Dictionnaire de théologie catholique/LAURENT D'AOSTE, Pierre-Thomas Lachenal

P. Édouard d’Alençon
Letouzey et Ané (Tome 9.1 : LAUBRUSSEL - LYREp. 12-13).

2. LAURENT D’AOSTE, Pierre-Thomas Lachenal, frère mineur capucin, né le 15 août 1809, dut sa vocation religieuse à une étourderie de collégien. Élève du collège de sa ville natale, il avait été, pour un manquement à la discipline, envoyé faire une retraite au couvent des capucins de Châtillon. Peu après il recevait l’habit au noviciat d’Yenne, le 7 juillet 1828. Il parcourut toutes les étapes de la vie religieuse, passa par toutes les marges de sa province de Savoie et fut envoyé pour diriger celle de France qui renaissait alors. Sous sa prudente et ferme direction de 1847 à 1865, elle fit de rapides progrès. Pendant ces années, le P. Laurent monta dans beaucoup de chaires importantes, prêcha des stations et des missions dans nombre de grandes villes, faisant reparaître avec honneur l’habit de son ordre jadis si populaire, mais disparu depuis plus d’un demi-siècle. En 1867, il rentrait en Savoie, mais bientôt, sur un ordre du pape, il quittait son couvent pour aller prêter son concours à Mgr Jans, évêque d’Aoste. Celui-ci le plaça à la tête de son grand séminaire, le nomma vicaire général honoraire, et l’emmena comme théologien au concile du Vatican. En 1872, il était appelé à Rome pour y remplir les fonctions de procureur général de son ordre, il n’y resta que quelques mois et revint prendre la direction du séminaire d’Aoste. Ses frères ne consentaient pas à se priver de ce sujet remarquable, et au chapitre de 1875, le P. Laurent était élu provincial. Les trois ans de sa charge expirés, l’évêque d’Aoste le rappelait de nouveau, mais en 1880, ses infirmités le forcèrent au repos. Il se retira alors au refuge des pauvres qu’il avait lui-même fondé dans cette ville. C’est là qu’il rendit son âme à Dieu, le 27 septembre.

Membre de la Société géologique de France, de l’Académie de Savoie et de celle d’Aoste, dont il était président depuis 1868, le P. Laurent a publié les ouvrages suivants : Les ombres de Descartes, Kant et Jouffroy, à M. Cousin, in-12, Lyon, 1844, fiction dans laquelle il suppose que ces personnages apparaissent à M. Cousin, alors grand maître de l’Université, et lui reprochent ses erreurs philosophiques ; Manuel du tiers ordre de saint François, in-18, Lyon, 1848 ; 3e édition, 1850, 1855, 1865 ; Dissertation sur l’indulgence de la Portioncule, in-12, Lyon, 1850 ; Bruges, 1854 ; Paris, 1864, traduit en flamand sous ce titre : Verhandelung over der oflaat van Portiuncula, Bruges, 1854 ; Études géologiques, philologiques et scripturales sur la cosmogonie de Moïse, in-8° Paris, 1863 ; Conférences ecclésiastiques prêchées dans un grand nombre de diocèses à propos des retraites pastorales, 2 in-8°, Paris, Bruxelles, Genève, 1881 ; commencée par l’auteur, cette édition fut achevée par l’abbé Fenoil, prêtre du diocèse d’Aoste. On lui attribue encore un Traité élémentaire de géologie.

En 1861 le P. Laurent commençait la publication des Annales franciscaines, revue mensuelle destinée aux tertiaires de saint François ; c’était pour eux, comme pour ses confrères qu’il éditait la Vie du P. Ange de Joyeuse, in-12, Paris, 1863, ouvrage dénué de critique historique et Le bienheureux Laurent de Brindes, général de l’ordre des fr. min. capucins, Paris, 1867 ; ces deux biographies furent traduites en italien, Storia del P. Angelo da Giojosa, Milan, 1890 ; Vita di S. Lorenzo da Brindisi, Rome, 1881.

Annales franciscaines, t. xii ; E. Duc, Le clergé d’Aoste de 1800 à 1870 ; Eugène de Bellevaux, Nécrologe et annales biographiques des frères mineurs capucins de la province de Savoie, Chambéry, 1902.

P. Édouard d’Alençon.