Dictionnaire historique d’argot /Édition Dentu/1881/F

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FABRIQUÉ (être) : Être arrêté. (Rabasse.)

FACE : Monnaie. (Grandval.) — Allusion à l’effigie (face) royale. — « Je n’ai plus de faces. La drôlesse me chasse. » (Decourcelle, 32.)

FACIÈS : Figure, face. — Latinisme. — « C’est mon épouse… Un assez beau faciès, hein ? » (Labiche.) — « Tu mériterais qu’on coulât ton faciès en bronze. » (Montépin.)

FACTIONNAIRES : Excréments déposés aux bords de certains murs ; comme un factionnaire, ils empêchent d’y passer. — « Dans les escaliers à chaque instant, elle vous pose des factionnaires qui ne crient pas : qui vive ! aux passants. » (Dalès.)

FAD, FADE : Part de vol. — « Ruffart a son fade chez la Gonore, dans la chambre de la pauvre femme. » (Balzac.) V. Esgourne.

FADAGE : Partage de vol.

FADARD, FADE : Élégant. — « Eh ! va donc, grand fade ! » (Ricard.) — « Dieu m’ damne ! y porte lorgnon !!! est-y fadard ! » (Catéchisme poissard, 44.)

FADER : Partager un vol. (Grandval.) V. Coquer. — Du vieux mot fadiar : assigner.

FADEURS ! (des) : « C’est Anna. — Avec qui est-elle ? — Avec son premier amour, je crois. — Des fadeurs ! » (Monselet.) — C’est comme si l’on disait : À d’autres ! nous savons à quoi nous en tenir sur ces fadeurs.

FAFFE, FAFFIOT, FAFIOT : Papier d’identité, billet de banque. — Les deux derniers mots sont des augmentatifs du premier. Faffe est une harmonie imitative des papiers qu’on feuillette. — « On invente les billets de banque ; le bagne les appelle des fafiots garatés, du nom de Garat le caissier qui les signe. Fafiot ! n’entendez-vous pas le bruissement du papier de soie. » (Balzac.)

FAFFIOT FEMELLE, FAFFIOT MÂLE : « Le billet de mille francs est un fafiot mâle, le billet de cinq cents un fafiot femelle. » (Balzac.) V. Camoufler.

FAFFIOTEUR : Papetier. (Vidocq.)

FAGOT : Aspirant ou élève à l’École des eaux et forêts. — Allusion à ces dernières.

FAGOT, COTTERET, FALOURDE : Ancien forçat. — « Eh ! mais ! je connais cet homme-là. C’est un fagot. » (V. Hugo.) — Vient, dit M. Fr. Michel, de ce que les forçats sont liés deux à deux, comme les fagots. V. Campe.

FAGOT : Malfaiteur surveillé. (Rabasse.)

FAGOT AFFRANCHI : Forçat libéré. (Rabasse.)

FAIRE : Faire une conquête galante. — « Est-ce qu’un homme qui a la main large peut prétendre à faire des femmes ? » (Ed. Lemoine, 40.) — Dans une bouche féminine, le mot faire unit le lucre à l’amour. — « Tu as donc fait ton journaliste ? répondit Florine. — Non, ma chère, je l’aime, répliqua Coralie. » (Balzac.)

FAIRE : Faire la place, commercialement parlant. — « De tous les points de Paris, une fille de joie accourait faire son Palais-Royal. » (Balzac.) — « Je suis heureux d’avoir pris ce jour-ci pour faire la vallée de l’Oise. » (Idem.) — « Méfie-toi de ceux qui te diront : je fais les vins de Bordeaux. » (Monselet.)

FAIRE : Voler. — « Son fils qui fait le foulard à ses moments perdus. » (Commerson.) V. Enfilage, Rade.

FAIRE : Risquer au jeu. — « Nous faisions l’absinthe au piquet à trois. » (Noriac.)

FAIRE : Faire caca. « Avec ses jambes en manche à balai, il peut faire tout debout sans gâter ses mollets. » (Catéchisme poissard, 40.)

FAIRE (la) : Faire croire une chose qui n’est pas. — « Enfin, Anatole, j’allais devenir mère, lorsque l’infâme… — Je la connais celle-là, tu sais ! il ne faut pas me la faire. » (Vie parisienne, 65.) — « J’ai choisi du Saint-Émilion 54, et vous me donnez du 57. Vous savez, celle-là, il ne faut pas me la faire. » (Idem, 66.)

FAIRE, REFAIRE AU MÊME : Tromper. — « Garde-moi le secret, brûle ma lettre ; je veux faire ces drôles-ci… » (Rétif, 1776.) — « Les soldats s’imaginent toujours que les sergents-majors les refont au même. » (La Bédollière.) — « Ce brigand-là, dit-il, ferait le diable au même. » (Balzac.)

FAIRE CHIBIS : S’évader. « S’il n’y a pas moyen de me faire chibis d’ici, il n’y aura pas moyen plus loin. » (V. Introduction. Lettre de Minder.)

FAIRE DANS : Faire des affaires de. — On dit : faire la quincaillerie, l’épicerie, la banque, etc., pour : Faire des affaires dans la quincaillerie, etc.

FAIRE À (la) : Tromper en simulant tel ou tel sentiment. On dit : Il nous la fait à l’héroïsme, à la terreur, à l’innocence, pour : Il essaie de nous faire croire à son héroïsme, etc — « Les comiques au contraire la faisaient à la simplicité. Ils s’abordaient d’un air piteux et bonhomme s’appelant entre eux ma pauvr’ vieille. » (Alph. Daudet.)

Les sentiments ont fini par être représentés par des analogies végétales. Ainsi, quand vous entendez : La faire à l’oseille, cela veut-dire : outrer grossièrement. M. J. Richard nous apprend dans une chronique de l’Époque (mars 66), qu’il faut chercher l’origine du mot dans une gargote de l’ancien boulevard du Temple. Furieuse d’entendre critiquer la confection d’une omelette aux fines herbes qu’on ne trouvait pas assez verte, l’hôtesse du lieu s’écria un jour : « Fallait-il pas vous la faire à l’oseille ? » Les auditeurs firent la fortune du mot, qui aurait comporté plus tard des variétés innombrables. Nous ne suivrons pas le néologisme sur ce terrain sans bornes. Nous en ferons juge le lecteur par ces derniers exemples : — « Quelle charmante langue ! Quelle grâce ! Quel atticisme dans tout ce discours ! Ce qui n’a pas empêché une jeune femme qui se trouvait à côté de moi à la sortie de résumer ainsi la séance : Camille Doucet nous l’a fait à la violette et Jules Sandeau à la verveine. » (P. Dhormoys.)

« Mademoiselle Q… une brune perfide comme Londres, vient d’être délaissée par son protecteur. Aussi elle a transformé son entre-sol en un rocher, du haut duquel elle nous la fait à la Calypso. » (Marx.)

FAISEUR : « On entend par faiseur l’homme qui crée trop, qui tente cent affaires sans en réussir une seule, et rend souvent la confiance publique victime de ses entraînements. » (Lespès.) — Pris souvent en plus mauvaise part. Le faiseur et le banquiste se confondent. Pour Vidocq, le faiseur n’est qu’un escroc et un chevalier d’industrie.

FAITRÉ (être) : Être sous le coup d’une condamnation infaillible.

FALOURDE : Forçat libéré. (Petit Dictionnaire de l’argot, 44.) V. Fagot.

FANAL : Estomac. — Comparaison de l’estomac à une lanterne. — « Se bourrer le fanal de bouillon, de rata. » (Wado.) On dit de même : Mettre de l’huile dans la lampe.

Ces deux dames se fourraient par le fanal
Petit vin, superbe hareng.
(Chansonnier imp : Stahl.)

FANANDE, FANANDEL : « Ce mot de fanandel veut dire à la fois : frères, amis, camarades. Tous les voleurs, les forçats, les prisonniers sont fanandels. » (Balzac.)

FANFFE, FANVE : Tabatière. (Vidocq.) — On dit aussi fauve, fouffe, fauffe, fausse. Peu de mots ont été plus altérés.

FANFOUINER : Priser. — Onomatopée qui rend assez bien le bruit produit par l’aspiration du tabac dans les narines.

FANTAISIE (de) : Fictif. Mot à mot : dû à la seule fantaisie de celui qui annonce une réalité. « La lorette avec aïeux achète ses ancêtres chez les marchands de bric à brac, ou bien elle demande à un peintre un grand-père de fantaisie quand elle ne rencontre pas un aïeul d’occasion. » (M. Alhoy.)

FANTAISIE (de) : Qui n’est pas selon le règlement militaire. Un schako de fantaisie est plus petit que celui d’ordonnance, un pantalon est plus large, etc.

FARA DA SE : Faire seul, se suffire à soi-même. — Italianisme. — Se dit ironiquement chez nous depuis que les Italiens ont repoussé notre aide en criant : Fara da se, et en se prétendant assez forts (1849). — « Il aurait murmuré, en parlant de l’épargne individuelle, le fara da se des Italiens. » (Paris-Journal, juillet 72.)

FANTAISISTE : Homme ne se soumettant à aucune règle, soit dans ses œuvres, soit dans sa conduite. — « Un doux souvenir ! me répondit le fantaisiste, les crins qui m’inspirèrent l’histoire du chignon de ma femme » (Michu.) — « Il était du reste fantaisiste jusque dans les questions financières. On l’avait vu mettre sa montre au Mont-de-Piété, ayant dix mille francs dans son portefeuille. » (De Villemessant.) — « Pichu le paysagiste est ici. Il est toujours le même fantaisiste effréné. » (Marx.) — M. Catulle Mendès a débuté dans les lettres par la Revue fantaisiste.

FANTASIA : Démonstration plus bruyante que sérieuse, comme une fantasia de cavaliers arabes. — « Avant de faire des acclimatations, avant de se lancer dans la fantasia (en pisciculture), multipliez les espèces que vous avez autour de vous. » (H. de la Blanchère.)

Donner dans la fantasia, c’est aimer à faire fracas.

FARAUD, FARAUDE : Monsieur, madame, mademoiselle. (Halbert, Grandval.)

FARAUDEC, FARAUDENE : Madame, mademoiselle. (Fr. Michel.)

FARCE : Comique. — « C’est farce ! Mais vous faites de moi ce que vous voulez. » (E. Sue.)

FARCES : Infidélités. — « On ne peut pas faire des farces à sa Nini… v’là ce qui vous chiffonne. » (Gavarni.)

FARCEUR : Homme sur lequel on ne peut compter.

FARCEUSE : femme galante : — « Lorsqu’une farceuse voudra me séduire, je lui dirai : Impossible. » (Amours de Mahieu, 32.)

FARCHER DANS LE PONT : Tomber dans le piège. (Halbert.) Altération de faucher.

FARGUE : Charge. (Vidocq.)

FARGUER : Charger. V. Escracher.

FARGUER : Devenir rouge. (Grandval.)

FARGUEMENT : Rougeur. (Colombey.)

FARGUEUR : Témoin à charge. (Vidocq.)

FARIDONDAINE (être à la) : Être sans argent. (Rabasse.)

FARNADEL : Camarade de prison. (Rabasse.) Forme de fanandel.

FAROT : Monsieur. Forme de Faraud.

FARRE : Vite. — « Farre, farre, la marcandière, nous serions béquillés. » (Vidocq.)

FASSOLETTE : Mouchoir de poche. — Italianisme.

FAUBLAS : Séducteur de femmes. — C’est le nom du héros d’un roman bien connu. — « Tous les hommes de dix-huit ans sont des Dons Juans, à moins qu’ils ne soient des Lovelaces ou des Faubias, ce qui est absolument la même chose. » (E. Lemoine.)

FAUBOURG SAINT-GERMAIN : Aristocratique. — « Marshall : Madame… je vous en remercie. — Camélia : Il n’y a pas de quoi. (A part.) Il est Faubourg-Saint-Germain. » (Carmouche.)

FAUBOURIEN : Ouvrier turbulent et batailleur des faubourgs de Paris. — « Ces combats que la jeunesse dorée livrait non sans succès aux farouches faubouriens, aux septembriseurs endurcis. » (Roqueplan.)

Mais v’là le solitaire enfin
Qui d’une, main hardie,
Pour défendre Élodie,
Tape partout, ne craint rien,
Comme un faubourien.
(Le Solitaire, pot-pourri, 24.)

FAUCHANT, FAUCHEUX : Ciseaux. — Les ciseaux fauchent. (Rabasse, Vidocq.)

FAUCHÉ (être) : Être sans un centime. (Rabasse.)

FAUCHER : Guillotiner. — « Faucher dans leur langage, veut dire l’exécution de la peine de mort. » (Balzac.) V. Colas, Terrer.

FAUCHER AU PRÉ. V. Pré.

FAUCHER DANS LE PONT : Couper dans le pont. V. ce mot.

FAUCHEUR : Voleur coupant (fauchant) les chaînes de montre.

FAUCHEUR : Bourreau. (Halbert.) Il fauche les cous.

FAUCHON : Sabre. V. Greffier. — Même allusion que ci-dessus.

FAUSSANTE : Faux nom. (Halbert.)

FAUSSE : Tabatière. (Rabasse.) Forme altérée de fauve.

FAUX TOUPET : Suranné, vieillot. V. Perruque, Mâchoire.

FAUVE : Tabatière (Halbert.) V. Fanffe.

FAVORI : « C’est le cheval le mieux placé sur la cote et considéré comme ayant le plus de chances de gagner aux courses. » (Parent.)

FÉDÉRÉ : « Bête vous-même, grand fédéré ! » (H. Monnier, 37.) — « Afin de comprendre pourquoi ce terme était pris en mauvaise part, il faut se reporter aux mauvais jours de 1815, où les fédérés, armés pour combattre l’étranger, se distinguèrent autant par leur patriotisme que par leur indiscipline dans les environs de Paris. » Ainsi écrivions-nous dans la deuxième édition de cet ouvrage (61). En mars 1871, nous avons eu d’autres fédérés, mais ce n’était plus l’étranger qu’ils combattaient.

FÉE : Amour. (Halbert.) — Le mot est bien poétique pour des argotiers.

FÉESANT, FÉESANTE : Amoureux, amoureuse. (Idem.)

FÊLÉ (être) : Être un peu fou. Mot à mot : avoir le cerveau fêlé. C’est plus que toqué, c’est moins que avoir une fissure.

FELOUSE : Poche. (Halbert.) Pour Fouillouse.

FEMME : Femme de mauvaise vie. — Abréviation. — Il est à remarquer qu’on a fini par donner aux prostituées, tous les mots qui conviendraient à des femmes honnêtes (femme, fille, petite dame, ces demoiselles). Tout dépend de l’inflexion de la voix et du sens de la phrase. — « Sans ce gros butor qui me répugne, j’aurais pu passer la nuit avec mon amant… Ah ! mon Dieu ! qu’une femme, — mot technique (sic), — est à plaindre. Telles sont les réflexions de ces demoiselles. » (La Revue de l’an VIII ou les originaux du Palais-Royal.) — Au xviiie siècle, on disait d’une femme entretenue : « C’est une femme du monde. » L’expression compléterait la galerie, si elle s’était maintenue, mais elle est hors d’usage.

FENASSE : Paresseux. Mot à mot : Mou comme du foin. — Du vieux mot fen : foin.

FENDRE (se) : Commettre une prodigalité peu habituelle. — « Descends huit bouteilles. — Puisque vous vous fendez, dit le peintre, je paye un cent de marrons. » (Balzac.)

FENDRE L’OREILLE : Mettre à la retraite. — Vient de ce qu’on fend l’oreille des chevaux de cavalerie réformés. — « Le général Le Bœuf n’aura pas le chagrin de se voir fendre l’oreille. » (Blavet.)

FENÊTRE (mettre la tête à la) : Être guillotiné. — Allusion au passage de la tête dans la lunette. — « Qu’il fasse promptement mettre la tête à la fenêtre à l’infâme Brissot. » (Hébert, 1793.) V. Raccourcir.

FENÊTRE (faire la) : Raccrocher les galants en se montrant à la fenêtre.

FENOUSE : Prairie. (Vidocq.) — Du vieux mot fen, foin, qui a fait fenaison.

FÉODEC : Arbitraire. (Idem.) — C’est féodal avec la finale changée.

FER-BLANC (de) : Sans valeur, sans solidité (par comparaison au fer.) — « Ils éclaboussent de leur triomphe ces journalistes de fer-blanc, comme ils les appellent. » (Adolphe Guéroult.)

FERLAMPIER : Bandit. (Vidocq.) Vieux mot pris d’abord en moins mauvaise part. Se disait plutôt d’un homme sans valeur. — Abréviation de frère-lampier, allumeur des lampes d’une communauté religieuse. (Roquefort.) V. Frileux.

FERLANDIER : Bandit (Rabasse.) — Forme altérée de ferlampier.

FERLINGANTE : Faïence, verre. — Harmonie imitative du bruit de leur choc.

FERME (jeu) : Jeu de Bourse. — « Le marché ferme engage à la fois le vendeur et l’acheteur, ses échéances ne dépassent pas deux mois, sa négociation se fait comme celle au comptant. » (Boursicotiérisme.)

FÉROCE (c’est un) : C’est un homme tout entier à son devoir, féroce sur l’exactitude avec laquelle il entend le remplir.

Il n’est pas féroce : il n’est pas capable. V. Méchant.

FERRÉ (être) : Être arrêté. (Rabasse.) — Terme de pêcheur passé dans l’argot. V. ci-dessous.

FERRER LE GOUJON : Faire mordre à l’appât. — « Le goujon est ferré, style de pêcheur, il n’y a plus qu’à tirer la ligne. » (M. Alhoy.)

FERTANGE, FERTILLANTE, FERTILLE : Paille (Grandval, Colombey.) — Harmonie imitative de son frétillement. V. Greffier.

FERTILLE : Figure. (Halbert.)

FERTILLANTE : Queue. (Vidocq.) — Elle frétille souvent.

FESTON (faire du, pincer un) : Avoir une démarche que l’ivresse accidente comme des festons de broderie. — « Nous nous cavalons, moi et Dodore, en pinçant un feston un peu fiscal. » (Monselet.)

FESTONNER : Faire des festons. — « Il va encore, ma foi, très-droit… c’est à peine s’il festonne. » (E. Sue.)

FÊTE (être de la) : Être riche, avoir les moyens de festoyer — « Moi je suis toujours de la fête, j’ai toujours bogue et bon radin. » (Vidocq.)

FÉTICHE : Signe représentatif d’un enjeu en argent. — « Le nouveau préfet de police veut, dit-on, interdire l’usage des fétiches sur les tables de jeux, dans les cercles. » (Evénement, mars 66.)

FÉTU : La barre de fer dont le bourreau se servait pour rouer. (Grandval.) — Le mot n’est plus usité, mais il fera comprendre l’ironie de barre (aiguille.) — Si l’aiguille devient une barre, la barre doit être un fétu.

FEU (n’y voir que du) : Être ébloui, aveuglé. — « Et tu n’y verras que du feu. » (Cogniard, 33.)

FEUILLE À L’ENVERS (voir la) : S’étendre sous un arbre, dans un bois. Se dit avec un sous-entendu plus ou moins galant.

Il la jeta sur le gazon.
Ne fais pas, dit-il, la sauvage ;
Jouis de la belle saison.
. . . . . . . . . .
Ne faut-il pas dans le bel âge
Voir un peu la feuille à l’envers ?

Cet exemple est pris dans la 177e Contemporaine de Rétif (édit. 1783) ; mais la chanson est plus ancienne ; car ses auditeurs ajoutent dans le texte : Charmante quoique vieille. — « Dis donc, mam’selle au ruban vert, est-ce que t’as vu la feuille à l’envers : l’derrière de ta jupe est encore tout vert. » (Catéchisme poissard, 1844.)

FEUILLE DE CHOU : Guêtre militaire, journal sans valeur, titre non valable. — « Dans une de ces feuilles de chou, qui encombrent les cafés nous lisons. » (J. Lovy.)

FEUILLETÉE (semelle) : Semelle usée, dont les feuilles, disjointes aspirent l’eau ou la poussière — « On l’appelle aussi pompe aspirante. — « Parfois aussi elle n’a que des bottines suspectes, à semelles feuilletées qui sourient à l’asphalte avec une gaieté intempestive. » (Th. Gautier, 45.)

FEUX DE FILE (ne pas s’embêter dans les) : Être indépendant. Mot à mot : faire feu à volonté. — « Pour lors, not’ coronel, qui ne s’embête pas dans les feux de file. » (Ancien Figaro, 27.)

FIASCO : Chute. — Italianisme.

FICELER : Soigner sa tenue. Mot à mot : faire fine taille, la ficeler. — « Voilà maman Vauquer belle comme un astre, ficelée comme une carotte. » (Balzac.) V. Trente et un, Chic.

FICELLE : Procédé banal, acte de charlatanisme. Se dit à propos de tout. — « M… pour animer la statuaire, emprunte à la peinture quelques procédés ; je n’oserais l’en blâmer, si l’austérité de ce grand art ne repoussait les ficelles. » (Ch. Blanc.) — « Il n’est pas outillé pour le théâtre ; il ne connaît pas les ficelles de la scène. » (P. d’Anglemont.)

FICELLES : « Ce sont ces moyens vulgaires rebattus dont on se sert pour faire une pièce ou une scène, ces moyens qu’on devine. » (Duflot.) « Le culte des procédés épuisés et des conventions classiques qu’on a appelées des ficelles. » (Villemot.) — « Ferdinand lui indiqua plusieurs recettes et ficelles, pour différents styles, tant en prose qu’en vers. » (Th. Gautier, 33.)

FICELLE : Employé n’avançant qu’à l’aide de la flatterie, de la délation, de la bassesse. » (Naviaux, 61.)

FICELLE : Chevalier d’industrie.

Cadet Roussel a trois garçons ;
L’un est voleur, l’autre est fripon ;
Le troisième est un peu ficelle.
(Cadet Roussel, chanson, 1793.
Paris, impr. Daniel.)

FICELLE (cheval) : Cheval de course léger et décousu.

FICELLE : Espèce de menotte. — « On appelle ainsi un fil de laiton qui prend la main droite du détenu et dont l’agent tient un bout. » (Ponson du Terrail.)

FICHAISE : Niaiserie, chose dont on peut se ficher.

Le passé n’est qu’un songe,
Une fichaise, un rien.

FICHANT : Navrant. — « N’est-ce pas, mon vieux, c’est tout de même fichant de se dire !… » (E. Sue.)

FICHE DE CONSOLATION : Dédommagement. — Terme de whist.

FICHÉ (il est) : Il est bien mis, pommadé. (Rabasse.)

FICHER : (On prononce fich’ en élidant.) — Ce verbe a un grand nombre de significations que nous allons passer en revue. Il n’est pas admis par le Dictionnaire de l’Académie qui donne cependant fichu.

Ficher : Jeter. « On va te fich’ au violon. » (Gavarni.) — « Je l’ai fichue à l’eau. » (E. Sue.) — Dès la fin du xive siècle, ficher se trouve dans le Livre du mareschal de Boucicaut. — « Quand Chateaumorant, avec la compaignée des autres prisonniers feurent arrivez à Venise, adonc on les ficha en forte prison. » (Edit. Petitot, t. II, p. 83.)

Ficher : Placer. — « Qui m’a fichu un couvert de la sorte ? Quel désordre ! » (Perrin.)

Ficher : Donner. — « Je lui fiche un soufflet. » (1750, Cailleau.) — « J’y ai fichu des gifles. » (Gavarni.)

Ficher : Faire. — « Mais, voyons, Limousin, avec un méchant budget de 50 millions par an, qu’est-ce que tu peux fiche ? » (Gavarni.)

Ne rien fiche : Ne faire aucune affaire, commercialement parlant.

Ne rien fiche : Ne rien faire, paresser.

Allez vous faire fiche : Allez au diable. — « Ce mot cache un jurement très-grossier. » (Dhautel, 08.) — « Eh bien ! dis à grand’maman qu’elle aille se faire fiche ! » (Gavarni.)

Ficher une colle : Conter un mensonge.

Ficher un point : Coudre un point. — « Car pour l’ouvrage, je vous en souhaite ! Ça ne vous ficherait pas un point. » (Vadé, 1744.)

Ficher (se) : Se mettre à. « C’est un mosieu que je ne connais pas. — Lui as-tu demandé ce qu’il me voulait ? — Oui… il s’est fichu à rire. » (Grévin.)

Se ficher : S’habiller. — « Faut-y que ça soit chiche de ne pas se fiche en sauvage. » (Gavarni.)

Se ficher : Se poster. — Le Livre du mareschal de Boucicaut (édit. Michaud), cité plus haut, dit qu’à une déroute de Sarrasins, « les jardins favorisèrent beaucoup leur retraite, car s’y fichèrent ceulx qui eschapper peurent. » (P. 276.) La même année (1399), on nous représente les Vénitiens après un combat maritime s’en allant ficher en leur ville de Modon. (P. 283.)

Se ficher : Se moquer. — « Quand j’ai mangé la soupe et le bœuf, je me fiche du reste. » (La Bédollière.) — « Tu saboulis ce grand drille, qui se fichait de moi. » (Rétif, 177e Contemporaine, 1783.)

J’ t’en fiche, j’ t’en ficherai : Formule ironiquement négative, équivalant à : je t’en moque. — « Ah bah ! j’ t’en fiche ! il m’embrasserait toujours. » (L. Beauvallet.)

Se ficher dans la cervelle, — dans le toupet : S’imaginer. — « Ne va pas te ficher cela dans la cervelle. » (Le Rapatriage, parade du xviiie siècle.)

Se ficher du monde, du peuple, du public : Se moquer des hommes et de l’opinion. — « Vous vous fichez du monde. » (Vadé, 1755.)

S’en ficher comme de colin-tampon : Ne faire aucun cas. (Dhautel, 08.) Jadis, on appelait colins-tampons les Suisses en garnison à Paris. Les mazarinades en donnent plus d’un exemple de 1648 à 1652.

Ficher dedans : Tromper. V. Dedans.

Ficher la misère par quartiers : Mener une vie misérable.

Ficher la paix : Laisser tranquille. — « Fiche-moi la paix. » (Jaime fils.)

Ficher le camp : Décamper. — « Mon enfant, fiche-moi le camp. » (Rétif, 177e Contemporaine, 1783.)

Ficher les pattes : Venir. Mot à mot : mettre les pieds. — « Si vous vous permettez de fich’ les pattes ici quand j’y serai. » (Gavarni.)

FICHTRE : Juron. Forme de f…tre, comme fouchtra. — « Six heures ! fichtre, il me semble que nous avons failli attendre. » (E. Villars.)

FICHTREMENT : Fièrement. — « C’est fichtrement beau le coup de gueule du lion. » (Commentaires de Loriot.)

FICHU : Capable. — « Eh ! là-bas… y sont fichus de ne point ouvrir… y faut donc enfoncer la porte… » (H. Monnier.) — Le Dictionnaire de l’Académie admet fichu dans toutes ses autres acceptions.

FICHUMACER : Diminutif de ficher.

D’mandez-moi donc où c’ qu’est
Allé c’ flâneux d’ Cadet ?
C’ qu’il peut fichumacer
À l’heure qu’il est ?
(Désaugiers.)

FIDIBUS : Longue bande de papier pliée ou roulée pour allumer la pipe. — Une communication de M. Fey assigne à ce mot une origine allemande. Dans les universités de ce pays, les admonestations officielles commencent par les mots : Fidibus (pour fidelibus) discipulis universitatis, etc. Les délinquants, qui allument par forfanterie leurs pipes avec le papier de l’admonestation, lui ont donné pour nom le premier mot de sa première ligne. — « Un roman de G. Sand dont il fera un fidibus après l’avoir lu. » (Rouget.)

FIELDERS : « Ensemble des individus qui ont fait des paris de courses contre un ou plusieurs favoris. » (Parent.) Angl.

FIER : Grand. (Dhautel.) V. Blaguer, Venette, Poil. — « Ça lui portera un fier coup. » (Lubize.)

FIÈVRE CÉRÉBRALE (accès de) : Accusation pouvant entraîner la perte de la tête. (Vidocq.) — Jeu de mots.

FiFI : Vidangeur. Mot à mot : fi ! fi ! — Allusion au dégoût inspiré par le métier. — Vieux mot. Une ordonnance du roi Jean (1350) traite de « l’estat des vuidangeurs appelez maistres fifi. »

FIGNOLER : Exécuter avec fini. — « C’est qu’vous fignolait (la contredanse). Dame, il y allait de tête et de queue. » (Rétif, 1783.) — « Quel style ! comme c’est fignolé. » (Labiche.)

FIGNOLEUR : Qui fignole. — « C’est un fignoleux, mais il fait trop le fendant à cause qu’il a du bec. » (Vadé, 1788.)

FIGURE : Derrière. — « Où l’on s’expose à rencontrer des gens dont la figure a mérité les verges. » (Raoul Fauvel.)

FIL DE SOIE : Voleur. Jeu de mots sur filer, voler. — « Les grands centres de réunion sont inspectés par la sûreté, car il n’y manque jamais de fils de soie ou de joueurs de passe-passe. » (Stamir, 67.)

FIL EN DOUBLE : Vin. (Grandval.)

FIL EN QUATRE : Eau-de-vie. — « Allons, Auguste, un petit verre de fil en quatre, histoire de se velouter et de se rebomber le torse. » (Th. Gautier.)

FILAGE : Action de filer au jeu. « Le filage s’opère à tous les jeux, mais surtout au baccarat. » (Cavaillé.)

FILASSE : Chevelure blanche et blonde comme la filasse.

FILASSE : Matelas. — Le contenu est pris pour le contenant.

FILATURE, FILE : Surveillance exercée par un agent qui suit pas à pas. — « Ils ne le perdirent pas de vue au second jour de file. » (Stamir.)

Faire une filature : Suivre un individu. (Rabasse.)

FILER : Faire avec soin. — Allusion au travail de la fileuse. — « Vous vous êtes donné un mal de nègre pour filer des scènes. » (Alm. du Hanneton, 67.)

FILER : Voler. Mot à mot : faire filer un objet qui ne vous appartient pas. De là, filouter.

FILER : « Filer, c’est distribuer une carte pour une autre dans le but de se faire ou de se compléter un beau jeu. » (Cavaillé.)

FILER, PRENDRE EN FILATURE : Suivre, espionner. — « Être filé signifie, dans le langage des débiteurs, que le recors vous suit à la piste. » (Montépin.) — « Un garçon va dire à la personne filée que quelqu’un la demande, et là, des sergents de ville l’entourent pour la remiser. » (Stamir.)

Filer la mousse : Faire ses besoins. (Grandval.) V. Mousse.

Filer le luctrème : Introduire une fausse clé. V. Luctrème.

Filer le parfait : Faire une cour assidue. Mot à mot : filer le parfait amour.

Filer le plato : « Cela veut dire : filer l’amour platonique. » (J. Duflot.)

Filer son nœud : Partir. — Terme de marine. — « Viens-tu ! ou je file mon nœud. » (H. Monnier.)

Filer une poussée : Repousser violemment. « Le concierge l’arrête ; moi, je file une poussée au concierge et il se faufile. » (Beauvillier.)

FILET : Nuance délicate et tenue comme un filet d’eau. — « Peut-être aussi y a-t-il un filet de concetti shakspearien, mais c’est peu de chose. » (Th. Gautier.)

Filet coupé (avoir le) : Être d’une grande loquacité. — Allusion à la petite opération nécessitée par un certain embarras de la langue.

FILEUR : « C’est un homme qui est chargé par la police, et le plus souvent par quelque ténébreuse officine privée, d’en suivre un autre. » (P. du Terrail.)

FILEUR : Qui file au jeu. V. Filet. « Point de grec émérite s’il n’est fileur. » (Cavaillé.)

FILEUSE : « Chanteur suivant les voleurs et les prenant en flagrant délit, dans le seul but de faire payer son silence par une remise de 15 p. 100. » (Vidocq.)

FILLE DE MARBRE : Courtisane froidement avide. — Une pièce de M. Barrière a consacré ce terme, vers 1852. — « C’est à Paris que les filles de marbre apprennent péniblement le métier qui les fait riches en une heure. » (J. Janin.)

FILLE DE PLÂTRE : Courtisane. — Vient du roman écrit sous ce nom par M. de Montépin, pour servir de pendant à la pièce des Filles de marbre. — « Ces femmes ne sont que des filles de plâtre. » (les Étudiants du quartier Latin, 60.)

FILOCHE : Bourse. (Vidocq.) — Du filet qui était employé pour la confection des bourses. — « Si ta filoche est à jeun (si ta bourse est à vide.) » (E. Sue.)

FILOU : Rusé. — L’acception d’escroc se trouve seule dans le Dictionnaire de l’Académie. Elle a son origine dans le verbe filer : voler.

FILS DE FER : Jambes excessivement minces. — Mot imagé.

FILS DE PUTAIN : Injure à laquelle le peuple n’attache la plupart du temps aucune idée fixe. « J’ai entendu une poissarde dire à son fils : « Petit polisson ! attends, fils de putain, je te ferai voir que je suis ta mère. » (Dauthel, note manuscrite de son dictionnaire, 08.) Du temps de Rabelais, cette triste plaisanterie était déjà de mode. À la fin de la tempête (livre IV, ch. xii), Pantagruel appelle un matelot : « Fils de putain. » — « Tu es bien aise, homme de bien, dist frère Jean au matelot, d’entendre nouvelles de ta mère. »

FIN (faire une) : Se marier, en finir avec la vie de jeune homme. — « Cependant il faut absolument faire une fin. Dame ! le siècle est positif. » (Deriège.) V. Papillonner.

FINE : Excrément. — Allusion à la fine moutarde ; on dit aussi la plus fine. V. Numéro cent. — « Un vidangeur de mes amis, nous a chanté la plus fine. » (Aubry, 36.)

FINE : Fine Champagne. V. As, champagne.

FIOLE : Figure. (Halbert.)

FIOLER : Boire. (Ratasse.) — De fiole : bouteille.

FION (coup de) : C’est la dernière main mise à un ouvrage. — « Un François enseignoit à des mains royales à faire des boutons ; quand le bouton était fait, l’artiste disoit : À présent, Sire, il faut lui donner le fion. À quelques mois de là, le mot revint dans la tête du roi ; il se mit à compulser tous les dictionnaires, et il n’y trouva pas le mot. Il appela un Neuchâtelois qui étoit alors à sa cour, et lui dit : « Dites-moi ce que c’est que le fion dans la langue françoise ? — Sire, reprit le Neuchâtelois, le fion, c’est la bonne grâce. » (Mercier, 1783.) — « Elle se lève pour prendre la salière qui doit, dit-elle, donner le dernier fion à la dinde. » (Ricard.) — « Les peintres n’ont plus que trois jours pour donner à leurs tableaux ce qui s’appelle le coup de fion. » (Marx, 66.)

FIONNER : Faire l’élégant. — « Ça se fionne, ça se pavane et ça se carre. » (Bourget.)

FIONNEUR : Élégant. — « Le fionneur possède une glace, huile antique, pommade du lion et cire à moustaches. » (Bertall.)

FIQUES : Hardes. (Colombey.) — Ce doit être un vieux mot, car beaucoup de paysans disent encore dans le même sens affiquet.

FIQUER : Poignarder. (Idem.) — Pour ficher : planter.

FISCAL : Élégant. — C’est Ficelé avec changement de finale. — « A ses favoris côtelettes… A son costume fiscal… » (Léonard, parodie, 63.) V. Feston.

FISSURE (avoir une) : Être un peu fou, mot à mot : avoir une fissure au crâne. V. Félé.

FISTON : Petit fils, terme amical. — « Par ma fé, mon doux ami, mon fiston. » (Contes d’Eutrapel, xvie s.) V. Gadoue.

FLA : Note rudimentaire de la batterie du tambour. V. Ra. — « Le tambour-major bat la mesure des ras et des flas. » (M. St-Hilaire.)

FLACHE : Plaisanterie. (Halbert.) Pour flanche.

FLACUL : Sac d’argent. — « Le vioque a des flaculs pleins de bille ; s’il va à Niort, il faut lui riffauder les paturons. » (Vidocq.) — Vient de flaque, V. ce mot.

FLACUL : Lit. — Il a la forme d’un grand sac. V. ci-dessus. — « Je raplique au flacul qui m’attend. » (Vidocq.)

FLAFLA : Grand étalage. — Allusion aux claquements de fouet. On dit dans le même sens faire claquer son fouet.

FLAMBANT, FLAMBARD : Éclatant, superbe. — « Les caporaux y trouvent une table un peu flambarde. » (La Bédollière.) — « T’es flambante comme une Vénus. » (E. Sue.)

FLAMBANT : Artilleur à cheval.

FLAMBART : Matelot. — « Eugène Sue est cause que la plupart des canotiers s’appellent flambards. » (Roqueplan.)

FLAMBARDE : Chandelle (Halbert) ; elle flambe en éclairant.

FLAMBART : Poignard. (Vidocq.)

FLAMBE : Épée. — Allusion au flamboiement de la lame. Abréviation de Flamberge.

FLAMBER : Briller entre tous. — « Des raretés qu’on offre à des filles qui aiment à flamber. » (Balzac.)

FLAMBERT : Poignard. (Halbert.) Forme de flambart.

FLAMSIQUE : Flamand. (Colombey.) — Changement de finale.

FLAN (du) : Non. — Abréviation de la formule ironique : je te paierai du flan. Des nèfles ! des navets ! sont des négations de même origine. On sait que le flan était une pâtisserie fort populaire à Paris. « Si on leur présentait zut, du flan et des navets comme le fond de la langue des vaudevillistes. » (Villemot.) V. Zut.

FLAN (c’est du) : C’est bon. — « J’aime mieux gouêper, c’est du flan. » (Vidocq.)

FLAN (au) : C’est vrai. (Rabasse.)

FLAN (à la) : Sans préméditation, au hasard. V. Caroubleur. — Abréviation de à la bonne flanquette.

FLANCHE : Malice, ruse, biais. — « Robert voit le flanche, et dit : il faut le fouiller. » (Monselet.) V. Mettre (le).

FLANCHE : Jeu de roulette.

FLANCHER, FLACHER : Plaisanter (Halbert.)

FLANCHEUR : Joueur rusé. (Rabasse.)

FLANELLE : C’est le mot flâneur avec changement de finale. — « Lèves-tu ce soir ? — Ah ouiche ! tous rapiats. — Et celui-là qui t’allume ? — Flanelle ! » (L. de Neuville.)

FLÂNOCHER, FLÂNOTTER : Flâner tout doucement, — « Il fit la rencontre d’un beau page de Marie-Thérèse qui flânochait en rêvant. » (Commerson.) — « Nous flânottons depuis quinze heures. » (M. Michel.)

FLAQUE : Sac de femme. (Grandval.) — Du vieux mot flac, flacon. — Allusion de forme.

FLAQUER : Aller à la selle. (Vidocq.) — Onomatopée.

V’là vot’ fille que j’vous ramène,
Elle est dans un propr’ état :
Depuis la barrière du Maine
Elle a tout flaqué dans ses bas.
(Chanson connue.)

FLATAR : Fiacre. (Halbert.)

FLÈME, FLEMME : Paresse subite et invincible. — « Lundi, la flemm’ m’accroche. » (A. Cahen.) — « Décidément, j’ai la flemme, je vais profiter d’un rayon de soleil. » (Comm. de Loriot.)

Jour de flemme : Jour où l’on ne peut travailler.

Battre sa flemme : Flâner, paresser.

FLEURANT : Bouquet. (Halbert.) Pour fleurissant.

FLEUR DE MAI, Fleur de Marie : Virginité. (Rabasse, Vidocq.) — Allusion à l’Immaculée et au printemps de la vie.

FLEUR DES POIS : Personne à la mode.

FLIC-FLAC (faire le) ; « C’est démantibuler la gâche d’une serrure à l’aide du monseigneur. » (Du Camp.) — Forme altérée de Fric-frac.

FLIGADIER : Sou. (Colombey.)

FLIGUE À DARD : Agent de police (Colombey.) Mot à mot : policier à épée. V. Flique.

FLINGOT : Fusil d’infanterie.

FLIQUE : « Un commissaire de police est un flique dans l’argot des filles. » (Parent-Duchatelet.)

FLIRTATION : Badinage galant, manège de coquetterie. — Anglicanisme. — « J’occupais mes moments perdus à une innocente flirtation avec le baron de L… » (Vie parisienne, août, 72.) — « Lady Elphinsbury réprimait la flirtation dans ses domaines. » (Aubryet, 72.)

FLIRTER : Se livrer à la flirtation. — « La dame reprocha à son infidèle de venir flirter aux Folies. » (Figaro, 75.)

FLOPPÉE : Volée de coups. (Halbert.)

FLOPPÉE : Foule.

FLOQUOT : Tiroir. (Dict. d’argot, 44.)

FLOTTANT : Poisson. ( Vidocq.) Il flotte. V. Flotter.

FLOTTE : Pension en argent. Mot à mot : ce qu’il faut pour flotter pendant quelque temps. Quand on ne peut flotter, on se trouve à sec, à la côte. — « Je viens de recevoir ma flotte : 300 fr., plus quelque menue monnaie. » (Villemessant.)

FLOTTE : Réunion de personnes. On dit : nous étions une flotte, pour : nous étions une bande.

FLOTTER : Nager.

FLOTTER (faire) : Noyer. (Rabasse.). — Ironie.

FLOU, FLOUTIÈRE : Rien. (Grandval.)

FLOU : Vaporeux, fluide. — Répond exactement, comme prononciation, au latin fluidus (prononcez flouidous.) — C’est en effet un vieux mot. On le retrouve dans le Testament de Villon. Ce terme, usité d’abord dans les arts et admis à ce seul titre dans le Dictionnaire de l’Académie, a conservé partout la même signification de mollesse harmonieuse. — « Tu as dans le style on ne saurait dire quel moelleux, quelle grâce, quel flou. » (L. Reybaud.) — « Manquant de grâce, de tout ce qui jette du charme et du flou dans l’existence. » (Paris étudiant, 54.)

FLOUANT : Jeu. (Halbert.)

FLOUER : Voler au jeu. (Halbert.) Abrév. de filouter.

FLOUER : Escroquer. « En prenant l’argent de son prochain, on le vole ; en, lui faisant accroire la chose qui n’est pas, on le trompe ; et, en lui faisant faire par ruse une faute quelconque, on l’attrape. En le trompant, l’attrapant et le volant tout à la fois, on le floue. » (Philipon, 40.)

FLOUERIE : Escroquerie, abus de confiance. — « La flouerie est au vol ce que la course est à la marche ; c’est le progrès, le perfectionnement scientifique. » (Philipon, 40.)

FLOUEUR : Escroc. — « Il est des floueurs de tout âge, de tout visage et de tout rang. Il existe aussi des floueuses non moins variées. » (Philipon.) Ne s’est dit d’abord que des voleurs au jeu, car Grandval ne donne floueur qu’avec ce sens, qu’on retrouve dans l’acception suivante.

FLOUEUR : « Homme dirigeant un jeu de hasard de manière à exploiter la cupidité des badauds. Les jeux principaux dont il se sert sont la jamaffe, les cocanges, les trois paquets, le huit, les couteaux, la bague, les palets, etc. » (Rabasse.)

FLOUME : Femme. (Vidocq.) — Anagramme de fumelle.

FLOUTIÈRE : Non, rien. V. Flou.

FLUKE : « Course qui, contrairement à toutes les prévisions, a fait perdre le meilleur cheval. » (Parent.) Anglic.

FLÛTE : Canon. — Allusion de forme. — « Jusqu’ici il n’y a qu’eux qui aient fait aller leurs flûtes. Les nôtres auront bien leur mérite. Il y en aura bien trois cents de part et d’autre pour ouvrir le bal. » (Gal Christophe, Lettres, 12.)

FLÛTE, FLUT : Non. — Abréviation du terme suivant. (Des flûtes.) — « Le noble étranger m’a lâchée en me disant : Flûte ! » (Almanach du Hanneton, 67.) — « Flûte ! s’il grogne trop. » (Villars.) V. Zut.

FLÛTES (des) : Non. — On a dit « des flûtes ! » (pains longs) comme on dit des nèfles, du flan, des navets. — « Oscar : Qu’entends-je ? Mais vous m’aviez promis. — Le marquis : Des flûtes ! » (Marquet.)

FLYER : Un cheval très-vite. Vient de fly : voler. Argot de courses anglais. (Parent.) Dans un sens plus restreint, on appelle flyer celui qui a plus de vitesse que de fond. (Id.)

FŒTUS : Élève de première année à l’école de chirurgie militaire. — Ce terme répond à celui d’embryon qui se prend également au figuré dans la langue régulière.

FOIRE D’EMPOIGNE (acheter à la) : Voler. — L’ironie n’a pas besoin d’être expliquée. — « Les tableaux du capitaine Cluseret ont été achetés à la foire d’empoigne. » (Moniteur, 31 mai, 72.)

FOIRER : Avoir peur. — On connaît l’effet du danger sur les intestins.

FOIREUX : Poltron. — Vieux mot. — « Vous n’aurez en vostre armée que des foireux en danger d’estre renvoyés aux foyres de Francfort. » (Paraboles de Cicquot, 1593.)

FOIROU : Derrière. (Vidocq.)

FOLICHONNER : Folâtrer. « Puis, nous irons trouver Florine et Coralie au Panorama dramatique où nous folichonnerons avec elles dans leurs loges. » (Balzac.)

FOLICHONNE, FOLICHONNETTE : Fille réjouie, aimant le plaisir. — « Je fus épris, comme un toqué, d’une aimable folichonnette. » (J. Kelm.) — « Une folichonneuse cancane et me plaît mieux. » (Aubry.)

FOLLE DU LOGIS : On donne ce nom très-bien trouvé à l’imagination et aussi à la poésie. — « L’imagination, cette folle du logis, a remplacé les lois naturelles par des lois arbitraires. » (Mismer.)

FONCÉ : Radical. Mot à mot : appartenant au parti rouge foncé. V. Rouge.

Quatre sous-préfets et vingt maires
Choisis parmi les plus foncés,
S’épandront en plaintes amères.
(G. Jollivet.)

FONCER : Se précipiter. — Abréviation d’enfoncer. — « Trois coquins de railles sur mesigue ont foncé. » (Vidocq.)

FONCER : Donner. V. Babillard, Dardant.

FONCER : Payer. — Mot ancien. — Abréviation de foncer à l’appointement. Un poète du xve siècle, Coquillart dit déjà :

Il falloit qu’il vint, sus ou jus
La fournir à son appétit.
Car qui ne fonce de quibus.

FONDANT : Beurre. (Colombey.) — La propriété est prise pour l’objet.

FONDRIÈRES (les) : Les poches. (Rabasse.)

FONFE, FONFIÈRE : Tabatière. (Idem.) C’est une forme de fanffe. Même harmonie imitative du reniflement de la prise de tabac.

FORESQUE : Marchand forain. (Halbert.) — C’est forain avec changement de finale.

FORÊT DE MONT-RUBIN : Égout, cloaque. (Idem.)

FORME : « Un cheval est en forme quand sa santé, sa condition ne laissent rien à désirer. On dit qu’un cheval « a perdu sa forme » ou qu’il l’a « retrouvée. » (Parent.) Anglic.

FORT EN THÈME : Jeune homme qui a eu du succès au collège.

FORT-EN-GUEULE : « C’était aussi le temps de ce qu’on appelait les engueulements. On s’engueulait d’une voiture à l’autre ; de fenêtres à voitures, de piétons à fenêtres ; chaque société avait son ou sa forte-en-gueule, espèce de crécelle à poumons d’acier chargée de répondre à tout le monde. » (Privat d’Anglemont.)

FORTIN : Poivre. (Halbert.) — Diminutif de fort, dans le sens de : âcre, fort au palais.

FORTINIÈRE : Poivrière. (Idem.)

FOSSILE : Suranné. V. Académicien. — Ironie.

FOUAILLER : Manquer son effet. (Dictionnaire d’argot, 27.)

FOUAILLEUR : Libertin. — Un T de plus dans le corps du mot livre son étymologie.

FOUCADE : Idée subite, élan imprévu.

FOUCHTRA : Auvergnat, charbonnier, porteur d’eau. Allusion à son juron favori. — « Fouchtra, vous qui avez une bonne poigne, tirez-moi donc mon pantalon. » (Ed. Morin.)

FOUILLER (pouvoir se) : N’avoir pas de quoi acquérir ou conquérir. Formule ironique se prenant au figuré. — « Les garibaldiens avaient de bons fusils ; sans l’artillerie, nous pouvions nous fouiller. » (Vie parisienne, 67.) — « Madame, daignez-vous accepter mon bras.?… Tu peux te fouiller, calicot. » (Alm. du Hanneton, 67.)

FOUILLOUSE : Poche. Mot à mot : endroit où l’on fouille. — « Et vous aurez, sçavez-vous quoy ? force aubert en la follouse. » (Vie de saint Christophe, Grenoble, 1530.)

FOUINER : S’échapper. — Vieux mot. — « S’il est pressé, qué qui l’empêche de fouiner ? » (Vadé, 1755.)

FOUR : Gosier. V. Chauffer le four.

FOUR (faire) : Ne pas réussir. — Se disait autrefois des comédiens qui renvoyaient les spectateurs parce qu’ils n’avaient pas assez de monde. Se dit maintenant à propos de tout. — « Nous faisons four, dit Lousteau, en parlant à son compatriote la langue des coulisses. » (Balzac.)

FOUR : Portion la plus élevée d’une salle de théâtre. Allusion à la chaleur qui y règne. — « Je quitte le four et je poursuis ma promenade aux quatrièmes loges. » (De Boigne.)

FOUR BANAL : Omnibus. (Colombey.) — Tout le monde peut s’y enfourner.

FOUR IN HAND : Voiture à quatre chevaux. (Paz.) — Anglicanisme. — « Il nous a été permis d’apercevoir l’élégante Anglaise conduisant elle-même un four in hand. » (Éclair, août 72.)

FOURBI : Argent provenant de vol. (Rabasse.)

FOURBI : Friponnerie. — Abrév. de fourberie, si ce n’est un mot de langue franque, importé par notre armée d’Afrique. — « Quel fourbi, mon Dieu ! quel fourbi ! » (Comm. de Loriot.)

FOURCHETTE : Homme de grand appétit, sachant bien jouer de la fourchette. — « Bonne fourchette, excellent gobelet, plus il mangeait, plus il buvait. » (E. Villars.)

Voler à la fourchette : Voler en introduisant les deux doigts dans la poche.

Marquer à ta fourchette : « Se dit d’un marchand de vins qui marque à son débiteur quatre consommations au lieu d’une. » (P. Moniteur, août 76.) Allusion aux quatre dents de la fourchette.

Jouer des fourchettes : S’enfuir.

FOURCHU : Bœuf. (Vidocq.) Ses cornes font fourche.

FOURGA, FOURGAT, FOURGASSE : Recéleur, recéleuse. Fourgat est la forme la plus ancienne, car elle est seule donnée par Grandval. — De fourguer.

FOURGAINE : Canne de jonc. (Halbert.)

FOURGONNIER : « On nomme ainsi le cantinier du bagne. » (Ponson du Terrail.)

FOURGUE : Recéleur. Abréviation de fourgat. « J’irai chez mon fourgue lui porter ce que j’ai à la maison. » (Beauvillier.)

FOURGUER : Vendre à un recéleur. (Rabasse.) — Du vieux mot fourgager : placer dehors à moitié profit. Les fourgats payent peu en effet. V. Poisser. (2e art.)

FOURLINE, FOURLINEUR : Voleur à la tire.

FOURLINER : Voler. Du vieux mot fourloignier : écarter. V. Litrer.

FOURLOURE : Malade. (Vidocq.)

FOURLOUREUR : Assassin. (Idem.)

FOURMILLANTE : Foule. (Colombey.)

FOURMILLER : Marcher vite.

FOURMILLON : Marché public. — Le mot peint le fourmillement des vendeurs et des acheteurs. V. Parrain.

FOUROBER : Fouiller. (Colombey.) — Ce doit être un vieux mot (four-rober) comme fourliner.

FOURRIER (mauvais) : Homme intègre, servant de son mieux les ayants droit, même à son détriment. On comprend l’ironie de cette locution qui a pris naissance dans l’armée, où les fourriers sont chargés des répartitions.

FOUTAISE : « Bagatelle de peu d’importance. On dit moins incivilement fichaise. » (1808, Dhautel.)

FOUTIMACER : Ne faire ou ne dire rien qui vaille. (Dhautel.) — « Ne foutimacez plus les oreilles des dames. » (Paroles grasses de Caresme-prenant, 1626.)

FOUTREAU : Combat, action de se f..tre des coups. — « Oh ! il va y avoir du foutreau, le commandant s’est frotté les mains. » (Balzac.)

FOUTRIQUET : Homme nul. « Tous les foutriquets à culottes serrées et aux habits carrés. » (1793, Hébert.)

FRAIS (faire ses) : Percevoir le dédommagement qu’on croit dû à ses frais d’esprit, d’amabilité ou de toilette. — « J’en obtiens un rendez-vous, et quoi qu’il arrive maintenant… j’ai fait mes frais. » (E. Sue.) — « La littérature, primée en ce moment par la peinture, ne fait pas ses frais. » (Villemot.)

FRALIN, FRALINE, FRANGIN, FRANGINE : Frère, sœur. « J’ai l’honneur de répéter à monsieur que madame n’y est absolument pour personne. — C’est bon, c’est bon, pas tant d’histoires ! et va-s’y lui dire que c’est un vieux frangin qui la demande. » (Grévin.) V. Servir, Altèque.

FRANC, FRANCHE : Bas, basse. (Halbert.)

FRANC : Hanté par les affranchis. V. ce mot. V. Tapis, Romamichel.

FRANCHIR : Baiser. (Halbert.)

FRANÇOIS (la faire au père) : Étrangler quelqu’un en lui jetant autour du cou une courroie à boucle sans ardillon, disposée de façon à faire nœud coulant. Pendant qu’on serre le patient, un complice le fouille. La courroie est nommée père François, du nom de l’escarpe qui s’en servit le premier. Cela se rapproche beaucoup de l’ancien charriage a la mécanique.

FRANGINE : Sœur. (Rabasse.)

FRANGIN DABE, FRANGINE DABUSCHE : Oncle, tante. Mot à mot : frère de père, sœur de mère. V. Fralin.

FRANGIR : Casser. (Colombey.) Vieux mot.

FRAPOUILLE : Guenille, et, au figuré, vaurien. Pour fripouille.

FRAPPER AU MONUMENT : Mourir. Mot à mot : frapper à la porte du monument funèbre. V. Inférieur.

FRÉGATE : Chapeau bicorne. Terme de marine. Renversé, il ressemble assez à la coque d’un bâtiment. — « Prenez votre frégate, ayez soin qu’elle soit petite, cambrée, inclinez-la à 45 degrés. » (Vie parisienne, 67.)

FRÉGATE. V. Être (en).

FRELAMPIER. V. Ferlampier.

FRÉMILLANTE : Assemblée. (Halbert.) — C’est une forme ancienne de fourmillante. Nous disons encore fourmillement humain.

FRÉMION : Violon. (Idem.) — Il vous fait fourmiller, danser.

FRÈRE ET AMI : Démagogue. — Allusion à la formule fraternelle usitée dans le parti. Elle eut cours dès 1848. — « Là-dessus, grande colère des frères et amis. On organise chez le marchand de vin du coin une souscription. » (Fr. Sarcey, juin 72.)

FRÈRE FRAPPART : Marteau. — Jeu de mots.

FRÉTILLANTE : Queue. (Grandval.)

FRÉTILLANTE, FRÉTILLER : Danse, danser. (Vidocq.)

FRÉTILLE : Paille. (Grandval.) Forme de fertille.

FRETIN : Poivre. (Idem.) Pour fortin.

FRICASSÉ : Perdu, détruit. — « La ruyne généralle dont le royaume est menacé si Paris estoit fricassé. » (Second Courrier françois, Paris, 1649.) — Le Dictionnaire de l’Académie admet fricasser : dépenser.

FRIC-FRAC : Effraction. — Onomatopée. C’est le bruit de la chose qu’on casse. V.Caroubleur, Flic-flac.

FRICHTI : Régal. — Corruption de l’allemand früstück : déjeuner. — « Voilà ce que je te conseille : c’est de payer un petit frichti. » (Champfleury.)

FRICOTER : Vivre de maraude, de profits peu réguliers.

FRICOTEUR : Maraudeur. — « Ces mauvais troupiers pillaient tout sur leur passage. On les appelait des fricoteurs. » (M. Saint-Hilaire.)

FRIGOUSSER : Faire des frigousses. (Mot à mot- : petits fricots.)

FRILEUX, FRILEUSE : Poltron, poltronne. (Rabasse.) — Allusion au tremblement produit par le froid comme par la peur. — « Je suis un ferlampier qui n’est pas frileux. » (E. Sue.) V. Frousse.

FRIME, FRIMOUSSE : Visage, physionomie. — Du vieux mot frume. V. Coquer, Altèque, Gouépeur. — « C’est bien là le son du grelot, si ce n’est pas la frimousse. » (Balzac.)

FRIMER : Feindre, contrefaire. — « Ils commencent par leur battre comtois en frimant de se disputer. » (Stamir, 67.)

FRIMOUSSER : Tricher. (Vidocq.) Mot à mot : se réserver les cartes à figures ou frimousses.

FRIPOUILLE : Vaurien. (Rabasse.) — De fripe, chiffon.

FRIQUET : Mouchard. (Colombey.)

FRISÉ : Juif. (Vidocq.) La frisure est un signe de la race.

FRISES (toucher les, aller aux) : S’élever au sublime sur la scène dramatique. Mot à mot : montrer un talent assez grand pour toucher la frise du théâtre. — « Toucher les frises est le nec plus ultra de l’art du comédien. Mademoiselle Rachel, dans la scène de Camille, touchait les frises. » (J. Duflot.)

FRIT : Perdu, condamné. — Vieux mot — « Nous ne savons plus quel boys tordre. Les gueux sont frits, je le vous dis. » (La Vie de saint Christophe, 1530.)

Rien à frire : rien à manger. — « La guerre fut en tous lieux si amère… tellement que plus rien à frire n’entrèrent à Paris. » (La Juliade, 1651.)

FRITE : Pomme de terre frite. — « Le modèle lui donne quelques conseils en lui prenant quelques frites. » (Bertall.) — « De même qu’on dit une voile au lieu d’un vaisseau, on dit simplement deux sous de frites. » (Figaro, 75.)

FROID AUX YEUX (n’avoir pas) : Être courageux. — Les lâches pleurent et le froid fait pleurer. — « Ces gaillards-là n’auront pas froid aux yeux. » (Rienzi, 1826.)

FROISSEUX, FROLLANT, FROLLAUX : Traître, calomniateur. (Vidocq.) De là le nom de Frollo donné par V. Hugo au traître dans Notre-Dame de Paris.

FROLLER, FROLLER SUR LA BALLE : Dire du mal.

FROM : Fromage. — Abréviation.

FROTESKA : Danse polonaise qui essaya, il y a une trentaine d’années, de détrôner la polka. — « L’on ne pourrait, le soir, faire vis-à-vis à la reine Pomaré au bal Mabille pour une polka, mazurka ou froteska. » (Th. Gautier, 45.)

FROTIN : Billard. Il est frotté par les billes.

FROUFROU : Froissement d’étoffe. — Onomatopée. — « Son oreille recueille précieusement le froufrou que fait la soie de sa robe. » Ricard.)

FROUFROUTER : Faire froufrou. — « À ses côtés froufroutait, toutes jupes dehors, l’essaim de nos grandes cocodettes. » (Figaro, 76.)

FROUSSE : Peur. Abréviation du vieux mot frillouseté : frisson. V. Frileux.

FRUIT-SEC : « À l’École polytechnique, les fruits-secs sont ceux qui, après leur examen de sortie, ne sont pas déclarés admissibles dans les services publics. » (La Bédollière.) — « Les autres écoles ont aussi leurs fruits-secs, ou des quatrièmes accessits de Conservatoire. » (Mornand.) — Enfin on a donné ce nom à tous ceux qui ne répondent pas aux espérances qu’ils ont fait concevoir. — « Note bien qu’il est un des fruits-secs de son temps, juge d’après lui ! » (About.) — « C’est un fruit-sec du suffrage universel qui en 1871 obtint 24 voix. » (F. Magnard, 75.)

L’Intermédiaire de mai 1865 dit à ce sujet : « Vers 1800, un polytechnicien avait reçu le nom de fruit-sec à cause de nombreux envois de fruits secs que lui faisait sa famille. Cet élève n’ayant pas été reconnu capable d’entrer dans les services publics, le nom de fruit-sec passa à tous ceux auxquels un pareil malheur arrive. » — Sans ce renseignement, le mot de fruit-sec pourrait s’expliquer fort bien au figuré. Être reçu à l’école, c’est déjà porter un fruit ; ne pouvoir s’y maintenir, c’est pour ainsi dire sécher sur l’arbre où on espérait arriver à maturité.

FRUSQUER : Donner. (Colombey.)

FRUSQUES : Vêtements. Abréviation du vieux mot frusquin : garde-robe, bien mobilier. — « Les vêtements, en terme générique, sont des frusques ; une pelure est un habit ou une redingote ; le pantalon est un montant. » (Mornand.) V. Bibloter.

FRUSQUIN : Coquetterie de toilette. (Halbert.)

FRUSQUINER : Habiller. (Vidocq.)

FRUSQUINEUR : Tailleur. (Vidocq.)

FUMÉ : Radicalement perdu. — « Trahison ! nous sommes fumés. » (Mélesville.)

FUMER : Se battre. (Grandval.)

FUMER, FUMER SANS TABAC : Bouillir d’impatience. Qui bout fume. — « J’ai cent mille fois, étant au bivouac, fumé sans tabac. » (Duverny, 15.) — « Ma femme à la mod’ va se conformer et cela va me faire fumer. » (Metay.)

FUMERONS : Jambes maigres. — Allusion de forme. Le fumeron est un gros brin de fagot. V. Gueule.

FUMISTE : Trompeur, mystificateur. Mot à mot : homme qui fait fumer les gens.

FURIA FRANCESE : Impétuosité qui caractérise la première attaque d’une troupe française. — Italianisme. — « Les commandants supérieurs mettent des entraves à l’élan, à l’impulsion, à la furia francese. » (Impressions du siège de Belfort, 70.)

FUSÉE : Vomissement. — Allusion à la violence de la projection. — « Vlà qu’ Jean-Louis s’ mit à faire z’un renard qu’était comme un’ fusée d’ la fête du premier vendrémiaire.» (Catéchisme poissard, 40.) — « Nous allumâmes un punch de six litres… Gare les fusées ! » (Michu.)

FUSIL : Gosier. — Allusion à la forme ronde et creuse du fusil. — « À présent, mon vieux, colle-toi ça dans le fusil. — Une bouteille de vitriol m’eût moins chauffé. » (Commentaires de Loriot.)

Repousser du fusil : Sentir mauvais de la bouche. Jeu de mot. V. Écarter.

FUSILLER : Envoyer de petits crachats en parlant. V. Écarter.

FUSILLER : Donner un mauvais dîner. — Usité dans l’armée.

Fusiller le plancher : Partir en courant. — Comparaison du bruit sec des pas sur le plancher aux détonations de la mousqueterie. — « Tiens ! les deux autres qui fusillent le plancher. — En effet, les deux hommes venaient de partir. » (Du Boisgobey.)