Dictionnaire historique d’argot /Édition Dentu/1881/P

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P



P (faire le) : Faire mauvaise mine. (Grandval.) V. Pet.

PACANT ; Homme de campagne. (Halbert.)

PACANT : Passant. (Grandval.)

PACQUELIN, PACLIN, PASQUELIN : Pays. (Vidocq, Halbert.)

PACQUELINAGE : Voyage. (Idem.)

PACQUELINEUR, NEUSE : Voyageur, voyageuse. (Idem.)

PACSIN : Paquet. (Grandval.) — Changement de finale.

PAF : Eau-de-vie. V. Paffer.

PAF : Locution usitée pour indiquer une chose subitement et promptement arrivée, comme la chute d’un corps qui fait paf en tombant. — « Voyant ça, paf ! il en tombe amoureux. » (Stop, 75.)

PAF : Ivre. — Abréviation de Paffé. V. Paffer. — « Vous avez été joliment paf hier. » (Balzac.)

PAFFS : Souliers. (Rabasse.) Abréviation de Passif. V. Gouêpeur, Empaffe.

PAFFER, EMPAFFER : Enivrer, Mot à mot : remplir de paf. — Le paf représentait au dernier siècle la goutte d’aujourd’hui. En voici de nombreux exemples. — « Viens plutôt d’amitié boire avec nous trois un coup de paffe. » (Vadé, 1758.) — « Voulez-vous boire une goutte de paf ? — J’ voulons bien. — Saint-Jean, va nous chercher d’ misequier d’ rogome. » (L’Écluse, 1756.) — « Il m’ proposit le paf. Ça me parlit au cœur si bien, que j’y allis… dans une tabagie de la rue des Boucheries, où que j’ bure du ratafia après le coco. » (Rétif, 177e Contemp., 1783.) — « Au milieu de cette plèbe bariolée qui se paffe de vin bleu. » (Delvau.) — « Nous allons à la Courtille nous fourrer du vin sous le nez, quand nous sommes bien empaffés. » (Vidal, 33.)

PAGNE : Secours envoyé à un détenu par un ami. (Vidocq.) — Abréviation de panier à provisions.

PAILLASSE : Sauteur politique. — Allusion à la chanson de Béranger.

Paillass’, mon ami,
N’ saut’ pas à demi,
Saute pour tout le monde, etc.

De là aussi le synonyme de Sauteur.

PAILLASSE : Ventre. — Les intestins s’en échappent comme la paille d’une paillasse. — « Il s’est fait crever la paillasse, il s’est fait tuer. » (Dhautel, 08.)

PAILLASSE, PAILLASSE DE CORPS DE GARDE : Prostituée de dernier ordre. Comme les paillasses de corps de garde, elle change journellement de coucheurs. — « Qu’es-tu, toi ? larronnesse, paillasse de corps de garde ! » (Dialogues poissards, xviiie siècle.)

PAILLASSON : Homme fréquentant les paillasses. V. ci-dessus. — « Quand finirez-vous, libertin, de courir les catins ? Encore, ce vieux paillasson, parl’-t-il d’ morale en action ! » (Catéchisme poissard.)

PAILLE : Dentelle. (Vidocq.) — Elle est légère comme une paille.

PAILLE : Filouterie de jeu. — C’est la même que le Pont. V. Couper. — « Cette excavation qui a pour résultat de faire revenir les cartes dans l’ordre où elles se trouvaient, a reçu le nom de paille, d’où l’expression couper dans la paille. » (Cavaillé.)

PAILLE AU CUL (avoir la) : Être mis à la réforme. — On expose, d’ordinaire, avec un bouchon de paille, les objets à rendre isolément. — « La paille au cul, repassez la frontière, cafards. » (La Paille au cul, 32.)

PAILLE DE FER : Dans le récit d’un combat, H. Monnier fait dire à un vieux sergent : — « À toi, à moi la paille de fer. » — Allusion au hasard qui expose chaque combattant à un coup de pointe.

PAILLER : Préparer une paille en battant les cartes. « Au baccarat banque, la taille substituée est paillée souvent à l’avance. » (Cavaillé.)

PAIN ? (Et du) : As-tu de quoi manger ? Donnez des conseils à un malheureux affamé, il vous ramène à la question par ces trois mots : Et du pain ? — Gavarni montre un masque abordant à l’Opéra un domino femelle, qui l’attend, binocle à l’œil : — « Pus qu’ ça de lorgnon, dit-il. Et du pain ? » — La question déchire d’un seul coup les faux dehors de cette élégante qui n’a peut-être pas dîné pour acheter des gants.

PAIN-LÀ (Ne pas manger de ce) : Se refuser à vivre d’argent mal acquis.

PAIN ROUGE (Manger du) : Vivre d’assassinats. (Halbert.)

PALADIER, PALLADIER : Pré. (Halbert.)

PALETTE : Dent, main. (Colombey.)

PALLAS : Boniment de saltimbanque. — « Il salua les visiteurs qu’avait attirés la parade. Bientôt il commença son pallas. » (Champfleury.)

PALLAS (faire) : Faire des manières. — L’argot paraît s’être piqué là de connaissances mythologiques, car Minerve faisait parfois la renchérie. — « Au pré finira ton histoire, et là l’on n’y fait plus Pallas. » (Vidocq.)

PALOT, PALLOT : Paysan. (Halbert.) C’est un mot de vieux français.

PALLOTTE : Paysanne. (Vidocq.)

PALPER : Toucher de l’argent. (Dhautel, 08.)

PALPITANT : Cœur. (Halbert.) — C’est le cœur ému. V. Battant, Coquer.

PAMPINE : « Et toi où qu’ t’ iras, vilaine pampine, figure à chien, tête de singe. » (Dialogues poissards.)

PANACHE (faire) : « Tomber en passant par-dessus la tête de son cheval. » (Paz.) — Mot imagé.

PANA : « Vieux pana se dit d’un homme avare, laid et âgé. » (Champfleury.) — Même étymologie que panas.

PANADE : Sans consistance, mou et délayé comme la soupe de ce nom. — « Notre gouvernement est joliment panade ! » (Ricard.) — Se prend aussi substantivement. « Oh la la ! quelle panade que ce pauvre cousin Duraplas. » (E. Simon.)

PANADE : Objet repoussant, femme laide. (Colombey.) Même origine que panas.

PANAMA : Chapeau tressé avec des joncs que nos fabriques vont chercher à Panama. — « J’ai dû chanter contre la crinoline et m’égayer aux frais du panama. »

PANAS : « S’emploie dans le Dictionnaire de la Curiosité avec le sens de tessons, de loques, de débris de toutes sortes ; ceux qui les vendent sont des panailleux. » (Champfleury.) — Vient du vieux mot panne : haillon.

PANDORE : Gendarme. — Nom d’un des gendarmes de la fameuse chanson de Nadaud. — « Il n’y avait plus à en douter, j’avais tous les Pandores de la contrée à mes trousses. » (Marx.)

PANIER : Voiture basse, à caisse d’osier, à la mode vers 1860. « Ange tu m’as transportée… je suis homme à mettre à tes pieds un panier en pur osier. » (Les Pieds qui r’muent, 64.)

PANIER À SALADE : Voiture de prisonniers. « Ce surnom vient de ce que primitivement la voiture était à claire-voie de tous côtés. » (Balzac.) — « L’on nous fit entrer vingt-quatre dans un ignoble panier à salade. » (Chenu.)

PANIER AUX CROTTES : Jupon. — Il ramasse la boue. « Pas de clarinette pour secouer le panier aux crottes des dames. » (Zola.)

PANNE, PANE : Misère, manque d’argent. — Du vieux mot panne : haillon. Roquefort donne pannoseux dans le sens de couvert de haillons, misérable. — « Il est dans la panne et la maladie. » (Ricard.) V. Décatir.

PANNE : Se prend au théâtre dans un sens figuré. — « La panne est le mot par lequel se désigne au théâtre un mauvais rôle de quinze ou vingt lignes. » (De Jallais, 54.)

PANNÉ : Misérable — « Ça marche sur ses tiges, ben sûr ! Pas pus de braise que dans mon œil. Ohé ! panné ! panné ! » (Ricard.)

PANOUFLE : Perruque, (Vidocq.) — Du vieux mot panufle : guenille.

PANTALON ROUGE : soldat. « Gervaise lui… demandait si elle donnait dans les pantalons rouges. » (Zola.)

PANTE, PANTRE, PANTINOIS, PANTRUCHOIS : parisien, et par extension, bourgeois bon à exploiter ou à voler. — Pante et Pantre sont des formes abrégées de Pantinois et Pantruchois qui veulent dire Parisiens. V. Pantin. L’étymologie grecque de pantos que reproduisaient encore Les journaux de juillet 1876, n’est pas sérieuse. — « J’ai reniflé des pantes rupins. » (Pailler.) V. Lever, Pantre, Abouler.

PANTHÈRE : Vers 1840, il a été de mode d’appeler panthères les beautés à la mode. C’était, par analogie, une race inférieure à celle de la lionne, qui florissait vers le même temps, mais elle était plus carnassière, plus mangeuse d’hommes. — « Dans les griffes d’une panthère ou d’une lionne du boulevard de Gand, le parapluie est d’une délicieuse coquetterie. » (Phys. du parapluie, 41.)

PANTHÈRE (faire sa) : « Il passait tout son temps à rôder dans le faubourg, d’un cabaret à un autre, à faire sa panthère, comme disent les ouvriers parisiens, par allusion sans doute à ce mouvement de va-et-vient qu’ils voient aux fauves encagés… au Jardin des Plantes. » (A. Daudet.)

PANTIN, PANTRUCHE : « Pantin, c’est le Paris obscur, quelques-uns disaient le Paris canaille, mais ce dernier s’appelle, en argot, Pantruche. » (G. de Nerval.) — Cette définition manque de justesse. Pantin est aussi bien le Paris beau que le Paris laid. Et la preuve, c’est qu’on dit : dans le goût de Pantin, pour : élégant, à la mode de Paris. V. Pantinois. — Pantruche est son seul péjoratif. Il est probable que le peuple a donné à Paris, par un caprice ironique, le nom d’un village de sa banlieue (Pantin). V. Pré. — « Là ! v’là qu’est arrangé dans le goût de Pantin. » (Zombach.)

PANTINOIS : Parisien. (Halbert.) V. Pante.

PANTOUFLE (et cætera) : Homme nul, sans valeur aucune. — « L’animal le traitait alors de fainéant, de poule mouillée et d’et cætera pantoufle. » (L. Desnoyers.)

Et cætera pantoufle : « Quolibet dont on se sert lorsqu’un ouvrage pénible et ennuyeux vient à être terminé. » (Dhautel, 08.)

PANTRE : Dupe. Abréviation de Pantruchois. V. Pante et Pantin.

Pantre argoté : Imbécile.

Pantre arnau : Volé s’apercevant du vol. Mot à mot : pantre qui renaude.

Pantre désargoté : homme difficile à voler. (Halbert.)

PANTRUCHE : Paris. V. Pantin.

PANTRUCHOIS : Parisien. V. Pante.

PANTURNE : Fille de mauvaises mœurs. (Grandval.)

PANUCHE : Femme élégamment mise.

PAPA (à la) : Bourgeoisement, sans éclat. — « Ce sont des enchères à la papa. Tout s’y passe à la douce. » (Champfleury.)

PAPA (à la) : Supérieurement. — Le père est maître au logis.

On nous, aura r’quinqués à la papa…
Tu riras là, mais j’ dis à la papa…
Ou sinon d’ ça, j’ te brosse à la papa…
(Le Casse-Gueule, ch. 14.)

Il va nous juger ça à la papa.
(Désaugiers.)

PAPELARD : Papier. (Vidocq.) — Changement de finale.

PAPIER JOSEPH : Billet de Banque. (Rabasse.) — Allusion de consistance.

PAPILLON : Blanchisseur. (Idem.) — Comme le papillon, il arrive de la campagne, et ses ailes blanches sont représentées par les paquets de linge qu’il porte sur l’épaule.

PAPILLON (vieux) : Vieillard conservant les allures galantes de la jeunesse.

PAPILLONNEUR : Voleur exploitant les voitures des blanchisseurs qui apportent le linge à Paris. (Vidocq.)

PAQUECIN, PAQUEMON : Paquet. — Adjonctions de finales. « Ne faut-il pas que baluchons et paquecins disparaissent subitement ? Personne n’égale le cambrioleur dans l’art de déménager. » (A. Monnier.)

PAQUELIN : Flatteur. (Halbert.) — C’est patelin avec changement d’une consonne.

PAQUELIN : Enfer. (Halbert.) Abréviation de paquelin de raboin : pays du diable.

PAQUET : Homme sans valeur. (Rabasse.) — Se dit aussi d’une femme sans tournure et sans grâce.

PAQUET (faire son) : Se préparer à la mort, au voyage éternel.

D’ père on d’ vient plus tard grand père,
C’est là qu’ commence l’ déchet ;
Voyant qu’on n’ peut plus rien faire
On pense à fair’ son paquet.
(L. Audréhan.)

PAQUETS (faire des) : Tricher en interposant des cartes préparées dans son jeu.

PARADIS (porter en) : « Vous voulez parler du coup de poing… Oh ! le beau jeune homme ne portera pas cela en paradis ! » (Ricard.) — C’est-à-dire : il me le payera avant sa mort. V. Envoyer.

PARALANCE : Parapluie. (Vidocq.) Mot à mot : pare l’eau. V. Lance.

PARÉ : Prêt à répondre. (Rabasse.) Abrév. de préparé.

PARISIEN : Homme indiscipliné et négligent. — « Ah ! mille noms ! faut-il être Parisien ! j’ai oublié l’ampoulette ! » (Phys. du Matelot.)

PARLEMENTARISME : Doctrine subordonnant tout au contrôle parlementaire. — « Le parlementarisme y fleurit avec une splendeur inquiétante. » (F. Magnard, 75.)

PARLER PAPIER : Écrire, mot à mot : parler sur le papier. — « C’est lui qui parle papier pour moi à mon oncle. » (Vidal, 33.)

PARLOTTE : Lieu où l’on parle, où l’on confère. — « La Chambre des députés n’est plus qu’une buvette, un cercle, une parlotte. » (A. Karr.)

PARNASSIEN : Poëte. — Ce terme paraît moins dû aux procédés d’une école particulière qu’au retentissement d’un recueil imprimé vers 1866 sous le titre de Parnasse contemporain ; on y trouvait réunies des pièces de vers inédites de tous les poètes vivants. « Le parnassien se met à lire à Cham deux ou trois pièces. » (P. Véron.)

PAROISSIEN : Individu. — « Que de paroissiens fameux dont il ne serait plus question par ici, si un homme de talent n’était là pour leur y tailler une couronne de n’importe quoi sur la mémoire. » (Gavarni.)

PAROLE, MA PAROLE ! : Je t’en donne ma parole d’honneur, je le jure ! — Abréviation. — « Tu me plais ! non, parole ! écoute, j’ai pas d’amant. Veux-tu me l’être ? » (H. Monnier.)

ROSEMONDE.
M’enlever, juste ciel ! Tout de bon ?
ALCINDOR.
……Ma parole !

On dit de même ta parole ? pour dire : garantirais-tu ceci en donnant ta parole d’honneur ? — A presque toujours un sens ironique ou dubitatif.

PAROLIER : Auteur de livret d’opéra ou de romance. — « Parolier pour chansonnettes, il a eu l’insigne honneur d’être mis en musique par Offenbach. » (E. Blondet.)

PARON : Carré, palier. (Colombey.)

PAROUFLE : Paroisse. (Halbert.) — Changement de finale.

PARRAIN : Témoin. — Allusion à la fonction du parrainage. — « Des parrains aboulés dans le burlin du quart d’œil ont bonni qu’ils reconobraient ma frime pour l’avoir allumée sur la placarde du fourmilion, au moment du grinchissage. » (Vidocq.)

Parrain : Avocat. V. Bêcheur.

Parrain d’altèque : Témoin à décharge. (Id.)

Parrain fargueur : Témoin à charge. (Id.)

Parrainage : Témoignage. (Id.)

PARTAGEUR, PARTAGEUX : Communiste croyant à la possibilité du partage égal de tous les biens.

PARTERRE (prendre un billet de) : Tomber. — Calembour.

PARTI : Endormi. — « Allons, les voilà partis, dit Vautrin en remuant la tête du père Goriot et celle d’Eugène. » (Balzac.) On dît aussi parti pour la gloire. Allusion aux rêves du dormeur.

PARTI : Ivre. — Même allusion que pour lancé. C’est un degré de moins.

PARTICULE : Se dit de la particule de qui précède les noms aristocratiques. — « Ce maître d’écriture, fou de la particule, se prétendait d’origine nobiliaire.» (Néel de Lavigne, 50.)

PARTICULIER, PARTICULIÈRE : Bourgeois, bourgeoise, individu quelconque. — Argot de l’armée.

PARTICULIÈRE : Prostituée. — Mot ancien. — « Tu t’es meslé et accouplé avec des putains et des infâmes particulières. » (Le tableau du tyran Mazarin, 1649.) — « Les mauvaises têtes du quartier qui tiraient la savate pour les particulières de la rue d’Angoulême. » (Ricard.) — « Voilà qu’un mouchard m’amène une particulière assez gentille. » (Vidal, 33.)

PARTICULIÈRE : Maîtresse. — « Ce terme, si trivial en apparence, appartient à la galanterie raffinée et remonte aux bergers du Lignon. On lit à chaque instant dans l’Astrée : Particulariser une dame, en faire sa particulière dame, pour lui adresser ses hommages. » (Marty-Laveaux.)

PARTIE : Représentation dramatique exceptionnelle où figurent des artistes amateurs. — « Santiquet monta une partie au théâtre Chantereine. » (De Boigne, 57.) V. Monter.

PARTIES (fille à) : « La fille à parties n’est qu’une prostituée en carte ou isolée, mais avec plus de formes… elle se fait suivre par sa tournure élégante ou par un coup d’œil furtif… » (F. Béraud.) La maison où aboutit la rencontre, se nomme maison à parties ou maison de passe. L’acte des clientes est qualifié de passe ou passade. Le terme remonte au xviiie siècle.

PARTIES CHARNUES : Derrière. — C’est la partie la plus charnue du corps. V. Postérieur.

PAS (n’être pas rien, n’être) : Négation ironiquement employée comme affirmation : — « Ernest : Avec qui que tu veux que je soye donc ? Eugène : Merci, tu n’es pas rageur. » (Monselet.) — On dit de même : Il n’est pas rien chien, pour il est avare ; — il n’est rien dégoûté, pour il est difficile.

PAS GRAND’CHOSE : Personne de médiocre vertu. — « Tu as filé avec ta pas grand’chose. » (P. de Kock.)

PASQUELIN, PACLIN : Pays. (Halbert.)

PASQUINER LA MALTOUSE : Faire la contrebande. (Halbert.)

PASSACAILLER : Se faufiler avant les autres, supplanter. (Vidocq.)

PASSANT : Soulier. — Il sert à faire des pas. — « Les passants rompus et la lyme trouée. » (Vie de saint Christofle, Grenoble, 1530.)

PASSE. V. Parties (fille à).

PASSE : Secours. — « Demander la passe, c’est demander un secours aux ouvriers où l’on passe. » (Moisand, 41.)

PASSE : Guillotine. V. Gerber. — Allusion à la passe de la fatale lunette.

PASSE (faire une) : Se prostituer. V. Parties.

PASSE (gerber à la) : Condamner à la guillotine. V. Gerber.

PASSE-CRICK : Passeport. (Vidocq.)

PASSE-LACET : Fille publique. (Vidocq.)

PASSE-LANCE : Bateau. (Vidocq.) V. Lance. Mot à mot : passe-eau.

PASSE-PASSE : Flouerie de joueurs ; elle consiste à passer une carte. — « Plus tard, il deviendra grec, étudiera les passe-passe, se servira de la tabatière d’or poli pour voir le jeu de son partenaire. » (Almanach des Débiteurs, 1851.)

PASSE-PASSE (joueur de) : Filou. V. ci-dessus. Du temps de Rabelais jouer de passe-passe, signifiait déjà voler. — « Qui desrobe, ravist et joue de passe-passe. » (Pantagruel, liv. 3, ch. xviii.)

PASSE-SINGE : Roué, homme dépassant un singe en malice.

PASSER AU BLEU : S’effacer, disparaître. — On sait quel rôle le bleu joue dans le blanchissage. — « Le pont rouge est passé au bleu… bien et dûment écroulé. » (De Charny.) — « Plus d’un jaunet passe au bleu. » (Jouvet.) V. Laver, Nettoyer, Lessiver.

PASSER AU DIXIÈME : Devenir fou. — Terme usité parmi les officiers d’armes spéciales. Frappés du nombre de camarades que leur enlevaient des atteintes d’aliénation mentale, ils disent : il est passé au dixième (régiment), pour montrer combien ils sont décimés par des pertes, sur lesquelles l’étude des sciences ne serait pas, dit-on, sans influence. — « L’officier du génie passe souvent au dixième. » (Vie parisienne, 67.)

PASSER DE BELLE (se) : Ne pas recevoir sa part de vol. (Vidocq.)

PASSER DOUCE (se la) : Vivre sans souci.

PASSER DU VIN en contrebande : S’enivrer hors barrière et rentrer plein comme un baril.

PASSER L’ARME À GAUCHE : Mourir, militairement parlant. Aux enterrements, le soldat passe l’arme sous le bras gauche. — « Toute la famille a passé l’arme à gauche. » (Lacroix, 32.)

PASSER LA JAMBE : Donner un croc-en-jambe, et, par extension, renverser. — « Son ennemi roulait à ses pieds, car il venait de lui passer la jambe. » (Vidal.)

PASSER LA JAMBE À THOMAS : Être de corvée à la caserne pour l’enlèvement des goguenots. — Allusion à l’action de les renverser dans les latrines.

C’est un vrai velours que la goutte
Pour les débiles estomacs
Surtout si cela te dégoûte
De passer la jambe à Thomas.
(Raoul Fauvel.)

PASSER LA MAIN : Céder son tour. Terme de joueur pris au figuré. « Nous passons aujourd’hui la main à deux de nos amis qui s’entendent à parler. » (Tam-Tam, 76.)

PASSER LA RAMPE (ne point) : « Les comédies en vers et les comédies morales sont destinées à ne point passer la rampe, c’est-à-dire à ne point entrer dans l’esprit du public. » (J. Duflot.)

PASSER SOUS LA PORTE SAINT-DENIS (ne pouvoir) : Être trompé par sa femme. — Allusion à la hauteur des cornes symboliques du cocuage. — « Quelque méchante bête affectait en sa présence de dire qu’il ne pouvait plus passer sous la Porte Saint-Denis. » (Zola.)

PASSIER, PASSIF, PASSIFLE : Soulier. Formes diverses de passant. V. Merlin.

PASSIFLEUR : Cordonnier.

PASSIONS (homme, femme à) : « Vous êtes trop jeune pour bien connaître Paris ; vous saurez plus tard qu’il s’y rencontre ce que nous nommons des hommes à passions. Ces gens-là n’ont soif que d’une certaine eau prise à une certaine fontaine et souvent croupie. » (Balzac, Père Goriot.)

PASTILLE : « En implorant une pièce de 50 centimes, une pastille, une belette, une pepette comme ils disent dans leur argot. » (Cavaillé.) — Allusion de forme.

PASTIQUER : Passer. — Changement de finale. V. Abadis.

PASTIQUER LA MALTOUSE : Passer de la contrebande.

PATAFIOLER : Écraser. — « Aux gardes du commerce !… Que le bon Dieu les patafiole !… » (Gavarni.) — Mot provençal.

PATAPOUF : Gros homme toujours essoufflé. — Onomatopée. — « Chaque fois que j’allais chez ce gros patapouf de M. Frontboisé… » (L. Bienvenu.)

PATARD : Monnaie de billon. — En 1808, on donnait ce nom à un gros sou double. (V. Dhautel.) Le patar était une monnaie flamande qui valait un sou au xve siècle. V. Du Cange.

PATE (la) : Lime. (Grandval.) — Sans doute pour patte. La lime griffe le fer comme la patte griffe la peau.

PÂTÉE : Correction. — « Il avait voulu manger un grand gaillard. Aussi a-t-il reçu une pâtée. » (Delagny, les Souteneurs, 1861.)

PATENTE : Papier de sûreté. (Rabasse.)

PATENTE : « C’était une de ces casquettes molles rabattant sur le nez qui font aux souteneurs de barrières une coiffure si caractéristique. Comme elle n’est portée que par eux, elle est en quelque sorte la patente de leur ignoble métier. » (P. Parfait, 72.)

PATIRAS, PATITO : Souffre-douleur, homme qui pâtit. — Le second mot est italien. Le premier semble le futur du verbe pâtir — « Moi qui tout à l’heure étais le patiras de tout le monde. » (E. Sue.) — « Le professeur se traîne dans les fers de la signora, grevé des servitudes d’un patito. » (Heine.)

PÂTISSIER (sale) : Homme malpropre, tripoteur d’affaires véreuses. V. Boulette.

PATOCHE : Main. Péjoratif de patte. — « Retire tes patoches, colle-moi ça dans un tiroir. » (Zola.)

PATRAQUE : Patrouille. (Vidocq.) — Changement de finale qui a pu être un jeu de mots. Les anciennes patrouilles marchaient aussi mal qu’une patraque. V. Moucharde. — Se dit par extension d’une administration mal organisée.

PATRON-MINETTE : Association de bandits.

PATRONET : Apprenti pâtissier. — « Le matin il faut que le petit patronet soit debout pour aller à la halle avec son maître. » (Vinçard.)

PATROUILLE (en) : En train de se griser, s’arrêtant de marchand de vins en marchand de vins, comme la patrouille s’arrête de poste en poste. — « Quatre jours en patrouille, pour dire en folies bachiques. » (Cabarets de Paris, 21.)

PATROUILLER : Faire patrouille. — « En ma qualité de caporal postiche de voltigeurs, j’ai passé la nuit à patrouiller. » (Festeau.)

PATROUILLER : Manier, patiner. Mot à mot : rouler dans ses pattes. — « Mais c’est vrai, tiens ! ça vous patrouille c’te marchandise, et puis ça part. » (Vadé, 1788.)

PATTE : Habileté de main. — « Mal dessiné, mais beaucoup de chic. — Oui, il a de la patte. » (L. de Neuville.)

PATTE : Pied, main. — Se trouve déjà dans le Testament de Villon. — « On en voit qui se faufilent dans des omnibus. Le reste s’en retourne à pattes, honteusement. » (Alb. Second.)

PATTE (coup de) : Propos méchant.

PATTES DE MOUCHE : Écriture très-fine. — « Et l’écriture, il écrit avec des petites pattes de mouche bien agréables. » (Festeau.)

PATURON : Pied, pas. (Halbert.) — Animalisme. V. Flacul, Rebâtir.

PAUMER : Perdre. — « Je ne roupille que poitou ; je paumerai la sorbonne si ton palpitant ne fade pas les sentiments du mien. » (Vidocq.) V. Marron.

PAVÉ : Éloge maladroit. — Allusion au pavé de la fable. — « C’était un journal pavé de bonnes intentions ; mais, on y rencontrait plus de pavés encore que de bonnes intentions. » (A. Second.)

PAVÉ (c’est tout) : Ironiquement pour dire : C’est très-loin d’ici, mais la route est bonne !

PAVÉ DE BONNES INTENTIONS : Se dit ironiquement d’une maladresse commise avec de bonnes intentions. — « On a aussi chanté un hymne À ceux qui sont morts pour la France, pavé de patriotisme et de bonnes intentions. » (Moniteur, juillet 72.)

PAVILLON : Personne à tête folle, dont les idées flottent à tous les vents comme l’étoffe d’un pavillon.

PAVILLONNER : Faire des folies, déraisonner. — « On renquillera dans la taule à mesigue pour refaiter gourdement, et chenument pavillonner, et picter du pavois sans lance. » (Vidocq.)

PAVOIS : Fou. (Halbert.) — Mot à mot : pavoisé. Allusion au navire qui se pavoise en multipliant ses pavillons. Or Pavillon veut dire en argot un peu fou.

PAVOIS : Gris. (Rabasse.) — « Être pavois, c’est être dans la vigne du Seigneur, dans toute la joie de Bacchus. » (Ch. Coligny.)

PAVOISER (se) : Faire toilette. — Terme de marine. V. Astiquer.

PAYER (tu vas me le) : Se dit, en plaisantant, à quelqu’un qui vient de faire ou dire quelque chose d’exceptionnel. On ajoute souvent Aglaé, sans doute par allusion à quelque chanson populaire. — « Tu vas me le payer, Aglaé, est un mot qui touche à certains côtés intimes de la vie parisienne. » (Mané, 63.)

PAYER (se) : Se passer la fantaisie de. — « Cette liaison est la seule toquade sérieuse qu’il se soit payée. » (Vie parisienne, 66.)

PAYER : Rosser d’importance. — (Almanach des Débiteurs, 51.)

PAYOL : « Forçat employé aux vivres ou à la comptabilité. » (M. Christophe.)

PÉ (il y a du) : V. Pet.

PEAU : Laide ou vieille prostituée. — En provençal, s’appelle aussi peou : peau. On dit souvent aussi peau de chien. — « Est-ce que je la connais, moi, cette peau. » (Zola.)

PEAU (être dans la) : Être à la place. — « Je ne voudrais pas être dans la peau du suborneur. » (Gavarni.)

PEAU (être en) : Être en robe décolletée, mot à mot montrer sa peau. — « L’autre soir elle se préparait à se rendre à un dîner décolletée, tout en peau, comme on dit aujourd’hui. » (Figaro, 75.)

PEAU DE BALLE (faire) : N’avoir rien découvert. (Rabasse.)

PEAU COURTE (avoir la) : Péter. (Delvau.) — Comparaison du ventre distendu par des vents à une peau trop courte éclatant avec bruit.

PEAU FINE : Jeune homme coquet, efféminé.

PEAU DE LAPIN : « Les mêmes industriels font le soir la peau de lapin. On appelle ainsi, en argot, le commerce des contre-marques de théâtre. » (A. d’Aunay.)

PEAUSSER (se) : Se déguiser. Mot à mot : se cacher dans la peau de. — « Je vais me peausser en gendarme. » (Balzac.)

PÉCUNE : Argent. — Vieux mot.

PÉDÉ, PÉDÉRO : — Abréviation de pédéraste. V. Être (en).

PÉDESOUILLE : Paysan. (Rabasse.) Mot à mot : pied crotté, pied souillé. — « Il s’emballa au point de traiter Coupeau de pedzouille. » (Zola.)

PÉGOCE : Pou. (Halbert.) — Vient du vieux mot pegous qui signifiait tenace.

PÉGOSSIER : Pouilleux. — « Et le Grand-Saint-Nicolas, l’estaminet des pégossiers. » (Privat d’Anglemont.)

PÈGRE : Caste de voleurs. Elle se divise en haute et basse pègre. — « La haute pègre est l’association des voleurs les plus anciens et les plus exercés ; ils ne commettent que de gros vols et méprisent les voleurs ordinaires qui sont appelés dérisoirement pégriots, chiffonniers, pègres à marteau ou blavinistes, par un pègre de la haute. » (Vidocq.) — « Des Paganini de ruisseau, des domestiques qui ne cherchent pas de place, des soldats en bordée, des grinches de la petite pègre. » (Privat d’Anglemont.)

PÈGRE : Voleur. — « Un jour à la Croix-Rouge, nous étions dix à douze, tous pègres de renom. » (Vidocq.) V. Esgourne.

PÉGRENNE : Faim, misère.

PÉGRENNER : Faire maigre chère. V. Bachasse.

PÉGRIOT : Voleur maladroit ou malheureux. — « Quiconque ne se fait pas un nom dans la caste criminelle qu’il s’est choisie est un pégriot de la basse pègre. » (A. Monnier.)

PÉGRIOT : « Apprenti voleur se faisant la main aux étalages. » (Canler.) V. Boucarnier, Pègre.

PÉGRIOT (brûler le) : Effacer la trace d’un vol. (Halbert.)

PEIGNE : Clef. (Vidocq.) — Le mot doit être imagé et ancien, car les clefs du moyen âge affectent souvent la forme d’un peigne.

PEIGNÉE : Lutte dans laquelle on s’empoigne aux cheveux, et, par extension, combat. — « Là-dessus, elles commencent à se repasser une peignée des mieux administrées, se rossant comme deux enragées. » (Vidal, 33.)

PEINTRE : Balayeur. — Allusion au balai ou pinceau dont il est armé. V. Pinceau.

PEINTURE (ne pouvoir voir en) : Détester quelqu’un au point de ne pouvoir souffrir son image.

PEINTURLURER : Peindre grossièrement.

PÉKIN : « On nomme Pékin tout ce qui n’est pas militaire, comme nous appelons militaire tout ce qui n’est pas civil. » (Talleyrand.) — Ce doit être une forme du mot péchin qui signifie encore petit dans le Midi. Pour les gens de guerre d’autrefois, les bourgeois étaient de petites gens.

Dans la bouche du militaire, je suis pékin veut dire aussi je suis dégagé de toute obligation. Un élève sortant de Saint-Cyr se dit pékin de bahut. — « Le Saint-Cyrien abandonne avec joie cette école… il est pékin de bahut. » (Lubet.)

PÉLAGO : Prison de Sainte-Pélagie. (Colombey.) — Changement de finale.

PÈLERIN : Se dit de tout homme déterminé à une entreprise. — « J’embusque mes pèlerins et nous tombons sur la cavalerie. » (Général Christophe, Lettres, 12.)

PELLARD : Foin. (Vidocq.) — Diminutif du vieux mot pel : poil. L’herbe est le poil de la terre. Nous disons encore pelouse.

PELLE : Chemin. (Idem.)

PELLE AU CUL (recevoir la) : Être mis violemment à la porte. — « Retrais-toy… ains qu’on te frappe au cul la pelle. » (Villon, 1456.)

PELLO (n’avoir pas un) : N’avoir pas un sou. (Rabasse.)

PELOTAGE : Flatterie.

PELOTAGE : Caresse. — « Pas de pelotage ! Guillotinez-moi, mais ne me flétrissez pas. » (Le dernier jour d’un condamné.)

PELOTAGE (avoir du) : Avoir des appas rebondis.

PELOTE : Bourse. (Grandval.) — Il s’agit sans doute ici de la bourse pleine.

PELOTER : Caresser. — « La fière crevette outrée… défiait Latygne de la peloter ainsi. » (Michu,)

Vive la pomme et les pommiers !
Leur aspect seul nous ravigote.
L’on doit baiser les deux premiers,
Avec les seconds l’on pelote.
(Mémoires de Bachaumont, 19 février 1779.
Les Pommes, vers à Mme la Comtesse de P.)

PELOTER : Flatter avec intention. Acceptation finale du mot précédent. — « Il ne blaguait plus le sergent de ville en l’appelant Badingue… Il paraissait surtout estimer Virginie… C’était visible, il les pelotait. » (Zola.)

PELOTER : Battre. Mot à mot : rouler comme une pelote. — « Partout, l’on se collette et on se pelote. » (Mahalin,67.) — « Aussi, comme on les pelotait ! On inventait des bottes exprès pour eux. » (De Villemessant.)

PELOTEUR : Flatteur. — « Se montrer rampant, peloteur et bêta. » (Wado.)

PELOUET, PELOUETTE : Loup, louve. (Halbert.) — Diminutif avec transposition du p final.

PELURE : Vêtement de drap. — Vieux mot. Pelisse, son synonyme, est resté dans la langue. — « Garde une de tes belles pelures. » (Balzac.) V. Épates, Frusques, Nettoyer, Renversant.

PENDANTE : Boucle d’oreille. (Vidocq.) — Elle pend à l’oreille.

PENDANTE : Chaîne de montre. (Grandval.) — Elle pend au gilet.

PENDU GLACÉ : Réverbère. (Vidocq.) — Allusion à la suspension et au vitrage de l’ancien réverbère. V. Glacière.

PENNE : Clef. (Vidocq.) — Forme de peigne. V. ce mot.

PENSUM : Sergent de ville. Mot à mot : pince-hommes. — Ce calembour sort évidemment du collège.

PENTE : Poire. (Halbert.)

PENTE (avoir une) : Être ivre à trébucher sur un terrain plat comme sur une pente.

PÉPÉE : Poupée. — Redoublement de la seconde syllabe. — « Ah ! ma jolie pépée, une morveuse qu’on aurait dû encore moucher. » (Zola.)

PEPETTE : Pièce de 50 centimes. Corruption de piécette. V. Pastille.

PÉPIN : Vieux parapluie. — Allusion au parapluie que portait toujours Pépin, l’un des accusés du procès Fieschi. — « Ne pas avoir le plus piètre rifflard, la plus hideuse mauve, le plus méchant pépin à lui donner ! » (Phys. du parapluie, 41.)

PÉQUIN : Bourgeois. V. Pékin.

PERCHE (tendre la) : Tirer quelqu’un d’embarras, comme si on tendait une perche à un homme en danger de se noyer. — « Le souffleur aide l’acteur tremblant, il tend la perche aux faibles. » (J. Duflot.) V. Lâcher.

PERCHER : Loger. — Allusion à la multiplicité et à la hauteur des étages parisiens. — « Où perches-tu, petit ? fit le réaliste au novice. » (Michu.)

PÈRE FRAPPART : Marteau. — Calembour.

PERFORMANCES : « L’ensemble des résultats heureux ou malheureux obtenus sur le turf par un cheval. » (E. Parent.) — Anglicanisme.

PERFORMER : « Un bon ou mauvais performer est tout simplement un cheval dont les performances sont bonnes ou mauvaises. » (Id.)

PERPETTE (à) : Condamné à perpétuité. V. Longe.

PERPIGNAN (un) : Manche de fouet. — « De Perpignan vient le manche de fouet flexible qu’on appelle un perpignan. » (Le Héricher, 64.)

PERROQUET (étouffer, étrangler, plumer, asphyxier un) : Boire un verre d’absinthe. — Allusion à la couleur verte du liquide qui teinte le verre dont la main du buveur étrangle le cou. Le perroquet est ordinairement de cette couleur. — « Étouffer un perroquet : cette locution signifie, dans le langage des ateliers, prendre un verre d’absinthe. » (Marc-Bayeux.) — « Quelques vieux absinthiers préfèrent courir le risque de plumer un perroquet de plus. » (Vie parisienne, 65.) V. Étrangler.

PERRUQUE : Suranné, comme les grandes perruques du vieux temps. — « C’est Grétry ressuscité et avec moins de petitesse dans la manière. Sa musique est aussi un peu perruque, qu’on me passe ce terme de coulisse, qui est si pittoresque. » (Beyle, Rome en 1817 ; Paris, 27.) — « C’est plus que faux toupet, c’est empire, c’est perruque, c’est rococo, c’est Pompadour. » (Th. Gautier, 33.)

PERSIGNER : Enfoncer. (Rabasse). C’est percer avec allongement de finale.

PERSIL, PERSIL EN FLEUR : Commerce de prostitution. (Halbert.)

PERSIL (mesdames du) : Nom ironique donné à l’aristocratie galante qui se fait voiturer chaque jour au bois, sur le bord du lac.

PERSILLER, CUEILLIR DU PERSIL, FAIRE SON PERSIL, ALLER AU PERSIL : Raccrocher le passant. (Halbert.) — « Elles explorent les boulevards, persillent dans les squares nouveaux, dans l’espoir d’y rencontrer des michés sérieux. » (Lynol.)

PERSILLEUSE. V. Être (en).

PERSILLÉ : Émaillé, garni. V. Zing.

PERTE DE VUE (à) : À perpétuité. (Rabasse.)

PESCILLER : Prendre. V Servir, Criblage.

PÈSE (avoir du) : Avoir de l’argent. (Rabasse.) Forme de pèze.

PESSIGNER : Recevoir. (Rabasse.) — « Je te raccorde par une lazagne du truc dont les artoupans nous ont pessignés. » (Rabasse.)

PET (il y a du) : Il y a du danger, la police est proche. (Dictionnaire d’argot, 44.) — Faire le pet : Faire mauvaise mine. (Grandval, 1727.) — Les vocabulaires que nous venons de citer donnent P et non Pet. Cette dernière leçon a l’avantage d’être plus conforme à la prononciation et d’offrir un sens. Il y a du pet serait un synonyme de : Ça sent mauvais, qui a le même sens. Péter veut dire d’autre part se plaindre en justice. — Il est enfin à remarquer que les écoliers emploient une exclamation analogue (Vesse) pour annoncer l’apparition d’un surveillant.

PÉTARD, PÉTEUX : Derrière. — On entend de reste l’étymologie de ce bruyant synonyme. — « Sur son péteux, v’là que je l’étale. » (Le Casse-Gueule, 41.) — « Elle agirait prudemment en mettant sa fessée sous verre… Et ce ne serait pas long, elle pouvait apprêter son pétard. » (Zola.)

PÉTARD : Haricot. (Vidocq.) — Effet pris pour la cause.

PÉTARD : Soufflet. — Allusion à son bruit. — « Si tu n’ te tais, je t’allonge un pétard sur ton vilain masque. » (Dialogues poissards, xviiie siècle.)

PÉTARD (faire du) : Faire un éclat.

Que j’suis bête… j’en pleure…
Mais d’vant lui j’ f’rai du train.
Oh ! oui, j’ frai du pétard
En te r’voyant, Oscar.
(Les Rigolos, alman. chantant p. 1869.)

PÉTER : Se plaindre en justice. (Vidocq.)

PÉTEUR : Dénonciateur. Le mot musicien pris dans le double sens de haricot et de dénonciateur y offre la même allusion à double entente. V. Proute.

PÉTESEC : Personne acariâtre, officier raide dans le service. — « Il l’appelle tête de pioche, boîte à ragots, Mme  Pétesec. » (Zola.)

PÉTEUX. V. Pétard.

PETIT (faire le) : Uriner. — Par opposition à faire le gros qui veut dire… le reste.

PETIT BONHOMME DE CHEMIN (aller son) : Suivre tranquillement et modestement sa voie. V. Nom d’un

PETIT CAPORAL : Napoléon Ier. — Allusion au grade imaginaire que lui décerna l’enthousiasme de ses soldats, au lendemain d’une victoire. — « Le souhait de S. M. Prussienne et les appréciations du petit caporal. » (M. Saint-Hilaire.)

PETIT HOMME NOIR : Broc de vin. — Allusion de forme et de couleur noirâtre. — « Bourgeois, ajouta Boizamort, passe-nous un petit homme noir. » (Ladimir, 41.)

PETIT MANTEAU BLEU : Homme bienfaisant. — Ce synonyme est la plus belle récompense qu’ait décernée le peuple à un philanthrope bien connu. — « On parlerait de toi comme d’un petit manteau bleu. » (Balzac.)

PETIT MONDE : Lentille. (Vidocq.)

PETIT TONDU : Napoléon Ier. — Sobriquet soldatesque. Il fut donné bien entendu lorsque le premier consul eut coupé les longs cheveux du conquérant de l’Égypte.

PETITE BÊTE (chercher la) : « Un artiste qui, se défiant de l’intelligence du public, souligne chaque mot qu’il récite, cherche la petite bête. » (J. Duflot.) — En art et en littérature, chercher la petite bête, c’est se donner beaucoup de mal dans un but qui n’en vaut pas la peine.

PETITE DAME : Femme galante. — « Il y a trente ans, on ne disait pas encore une lorette, ni une biche, ni une petite dame, ni une cocotte. » (Dumas fils, 1850.) — « Des petites dames dont nous rencontrions grande quantité dans de petites voitures. » (Mérimée, 67.)

PETITE ÉGLISE : Coterie. — « Il faut que ce prince revienne par la petite église à laquelle ils appartiennent. » (Saint-Genest, 75.)

PETOUSE : Pistolet. V. Pétroux.

PÉTROLE : Verre de cognac. — Il incendie l’estomac, V. Cogne.

PÉTROLER : Incendier au pétrole. — « Et pourquoi ne pillerait-on pas ? Pourquoi ne pétrolerait-on pas ? Ils sont quatre aujourd’hui ; dans six mois ils seront vingt. » (Paris-Journal, septembre 72.)

PÉTROLEUR, PÉTROLEUSE : Homme ou femme ayant incendié Paris sous la Commune, ou sympathisant avec les incendiaires. — « Cette fois, monsieur avait pris les devants et dénoncé madame comme pétroleuse. » (Lelioux.) — « Le jury de peinture refuse là-bas les tableaux de C… comme pétroleur. » (Marseille Tintamarre.)

PÉTROUSQUIN : Badaud. V. Bouline. — C’est un synonyme de Pierrot qui est pris dans le même sens, car Pétrousquin est un nom d’homme, diminutif de Petrus (Pierre).

PETUN : Tabac. (Vidocq.) C’est un vieux mot.

PETUNIÈRE : Tabatière. (Id.)

PEU (un) : Se dit ironiquement pour certainement, beaucoup. On dit aussi un peu, mon neveu ! V. Ça, Chouette.

PÈZE : Argent. (Vidocq.) De pesos, monnaie espagnole.

PHARAMINEUX : Étonnant. Mot à mot : éblouissant comme un phare. — « Comment, vous voilà ? C’est pharamineux ; mais d’où sortez-vous ? » (L.-G. Jacques.) — « Partez, nobles ponteurs, et cherchez la main pharamineuse. » (Alyge.)

PHAROS : Gouverneur. (Halbert.) C’est le mot grec dans toute sa pureté, en apparence, du moins. Car tant qu’on ne m’aura pas établi sa transmission par des exemples, je n’y verrai qu’une forme de faraud : qui a de beaux habits et qui en est fier.

PHILIBERT : Filou. (Colombey.) — Changement de finale.

PHILIPPE : Écu à l’effigie de Louis-Philippe. — « On dit que tu as poissé nos philippes. » (Balzac.)

PHILIPPIENNE « La mode des vielliebchen s’infiltre au sein de la bonne société. À ceux qui ignorent les douceurs de ce badinage germanique, nous dirons que pour faire un vielliebchen, et non philippienne, comme on le dit à tort, il faut deux personnes et une amande double. Celui ou celle qui a le bonheur de briser la coque de l’amande partage avec son voisin. À dater de ce moment, les voilà liés par un contrat qui force à un cadeau celui qui n’a pas eu la présence d’esprit de dire le premier, dès le lendemain : « Bonjour, vielliebchen ! » — Ce qui veut dire : bonjour, très-cher. » (Monde illustré, 65.)

PHILISTIN : « A propos, qu’est-ce qu’un Philistin ? Autrefois, en Grèce, il s’appelait béotien ; on le nomme cokney en Angleterre ; épicier ou Prudhomme à Paris, et les étudiants d’Allemagne lui ont conféré l’appellation de Philistin. » (De Neuville.)

PHILOSOPHE : Savate, vieux soulier revenu des vanités de ce monde. V. Arpion.

PHILOSOPHE : Grec. Il faut voir ici soit filou avec changement de finale comme dans Philibert, soit une allusion à la Grèce, patrie de la philosophie. V. Travailleur.

PHILOSOPHE : Chiffonnier (Rabasse.) — Comparaison de la lanterne du chiffonnier à celle de Diogène.

PHOTO : Photographe, photographie. — Abréviation. — « Je fais comme le photo du coin, j’opère tout seul. » (Notes d’un agent, 69.) — Si on dit une photo, cela veut dire une photographie.

PI (parler en) : Ajouter pi à chaque syllabe du mot prononcé. « Ainsi, pour dire attaquons, ils diront atpitapiquonspi. » (Rabasse.)

PIAF : Vanité, orgueil. (Vidocq.) — Du vieux mot piafart : fastueux. Mot expressif. Le vaniteux piaffe comme un cheval de luxe. — C’est un vieux mot de patois picard, comme le montre ce passage d’une chanson du cru. — « J’avais pour foère (faire) el piafe eine belle culotte. » (Chanson picarde citée par l’abbé Corblet, 51.)

PIANOTER, PIANOCHER : Jouer médiocrement du piano. — « On ne devait pas pianoter pendant la nuit.» (Balzac.) V. Hallebarde.

PIASTRE : « De grosses pièces blanches, des piastres (pièces de cinq francs) sont engagées. » (Cavaillé.)

PIAULE : Maison, chambre, taverne. V. Artie.

PIAUSSER : Se coucher. (Halbert.) V. Pieu.

PIAUX : « Ils vont raconter des piaux aux autres caleurs. Piaux est un terme trivial, bien connu dans l’imprimerie ; il signifie blagues, mensonges. » (Moisand, 41.)

PIC (Tomber à) : Tomber juste à point.

PICAILLONS : Écus. — « J’ leur donnerons des picaillons. Vive la paix ! Vive la nation ! » (Tourneur fils, 1800.)

PICCOLET : Petit vin de pays. — Diminutif de picton, avec même changement de finale que ses synonymes briolet et ginglet.

En joyeux fils de Grégoire,
J’aime le piccolet.
(Aug. Hardy.)

PICCOLO : Augmentatif de piccolet. Bien que plus moderne, il a déjà droit de cité dans certains restaurants, y compris le buffet du Moniteur, où il figure sur la carte des vins, à 90 c. le litre (1876).

PICHE : Pique, couleur de cartes. Changement de finale. — « Vous entendrez dire, en jetant du pique sur la table : — Je joue piche. » (Alhoy.)

PICHENET : C’est encore une variante de piccolet. — « Le pichenet et le vitriol l’engraissaient positivement. » (Zola, 77.)

PICKPOCKET : Voleur à la tire anglais. Mot à mot : pique-poche, et par extension, voleur quelconque. — « Il n’en est pas moins vrai que ces pickpockets du désert sortaient de chez lui.» (Comment, de Loriot.)

PICKPOCKETER : Voler. — « Un Anglais ! malheureuse, nous sommes pickpocketés. » (Almanach du Hanneton, 67.)

PICORAGE : Vol commis sur la grande route. (Vidocq.) C’est le passant qui est picoré.

PICOUSE : Haie d’épines. — Elle pique. V. Défleurir.

PICPOU, PICPRUNE : Tailleur. V. Piquepou, Picqueprune.

PICTER : Boire. — De Picton. V. Pavillonner.

PICTON, PIQUETON : Vin supérieur. — Augmentatif de piquette. — « Si l’ancien picton n’est que de la piquette, espérons c’t’ année en fair’ de meilleur. » (Layale.) V. Biture.

PICTONNER : Boire, s’enivrer. (Rabasse.)

PIÈCE À FEMMES : Pièce dont la réussite est basée sur l’exhibition de jolies femmes. — « Avez-vous vu cette reprise d’Orphée ?… Voilà une pièce à femmes. » (Villemot.)

PIÈCE À POUDRE : Pièce dramatique, dont le sujet remonte aux règnes de Louis XV ou Louis XVI, et comporte des personnages à coiffure poudrée.

PIÈCE À TIROIRS : « Pièce où l’acteur joue huit rôles différents », dit, en 1825, la Chronique indiscrète, mais on peut se contenter à moins.

PIÈCE À TRUCS : Pièce où les changements à vue sont nombreux. Les féeries sont les pièces à trucs par excellence.

PIÈCE DE BŒUF : « Grand article sur les choses du moment. On l’appelle aussi la pièce de résistance. Un excellent journal qui ne servirait pas tous les jours à ses abonnés la pièce de bœuf ne serait pas sûr de réussir. » (Biog. des Journalistes, 26.) — On dit aujourd’hui tartine.

PIÈCE DE RÉSISTANCE : Gros morceau de viande sur lequel un maître de maison compte pour satisfaire l’appétit de ses convives.

PIÈCE FORCÉE (vol à la) : « Il s’exécute avec deux compères. Le premier donne en payement une pièce reconnaissable à un signe quelconque. Le second arrive ensuite, achète, ne paye pas, prétend avoir payé. Dénégation du marchand confondu en retrouvant dans sa caisse la pièce signalée. » (Rabasse.)

PIED (Donner un coup de) : Marcher vivement. (Dhautel.) — « Je vais donner un coup de pied jusque dans les salons. » (About.)

Ne pas se donner de coups de pied : Se vanter.

PIED (Mise à) : Mise en non-activité. — « Une mise à pied enseigna à notre inspecteur à faire plus exactement son service. » (Canler.)

PIED À DORMIR DEBOUT : Pied fort large. Mot à mot : assez large pour empêcher de tomber si on dort debout. On disait jadis souliers au lieu de pieds. — « Souliers à dormir debout sont souliers larges. » (Oudin, 1640.) — « C’est pas votre général qui a des pieds à dormir debout ? » (Gavarni.)

PIED BLEU : Conscrit. Allusion aux guêtres de toile bleue du paysan. — « Le pied bleu ne prête pas longtemps à rire par sa gaucherie. » (La Bédollière.)

PIED DE COCHON : Pistolet. — Allusion de forme.

Jouer un pied de cochon : Tromper, décamper. — « Vous avez donc voulu nous jouer un pied de cochon. » (Canler.)

PIED DE MARMITE (Nez en) : Nez disgracieusement relevé.

PIERREUSE : « Ce sobriquet a été donné aux femmes, parce qu’elles font ordinairement leur honteux commerce dans les lieux où l’on bâtit. » (Dhautel, 08.) — « La pierreuse est une prostituée qui, dans sa sphère de turpitudes, est tombée au plus bas degré de l’abjection… elle cherche toujours les ténèbres… derrière des monceaux de démolition, des tas de pierres. » (Béraud.) Cet avant-dernier mot donne l’étymologie.

PIERROT : Collerette à grands plis comme celle de Pierrot. — « Madame Pochard a vu aplatir sur son corsage les mille plis d’un pierrot taillé dans le dernier goût. » (Ricard, 20.)

PIERROT : Naïf, niais, comme Pierrot de la comédie. — « Le valet de cantine se fait rincer l’ bec par les pierrots. » (Wado.)

PIERROT : Verre de vin blanc. — Allusion de couleur. — « J’étais-t-allé à la barrière des Deux-Moulins, histoire d’asphyxier le pierrot. » (La Correctionnelle, 44.)

PIEU : Lit. — Corruption du. vieux mot d’argot piau : lit. Il nous en est resté piausser : se coucher. — « On peut enquiller par la venterne de la cambriolle de la larbine qui n’y pionce quelpoique, elle roupille dans le pieu du raze. » (Vidocq.)

PIEUVRE : Femme galante épuisant le corps ou la bourse d’un amant. — Allusion à la pieuvre, qui joue an rôle si absorbant dans les Travailleurs de la mer, de Victor Hugo. — « Un monsieur se présenta chez la pieuvre, maîtresse du logis. » (Événement, 11 avril 66.) — « La femme entretenue, récemment nommée pieuvre. » (Boué de Villiers, 66.)

PIF, PIVASE : Nez de grande et forte dimension.

L’autre jour, rue Saint-Martin,
Voilà qu’un plaisant gamin
Me dit, en riant aux éclats :
C’ cadet-là, quel pif qu’il a !
(Guinaud, 39.)

PIFFARD : qui a un grand nez.

PIFFER : N’être pas content. Mot à mot : faire son nez.

PIGE : Année. (Vidocq.) Heure. (Rabasse.) Dans les deux cas, c’est une mesure de temps. V. Piger.

PIGE : Prison. — Abréviation de piget. V. Oncle.

PIGEON : Dupe. — Comme l’oiseau de ce nom, elle est destinée à être plumée. — On trouve souvent ce mot au xviiie siècle. V. Jaunet. — « Bien que le pigeon (joueur honnête) soit à notre avis peu digne d’intérêt. » (Cavaillé.)

PIGEONNER : Duper. Mot à mot : plumer comme un pigeon. — « Un de ceux qui se laissent pigeonner. » (Dialogues de Tahureau, 1586.)

PIGER : Mesurer. — Les ouvriers nomment pige un morceau de bois donnant la longueur indiquée par le plan. — Au moyen âge, on appelait pigours les fabricants de mesures.

PIGER : Considérer. Mot à mot : mesurer de l’œil. — « Pige-moi ça, regarde-moi un peu ce chique ! » (La Bédollière.) — « Avise ta nymphe, j’ai pigé la mienne qui est un peu chicarde. » (Ladimir.)

PIGER : Arrêter. — « Vous tenez donc absolument à me faire piger. On ne jouera plus chez moi. C’est fini ! » (Cavaillé.)

PIGER : Prendre. — « N’ vous gênez pas, pigez tout ce que j’ai, prenez ! ça me fera plaisir. » (H. Monnier.)

PIGET : Château. (Vidocq.)

PIGNARD : Postérieur. — Du vieux mot pigné.

PIGNOCHER (Se) : Se battre. Dérivé du verbe se peigner. V. ce mot. — « Dupanloup et l’Université se pignochent à qui mieux mieux. » (Mahalin.)

PIGNOUF : Chez les cordonniers, le maître s’appelle pontife, l’ouvrier gniaf, et l’apprenti pignouf.

PIGNOUF : Voyou, homme grossier, mal élevé. C’est le mot précédent pris au figuré. — « C’est des pignoufs, passez-moi l’expression. » (Almanach du Hanneton.)

PILCHE : Étui. (Colombey.)

PILER DU POIVRE : Marcher avec des pieds endoloris, en souffrant comme si du poivre pilé brûlait la chair.

PILER DU POIVRE (Faire) : Terrasser quelqu’un plusieurs fois en le laissant retomber comme un pilon. — Même allusion pour ce qui regarde une autre partie du corps.

PILER LE BITUME : Raccrocher sur le trottoir qui est le plus souvent bitumé. On dit de même polir l’asphalte.

PILIER : Habitué de café ou d’estaminet, n’en bougeant pas plus que le pilier chargé de soutenir le plafond. — « Murger répondant à quelqu’un qui lui reprochait de tourner au pilier de café : Vous avez raison, car je soutiens ce qui m’écrase. » (P. Véron.)

PILIER : Maître, commis.

PILLE : Cent francs. — Abréviation de pile de cent francs. — « Je ne manque pas le coche (l’occasion de voler) de deux pilles chez un troquet. Premier sapement. Six mois. » (Beauvillier.)

PILOCHE : Dent. (Colombey.) Elle pile les aliments.

PILOIR : Doigt. (Colombey.)

PIMPELOTTER (Se) : Se régaler. — «Elle n’haït pas de gobichonner et de se pimpelotter. » (La Correctionnelle.)

PIMPIONS : Espèces monnayées. — Vieux mot. — Le pimpion était une petite monnaie espagnole du xiiie siècle.

PINCE (chaud de la) : Paillard. — Corruption de mot.

C’était un chaud de la pince,
Qui peuplait dans chaqu’ province
L’hospice d’s enfants trouvés.
(Festeau.)

PINCE-CUL : Bal public de dernier ordre. — Allusion aux licences qu’on s’y permet. — « Ce bal inouï que l’argot téméraire de ses habitués avait surnommé le pince… » (P. Féval.) V. Casse-Gueule.

PINCEAU : Pied. — « Je lui détache un coup de pinceau sur la giberne. » (Monselet.)

PINCEAU : Balai. — Tous deux se ressemblent. — « Les hommes de corvée sont tous là prêts, le pinceau en main, je veux dire le balai en joue. » (Vidal, 33.) — « Tenant en main un pinceau, plus vulgairement appelé balai de bouleau. » (La Bédollière.)

PINCE-LOQUE : Aiguille. (Halbert.) — Elle raccommode les loques.

PINCEZ-MOI ÇA : « Énorme nœud que les femmes portent au bas de la taille, dans le dos, et qui se complète par deux rubans très-larges, très-longs et retombant. » (Figaro, 1er février 68.)

PIOCHER : Travailler assidûment. — « Tu peux piocher douze heures par jour. » (Reybaud.)

PIOCHER : Battre. — « Je te pioche, je te fais danser la malaisée. » (Pailler.)

PIOCHEUR : Travailleur assidu. — « Il y avait là de vieux piocheurs qui s’installaient à une table. » (G. Sand.)

PIOLE : Maison, chambre. (Rabasse.) V. Piaule.

PIOLET : Gobelet. (Halbert.)

PIOLLE : Cabaret. (Grandval.) — De pioller.

PIOLLER : S’enivrer. Vieux mot. — De piot : vin, boisson, qui se retrouve dans notre mot : pépie.

PIOLLIER : Cabaretier. (Grandval.)

PION : « C’est le nom du maître d’études… Le pion gagne un morceau de pain tous les jours et 400 francs tous les ans… et il n’a pas d’autre perspective. » (Ourliac, 41.}

PION : Ivre. — Du vieux mot pier : boire.

PIONCER : Dormir. Forme de piausser. — « Nous nous sommes mis à pioncer, nous ne pensions plus à l’appel. » (Vidal, 33.)

PIOU, PIOUPIOU : Jeune fantassin. — Ce doit être le mot piéton avec changement de finales. — « Entre le jeanjean et le tourlourou, il y a un intermédiaire, le pioupiou. » (M. Saint-Hilaire.)

PIPE (Casser sa) : Mourir. — Ceux qui sont morts ne fument plus. — « Casser sa pipe : oh ! c’est déjà vieux ! ça a de la barbe. On a dit depuis casser son crayon et on dit maintenant lâcher la rampe, ou remercier son boulanger, ou dévisser son billard. » (Villars.)

PIPELET, PIPELETTE : Portier, portière. — Du nom d’un portier ridicule des Mystères de Paris, d’E. Sue. — « Il continuera à apprendre aux vingt-deux pipelettes hydropiques qui forment ce qu’il appelle ses charmantes lectrices. » (Tam-Tam, 75.)

PIPER : Fumer la pipe. — « Il me semble qu’on a pipé ici. » (Gavarni.)

PIPER UN PÈGRE : Arrêter un voleur.(Rabasse.)

PIPET : Château. (Halbert.) — C’est sans doute piget.

PIQUAGE (voler au) : Percer des fûts de vin ou d’alcool et soustraire une partie de leur contenu pendant qu’on les amène à domicile.

PIQUANTE : Épingle. (Vidocq.)

PIQUANTINE : Puce. (Halbert.)

PIQUE-EN-TERRE : Volaille.

PIQUÉ DES VERS, DES HANNETONS (Pas) : Aussi frais, aussi sain que la feuille respectée par les hannetons, ou le fruit respecté par les vers. — « Une jeunesse entre quinze et seize, point piquée des hannetons, un vrai bouton de rose. » (Montépin.) — « Une sylphide qui n’est point du tout piquée des hannetons. » (J. Arago, 38.)

C’est qu’elle n’était pas piquée des vers,
Eh oui, morbleu !
C’est c’ qu’il faut à Mathieu.
(Les Amours de Mathieu, 32.)

PIQUEPOUX : Tailleur. (Rabasse.) C’est sans doute une allusion du genre de celle qui suit.

PIQUE-PRUNE : Tailleur. — Le mot est populaire, mais son origine paraît inconnue dans le métier. — Rabelais y ferait-il allusion quand, parlant d’un tailleur affolé qui ne sait plus ce qu’il fait, il dit : « Au lieu d’un sayon, il tailloit un chappeau à prunes sucées. » (Pantagruel, l. IV, ch. lii.) — Ce qui est certain, c’est que, au xviie siècle, les compagnons s’appelaient non pique-prune mais croque-prune. On pourrait voir, ici une comparaison du va-et-vient de l’aiguille au va-et-vient des prunes prises une à une et portées à la bouche.

PIQUER l’étrangère, un chien, un laïus, un renard, un soleil, se piquer le nez. V. ces mots.

PIQUER SUR QUATRE : Gagner une partie d’écarté presque perdue, lorsque votre adversaire a sur vous quatre points d’avance.

PISSAT D’ÂNE : Eau-de-vie, bière. — « Donnez-nous de la jaune, de votre pissat d’âne premier numéro. » (Zola.)

PISSE-FROID, PISSE-VERGLAS : Homme glacial, insensible. — « Coquin ! Voleur ! Vicomte de le piperie ! Pisse-verglas dans la canicule. » (Catéchisme poissard, 40.)

PISSER (Envoyer) : Éconduire, congédier. — Cette injure est vieille. Au mot Pissare, le glossaire de Du Cange cite une lettre de rémission de 1465, où, entre autres « grandes parolles » reprochées au délinquant, on rapporte qu’il envoia pisser son adversaire.

PISSER DES LAMES de rasoir en travers (faire) : Tourmenter au suprême degré.

PISSER SA CÔTELETTE : Accoucher, mettre au monde un enfant. — Allusion à la côte d’Adam qui fit Ève. — Dhautel emploie dans le même sens pisser des os.

PISSER DES YEUX : Pleurer. — « Elle eut beau pisser des yeux. C’était peine perdue. » (Vadé, 1744.)

PISTOLE : « Il y a à la pistole une jeune dame très distinguée… On appelle ainsi les cellules réservées qu’on peut mettre à la disposition des détenues… Le nom vient probablement de ce qu’anciennement on payait une pistole par mois. » (De Grandpré.)

PISTOLET : Homme singulier. — « On rit avec toi et tu te fâches… En voilà un drôle de pistolet ! »(Gavarni.)

PISTOLIER : Prisonnier à la pistole. — « Les pistoliers ont seuls le droit de rester, pendant le jour, dans leurs chambres, et d’y conserver de la lumière après l’heure du coucher. » (Moreau Christophe, 37.)

PISTON : Appariteur, préparateur d’un cours de physique. — Allusion à ses manipulations.

PISTON : Importun. — On connaît l’agaçante régularité du coup de piston.

PISTONNER : Importuner.

PITANCHER : Manger, boire. (Halbert.) Mot à mot : manger sa pitance. — « Pitancher de l’eau d’aff, c’est boire de l’eau-de-vie. » (A. de Bréhat.)

PITON : Nez rond comme un piton vissé dans une planche. — « Ah ! quel nez, quel beau piton C’est un marchand d’éteignoirs.» (Pecquet.)

PITRE : Paillasse chargé d’attirer la foule autour d’un banquiste. — « Hé ! Paillasse ! avec ta face bourgeonnée, pitre de tireurs de cartes, amasseur de badauds ! » (Catéchisme poissard, 44.)

PITROUX, PÉTOUZE : Pistolet. (Grandval, Vidocq.) Mot à mot : arme qui pette. Au moyen âge, on appelait petereaux de petites bouches à feu.

PITUITER : Déblatérer. — Allusion aux crachats de la pituite. — « On en a déjà assez pituité sur notre compte. » (Lynol.)

PIVASE : Grand nez. V. Pif.

PIVASTE : Enfant. (Halbert.)

PIVER : Ressort dentelé de montre ou de pendule servant à scier les barreaux. — Il revient à la charge comme le piver contre l’arbre qu’il perce de son bec.

PIVOIS, PIVRE : Vin. — Allusion à la couleur rouge de la pivoine ? Peut-être aussi est-ce un diminutif du vieux mot piot : vin ? — « On s’ pousse du pivois à six ronds dans l’ battant. » (Chansonnier, impr. Sthal, 36.) — « Avons-je du vin ?… Non… Apportez du pivois, hé vite ! » (Vadé, 1788.)

Pivois citron : Vinaigre. (Halbert.)

Pivois savonné : Vin blanc. (Idem.)

PIVOT : Plume. V. Servir. — Le bec d’une plume figure un petit pivot.

PLACARDE : Place. — Augmentatif. V. Parrain.

PLACE D’ARMES : Estomac. — Les aliments y défilent tous les jours. — « Frappant sur son estomac, un baigneur dit : « Rien à la place d’armes ?… » (Vie parisienne.)

PLAFOND : Boîte du crâne. — C’est le plafond du cerveau.

Avoir une araignée (ou des trichines) dans le plafond : Déraisonner. — « T’as trop de trichines au plafond. » (Almanach du Hanneton, 67.)

PLAN : Prison. — « Tu voudrais que je grinchisse sans tracquer de tomber au plan. » (Vidocq,) V. Manger.

PLAN : Mont-de-piété. — De plan : Prison. Le mont-de-piété est une prison d’objets engagés. « On mettra tout en plan plutôt que de refuser un cataplasme à ce pauvre chéri. » (L. Reybaud.)

PLAN (Il y a) : Il y a moyen de réussir. (Rabasse.)

PLAN (Laisser en) : Abandonner. — Mot à mot laisser sur le terrain. « Et cet animal de barbier qui me laisse en plan. » (Cormon.)

PLAN (Rester en) : Rester dans un hôtel ou un restaurant pour répondre d’une dépense faite par plusieurs.

PLAN DE COUILLÉ : Prison préventive. Mot à mot : Prison de niais. Couillé est ici pour couyon. — V. Marquet.

PLAN DE COUYÉ : Prison subie pour un autre. (Halbert.) Forme du terme ci-dessus.

PLANCHE (Faire sa) : Montrer de la roideur, être guindé.

PLANCHE (Sans) : Sans façon. — Abrév. de « sans faire sa planche. » — « L’écaillère de ses propos poissards vous entretient sans planche. » (Cabarets de Paris, 21.)

PLANCHE AU PAIN : Banc des prévenus, tribunal. (Halbert.)

PLANCHÉ : Condamné. (Colombey.) De planche au pain. V. ce mot

PLANCHER : Moquer. — « Est-ce que tu planches ? pour : Te moques-tu de moi ? » (Dhautel, 08.)

Ne pas plancher : Être exact. (Rabasse.)

PLANCHERIE : Plaisanterie.

PLANCHEUR : Mauvais plaisant. (Colombey.)

PLANQUE : Cachette. (Halbert.) V. Bayafe.

PLANQUE : Observation. On se cache pour bien observer. V. planquer. — « J’allai en compagnie de H…, et le laissant en planque (en observation), je montai chez Chardon. » (Canler.)

PLANQUER : Cacher. V. Déplanquer.

PLAQUE (Être en) : Se déguiser en commissionnaire. — Allusion à sa plaque légale. — « Un affilié lira qu’il faut être en habit ou en plaque. » (P. Parisien, 77.)

PLAQUER : Jeter là, abandonner : — « Elle te quitte pour un autre cornard, et tu te trouves plaqué. » (Compte rendu d’un habitué de réunions publiques, 69.)

PLAQUER SON MAIRE : Abandonner son ami.

PLASTRONNEUR : Gandin faisant grande exhibition d’un immense devant de chemise à la mode depuis 1869.

PLATINE : Verve. — « Il a une bonne platine, se dit d’un grand babillard. » (Dhautel.)

PLÂTRE : Argent. (Vidocq.) — L’argent comme le plâtre sert à boucher les trous. — « On m’écrit pour me demander d’où vient la locution « avoir du plâtre, » synonyme « d’être au sac. » (Tam-Tam, 75.) — Il est au plâtre : il a de l’argent. (Rabasse.)

PLEIN, PLEIN COMME UN ŒUF, COMME UN SAC : Saoul. — « Un homme plein comme un œuf, pour avoir trop mangé. » (Le Duchat, 1738.)

PLEIN DE SOUPE : Personnage épais et maladroit. — « Deux gros pleins de soupe chez qui le moindre coup de poing un peu sec s’imprimerait comme dans un fromage. » (Jean Rousseau, 75.)

PLEURANT : Oignon. (Vidocq.) — Il fait pleurer. Effet pris pour la cause.

PLEUT (Il) : « Ces mots il pleut signifient en langue de franc-maçonnerie : Taisons-nous, parce qu’on nous écoute. » (Aventures de Jérôme Sharp, 1789.)

PLEUT (Il) : Formule négative.

PLIANT : Couteau. (Grandval.) — Il s’agit ici du couteau à lame pliant sur le manche.

PLOMB : « Gaz caché dans les fentes des pierres et qui tue comme la foudre le vidangeur qui en est atteint. » (Berthaud.)

PLOMB : Mal vénérien. (Vidocq.)

PLOMB : Gosier. — Allusion aux réservoirs dans lesquels se déversent à Paris les eaux sales de chaque étage. — « Préault buvait coup sur coup. Gautier affligé… lui dit : « Ah ça ! tu f… ça dans le plomb, toi ! » (Deschanel.)

PLOMBE : Heure. — Onomatopée. Plombe est le bruit grave d’une sonnerie de grosse horloge. V. Crosser.

PLOMBE : Année. (Halbert, Rabasse.)

PLOMBER : Puer. Allusion aux plombs parisiens qui sentent souvent mauvais. — « Ce sont mes pieds, ils plombent, comme dit notre collaborateur Albert Monnier. » (V. Blouet.)

PLOMBER : Donner le mal vénérien.

PLONGEUR : Misérable, déguenillé. (Vidocq.) Mot à mot : aussi nu qu’un plongeur. V. Paffe.

PLOYANT, PLOYÉ : Portefeuille. — Un portefeuille se ploie. — « Les dimanches tu grinchiras, dans les tôles, bogues et ployants. » (Vidocq.)

PLUMADE : Paillasse. (Halbert.) — De plume de Beauce.

PLUME : Pince à effraction. V. Caroubleur.

PLUME DE BEAUCE : Paille. — La Beauce est riche en céréales. — « Quelle poésie ! la paille est la plume de Beauce. » (Balzac.)

PLUMET (Avoir son) : S’enivrer, s’empourprer le visage comme un plumet d’uniforme. — « N’est-ce pas que j’ dois vous faire l’effet d’avoir c’qui s’appelle un plumet ? Messieurs, c’est le picton ! » (Voizo,)

PLUS QUE ÇA de chic ! Plus que ça de monnaie ! Plus que ça de genre : Quel chic ! quelle fortune ! quel genre ! Mot à mot : Tu n’as pas plus que ça de chic ? etc. La négation est ironique comme dans Il n’est rien chic. V. Rien. — « Mazette ! pus que ça de chic ! » (E. Blondet.) — « Mon homme a la croix d’honneur. Pus que ça d’ monnaie ! » (Ricard.)

Pour abréger, on dit aussi Que ça : « C’est la voiture du vicomte de Saint-Remy. — Que ça de genre ? merci ! » (E. Sue.)

PLUS SOUVENT : Jamais. — « Ma sainte te ressemble, Nini. — Plus souvent que j’ai un air chose comme ça ! » (Gavarni.) V. Rasoir.

POCHARD : Ivrogne, ivre. Mot à mot : buveur qui a rempli sa poche ou son estomac. — « Je ne sais pas ce que j’ai… je crois que je suis un peu pochard. » (M. Michel.)

POCHARDER : Enivrer.

Puisque tu soldes ma dépense,
Je n’ me pochard’rai qu’avec toi.
(Festeau.)

POCHARDERIE : Ivrognerie. (Vidocq, 37.)

POCHE : Même sens que pochard, dont il est l’abréviation.

POCHON : Contusion. — « Suivant qu’un pochon bien appliqué vient nuancer un œil ou froisser un nez. » (H. Rolland.)

POÉTRIAU : Petit poète sans valeur. — « Des peintres, des poétriaux. » (Balzac.)

POGNE : Voleur. — Mot à mot : qui empoigne. V. Empogne. — « La pogne pour fendre un archer levait déjà le bras. » (Grandval, 1726.) V. Poigne.

POGNON, Poignon : Argent. (Halbert.) — Mot à mot : ce qui se prend et passe dans la main ou pogne. — « Casque donc ton pognon, mon vieux. » (Almanach du Hanneton, 67.) — « Est-il homme à lâcher son poignon ? » (Cavaillé.)

POIGNE, POGNE : Main. (Vidocq.) — La main empoigne. — « J’ai la poigne solide, ça me suffit, et je vous étrangle. » (E. Lemoine.) V. Loubion, Bridon.

POIGNE (À) : Qui n’hésite pas à prendre des mesures de rigueur. Mot à mot : qui empoigne ou fait empoigner (arrêter) sans hésiter. C’est un mot du second empire où on a parlé beaucoup des préfets à poigne (prononcez pogne). — « Un de ces ministres à poigne qui ne reculent devant aucun moyen. » (Liberté, 76.)

POIGNET (Mme  veuve) : Onanisme. — Cette image sinistre en dit plus que tout le traité de feu Tissot sur le danger d’une telle monomanie.

POIGNON : V. Pognon.

POIL : Réprimande. — « Et quand tu es rentré, tu as dû attraper un fier poil ? — Ne m’en parle pas, on m’a envoyé coucher sans souper. » (Événement.) — « Je suis allé rendre visite au colonel qui m’a administré un poil. » (Comm. de Loriot.)

POIL (À) : Résolu. Mot à mot : ayant du poil au cœur. V. plus bas. — « Des bougres à poil, déterminés à vivre libres ou mourir. » (Hébert, 1793.)

POIL (À) : De talent. — « M’est avis qu’il faut z’être un artiste à poil pour ça. » (Désaugiers.)

POILS (À) : Nu. Mot à mot : sans autre vêtement que ses poils.

POIL AU CŒUR (Avoir du) : Avoir du courage. — Le poil est un signe de virilité. Le plus souvent cœur est remplacé par un mot qui a la même lettre initiale. — « Quoi ! dit-il, ta valeur lassée !… Popule, as-tu du poil au cœur ? » (A. Lagarde, le Bonhomme Popule, Pau, 36.)

POIL DANS LA MAIN (Avoir un) : Être fainéant. (Dhautel.) — On dit plus longuement : il a un poil dans la main qui l’empêche de travailler pour faire entendre que la cause de son inaction est imaginaire.

POIL (Faire le) : Surpayer. Mot à mot : raser. — « Il n’y a pas moyen de me faire le poil. » (Vidal, 35.)

POILS (Monter à) : Monter un cheval sans selle. Mot à mot : n’ayant que ses poils pour couverture. — « Je sautai à bas de mon cheval. Il me regarda, disant étonné : Comment ! à poil !… » (Souvenirs de Krettly, 09.)

POIL (Tirer le), Tomber sur le poil : Battre. Mot à mot : prendre aux poils, c’est-à-dire aux cheveux.

POINT : Monnaie. V. Croix.

POINT DE COTÉ : Créancier, chanteur exploitant les hommes qui ont certains vices. — Allusion à la gêne causée par le mal de ce nom.

POINTE (Avoir sa) : Avoir un commencement, une pointe d’ivresse.

POIRE (Faire sa) : Jouer le dédain. — Allusion à la moue qui allonge les lèvres en gonflant les joues. — « Je pourrais m’en targuer et faire ma poire. » (L. Poilet.)

POIREAUX (Il est comme les) : Il est vert et vigoureux malgré ses cheveux blancs. — Allusion à la racine chevelue et blanche du poireau. — L’expression n’est pas d’hier. — « Tu me reproches mon poil grisonnant et ne consydère point comment il est de la nature des pourreaux esquels nous voyons la teste blanche et la queue verte, droicte et vigoureuse. » (Rabelais, l. III, ch. xviii, Pantagruel.)

POISON : « Sobriquet outrageant que l’on donne aux courtisanes les plus viles. » (Dhautel, 08.) — « Ô poison ! disait mademoiselle P… — Égout des cœurs ! répliquait mademoiselle T… » (J. Janin.) V. Drogue.

POISSE : Voleur. (Halbert.) — De poisser.

POISSER : Voler. — Allusion aux propriétés de la poix qui retient tout ce qu’elle touche. V. Batte, Billon, Philippe.

POISSER : Arrêter. (Rabasse.) — « Au bout d’un an, poissé avec une pesée de gigot que j’allais fourguer. » (Beauvillier.)

POISSER : Enivrer. Mot à mot : s’imbiber à en devenir poisseux, gluant. — « Quand j’ai vu qu’il allait se poisser, je l’ai aidé à vider les bouteilles ; c’était pour le sauver. » (La Correctionnelle.)

POISSEUR : Filou. (Rabasse.)

POISSON : Souteneur. — Abréviation de poisson d’avril, comme le prouve cet exemple : « On appelle poisson d’avril un poisson qu’on nomme autrement maquereau, et, parce qu’on appelle du même nom les entremetteurs des amours illicites, cela est cause qu’on nomme aussi ces gens-là poissons d’avril. » (Dict. de Trévoux, 1771, art. Avril.) — « Jeune, beau, fort, le poisson ou barbillon est à la fois le défenseur et le valet des filles d’amour qui font le trottoir. » (Canler.)

POISSON : Verre. — Du vieux mot poçon, tasse. — « J’ n’ suis pas trop pompette, viens, je régale d’un poisson » (Les Amours de Jeannette, ch. 43.) V. Camphre, Soiffer.

POITOU : Nulle chose. Mot à mot : point du tout. — Jeu de mots analogue à celui de Niort. — « Tout est à notre usage. N’épargnons le poitou. » (Vidocq.)

POIVRE : Ivre. — Du vieux mot poipre : pourpre. — Une trogne de buveur s’empourpre volontiers. — « Je voyais bien qu’il était poivre. » (Monselet.)

POIVRE (Ch..r du) : S’enfuir.

POIVRE (Piler du) : V. Piler.

POIVRE ET SEL : « Être vieux et jeune ; poivre et sel, comme on dit de ces chevelures qui ne sont plus brunes et qui répugnent à devenir blanches. » (Monselet.)

POIVREAU : Vol commis par un poivrier. (Rabasse.)

POIVREAU : Ivrogne. — De poivre. — « Je me pique trop le nez, je préfère en finir avec mon existence. Ce sera un poivreau de moins. » (Moniteur, 10 septembre 72.)

POIVREMENT : Payement. — Poivre, pris dans ce sens, doit remonter au temps reculé où on appelait épices ce qui était dû aux juges pour les frais de justice.

POIVRER : Vendre trop cher. — On dit aussi : Saler. (Dhautel, 08.)

POIVRER. : Donner le mal vénérien. — « Pour se venger d’un homme, elle prit du mal exprès afin de le poivrer. » (Tallemant des Réaux xviiie siècle.)

POIVREUR : Payeur.

POIVRIER : Habitude d’intempérance. (Rabasse.)

POIVRIER : Homme ivre. V. Trou.

POIVRIER : « Voleur dont la spécialité est de dévaliser les ivrognes. » (Canler.)

POIVRIER (Faire le) : Dévaliser les ivrognes. — « Fais-tu toujours le poivrier ? — Si je le fais, ce n’est pas vous qui me prendrez. » (Notes d’un agent.)

POIVRIÈRE : Femme malade, mot à mot : femme qui poivre. — « Va, poivrière de Saint-Côme, je me fiche de ton Jérôme. » (Vadé, 1744.)

POIVROT : Ivre — Forme de poivreau.

Quand qu’alle rapplique à la niche
Et qu’ nous sommes poivrots,
Gare au bataillon d’ la guiche !
C’est nous qu’est les dos.
(Richepin.)

POLICHINELLE : Canon d’eau-de-vie de même capacité que le poisson. C’est l’enfant (en argot polichinelle) de la chopine. — « Polichinel… C’est ainsi que les fiacres nomment une chopine en deux verres. » (Cabarets de Paris, 21.)

POLICHINELLE : Nouveau-né. — Comparaison de ses cris aigus à ceux de Polichinelle. — « On lui donne cent francs, et il reconnaît le polichinelle. » (A. Scholl.)

POLICHINELLE DANS LE TIROIR (Avoir un) : Être enceinte. — « Sais-tu ? lui dit sa femme, je crois avoir un polichinelle dans le tiroir. Le mari comprend : la femme est intéressante. » (Figaro.) — « La comtesse : C’est-il donc arrivé ? — La marquise : Un polichinelle. — La comtesse : Ciel ! — La marquise : Dans le tiroir, ma chère. — La comtesse : Pauvre petite. » (E. Villars, 66.)

POLIR L’ASPHALTE, Polir le bitume : faire le trottoir, raccrocher.

POLISSON : Bourrelet attaché au-dessus des hanches pour étoffer la croupe. À la mode vers 1823. — « Le polisson, c’était un mouchoir empesé que les dames plaçaient au-dessous de la taille pour donner de l’épaisseur à la démarche et de l’ampleur aux tissus. » (Léo Lespès, 55.) V. Tournure.

Vainement, je voudrais vous dire
Tout ce que cache un polisson.
(E. de Pradel, 23.)

POLISSON, POLISSONNE : Terme amical comme gueux, coquin, etc. — « Qué noce ! oh ! mes enfants ! qué polissonne de noce ! » (Sardou.)

POLITICIEN : « Qu’est-ce que c’est, les trois quarts du temps que ce que l’on appelle les hommes de parti, les politiciens ? Ce sont des hommes qui n’ayant pas le courage de suivre une carrière tracée, toujours longue et pénible, se disent : Je vais faire comme à la roulette… Si ma couleur sort, je serai tout d’un coup ministre, préfet, receveur… » (Saint-Genest, 76.) — « Les politiciens, l’engeance dangereuse et vermineuse qui vit de la politique. » (Journal de Paris, 75.) — Ce terme vient d’Amérique, où la politique est, comme on sait, un métier lucratif.

POLKA : « Disons quelques mots de cette gigue anglaise croisée de valse allemande, qui fait sautiller aujourd’hui les Parisiens comme autant de coqs d’Inde sur une plaque brûlante. » (E. Arago, 44.)

C’est en ce temps de vogue qu’on a dit un moment à la polka, pour dire très-bien.

POLKA : Photographie où figurent des groupes obscènes. — « Ces photographies obscènes que leur argot appelle des polkas. » (Du Camp.)

POLKA (Petit) : On appelle ainsi dans le monde un petit jeune homme niais, tiré à quatre épingles, et danseur infatigable. — « Les jolies femmes dédaignent les petits polkas. » (Figaro.)

POLKER : Danser la polka : « En attendant que la polka décline, on la conjugue… On dit polquer à l’infinitif. Polque, dit une femme à son mari. » (Charivari, 44.)

POLKEUR : Danseur de polka.

POLKISTE : Partisan de la polka. « Les polkistes ont essayé de se diviser en deux camps : les partisans de Cellarius et ceux de Laborde, autre professeur de polka. La Revue de Paris est cellariste enragée, et le Feuilleton des Théâtres est labordiste furieux. Dans le journal le Siècle une guerre civile s’est déclarée. » (Charivari, 44.)

POLOCHON : Traversin. (Halbert.)

POMAQUER : Perdre. V. Greffier.

POMMADER : Flatter, dénoncer. (Rabasse.)

POMMADEUR : « Brocanteur achetant les meubles brisés ou vermoulus et mastiquant leurs défauts avec de la gomme laque et de la cire. » (Pélin.) On l’appelle pommadeur, parce que sa marchandise trop vernie semble pommadée.

POMMADEUR : Flatteur. (Rabasse.)

POMMADIER : Perruquier, coiffeur. (Rabasse.)

POMMADIN : Élégant ridicule et par trop pommadé. — « Jetez ces anges sur le bitume à la merci des pommadins. » (Michu.)

POMMARD : Bière. (Halbert.) — Est-ce parce qu’elle a la couleur du cidre qui a bien plus de titres à s’appeler pommard ?

POMMÉ : Réussi en n’importe quel genre. — « Ah çà ! c’est gentil, c’est pommé. » (Zola.) — Il nous en a dit une pommée : il nous a conté une chose drôle.

POMME DE CANNE : Tête ridicule comme celle qu’on sculpte sur les pommeaux de certaines cannes.

POMMES (Aux) : Très-bien. V. Ognons. — Ce superlatif fut sans doute causé par la passion qu’avait jadis le gamin parisien pour le chausson aux pommes. Après avoir lu l’exemple suivant, on pourrait y voir une locution plus âgée. — « Le feu duc de Brissac (mort en 1651) aimoit tant les pommes de reinette que, pour bien louer quelque chose, il ajoutait toujours de reinette au bout, tellement qu’on lui ouït dire quelquefois : C’étoit un honnête homme de reinette. » (Tallemant des Réaux.) — « J’ai mijoté pour ce numéro un petit éreintement aux pommes. » (J. Rousseau.)

POMPADOUR : Coquet, galant, digne de l’époque où Mme  de Pompadour était en faveur. — « C’est régence, justaucorps bleu, Pompadour, xviiie siècle, tout ce qu’il y a de plus maréchal de Richelieu, rocaille. » (Balzac.)

POMPADOUR : Suranné, vieillot. Acception ironique du sens précédent. V. Perruque, Poncif.

POMPE : Atelier de tailleurs. V. Pompier.

POMPE ASPIRANTE : Semelle trouée pompant la boue. (Halbert.)

POMPER : Boire copieusement. — « À la Courtille, je fais des bêtises quand j’ai pompé le sirop. » (Mélesville, 30.)

POMPETTE : Ivre. — Du vieux mot pompette : pompon. Cette allusion à la trogne rouge des buveurs se retrouve dans plumet et cocarde. Parlant d’un nez d’ivrogne, Rabelais dit : nez purpuré, à pompettes. (Livre II, ch. 1er) — « Lupolde, à tout (avec) son rouge nez à pompette, conclud tous ses contes par vin. » (Contes d’Eutrapel, xvie siècle.) — « Ce scélérat de vin de Champagne avait joliment tapé ces messieurs ; quant à nous autres, en vérité, je crois que nous étions un peu pompettes aussi. » (Festeau.)

POMPIER : Ivrogne ayant l’habitude de pomper. — « Le pochard aperçoit un ami, et le dialogue s’engage entre les deux pompiers. » (Ladimir.)

POMPIER : Ouvrier tailleur travaillant à la journée. — « Les pompiers réunis forment la pompe. Il y a la grande et la petite pompe : la grande, pour les habits et redingotes ; la petite, pour les pantalons et gilets. » (Roger de Beauvoir.)

POMPON : Tête. — « Il vous y envoie des pavés que ça brise les pompons. » (H. Monnier.)

POMPON : Premier rang. — Allusion au pompon qui distinguait avant 1869 les compagnies d’élite. — « A moi le pompon de la fidélité. » (Marco Saint-Hilaire.) — « A vous le pompon ! Aussi c’t’ air-là est fièrement bien faite. » (Carmouche, 26.)

PONANTE : Fille publique. (Vidocq, 37.) — Mot à mot : couchante. Du vieux mot ponant : couchant.

PONCIF : Se dit de ce qui est banal et ne justifie aucune prétention à l’originalité. — S’emploie substantivement et adjectivement. — Vient du mot Poncis : dessin piqué à jour et poncé d’une façon particulière pour faire un calque. — « Si chacun de nous racontait ses bonnes fortunes ? — Allons donc poncif ! Pompadour ! À bas la motion ! » (Th. Gautier, 33.) — « Le poncif, c’est la formule de style, de sentiment, d’idée ou d’image qui, fanée par l’abus, court les rues avec un faux air hardi et coquet. Exemples : C’est plus qu’un bon livre, c’est une bonne action. — On ne remplace pas une mère. — L’horizon politique se rembrunit, etc. » (Aubryet.)

PONIFFE, PONISSE : Fille publique. — C’est ponante avec changement de finale.

Et si la petite poniff’ triche
Sus le compte des rouleaux,
Gare au bataillon de la guiche,
C’est nous qu’est les dos.
(Richepin, 77.)

PONT : « Le pont consistant à remettre les cartes après la coupe dans la position où le grec les a préparées, il va de soi que, lorsque le pigeon aura coupé dans le pont, le tour sera joué. » (Cavaillé.)

On dit faire le pont, couper dans le pont. V. Couper.

PONT À FAUCHER : Piège tendu. (Rabasse.)

PONTE : Réunion de ponteurs. « Le jeu tombe en longueur et la ponte glapit sans force. » (Alyge.)

PONTER : Payer.

PONTES POUR L’AF : Assemblée de fripons. (Colombey.)

PONTEUR : Bailleur de fonds. V. Miché.

PONTEUR : Joueur. — « J’aime mieux un ponteur qui, orné de son carton, lentement le promène, qu’un ponteur exalté. » (Alyge.)

PONTIFE : Maître cordonnier. V. Pignouf. — Ce mot est expliqué par celui de porte-aumusse, qui fait allusion à la forme du tablier de cuir.

PONTON D’AMARRAGE : Vaisseau-prison. Les déportés y sont comme amarrés. — « Mon cher camerluche, me voilà enfin démarré de ce maudit ponton d’amarrage. » (Rabasse.)

PONTONNIÈRE : « Fille publique fréquentant le dessous des ponts. » (Canler.)

POPOTTE : Table d’hôte, ratatouille, et au figuré, gâchis. — Onomatopée rappelant le clapotement des mets placés sur le feu. — « On m’annonçait de chez nous un envoi de jambons qui devait remonter la popotte pour un mois. » (About.)

Des officiers se mettent en popotte, lorsqu’ils font faire leurs repas par un cuisinier militaire, sans recourir à un restaurant bourgeois.

PORC-ÉPIC : Saint-sacrement (Moreau Chr.) — C’est évidemment une allusion aux rayons de métal qui se dressent autour du saint tabernacle comme les soies d’un porc-épic.

PORTANCHE : Portière. (Colombey.) Changement de finale.

PORTE-AUMUSSE : Maître cordonnier. — Allusion au tablier de cuir. — « Nous lui délivrons le brevet de porte-aumusse, pour le faire admettre dans la Société. » (Vieux farceur.)

PORTE BIEN (Qui se) : Vigoureux, fort. — « Je lui fiche une paire de gifles qui se portaient bien. » (Petit Moniteur du 20 juillet 66.)

Il se porte bien se dit ironiquement d’un homme gris.

PORTEFEUILLE : Lit. — Le coucheur s’y glisse comme un papier dans un portefeuille. — « Il est temps d’aller nous glisser dans le portefeuille, comme disent les troupiers. » (A. Lecomte, 61.)

PORTE-MAILLOT : Figurante bonne à porter des maillots, mais incapable de jouer un rôle. — « Je vous demande un peu ! une porte-maillot comme ça. » (Gavarni.)

PORTE-MINCE : Portefeuille. (Vidocq.) — Mot à mot : porte-papier.

PORTE-MORNIF : Porte-monnaie. (Rabasse.)

PORTE-PIPE : Bouche. — « Si je lui payais la goutte, car il aime furieusement à se rincer le porte pipe. » (Vidal, 33.)

PORTE DE PRISON : Personne revêche. (Dauthel.) — « Les Avignonnais qui sont aimables comme des portes de prison. » (Commentaires de Loriot.)

PORTE-POIGNE : Gant. (Rabasse.) C’est à la poigne qu’on le porte,

PORTE-TRÈFLE : Culotte. (Vidocq.) — Mot à mot : porte de l’anus.

PORTÉE : Filouterie de baccarat. — « La portée consiste en un paquet de cartes préparées… de telle manière que le banquier ait pendant un certain nombre de coups un point supérieur. » (Cavaillé.)

PORTER (En) : Être trompé. Mot à mot : porter des cornes. — « Dis donc, Miroux…, de quoi donc que madame Miroux te fait porter ? » (Gavarni.)

PORTER À LA PEAU : Exciter le désir. — « Cette créature porte à la peau. » (L. de Neuville.)

PORTRAIT : Figure. — Effet pris pour la cause. — « Je m’allonge. Mais v’là-t-il pas ma patte gauche qui lâche le trottoir. Je m’étale et je me dégrade le portrait. » (Monselet.) — « Lord Seymour criait à Drake : Tape au portrait, c’est-à-dire : vise à la figure. » (Villemessant.)

POSE : Étalage mensonger, attitude maniérée, vaniteuse. — « L’amour platonique !… en voilà une pose ! » (Gavarni.)

POSER : Mettre en évidence. Le Dictionnaire de l’Académie admet le verbe poser dans le sens de « faire étalage, chercher à paraître ce qu’on n’est pas. » — « Voilà un ménage qui pose une femme. » (Balzac.)

POSER (Faire) : Mystifier. — « Il croyait toujours qu’on allait ce qui s’appelle le faire poser et se moquer de lui. » (Méry.)

POSER SA CHIQUE : Garder le silence. On a commencé par dire poser sa chique et faire le mort.

Le roi règne sans gouverner.
Si le nôtre, un jour, s’en écarte,
Qu’il aille interroger la Charte !
Elle lui répondra d’abord :
Pos’ ta chique et fais l’ mort.
(J. Leroy.)

POSER ET MARCHER DANS : S’embrouiller, se vendre. (Halbert.) — Allusion scatologique.

POSER UN GLUAU : Prendre, arrêter, emprisonner. — On connaît les effets de la glu. — « Mes anciens compagnons de vol s’étaient fait poser un gluau, et j’étais encore une fois isolé. » (Lacenaire, 36.)

POSEUR, POSEUSE : Homme qui pose, femme qui pose. Se prend aussi adjectivement. — « Tutoyez les femmes, et si elles protestent contre vos privautés, insinuez brutalement que vous détestez les poseuses. » (Marx.) — « Ces jolis poseurs à vestons de velours. » (P. Véron.)

POSITIVISTE : Doctrinaire de l’école d’Auguste Comte qui a fondé la religion positive. — « Le citoyen Grossetête écrit pour dénoncer la conduite du député positiviste. » (Liberté.)

POSTE AUX CHOUX : C’est ainsi que dans la marine on appelle le canot qui sert, en rade, aux provisions.

POSTÉRIEUR : Derrière. — On dit aussi, par pure délicatesse, le bas du dos, le bas de l’épine dorsale, le bas des reins, les parties charnues, le bienséant, etc., etc.

POSTICHE : Parade de saltimbanque. — « Il s’était acquis une certaine réputation dans le boniment, la postiche et la parade. On nomme ainsi le prologue que les saltimbanques jouent devant leur baraque. » (Privat d’Anglemont.)

POSTICHE : Rassemblement sur la voie publique.

POSTILLON : « Un postillon est une boulette de mie de pain pétrie entre les doigts et renfermant un avis adressé à un détenu. » (Canler.) — L’allusion se devine.

POSTILLON : « On appelle postillon les cartes qui indiquent le début ou la fin d’une passe au baccarat-chemin de fer et à quel tableau aura lieu l’abattage au baccarat-banque. Au chemin de fer il y a autant de postillons que de passes, et l’ensemble des passes s’appelle des séquences. » (Cavaillé.)

POSTILLONS (Envoyer des) : Crachotter en parlant. — « Les élèves de M. G. projettent ce qu’on appelle des postillons dans un certain monde. » (Marx.)

POTACHE, POTACHIEN : Collégien. — Le premier mot est une abréviation. Allusion au chapeau de soie, dit pot à chien, porté dans les collèges avant le képi. — « Écoutez, jeunes potaches, qui au lieu de décliner rosa la rose, allez vous balader. » (Figaro, 75.) V. Bahut.

POT-AU-FEU : Casanier, arriéré. — « Ce n’est pas cet imbécile qui m’aurait éclairée… il est d’ailleurs bien trop pot-au-feu. » (Balzac.)

POT-AU FEU : « Les faux monnayeurs désignent leur creuset ou leur marmite à fusion sous le nom de pot-au-feu. » (Rabasse.)

POTARD : Apprenti pharmacien. — Allusion aux nombreux pots dont il est gardien.

POTASSE, POTASSEUR : Ce mot désigne un piocheur malheureux, candidat très-laborieux, mais échouant aux examens. — Forme de potache (?)

POTASSER : Travailler assidûment. — « C’est Chauvin. Oncques ne l’ai vu depuis que nous étions cornichons ensemble au bahut et que nous potassions notre bachot. » (Vie parisienne, 66.)

POTEAU : Camarade. — « Bien réussi un pédé au chantage avec mon poteau Coconas. » (Beauvilliers.)

POTEAUX : Grosses jambes. (Dhautel.) — Gavarni définit ainsi celles d’une danseuse qui ruine ses amants : « Deux poteaux qui montrent la route de Clichy. »

POTIN : Commérage. — « Le petit B. est au milieu des bavardages, des cancans, des potins. » (Vie parisienne.)

POTIN : Bruit, querelle, chamaillerie. — « La séance de l’Assemblée a été calme… Un instant on nous avait annoncé qu’il y aurait quelque chose, ce qu’en termes de couloirs, on appelle du potin. » (Figaro, mai 75.)

POTINER : Commérer.

POTINEUR, POTINEUSE : Commère mâle ou femelle.

POTINIER : Même sens que potineur. — « Le Parisien causeur, bavard, potinier que le moindre fait divers passionnait. » (A. Wolff.)

POUCE ! (Et le) : S’emploie pour dire : Il y a beaucoup plus que vous ne prétendez.

POUCE (Donner le coup de) : Étrangler.

Il y a aussi le coup de pousse du détaillant qui lui permet de vendre à faux poids avec des balances exactes.

POUCETTE : « Pratiquer la poucette, c’est augmenter son enjeu quand on est certain de gagner. À Paris, les grecs associés pour cette filouterie s’appellent des cousins. » (Cavaillé.) — L’argent s’avance à l’aide du pouce, d’où le mot poucette.

POUCHON : Bourse. (Halbert.) Forme de pochon : petite poche.

POUF : Chute, déconfiture. — « Les pertes que vos trous dans la lune, où vos poufs, pour parler le style du local, lui occasionnent. » (Vidal, 33.) V. Puff.

POUFFIACE : Femme sale, avachie.

POUIC : Rien. (Grandval.) — Du vieux mot poic : peu.

POUIFFE : Argent. (Halbert.)

POULAILLER : C’est le dernier étage du théâtre. Les spectateurs y sont juchés comme sur un perchoir. — « Des baignoires, du parterre, de l’orchestre et surtout de l’aérien poulailler. » (Boué de Villiers.)

POULAINTE : Escroquerie sous prétexte d’échange. (Colombey.)

POULE D’EAU : Blanchisseuse. (Halbert.) — Se tient comme cet oiseau sur le bord des cours d’eau.

POULET D’INDE : Cheval. — « Trois poulets d’Inde et puis monsieur feraient un attelage. » (Vadé, 1755.)

POUPARD, POUPON : Vol préparé de longue main. — La comparaison n’a pas besoin d’explication. — « Un petit poupard que nous nourrissons depuis deux mois. » (E. Sue.)

POUPÉE : Prostituée. Elle s’achète comme un joujou. — « Je m’en fus rue Saint-Honoré pour y trouver ma poupée. » (Vidal, 33.) — En 1808, on disait poupée à ressorts. Au dernier siècle, on appelait catins les poupées, et il est à remarquer que le synonyme a été pris au figuré dans la même acception.

POUPOULE : Mot d’amitié. — « Reste avec ta poupoule. » (L. Lemoine.)

POURRI : Vénal, corrompu. — « Dans le cas où M. de la Baudraye serait acquis au gouvernement, Sancerre devenait le bourg pourri de la doctrine. » (Balzac.)

POURRI : Rempli. — « Je suis une femme hors ligne, unique, pourrie de chic. » (Vie parisienne, 66.) — « Quoique né roturier, de galbe il est pourri. » (Idem.)

POUSSE : Police. — Elle pousse les justiciables en prison. — « Archers, recors, exempts, et tout ce que la pousse a nourri de vaillant. » (Grandval.)

POUSSE (Ce qui se) : L’argent. Mot à mot : ce qui se pousse de la main à l’instant où l’on paye.

POUSSE-CAFÉ : Petit verre de cognac pris après le café. — « Ensuite nous avons pris le café, le pousse-café, le repousse-café. » (Voizo.)

POUSSE-CAILLOUX : Fantassin. Mot à mot : piéton poussant les cailloux du pied. — « Votre frère était dans les dragons, moi, j’étais dans les pousse-cailloux. » (Balzac.)

POUSSÉ : Ivre. — Abréviation de poussé de boisson. — « Quand il y en a un qui est poussé de boisson jusqu’à la troisième capucine, il lui met une adresse sur le dos, et l’emballe dans un sapin. » (La Correctionnelle, 40.)

POUSSÉE : Action de battre, de faire reculer. — « Nous leur avons f—u une belle poussée, » se dit après une attaque victorieuse.

POUSSÉE : Réprimande. (Dhautel.)

POUSSÉE (Belle) : Se dit ironiquement d’un avantage illusoire. On dit le plus souvent : « Voilà une belle poussée, » d’un acte qui ne mène à rien.

POUSSER DANS LE BATTANT (Se) : Boire. V, Pivois, Battant.

POUSSIER : Mauvais lit. — « Je lui paye son garni de la rue Ménilmontant, un poussier de quinze balles par mois. » (Monselet.)

POUSSIER : Monnaie. (Vidocq.) — Synonyme exact de ce qui se pousse. V. plus haut.

PRATIQUE : Homme débauché. Mot à mot : pratique de mauvais lieux. — « Pour ouvrir les portes du ciel, pourquoi choisir cette pratique ? » (Rienzi, 26.) — « C’était une pratique qui se démenait comme un enragé entre les mains de la garde. » (Vidal, 33.) — « Tout cela n’est que de la pratique ; ils t’ont fait voir le tour comme des gueux. » (Monselet.) V. Carotteur, Bordée.

PRATIQUE : Instrument servant à imiter les cris de Polichinelle. — « Polichinelle doit renfermer sa pratique. » (Complainte sur les jours gras, Paris, 26.)

PRE : Premier. — V. Preu.

PRÉ, GRAND PRÉ : Travaux forcés. — Voir l’étymologie ci-dessous. — « Ne crains pas le pré que je brave. » (Vidocq.) — « Du grand pré tu te cramperas, pour rabattre à Pantin lestement. » (Idem.)

Aller faucher au pré quinze ans : Avoir quinze ans de galères. Le grand pré est ici la mer dont les galériens coupaient jadis de leurs avirons les ondes verdâtres, comme des faucheurs rangés dans une prairie. On sait que les condamnés ramaient sur les galères du roi,

PRÉ AU DAB COURT TOUJOURS : Prison de Mazas. Allusion à la surveillance qu’on y exerce. V. Marguet.

PRÉ SALÉ : La mer. (Rabasse.) Ce mot imagé, qui est en même temps un jeu de mots, confirme notre précédente étymologie de faucher au pré. V. Igo.

PRÉDESTINÉ : Mari prédestiné à être trompé. — « Prédestiné signifie destiné par avance au bonheur ou au malheur… Nous donnons à ce terme une signification fatale à nos élus. » (Balzac.)

PRÉFECTANCHE : Préfecture de police. — Changement de finale.

PREMIER, PREMIÈRE : Chef de rayon dans un magasin de nouveautés. — « Ces premières qui dans les magasins de nouveautés regardent d’un air imposant les petites gens, qui se permettent de marchander. » (Alph. Daudet.)

PREMIER NUMÉRO : Incomparable. — « Sac à vin, pochard premier numéro, il est dans l’ivresse du picton à quatre sous, sans lance, qu’il vient de passer en contrebande à la barrière. » (Catéchisme poissard, 44. )

PREMIER-PARIS : « Un grand article, appelé Premier-Paris, c’est une série de longues phrases, de grands mots qui, semblables aux corps matériels, sont sonores à proportion qu’ils sont creux. » (A. Karr,)

PREMIÈRE : Première lettre. — Réminiscence des épîtres des apôtres. — Ne se dit qu’en fait de polémique. — « Aurore écrivit à son frère sa première aux Parisiens. » (Michu.)

PREMIÈRE : Première représentation. — « Parbleu ! est-ce que je manquerais une première du Palais-Royal ! » (Villemot.)

PRENDS GARDE DE LE PERDRE : Locution ironique adressée au propriétaire d’une personne ou d’une chose considérée comme perdue ou sans valeur. « Il ordonne de le faire empoigner, mais prends garde de le perdre. » (Commentaires de Loriot.)

PRESSE (Il n’y a pas de) : Il n’y a pas besoin de se presser, pour dire : je n’irai pas. — « Tu viendras, dis ? — Plus souvent ! Y a pas de presse. » (A Tantot.)

PRESSE (Mettre sous) : Mettre en gage. — Les objets engagés sont empilés au mont-de-piété. — En 1808, on disait Mettre en presse.

Dans le monde galant, être sous presse signifie : « Être en conférence intime. »

PREU : Premier. — Abréviation ancienne qu’on trouve déjà dans la Farce de Pathelin. — « Tiens ! v’là le bijoutier du n° 10 qui vous a loué tout son preu (ier étage). » (H. Monnier.)

PRISE DE BEC : Dispute. — « Entendez-vous son organe ! Elle a une prise de bec avec Angelina. » (les Étudiants, 60.)

PRISTI : Juron. — Abréviation de Sapristi. V. ce mot.

PROFONDE : Poche. Elle est profonde, par opposition au gousset. — « Ils se désignent entre eux sous le nom de fouilleurs de profondes. » (Paillet.)

PROFONDE : Cave. Elle est au plus profond de la maison. — « Je vais à la profonde vous chercher du frais. » (Vidocq.)

PROIE : Derrière. (Halbert.)

PROMONCERIE : Procédure. (Vidocq.)

PROMONT : Procès. (Vïdocq.) — Changement de finale.

PRONIER, PRONIÈRE : Père, mère. (Halbert.)

PROTECTEUR : Entreteneur. — On a publié en 1841 une Physiologie du protecteur.

PROTÉGER : Entretenir. — « Votre monstre d’homme protège Jenny. » (Balzac.)

PROUTE : Pet, plainte. — Onomatopée. V. Pet.

PROUTER : Se plaindre, se fâcher.

PRUDHOMME, MONSIEUR PRUDHOMME : Bourgeois sentencieux et banal, comme le type populaire créé par Henry Monnier. — « En face de ce paradoxe en peinture, il semble qu’on ait peur de passer, si on ne l’admet pas, pour un philistin, un bourgeois, un Joseph Prudhomme, un goîtreux. » (Th. Gautier.) — « Les principes, la religion, le pays, c’est pour les naïfs, c’est pour les Prudhomme. » (St Genest, 75.)

PRUDHOMMIE : Radotage sentencieux. — « C’est là la vraie politique. Tout le reste n’est que prudhommerie et banalité. » (St Genest, 75.)

PRUNE, PRUNEAU : Projectile. — Allusion de forme. — « C’est tout de même vexant d’avoir échappé si souvent aux prunes pour être tué comme un chien. » — « Quand j’ai reçu le pruneau, j’ai dit : Bien, c’est le bon ! » (L. Reybaud.)

PRUNE DE MONSIEUR : Évêque. (Vidocq.) — Il est habillé de violet comme une prune.

PRUSSE (Pour le roi de) : Gratis. — Vient de ce que cet État ne payait point le 31 du mois à ses employés. — « S’ils viennent, ce sera pour le roi de Prusse. » (Cogniard, 31.)

PRUSSIEN : Derrière. — Allusion aux dyssenteries qui décimèrent l’armée prussienne, pendant l’invasion de 1792. On a pris le tout pour la partie. — « Et puis après, la Prusse est entrée en France d’où la gourmandise l’a forcée de sortir, car elle tachait toutes ses chemises. » (Reys, 15.) — En 1825 on a publié le Manuel du Prussien ou guide de l’artilleur sournois.

PUANT : Homme qu’on ne peut sentir, qui vous pue au nez. — A commencé par se dire des élégants par trop parfumés. — « Ce petit puant… un petit-maître, toujours sans conséquence. » (Parodie de Zaïre, xviie siècle.)

PUCES (Trouver des), Chercher des puces : chercher querelle. Mot à mot : sauter sur le moindre motif comme si on cherchait à prendre une puce au bond. — « Et pourtant la Giraudeau a trouvé moyen de me trouver des puces. » (La Correctionnelle.)

PUDIBARD : Faussement pudibond.

PUDIBARDERIE : « Leur pudeur est de la pudibonderie, je dirai même de la pudibarderie. » (Mme  Rattazzi.)

PUER, PUER AU NEZ : Être intolérable. — « J’ai été pris huit jours de la nostalgie. La caserne me pue. » (Commentaires de Loriot.)

PUFF : Banqueroute. — « Il serait homme à décamper gratis. Ce serait un puff abominable. » (Balzac.) V. Pouf.

PUFF : Réclame effrontée. — Mot anglais. — « Le Lafayette du puff qui en matière de réclames est le héros des deux mondes. » (Heine.)

PUFFISTE : Faiseur de puffs. — « Ne laissant nulle trêve à l’essaim des puffistes. » (Commerson.)

PULLING : V. Robing.

PUNAISE : Fille publique. — Vieux mot signifiant infecte. — « La scène se passe faubourg Montmartre. Une fille arrête un coupé et s’y glisse en criant : Cocher ! au bois ! — Au bois de lit, punaise ! fait un gamin qui passe. » (Revue anecdotique, 62.)

PUR : Homme sacrifiant tout à ses principes. On dit : c’est un pur. — Souvent ironique. — « Les purs de la droite ont applaudi. » (A. Millaud, 75.)

PUR-SANG : Cheval de race. — « Célestine hochait la tête comme un pur-sang avant la course. » (Balzac.)

PURÉE : Cidre. (Vidocq.)

PURÉE DE POIS : Absinthe. Allusion de couleur. V. Cogne.

PUREUSE : Détenue rendant des services à l’administration. V. Topiser.

PURGATION : Plaidoyer. (Vidocq.) — Il purge de toute culpabilité.

PUTIPHARDER : Violer sans plus de façons que la femme de Putiphar. — « Ces diables de gens, il faut vraiment les putipharder pour avoir l’honneur de peindre leurs silhouettes. » (Champfleury.)

PYRAMIDAL : Aussi remarquable que les pyramides d’Égypte. V. Granitique.