Dictionnaire de théologie catholique/ULRICH DE STRASBOURG

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 15.2 : TRINITÉ - ZWINGLIANISMEp. 264-266).

Luft, Die arianisehen Quellen iiber Wulfila, dans Zeitschrift fur deutsches Altertum, t. xlii, 1898, p. 291 sq. ; F. Jostes, Das Totlesjahr des Ul filas und der Uebertrilt (1er Goten zum Arianismus, dans Beitràge zur Geschichle der deutschen Sprache und Literatur, t. lxxii, 1897, p. 158 sq. ; J. Zeiller, Les origines chrétiennes dans les provinces danubiennes de l’empire romain, Paris, 1918, p. 440-464 ; B. Capelle, La lettre d’A uxence sur II fila, dans Rev. bénédictine, t. xxxiv, 1922, p. 223-233 ; H.-C. Giesecke, Die Ostgermanen und der Arianismus, Leipzig, 1939.

Sur la traduction de la Bible on verra H.-C. von der Gabelentz et.1. Loebe, Ulfilas, réédité dans P. L., t. xviii, col. 457-1560 ; F. Kaulîmann, Beilrâge zur Quellenkritik der gotischen Bibelùbersetzung, dans Zeitschrift fur deutsche Philologie, t. XXXIII, 1900, p. 305 sq. ; le même, Der Stil der gotischen Bibel, ibid., t. xlviii, 1919, p. 7 sq. ; t. xlix, 1920-1921, p. Il sq. ; W. Streitberg, Die gotische Bibel, Heidelberg, 1919-1928 ; A. Jiilicher, Die griechische Vorlage der gotischen Bibel, dans Zeitschrift fur deutsches Altertum und deutsche Literatur, t. lii, p..’555-387 ; le même, Ein letztes Wort zur Geschichle der gotischen Bibel, ibid., t. lui, p. 369-381 ; G.-W.-S. Frierrichsen, The gothic version of the Gospels. À study of ils style and texlual history, Oxford, 1926 ; A. Wilmart, Les évangiles gothiques, dans Bévue biblique, 1927, p. 46-61 ; J.-M. Lagrange, Critique textuelle : La critique rationnelle, Paris, 1935, p. 325341 ; G.-W.-S. Frierrichsen, The gothic Version nf the Epistles, Oxford, 1939.

d. Bardy.

ULLOA Jean, jésuite espagnol. — Né à Madrid le 20 juin 1639, il entra dans la Compagnie de Jésus en 1671. enseigna la philosophie à Alcala, l’Écriture sainte et la théologie à Murcie, puis la théologie à Rome, où il mourut entre 1721 et 1725. Sa connaissance de la philosophie et de la théologie scolastique et sa subtilité dialectique lui valurent de son temps un grand renom.

Ouvrages théologiques : Theologia scholastica, 5 vol. in-fol., Augsbourg et Gratz, 1719. — De primis et ultimis temporibus, seu de principio et fine mundi disputationes quatuor, ibid., 1719. — Decades quinque principiorum seu regularum pro intelligentia sacræ Scripturæ sive super modis loquendi sacræ Scripturæ, Tyrnau, 1717 ; rééditions : Gratz, 1718 ; Tyrnau, 1749.

Ouvrages philosophiques : Prodromus seu prolegomena ad scholasticas disciplinas, ubi axiomata, aphorismi, proverbia, principiaque metaphysica illarum ex primis suis authoribus eruuntur atque explicantur, Rome, 1711 ; réédition, Madrid, 1748. — Dialectica seu logica minor, Rome, 1711. — Logica major, Rome, 1712. — Philosophia naturalis, Rome, 1712. — Physica speculativa, Rome, 1713. —— De anima, Rome, 1715.

Sommervogel, Bibl. de la comp. de Jésus, t. viii, col. 340-343 ; Hurter, Nomenclator, 3e éd., t. iv, col. 1016.

J. P. Grausem.

ULRICH OU UDALRIC DE BAMBERG. — Clerc <l< cette ville au xic siècle, peut-être fut-il prêtre et moine de Saint-Michel de Bambcrg. Il mourut le 3 janvier 1 1 17 après avoir écrit, nous dil on, de nombreux ouvrages. I.e seul qui ait été retenu par la postérité est un recueil historique canonique, connu sous le titre de : Codex l’dnlrici.

Dès 1717. dora Bernard Pez avait attiré l’attention des savants sur ce recueil dont il avait découvert un manuscrit : il contient, disait-il. de précieux renseignements sur l’histoire des démêlés entre Henri IV el Grégoire Nil. Des fragments en avaient déjà été publiés ici ou là ; Pez recommandait la publication intégrale, Cette publication fut exécutée d’après un manuscrit de Vienne par George Eccart, au t. m de son Corpus historicum MedH JEvi, p. t 37 1. Leipzig, 1723. Fabricius, de « fait, consacre une non i Irich dans s ; i Bibllotheca médite < ! infirme latinitatis, édition Mansl, Padoue, 1754, t. vi, p. 286. Une édition

été donnée depuis par.lalîé dans la DICT. DB THBOL. c.ATHOi..

Bibliothcca rerum germanicarum, t. v : Monumenla bambergensia, Berlin, 1869, p. 1-469.

Une dédicace en vers à Gebhard, évêque de Wurtzbourg (’?), nous fait connaître le nom de l’auteur et la date de sa composition : 1125. Ulrich ou Udalric, suivant les exigences des hexamètres, a pris la peine de rassembler un nombre important de documents : lettres et diplômes de papes, d’empereurs, de cardinaux, de princes ecclésiastiques ou séculiers de l’Empire ; actes de conciles ; serments ; professions de foi, etc., du xi c siècle et des premières années du xiie ; quelques-uns de ces documents étant cependant antérieurs au xi p siècle ; d’autres, ajoutés après, sont postérieurs à 1 125.

On se demande dans quelle intention le clerc de Bamberg s’imposa ce travail, car si on l’envisage à un point de vue strictement historique ou canonique, on constate avec surprise que l’auteur se montre parfois assez négligent sur les dates, les noms, les titres ; et puis, certains textes, certaines pièces de vers en particulier, incorporés au recueil, ne présentent apparemment qu’un intérêt littéraire. On a donc été amené à penser que le but d’Ulrich était plutôt littéraire ; il aurait voulu seulement réunir des modèles de style diplomatique et autre. La préoccupation historique en tous cas ne saurait être complètement absente d’une telle compilation et, de fait, le Codex Udalriei est une source très précieuse pour l’étude de la querelle du Sacerdoce et de l’Empire.

Outre les ouvrages cités dans l’article : B. Ceillier, llist. gén. des auteurs sacrés et eccl., 2’éd., Paris, 1863, t. x[v, p. 247 ; A. Potthast, Bibliolheca historica Medii Mvi, t. ii, Berlin, 1896, p. 1078 ; Manitius, Gesch. der lat. Lit. des M. A., t. iii, Munich, 1931, p. 287 ; A. Fliche, La réforme grégorienne, 3 vol., Louvain, 1924-1925-1937.

H. Peltier.


ULRICH DE STRASBOURG. —— Ulrich Engclbreeht : originaire peut-être de Strasbourg, ayant appartenu du moins au couvent de cette ville, est avec Hugues Ripelin et Thomas de Strasbourg une des principales illustrations de ce couvent des prêcheurs au xiiie siècle. Disciple d’Albert le Grand dont il suivit les cours à Cologne, vers 1248-1254 sans doute, il demeura en relations assez étroites avec son maître, comme en témoignent certaines lettres qui nous sont restées de cette correspondance. Il connut également saint Thomas durant ces mêmes années d’études. Il devint ensuite lecteur en théologie à Strasbourg, et nous savons que Jean de Fribourg y fut un de ses étudiants. C’est à cette période de sa vie que se place probablement sa plus grande activité littéraire. Nommé en 1272 provincial de Teutonie. il exerça cette charge durant cinq années, jusqu’à ce que le chapitre de Bordeaux l’en releva, pour l’envoyer lire les Sentences à Paris et conquérir la maîtrise en théologie. La mort l’y surprit avant l’achèvement de ses deux années, probablement en 1278.

Œuvres. Les catalogues lui attribuent ; 1. un Commentaire sur les Météores ; 2. sur le De anima d’Aristote ; 3. un Commentaire sur les livres des Scn tences, resté sans doute inachevé ; tous ouvrages dont on ne connaît ni éditions ni manuscrits, l’eut être, 4. un Liber de fora conscicnliæ ac casibus juris. 5. On possède de lui. éditées cette fois, vingt-cinq lettres datant de son provincialat ; dans II. l’inkc. Ungedruckte Dominikanerbriefe des a. Jahrhunderts (1891), n. 47-59, 66-78, 81. Puis également 6. un sermon, en vieil allemand, édité par J. Daguillon dans la Vit spirituelle, 1927. suppl. 90-94. Il est possible qu’on lui doive attribuer aussi 7. un Traclatus de anima cjasqu<— pulrntiis, conservé dans le ins. I.ou vain D. 320, fol. 293 V°-320 v". encore qu’une main récente l’attribue a mattre Jean de Mallnes. Voir les

XV.

arguments invoqués par O. Lottin, dans Recherches de théol. âne. et médiév., juillet 1930, Bulletin, p. 225.

Son œuvre principale est et demeure 8. la Summa de bono, ou, comme il l’intitule lui-même le Liber de Summo liono, véritable somme théologique qui, écrite entre 1262 et 1272, se trouve donc être contemporaine ou légèrement antérieure à celle de saint Thomas. Vingt-deux manuscrits nous la conservent. Elle n’a été que partiellement éditée : le 1. I er par J. Daguillon, Ulrich de Strasbourg. La « Summa de Bono », Paris, 1930 ; des extraits du 1. II (le chapitre De Pulchro) par M. Grabmann, Des Ulrichs Engelberts von Strassburg O. P. Abhandlung « De Pulchro », Munster, 1926 ; du t. V, tr. I, c. 13 (sur le Corps mystique ) par I. Backes, dans Florilegium palristicum, 40, 1935 ; et du t. VI, tr. IV (relatifs à la contemplation ) par J. Daguillon, dans Vie spirituelle, Suppl. t. xiv, 1926, p. 19-37, 89-102 ; t. xv, p. 56-67.

Dans la pensée de son auteur, cette Somme devait comporter huit livres traitant respectivement : de la connaissance de Dieu ; de l’Etre de Dieu : de essentia Summi Boni ; de la Trinité. Puis, se rattachant à chacune des trois personnes : de la création : De Pâtre et de sibi appropriato efjectu creationis rerum et de creaturis ; de l’incarnation : De Filio et de incarnatione et ejus mysleriis quæ discrète conveniunt Filio et non Palri nec Spiritui sancto ; du Saint-Esprit, avec les dons et les vertus. Le 1. VII devait traiter des sacrements ; le dernier de la Béatitude. Dans tous les manuscrits, même les plus complets, l’ouvrage s’arrête, inachevé, au traité V du 1. VI. Cependant certains indices, assez ténus il est vrai, laissent croire que les deux derniers n’ont pas été simplement à l’état de projet, mais ont été écrits, bien que nous n’en connaissions aucun manuscrit.

Par sa forme, cette Somme marque un progrès sérieux sur les Sommes antérieures, celles de Guillaume d’Auxerre, par exemple, d’Alexandre de Halès ou d’Albert le Grand. Elle n’atteint pas encore cependant à la netteté de celle de saint Thomas. Elle ne se présente pas d’ailleurs comme celle-ci subdivisée en questions et articles étroitement liés, mais plutôt sous forme de commentaires et développements à partir d’un texte ou d’un thème ; les paragraphes s’y laissant cepenflant suffisamment reconnaître.

Son principal intérêt, en dehors même de l’essai de synthèse qu’elle présente, consiste en cette orientation néo-platonicienne qu’elle tient d’Albert le Grand, et de la place spéciale qu’elle occupe par le fait dans l’histoire de la pensée philosophique et théologique. Elle y fait en quelque sorte le trait d’union entre la doctrine albertinienne et les grands mystiques rhénans du xiv c siècle. Car elle n’est pas seulement philosophique, ni même théologique, comme le disait déjà Jean de Fribourg, mais elle se présente comme une œuvre éminemment mystique. A travers Albert le Grand, l’influence de Denys s’y fait sentir profonde ; et les premiers livres de la Summa de Bono sont en réalité un véritable commentaire du De divinis nominibus. Il y a d’ailleurs tout un problème littéraire et théologique qui se pose encore sur les rapports existant entre le commentaire, encore inédit d’Albert sur les Noms divins, qu’Ulrich de Strasbourg et Thomas d’Aquin entendirent également des lèvres de leur maître, et le double travail auquel ces deux disciples s’adonnèrent ensuite sur le même thème, Ulrich dans sa Somme, et Thomas dans un traité, encore inédit lui aussi. Ulrich utilise et connaît également tout le matériel doctrinal du néoplatonisme, depuis le Liber de causis jusqu’à la Métaphysique d’Avicenne.

C’est dans son exposé sur la connaissance de Dieu, sa possibilité et ses voies, que se manifestent plus

particulièrement ses tendances. On y retrouve les théories sur l’être, première émanation, produit propre de l’être suprême, celui-ci devenant l’esse formate de toutes choses, non au sens panthéiste, évidemment, mais en tant que toutes les autres formes dérivent de cette forme primordiale, et se faisant également lumière de toutes les intelligences. Ainsi dans l’intellect possible se trouve déjà déposée une connaissance confuse de Dieu, dont le contact avec les œuvres divines permet de prendre conscience. L’action illuminatrice de Dieu s’accomplit en outre avec le concours des intelligences, inférieures à lui, qui meuvent les corps célestes.

Il expose plus loin, à propos de la théologie et de ses principes, comment un certain nombre de vérités nous sont naturellement connues, indépendamment de la foi, et commandent toute l’étude théologique comme ses principes premiers : à savoir que Dieu est la vérité suprême et la cause de toute vérité ; que cette première vérité. ne peut ni se tromper ni nous tromper ; qu’il faut donc croire tout ce qu’elle affirme. Qu’il faut accorder la même créance à ceux dont Dieu ratifie le témoignage par les miracles dont il les accompagne ; enfin que la sainte Écriture, pour ces mêmes motifs, possède la même vérité.

Pour la doctrine de la Providence, c’est de Denys qu’il dépend beaucoup plus que d’Aristote ; car ce n’est pas à ce dernier qu’il a emprunté les noms de sanctus, dominus, rex, sous lesquels il désigne ce Dieu Providence Pour sa notion de la loi éternelle, il se rattache à saint Augustin.

Dans le détail de ses positions théologiques, de celles du moins qui ont fait l’objet d’études particulières, l’influence néo-platonicienne semble moins accusée. Il en est ainsi pour ses doctrines trinitaires. Malgré les éléments grecs de son système, il n’est pas tant apparenté à un Bichard de Saint-Victor, un Alexandre de Halès ou un saint Bonaventure qu’à la psychologie augustinienne, et donc à Pierre Lombard, Albert le Grand et saint Thomas. Sa christologie se rapproche sensiblement de-celle exposée par ce dernier dans son Commentaire sur le IIIe livre des Sentences. Ses positions sur l’immaculée conception sont conformes à celles de son ordre, et de toute son époque, d’ailleurs. Son traité sur les vertus, au t. VI, suit de très près la paraphrase d’Albert sur l’Éthique à Nicomaque.

Quand l’œuvre d’Ulrich aura été publiée dans son intégrité, on saisira mieux l’importance qu’elle présente pour l’histoire de la théologie dominicaine, plus particulièrement de l’école rhénane. C’est à Strasbourg que vécurent Tauler, Nicolas de Strasbourg, Jean de Dambach. Dans quelle mesure ont-ils subi l’influence d’Ulrich et de sa Somme ? Jean de Fribourg, lui, Jean Nider, Denis le Chartreux accuseront plus nettement leurs emprunts. Il y a là, pour la mystique comme pour la pensée théologique, tout un chapitre, et non des moins intéressants, à écrire.

M. Grabmann, Studien tiber Ulrich von Strassburg, 2e éd. dans Mittelalterliches Geistesteben, Munich, 1926, p. 147221 ; G. Théry, Extraits de la Summa de Bono d’Ulrich de Strasbourg, relatifs à la connaissance de Dieu, dans Vie spirituelle, suppl. t. vii, 1922, p. 38-46 ; t. ix, 1923, p. 2842 ; G. Théry, Originalité du plan de la Summa de Bono d’Ulrich de Strasbourg, dans Revue thomiste, 1922, p. 376397 ; M. Grabmann, Des Ulrich Engelberts von Strassburg O. P. Abhandlung De Pulchro, dans Sitzungsber. der Bayer. Akad., Munich, 1926, p. 73-84 ; A. Stohr, Die Trinitàtslehre Ulrichs von Strassburg, Munster, 1926 ; J. Daguillon, Ulrich de Strasbourg, O. P., La Summa de Bono, livre I, dans Bibliothèque thomiste, t.xii, 1930 ; A. Dyroff, Ueber die Entwicklung und den Wert der.Esthetik des Thomas von Aquino, dans Archiv fur sustematische Philosophie und Soziologie, 1929, p. 157-215 ; I. Backes, Der Aufbau der 20(il UNIGENITUS (BULLE). PROCEDURES POUR L’ACCEPTATION 2062

Christologie Ulrichs von Slrassburg, dans Ans der Geistes welt des Mittelalters, t. i, p. 651-666 ; G. Mcersseman, Ge schichte des Albertismus, Rome, 1933-1935 ; J. Goergen,

Des hl. Albertus Maanus Lehre von der gôttlichen Vorsehung

und dem Fatum…, Vechta, 1932. _ _

P. Glorieux.