RAIDE COMME LA JUSTICE : Être ivre sans vouloir le paraître, en se redressant avec affectation. — « Il est assez raide comme cela. C’est la faute au petit bleu. » (Vie paris., 66.) — « Dis donc, Jules, tu as bien dîné ?… Il est raide comme la justice. » (Monselet.)

RAIDE COMME BALLE : Rapide comme un projectile. — « Il a filé son chemin, raide comme une balle. » (Vidal, 33.)

RAIGUISÉ : Perdu. — « Le propriétaire des couteaux attend encore, et ses amis lui dirent en langue verte : Tes couteaux sont raiguisés, mon vieux. » (Figaro, 76.) — Se dit pour un homme mort comme pour une chose disparue.

RAILLE : Police. — Du mot érailler, arrêter. — « La raille maron te servira pour un deuxième gerbement. » (Vidocq.)

RAILLE : Inspecteur de police. — « Les inspecteurs de police sont des rails dans le langage des prostituées. » (Parent Duchatelet.)

RAISINÉ : Sang. (Halbert.) — Allusion de couleur. — « Tu es sans raisiné dans les vermichels. » (Balzac.)

RÂLEUR : Homme qui marchande sans acheter. — « Le râleur marchande, c’est son occupation. Il admire plus d’une chose, mais il faut qu’il réfléchisse. Il repassera demain. » (Champfleury.)

RÂLEUSES : « Racoleuses ou courtières lâchées par les marchands (du Temple) sur le gonze pour le forcer à acheter. » (Mornand.)

RAMA : « Les riens constituent chez certaines classes parisiennes un esprit drolatique dans lequel la bêtise entre comme un élément principal et dont le mérite consiste particulièrement dans le geste et la prononciation. Cette espèce d’argot varie continuellement. La récente invention du Diorama, qui portait l’illusion de l’optique à un plus haut degré que dans les panoramas, avait amené dans quelques ateliers de peinture la fantaisie de parler en rama… « Eh bien ! monsieur Poiret, dit l’employé, comment va cette petite santé rama ? » (Balzac, Père Goriot.)

RAMASSER : Arrêter, faire prisonnier. — « Les coquins étaient terribles. J’en ai ramassé trois mille sans compter les morts et les blessés. » (Général Christophe, Lettres, 11.) — « À la clameur du quartier, la police ramassait une belle demoiselle. » (A. Arnault, 34.)

RAMASSER (se) : Se relever après une chute. — « Se ramassant, le vieux cria : « Faussaire ! » (F. Desnoyers.)

« Ramasser des fourreaux de baïonnettes, c’est (traduction libre pour les pékins) arriver après la bataille. » (F. Magnac.)

RAMASTIQUEUR : Filou ramassant à terre des bijoux faux perdus par un compère et les cédant à un passant moyennant une prime qui dépasse leur valeur réelle. — C’est le mot ramasseur avec changement de finale. — « Le ramastique (sic) possesseur d’un bijou faux qu’il vend pour de l’or. » (Phil. Chasles.)

RAMBUTEAU : Guérite-Urinoir. Du nom du préfet qui en a doté la voie publique.

RAME : Plume. (Halbert.) — Elle ressemble à une rame de bateau.

RAMENER : Ramener ses cheveux sur les tempes pour déguiser un commencement de calvitie. — « Ce brave Dubreuil commence à arborer le genou… Ne blaguons pas Dubreuil, il y a déjà deux ans que je ramène. » (Vie parisienne, 66. )

RAMENEUR : Homme qui ramène ses cheveux, comme ci-dessus.

RAMOLLI : Imbécile. — Allusion aux effets du ramollissement cérébral. — « Pour ne pas tomber dans la classe des ramollis. » (Vie parisienne, 67.) V. Goitreux. — « Les ramollis de l’Opéra. » (Briollet.)

RANGÉ DES VOITURES : Revenu à une vie calme, honnête. Mot à mot : à l’écart des dangers de la circulation parisienne. — « À vingt et un ans, rangé des voitures ! » (Beauvillier.) Dans ce dernier exemple, cela veut dire je ne vole plus.

RAOUT : Réception de jour. — Mot anglais. — « Ces chevaliers d’industrie que l’on voit à Paris dans les raouts. » (P. de Kock, 40.)

RAPATU : Pou. (Halbert.) — Allusion à la ténacité de ses pattes.

RÂPE D’ORIENT : Diamant. (Petit Dict. d’argot, 44.)

RAPIAT : Avare, avide, pillard. — Abréviation de rapineur. — « Je les connais tous, ces rapiats-là. » (Balzac.)

RAPIN : « Ce joyeux élève en peinture qu’en style d’atelier on appelle un rapin. » (Balzac.)

RAPIOTER : Rapiécer. Mot à mot : rapiéçotter. — « Monsieur, faites donc rapioter les trous de votre habit. » (Mornand.)

RAPPLIQUER : Revenir, répliquer. V. Flacul, Suage.

Rappliquer à la niche : Rentrer au logis. V. Poivrot.

RASER : Railler. — Jadis on disait faire la barbe. — « Pour aviser au moyen de faire la barbe à la municipalité de Paris. » (Hébert, 1793.) — « Nous avons été voir les Mauresques. Dieu ! les avons-nous rasées avec nos plaisanteries. » (Comm. de Loriot.)

RASEUR : « Le raseur est l’individu qui croit vous intéresser infiniment par le récit des choses les plus ennuyeuses. Une fois qu’il tient votre bras, le raseur ne vous quitte plus. » (A. Scholl, 53.)

RASOIR : Raseur. V. ce mot.

RASOIR : Qui rafle tout, qui rase tout. « Une de ces mains inépuisables qu’on appelle dans l’argot des joueurs des mains rasoirs. » (Cavaillé.)

RASOIR : « Le conte, l’histoire, l’anecdote ou le bon mot, dans la bouche d’un raseur, se nomment rasoir. » (J. Duflot.)

RASOIR : Jamais. Mot à mot : c’est rasé. — « Tu lui aurais rendu sa politesse ?… Plus souvent ! À un daim de ce tonneau ! Rasoir ! » (Monselet.)

RASPAIL : Eau de-vie. — Allusion à l’alcool camphré souvent prescrit par Raspail. C’est ainsi que l’eau-de-vie est appelée aussi camphre.

RAT : Voleur exploitant dans les auberges de campagne les chambres à plusieurs lits. — « Il se relève, fouille les poches des voisins, jette par la fenêtre à un complice le produit du vol et se recouche pour crier le matin au voleur ! plus fort que tous les autres. » (Rabasse.)

RAT : Élève danseuse. — Allusion à son trot menu et à ses proportions mignonnes.

« A l’Opéra, le type de la figurante se subdivise en plusieurs catégories : la choriste, la danseuse, le rat (élève danseuse), la figurante simple ou marcheuse. » (Physiologie du Théâtre, 41.) — « Le rat est un des éléments de l’Opéra, car il est à la première danseuse ce que le petit clerc est au notaire… — Le rat est produit par les portiers, les pauvres, les acteurs, les danseurs. Il n’y a que la plus grande misère qui puisse conseiller à un enfant de huit ans de livrer ses pieds et ses articulations aux plus durs supplices, de rester sage jusqu’à dix-huit ans, uniquement par spéculation, et de se flanquer d’une horrible vieille, comme vous mettez du fumier autour d’une jolie fleur… » (Roqueplan, 41.)

RAT : Bougeoir. — Bougie dont le brin mince et tortillé rappelait la queue du rat. — « Je vous demanderai la permission d’allumer mon rat. » (H. Monnier.)

RAT : Voleur de pain. (Colombey.)

RAT : Employé des contributions indirectes. Abréviation de rat de cave, qui fait allusion aux lieux où sa charge l’envoie exercer.

RAT : Avare. — « Je vous dénonce mon propriétaire, qui est un rat fini. » (Bertall.)

RAT, RATON : « Petit pégriot se cachant à la brune sous un comptoir, afin d’ouvrir, la nuit, la porte du magasin à ses collègues. » (A. Monnier.)

RAT : Caprice, fantaisie trottant de nuit dans la cervelle. (Dhautel.)

RAT : « Cette expression s’applique à tout retardataire de l’École polytechnique. Quiconque, après son examen de sortie, est exclu par son rang des ponts et chaussées est rat de ponts ; le rat de soupe est celui qui arrive trop tard à table. » (La Bédolliére.)

RAT (mon) : Terme d’amitié. — « Que tu es belle, mon chat… Adorable, mon petit rat ! » (E. Villars.)

RAT DE PRISON : Avocat. — Allusion à ses visites aux prisonniers.

RATA : Abréviation de ratatouille. — « Pour le rata, faites bouillir de l’eau, prenez des pommes de terre, ajoutez 3 kilogrammes de lard par cent hommes et servez. » (La Bédollière.)

RATAFIA DE GRENOUILLES : Eau. — « C’est la nourriture, le ratafia de grenouilles qui m’ont dérangé. » (Comm. de Loriot.)

RATÉ : « Un médecin sans diplôme, un poëte sans éditeur, un chanteur sans engagement, des déclassés, des fruits secs, des ratés, tous enragés comme lui contre la société qui ne voulait pas de leurs talents. » (A. Daudet, 76.)

RATIBOISER : Rafler. Diminutif de ratisser. « Ces messieurs m’ont ratiboisé 120 francs, mais là ! haut la main. » (Cavaillé.)

RATICHON : Peigne. (Halbert.) Mot à mot : petit râteau. L’image est exacte.

RATICHON : Prêtre. Mot à mot : ratissé, rasé. — Allusion à sa tonsure et à sa figure rasée. V. Momir, Rebâtir.

RATICHONNER : Peigner. (Halbert.)

RATICHONNIÈRE : Couvent. (Vidocq.)

RATISSÉ (être) : Être évincé. — « Allons ! cette fois je suis bien ratissé ! » (Marquet.)

RATISSER : Ruiner. — « Pas nous qui avons perdu de l’argent… Pas vous non plus, puisque vous êtes ratissés. » (Zola.)

RATISSER : Escroquer. (Rabasse.)

RATISSER LA COUENNE : Faire la barbe.

RATON : V. Rat (7e article.)

RAVAGEUR : « Les ravageurs commettent des vols sur les bateaux-lavoirs… Ils s’emparent du linge étendu… Ce genre de vol s’appelle vol au ravageur. » (Rabasse.)

RAVAGEURS : « Ils travaillent un instant après la pluie. Alors l’eau a charrié dans les rigoles ménagées par le pavé tous les morceaux de clous et de ferraille qu’elle a pu emporter en passant… La besogne faite, ils vendent un sou la livre leur misérable butin. » (Berthaud, 46.) — Les Mystères de Paris montrent cette industrie s’exerçant sur la Seine : « Le ravageur puise à l’aide d’une drague le sable sous la vase, puis il le lave comme un minerai, et en retire une grande quantité de parcelles métalliques. » (E. Sue.)

RAVIGNOLÉ : Récidive. — « Je n’ai pas coqué mon centre, de taffe du ravignolé ; ainsi si vouzailles brodez à mezigue, il faut balancer la lazagne au centre de Jean-Louis Laurant, au castuc de Canelle. » (Vidocq.)

RAZÉ, RAZI : Curé. (Halbert.) — Il est rasé. V. Ratichon.

RAZZIA : Enlèvement général. — Le mot date de notre guerre d’Afrique. En France, au xve siècle, on disait reize, ce qui était la même chose. — « Il exerçait de véritables razzias à l’endroit des tasses de chocolat. » (A. Second.) — « On n’oublie pas assez le chemin de ces tripots. L’autre jour, encore, on a opéré une razzia sur les hauteurs de Batignolles. » (P. Véron.)

RÉAC : Réactionnaire. — Date de 1848. — « Il s’agira seulement d’applaudir nos orateurs, et d’aplatir les réacs. » (Chenu.) Se prend aussi adjectivement.

« Mais lui, ce reporter, lui qui naguère encore, en style réac, mais hardi, urinait ses échos… » (R. Fauvel.)

RÉALISME : Culte exclusif de la réalité dans l’art ou la littérature. — « A l’heure qu’il est, le mot réalisme a fait son trou dans le Dictionnaire. » (Champfleury, 58.)

RÉALISTE : Artiste ou romancier s’appliquant à reproduire les scènes de la vie réelle, sans reculer devant leurs laideurs. — Rétif de La Bretonne a employé ce mot dans une critique littéraire de son Monsieur Nicolas ; il parle des réalistes du jour parmi lesquels il tenait, sans s’en douter, la première place.

REBÂTIR : Tuer. — Pour rebâtir, il faut démolir. — « Si tu consens à nous laisser rebâtir le ratichon et sa larbine, nous irons pioncer dans le sabri du rupin de ton villois, à cinquante paturons de la chique de la daronne du mec des mecs. » (Vidocq.)

REBECTAGE : Lutte. — « Au bout de six mois malade à Saint-Lazare ! Rebectage de mon côté, plus d’argent. » (Beauvillier.)

RÉBÉQUER (se) : Se défendre. Mot à mot : riposter à coups de bec. — « Allez-y : tapez sur la bête !… Et il ne fallait qu’elle s’avisât de se rébéquer. » (Zola.)

REBIFFE : Vengeance. (Vidocq.)

REBIFFER (se) : Se redresser. — Un soldat qui se rebiffe est un homme au port martial. — Un cheval qui se rebiffe porte haut la tête.

REBONNETER : Flatter. (Vidocq.)

REBOUISER : Considérer attentivement. (Idem.)

REBOUISEUR : « Au marché du Temple, les rebouiseurs ou ressuceurs achetaient les vieilles hardes pour les remettre à neuf. » (E. Sue.)

REBOURS : Déménagement clandestin.

RECEVOIR SON DÉCOMPTE : Mourir. — « Tué roide sur le champ de bataille, le beau tambour-major avait, pour parler en style de bivouac, reçu son décompte. » (Ricard.)

RÉCHAUFFANTE : Perruque. Elle réchauffe les chauves.

RÉCHAUFFÉ (c’est du) : C’est un vieil argument, c’est une manœuvre usée, comme les mets de la veille qu’on réchauffe le lendemain.

RÉCHAUFFER : Ennuyer. (Vidocq.) — Même allusion que dans bassiner, faire suer.

RECHIGNER : Renoncer. (Rabasse.)

RECONNOBRER, RECONNOBLER : Reconnaître. (Vidocq, Rabasse.) — C’est reconnaître avec changement de finale. V. Parrain.

RECOQUER : Rendre, (Grandval.)

RECORDER : Tuer. (Halbert.)

RECORDER : Prévenir. (Idem.) — Vieux mot.

REDANI : Grâce. (Idem.)

REDIN : Bourse. Pour Radin.

REDOUBLEMENT DE FIÈVRE : Charge nouvelle surgissant pendant une instruction.

REDOUILLER : Riposter. V. Merlins.

REDRESSE (être à la) : Être rusé. (Rabasse.)

RÉDUIT : Bourse. — C’est le réduit de la monnaie.

REFAIRE, REFAIRE AU MÊME, REFAIRE DANS LE DUR : Tromper. — « Dindonné, ce que nous appelons refait au même. » (Balzac.) V. Faire dont refaire est l’augmentatif.

REFAIRE : Manger. (Halbert.) Nous disons se refaire dans le même sens.

REFAITE : Repas. (Vidocq.) — Vieux mot.

REFAITER : Prendre un repas,

REFILER : Retrouver. V. Greffier.

REFILER : Donner. Voir Chouette.

REFILER, REPASSER : Donner un vol nourri. V. Camelotte.

REFROIDIR : Tuer. Effet pris pour la cause. V. Mecque, Suage.

REGALIA : Cigare de la Havane : Mot à mot : cigare royal. — « La chique, c’est la sœur cadette du londrès, du regalia. » (Vermersch.)

RÉGENCE : Digne des roueries galantes de la cour du régent. — « Si on allait lui faire un crime de la fragilité de ses mœurs un peu régence ? » (P. Borel, 33.)

REGINGLARD : Vin nouveau, piquette. C’est un Ginglard redoublé. — « À Paris, à Sens, on nomme reginglard le vin léger et légèrement acide. » (L’Intermédiaire.)

REGON : Dette.

REGONSER : Devoir. (Halbert.)

REGOUT : Rancune. — « Y’ vous aime. Raccommodez-vous donc là, sans r’goût. » (Catéchisme poissard, 40.)

REGOUT (faire du) : Être arrêté. (Halbert.)

Dans le glossaire de Colombey, faire du regout est manquer de prudence, ce qui paraît plus vraisemblable.

REJACQUER : Crier. (Grandval.) — Vieux mot. — En patois lorrain, on appelle encore jaque le geai, qui est un oiseau fort bruyant.

RÉJOUISSANCE : Os glissé par les bouchers dans la viande pesée à leurs pratiques. — « Les bouchers ajoutent encore des os qu’on appelle ironiquement réjouissances. » (Mercier, 1783.)

RÉJOUISSANCE : A fini par se dire ironiquement d’une femme maigre. — « Faut voir ça au déballage. Y a peut-être plus de réjouissance que de viande là-dessous. (Neuville.)

RELEVANTE : Moutarde. (Colombey.) Elle relève les aliments.

RELEVER (la) : Se faire donner de l’argent.

RELICHER : Embrasser. — Forme de relécher. « Qu’elle se laissât surprendre à se faire relicher dehors… Il lui couperait le cou. » (Zola.)

RELUIT : Jour, œil. Les yeux reluisent. V. Coquer, Luisant, Chasse.

RELUQUER : Examiner. — Vieux mot. Allucar se disait déjà en langue romane pour : regarder fixement. V. Rembroquer.

RELUQUEUR : Homme qui regarde obstinément les femmes.

REMAQUILLER : Refaire. (Vidocq.)

REMBROCABLE : Reconnaissable. (Idem.)

REMBROCAGE DE PARRAINS : Confrontation. V. Rembroquer.

REMBROQUANT : Miroir. (Halbert.) En se mirant on se rembroque soi-même.

REMBROQUER : Examiner avec attention. Mot à mot : embrocher du regard. Nous disons aussi regard perçant. V. Abadis, Béquille, Moucharde, etc.

REMERCIER SON BOULANGER : Mourir. Mot à mot : n’avoir plus besoin de manger du pain. V. Pipe (casser sa).

REMISER : Conduire en prison. V. Filer.

REMISIER : Courtier d’opérations de bourse sur lesquelles il a une remise.

REMOUCHER, REMOUQUER : Observer. V. Rembroquer.

R’mouchez-moi un peu c’ larbin
Sous sa fourrure de cosaque.
(Richepin.)

REMPARDEUSE : Prostituée de rempart. (Rabasse.)

REMPLISSAGE : Prose ajoutée dans le seul but d’allonger un texte. — « Il a trouvé beaucoup de remplissage dans mon dernier livre. » (Ricard.)

RENARD : Second degré du compagnonnage. — « Pour être compagnon, tu seras lapin ou apprenti, plus tard tu passeras renard ou aspirant. » (Biéville.)

RENARD : Vomissement. — Le voyageur Jacques Lesaige dit déjà en parlant des effets du mal de mer : « Loué soit Dieu ! j’avois bon apétit, car je n’avois fait que escorchier le regnart. » (1518.) V. Piquer, Queue.

RENARD : « Il va prendre son renard : un bouillon et une chopine de vin dedans. » (Le Sublime, 72.) — Allusion au mot renard (vomissement), qui représente un mélange d’aliments.

RENARDER : Vomir. — « Je suis gris… Vous me permettrez de renarder dans le kiosque. » (Balzac.) Jadis on disait renauder.

RENARDER : Trahir. Le renard est renommé pour sa traîtrise. — « Polyte et toi avec, vous avez renardé… — Trahir les amis, jamais ! » (Ponson du Terrail.)

RENAUDER : Refuser. (Vidocq.) Du vieux mot renauder : vomir. — « Quand elle quête, merci ! chacun renaude ou détale. » (Léonard.)

RENAUDEUR : Qui n’est jamais content. (Rabasse.)

RENCONTRE (vol à la) : « Variété du vol à la tire. Il est opéré par deux compères : le premier heurte un passant dont il détache la chaîne qui est aussitôt remise au second ; puis il s’éloigne en s’excusant et se laissant fouiller, si on découvre le vol. » (Canler.) — Ce vol se fait souvent aussi en simulant une méprise. On bouscule le volé qu’on a pris pour un autre. Si on se sauve, on l’étourdit d’un coup de poing sur la figure. (Rabasse.)

RENCONTRE (faire à la) : « Le malheureux reçoit dans la poitrine un terrible coup de tête. C’est ce qu’on appelle en argot le faire à la rencontre. » (Ad. Rocher, 67.)

RENDEZ-MOI (voler au) : Voler un marchand en lui demandant la monnaie d’une pièce de 5 ou de 20 francs qu’on a déposée sur le comptoir, puis remise subtilement dans sa poche. (Rabasse.)

RENDRE SES COMPTES : Vomir. Mot à mot : rendre les comptes que vous demande un estomac trop chargé. — « À la dix-huitième canette, le néophyte rendit ses comptes. » (Michu.)

RÊNE (saisir la troisième) ; S’accrocher à la crinière du cheval sur lequel on ne peut se maintenir.

RENFONCEMENT : Bourrade. — « Il m’envoya un renfoncement que j’en ai vu trente-six mille chandelles romaines. » (Ladimir.)

RENFRUSQUINER : Vêtir.

RENG : Cent. (Halbert.)

RENGAINER : Se taire. (Rabasse.) C’est-à-dire rengainer sa parole.

RENGAINER SON COMPLIMENT : Ne pas dire ce qu’on voulait.

RENGRACIER : Devenir honnête. Mot à mot : rentrer en grâce de la société. — « Jamais tu ne rengracieras. Plutôt caner en goupinant. » (Vidocq.)

RENGRACIER : Ne rien dire. (Rabasse.)

RENIFLER : Boire d’un trait, en aspirant, comme si on reniflait. — « Et nous avons chacun reniflé cinq litres à dix sous. » (Moinaux,)

RENIFLER : Sentir, deviner. V. Pante.

RENIFLER : Refuser. — « Le premier jour, j’ai reniflé sur ma gamelle et j’ai lâché ma portion de bœuf. » (Commentaires de Loriot.)

RENIFLEUR DE CAMELOTTE À LA FLAN : Voleur dépouillant les étalages. — Renifleur rend bien la vitesse aspirante du procédé. On sait que à la flan veut dire au hasard, comme cela se trouve.

RENQUILLER : Rentrer.

RENVERSANT : Superbe. — « Parfait ! aux petits ognons ! Je vous ai vues à l’ouverture des Bouffes… Des pelures renversantes. » (Villars.)

REPIGER : Rattraper. — « Attends, toi ! si je peux te repiger un jour ! » (Moinaux.)

REPINCER : Rattraper. — « J’en suis encore pour mes vingt centimes, je te repincerai, vieux carottier ! » (Marquet.)

REPIQUAGE : Action de repiquer. — « Quatre à z’un… Bon ! Le repiquage sur quatre, c’est infaillible !… » fait dire M. Boué de Villiers à un joueur d’écarté dans le Petit Bonhomme d’Évreux.

REPIQUER : Reprendre le dessus, soit au jeu, soit en affaires, soit en cas de maladie.

REPIQUER : Recommencer. — « On repiqua son chaste cancan. » (Privat d’Anglemont, 46.)

REPIQUER : Se rendormir. De piquer son chien. — « Au plus fort de la chaleur, on repique dur. » (Vie parisienne, 66.)

REPLÂTRÉE : Grossièrement fardée. — « Des vieilles replâtrées, des jeunes très-sales. » (Zola.)

RÉPONSE : Opération de bourse expliquée par l’exemple suivant : — « À chaque liquidation, les acheteurs à prime déclarent s’ils abandonnent la prime, ou s’ils maintiennent leur marché : ce qui s’appelle en boursicoterie donner sa réponse. » (Boursicotiérisme) 58.)

REPORT : Opération de bourse. V. ci-dessous.

REPORTAGE : Métier de chroniqueur ou reporter. — « Un de ces journaux où les Marguerite Gautier (lorettes) du reportage se refont une virginité. » (L. Bienvenu.)

REPORTER : « Si vous êtes acheteur de rente et si la rente baisse, vous pouvez continuer votre opération en vous faisant reporter. On ajoute alors au cours le prix du report, plus un nouveau courtage. La cherté des reports tempère souvent les dispositions à la hausse. » (De Mériclet, 56.) — « Je l’avais dit à Ernest : reporte ! Il n’a pas reporté. Et tu vois… Il plonge. » (L.-G. Jacques, 68.)

REPORTER : Nouvelliste. Mot à mot : rapporteur de nouvelles. — « La presse de Paris compte ici de nombreux reporters. » (A. Rocher, 67.) — « Il n’y a pas de député qui ne soit reporter à ses heures. » (Figaro, 75.)

REPOUSSANT : Fusil. — Il repousse l’épaule.

REPOUSSER : Sentir mauvais. (Rabasse.) — Effet pris pour la cause.

REQUILLER : Remettre d’aplomb. Mot à mot : sur ses quilles.

RESOLIR : Revendre.

RESPIRANTE : Bouche. — Effet pris pour la cause. — « Il lui bouchait la respirante par c’t’ argument du port Saint-Nicolas… » (Cabassol.)

RESUCÉ, DE LA TROISIÈME RESUCÉE : Flétri par l’usage, fané, usé. — Allusion au bâton de sucre d’orge que se repassent plusieurs gamins. — « Gervaise, un jour que Coupeau regrettait leur mariage, s’emporta. Ah ! elle lui avait apporté la resucée des autres. » (Zola.)

RESUCEUR : V. Rebouiseur.

RÉSURRECTION (la) : La prison de Saint-Lazare. — Allusion biblique à Lazare le ressuscité.

RETAPE (faire sa) : Chercher galant. — Vient de l’argot des voleurs qui disaient autrefois aller à la retape pour : s’embusquer sur le grand chemin. — « C’est moi qui lui ai donné l’idée de faire sa retappe (sic), avec un costume décent et un carton à chapeau à la main. » (Cinquante mille voleurs de plus à Paris, Paris, 30.)

RETAPEUSE : Raccrocheuse.

En robes plus ou moins pompeuses,
Elles vont comme des souris ;
Ce sont les jeunes retapeuses
Qui font la gloire de Paris.
(A. Glatigny.)

RETIENS (je te) : Se dit ironiquement pour : Je retiendrai ce que tu dis ou ce que tu fais. — « L’amie : Il fallait aller jouer ailleurs. — Irma : Où cela ? en, province ? Merci !… Je te retiens, toi. » (Monselet.)

RETIENS POUR LA PREMIÈRE CONTREDANSE (je te) : Je ne manquerai pas la première occasion de te battre. Mot à mot : de te faire danser.

RETIRO : Lieu retiré. — Mot espagnol. En vieux français on disait retrait, et on ne le dit plus, je ne sais pourquoi. — « Ce retiro a eu la gloire d’entendre prononcer, par Samson, le plus joli mot. » (Figaro, 75.)

RETOQUER : Refuser. — Allusion au choc produit par une chose qui en repousse une autre.

RETOURNE (De quoi il) : Ce qui se produit de nouveau, de capital. — Terme de jeu de cartes où la retourne de l’atout domine la situation. — « Voici de quoi il retourne pour le quart d’heure. » (Texier.)

RETOURNER (savoir se) : Se tirer d’embarras ; mot à mot ; faire face de tous côtés aux exigences d’une situation mauvaise — « La démocratie française a déjà pris son parti. Elle va, comme l’on dit dans nos cercles populaires, se retourner. » (République française, 75.)

RÉUSSI : Beau, réussi d’exécution. — « Mme  de Juliamé était belle ce soir-là… Il ne l’avait jamais vu si réussie. » (Aubryet.)

RÊVEUR : Homme dénué de sens pratique. — « Le rêveur est celui qui se complaît dans une œuvre médiocre. » (Champfleury.)

RIBOUI : Abréviation de Rebouiseur.

RICHE : Beau, bon. — En inventant cette acception, l’argot a donné un pendant à pauvre, qui est admis dans le sens contraire. — « Par exemple : C’était une riche idée. Le soir, aux lumières, elle pouvait encore faire des conquêtes. » (Zola.)

RICHELIEU : Digne de la galanterie du maréchal de ce nom. — « Tout le benjoin d’une galanterie à 80 degrés Richelieu. » (Murger.)

RICHEMENT LAID : Aussi laid que possible.

RIEN (ne) : Locution affirmative. V. Pas (ne). — On dit : Il ne fait rien froid, pour il fait très-froid ; il n’est rien embêtant, pour il est très-embêtant, etc, etc — « Quel vieux birbe : il n’était rien folichon ! » (Zola.)

Nous somm’s rien bat’ ! Nous épatons
Du cabochard aux trottignolles.
(Richepin.)

Traduction : « Nous sommes très-bien. Nous frappons d’admiration de la tête aux pieds. »

RIFF, RIF, RIFFE, RIFLE : Feu, flamme. — « Je remouche au coin du rifle un sinve qui roupillait. J’ai sondé dans ses profondes. » (Vidocq.)

RIFFAUDANTE : Flamme. (Grandval.)

RIFFAUDAT : Incendie. (Idem.)

RIFFAUDER : Brûler, se chauffer. V. Flacul.

Riffauder est un vieux mot, car les anciens gueux qui se prétendaient ruinés par un incendie s’appelaient les riffaudés.

RIFFAUDEUR : Chauffeur ou voleur brûlant les pieds de ses victimes pour leur faire livrer leur argent caché. (Vidocq.)

RIFFLE (prendre de) : Prendre sans hésiter. (Rabasse.)

RIFLARD : Parapluie. — D’une pièce de Picard, la Petite Ville (01), où l’acteur chargé du rôle de Riflard portait un énorme parapluie. — « Il pleuvait à verse, elle était sous son riflard. » (Lubize.)

RIGODONS : Souliers. (Rabasse.)

RIGOLADE, RIGOLAGE : Amusement. — C’est pour la rigolade : c’est l’histoire de rire. — Rigolage est un mot ancien. — « Ma vie est une rigolade perpétuelle, rien ne m’affecte. » (Blondelet.)

RIGOLBOCHE : Danseuse de bal public. — Ce fut d’abord le nom d’une célébrité du cru. — « Les Rigolboche qui peuplent les bals publics ont plus de goût pour la rigolbochade que pour la vertu. » (À propos de calicots, 1861.)

RIGOLBOCHE : Amusant, drôle. — C’est rigolo avec changement de finale. — « C’était au Prado. La querelle allait son train… Laissez-les donc ! c’est bien plus rigolboche ! — Le mot fut sur-le-champ acclamé. » (Mémoires de Rigolboche, 60.)

RIGOLBOCHER : Danser comme Rigolboche, danseuse à la mode dont je viens d’expliquer le nom. — « Nous rigolbochons parfois à Bullier. » (60.)

RIGOLER : Rire, se divertir. — Vieux mot. Dès 1373, Du Gange en cite des exemples. — « Et frère Jean de rigouller, jamais homme ne feut tant courtois ny gracieux. » (Rabelais.) — « Qu’est-ce qui chante ? je veux de quoi rigoler, moi ! » (Champfleury.)

RIGOLETTE : V. Rigolot.

RIGOLEUR : Bon vivant. — Dans un bouchon de Romainville, nous étions vingt-cinq rigoleurs. (Blondel.)

RIGOLO : amusant, comique. — « C’est d’un rigolo à faire pâlir Xavier de Montépin. » (E. Simon.) — « Allons donc ! le verbe sortir est bien plus rigolo. Je sors ou je m’esbigne, tu te la brises, ou mieux tu te la casses. » (Villars.)

RIGOLOT, RIGOLETTE : Fille rieuse, joyeux garçon. — « Rigolos et vous rigolettes, gais enfants d’ l’atelier. » (A. Joly.)

RINCÉE : Correction, forte pluie. — « Il a reçu une bonne rincée, il a été battu, étrillé comme il faut. » (Dhautel.)

RINCER : Dévaliser. — « Des malfaiteurs crurent pouvoir rincer la caisse du juif. » (Balzac.)

RINCER : Battre. — « Un général fond sur l’ennemi et vous le rince. » (Favard, 1750.)

RINCER LE GOSIER, LA CORNE, LE CORNET, LE SIFFLET, L’AVALOIR, LA DALLE (Se) : Boire. V. ces mots.

RINCETTE : Petit verre d’eau-de-vie versé dans la demi-tasse où l’on vient de boire le café. Le second verre s’appelle surrincette.

RING : « L’ensemble des bookmakers, » selon M. Ernest Parent. « L’enceinte du pesage dans un champ de courses, » selon M. Paz. — Anglicanisme. — « Elle était là sur le turf, au milieu du ring et des ringueurs. » (Vie parisienne.) — « Quand le favori gagne, le ring est en perte. Quand c’est un outsider qui l’emporte, le ring fait d’énormes bénéfices. » (E. Parent.)

RINGUER : Stationner dans le ring. — « On ringuait à tout casser. J’ai empoché quelques monacos. » (Villars.)

RINGUEUR : V. Ring.

RIOLE, RIOLLE : Divertissement. — De rigoler. — « Pitanchons, faisons riolle jusqu’au jugement. » (Grandval.)

RIOLE ( Se mettre en riole) : — « S’amuser pendant le temps du travail. » (Dhautel, 08.)

RIPATON : Soulier. (Rabasse.)

RIPATONNER : Rafistoler. — « On ripatonne un livre en publiant une édition revue et corrigée ; on ripatonne un édifice en le récrépissant. » (La Bédollière.)

RIQUIQUI : Mélange d’eau-de-vie et de liqueur. — « Tiens ! pour te guérir, je t’apporte une goutte de riquiqui. » (La Femme comme on en voit peu, 1789.)

RIVANCHER : V. Tremblant.

RIVETTE. V. Tante.

RIZ-PAIN-SEL : « À l’armée où les agents du service des subsistances distribuent les vivres, on leur donne le sobriquet de riz-pain-sel. » (La Bédolliére.)

ROBER : Dérober. (Vidocq.) — Vieux mot dont nous avons fait dérober.

ROBERT MACAIRE : Variété du cancan. — « Allusion à la danse de Robert Macaire au premier acte de l’Auberge des Adrets. » (Phys. de la Chaumière, 41.) — V. Macaire.

ROBIGNOLE : Petite boule de liège dont on se sert pour le jeu de cocanges. (Rabasse.)

ROBIGNOLEUR : Floueur, tenant un jeu de cocanges. (Rabasse.)

ROBINET (Lâcher le) : Pleurer. — Mot à mot : lâcher le robinet de la fontaine des larmes.

ROBINSON : Parapluie. — « Usité depuis la représentation d’une pièce de Pixérécourt, où Robinson paraît avec son grand parasol. »

ROCAILLE : Dans le goût de l’époque de Louis XV, où les coquilles et les rocailles ont été très-souvent utilisées comme ornements. — « L’amour des rocailles, mot qui caractérise l’ameublement du règne de Louis XV. » (Roqueplan.)

ROCHET : Curé. (Vidocq.) — Allusion à son rochet ou camail.

ROCOCO : Le rococo est le genre rocaille exagéré. De là ce changement de finale redoublé.

ROCOCO : Suranné. — « Ce mot nouveau me semble être appliqué, par la jeunesse innovatrice, à tout ce qui porte l’empreinte des temps passés. » (Miss Trollope, 35.)

ROGNEUR : Fourrier. — Abréviation de rogneur de portions. — Allusion aux vivres de campagne sur lesquels un fourrier peu délicat prélève une dîme indue.

Gratte-papier, rogneur, traîne-paillasse,
Hardi pillard aux deux galons d’argent,
De vingt surnoms que sur lui l’on entasse,
Le fourrier rit et se moque en chantant.
(Wado.)

ROGNURES : Acteurs médiocres. — « Un vaudeville en un acte que la troupe de fer-blanc, vulgairement appelée Rognures, exécute de 6 heures 1/2 à 7 heures 1/4 devant les banquettes désertes et les ouvreuses impatientes. » (J. Duflot, 61.)

ROMAGNOL, ROMAGNON : Trésor enfoui. (Colombey.)

ROMAIN : Claqueur. — Allusion aux Romains qui applaudissaient Néron. — « Sous le lustre avec les romains du parterre. » (P. Borel, 33.)

ROMAIN : Fantassin. — Allusion à la forme romaine du poignard d’infanterie (ancien modèle).

ROMAMICHEL, ROMANICHEL, ROMANITCHEL : Voleur de race bohémienne. De Romani, qui veut dire en argot espagnol gitano, bohémien. — « Ils exploitent l’Europe entière sous les allures de marchands forains. Ils se marient entre eux, voyagent constamment sans être réunis en apparence. Leurs femmes, coiffées généralement de madras, vont de porte en porte offrir de la toile et des mouchoirs, elles étudient les lieux et prêtent assistance à leurs complices en cas d’arrestation. » (Canler.) — Ils endorment souvent leurs victimes en mêlant du datura stramomium à leur boisson. De là, le nom d’endormeur qui leur est aussi donné.

ROMANTIQUE : Dédaignant les règles classiques en art ou en littérature. L’an 1833 marque l’apogée de l’école. Elle était alors âgée de vingt ans. — « L’expression du genre romantique ne se montre qu’une seule fois dans le livre de l’Allemagne et semble y demander grâce pour sa nouveauté. » (Les Scrupules littéraires de madame de Staël. Paris, 1814.)

ROME : Choux. (Halbert),

ROND : Ivre. Mot à mot : Gonflé par la boisson. « Descendant d’ la guinguette, un soir que j’étais rond. » (Les Amours de Jeannette, ch. xiii.)

ROND : Sou. — Il est rond. — « Aboule tes vingt ronds, bêta ! » (Montépin.)

RONDACHE, RONDINE, RONDINET : Bague. (Halbert.)

RONDELETS, RONDINS : Seins. (Idem.) — Allusion de forme dans ces mots comme dans les précédents.

RONDIN JAUNE : Pièce d’or. (Rabasse).

RONDINE : Canne. — Elle sert à rondiner les gens. V. Vague, Rondache.

RONDINER : Battre à coups de bâton. Mot à mot : de rondin. — « Qu’il est doux de pouvoir rondiner un ingrat ! » (Le Rapatriage, parade du xviiie siècle.)

RONDINER DES YEUX : Faire les yeux ronds.

RONFLER À CRI : Feindre de dormir. (Halbert.)

ROPING (The), The pulling : « Ces deux mots expriment l’acte de faire perdre volontairement un cheval en le retenant. » (Parent.) — Anglicanisme.

ROSSARD, ROSSE : Homme mou, lâche. — « Quell’ rosse qu’ tu fais ! T’es mon ami tout d’ même. » (Protat.) — « Entre nous, ce sont des rossards, les Arabes. Eux à cheval, la femme courant derrière. » (Comm. de Loriot.)

ROSSÉE : Grêle de coups, action de rosser. — « Fafouillas écoutait aux portes, ce qui lui attirait une rossée exemplaire. » (Commentaires de Loriot, 69.)

ROSSIGNANTE : Flûte. (Halbert). Abr. de rossignolante.

ROSSIGNOL : « Sobriquet donné par les libraires aux ouvrages qui restent perchés sur les casiers dans les solitudes de leur magasin. » (Balzac.) — Les marchands de nouveautés donnent le même nom aux étoffes démodées, qui, comme les livres non vendus, restent remisées près du plafond ainsi que des oiseaux en cage.

ROSSIGNOL : Fausse clef. (Halbert.)

ROSSIGNOLER : Ouvrir avec un rossignol.

Après, je n’ manquerai pas de raisons
Pour rossignoler les maisons.
(Festeau, 72.)

ROSSIGNOLER : Chanter. (Grandval.) Mot à mot : chanter comme un rossignol.

ROTIN : Sou. — Diminutif de rond. « Si, par hasard, ils se lâchent d’un déjeuner de vingt-cinq rotins. » (Lynol.)

ROTIN (le) : La corde. (Rabasse.)

ROUBION : « Une fille publique laide est un roubion, dans le langage de leur métier. » (Parent-Duchatelet.)

ROUBLARD : Laid, incomplet, gâté. (Colombey.)

ROUBLARD : Adroit, roué. — C’est roué avec changement de finale, comme dans roumard. — « Non, non, je n’ai pas confiance, car je connais ces balançoires, je suis roublard. » (Lem. de Neuville.)

ROUBLARDER : User de roublardise. « Ils ne trichaient guère, mais pardonnez-moi l’expression, ils roublardaient. » (Cavaillé.)

ROUBLARDISE : Rouerie. — « Lui régnant sur la blonde et sur la brune, s’engraissait de sa roublardise. » (Zola.)

ROUCHI, ROUCHIE : Homme dégoûtant, femme répugnante. Du vieux mot rouchi : mauvais cheval. — « Veux-tu te cacher, vilain rouchi ; tu reviendras quand tu seras blanchi. » (Catéchisme poissard, 44.)

Elle prouva bientôt, fière catin,
Qu’elle était rouchie.
(A. Pothey.)

Rouchie ne se prend pas toujours en mauvaise part : « Il est l’amant de cœur d’une jolie rouchie des grands quartiers. » (Le Sublime, 72.)

ROUE DE DERRIÈRE : Pièce de cinq francs. — Allusion au grand diamètre des roues de derrière de voitures. — « Roues de derrière est une expression des cochers, pour dire pièces de cinq francs. » (Cabarets de Paris, 21.) — Autrefois, c’était un écu de six livres. — « Je peux solir pour une roue de derrière ce qui m’a coûté cinquante ronds, c’est-à-dire vendre pour six francs ce qui m’a coûté cinquante sous. » (Avent. de J. Sharp, 1789.)

ROUE DE DEVANT : Pièce de deux francs. — Les roues de devant de voitures sont les plus petites.

ROUÉ : Juge d’instruction. (Vidocq.) — Il l’est par métier.

ROUEN (Aller à) : Marcher à sa perte. (Halbert.) Mot à mot : se couler, se ruiner. — Jeu de mots. V. ci-dessous.

ROUEN (Envoyer à) : Couler, ruiner. — Allusion à la Seine qui coule de Paris à Rouen. — « Vous voulez donc couler l’atelier, vous voulez m’envoyer à Rouen. » (Le Sublime, 72.)

ROUFFION : « Les rouffions sont les apprentis du commerce de la nouveauté. Ils font et défont les étalages, replient les étoffes, font les courses. » (Naviaux, 61.) — « Pourquoi roufion ? Je l’ignore, il est plein d’ardeur, joueur, léger, mais attentif. » (Noriac.)

ROUFLAQUETTE : Grosse mèche de cheveux ramenée et collée sur la tempe.

J’ sais rien m’ coller eun’ rouflaquette
Tout l’ long d’ la tempe, jusqu’à l’œil.
(Richepin, 77.)

ROUGE : Révolutionnaire acceptant le drapeau rouge. — « Les hameaux devenant plus rouges que les faubourgs, c’est là le caractère nouveau de cette rechute. » (Aubryet.) — On dit aussi la rouge pour « la république rouge. »

ROUGET : Cuivre. (Vidocq.) C’est le cuivre rouge. Le cuivre jaune est le paillon.

ROUILLARDE : Bouteille de vieux vin. (Vidocq.) Allusion à l’aspect rouillé de la bouteille.

ROULANCE : Roulement général que font les ouvriers typographes à coups de composteurs sur leurs casses, à la rentrée d’un confrère qu’ils viennent de mystifier. — (Ladimir.)

ROULANT : Pois. (Halbert.)

ROULANT : Marchand d’habits ambulant. V. Chineur.

ROULANT, ROULANTE : Voiture. V. Roulette.

ROULANT VIF : Chemin de fer. (Rabasse.) « La science change la face de la civilisation par le chemin de fer, l’argot l’a déjà nommé le roulant vif. » (Balzac.) — Vif veut dire ici allant vivement.

ROULANTE : Voiture. (Rabasse.)

ROULÉE : Vigoureuse correction.

ROULEMENT DE TAMBOUR : Aboiement de chien. (Vidocq.)

ROULER : Battre, mot à mot : Faire rouler sous les coups.

ROULER : Tromper, duper, mystifier. — Ce mot présente la même image que charrier et faire aller. À vrai dire, tromper les gens, c’est les envoyer bien loin de la vérité. — « Enfin je suis seul contre le gouvernement avec son tas de tribunaux, et je les roule. » (Balzac.)

ROULER : Voyager. — Roulier est resté. V. Gadoue.

Ça roule : Je me porte bien, je fais de bonnes affaires.

Ça roule se dit d’une manœuvre exécutée sans ensemble, lorsque les fusils ne résonnent pas à la fois d’un seul coup.

ROULEUR : Fripon, trompeur. — « Cela ne serait pas bien ; nos courtiers passeraient pour des rouleurs. » (Lynol.)

ROULEUR : « Ses fonctions consistent à présenter les ouvriers aux maîtres qui veulent les embaucher et à consacrer leur engagement. C’est lui qui accompagne les partants jusqu’à la sortie des villes. » (G. Sand.)

ROULEUSE : Prostituée. Mot à mot : femme roulant dans les endroits publics en quête de chalands. — « Angélina ne se souvint plus de la lorette rouleuse, ni de la lorette soupeuse. » (Boursicotiérisme.) — « En attendant elle gardait seulement les mauvaises payes, les rouleuses. » (Zola.)

ROULOTTAGE (Grinchir au) : Voler les maisons de roulage.

ROULOTTE : Voiture, charrette. « Tout ce maquillage ne te fera pas démarger en roulotte (aller en voiture). » (Paillet.)

ROULOTTIER : Voleur de voiture, c’est-à-dire de roulotte. « Au lieu de travailler en chambre, il travaille en voiture. Il saisit un colis sur un camion de roulage et s’éloigne avec sa proie. » (A. Monnier.)

ROULOTTIN : Charretier.

ROULURE : Rouleuse. (V. ce mot.) « Encore une roulure pour les boulevards… Elle leur chiera du poivre avant six mois. » (Zola.)

ROUMARD : Roué. (Grandval.) Changement de finale.

ROUPIE : Punaise. (Vidocq.) — Elle a la forme et la couleur d’une roupie de tabac.

ROUPIE DE SINGE : Rien. Roupie a ici le sens de monnaie. V. Monnaie de singe.

ROUPILLER : Dormir. — « Il est bien temps de roupiller. » (Henriade travestie.)

ROUPILLEUR, LLEUSE : Dormeur, dormeuse. (Halbert.)

ROUPIS : Vieux priseur ayant la roupie au nez. — « Garçon ! me dit un vieux roupis. » (E. Debraux.)

ROUSCAILLANTE : Langue. (Halbert.) — Mot à mot : parlante.

ROUSCAILLER BIGORNE : Parler argot.

ROUSPANT : Entremetteur au service des tantes.

ROUSSE, ROUSSIN : Agent de police. Du vieux mot rouchin : rosse, mauvais cheval. — « C’était l’agent de change que suivaient les roussins. » (Vidocq.) — « À quoi penses-tu ? tu bois avec des rousses. » (Chenu.)

ROUSSE : Police. — « Ils croient voir partout la rousse. » (Paillet.)

ROUSSI : Mouchard de prison. (Colombey.)

ROUSSIN : V. Rousse.

ROUSSINER : Faire arrêter par la police.

On vous roussine,
Et puis la tine
Vient remoucher la butte en rigolant.
(Lacenaire.)

ROUSTI (Être) : être arrêté. (Rabasse.)

ROUSTIR : Escroquer. — « La plupart des banquistes ont un truc pour roustir les gonzes, c’est-à-dire une supercherie pour attraper les bonnes gens. » (Aventures de Sharp, 1789.)

ROUSTISSEUR, EUSE : Voleur, voleuse. — « On accuse donc c’te pauvre fille d’être une roustisseuse et d’avoir fait sauter l’argenterie. » (Voizo.)

ROUSTISSURE : Volerie, chose ne valant rien.

ROUSTURE : Homme en surveillance de la police. (Halbert.)

ROYALE : « Louis XIII rasait bien, et un jour il coupa la barbe à ses officiers et ne leur laissa qu’un petit toupet au menton. » (T. des Réaux.) De là sans doute ce mot, dit Monmerqué. La royale devint l’impériale sous le régime napoléonien,

RUBAN DE QUEUE : Longue étendue de route tranchant à l’œil comme un ruban sur la terre où ses courbures lui donnent l’aspect d’une queue d’animal. — « Comme ces grandes routes, rubans de queue de quatre ou cinq lieues de long qui, rien qu’à les voir toujours toutes droites, vous cassent les jambes. » (E. Sue.)

RUDE : Remarquable. — « Mon vieux sabre, tu peux te vanter d’appartenir à un rude lapin. » (About.) V. Raide, Balle, Doux.

RUDEMENT : Remarquablement. — « Faut que je sois rudement malheureuse. » (Vie parisienne, 66.)

RUE AU PAIN : Gosier. C’est par là que les aliments passent. — « Commence, mon vieux, par arroser la rue au pain, dit la chiffonnière en remplissant le verre du voisin. » (C. Rabou.)

RUE DE RIVOLI : Six de jeu de cartes. (Alyge.) — Allusion à son aspect aligné et régulier.

RUER À LA BOTTE : Être susceptible. — Allusion aux chevaux chatouilleux qui ne peuvent sentir l’approche de l’éperon. — Terme de cavalier.

RUETTE : Gosier. Même allusion que dans rue au pain. — Dans le Compliment de Jérôme, Fanchon et Cadet, Jérôme, qui a chanté mal, dit : « Vous sentez qu’un homme n’a pas le passage de la ruette fait pour la musique. » (Catéchisme poissard, 40.)

RUP, RUPART, RUPIN, RUPINÉ : Élégant, homme riche. — Du vieux mot drup, drupe : homme distingué. V. le Dict. de Lacombe (1760). — « Madame, en v’là un rup ! il m’a dit de garder la monnaie pour moi. » (Jaime.) — « Pour enfoncer un rupiné je sers d’exemple. Malheur à qui contemple mon petit minois chiffonné. » (Mouret.) — Se prend adjectivement. — « Tu étais dans une société assez rup. » (Montépin.) — « Faisons un bout de toilette ! que chacun soit rupin. » (Chenu.)

RURAUX : Les agitateurs de la Commune donnaient ce nom aux membres de l’Assemblée nationale à Versailles. — « Hier, 30 mars, les ruraux n’ont point tenu de séance. Sont-ils retournés à la messe, sont-ils allés à vêpres, nous l’ignorons. » (Le Vengeur, 31 mars 71.)

RUSTIQUE : Greffier. (Halbert.)

RUSTIQUE (n’être pas) : N’être pas vigoureux. Du vieux mot ruste : fort.

RUSTU : Greffe. (Halbert.)

RUTIÈRE : Raccrocheuse volant dans la rue. (Colombey.)