Dictionnaire de théologie catholique/LAURENS (Louis du)

J. Carreyre
Letouzey et Ané (Tome 9.1 : LAUBRUSSEL - LYREp. 11-12).

LAURENS (Louis du) (1589-1671), naquit à Montpellier en 1589, fut ministre de l’Église réformée dans sa ville natale ; mais il se convertit jeune encore et reçut l’ordination. Il vint à Paris où il se fit une réputation dans la chaire. Le cardinal de Richelieu le logea dans son palais pour l’employer à la conversion des protestants. Le cardinal lui demanda de rédiger un cours de controverses pour servir de base aux conférences qu’il voulait entreprendre avec les principaux ministres. Pour cette rédaction, du Laurens demanda à Richelieu de lui adjoindre un docteur de Sorbonne, un jésuite et un Père de l’Oratoire ; le cardinal lui fit une réponse que Richard Simon déclare avoir lue : « Les docteurs de Sorbonne étaient bons pour les hérétiques du temps passé ; je ne veux point me servir des jésuites dans cette affaire ; pour ce qui est des Pères de l’Oratoire, ils sont trop mystagogiques. Travaillez seul. « Après de longues discussions, il fut convenu que, dans les conférences avec les protestants, afin d’éviter toute contestation et de se placer sur le terrain des protestants, on ne ferait pas appel à la tradition, mais seulement à l’Écriture, et, pour l’Écriture même, on prendrait la version française de Calvin et non point le texte original. Mais le cardinal mourut en 1642. Du Laurens entra à l’Oratoire le 9 janvier 1649 et se fixa à la maison Saint-Honoré où il fut l’ami et le commensal de Richard Simon : deux fois par semaine, les deux amis discutaient, en forme de conférence, les matières de controverses ; Richard Simon tenait la place du ministre protestant et du Laurens celle du docteur catholique. Alors du Laurens tenta de reprendre auprès de Mazarin le projet de Richelieu, mais le nouveau ministre n’attachait pas la même importance à cette question du protestantisme. Du Laurens rédigea un mémoire qui est resté manuscrit (30 pages in-4o) où il indique la méthode et le plan des conférences projetées. Du Laurens composa d’autres écrits pour la conversion des protestants. Il mourut à Paris le 1er juillet 1671.

Parmi les écrits laissés par du Laurens, on peut citer : Réponse au livre du Pierre Du Moulin, intitulé : Opposition de la parole de Dieu à la doctrine de l’Église romaine, in-8o, Paris, 1625. — Trente journées de retraite en mémoire et à l’honneur des trente années de la vie cachée de Notre-Seigneur Jésus-Christ, touchant les diverses misères de l’homme, in-4o, Paris, 1649. Ce sont des dialogues de l’homme avec Jésus dans lesquels l’homme expose ses misères spirituelles et intérieures et Jésus lui répond, en lui faisant sentir davantage ces misères et en lui indiquant le remède pour les guérir. — Quatre sermons pour le vendredi saint, in-8o, Paris, 1651. Ces sermons ont pour objet : 1. les juifs curieux et envieux ; 2. la Vierge compatissante et zélée ; 3. Jésus-Christ mourant ; 4. le chrétien affligé et pénitent. Ces sermons furent prêchés, les deux premiers à Saint-Jean-en-Grève ; les deux derniers à Saint-Gervais, avant l’entrée de du Laurens à l’Oratoire ; ils sont déclamatoires et remplis d’apostrophes, de descriptions et de figures d’assez mauvais goût. — Dispute touchant le schisme et la séparation que Luther et Calvin ont faite de l’Église romaine, in-fol., Paris, 1655. L’épître dédicatoire au clergé de France étudie le schisme, ses causes, ses progrès et ses suites funestes. L’ouvrage est le compte rendu d’une discussion sur les matières controversées entre M. Jean Mestrezat, ministre de Charenton, et Louis du Laurens ; ce compte rendu n’a été publié qu’après avoir été lu et approuvé par Mestrezat. Du Laurens poursuivit son travail, au sujet de la transsubstantiation, qui, d’après le ministre protestant, était la cause principale de la séparation, dans la Dispute touchant le mystère de l’eucharistie, mais ce travail est resté inédit. — Huit sermons de l’eucharistie sur ces paroles : Vere Dominus est in loco isto et ego nesciebam, prononcés durant l’octave du Saint-Sacrement dans l’église Saint-Gervais, in-8o, Paris, 1662 ; ces sermons sont encore remplis d’images brillantes et d’érudition profane. — Le triomphe de l’Église romaine contre ceux de la religion prétendue réformée par six démonstrations qui font voir clairement combien il est impossible de se sauver dans leur communion, in-12, Paris, 1667. Dans cet écrit dédié à MM. de Charenton, l’auteur montre que l’Église réformée est schismatique ; elle est divisée en partis opposés ; elle enseigne des propositions entièrement contraires à l’Écriture et aux Pères de l’Église ; elle renouvelle trente hérésies condamnées déjà par l’Église ancienne ; elle est étrangère à toute vraie religion. Enfin du Laurens a laissé quelques ouvrages manuscrits, outre la Dispute touchant le mystère de l’eucharistie, le P. Louis Batterel cite : un Traité des trois devoirs de l’homme envers Dieu, envers le prochain et envers soi-même et une Harangue funèbre pour le maréchal de Toyras, imprimée à la fin de l’Histoire du maréchal de Toyras, par Baudier, in-fol., Paris, 1644.

Michaud, Biographie universelle, art. Dulaurens, t. xi, p. 491 ; Hœfer, Nouvelle biographie générale, t. xv, col. 126-127 ; Ingold et Bonnardet, Mémoires domestiques pour servir à l’histoire de l’Oratoire, t. ii, Les Pères de l’Oratoire recommandables par la piété ou par les lettres qui ont vécu sous les PP. de Condren et Bourgoing, par le P. Louis Batterel, in-8°, Paris, 1903, p. 515-526.

J. Carreyre.