Dictionnaire de théologie catholique/LAURENT DE SAINTE-THÉRÈSE

P. Anastase de Saint-Paul
Letouzey et Ané (Tome 9.1 : LAUBRUSSEL - LYREp. 13-14).

4. LAURENT DE SAINTE-THÉRÈSE, carme déchaussé et théologien du xviie siècle. — Fils unique de parents nobles et catholiques, il naquit à Drogheda (Irlande), en 1626. Son père, chef de milice, ayant été tué, toute l’éducation de l’enfant retomba sur la pieuse veuve ; celle-ci l’éleva si bien dans la crainte de Dieu que Laurent, nonobstant sa grande jeunesse et la persécution religieuse, se joignit aux carmes déchaussés, qui, traqués par les fanatiques adeptes de Cromwell, habitaient la moitié de sa maison maternelle. Ayant prononcé ses vœux, il fut envoyé en France pour faire ses études philosophiques et théologiques, études qu’il acheva à Rome au séminaire des Missions, alors séminaire de Saint-Paul ou de la Victoire ; il s’y préparait avec ardeur à la vie de missionnaire, objet de tous ses vœux. Au chapitre général de 1650, il soutint avec grand succès des thèses publiques et se gagna tous les cœurs autant par son humilité que par la perspicacité et vivacité de son intelligence. Le nouveau général, François du Saint-Sacrement, désirant doter sa province de Lombardie d’un sujet aussi remarquable, le nomma professeur de théologie au collège de Bologne. Laurent s’acquitta si parfaitement de son lectorat que les supérieurs le conservèrent dans sa charge tant à Bologne, qu’à Crémone ; et, malgré sa jeunesse, ils l’élurent définiteur provincial. Afin de mettre un terme aux revendications de la province romaine sur le séminaire des Missions, d’accord avec la Sacrée Congrégation de la Propagande, le général Dominique de la Très-Sainte-Trinité, de la province de Paris, abandonna en 1662 à la province romaine le séminaire de Saint-Paul ou de la Victoire ; il décida de transférer ailleurs le séminaires des Missions et de ne le faire dépendre que du général, du définitoire général et de la Sacrée Congrégation de la Propagande. Le cardinal Maidalchi, abbé commendataire du monastère de Saint-Pancrace-hors-les-Murs, fit don à l’ordre des carmes déchaussés de l’église Saint-Pancrace, du monastère et des terres adjacentes, donation qui fut confirmée par une bulle pontificale, le 1er mars 1662. Dès le 6 du même mois eut lieu la prise de possession. Le général soucieux du progrès du nouveau séminaire, jeta les yeux sur le jeune Laurent de Sainte-Thérèse, l’agrégea à la province romaine et le nomma lecteur des controverses et recteur du séminaire de Saint-Pancrace.

Malgré ses nombreuses occupations de recteur et de lecteur, Laurent était un des plus assidus aux offices du chœur et trouvait le moyen d’ajouter une heure d’oraison mentale supplémentaire aux deux heures prescrites par les constitutions. En même temps, sur l’ordre de ses supérieurs, il travaillait à composer un grand ouvrage de controverses, qu’il pensait intituler Elucidarium thomisticum. Mais, épuisé avant le temps, il fut frappé d’apoplexie et mourut au mois d’avril 1670, à peine âgé de quarante-quatre ans. Son disciple, Adéodat des Saints-Pierre-et-Paul (4 juillet 1626-15 février 1691), rassembla les fragments de son maître et les copies des étudiants et publia à Rome, 1682-1683, en cinq tomes in-fol. : Speculum theologicum seu difficiliores controversiæ selectæ ex Summa sancti Thomæ discusssæ, et resolutæ ad mentem efusdem Angelici Doctoris. Dans le t. i (1682) sont commentées les douze premières questions de la Somme théologique de saint Thomas formant les trois traités : De la théologie (112 pages) ; De Dieu (170 p.) et De la vision béatifique (144 p.). Dans le t. ii (1683) se continue le commentaire de la Somme depuis la question xiv constituant les traités : De la science et De la volonté de Dieu (488 p.). Dans le t. iii (1683) se trouvent les traités : De la prédestination et de la réprobation ; et De la Trinité (584 p.). Le ive (1683) comprend les traités : Des actes humains ; De la justice et du droit ; et De la pénitence (488 p.). Enfin le ve (1682) traite Du Verbe incarné (488 p.).

Martial de Saint-Jean-Baptiste, C. D., Biblioth. carm. excalc., Bordeaux, 1730, p. 273-274 ; Louis de Sainte-Thérèse, C. D., Les Annales des carmes déchaussés de France, nouv. édit., Laval, 1891, t. ii, p. 578-583 ; Cosme de Villiers, carme, Biblioth. carmel., Orléans, 1752, t. ii, col. 230-231, n. 31 ; Joseph-Albert Ximenez, Bullarium carmelitanum, t. iii, Rome, 1768, p. 587a-595a ; Barthélémy de Saint-Ange et Henri du Saint-Sacrement, C. D., Collectio scriptor. O. carm. excalc., Savone, 1884, t. i, p. 372-374 ; Hurter, S. J., Nomenclator literarius, 3e édit., t. iv, col. 30 ; Anastase de S. Paul, C. D., Cursus theologiæ mystico-scholasticæ P. Josephi a Spiritu Sancto, Bruges, 1924, t. i, app., p. 296.

P. Anastase de Saint-Paul.